1 Émile Adolphe Régnier, né en 1873, licencié en droit (1892), avocat à la Cour d’Appel de Paris, entre ensuite dans la fonction préfectorale. Sous-préfet de Murat (1901), de la Loire (1902), conseiller de préfecture du département du Nord (1906), il est chargé de l’intérim à la préfecture du Nord (14 janvier 1918) après le départ du sous-préfet Anjubault, arrêté par les Allemands.
2 Les Dieux lars sont en général, à Rome, tous les dieux qui étaient considérés comme patrons et protecteurs d’un lieu public ou privé, en particulier du domicile familial.
3 Georges Lyon évoque ici les grandes offensives allemandes qui après la paix de Brest-Litovsk (3 mars 1918) avec la Russie bolchevique, permettant le rapatriement des troupes allemandes vers le front Ouest, tentent de reprendre l’avantage avant l’arrivée plus nombreuse des troupes et de l’aide américaines (entrée en guerre le 2 avril 1917). Les alliés doivent faire face à une offensive allemande en Picardie (21 mars 1918), aux bombardements de Paris par la Grosse Bertha (début le 23 mars), à une offensive en Flandre (9 avril), à une offensive sur le Chemin des Dames (27 mai) puis à une grande offensive en Champagne (Friedensturm, 15 juillet). C’est alors que s’enclenchent les contre-offensives alliées : deuxième victoire de la Marne (le 18 juillet 1918) ; attaque franco-britannique dans la région de Montdidier (8 août) et la contre-offensive générale sur le front occidental (à partir du 26 septembre).
4 Allusion ici à Homère, figure de la littérature grecque à qui on attribue l’écriture de L’Iliade et de l’Odyssée (VIIIe siècle avant J.-C.), textes majeurs de la culture grecque.
5 Paul von Hindenburg a déjà été présenté.
6 Ferdinand Foch (1851-1929), ancien élève de l’École Polytechnique et de l’École supérieure de guerre, enseigne à l’École supérieure de guerre (1895-1901). Nommé colonel en 1893, général de brigade en 1907, il est ensuite directeur de l’École de guerre (1907). Nommé général de division en 1911, il est en 1913 général commandant de corps d’armée. Commandant du 20e corps d’Armée de Nancy, il participe à la bataille des frontières au début de la Première Guerre mondiale et bloque l’avancée allemande en Lorraine. Placé par Joffre à la tête de la IXe Armée, il participe à la bataille de la Marne (septembre 1914) puis dirige les armées du Nord, coordonnant les actions des troupes alliées (françaises, belges et britanniques) qui permettent de stopper les Allemands dans la course à la mer. Il livre les batailles de l’Artois (1915) mais il est mis à l’écart après la terrible bataille de la Somme (1916). Il remplace Pétain à la tête de l’État-major général de l’Armée (1917) et est envoyé en Italie rétablir la situation après le désastre de Caporetto. En mars 1918, il est nommé généralissime des armées alliées. Après avoir arrêté l’offensive allemande de la Somme (avril 1918), il contre-attaque, repoussant les troupes de Ludendorff à Villers-Cotterêts (juillet 1918) avant de déclencher l’offensive générale qui amène la victoire. Voir Jean-Christophe NOTIN, Foch, Paris, Perrin, 2008, 638 p. ; Elizabeth GREENHALGH (Simon DURAN traduction), Foch, chef de guerre, Paris, Tallandier, 2013, 681 p.
7 Joseph Joffre (1852-1931), élève de Polytechnique, sert au Tonkin, au Soudan et à Madagascar. Il est promu général de brigade en 1902. Chef d’état-major général de l’Armée et vice-président du Conseil supérieur de la guerre (1911), il est l’instigateur d’un plan de mobilisation prévoyant l’offensive à tout prix. Commandant en chef des Armées du Nord et du Nord-Est au début de la Première Guerre mondiale, il minimise la menace de l’aile droite de l’armée allemande et, après avoir perdu la bataille des frontières (14 au 24 août 1914), ordonne le repli stratégique des troupes au Nord de Paris. Il stoppe l’avancée allemande lors de la bataille de la Marne (5 au 12 septembre 1914) et stoppe également avec les alliés la « course à la mer » des troupes allemandes. Commandant en chef des armées françaises (1915), il est de plus en plus critiqué surtout après la bataille de la Somme (1916) et est remplacé par Nivelle. Voir André BORACHOT, Joffre : De la préparation de la guerre à la disgrâce (1911-1916), Paris, Bernard Giovannageli, 2010, 255 p. ; Rémi PORTE, Joffre, Paris, Perrin, 2014, 426 p.
8 David Lloyd George (1863-1945) travaille dans un cabinet d’avocats tout en s’initiant à la vie politique. Il est président du Board of Trade (1905), député (à partir de 1890) au sein du parti libéral, chancelier de l’Échiquier (ministre des finances de 1908 à 1915), premier ministre du Royaume Uni (1916 à 1922) après avoir été ministre des Munitions (mai 1915-juillet 1916). Lors des négociations du Traité de Versailles, il est soucieux de ne pas humilier l’Allemagne vaincue. Voir Roy HATTERSLEY, David Llyod George. The Great Outsider, London, Little Brown and Compagny, 2010, 709 p. ; Margaret MACMILLAN, Les artisans de la paix. Comment Lloyd George, Clemenceau et Wilson ont redessiné la carte du monde, Paris, Le Livre de Poche, 2008, 828 p.
9 Georges Clemenceau (1841-1929) fait des études de médecine puis entre dans le journalisme (dont l’Aurore). Maire du 18e arrondissement de Paris (après le 4 septembre 1870), député en 1871 puis de nouveau de 1876 à 1893, il est une des figures du parti radical-socialiste et s’oppose aux opportunistes (et à Ferry en particulier sur sa politique coloniale), demandant également l’amnistie des Communards, la séparation des Églises et de l’État et de profondes réformes sociales. En 1902, il est élu sénateur du Var. Il est président du Conseil (25 octobre 1906-20 juillet 1909) tout en étant aussi ministre de l’Intérieur (14 mars 1906-20 juillet 1909). Pendant la Guerre, il est ministre de l’Intérieur (16 novembre 1917 au 18 juin 1920) tout en étant président du Conseil. Le « Père la Victoire » donne alors la priorité absolue à la guerre et à la victoire finale. Il est battu par Deschanel à l’élection présidentielle de 1920. Voir Jean-Jacques BECKER, Clemenceau, chef de guerre, Paris, Armand Colin, 2012, 224 p. ; Michel WINOCK, Clemenceau, Paris, Tempus-Perrin, 2011, 690 p. ; Jean-Baptiste DUROSELLE, Clemenceau, Paris, Fayard, 2007, 1077 p.
10 Erich Ludendorf (1865-1937) est un général allemand. Après avoir été le rédacteur du Plan Schlieffen lorsqu’il était colonel (1911-1912), il est en août 1914 l’un des principaux artisans de la prise de Liège puis devient chef d’état-major de Hindenburg en Prusse orientale, contribuant à la victoire de Tannenberg. Quand Hindenburg est nommé à la tête des armées allemandes (août 1916), il reste son principal collaborateur (premier quartier-maître général). Il est mis sur la touche en octobre 1918 quand la défaite apparaît inévitable. Après la défaite, il se lance en politique affirmant un nationalisme très fort, teinté d’antisémitisme. Il participe au putsch de Munich (1923), est député (1924) et échoue à la présidentielle de 1925.
11 Succès acquis au prix de très lourdes pertes et qui se retourne contre le vainqueur. En référence à Pyrrhus (319-272 avant J.-C.), roi d’Épire et parent éloigné d’Alexandre le Grand ; il fut le meilleur général grec de son temps. Dans sa conquête de l’Italie, il gagne à Héraclée (-280) et à Ausculum (-279) deux batailles très sanglantes contre les légions romaines effrayées par ses éléphants.
12 De nouveaux prisonniers furent désignés et déportés vers la Lituanie et le camp d’Holzminden en janvier 1918.
13 Alphonse Buisine (1856-1918) est un chimiste français, élève de Charles Viollette à la faculté des sciences de Lille. Chargé de cours de chimie à partir de 1884, il soutient sa thèse de doctorat ès sciences en 1887. Il est ensuite maître de conférences en 1888 à la faculté des sciences de Lille puis professeur de chimie (1893). Il est aussi professeur de chimie industrielle à l’Institut industriel du Nord (1887-1890) et dirige l’Institut de chimie de la faculté après 1903. C’est un spécialiste de l’étude des eaux, des acides, de l’huile et de l’acétone. Déporté en Lituanie, il y décède d’usure en mars 1918 à l’âge de 62 ans.
14 Allusion ici aux accords de Berne (Suisse) concernant les prisonniers du 16 mai 1918. Voir Annette BECKER, Oubliés de la Grande Guerre. Humanitaire et culture de guerre (1914-1919). Populations occupées, déportés civils, prisonniers de guerre, Paris, réédition, Pluriel 2012 (Noësis, 1 998), 396 p.
15 Théodore Barrois (1857-1920) est docteur en médecine et en sciences naturelles. Maître de conférences à la faculté de médecine de Lille (1888), professeur de zoologie en 1886, professeur titulaire de la chaire de parasitologie (1894), il réalise de nombreuses missions à l’étranger (en Laponie en 1881 ; en Palestine et en Syrie en 1890, etc.). Il est aussi administrateur des Hospices civils de Lille (1893-1898), président de la ligue du Nord contre la Tuberculose, secrétaire général de la Société des Sciences de Lille (1888-1906) et un temps trésorier de l’Institut Pasteur de Lille. Il est membre du conseil municipal de Lille de 1892 à 1900 et député du Nord de 1898 à 1906.
16 Henri BARBUSSE, Le feu, journal d’une escouade, Paris, réédition, Folio, 2006, 490 p. L’ouvrage est dédié « à la mémoire des camarades tombés à côté de moi à Crouy et sur la cote 119 ». Il est publié en 1916 et obtient le prix Goncourt, le 15 décembre 1916.
17 En référence au géant mythologique qui avait cent yeux. D’où le sens de surveillant, d’espion vigilant, difficile à tromper.
18 Henri Barbusse (1873-1935), licencié ès lettres, est très tôt attiré par la poésie, récite des poèmes dès le collège et en écrit, les envoyant dans différents journaux, recevant le soutien d’une jeune revue, Le Banquet fondée par Daniel Halévy, Marcel Proust, etc. Henri Barbusse publie des nouvelles, des articles et un recueil de poèmes (Pleureuses, 1895) puis Les Suppliants (1903). Il est nommé en 1896 au poste de rédacteur au bureau de presse du ministère de l’Intérieur. En 1899, il est sous-chef de cabinet au ministère de l’Agriculture et le reste jusqu’en 1902 tout en écrivant dans les journaux (L’Écho de Paris, Le Petit Parisien, La revue du Palais, etc.). Il fréquente de nombreux hommes de gauche et prend conscience des problèmes sociaux, des aspirations humanitaires et des théories socialistes. Il est aussi sensible à l’idée de paix et d’arbitrage (voir les propos de Georges Lyon). En 1908, Henri Barbusse publie un roman réaliste L’Enfer. Pénétré de l’idéal humanitaire et internationaliste, il s’engage cependant dès la mobilisation générale pour la défense de la patrie. Il écrit alors au directeur de l’Humanité : « Voulez-vous me compter parmi les socialistes antimilitaristes qui s’engagent volontairement pour la présente guerre ? […]. Elle est dirigée contre nos ennemis infâmes de toujours : le militarisme et l’impérialisme, le sabre, la botte et j’ajouterai : la Couronne ». Il participe aux opérations dans les tranchées à partir de janvier 1915. Croix de guerre avec citation, victime de la dysenterie (juin 1915), il devient brancardier mais, malade, doit abandonner son poste le 18 novembre 1915. Il demande à repartir au front plusieurs fois pour des périodes courtes, coupées de longs séjours à l’hôpital. Il est réformé le 1er juin 1917. Il est ensuite directeur du Populaire de Paris (1918) et fonde en 1917 l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC). Il fait paraître en février 1919 son nouveau roman Clarté mais est aussi l’un des créateurs du mouvement Clarté et de la revue éponyme destinée aux intellectuels qu’il faut rallier au communisme. Barbusse soutient en 1920 le mouvement bolchevique puis adhère au parti communiste le 18 février 1923 et rejoint l’équipe du journal L’Humanité. Face à l’arrivée d’Hitler au pouvoir (1933), obsédé par la défense de la Paix, il fonde avec Romain Rolland, le Mouvement pacifiste Amsterdam-Pleyel. Il décède en août 1935.
19 Référence ici à la Société française pour l’arbitrage entre les nations, fondée en 1867 par Frédéric Passy (1822-1912) qui défend une politique de discussions entre les pays pour éviter les guerres. Mise à mal par le conflit franco-prussien de 1870-1871, elle est ensuite refondée sous le titre de Société française des amis de la paix et redevient en 1889 la Société française pour l’arbitrage entre les nations.
20 Sur ce pacifisme patriotique voir aussi l’exemple de l’inspecteur et recteur Jules Payot dans Jean-François CONDETTE, Jules Payot (1859-1940). Éducation de la volonté, morale laïque et solidarité, Itinéraire intellectuel et combats pédagogiques au cœur de la IIIe République, Bern, Berlin, Bruxelles, Peter Lang, 2012, 316 p.
21 Catulle Mendès (1841-1909) est un poète et écrivain français qui eut aussi un rôle important dans le monde journalistique mais qui fit aussi souvent parler de lui pour sa vie assez agitée. Il est le beau-père d’Henri Barbusse qui a épousé sa fille.
22 David Teniers le Jeune (1610-1690) est un peintre flamand, fils de David Teniers dit l’Ancien (1582-1649). Il est le beau-fils de Jean Brueghel. Son propre fils (Teniers III) sera lui aussi peintre. Ils représentent surtout des paysages ou des scènes paysannes.
23 Adriaen van Ostade (1610-1685) est un peintre et graveur hollandais, spécialisé dans la scène de genre, les travaux et les fêtes de la vie paysanne. Il a peint un célèbre tableau intitulé « Le maître d’école » (1662), représentant également un barbier de village arrachant une dent (1637).
24 Jan Steen (1626-1679) est un peintre hollandais, élève de Van Ostade et de Van Goyen. Il représente d’abord des sujets religieux et des paysages puis se consacre à la peinture de genre traitant avec humour de scènes de la vie populaire. Esprit satirique et moralisateur, il use de l’allégorie, instant sur le caractère trivial des gestes et des expressions.
25 Référence ici à Honoré de Balzac (1799-1850) qui a écrit plus de 90 romans et nouvelles de 1829 à 1850, abandonnant à 20 ans ses études de droit pour la littérature. Ouvrage après ouvrage, il compose la Comédie humaine, souhaitant identifier les « espèces sociales » de son époque et leurs principales caractéristiques, expliquer les oppositions de classes sociales et les identités qui les composent : Eugénie Grandet (1833), Le père Goriot (1835), Le colonel Chabert (1835), etc.
26 Une des langues internationales artificielles ; mélange des langues en sens péjoratif.
27 Claude Lancelot (vers 1615-1695) est un religieux janséniste et grammairien qui publie de nombreux ouvrages pédagogiques pour apprendre le latin et le grec et leurs littératures. Le jardin des racines grecques est un de ces ouvrages encore fortement édité au XIXe siècle (chez Belin).
28 Il s’agit bien sûr du mot « merde » qu’aurait prononcé Pierre Cambronne à Waterloo. Le vicomte Pierre Jacques Étienne Cambronne (1770-1842) s’engage en 1792 dans les batailles de la Révolution, participe à la pacification de la Vendée et rejoint ensuite la Grande Armée de Napoléon, faisant la campagne de Russie. Il accompagne l’Empereur dans son exil à l’Île d’Elbe (1814) et revient avec lui lors des Cent Jours. Il fait partie du dernier carré de la vieille garde à Waterloo. Sommé de se rendre, il répond : « la garde meurt mais ne se rend pas ».
29 Henri BARBUSSE, Le feu. Journal d’une escouade, Paris, réédition, Folio, 2007, chapitre XIII : « Les gros mots », p. 196-197.
30 Pétrone (Caïus Petronus Arbiter, mort en 65) est un écrivain latin, grand seigneur épicurien et intime de Néron qui fut compromis dans la conjuration de Pison et contraint de se tuer. Il est sans doute l’auteur du Satiricon, roman satirique en latin qui fait le récit des aventures de deux jeunes gens dans la Rome décadente. Les deux jeunes hommes assistent à un festin donné par un riche affranchi Trimalcion.
31 Woodrow Wilson (1856-1924) est le 28e président des États-Unis (1913-1921) qui fut l’un des principaux militants du droit international et de l’arbitrage entre les nations, à l’origine de la création de la Société des Nations. Fils d’un pasteur presbytérien, c’est un brillant étudiant de l’Université de Princeton qui est avocat puis professeur de droit. En 1902, il est président de l’Université de Princeton puis en 1910 gouverneur démocrate de l’État du New-Jersey. En avril 1917, quand son pays entre dans la guerre, il dirige les efforts liés à la mobilisation économique et militaire. Il propose le 8 janvier 1918 ses « quatorze points » qui sont autant de préceptes qui doivent permettre d’imposer la paix. Il milite pour la création de la SDN, pour le respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et joue un grand rôle dans la conférence de la paix à Paris. Le congrès américain vote cependant contre le Traité de Versailles en 1920. Voir John Milton COOPER JR, Woodrow Wilson. A biography, New-York, Vintage, 2011, 736 p.
32 Georges Lyon fait ici allusion aux mouvements et actions pacifistes qui se produisent pendant la Première Guerre mondiale, en particulier lors des mutineries de 1917 et aux diverses actions mises en place pour dénoncer la poursuite de la guerre. Voir : Guy PEDRONCINI, Les mutineries de 1917, Paris, PUF, 1967, 328 p. ; Nicolas OFFENSTADT, Les fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective (1914-2009), Paris, Odile Jacob, réédition 2009, 309 p. ; Denis ROLLAND, La grève des tranchées. Les mutineries de 1917, Paris, Imago, 2005, 447 p. ; Sylvie CAUCANAS, Rémy CAZALS et Nicolas OFFENSTADT (dir.), Paroles de paix en temps de guerre, Toulouse, Privat, 2006, 330 p. ; André LOEZ, 14-18, les refus de la guerre. Une histoire des mutins, Paris, Gallimard, Folio, 2010, 610 p. ; Galit HADDAD, 1914-1919, ceux qui protestaient, Paris, Les Belles Lettres, 2012, 436 p. ; André BACH, Fusillés pour l’exemple (1914-1915), Paris, Tallandier, 2013, 617 p.
33 Référence à Auguste Raffet (1804-1860), dessinateur, graveur et peintre français qui joue un grand rôle dans la diffusion de l’épopée napoléonienne et popularise le type du « grognard », peu aimable mais fidèle et courageux. Voir Ils grognent et le suivent toujours où l’on voit des grenadiers de la garde avançant derrière leur empereur sous une pluie battante (1836).
34 Il s’agit ici d’une allusion aux « 14 points » du président Wilson présenté dans son message du 8 janvier 1918 pour restaurer la paix. On y trouve : la fin de la diplomatie secrète (article 1), la liberté de circulation sur mer en dehors des eaux territoriales (article 2), la « suppression, autant que possible, de toutes les barrières économiques » et le libre-échange (article 3), l’engagement dans une politique de désarmement (article 4), le règlement des tensions coloniales, l’évacuation du territoire russe, l’évacuation-restauration de la Belgique indépendante, la libération totale du territoire français et la restitution de l’Alsace-Lorraine (article 8), la satisfaction des revendications territoriales italiennes dans le respect du principe des nationalités, la possibilité pour les peuples de l’Empire d’Autriche-Hongrie de devenir autonomes, diverses clauses sur les Balkans et l’Empire turque ; la création d’une Pologne indépendante disposant d’un accès à la mer (article 13), la création d’une Société des nations (article 14).
35 Il s’agit là d’une explication très souvent employée pendant le conflit par de nombreux intellectuels français pour expliquer la guerre. Ils opèrent une distinction entre les Allemands, le peuple allemand, capables de grandes choses, défenseurs d’une haute culture (traditions universitaires, forte philosophie, littérature, musique etc.) et une caste prussienne dirigée par une noblesse militaire hautaine et rude, adepte de la guerre et des rapports de force. C’est par la Prusse aux mains de Bismarck et de ses successeurs que s’est opérée une néfaste militarisation de la société qui a débouché sur la guerre. C’est ainsi que procèdent, parmi de nombreux auteurs, Ernest Lavisse ou Henri Bergson. Dans son discours à l’Académie des sciences morales et politiques, le 19 décembre 1914, Henri Bergson, refuse de diaboliser l’adversaire qui a donné au monde de grands savants, de grands penseurs et de grands artistes et opère une distinction entre l’Allemagne, capable du meilleur, et la Prusse, incarnation de la civilisation mécanique, « machine bien montée » dirigée par les Hohenzollern. L’esprit mécanique et froid de la Prusse a triomphé avec Bismarck, « génie du mal » et la Prusse a œuvré à l’unification de l’Allemagne en la transformant en machine de guerre mue par l’esprit de conquête (Henri Bergson, « Sur l’Allemagne », Revue universitaire, 1914, p. 233-242). Voir Jean-François CONDETTE, « La Grande Guerre des universitaires français (1914-1918) », dans Marc DELEPLACE (dir.), De la patrie en danger aux nouvelles menaces (1792-2003) : La défense nationale en questions, Reims, SCEREN, CRDP Champagne-Ardenne, 2005, p. 93-119.
36 Henri BARBUSSE, Le feu. Journal d’une escouade, Paris, réédition, Folio, 2007, chapitre XX : « Le feu », p. 256-318.
37 Ibid., chapitre XXIV, « L’Aube », p. 378-379.
38 Référence ici à Karl Liebknecht (1871-1919), homme politique socialiste qui fut l’une des figures de l’extrême gauche du parti social-démocrate allemand à la Chambre prussienne (1908) et au Reichstag (après 1912). Opposé à la Première Guerre mondiale, il est exclu du SPD et un temps emprisonné. Il fonde avec Rosa Luxembourg en 1916 la Ligue spartakiste puis le parti communiste allemand (KPD, 1918-1919) et dirige avec elle l’insurrection spartakiste (1919) qui est réprimée sur les ordres du social-démocrate Noske. Il est assassiné le 15 juin 1919 après son arrestation à Berlin.
39 Henri BARBUSSE, Le feu…, op. cit., p. 298.