1 Sur le front de l’Est la situation se dégrade en effet très nettement pour la Russie Après les premiers plans d’invasion par l’armée russe de la Prusse orientale en août 1914, la victoire de Tannenberg (26 au 30 août 1914), permet aux Allemands de stopper l’avancée des troupes du tsar (capitulation des troupes du général Samsonov qui se suicide). Les Allemands donnent alors la priorité au front de l’Est pour obliger les Russes à céder avant de pouvoir concentrer leurs troupes contre la France et ses alliés ; Hindenburg et Luddendorff repoussent peu à peu la ligne de front vers l’Est entre février et septembre 1915 ; les Allemands occupent Varsovie le 4 août 1915. L’armée russe, mal équipée et mal commandée, recule (151 000 morts, 683 000 blessés, 895 000 prisonniers fin 1915). Voir Jean-Jacques BECKER, La Première Guerre mondiale, Paris, Belin, 2003, p. 85 et suivantes.
2 Les gaz semblent avoir été utilisés pour la première fois par les Allemands en Flandre le 22 avril 1915.
3 Références ici aux diverses grandes offensives allemandes (mais aussi alliées, ce qu’oublie ou ne connaît pas encore à cette date Georges Lyon) de 1914 et 1915 : 17 septembre-17 novembre 1914 : course à la mer ; 17 novembre 1914 : début de la première offensive française en Artois ; 15 février-18 mars 1915 : offensive en Champagne ; 15 mai 1915 : début de la deuxième offensive de l’Artois ; 25 septembre-6 octobre : seconde offensive en Champagne ; 25 septembre- 11 octobre 1915 : troisième offensive en Artois.
4 Voir note antérieure (déjà explicité).
5 Il s’agit de l’historien Ernest Lavisse (1842-1922). Secrétaire du cabinet de Victor Duruy (1865-1868), précepteur du Prince impérial (1868), il soutient sa thèse sur la dynastie ascanienne (1876) puis devient professeur d’histoire moderne à la Sorbonne (1888) et directeur de l’ENS (1904). Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire de la Prusse ou de la France de Louis XIV, dirige l’Histoire de France depuis les origines à la Révolution Française et l’Histoire de la France contemporaine. Il écrit également toute une série de manuels scolaires du primaire (Le Petit Lavisse), manuels qui contribuent à enraciner la République et l’amour de la patrie chez les enfants.
6 Le Kulturkampf en Allemagne est un conflit qui oppose le royaume de Prusse puis l’Empire allemand sous la direction du chancelier Otto von Bismarck à l’Église catholique romaine (au pape, aux acteurs catholiques en Allemagne) et au parti politique représentant fortement les catholiques d’Outre-Rhin, le Zentrum, entre 1871 et 1878 surtout. Derrière l’opposition entre tradition luthérienne et tradition catholique, on retrouve des enjeux politiques et culturels forts (séparation Églises/État ; centralisation en faveur de la Prusse, etc.).
7 Officier de la chambre du pape ou d’un cardinal.
8 Vincenzo Gioacchino Raffaele Pecci (1810-1903) est pape sous le nom de Léon XIII de 1878 à 1903. Il est l’initiateur du ralliement des catholiques français à la République. Son encyclique « Rerum Novarum » (15 mai 1891) dénonce les évolutions de la société industrielle et capitaliste mais aussi le socialisme, exigeant la protection des ouvriers et l’association fraternelle des hommes. Il joue un rôle majeur dans la diffusion des doctrines du catholicisme social.
9 Parlement allemand.
10 Edmond Labbé (1868-1944) est un ancien élève de l’école normale de Douai (1887) qui est ensuite élève à l’École normale supérieure de Saint-Cloud. Enseignant, il réalise ensuite une brillante carrière administrative au service de la promotion de l’enseignement technique et professionnel, d’abord dans le Nord de la France puis pour tout le pays. Directeur de l’École nationale professionnelle d’Armentières, il devient en 1908, inspecteur général de l’Enseignement technique (alors rattaché au ministère du Commerce). Il joue un grand rôle dans l’élaboration de la loi Astier de 1919 (apprentissage) et devient le premier directeur général du sous-secrétariat d’État à l’Enseignement technique en 1920.
11 Référence ici à la Première Conférence de La Haye pour le désarmement et la prévention de la Guerre réunie en 1899 à l’initiative du Tsar Nicolas II de Russie. Une seconde Conférence s’est tenue du 15 juin au 18 octobre 1907, revoyant les textes mais sans en remanier fondamentalement le contenu. Elles jettent les bases du droit coutumier en matière de relations internationales.
12 Littéralement : nous ne pouvons pas ; refus.
13 Georges Lyon fait ici allusion aux deux crises marocaines de l’avant-guerre qui opposèrent la France et l’Allemagne : en 1905 (crise de Tanger avec la venue de Guillaume II à Tanger ; conférence d’Algésiras en 1906) et en 1911 (crise d’Agadir avec envoi de la canonnière la Panther).
14 Référence ici aux bandes de brigands : « les chauffeurs », les « pingres » très organisées qui sévissent à la fin du XVIIIe siècle dans le Bassin parisien (Beauce surtout) et qui regroupent de nombreux hommes et femmes dans une région très boisée. Ils terrorisent les paysans et les voyageurs et massacrent leurs cibles sans remords.
15 L’expression « la flèche du Parthe » fait allusion à l’une des techniques de combat employées par les Parthes dans l’Antiquité qui consiste en une retraite soudaine face à l’adversaire pour l’inviter à le poursuivre. Tout en galopant les cavaliers-archers parthes se retournent alors sur leur monture et arrosent de flèches les poursuivants trop sûrs de leur victoire et très exposés. Au sens figuré, trait piquant, attaque verbale cruelle lancée au moment où l’on se retire.
16 Pas le droit de parler.
17 Paul Thureau-Dangin (1837-1913) est un historien français qui s’intéresse à l’histoire de la Renaissance catholique en Angleterre au XIXe siècle et à qui on doit en effet une Histoire de la monarchie de Juillet en plusieurs tomes (1884 et années suivantes).
18 La Sainte Alliance est formée le 26 septembre 1815 sur le cadavre de la France impériale. Les monarchies européennes victorieuses de Napoléon 1er s’organisent pour restaurer la paix mais aussi pour assurer leur régime politique et affaiblir la France : Empire russe, Empire d’Autriche, Royaume de Prusse, Angleterre. La Ligue sera dissoute en 1825.
19 Allusion à l’Entente cordiale entre la France et l’Angleterre commencée en 1904 avec un accord sur les colonies, alors que « la perfide Albion » fut longtemps un adversaire irréductible de la France (voir la crise de Fachoda en 1898).
20 La guerre de Crimée dure de 1853 à 1856. Elle oppose l’Empire russe à une coalition regroupant l’Empire ottoman, la France, le Royaume Uni et le royaume de Sardaigne ; il s’agit de tenter de stopper l’expansionnisme russe et se termine par la défaite de la Russie (Traité de Paris, 30 mars 1856).
21 Napoléon III se pose en défenseur des peuples opprimés et défend le principe des nationalités (droit des peuples à former une nation indépendante), balayant l’héritage de la Sainte Alliance et les frontières issues du congrès de Vienne (1815). Il aide les peuples à se soulever contre les empires composites et autoritaires qui briment les nations. Il aide ainsi la Lombardie à s’émanciper de la tutelle de l’Autriche-Hongrie (batailles de Magenta et de Solferino en 1859) mais ne s’oppose pas à l’ascension de la puissance prussienne au nom du même principe.
22 Allusion ici à l’alliance diplomatique et militaire scellée entre la France, le Royaume Uni et la Russie.
23 Allusion à l’Alliance franco-russe mise en place à partir de 1892 entre Alexandre III, tsar de l’Empire russe et la République française : alliance à la fois économique, militaire et diplomatique (convention ratifiée le 27 décembre 1893).
24 Allusion à l’Italie qui fait partie de la Triple Alliance (Empire allemand, Empire Austro-hongrois et Italie) mais qui change de camp le 23 mai 1915.
25 Paul Gabriel Othenin de Cléron, comte d’Haussonville (1843-1924) est un homme politique français, avocat, essayiste et historien de la littérature. Son oncle maternel était le duc de Broglie.
26 La loi du 7 août 1913 impose le service militaire de 3 ans. Elle est votée après de très forts débats à la fois chez les parlementaires et dans l’opinion. La loi du 21 mars 1905 avait instauré le service militaire généralisé pour les hommes d’un an (fin du tirage au sort, des exemptions, des remplaçants).
27 Allusion aux opérations du début de la guerre.
28 « Ce que je… » (vois). L’expression vient de L’Énéide I, 135 de Virgile.
29 Le Selectae est ici un manuel qui rassemble les grands textes latins (une sélection des textes majeurs). De nombreux manuels, au XIXe siècle proposent ce type de regroupements.
30 Police en allemand.
31 Le réseau Jacquet est un réseau d’évasion de soldats français de la zone occupée et de pilotes alliés abattus. Eugène Jacquet, grossiste en vins, secrétaire général de la Fédération du Nord de la Ligue des droits de l’Homme, socialiste et franc-maçon, rallié à l’Union sacrée, organise un réseau d’évasion et s’entoure surtout de Georges Maertens (courtier en passementerie), d’Ernest Deconninck (employé de commerce) et de Sylvère Verhulst (belge). Ses filles dactylographient les communiqués venant de France et les diffusent dans la ville. Le 11 mars 1915, un aviateur anglais (Robert Mapplebeck) est abattu et doit atterrir à Wattignies. Le réseau réussit à le cacher et via la Hollande à le rapatrier en Angleterre. En avril 1915, le même pilote survole Lille et lâche un tract se moquant du général von Heinrich. Les Allemands, furieux, mettent de nombreux moyens pour infiltrer le réseau, ce qui est fait. Les arrestations débutent les 9 et 10 juillet 1915. Le procès a lieu en septembre 1915 devant le Tribunal militaire et les quatre hommes sont fusillés à la citadelle de Lille le 22 septembre 1915.
32 Le Réveil du Nord est un journal régional très populaire dans les deux départements septentrionaux créé en novembre 1889 par Claude Cazès, ancien rédacteur en chef du Progrès du Nord, et Edouard Delesalle, négociant. Le journal évolue progressivement d’un socialisme très dur à une forme de radicalisme plus modéré. Il défend la cause ouvrière, accorde une place forte aux questions économiques et sociales mais connaît souvent une situation financière difficile. En 1896, Claude Cazès cède la direction à M. Siauve-Evausy, ancien journaliste de la Dépêche de Roubaix.
33 Le Progrès du Nord est l’un des grands journaux de la France du Nord. En 1866, Gustave Masure, fils d’un directeur de banque, journaliste à l’Écho du Nord, conseiller municipal de Lille (1865) le fonde comme hebdomadaire puis le transforme rapidement en quotidien à grand tirage. Il est pro-républicain mais assez modéré, proche de l’équipe municipale dirigée par Géry Legrand. Le quotidien devait disparaître en 1932. Voir Jean-Paul VISSE, La presse du Nord et du Pas-de-Calais au temps de l’Écho du Nord (1819-1944), Villeneuve d’Ascq, Septentrion, 2004, 280 p.
34 Samuel Taylor Coleridge (1772-1844) est un poète et écrivain britannique, ami de Charles Lamb et de William Wordsworth, à l’existence tourmentée.
35 Il s’agit pendant la Première Guerre mondiale d’un terme qui signifie camp de prisonniers.
36 Gustave Demartres (1848-1919) est un mathématicien. Après la soutenance de sa thèse à la Sorbonne en 1885, il est chargé de cours puis professeur de calcul différentiel et intégral à la faculté des sciences de Lille (1885-1919). Il est élu doyen entre 1888 et 1894.
37 Il s’agit des vers de Racine dans Britannicus (1669), Acte II, scène VI.
38 Léon Trulin, né à Ath en Belgique le 2 juin 1897, fils d’un plombier-zingueur et d’une ouvrière en fourrures, réside à Lille depuis 1902. En juillet 1915, il passe clandestinement en Hollande puis gagne la Grande-Bretagne et se met au service du renseignement : effectifs et mouvements des troupes, emplacement des batteries d’artillerie, des stocks de munitions, relevé des tranchées. Il constitue peu à peu un réseau d’informateurs. Arrêté le 3 octobre 1915, alors qu’il tente de passer la frontière de la Hollande avec de nombreux documents, il est incarcéré à Anvers puis transféré à Lille. Il est condamné à mort avec deux camarades le 5 novembre 1915 pour espionnage et exécuté le 8 novembre 1915. Ses deux amis ont leur peine commuée.
39 Il s’agit ici d’une allusion à la Légende des siècles, œuvre de Victor Hugo, publiée en trois séries en 1859, 1877 et 1883 (célèbre chanson de Sophocle à Salamine).
40 Ce sera chose faite en effet dans l’entre-deux-guerres. Léon Trulin disposera d’une plaque sur les lieux même de sa mort à la Citadelle, d’une statue sur sa tombe au cimetière de l’Est de Lille (réalisée par Félix Desruelles) et d’une autre statue en bronze, inaugurée en 1934, avenue du Peuple Belge, réalisée par le sculpteur Edgar Boutry, et qui fut ensuite déplacée rue Léon Trulin (près de l’opéra de Lille). Il est aussi représenté sur « Le monument aux fusillés lillois » qui fut élevé en l’honneur d’Eugène Jacquet et de ses trois complices par le sculpteur Desruelles. Léon Trulin est placé à l’extrême droite, effondré, face contre terre, déjà mort certainement. Le monument, dynamité en 1940, fut reconstruit à l’identique et placé square Daubenton (sud-est de la Citadelle, à son entrée en venant de la ville).
41 Paul Louis Marie Célestin, baron de Favereau (1856-1922) est un homme politique belge, membre du parti catholique, docteur en droit. Il fut député (1884-1900), ministre des Affaires Étrangères (1896-1907), sénateur (1900-1922) et président du Sénat (1911-1922).
42 Julien Davignon (1854-1916) est un homme politique belge, membre du parti catholique qui fut sénateur (1898-1900), député (1900-1916) et ministre des Affaires Étrangères (1907-1916).
43 Charles-Maximilien, comte de Lalaing (1857-1919) est un administrateur, homme politique et diplomate belge. Il fut ministre plénipotentiaire de Belgique à Londres de 1903 à 1905.
44 Alfred-Ferdinand Leghait fut en effet ministre plénipotentiaire de Belgique à Paris de 1904 à 1910.
45 Le baron Paul Guillaume (1852-1918) est un diplomate belge qui fut ministre plénipotentiaire de Belgique à La Haye (1903-1910), assistant au Congrès de La Haye de mai 1907, puis ministre plénipotentiaire de Belgique à Paris de 1910 à 1916.
46 Le baron Jules Greindl (1835-1917), docteur en droit, a mené une intense carrière diplomatique sillonnant le monde. Il est ministre plénipotentiaire à Berlin de 1888 à 1912.
47 Théophile Delcassé (1852-1923), conseiller général, député de l’Ariège (1889 à 1919), est sous-secrétaire d’État aux Colonies (1893) puis ministre des Colonies (1894) ; il est nommé en 1898 ministre des Affaires Étrangères et lutte pour sortir la France de son isolement en Europe. À ce titre, il est le grand artisan du rapprochement avec le Royaume Uni (Entente cordiale) et poursuit l’alliance avec la Russie initiée avant lui.
48 Nouvelles allusions aux tensions franco-allemandes à propos du Maroc en 1905 et 1911.
49 La question balkanique est liée au déclin de la puissance ottomane dans la région des Balkans et aux prétentions de divers pays à contrôler la zone. Une première guerre balkanique (octobre 1912 à mai 1913) oppose l’Empire ottoman à une ligue balkanique regroupant la Serbie, la Bulgarie, la Grèce et le Monténégro. La Bulgarie réalise l’effort militaire majeur mais s’estime au final laisée dans le partage des territoires. Une seconde guerre balkanique (29 juin-10 août 1913) oppose ensuite la Bulgarie à ses anciens alliés, transformant la zone en poudrière. Le traité de Bucarest en août 1913 permet d’éviter le pire.
50 La longanimité est la patience mise à supporter les souffrances morales, les épreuves.
51 Références ici aux tensions liées au Maroc entre la France et l’Allemagne (déjà explicité).
52 Sur la Revanche, voir Olivier LOUBES, L’école et la patrie. Histoire d’un désenchantement (1914-1940), Paris, Belin, 2001, 221 p. ; Olivier LOUBES, « L’école et les deux corps de la nation en France (1900-1940) », Histoire de l’éducation, n° 126, 2010, p. 55-76 ; Bertrand JOLY, « La France et la revanche (1871-1914) », Revue d’histoire moderne et contemporaine, n° 46, avril-juin 1999, p. 325-347.
53 Lord Cecil Roberts (1864-1958), avocat et diplomate, a une carrière politique très riche et fut trois fois premier ministre (1885-1886 ; 1892 et 1895-1902).
54 Le baron Eugène Beyens (1855-1934), fils d’un diplomate, est lui-même diplomate et homme politique belge qui fut ministre plénipotentiaire de Belgique à Paris entre 1864 et 1894, proche de Napoléon III. Il travailla ensuite à Téhéran et à Bucarest puis fut ministre plénipotentiaire de Belgique à Berlin à partir de mars 1912. Il a écrit : baron BEYENS, Deux ans à Berlin (1912-1914), Paris, Plon, 1931, 2 volumes, 293 et 330 p.