1 Charles Delesalle (1850-1929) est le maire de Lille. Membre d’une grande famille d’industriels du textile, il est aussi président du Comité linier. Il est maire de Lille de 1904 à 1919 et membre du Conseil général du Nord de 1907 à 1913. Il est fait chevalier de la Légion d’Honneur par le décret du 9 novembre 1918. L’avis ministériel relève : « À titre exceptionnel. A assuré la direction de l’administration municipale de la ville de Lille pendant toute la durée de l’occupation allemande. Il s’est acquitté avec un profond dévouement de sa tâche délicate et souvent périlleuse dans des circonstances particulièrement difficiles. Grâce à son action, la vie municipale a pu continuer malgré les exigences de l’ennemi » (Archives nationales, Base Léonore, Légion d’honneur, LH710/2).
2 Référence ici à la conférence de La Haye (1899) qui tente de promouvoir un idéal d’arbitrage entre les nations. La convention qui fixe les obligations des pays signataires est revue et complétée par deux fois : convention de La Haye pour l’adaptation à la guerre maritime des principes de la Convention de Genève (18 octobre 1907) ; convention de La Haye concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre (18 octobre 1907). Le maire fait ici référence surtout à la section III du texte de 1907 « De l’autorité militaire sur le territoire de l’État ennemi » (article 42 à 56).
3 Allusion aux événements des 10 et 11 novembre 1630 où le jeune roi Louis XIII, âgé de 29 ans, réitère sa confiance au cardinal de Richelieu, élimine ses adversaires politiques et contraint sa mère (Marie de Médicis) à l’exil.
4 Félix Trépont (1863-1949) est le préfet du Nord. Il arrive dans le département avec une forte expérience administrative puisqu’il a été tour à tour sous-préfet de Calvi (juillet 1890), Bellac (mars 1892), Saint-Pol (1892), Saint-Gaudens (février 1896), Dôle (juin 1896), secrétaire général du département de l’Aisne (février 1898), sous-préfet de Chalons sur Saône (juillet 1898) puis préfet du Jura (juin 1901), du Loiret (1905), du Pas-de-Calais (1907), du Nord (1909). Après un repli administratif sur Dunkerque au tout début de la guerre, il est à Lille lorsque les Allemands en prennent possession et assiste aux réunions administratives régulières à la Commandanture. Il est arrêté en février 1915 par les Allemands (mauvaise volonté ; soupçons de diffusion de la presse clandestine, etc.), incarcéré à la citadelle de Lille puis déporté en Allemagne avant d’être rapatrié en janvier 1916 (s’installe à Dunkerque). Il fut ulcéré par l’accusation portée contre lui de s’être montré hostile à la défense de Lille en 1914 (décret du 24 septembre 1918 qui le met en congé). Voir Archives nationales, 96 AP 1 à 3, Journal de Félix Trépont (1914-1915) ; Jean-Jacques BECKER, « À Lille au début de la guerre de 1914 », Revue historique, n° 256, juillet-septembre 1976, p. 89-116. ; Archives nationales, Base Léonore, Légion d’honneur, L 2653043, dossier Trépont.
5 Georges Lyon fait ici référence au siège de 1792 pendant les guerres révolutionnaires. La France, déclarant la guerre au Saint-Empire et à ses États alliés, est envahie. Le siège de Lille commence le 23 septembre 1792 et n’est levé par les troupes étrangères que le 5 octobre 1792. Plus de 2 000 maisons sont détruites mais Lille a tenu bon. En souvenir de cet épisode la ville érige en 1845 une colonne de la déesse sur la Grand’place.
6 Les Goumiers sont des soldats marocains (appartenant à des goums, unités d’infanterie légère).
7 Synonyme ici d’Allemands, de Prussiens.
8 Il s’agit du commandant de Pardieu (voir ci-dessous).
9 Le commandant vicomte De Pardieu (1861-1937) est un ancien élève de Saint-Cyr (1881-1883) qui a une brillante carrière militaire. Il est le défenseur de Lille du 2 au 13 octobre 1914 et réussit avec environ 3 000 hommes à tenir longtemps en retrait des forces allemandes qui assiègent Lille. Le Prince Rupprecht de Bavière, commandant en chef de l’armée ennemi lui rendit l’épée en signe d’admiration. Prisonnier de guerre puis interné-évacué en Suisse, il est rapatrié en France en juillet 1917.
10 Henri Borromée est né en 1873. Licencié en droit, il est sous-préfet de Mortain (1898), secrétaire général de préfecture à Saint-Lô (1905) puis à Amiens (1907), sous-préfet d’Abbeville (1911), il est nommé secrétaire général de la préfecture du Nord en 1913. Prisonnier de 1915 à 1916, il est ensuite préfet d’Eure-et-Loir, du Maine-et-Loire, du Bas-Rhin.
11 Maurice Aliez, né en 1870, docteur en droit, est longtemps sous-préfet dans de nombreux postes. Il est sous-préfet à Cambrai à partir de juin 1909 ; il est otage des Allemands à Cambrai qui l’exilent ensuite en Belgique. Il sera après la libération du Nord, préfet de la Drôme (1919), d’Ille-et-Vilaine (1919), du Bas-Rhin (1920), d’Alger (1923). Il termine sa carrière comme TPG de Meurthe et Moselle. Voir René BARGETON, Dictionnaire biographique des préfets (1870-1982), Paris, Archives nationales, 1994, p. 48.
12 Georges Cauwès (1875-1956), après une licence et un doctorat en droit, occupe divers postes administratifs en commençant comme préfet du Jura (1897). Il est sous-préfet de Valenciennes à partir de 1911. Arrêté par les Allemands, il est déporté à Tournai de 1914 à 1918. Il reprend ensuite ses fonctions de préfet dans le Var (1920) et termine comme receveur percepteur dans la région parisienne jusqu’à sa retraite en 1935. Voir René BARGETON, Dictionnaire biographique des préfets (1870-1982), Paris, Archives nationales, 1994, p. 142.
13 Maurice Anjubault (1876-1930) fera en fait fonction de préfet dans le Nord occupé après l’arrestation et la déportation de Félix Trépont (février 1915). Il est destitué par les Allemands le 4 janvier 1918 et emprisonné en Belgique. Avocat à la Cour d’appel de Paris, attaché de préfecture dans la Seine (1898), sous-préfet d’Orthez (1900), sous-préfet de Ganat (1902), d’Avallon (1905), de Millau (1905), de Vendôme (1909), de Montmorillon (1909), secrétaire général du département de l’Eure (1909), il est nommé sous-préfet d’Avesnes en 1911. Après la guerre, il sera préfet de Haute-Marne (1920) puis haut-commissaire en Haute Silésie (1920) avant de retrouver la fonction préfectorale dans divers postes. Voir René BARGETON, Dictionnaire biographique des préfets (1870-1982), Paris, Archives nationales, 1994.
14 À Orchies, le 25 septembre 1914, des troupes du 35e régiment de Landwehr, en « représailles » s’en prennent à la ville et l’incendient par l’usage de grenades incendiaires. Le feu est visible à plus de vingt kilomètres à la ronde. 800 maisons, l’Hôtel de ville, l’église sont détruits. Quatre vieillards et une jeune fille sont tués. Voir Stéphane TRELA, « L’incendie d’Orchies par l’Armée allemande. 25 septembre 1914. Témoignages et réflexions », dans Jean-Marc GUISLIN (dir.), La Première Guerre mondiale dans le Nord de la France et en Belgique, Revue du Nord, n° 404-405, tome 96, janvier-juin 2014, p. 67-83.
15 Néron (37-68). Il s’agit du dernier empereur romain de la dynastie des Julio-Claudiens qui règne de 54 à 68 après J.-C. Il se suicide en 68 après avoir été renversé du pouvoir. Son image, qui ne correspond pas entièrement à la réalité, le dépeint uniquement comme un despote cruel qui fait assassiner sa mère (Agrippine), persécute les chrétiens et aurait fait mettre le feu à Rome pour écrire une poésie. (Voir Sénèque et ses écrits).
16 L’incendie de la bibliothèque de l’Université de Louvain, le 25 août 1914, marque profondément les esprits et a un retentissement mondial, la propagande alliée utilisant cet événement pour montrer la « barbarie » allemande. La ville est occupée dès le 20 août 1914 sans incidents notables. Mais le 25 août en soirée, une fusillade éclate à la gare. Les Allemands réagissent très durement face à ce qu’ils estiment être un coup des « francs-tireurs ». 1081 maisons seront livrées aux flammes ; 300 000 ouvrages partent en fumée.
17 Alexis-Armand Charost (1860-1930), fils d’un employé des chemins de fer de l’Ouest, est agrégé de lettres et docteur en théologie. Il fait ses études de théologie catholique au petit séminaire de Précigné puis au grand séminaire du Mans et à Rome. Ordonné prêtre à 22 ans (19 mai 1883), docteur en théologie, agrégé de lettres, il enseigne dans diverses institutions puis est nommé secrétaire personnel de l’archevêque de Rennes (1894-1899), vicaire général de l’archevêché de Rennes (1909-1913). Le pape Pie X le nomme évêque auxiliaire de l’archevêque de Cambrai (14 février 1913) puis évêque de Lille (21 novembre 1913) à la création du diocèse. Il est ensuite archevêque de Rennes (1920) puis nommé cardinal en 1922. Il est proche des idées de l’Action française, « royaliste de cœur et de conviction ». (Archives nationales, Base Léonore, LH/493/27). Voir David BENSOUSSAN, « Charost (Alexis) » dans Dominique-Marie DAUZET et Frédéric LE MOIGNE (dir.), Dictionnaire des évêques de France au XXe siècle, Paris, Cerf, 2010, p. 13-144.
18 La cathédrale de Reims fut bombardée le 19 septembre 1914 par les Allemands (25 obus). Un incendie s’y déclara également à partir d’un échafaudage et de bottes de paille. Les dégâts importants occasionnés à ce joyau de l’art gothique où étaient couronnés les rois de France, eurent un écho très important et furent récupérés par la propagande comme signe complémentaire de la barbarie allemande (288 obus touchèrent la cathédrale de 1914 à 1918).
19 Du nom de l’inventeur Henry Shrapnel qui met au point des obus à balles, permettant la projection de fragments multiples, lors de l’explosion.
20 Émile Théodore est le conservateur en chef du Musée de Lille depuis 1912 et jusqu’en 1937 (Palais des Beaux-Arts). Voir François ROBICHON et Michèle CLAREBOUT-ADAMCZYK, « Le Musée des Beaux-Arts de Lille pendant la Grande Guerre » dans Jean-Marc GUISLIN (dir.), La Première Guerre mondiale dans le Nord de la France et en Belgique, Revue du Nord, n° 404-405, tome 96, janvier-juin 2014, p. 241-270.
21 Référence ici au peintre italien Raffaello Sanzio (1483-1520) dit Raphaël, qui intègre dans sa peinture à la fois les apports du Pérugin, de Léonard de Vinci et de Michel Ange. Appelé à Rome en 1508, il y devient le peintre officiel de la papauté sous les pontificats de Jules II (1503-1513) et de Léon X (1513-1521). On lui doit la décoration des Stanze du Vatican (salles de l’appartement de Jules II). Il peint également pour de nombreux mécènes et excelle dans l’art du portrait. Il est aussi architecte et participe à ce titre à la construction de Saint-Pierre de Rome (direction à partir de 1514).
22 Le Pérugin (1446-1523), Pietro di Cristoforo Vannucci, est un peintre italien de la Renaissance, un des maîtres de Raphaël. Il est célèbre pour ses tableaux religieux, ses madones et ses mages.
23 Références ici à Léonard de Vinci (1452-1519) à la fois peintre, architecte, sculpteur et ingénieur italien, initié dans l’atelier de Verrocchio à partir de 1469. Son œuvre, bien connue (dont la célèbre Joconde, 1503-1507), est considérable. Il vient s’installer au service du roi français François 1er entre 1515 et sa mort en 1519.
24 Référence ici à Pierre Paul Rubens (1577-1640), le peintre et dessinateur flamand. Après son apprentissage à Anvers, il part en Italie au service du duc de Mantoue de 1600 à 1608 où il est fortement influencé par les œuvres de Véronèse, du Tintoret et de Titien. Il fait plusieurs séjours à Rome et reçoit commande de nombreux tableaux pour les églises. Il revient à Anvers en 1606 et devient le peintre officiel de l’Archiduc Albert, gouverneur des Pays-Bas. Il multiplie alors les œuvres, souvent de grande taille dont la Descente de croix (1610), le Jugement dernier (1611-1614), exaltant l’énergie, le culte passionné du mouvement et la force des sentiments. La descente de croix est un tableau de très grande dimension (425x295 cm).
25 Référence au peintre et graveur flamand Antoon Van Dyck (1599-1616) qui très tôt assimile le style de Rubens et ouvre son atelier à Anvers. Il séjourne en Angleterre, en Italie (surtout à Gênes et Rome), multipliant les portraits mais aussi les scènes mythologiques et religieuses, mettant l’accent sur l’émotivité des protagonistes, multipliant les effets de lumière, insistant sur les effets de draperies, sur des gestes sinueux. (La Vierge et l’Enfant, 1630). Il multiplie également les portraits de cour et d’aristocrates, vivant successivement à Anvers, en France et en Angleterre selon les périodes. Le christ en croix fait 400 cm sur 251.
26 Référence ici aux collections du chevalier Jean-Baptiste Wicar (1762-1834), peintre néoclassique, élève de Jacques Louis David, devenu commissaire adjoint chargé des réquisitions d’œuvres d’art pendant la Révolution. Il lègue en 1834 à la Société des Sciences, d’Agriculture et des Arts de Lille, un ensemble considérable d’œuvres graphiques (26 estampes, 1 300 dessins environ de l’école italienne). Cette « collection Wicar » est un temps installé dans l’ancien Hôtel de ville puis transférée dans le nouveau Palais des Beaux-Arts de Lille en 1892 (nombreux dessins de Raphaël, artistes florentins et flamands).
27 Dans le sens de « monstres » ici.
28 Louis, Léopold Boilly (1761-1845) est un peintre et graveur français, originaire de La Bassée (Nord), auteur de portraits, d’images galantes et de peinture d’histoire. Il est célèbre comme peintre de genre (« L’arrivée d’une diligence », 1803, etc.).
29 Il s’agit ici de François Benoit (1870-1947) qui est professeur d’histoire de l’art à la faculté des Lettres de Lille pendant de nombreuses années. Licencié ès lettres en Sorbonne (1890), agrégé d’histoire (1893), docteur ès lettres en Sorbonne (1897) avec une thèse sur l’art français sous la Révolution, il est plusieurs années professeur d’histoire en lycée (Douai, Chartres, Amiens, Lille : 1895-1903), chargé de cours d’archéologie et d’histoire de l’art à la faculté des lettres de Lille (1899-1903) avant d’être nommé professeur-adjoint (1903) puis professeur titulaire de la chaire d’histoire de l’art (1905-1937). Il fonde l’Institut d’histoire de l’art de la faculté et travaille beaucoup avec le Musée des Beaux-Arts dont il écrit plusieurs tomes de présentation (La peinture au Musée des beaux-Arts, à partir de 1909).
30 Achille, Émile, Paul Ledieux-Dupaix est le consul des Pays-Bas à Lille, nommé par Alphonse XIII. Ancien administrateur de la Caisse d’épargne de Lille, il est aussi le président de la Société d’extension universitaire de Lille.
31 Rupprecht de Bavière (1869-1955) est le dernier prince héritier de Bavière, fils de Louis III de Bavière (le dernier roi) ; c’est un chef militaire allemand Au début de la Première Guerre mondiale, il a sous ses ordres la 6e Armée stationnée en Lorraine et réussit à y contenir les armées françaises puis à mener la contre-offensive. Dans l’entre-deux-guerres, opposé au national-socialisme, il s’exile en Italie en 1939.
32 Giovanni Battista Piazzetta (1683-1754) est un peintre italien de l’école vénitienne qui utilisa beaucoup le clair/obscur.
33 Allusion ici à Gebhard Leberecht von Blucher (1742-1819), général en chef et Feldmarechal prussien qui commandant l’armée prussienne contre Napoléon 1er à la bataille de Waterloo en 1815.
34 Il s’agit de la directrice du collège Fénelon devenu ensuite lycée de jeunes filles de Lille.
35 Hâves : gris comme le lièvre (Hase en allemand).
36 Allusion ici à L’opéra-bouffe La vie parisienne de Jacques Offenbach sur un livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy, créé au Théâtre du Palais royal (première le 31 octobre 1866). L’un des personnages à l’acte V est un brésilien qui donne une grande fête.
37 La déesse : colonne surmontée d’une statue de déesse qui est sur la Grand-place de Lille (érigée en 1845, souvenir du siège de 1792).
38 Le vicomte Georges d’Avenel (1855-1939) est un haut fonctionnaire français qui se lance ensuite dans la presse, en particulier au sein de la Revue des deux mondes. Il a aussi composé une œuvre originale et riche d’historien, en particulier en histoire économique (histoire économique de la propriété, des salaires, des prix de 1200 à 1800), et en histoire des moyens de transport.
39 Il s’agit de deux soldats français qui pour ne pas être fait prisonniers en Allemagne, se réfugient à Hénin-Liétard (aujourd’hui Hénin-Beaumont) où ils se cachent. Ils se déguisent en femmes pour tenter de passer la ligne de front et de rejoindre l’armée française mais sont capturés. Paul Théry (né en 1876 à Douai) était docteur en droit, avocat à la cour d’appel de Douai et conseiller municipal ; Erick Beutom (né en Autriche à Vienne en 1876), était un ingénieur Polytechnicien.
40 Allusion ici aux Noces de Figaro, opéra de Mozart (1786), inspiré de la pièce de Beaumarchais. Près de Séville, Figaro et Suzanne (valet et camériste) du comte et de la comtesse Almaviva préparent leurs noces. Le comte, attiré par Suzanne, ne l’entend pas ainsi.
41 Adolphe de CARDEVACQUE, Les Prussiens dans le Pas-de-Calais. Souvenirs de la guerre 1870-1871, Arras, 1886, 357 p.
42 Gustave Delory (1857-1925) est né dans une famille ouvrière pauvre de Lille (usines textiles) ; il quitte l’école à 11 ans pour travailler comme apprenti. Il exerce de très nombreux petits métiers, fréquente à partir de 1879 le cercle Républicain de Lille, vend le journal de Jules Guesde (L’égalité). Cantinier à Lille, manœuvre aux Ateliers d’Hellemmes, il rencontre Jules Guesde en 1881 et s’engage dans la création et le développement du Parti ouvrier français (fondation en 1882 dans le Nord). Licencié pour ses idées avancées, il vit de colportage puis tient un estaminet (café). Il est élu en 1896 maire de Lille (une des premières mairies de France à passer aux mains des « collectivistes ») et est réélu en 1900 mais est battu en 1904. Il est élu député en 1902 et exerce aussi le mandat de conseiller général du Nord. En 1916, il est déporté dans le camp de Holzminden. Réélu député du Nord puis maire de Lille après la Première Guerre mondiale, il suit Léon Blum au congrès de Tours et non les bolcheviques. En 1925, malade, il cède sa place en mairie à Roger Salengro.
43 Henri Ghesquière (1863-1918), est un ouvrier fileur et syndicaliste nordiste qui est révoqué pour ses idées. Il vit alors de petits boulots (marchand de journaux, etc.). Il est adjoint au maire de Lille de 1896 à 1904 dans la municipalité dirigée par Gustave Delory (POF). Élu conseiller général, il est aussi député du Nord de 1906 à 1918 et rejoint le groupe socialiste.
44 Cartes d’otages, de prisonniers.
45 Joseph Galliéni (1849-1916) est un militaire qui réalise la plus grande partie de sa carrière dans des opérations de colonisation menées par la France et dans la mise en valeur de ces territoires. Élève du lycée Prytanée de la Flèche, élève de l’École de Saint-Cyr, il participe à la guerre de 1870-1871, se bat à Bazeilles et est fait prisonnier. Il revient en France en mars 1871. Il est en mission à la Réunion (1873-1876), en Afrique noire (1876-1882 : Sénégal, Mali, Niger), commandant supérieur du Soudan (1886-1888), part en mission en Indochine (1892-1896) puis devient gouverneur général de Madagascar (1896-1905). Il est nommé général de division en 1899. En 1905, il est gouverneur militaire de Lyon puis entre au Conseil supérieur de la guerre (1908). En retraite en avril 1914, il est rappelé comme gouverneur militaire de Paris (26 août 1914).
46 Allusion ici aux soldats grecs mercenaires, originaires de Sparte et de Thèbes surtout, enrôlés par Cyrus le Jeune pour renverser du trône de Perse son frère aîné, le souverain achéménide Artaxerxés II Mnénom. Après la bataille de Counaxa (-401) et la mort de Cyrus, la retraite de ces soldats vers la Mer noire tourne au cauchemar.
47 Allusion ici à la campagne d’Italie de Bonaparte (1799-1800) qui oppose la jeune République et la Seconde Coalition, et à la retraite de Moreau sur le Tessin.
48 Allusion ici à la célèbre bataille de la Marne (5 au 12 septembre 1914) qui voit l’offensive allemande prévue par le Plan Schlieffen (aller le plus vite possible sur Paris) échouer par la forte résistance des troupes alliées qui permettent de sauver Paris et de repousser les troupes allemandes.
49 Allusion au colonel Eugène Stoffel (1821-1907), général sous Napoléon III et attaché militaire à l’Ambassade de France à Berlin qui insiste sur le danger croissant de la force prussienne. Il fut aussi un passionné de fouilles archéologiques et travailla à Gergovie et Alésia.
50 Otto von Bismarck (1815-1898) est nommé premier ministre par Guillaume 1er le 23 septembre 1862 et installe progressivement un régime autoritaire qu’il met au service de la grandeur de la Prusse. Il unifie l’Allemagne en plusieurs étapes autour de la Prusse, repousse les prétentions autrichiennes sur certains territoires (victoire de Sadowa en 1866). Grand vainqueur de la guerre de 1870 contre la France, il est l’artisan de la fondation, le 18 janvier 1871 de l’Empire allemand dont il devient le chancelier. En désaccord sur des questions de politique coloniale avec l’Empereur Guillaume II, il est écarté en mars 1890. Voir Jean-Paul BLED, Bismarck (1815-1898), Paris, Perrin-Tempus, 2013, 355 p.
51 Le comte Vincent Benedetti (1817-1900) est un diplomate français, ami personnel de Napoléon III qui négocia la cession de Nice et de la Savoie à la France (1850) et qui fut ensuite ambassadeur en Prusse au moment de la crise de 1870. Il joua un grand rôle dans les négociations sur la Couronne d’Espagne. Il fut annoncé que le roi de Prusse refusa de le recevoir et cette réalité, habilement utilisée par Bismarck et transformée en dépêche (dépêche d’Ems) déclencha la réaction guerrière de Napoléon III.
52 Référence ici à la figure de Cassandre dans la mythologie grecque. Fille de Priam, roi de Troie et d’Hécube, elle reçoit d’Apollon le don de prédiction mais comme elle se refuse à lui, il décide que ses prédictions ne seront pas crues, même de sa famille (comme celle du cheval de Troie).
53 Maxime Lecomte (1846-1914), après des études à la faculté de droit de Douai (licence, doctorat en 1870), s’inscrit au Barreau d’Amiens. En 1870-1871, il rejoint l’Armée du Nord. Il s’engage en politique. Il est député du Nord en 1884-1885 puis de 1887 à 1891 (Union républicaine), luttant contre le boulangisme, avant de devenir sénateur du Nord de 1891 à sa mort. Il intervient beaucoup sur les questions liées au travail des enfants, sur les salaires ouvriers puis sur les questions d’armement et de défense.
54 Que l’on peut traduire par « Prenez garde consuls » !
55 Il s’agit ici d’une référence à la première bataille des Flandres (Ypres) en lien avec la Course à la mer des troupes allemandes après leur échec de la Marne. Les troupes françaises en anglaises résistent fortement en Flandres, creusent des tranchées alors que les basses terres sont inondées (20 octobre à fin décembre 1914). Les Allemands ne peuvent atteindre le littoral mais les pertes dans les deux camps sont très lourdes.
56 Replet signifie qui a de l’embonpoint, « grassouillet ».
57 Ukaze (ou oukaze), mot d’origine russe qui signifie un édit promulgué par le tsar. Au figuré, décision arbitraire, ordre impératif.
58 Friedrich Gustav Theodor von Graevenitz (1861-1922), est un général d’infanterie à la carrière riche qui devient le responsable des relations entre la population civile et l’occupant à Lille et dans ses environs en 1914. En 1916, il devient le commandant en chef des forces d’occupation dans la région, remplaçant le général von Heinrich.
59 Le satrape (mot d’origine perse) qui signifie gouverneur d’une province dans l’Empire perse depuis Cyrus jusqu’à l’ère chrétienne (dirige une satrapie) ; au figuré, homme despotique, tyrannique.
60 Voir article de Carine CNUDDE-LECOINTRE, « Monseigneur Charost, évêque de Lille durant la Grande Guerre », Revue du Nord, n° 325, avril-juin 1998, p. 355-366.
61 Allusion ici au Zentrum, qui est l’un des grands partis politiques allemands à cette période et qui regroupe de nombreux catholiques.
62 Référence ici au cardinal Désiré Joseph Mercier (1851-1926), cardinal belge, archevêque de Malines (1906-1926), figure de l’œcuménisme en Belgique et surtout figure de la résistance belge face à l’occupant allemand en 1914-1918. Ordonné prêtre en avril 1874, docteur en théologie en 1877, il est un des principaux introducteurs en Belgique de la philosophie thomiste. Professeur à l’Université catholique de Louvain, évêque de Malines en 1906, il est cardinal en 1907. Il s’oppose aux exigences allemandes, publie des mandements, des protestations lues dans les églises, appelant à la résistance passive. Il refuse la réquisition des cloches. Dans sa lettre pastorale « Patriotisme et endurance » datée du jour de Noël 1914, lue et publiée le 1er janvier 1915, il en appelle à la résistance morale.
63 Référence à la pièce Polyeucte de Corneille, jouée pour la première fois en 1641 au théâtre du Marais.
64 Théobald von Bethmann-Hollveg (1856-1921) est un homme politique allemand qui fut ministre de l’Intérieur du roi de Prusse (1905) puis qui exerce la fonction de chancelier impérial de 1909 à 1917. Il eut, un temps, des velléités de conciliation avec les pays démocratiques européens, apparaissant comme un partisan des idées libérales, proche du parti progressiste allemand. La guerre radicalise ensuite ses analyses.
65 « Présent absent » si l’on traduit.
66 Allusion ici aux conquêtes napoléoniennes en Russie et à l’occupation de Moscou par les troupes impériales du 14 septembre au 23 octobre 1812. Mais la ville a été en partie vidée de ses habitants et, du 14 au 18 septembre, un terrible incendie détruit la ville (7 000 maisons en bois et 4 000 maisons en pierre détruites). Les 9/10e de la ville sont détruits alors que le ravitaillement devient très délicat. Napoléon dès lors commence sa retraite de Russie.
67 Le comte Fiodor (ou Fedor) Rostoptchine (1763-1826) est un général russe, ministre des Affaires Étrangères de 1799 à 1801, gouverneur général de Moscou de 1812 à 1814 sous les ordres du tsar Alexandre 1er.
68 La dépêche d’Ems est à l’origine de la déclaration de guerre de la France à la Prusse en 1870. Il s’agit du télégramme envoyé par le chancelier prussien Bismarck à toutes les ambassades et repris dans La Gazette de l’Allemagne du Nord concernant les tensions entre le roi de Prusse et l’Empereur français Napoléon III. Jugé offensant pour la France et conçu à dessein pour cela, il entraîne l’Empereur à la guerre.
69 Allusions ici à La Folle journée ou le mariage de Figaro de Beaumarchais (1732-1799), comédie en cinq actes écrite en 1778 et jouée pour la première fois en avril 1784, pièce qui dénonce les privilèges archaïques de la noblesse. Le valet de chambre du comte Almaviva, Figaro va se marier avec Suzanne, la première camériste de la comtesse. Le comte, jeune libertin réaffirme son droit de cuissage sur cette union. Bartholo est le médecin de Séville et le père de Figaro. Bazile est le professeur de Clavecin de la comtesse.
70 Référence ici à la mythologie grecque et aux nymphes du cortège de Dionysos dont le caractère se confond avec celui des bacchantes (femmes représentées échevelées et fougueuses, vêtues de peaux de bêtes ou de robes légères et transparentes). On appelait aussi ménades les femmes consacrées au Dieu qui se livraient à la transe. Voir aussi la pièce d’Euripide, Les Bacchantes ou Penthée, roi de Thèbes, est mis en pièces par les bacchantes pour l’hostilité qu’il a témoigné envers le culte de Dionysos.
71 Le décret pontifical du 5 février 1913 crée le vicariat général de Lille puis le décret du 25 octobre 1913 fonde le diocèse de Lille, Monseigneur Charost étant nommé le 2 novembre 1913.
72 Johann Heinrich Pestalozzi (1746-1827) est un célèbre pédagogue et éducateur suisse, pionnier de la pédagogie moderne qui adopte et diffuse les principes de l’Émile de Jean-Jacques Rousseau. Il crée au cours de son existence diverses écoles « pionnières » pour les enfants pauvres (Stans, Berthoud, Yverdon). Il utilise les méthodes d’éducation concrètes et directes qui développent toutes les facultés. Il est connu pour ses ouvrages dont le célèbre Comment Gertrude instruit ses enfants (1801).
73 Georges Lyon fait ici une faute d’orthographe. Il s’agit de l’abbé Albert Droulers. Voir Albert DROULERS, Sous le poing de fer, Paris, Bloud et Gay, 1918, 245 p. (« L’auteur a été pour ce fait enfermé comme otage de la commune à la Citadelle de Lille avec deux conseillers municipaux », p. 103). L’abbé Droulers est né en 1887 à Tourcoing. Élève du collège Saint-Jude d’Armentières puis du séminiare Saint-Sulpice de Paris, il est ordonné prêtre en 1910 et part deux ans à la Procure de Rome. Il est ensuite vicaire à Marquette (1912-1914) puis à Loos-lez-Lille. Il est détenu à la Citadelle puis interné au camp de Milegany en Lituanie. En 1930, il est nommé à Fives puis en mars 1940 à Dunkerque où il vit la Seconde Guerre mondiale. En 1946, il est curé doyen de Saint-Martin de Roubaix. Il est nommé évêque d’Amiens en février 1947 et le reste jusqu’à son décès le 3 juin 1950. Voir Nadine-Josette CHALINE, « Droulers (Albert)», dans Dominique-Marie DAUZET et Frédéric LE MOIGNE (dir.), Dictionnaire des évêques de France au XXe siècle, Paris, Cerf, 2010, p. 212-213.
74 Edmond Lebœuf (1809-1888) est un militaire et homme politique français, ministre de la Guerre à partir du 21 août 1869. Il déclara : « Nous sommes prêts et archiprêts. La guerre dût-elle durer deux ans, il ne manquerait pas un bouton de guêtre à nos soldats ». Il est capturé lors des combats autour de Metz et fait prisonnier.
75 Patrice de Mac-Mahon (1808-1893), comte, duc de Magenta, militaire de carrière, fut le troisième président de la République du 24 mai 1873 au 30 janvier 1879, date de sa démission. Elève de Saint-Cyr, membre du corps expéditionnaire en Algérie, présent lors de la prise de Sébastopol, il est gouverneur en Algérie après 1861. Lors de la Guerre de 1870, il est blessé à Sedan et prisonnier. On le retrouve en 1871 au sein de l’Armée versaillaise. Voir Gabriel De BROGLIE, Mac Mahon, Paris, Perrin, 2000, 459 p.
76 Le général Cousin-Montauban, comte de Palikao (1796-1875), est ministre de la guerre et chef du gouvernement à partir du 10 août 1870. Il a réalisé de nombreuses missions à l’étranger (Algérie, Crimée, etc.).
77 François Achille Bazaine (1811-1888) est un chef militaire français qui sert en Algérie, en Crimée, au Mexique. Il est l’un des artisans de la défaite dans la guerre franco-prussienne et de la capitulation du 28 octobre 1870.
78 Louis Jules Trochu (1815-1896) est un ancien élève de Saint-Cyr qui a une riche carrière militaire. Il est le gouverneur de Paris pendant la guerre franco-allemande puis préside le gouvernement de la Défense nationale (4 septembre 1870-17 février 1870).
79 Allusion ici à la Commune de Paris, période insurrectionnelle (18 mars 1871-semaine sanglante du 21 au 28 mai 1871) où une partie du peuple de Paris se soulève contre le gouvernement de la Défense nationale et son choix de la paix, prend le pouvoir dans les arrondissements et lance également de profondes réformes sociales et politiques.
80 Allusion au poète latin Horace (-65, +8), que l’on peut traduire par « parler à tort et à travers ».
81 Il s’agit de Joseph Joffre (1852-1931), ancien élève de l’École Polytechnique, qui a combattu en 1870-1871 et qui fut très hostile à la Commune de Paris. Il accomplit ensuite de nombreuses missions dans l’Empire colonial (Formose, Tonkin, Annam, Soudan, etc.). Généralissime, il réussit, lors de la bataille de la Marne (septembre 1914) à stopper l’offensive allemande et à sauver Paris, en stabilisant le front ensuite. Il sera maréchal de France en 1916. Il se montre partisan de l’offensive à outrance et exige lors de la bataille de la Marne que les soldats se fassent tuer sur place plutôt que de reculer. Il est remplacé ensuite par le général Nivelle.
82 Le propos est ici à modérer. Les opérations militaires de 1914 sont très meurtrières alors que les offensives et contre-offensives jusqu’en 1916 sont également assez peu soucieuses des vies humaines.
83 Que l’on peut traduire par « le temporiseur, celui qui aime à prendre son temps » (surnom de Fabius Maximus).
84 Les années 1890 connaissent en France (comme en Allemagne ou en Russie) un développement des idées et des actions anarchistes. Le 9 décembre 1893, Auguste Vaillant lance une bombe dans la Chambre des députés ; le 24 juin 1894, l’anarchiste Casério assassine le président de la République Sadi Carnot à Lyon. Les « lois scélérates » de 1893-1894 viennent alors renforcer le contrôle policier sur la presse et les associations.
85 Il faut modérer ce propos. Certes les refus de la guerre ou plutôt du combat tel qu’il est mené (ce qui n’est pas la même chose) seront souvent plus tardifs (1917) mais il en existe dès 1914. Voir Sylvie CAUCANAS, Rémy CAZALS et Nicolas OFFENSTADT, Paroles de paix en temps de guerre, Toulouse, Privat, 2006, 350 p. ; André LOEZ, 14-18. Les refus de la guerre. Une histoire des mutins, Paris, Folio, 2010, 690 p. ; Galit HADDAD, 1914-1919, ceux qui protestaient, Paris, Les Belles Lettres, 2012, 436 p.
86 Allusions aux forces révolutionnaires qui, lors des mouvements insurrectionnels à Paris, marchent vers l’Hôtel de ville pour prendre le pouvoir (1830, 1848 mais surtout ici en 1871 avec la Commune de Paris). L’Hôtel de ville fut incendié.
87 Auguste Blanqui (1805-1881) est une figure majeure du mouvement socialiste français et des combats pour la République qui passe une partie de son existence en prison (« l’enfermé »). Il écrit dans différents journaux, fait partie de la charbonnerie. Il s’engage dans la Commune de Paris ; Il est condamné à mort, interné à Clairvaux. En 1879, il est élu député à Bordeaux et diffuse un socialisme non marxiste.
88 Gustave Flourens (1838-1871) est un universitaire et homme politique français. Fils d’un physiologiste, professeur au Collège de France et député, il est lui-même professeur au Collège de France à 25 ans (1863) mais son opposition au Second Empire le fait emprisonner (1869) avant son départ vers la Hollande et l’Angleterre. Membre de diverses sociétés de libre pensée, il revient en France en 1870 et s’engage dans la commune (XIXe arrondissement). Il est tué le 3 avril 1871.
89 Il existe en effet une certaine forme d’autocensure de la presse qui soutient l’effort de presse et la propagande en faveur d’une vision de la guerre juste de la France, pays du droit et des libertés contre l’agresseur et barbare allemand partisan de la force. Il règne aussi pendant ces années de guerre une très forte censure sur la presse et les correspondances. Voir Olivier FORCADE, La censure politique en France pendant la Grande Guerre, Paris X, thèse, 1998, 3 volumes, 992 p. (Jean-Jacques Becker dir.).
90 Charles Debierre (1853-1932) est une figure politique lilloise. Fils de petits cultivateurs de la Somme, étudiant en médecine à l’École d’Amiens puis à la faculté de Paris, il est ensuite étudiant à l’École d’application de médecine militaire du Val de grâce. Il a ensuite une carrière de médecin militaire en France et dans les colonies avant d’obtenir la chaire d’anatomie de la faculté de médecine de Lille. En 1896, il est élu conseiller municipal et devient le chef du parti radical socialiste dans le Nord. Sénateur du Nord, élu en 1911, 1920 et 1924, il est aussi un temps président du Grand Orient de France (après 1918). Il est aussi le président de l’Université populaire de Lille de nombreuses années.
91 René Viviani (1863-1925) fait des études de droit, devient avocat puis s’engage en politique. Il est élu député de la Seine (1893-1902 ; 1906-1910) puis député de la Creuse (1910-1922) ; il est président du Conseil du 13 juin 1914 au 29 août 1915 gérant donc l’entrée en guerre de la France. Il est aussi le cofondateur avec Jean Jaurès du journal l’Humanité.
92 Alexandre Ribot (1842-1923) est un homme politique du Pas-de-Calais. Après des études de droit à la faculté de Paris, il devient avocat. En 1878, il est élu député de Boulogne-sur-Mer comme républicain démocrate, adversaire du parti radical. En 1890, il est nommé ministre des Affaires étrangères (travaille à l’Alliance franco-russe). Il est président du Conseil plusieurs fois (6 décembre 1892-30 mars 1893 ; 26 janvier 1895-28 octobre 1895 ; 9 juin 1914-12 juin 1914 ; 20 mars 1917-7 septembre 1917).
93 Jules Cambon (1845-1935) est un préfet et diplomate français qui a commencé sa carrière en étant avocat. Après plusieurs postes en Algérie, il est nommé préfet du Nord (1882) puis du Rhône (1887). Il est nommé gouverneur général de l’Algérie (1891) puis devient ambassadeur de France à Washington (1897), à Madrid (1902) et à Berlin (1907). En 1914, il est secrétaire général du ministre des Affaires Étrangères.
94 Ce qui signifie « Bonjour » (le matin).
95 René Salé, né à Angers en 1858 est le proviseur du lycée Faidherbe de Lille. Il a, lorsqu’il arrive à Lille, une carrière déjà bien remplie. Il commence comme répétiteur et chargé de cours puis obtient l’agrégation. Enseignant au collège de Cholet (1877-1879), de Cognac (1879-1888), de Sablé (1880-1882), de Domfront (1882-1885), il est ensuite professeur au lycée d’Alençon (1885-1889) avant de faire le choix d’entrer dans l’administration. Il est alors censeur des lycées de Cherbourg (1889-1892), Caen (1892-1897), Rouen (1897-1899), proviseur du lycée de Tourcoing (1899-1907) puis proviseur du lycée de Lille à partir du 10 avril 1907.
96 Ce que l’on peut traduire par : « de son propre gré ».
97 Il s’agit ici d’une référence à la première bataille des Flandres (Ypres) en lien avec la course à la mer des troupes allemandes après leur échec de la Marne (29 octobre-24 novembre 1914).
98 René Swyngedauw (1867-1956) est le fondateur à Lille de l’Institut électrotechnique. Bachelier ès sciences, il poursuit ses études à la faculté des sciences de Lille, obtient sa licence (1887-1888) puis l’agrégation de sciences physiques (1893), soutenant sa thèse de doctorat en 1897 sur La décharge électrique. Préparateur de physique à la faculté à partir de novembre 1888, il est maître de conférences en 1895 puis professeur-adjoint en 1902 avant d’occuper la chaire de physique et électricité industrielle à partir de 1905 et jusqu’en 1937. L’institut étant détruit en 1914, il reconstruit un institut électrotechnique, inauguré en 1924. Il est chevalier de la Légion d’honneur (décret du 30 septembre 1920) puis officier en 1937 (base Léonore, Archives nationales, dossier 19 800 035/1277/47162).
99 Louis Pasteur (1822-1895) est un chimiste et physicien, pionnier de la microbiologie qui met au point le vaccin contre la rage. Élève de l’École normale supérieure (1843), docteur en sciences (1847), il enseigne à Dijon puis à Strasbourg (1848). Il est nommé professeur de chimie et de physique à la nouvelle faculté des sciences de Lille (1854) ainsi que doyen. Il rejoint très vite l’École normale supérieure (1857) et poursuit toute sa carrière à Paris. Voir Daniel RAICHVARG, Louis Pasteur, l’empire des microbes, Paris, Gallimard-la Découverte, 1995, 144 p. ; Patrice DEBRE, Louis Pasteur, Paris, Flammarion, 1993, 562 p.
100 Signe qui veut dire « marquer dans l’interprétation une augmentation de la sonorité ».
101 Le repos (ne rien faire).
102 Littéralement : la nuit du Christ, c’est-à-dire Noël.
103 Titre de l’hymne national allemand (« L’Allemagne par-dessus tout »). C’est l’une des strophes de Das Deuschlandlied (le chant de l’Allemagne) composé par l’écrivain August Heinrich Hoffmann von Fallersleben en 1841 et qui, dans sa mise en musique reprend une partition de Joseph Haydn de 1797. Il devient hymne national en 1922.
104 Bill est un terme anglais qui signifie « loi » mais aussi facture.
105 Fernand Cormon (1845-1924), pseudonyme de Fernand Piestre, est un peintre français qui s’intéresse surtout à des scènes historiques et aux portraits.
106 Reprise ici des paroles rituelles du pape lors de sa bénédiction (« à la ville et à l’univers »).
107 François-Marie Arouet dit Voltaire (1694-1778) est l’un des principaux philosophes du mouvement des Lumières, militant pour la tolérance, la raison et la liberté dans ses multiples œuvres. En 1850, il part s’installer en Prusse à l’invitation de Frédéric II mais le séjour à Berlin tourne court et, après diverses disputes, il quitte Berlin en mars 1753, allant ensuite s’installer en Suisse.
108 Noël en anglais.
109 Le menin signifie le laquais, le page, la personne attachée au service d’un prince. Ce nom est en usage à la cour de France au XVIIe siècle.
110 On peut traduire par centimes. C’est la division du Mark en sous-unités.
111 Les Landsturm sont des forces militaires qui correspondent à l’armée territoriale (regroupement des mobilisables et des mobilisés les plus âgés, ou les plus jeunes, qui n’ont pas encore l’âge d’être appelés).
112 Brennus vient de Brennos, chef gaulois du IVe siècle avant J.-C.
113 Allusion ici à la cité grecque antique de Sparte et à son éducation très rigoureuse et très centrée sur les vertus militaires, l’endurance des corps et la dureté.
114 Georges Lyon se trompe ici. C’est l’autre partie du bâtiment qui est occupée, celle attribuée à la faculté de droit.
115 Paul von Hindenbourg (1847-1934) a une très longue carrière de militaire en Prusse. Il est à la bataille de Sadowa puis participe à la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Il est toujours en service en 1914 est obtient la victoire sur le front russe à Tannenberg (1914) ; il est ensuite chef du Grand État-major de l’Armée impériale allemande (29 août 1916-3 juillet 1919). Après la défaite, il est président de la République de Weimar (avril 1925-août 1934). C’est lui qui nomme Hitler chancelier le 30 janvier 1933. À sa mort en 1934, Hitler devient le seul chef du Reich. Voir Walter RAUSCHER, Hindenburg. Feldmarschall und Reichspräsident, Vienne, Ueberreuter, 1997, 351 p.
116 Frédéric Combemale (1860-1938) est professeur de thérapeutique à la faculté de médecine de Lille (1893) puis professeur de clinique chirurgicale (1896). Il est élu doyen de sa faculté de 1901 à 1919, tout en dirigeant également longtemps l’hôpital de la Charité. Sa thèse en 1888 porte sur la descendance des alcooliques. Il est agrégé de médecine dès 1889 puis chef de clinique et chargé de cours de thérapeutique (1889-1893). Il est le fondateur de l’Écho médical du Nord.
117 Si l’on traduit mot à mot : « mort » (fusillé, passé par les armes).
118 Référence ici à Caton le Censeur (Marcus Porcius Cato, -234 à -149), politicien, militaire et écrivain romain qui dans ses écrits dénoncent la société de son temps corrompue, regrettant les mœurs plus rigoureuses des temps anciens.
119 Fafiots : mot en argot qui signifie billets de banque.
120 Allusion ici au Comittee for relief in Belgium (CRB). Voir la presentation générale au début de l’ouvrage. Selon les règlementations internationales, il revient à la force occupante d’assurer le ravitaillement des populations civiles des territoires qu’elle contrôle. Mais les Allemands ont déjà du mal à assurer le ravitaillement correct de leur armée et pressurent déjà beaucoup les populations civiles de leur propre pays et des zones occupées. L’idée est alors d’accepter que le ravitaillement des populations civiles occupées soit assuré par une organisation internationale aux mains des neutres avec une double garantie : celle que les Alliés lèveront le blocus qui « affame les zones concernées » pour laisser passer les convois ; celle que les Allemands ne confisqueront pas ensuite ces vivres à leur usage. La figure emblématique de cette structure est Herbert Hoover (futur président des États-Unis) installé à Londres. Après l’entrée en guerre des États-Unis (avril 1917), le comité hispano-américain devient comité hispano-néerlandais.
121 La sébile est un petit récipient en bois ou en terre cuite qui sert à demander l’aumône.
122 Référence ici à l’abbé René Aubert de Vertot (1655-1735), qui est à la fois un homme d’Église à la vie assez mouvementée et un historien à succès. Elève du collège des jésuites de Rouen puis du séminaire diocésain, il entre dans l’ordre des Capucins mais doit en sortir pour des raisons de santé, devenant membre des Prémontrés à 22 ans. Il occupe ensuite diverses cures en Normandie, est l’ami de Fontenelle et de l’abbé de Saint-Pierre. Il compose une série d’ouvrages historiques qui rencontrent à l’époque un grand succès : Histoire de la conjuration de Portugal (1689, réédition en 1711), Histoire des Révolutions de Suède (1695), Histoire complète de l’établissement des Bretons dans les Gaules (1720), Histoire des révolutions de la République romaine (1719), Histoire de l’ordre de Malte (1726). Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres à partir de 1701, il est aussi très ami avec Marguerite de Launay (future Madame de Staël) et secrétaire-interprète de la princesse de Bade, épouse du duc d’Orléans, frère du régent. Il aurait déclaré à un érudit qui lui apportait des renseignements complémentaires alors qu’il écrivait l’histoire du siège de Rhodes, « mon siège est fait », refusant de rien modifier à son récit.
123 Dans la mythologie grecque, Cassandra est la fille de Priam, roi de Troyes et d’Hécube. Elle reçoit d’Apollon le don de prédire l’avenir. Mais comme elle se refuse à lui, il décrète que ses prédictions ne seront pas prises au sérieux par les humains ni même par sa famille.
124 Locution italienne qui peut se traduire par « qui sait ».
125 Velleius Paterculus est un historien latin qui participe aux campagnes militaires en Gaule et en Germanie sous Tibère et qui écrit Historia romana.
126 Que l’on peut traduire par : « menteurs par naissance ».
127 François Andrieux (1759-1833) est un avocat, poète et auteur dramatique français. Avocat, membre du Club des Jacobins, opposant modéré à l’Empire, il est ensuite professeur à Polytechnique et membre de l’Académie française. Grand admirateur de Voltaire, il écrit de nombreuses comédies et poésies dont Le meunier de sans-souci.
128 Il s’agit d’une allusion à Frédéric II de Prusse (Frédéric le Grand), né en 1712 et mort en 1786, roi de Prusse de 1740 à 1786.
129 Léon Briens (et non Bryens comme l’écrit G Lyon) est né en 1859 et décédé en 1918. Sous-préfet de Quimperlé (1886), de Dinan (1889), de Dreux (893), de Narbonne (1896), de Boulogne-sur-Mer (1896), il est ensuite préfet de l’Allier (1903), de l’Hérault (1907), de la Côte d’Or (1908) puis du Pas-de-Calais (novembre 1911 à février 1918). Il a, à Arras, une attitude très courageuse lors des bombardements intensifs de 1914.
130 Adolphe Messimy (1869-1935) est d’origine lyonnaise. Élève de l’École polytechnique puis de l’École de guerre, officier, il devient en 1899 publiciste puis homme politique. Député de la Seine (1902-1912), ministre des Colonies (mars-juin 1911), ministre de la Guerre (juin 1911-janvier 1912 puis brièvement au début de la Première Guerre mondiale), il poursuit ensuite sa carrière politique, devenant sénateur de l’Ain (1914-1919 et 1923-1935). Il rejoint le front et est deux fois blessé, en 1915 puis en 1916.
131 Georges Lyon fait ici une erreur. Gustave Dron est maire de Tourcoing et non de Roubaix. Médecin, Gustave Dron (1856-1930), est élu maire de Tourcoing en 1889 et le demeure jusqu’en 1919 puis est réélu de 1925 à sa mort en 1930. Député du Nord (1889-1914), il est ensuite sénateur du Nord de 1914 à 1930. Il est arrêté et déporté par les Allemands en 1918.
132 Alexandre Percin (1846-1928) était chargé de la défense de Lille avant l’offensive allemande de 1914. Ancien élève de l’École Polytechnique, combattant de la guerre de 1870-1871, professeur d’artillerie à l’École militaire de Saint-Cyr, il fut chef de cabinet du général André au ministère de la Guerre (au moment de l’affaire des fiches). En 1914, il est accusé d’avoir laissé Lille sans défense face à l’invasion ennemie mais ne cessera de se défendre en insistant sur le fait qu’il n’a fait qu’appliquer les ordres.
133 Alfred d’Amade (1856-1941) est un ancien élève de Saint-Cyr (1874) qui a une longue carrière militaire dans de nombreuses zones d’opération (Algérie, Indochine, Chine, Grande-Bretagne, etc.). Général en 1907, il est muté au Maroc et y opère d’importantes actions de pacification. Pendant la Première Guerre mondiale, les opérations qu’il dirige ne sont pas couronnées de succès. Il est gouverneur militaire de Marseille puis part diriger le corps expéditionnaire de l’Armée d’Orient.
134 La bataille de la Marne permit de sauver Paris de l’invasion et de repousser l’offensive du plan Schlieffen (5 septembre-12 septembre 1914).
135 Au sens premier, tribu indienne de l’Ouest des États-Unis, réputée féroce. À la fin du XIXe siècle, en France et à Paris en particulier, groupes de malfaiteurs, de voyous des grandes villes.
136 Louis Malvy (1875-1949) est conseiller général du Lot (1901-1919), président du conseil général (1916-1917), maire de Souillac (1929-1940), député du Lot (1906-1919 et 1924-1940). Il est sous-secrétaire d’État à la Justice (mars-juin 1911), sous-secrétaire d’État à l’Intérieur et aux Cultes (juin 1911-janvier 1912), ministre du Commerce, de l’Industrie, des Postes et Télégraphes (décembre 1913-mars 1914), ministre de l’Industrie (mars-juin 1914) puis ministre de l’Intérieur (juin 1914-août 1917). Il est attaqué par la droite et l’extrême droite et quitte son poste (« Affaire Malvy » où il est accusé de trahison ; condamné par la Haute Cour à 5 ans de bannissement le 6 août 1918). Il est de nouveau ministre de l’Intérieur en 1926.
137 Gustave Dron (1856-1930) est le maire de la ville de Tourcoing. Médecin et homme politique français, il est le maire radical de Tourcoing à partir de 1899, réélu en 1905 et 1911. Il y réalise une œuvre de précurseur en matière de protection maternelle et infantile et de lutte contre la tuberculose. Il est déporté en Lituanie en 1918 par les Allemands. Il démissionne de ses mandats en 1919 pour raison de santé. Il est ensuite réélu maire en 1925 et sénateur la même année. Il est à l’origine de la création de la ferme de la Bourgogne (soixantaine d’hectares permettant de disposer de lait pasteurisé pour les nourrissons), d’un sanatorium, d’une piscine municipale etc.
138 Félix Piquet (1855-1943) est professeur de littérature allemande à la faculté des lettres de Lille et directeur-fondateur du laboratoire de phonétique expérimentale. Il a soutenu sa thèse sur Hartmann von Aue (1898) puis dirige la Revue germanique (1909-1936). Élève de l’École de Cluny, boursier d’études (1876-1880), il obtient son certificat d’aptitude à l’enseignement de l’allemand (1880) puis la licence (1891) et l’agrégation (1884). Maître élémentaire au collège de Verdun (1875), professeur d’allemand dans divers collèges (1882-1884), puis en lycées (1884-1898), il est ensuite chargé de cours de langue allemande à la faculté des lettres de Lille (1898) puis professeur de langue et littérature allemande (1901). Il est placé en retraite en 1925.
139 Le satrape est le gouverneur d’une province dans l’Empire perse de Cyrus jusqu’à l’ère chrétienne.
140 Proprio motu signifie « de son propre chef ».
141 Ce qui est une reprise transformée du poète latin Horace s’appliquant aux grammairiens (Grammatici). On peut traduire par : « les juges discutent et le procès est encore devant le juge ».
142 Allusion aux batailles de l’Artois (offensive française en Artois à partir du 17 novembre 1914 ; seconde offensive à partir du 15 mai 1915). Une troisième offensive aura lieu du 25 septembre au 11 octobre 1915.
143 Allusion à la bataille de l’Yser. Les Allemands bloqués dans leur avancée vers Paris par la victoire de la Marne (septembre 1914), tentent de percer le front et de prendre les villes du littoral (Calais, Dunkerque, Boulogne). Les combats sont très rudes en Flandre, dans l’Yser mais les troupes franco-britanniques tiennent le choc.
144 Le sénateur Paul Hayez (1859-1935) est issu d’une famille bourgeoise et industrielle du Nord ; il est maître de verrerie et patron d’une entreprise de verrerie. Il entre au conseil municipal d’Aniche à l’âge de 25 ans. Il est élu député du Nord de 1893 à 1898 puis devient sénateur du Nord (1905-1935). Pendant la Première Guerre mondiale, il devient le vice-président du groupe parlementaire des régions envahies.
145 Référence ici aux missi dominici qui étaient les envoyés de l’Empereur Charlemagne au sein des divers territoires de son empire, chargés d’inspecter l’état des administrations et des finances.
146 Gaston Thomson (1848-1932) est un homme politique français qui a connu une très longue carrière. Proche de Gambetta et de Clémenceau, défenseur de Dreyfus, il est député de 1877 à 1932 sans interruption (54 ans). Ministre de la Marine (1905-1908), il multiplie les efforts pour renforcer notre marine de guerre ; il est ensuite ministre du Commerce, de l’Industrie et des PTT de juin 1914 à octobre 1915.
147 Albert Thomas (1878-1932) est un homme politique français qui pendant la Première Guerre mondiale, fut l’organisateur de la production d’armements et du travail ouvrier. Ancien normalien de la rue d’Ulm, premier à l’agrégation d’histoire (1902), il enseigne quelques années. Il est ensuite élu maire de Champigny. René Viviani le nomme en 1914, sous-secrétaire d’État à l’artillerie puis il devient ministre de l’Armement et des fabrications de guerre (décembre 1916).
148 Alexandre Millerand (1859-1943), inscrit au Barreau de Paris (1881), avocat d’affaires, journaliste, a également une riche carrière politique. Élu député socialiste de la Seine en 1885 (jusqu’en 1919), il évolue progressivement vers des positions plus centristes. Ministre du Commerce, de l’Industrie et des PTT (juin 1899-juin 1902), ministre de la Guerre (janvier 1912-janvier 1913 ; août 1914-octobre 1915), chef du gouvernement (janvier à septembre 1920), il est élu président de la République en septembre 1920 (septembre 1920-juin 1924). Il poursuit ensuite sa carrière comme sénateur (1925-1940).
149 Charles Jonnart (1857-1927), né dans une famille bourgeoise, fait ses études au lycée de Saint-Omer puis à la faculté de droit de Paris. Il est directeur de services dans divers ministères. Il est élu conseiller général de Boulogne-sur-Mer en 1886 puis député du Pas-de-Calais (1889). Il est nommé ministre des Travaux publics (1893) puis élu sénateur du Pas-de-Calais (1894). En 1900, il devient gouverneur général en Algérie. Il est rapporteur de la Commission des Affaires Étrangères du Sénat de 1914 à 1918. Il sera après la guerre, ambassadeur de France auprès du Saint-Siège. Voir Jean-VAVASSEUR-DESPERRIERS, République et liberté. Charles Jonnart, une conscience républicaine (1857-1927), Lille, Presses du Septentrion, 1996, 339 p.
150 Ce qui veut dire : « Ô esprits sains des hommes, Ô cœurs aveugles ».
151 Le professeur Albert Calmette (1863-1933), fils d’un avocat, est un médecin et bactériologiste français qui a mis au point et amélioré entre 1904 et 1928 la vaccination contre la tuberculose (BCG) avec Camille Guérin. Il a été formé à l’École de médecine navale de Brest et a une longue carrière de médecin de marine dans les colonies, commencée en octobre 1883 comme aide-médecin puis comme médecin (à partir de 1886), ayant sillonné les mers et vécu dans de nombreux pays (en Asie, en Afrique, à Saint-Pierre et Miquelon, etc.). Il travaille sur la malaria, sur la maladie du sommeil, sur les poisons et les venins de serpents. Il cumule 36 années de services dans l’armée. Associé aux travaux de Pasteur, il fonde en 1890 l’Institut Pasteur de Saïgon travaillant en toxicologie et immunologie. Il revient en France en 1894, met au point le sérum immunisateur contre la peste bubonique avec Alexandre Yersin. Il poursuit à partir de 1895 d’autres recherches au sein de la faculté de médecine de Lille et surtout de l’Institut Pasteur de Lille qu’il dirige longuement (25 années) et fonde en 1904 la Ligue du Nord contre la tuberculose. Il rejoint Paris en 1919 comme directeur-adjoint de l’Institut Pasteur. C’est un grand acteur de la lutte contre la tuberculose et pour l’hygiène. (Archives nationales, base Léonore, L 0410083, dossier Calmette).
152 Ce que l’on peut traduire par « Ainsi je veux, ainsi j’ordonne ». En fait, Hoc volo, sic jubeo est une citation de Juvenal (Satires, VI, 223) reprise par Kant.
153 Auguste Potié (1858-1939) est issu d’une famille de cultivateurs du Nord et reste lui-même longtemps promis à ce métier. Conseiller municipal d’Haubourdin en 1886 (commune de la banlieue de Lille), adjoint au maire (1892), il est ensuite maire de cette ville de 1896 à 1924. Conseiller général du Nord (1892), il est sénateur du Nord de 1903 à 1939 et siège au sein du groupe de la Gauche démocratique, radicale et radicale-socialiste. Il est le fondateur et le président de la Société des agriculteurs du Nord. Son patriotisme pendant l’occupation, ses refus répétés de collaborer aux exigences allemandes font qu’il est arrêté et emprisonné un an dans la prison allemande de Siegburg puis transféré au camp de Holzminden. Il est ensuite libéré et revient au Palais du Luxembourg (15 mai 1917) après 17 mois de captivité. Il est aussi président du Conseil général du Nord après 1922.
154 Wilhelm von Heinrich est le général qui commande les forces d’occupation dans le Nord de la France et à Lille en particulier. Il est remplacé en 1916.
155 Allusion ici aux propos de Michel de Montaigne au sujet de l’habitude, « royne et impérière du monde » (dans le sens d’impératrice).
156 Allusion au livre de Blaise Pascal, Les provinciales. Lettres écrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis et au RP jésuite sur le sujet de la morale et de la politique de ces personnes (18 lettres en partie fictives écrites par Blaise Pascal entre janvier 1656 et mars 1657) où l’on perçoit les grandes idées de la philosophie et de la morale janséniste.
157 On trouve en effet en zone « libre » (dans le reste de la France non-occupée) le développement de cette image des « boches du Nord » qui s’accommodent de l’occupation et font des affaires, image qui joue aussi sur les nordistes évacués et qui doivent s’installer dans des conditions souvent précaires ; voir Philippe NIVET, Les réfugiés français de la Grande Guerre (1914-1920). Les boches du Nord, Paris, Economica, 2004, 580 p.
158 La longanimité est la patience à supporter les souffrances morales.
159 Allusion ici à la pièce de théâtre qui reprend l’histoire du héros suisse Guillaume Tell. Le bailli impérial de Schwyz et d’Uri, Hermann Gessler, au service des Habsbourg tente de réaffirmer leur autorité sur la région. Il fait ériger un mât surmonté de son chapeau et exige que les habitants le salue comme s’ils étaient en présence du vrai Gessler. G. Tell refuse de se soumettre et tue Gessler. (Pièce Guillaume Tell de Friedrich von Schiller en 1804, opéra de Rossini également dès 1829).
160 La Maison des étudiants de Lille, a été érigée en grande partie avec une prime payée après le décès du fils de Georges Lyon dans une catastrophe ferroviaire, prime de 50 000 francs à laquelle divers notables de ses amis, ajoutent d’autres dons. La Maison des étudiants (rue de Valmy) est inaugurée en mai 1907. Elle sert de lieu de ralliement pour la jeunesse des facultés publiques en dehors des heures de cours, offrant une riche bibliothèque, un bar, des salles de travail et de loisirs ; elle est aussi le siège de l’Association générale des étudiants lillois (AGEL) pendant des décennies. Voir Jean-François CONDETTE, La Faculté des lettres de Lille de 1887 à 1945 : Une Faculté dans l’histoire, Lille, Septentrion, 1999, p. 56.
161 Il s’agit en fait de la Chapska, coiffe militaire à visière à la forme d’un cône aux côtés concaves et se terminant par un plateau carré ; Elle est empruntée aux soldats polonais et aux lanciers.
162 Jean-Baptiste Lebas (1878-1944), issu d’une famille ouvrière où le père milite au Parti ouvrier français, est comptable de profession. Il adhère à 18 ans au Parti ouvrier français, devient secrétaire-adjoint de la SFIO du Nord puis conseiller municipal en 1908. Il est élu maire de Roubaix en 1912 et incarne alors le socialisme municipal soucieux de constructions concrètes et de réformes pour le bien-être des habitants (constructions scolaires, habitations à bon marché, etc.). Hostile à la remise des listes de jeunes gens de plus de 18 ans aux Autorités allemandes, il est arrêté en 1915 puis interné à la forteresse de Rastadt jusqu’en janvier 1916. Dans l’entre-deux-guerres, il poursuit son œuvre et devient l’un des leaders socialistes du Front populaire avec Léon Blum et Roger Salengro. Il est alors ministre du Travail dans le gouvernement Léon Blum (1936). Déchu par le Régime de Vichy, il fonde très tôt un réseau de résistance (L’Homme libre) mais il est arrêté le 21 mai 1941 par la police allemande. Emprisonné à Bruxelles puis à Berlin, il est déporté et décède probablement au camp de Sonenburg en mars 1944.
163 Eugène Motte (1860-1932) est une figure du grand patronat textile du Nord qui fut également député du Nord et maire de Roubaix. Conseiller général (1895-1907), député du Nord (1898-1906), maire de Roubaix (1902-1912), il est battu en 1912 par Jean-Baptiste Lebas. Il est à la tête d’un empire industriel fondé sur le textile qui dispose aussi d’usines en Pologne et en Russie. Il est aussi président de la Chambre de commerce de Roubaix-Tourcoing, président du Crédit du Nord, administrateur des Chemins de fer du Nord.
164 Référence ici à la mythologie celtique et à la légendaire cité de Bretagne qui est censée avoir été construite dans la baie de Douarnenez ou au large de celle-ci puis engloutie dans l’océan (roi Gradlon).
165 Il s’agit ici d’une référence à la loi de séparation des Églises et de l’État du 9 décembre 1905. La République assure la liberté de conscience, garantit le libre exercice des cultes mais elle « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».
166 Giuseppe Melchiore Sarto (1835-20 août 1914) est pape sous le nom de Pie X de 1903 à 1914. Ordonné prêtre en 1858, chanoine de la cathédrale de Trévise (1875), évêque de Mantoue (1884), il mène une politique assez fortement conservatrice. Dès le congrès européen d’Arezzo (1882), il soutient la restauration du chant grégorien dans les églises. Il mène le refus contre la loi française de séparation des Églises et de l’État (1905).
167 E. HAUTCOEUR, (chanoine des facultés catholiques de Lille), Histoire de Notre Dame de la Treille, Lille, Imprimerie Lefebvre-Ducrocq, 1900, 366 p.
168 En référence à la statue de Pallas, considérée par les Troyens comme le gage de salut de leur ville ; Le sens est donc celui d’un bouclier, d’une garantie, d’une sauvegarde.
169 Référence ici à Pierre Simon De Laplace (1749-1827), mathématicien, astronome, physicien et homme politique français. Il est l’un des principaux scientifiques de la période napoléonienne. Il assure la promotion de l’astronomie mathématique. On lui doit parmi de nombreux ouvrages, un Traité de mécanique céleste (5 volumes de 1799 à 1825). Ministre de l’Intérieur en 1799, il est comte d’Empire (1808) puis fait marquis (1817) par la Restauration. Il aurait signalé à plusieurs reprises ne pas « voir la main qui agit par la tangente » (main divine).
170 Voir Annette BECKER, La Guerre et la foi, De la mort à la mémoire (1914-1930), Paris, Armand Colin, 1994, 142 p. (sur la dimension religieuse du conflit, sur la guerre comme expérience religieuse personnelle par la peur permanente de la mort ; la guerre comme épreuve christique du sacrifice de soi, etc.).
171 Chant que l’on peut traduire par « Réconfortante hostie ». Il s’agit d’un chant chrétien latin composé à la gloire de Jésus Christ présent dans l’Eucharistie. C’est en fait la dernière partie d’un texte composé par Saint Thomas d’Aquin.
172 Mademoiselle Decourtray est une ancienne étudiante d’allemand de la faculté des lettres de Lille, devenue professeur au cours secondaires de jeunes filles de Belfort et qui, pendant la Première Guerre mondiale, assure les cours d’allemand à la faculté des lettres de Lille, marquant ainsi l’entrée très temporaire des femmes dans le personnel enseignant (avec quelques collègues dont Mademoiselle Raison).