Introduction : le tournant de 1989-1990 comme défi narratif

1De son propre aveu, Klaus Schlesinger a été pris au dépourvu par la chute du Mur et la réunification. Dans un court texte de 1993 où il fait le récit de sa vie entre Est et Ouest à la troisième personne, il écrit :

« Son arrivée dans l’Allemagne réunifiée ressembla à un atterrissage forcé. Pendant presque dix ans, il s’était tenu perché en équilibre à une hauteur de quatre mètres vingt – celle du Mur de Berlin – au-dessus des questions que posait la ville dans laquelle il était né [...]. Pas étonnant, dans ces conditions, qu’il ait chuté lorsque le Mur se déroba sous lui de façon aussi inattendue. » (VdS 87)

2La décennie de funambulisme dont Schlesinger parle ici est celle des années 1980, caractérisée par une existence de « sauteur de Mur ». La rupture qu’il évoque est comparable par son ampleur à d’autres qui l’ont précédée et qui ont marqué son existence : la fin de la guerre, le 13 août 1961, le passage à l’Ouest. Avec la disparition de la frontière entre les deux Allemagnes