1 Nous citerons à partir des éditions suivantes : Himmelskörper, Berlin, Aufbau Taschenbuch Verlag, 2003 ; Schlesisches Wetter, Berlin, Berlin Verlag, 2003 ; Anatolin, Frankfurt/Main, suhrkamp taschenbuch, 2009 et utiliserons désormais les abréviations H pour Himmelskörper, SW pour Schlesisches Wetter et A pour Anatolin suivies du numéro de la page. Le roman de H.-U. Treichel a été traduit en français par Barbara Fontaine Anatolin, Paris, Gallimard, 2010.
2 Le Gustloff est un ancien bateau de croisière qui fut réquisitionné par la marine de guerre avant d’être utilisé en janvier 1945 pour évacuer la population de Prusse orientale. Son naufrage, à la suite d’une attaque par un sous-marin soviétique, a fait plus de 5 000 victimes.
3 « Ich möchte sehen, wie es da jetzt aussieht! » (H, 288).
4 « Es gibt so viel Ungeklärtes in unserer Familie, das mir plötzlich keine Ruhe mehr lässt. » (H, 26).
5 « […] vielleicht ist es ein unbewußter Drang zu wissen, in was für einen Zusammenhang, in was für ein Nest ich da mein Kind setze […] » (H, 26). C’est juste avant la mort de sa grand-mère qu’elle finira, comme on le verra, par apprendre la vérité sur les conditions de la fuite de sa famille maternelle et par découvrir le rôle décisif qu’y a joué sa mère.
6 Treichel joue manifestement avec les catégories génériques : le livre est sous-titré « roman », mais le « je » du « roman » se trouve être l’auteur de Der Verlorene et de Menschenflug, deux autres romans de Treichel qui forment avec Anatolin une trilogie et qui ont été traduits en français sous les titres Le disparu (Jean-Louis de Rambures, Paris, Hachette, 1999) et Vol humain (Barbara Fontaine, Paris, Gallimard, 2007).
7 « Wahrscheinlich eine Alterserscheinung, diese Reisen in die Geburtsorte der Eltern » (A, 10).
8 Hans-Ulrich Treichel, Der Entwurf des Autors. Frankfurter Poetikvorlesungen, Frankfurt/Main, Suhrkamp, 2000. Nous utiliserons désormais l’abréviation EA suivie du numéro de la page. Son roman Der Verlorene qui mêle lui aussi réalité et fiction, est le récit des démarches entreprises par ses parents pour le retrouver.
9 « Die Eltern, die ich kennengelernt habe, waren Eltern ohne Vergangenheit. Und das hieß für mich zuallererst: Eltern ohne Eltern. […] Wenn die Eltern Eltern ohne Eltern sind, dann sind sie auch Eltern ohne Kindheit. » (EA, 21).
10 Il cite un extrait de la lettre écrite par ses parents en septembre 1959 pour demander l’ouverture de recherches sur leur fils disparu : ils y évoquent les situations qu’ils ont vécues et leur fils souligne leur difficulté à les verbaliser, difficulté qui lui semble caractéristique des générations qui ont vécu la guerre (EA, 25). Il met d’ailleurs également la fuite dans le travail de ces réfugiés, dont son père est un bon représentant, sur le compte de ce même évitement de la confrontation à des expériences traumatiques (EA, 23 sq.).
11 Albrecht Lehmann décrit le même genre de phénomène de constitution de récits figés dans les témoignages de réfugiés ou d’expulsés qu’il a pu recueillir, Im Fremden ungewollt zuhaus. Flüchtlinge und Vertriebene in Westdeutschland. 1945-1990, München, Beck, 1991, p. 202-204.
12 Christa Wolf, Lesen und Schreiben, Darmstadt und Neuwied, Luchterhand, 1980, p. 24.
13 En ex-RDA, pour des raisons politiques de bonnes relations avec les « pays frères », les questions de la fuite et de l’expulsion étaient taboues dans le discours officiel, tout en étant toutefois présentes dans la littérature, voir p. ex. Bill Niven, Representations of Flight and Expulsion in East German Prose Works, Rochester, Camden House, 2014.
14 Il utilise également l’image d’un fil (narratif) au moyen duquel on veut le lier à la famille (SW, 23).
15 La profondeur du traumatisme de l’expulsion subie se manifeste dans des expressions comme « Man hielt auf Gedeih und Verderb zusammen » (on restait ensemble coûte que coûte) ou « Ohne Not verließ man sich nicht. » (on ne se séparait pas sans nécessité) (SW, 105) qui rappellent celles que cite Reinhard Jirgl dans Die Unvollendeten (roman traduit en français par Martine Rémon sous le titre Les inachevés, Meudon, Quidam éditions, 2007) comme « Wer seiner Familie den Rücken kehrt, der taugt Nichts. » (Qui tourne le dos à sa famille ne vaut rien).
16 Le texte souligne son état d’excitation qui confine presque à une sorte d’ivresse (« Rausch ») (SW, 139).
17 Freia fait allusion à des lectures de dictionnaires et de livres d’histoire (H, 56) et Treichel évoque des recherches sur Internet pour se procurer des informations sur les anciennes colonies allemandes (A, 175) ou auprès de la Croix Rouge qui dispose d’un service de recherche des personnes disparues (A, 77).
18 A. Lehmann consacre une partie de son livre à ce qu’il appelle les « voyages mémoriels » (« Erinnerungsreisen »), op. cit., p. 108-151.
19 Il emploie l’expression « la tyrannie de ma mémoire mal programmée » et enchaîne : « Il me semblait impossible d’échapper aux histoires de ma grand-mère. » (SW, 182).
20 Il utilise aussi le verbe « expier » (SW, 178).
21 Cette présence fantasmatique du passé le fait aussi penser quand il se rend à pied au village de sa mère qu’il n’est pas le bienvenu, que les gens qu’il croise ont peur pour leurs enfants et qu’ils leur demandent de rentrer, alors que c’est peut-être simplement parce que la nuit tombe et qu’il commence à faire froid (SW, 211).
22 « Les photos, les récits avaient été ma réalité » (SW, 295).
23 « Eigentlich ist es doch schön, daß die Leute hier so fröhlich sind und daß man alles vergessen zu haben scheint. Man kann sich doch nichts Besseres für diesen Ort wünschen, oder? » (SW, 306).
24 Respectivement Reise in die Kindheit, München, Wien, Carl Hanser Verlag, 1988 (nous citerons à partir de l’édition dtv, München, 1993), « Spurensuche in Slask, dem früheren Schlesien », dans Überschreiten die Grenze. Gedichte und ein Reise-Essay, Oberhausen, Athena Verlag, 2004 (notons qu’il s’agit d’un livre bilingue, les textes de W. Bittner étant traduits en polonais en vis-à-vis de leur version allemande) et Schlesien. Tagebuch einer Reise, Heidenheim, Verlag Werner Jerratsch, 1972. Nous les citerons en indiquant uniquement le nom de l’auteur et la page.
25 Cette liste ne prétend aucunement à l’exhaustivité !
26 Monika Taubitz évoque ainsi de manière lyrique la beauté de paysages paisibles et fertiles qui s’étendent à perte de vue avec leurs forêts et leurs arbres (Taubitz, 52). Bienek est saisi d’émotion quand il retrouve les bouleaux de son enfance. Souvent les auteurs se souviennent en outre d’odeurs, celle des champignons ou des aiguilles de pin (Taubitz, 52), retrouvent des goûts, celui du « Zur » par exemple (Bienek, 15), une soupe typique de la région.
27 « eine Lücke schließen » (A, 10) ; « ein Loch füllen » (A, 73).
28 Treichel note ainsi : « Quand les parents n’ont pas d’imparfait, les enfants n’ont pas de plus-que-parfait. Or on a besoin des deux pour pouvoir raconter » (EA, 21).
29 « dieses Rauschen, diese seltsame Hintergrundstrahlung » (H, 317) ; « ich muß etwas dagegen tun » (H, 318).