Un terrain solide ? Hans Schinz, la topographie du territoire africain et les fondements d’une carrière universitaire entre Zurich, Berlin, le Cap et Kew1
p. 147-160
Résumés
Le botaniste zurichois Hans Schinz (1858-1941) nous a laissé une masse de descriptions et d’archives concernant ses séjours de recherche réalisés de 1884 à 1886 à travers l’Afrique du Sud-Ouest. Son journal de bord détaillé, ses lettres de voyage au style incisif, ses articles écrits sur place pendant ses voyages ainsi que la monographie régionale Deutsch-Südwestafrika [L’Afrique allemande du Sud-Ouest] qu’il publie en 1891 en s’efforçant de systématiser, permettent d’avoir accès à ses stratégies de collectionneur et d’archiviste. Si on considère en outre que le bric-à-brac avec lequel il revient à Zurich au début de l’année 1887, qui comprenait de vastes collections, objets, artéfacts, données et observations relevant non seulement de la botanique mais aussi principalement de l’ethnographie, de la linguistique, de la cartographie, de la photographie, de la zoologie, de l’anthropologie et de la minéralogie, est en grande partie conservé, il en résulte un ensemble complexe d’archives relatives à la pratique scientifique de la fin du XIXe siècle. Il s’agit là, en plus des collections existantes dans leurs dimensions matérielles et hétérogènes, de toute la palette des processus intellectuels et empiriques se rapportant à la définition, l’appropriation, la contextualisation et la systématisation du savoir.
En « mesurant » et en « excavant » en Afrique de façon synthétique le pays, les habitants et la nature, le terrain et la culture, grâce au crayon, au compas, à la pelle, aux jumelles et à l’appareil-photographique, Hans Schinz a posé de façon délibérée les fondements de sa carrière scientifique. Quand en voyage, il confie à sa mère à Zurich : « je ne rapporte ni or, ni pierre précieuse, je ne suis pas parti pour chercher ça ; pour moi, mes collections et mes notes ont plus de valeur que ça », il se situe en dehors des conceptions du savoir au niveau de la valorisation de « ses » collections pour le débat scientifique et sa carrière. La contribution développe les facettes de cette carrière scientifique.
Ein festes Terrain ? Hans Schinz, die Vermessung afrikanischen Territoriums und die Grundlagen einer wissenschaftlichen Karriere zwischen Zürich, Berlin, Kapstadt und Kew
Der Zürcher Botaniker Hans Schinz (1858-1941) hat uns eine geradezu dichte Beschreibung und Dokumentation seiner Forschungsreise 1884 bis 1886 durch das südwestliche Afrika hinterlassen. Sein ausführliches Tagebuch, seine pointiert formulierten Reisebriefe, seine bereits während der Reise verfassten Aufsätze sowie seine 1891 veröffentlichte, um Systematisierung bemühte Ländermonographie Deutsch-Südwestafrika, bieten einen prägnanten Einblick in seine Sammlungs- und Dokumentationsstrategien. Wenn darüber hinaus bedacht wird, dass sein „Gewalthaufen“ (Schinz) an sehr umfangreichen Sammlungen, mit denen er Anfang 1887 nach Zürich zurückkehrte, und damit nicht nur botanische, sondern vor allem auch ethnographische, linguistische, kartographische, photographische, zoologische, anthropologische und mineralogische Objekte, Artefakte, Daten und Beobachtungen weitgehend erhalten geblieben sind, ergibt sich ein komplexes Archiv zur Wissenschaftspraxis am Ende des XIX. Jahrhundert. Angesprochen sind damit nicht nur die heterogenen, physisch weiterhin vorhandenen Sammlungen, sondern die facettenreichen intellektuellen und praxisbezogenen Prozesse hinsichtlich der Definition, Aneignung, Kontextualisierung und Systematisierung von Wissen.
Während Hans Schinz in Afrika umfassend Land, Menschen und Natur, Terrain und Kultur mit Stift, Zirkel, Schaufel, Feldstecher und Fotoapparat „vermaβ“ und „aushub“, legte er gezielt die Grundlagen für seine wissenschaftliche Karriere. Wie er seiner Mutter in Zürich von unterwegs mitteilte : „Gold und Edelsteine bringe ich nicht, ich bin ja auch nicht ausgegangen diese zu suchen, für mich sind meine Sammlungen und Notizen mehr wert als jene“. Es ging ihm über die Wissenskonzeptionen hinaus um die Inwertsetzung „seiner“ Sammlungen für die wissenschaftliche Auseinandersetzung und Karriere. Der Beitrag thematisiert Facetten dieser Wissenschaftskarriere.
Extrait
1Le long voyage de recherche que le botaniste zurichois Hans Schinz (1858-1941) entreprit dans l’Afrique du Sud-Ouest entre 1884 et 1886 fut fastidieux. C’est ainsi que Schinz décrivit le voyage pénible, effectué en charrette ou en charriot à bœufs, qui ne fut possible que grâce au personnel africain qui l’accompagna dans les déserts de sable et de pierres mais aussi sur les terrains détrempés par la pluie ou encore dans les savanes africaines. Comme il l’indiqua par exemple dans une lettre de septembre 1885, il arrivait souvent que le charriot restât embourbé :
Nous devions travailler pratiquement deux heures pour pouvoir retrouver un sol praticable. Nous devions abattre des arbres et entreposer les troncs en travers du sol marécageux afin de construire un chemin carrossable2.
2La tâche fastidieuse évoquée par Schinz se référait aussi au terrain scientifique exploré lors de son voyage. Il estimait que ce « champ d’étude spécifique »3 était « fragmentaire », « incomplet » et « t
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