1 Claude Lévi-Strauss, La Vie familiale et sociale des Indiens Nambikwara, Société des américanistes, 1948, et Les Structures élémentaires de la parenté, PUF, 1949.
2 Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, Plon, 1958, p. 86-88.
3 Voir Claude Lévi-Strauss, La Pensée sauvage, Plon, 1962, et plus particulièrement la notion de bricolage mytho-poétique mise en perspective avec les pratiques de l’art brut et notamment le palais entièrement bricolé du Facteur Cheval, p. 26.
4 Ibid., p. 223 : « On a vu que la seule différence entre les deux méthodes, […] concernerait l’origine du mythe, retrouvé, dans un cas, comme un trésor individuel, et reçu, dans l’autre, de la tradition collective. […] Ce qu’il convient de se demander, c’est si […] le pouvoir traumatisant de ces situations ne provient pas du fait qu’au moment où elles se présentent, le sujet les expérimente immédiatement sous forme de mythe vécu. » On peut faire intervenir ici le livre de Mircea Eliade, Aspects du mythe, paru en 1963, et Le Sacré et le Profane, en 1965.
5 L’édition illustrée de Mythologies par Jacqueline Guittard a rendu manifeste l’ancrage médiatique de ces mythes modernes, Seuil, 2010. L’exposition « mythologique » est The Family of Man, organisée par Edward Steichen en 1955 au MoMA de New York et qui fit une tournée en Europe, archétypale dans la formation d’un mythe de société unie, mythe qui s’appuie de façon ostentatoire sur une parentèle construite en images.
6 « On vend le mythe. Il y en a un certain nombre. […] D’abord, l’amour, faire rêver la secrétaire et la bourgeoise con […] », Luc Boltanski, « La Rhétorique de la figure », in Pierre Bourdieu (dir.), Un art moyen. Essais sur les usages sociaux de la photographie, « Le Sens commun », Les Éditions de Minuit, 1965, p. 193.
7 Walter Morgenthaler, Ein Geisteskranker als Künstler, Berne-Leipzig, Bircher, 1921, et Hans Prinzhorn, Bildnerei der Geisteskranken (Expressions de la folie), Berlin, Springer Verlag, 1922.
8 Dans une dédicace d’Arcane 17, Breton avait signé : « Et vive alors le mythe nouveau ! », cité par Michel Beaujour, « André Breton mythographe : Arcane 17 », Études françaises, n° 2, vol. 3, 1967, p. 216.
9 Si Jean-François Lyotard prend acte en 1979 dans La Condition postmoderne de la « fin des grands récits », il s’agit d’un processus qui s’ancre vraisemblablement dans l’après-guerre pour atteindre son apogée dans les années 1970, et l’émergence des mythologies individuelles dans ce mouvement de pulvérisation des grands récits n’est pas étrangère à l’identification de ce phénomène global de détérioration mythologique.
10 André Breton, Benjamin Péret, Victor Brauner, Henry Miller et al., Exposition internationale du surréalisme. Le Surréalisme en 1947, Pierre à feu – Maeght, 1947.
11 Jacques Lacan, « Intervention après un exposé de Claude Lévi-Strauss à la Société française de philosophie, “Sur les rapports entre la mythologie et le rituel…” », in Le mythe individuel du névrosé [1952], Champ freudien, Seuil, 2007, p. 101.
12 Ce « mythe familial » n’a pas été vécu par le sujet, il lui est transmis comme un récit qui peut devenir un élément névrotique. Dans le cas de « L’homme aux rats », Lacan identifie des éléments de ce mythe (des « mythèmes », selon l’expression de Claude Lévi Strauss, ibid., p. 103) pour justifier les raisons qui ont poussé le père à épouser la mère, ibid., p. 22.
13 Philippe Lejeune, Le Pacte autobiographique, Poétique, Seuil, 1975.
14 Voir le catalogue original : Marlis Grüterich et Harald Szeemann, documenta 5. Befragung der Realität, Bildwelten heute, cat. exp. du 30 juin au 8 octobre 1972, Neue Galerie, Schöne Aussicht, Museum Fridericanum, Friedrichplatz, Cassel, 1972.
15 Jean-François Chevrier, Photo-Kunst. Arbeiten aus 150 Jahren. Du XXe au XXIe siècle, aller et retour, cat. exp. Graphische Sammlung, 11 novembre 1989-14 janvier 1990, Staatsgalerie, Stuttgart, 1990, p. 71.
16 Voir Joseph Mouton, « Remarques autour de la narration beuyssienne », in Jérôme Game, Le récit aujourd’hui, arts, littérature, Saint-Denis, Esthétiques hors cadre, Presses Universitaires de Vincennes, 2012, et Jean-Philippe Domecq, « Les mythes solitaires », Communiquer / transmettre, Cahiers de médiologie, n° 11, vol. 1, 2011, p. 319-323.
17 Voir Jean-Marc Poinsot, Une scène parisienne, 1968-1972. Christian Boltanski, Bernard Borgeaud, André Cadere, Paul-Armand Gette, Jean Le Gac, Annette Messager, Gina Pane, Sarkis, Archives de la critique d’art, Centre d’histoire de l’art contemporain, Rennes, 1991.
18 L’exposition Live in Your Head. When Attitudes Become Forms a fait l’objet d’une reconstitution du 1er juin au 3 novembre 2013 à la Fondation Prada, Ca’Regina, Venise, sous le commissariat de Germano Celant, spécialiste de l’Arte Povera. En 1963, du 24 août au 15 septembre, il propose une exposition Bildnerei der Geisteskranken – Art brut – Insania Prigens, à la Kunsthalle de Berne. Szeemann reprend directement le titre de l’ouvrage de Prinzhorn pour cette exposition, puis pour une section de la documenta 5.
19 Voir la réédition partielle du catalogue de la documenta : Tobia Bezzola et Roman Kurzmeyer (dir.), « documenta 5. Befragung der Realität. Bildwelten heute », in Harald Szeemann With By Through Because Towards Despite, Voldemeer, Zürich, 2007, p. 312-367.
20 Harald Szeemann, Grossvater - ein Pionier wie Wir, 16 février-25 avril 1974, Galerie Toni Gerber, Berne.
21 Harald Szeemann, « Agence pour le travail intellectuel à la demande au service de la vision d’un Musée des obsessions », Écrire les expositions, trad. fr. Mariette Althaus, La Lettre volée, Bruxelles, 1996, p. 48.
22 « Avec une approche encyclopédique, il décide de présenter des objets qui n’appartiennent pas à la sphère artistique et crée un mélange d’objets communs et d’objets fétiches qui appartiennent à la tradition populaire, politique, kitsch, à l’art religieux ou encore à l’Art brut. Ainsi d5 peut être perçue comme un immense “cabinet de curiosités” », Lucia Pesapane, « documenta 5 : Enquête sur la réalité – Imageries d’aujourd’hui, 1972 », Florence Derieux (dir.), Harald Szeemann, Méthodologie individuelle, Le Magasin, Grenoble et JRP/Ringier, Zürich, 2007, p. 95.
23 Entretien privé avec l’auteur, École des Beaux-Arts de Paris, Paris, 24 janvier 2008.
24 Gabriele Mackert : […] Die « Individuellen Mythologien », die grosse Erfindung, das Schlagwort, das als sprachliche Setzung bis heute überdauert, bleibt ohne Theorie, ohne jeglichen Kommentar. […]
Harald Szeemann : « Das war es doch gerade: Es unkommentiert reinzuwerfen. Ich war vor allem an der Ausstellung interessiert und nicht daran, Vorworte oder Texte zu schreiben. Ich habe nachher Interviews gegeben und auf diese Subjektivierung hingewiesen », in Gabriele Mackert, Skandal and Mythos. Eine Befragung Harald Szeemans documenta 5 (1972), Vienne, Kunsthalle Wien Project Space, 2002, p. 19-20 (notre traduction).
25 Voir l’article à charge de l’artiste qui refusa de participer à la documenta, Robert Morris, « Regarding documenta V », Flash Art, mai-juin 1972. Robert Smithson, Carl Andre, Sol LeWitt, Donald Judd et d’autres s’insurgeaient notamment de voir leurs œuvres classées dans certaines catégories sans leur consentement.
26 Cet article a été traduit et est publié sous le titre « Mythologies individuelles » dans le recueil quasiment introuvable, Harald Szeemann, Écrire les expositions, op. cit., p. 29-33.
27 Ibid., p. 30.
28 Voir Nadine Müller, « Adolf Wölfli’s imaginäre Biographie – eine ‘Individuelle Mythologie’ », Mythos, n° 1. Mythen in der Kunst, Würzburg, Wissenschaft und Kultur, Königshausen und Neumann, p. 77-84.
29 Fabien Faure, Étienne-Martin, Mario Merz : des Demeures et des Igloos, primitivisme et dimension anthropologique de la sculpture contemporaine, L’Harmattan, 2000, p. 112, et Harald Szeemann, « Mythologies individuelles », art. cit., p. 30.
30 Catherine Millet, L’Art contemporain en France, Flammarion, 1994, p. 202.
31 Plus que le catalogue d’exposition édité à l’occasion de cette première exposition, voir surtout Gérald Gassiot-Talabot, La Figuration narrative dans l’art contemporain, cat. exp. du 1er au 29 octobre 1965, Galerie Creuze, Paris, tiré à part de la revue Quadrum [n° 18, 1965], Bruxelles, n. p., 1965, et ensuite le second volet, en 1977, Mythologies quotidiennes 2, cat. exp. du 28 avril au 5 juin 1977, ARC 2, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, commissariat de Gérald Gassiot-Talabot, Jean-Louis Pradel, Bernard Rancillac et Hervé Télémaque, Paris, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 1977, n. p.
32 Ibid., p. 197.
33 Documenta 5, Kassel, 1972, [1972] réal. Jef Cornelis, DVD, 53’, Paris Art View-Presses du réel, 2012.
34 Harald Szeemann, « Cela reste très mystérieux pour moi », Étienne-Martin, Les Demeures, cat. exp. du 19 avril au 11 juin 1984, Paris, Centre Georges-Pompidou, p. 12. Il s’agit d’un texte différent de celui que l’on peut trouver dans l’autre ouvrage sur Étienne-Martin publié en 1991 chez Adam Biro, « L’extérieur décide de la mesure, l’intérieur détermine la forme », dans lequel Szeemann revient sur la différence avec la documenta 5 en incluant des extraits de son texte paru dans Kunstnachrichten en 1972.
35 Harald Szeemann, « Mythologies individuelles », art. cit., p. 30-31.
36 Ibid., p. 31.
37 Idem.
38 Peu connu en France, Joseph Campbell aux États-Unis occupait la chaire de mythologie comparée à l’Université Sarah Lawrence. Il fut surtout le théoricien de l’usage de la mythologie dans le développement personnel et l’auteur du célèbre Puissance du mythe (Power of Myth, 1991) ou encore Des mythes pour se construire (Myths to live by, 1972), un recueil de conférences données de 1958 à 1971.
39 Harald Szeemann, « Mythologies individuelles », art. cit., p. 32.
40 Harald Szeemann, « Agence pour le travail intellectuel… », art. cit, p. 49.
41 Harald Szeemann, « La réflexion sur “Documenta” et surtout sur les “Mythologies individuelles” conduisit à l’idée d’un “Musée des obsessions” », ibid., p. 51.
42 Ingeborg Lüscher, Dokumentation über A.S. Der grösste Vogel kann nicht fliegen, Dumont Schauberg, Cologne, 1972.
43 Harald Szeemann, « Mythologies individuelles », art. cit., p. 32.
44 Catherine Millet, L’Art contemporain. Histoire et géographie, Champs Flammarion, 2006, p. 90.
45 Lucia Pesapane, « Introduction », op. cit., p. 95. Nombre d’artistes de la documenta 5 ont été présentés à nouveau lors de l’exposition Hors limites, l’art et la vie 1952-1994, cat. exp., Centre Georges-Pompidou, 1994, qui avait aussi pour vocation de placer la France au cœur de cette tendance esthétique et culturelle.
46 Cité par Lucienne Peiry, L’Art brut, Tout l’art, Flammarion, 1997, p. 239.
47 « Moi chaque jour, je fais des boules de terre, des milliers de boules de terre, et jamais je n’arriverai à modeler des boules parfaitement rondes. » Christian Boltanski et Catherine Grenier, La Vie possible de Christian Boltanski, Fiction et Cie, Seuil, 2010, p. 49.
48 Ibid.
49 Robert Calle, Archives Christian Boltanski 1, éd. 591, 2009, p. 13.
50 Christian Boltanski et Catherine Grenier, La Vie possible de Christian Boltanski, op. cit., p. 56.
51 Ibid., p. 49.
52 Catherine Grenier, Annette Messager, Flammarion, 2000, p. 42.
53 Ibid., p. 45.
54 Lucienne Peiry, L’Art brut, op. cit., p. 241-242.
55 Reproduit dans Annette Messager, Mot pour mot, Presses du réel – Violette éditions, 2006, p. 42-43.
56 Christian Boltanski et Catherine Grenier, La Vie possible de Christian Boltanski, op. cit. : « Il a été un des seuls à comprendre qu’il y avait une sorte de groupe français », p. 72. Voir également Günter Metken, Spurensicherung. Kunst als Anthropologie und Selbstforschung. Fiktive Wissenschaften in der heutigen Kunst (Conservation des traces. L’art comme anthropologie et recherche de soi. Savoirs fictifs dans l’art actuel), Cologne, Dumont Aktuell, 1977, et surtout son article « Das fruchtbare Missverständnis. Lévi-Strauss und die individuelle Mythologien (Le malentendu fructueux. Lévi-Strauss et les mythologies individuelles) », in Erika Billeter, Mythos und Ritual in der Kunst der siebzieger Jahre, cat. exp. du 7 novembre 1981 au 3 janvier 1982, Kunstverein de Hambourg, Zürich, Kunsthaus, 1981.
57 Documenta 5, Cassel, 1972 [1972], réal. Jef Cornelis, op. cit.
58 Voir à ce sujet Marc Lenot, « L’invention de Miroslav Tichý », Politique des images / illustrations photographiques, Études photographiques, n° 23, mai 2009, p. 216-238.