1 Voir le premier chapitre de cet ouvrage pour plus de précisions sur les enjeux de cette controverse.
2 Voir Sawicki F., « Les questions de protection sociale dans la campagne présidentielle française de 1988 », Revue française de science politique, 41 (2), 1991, p. 171-196 ou, pour un rappel récent : « Partis politiques et mouvements sociaux : des interdépendances aux interactions et retour... » in S. Luck, S. Dechezelles (dir.), Voix de la rue ou voie des urnes ? Mouvements sociaux et partis politiques, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 31-46. Cette perspective dérive des analyses que M. Dobry propose des crises politiques. Voir Dobry M., Sociologie des crises politiques. La dynamique des mobilisations multisectorielles, Paris, Presses de Sciences Po, 2009. Pour une analyse de ce que font les élections aux relations entre partis et réseaux d’expertise : Zittoun P., « Partis politiques et politique du logement. Échange de ressources entre dons et dettes politiques », Revue française de science politique, 51 (5), 2001, p. 683-706.
3 On renvoie ici à l'introduction de l'ouvrage, qui isole cependant les apports de l'ouvrage de Farrell D. M., Schmitt-beck R. (dir.), Non-Party Actors in Electoral Politics. The Role of Interest Groups and Independent Citizens in Contemporary Election Campaigns, Baden-Baden, Nomos, 2008.
4 Voir, pour une tentative d'éclaircissement de cette problématique mais qui ne se focalise pas sur la campagne, Desrumaux C. et Hû G., « Analyse configurationnelle des relations entre organisations partisanes et mobilisations : l'exemple du PS et de l'UMP » in S. Luck, S. Dechezelles (dir.), Voix de la rue..., op. cit., p. 47-64. Et, dans le même ouvrage, la contribution de synthèse de Sawicki F., « Partis politiques et mouvements sociaux... », art. cit.
5 Voir notamment BergÈs M., Le syndicalisme policier en France (1880-1940), L'Harmattan, coll. « Sécurité et société », 1995 ; ou, pour une histoire plus récente, BerliÈre J.-M. et LÉvy R., Histoire des polices en France. De l'Ancien régime à nos jours, Paris, Nouveau Monde, 2011.
6 Monjardet D., Ce que fait la police. Sociologie des usages de la force publique, Paris, La Découverte, 1996, en particulier p. 144-155 et p. 174-178 ; Verdier E., Le syndicalisme des policiers : Le cas du SGP, Thèse de doctorat en science politique, Université Paris X - Nanterre, 1998 ; Ocqueteau F., Mais qui donc dirige la police ? Sociologie des commissaires, Paris, Armand Colin, 2006 ; ainsi que la thèse en cours de Benjamin Pabion sur les rapports entre policiers, syndicats et administration.
7 On signalera néanmoins l'ouvrage méritoire de Renaudie O., La police et les alternances politiques depuis 1981, Paris, éd. Panthéon-Assas, 1999 ou, pour des versions synthétiques, « Police nationale, syndicalisme et alternances politiques », Les Cahiers de la Sécurité intérieure, n° 37, 2000, p. 182-213 et « La police et les alternances politiques (1981-1998) », Revue française d’administration publique, 1999, p. 421-433. En dépit de l'objet retenu, l'analyse ne s'attarde cependant jamais sur les campagnes électorales. Pour une analyse centrée sur un autre corps de fonctionnaire, on lira avec profit Ferhat I., « Le syndical et le politique. Le cas du parti socialiste et de la FEN, des années 1970 au début des années 1990 », Histoire@Politique. Politique, culture, société, n° 13, janvier-avril 2011, p. 125-145.
8 Pour un panorama déjà ancien, Loubet Del Bayle J.-L., « L’état du syndicalisme policier », Revue française d’administration publique, n° 91, 1999, p. 435-445. Les résultats des dernières élections professionnelles dans la police attestent un taux de participation supérieur à 80 % pour les trois corps. Cf. http://www.interieur.gouv.fr/Archives/Archives-des-actualites/2010/Election-Police-Nationale-2010, consulté le 26 juin 2013.
9 CosR., « Le Parti socialiste et la régulation politique des désordres. L'émergence d'un nouvel entrepreneur de sécurité » in M. Boucher, V. Malochet (dir.), Regards croisés sur la régulation sociale des désordres, Paris, L'Harmattan, coll. « Recherche et transformation sociale », 2012, p. 75-90.
10 Créée en 2010, la rédaction « Sécurité globale » (anciennement AISG) diffuse des informations spécialisées « destinée aux professionnels, aux décideurs et aux médias ». Elle propose chaque jour une revue de la presse nationale, constitue des dossiers et réalise des interviews autour des questions de sécurité publique et privée. Elle constitue en ce sens une fenêtre d'accès particulièrement bien documentée sur les différentes controverses ayant cours dans le domaine de la sécurité.
11 Pour ne citer que deux d'entre elles, on peut rappeler que Gérard Monate, dirigeant de la Fédération Autonome des Syndicats de Police (FASP) entre 1969 et 1975, était connu pour ses engagements socialistes avant de rejoindre le cabinet de Gaston Deferre au ministère de l'Intérieur après 1981. Le mandat de son successeur à la tête de la FASP, Bernard Deleplace, lui aussi membre du PS, est couramment associé à l'intimité que ce dernier était parvenu à entretenir avec François Mitterrand et à la « cogestion » de la police par le gouvernement et les syndicats.
12 Cos R., « Le Parti socialiste et la régulation politique... », art. cit.
13 Renaudie O., La police et les alternances..., op. cit. pour plus de détails sur ces reconfigurations.
14 Roché S., Police de proximité. Nos politiques de sécurité, Paris, Seuil, 2005.
15 Entretien avec J.-J. Urvoas, député socialiste, secrétaire national à la sécurité entre mai 2009 et octobre 2012, Paris, Assemblée nationale, 15 décembre 2011.
16 Il a par exemple attendu les derniers jours de la campagne pour signifier sur son blog sa préférence à F. Hollande, alors nettement favori des sondages d'opinion.
17 Urvoas J.-J., 11 propositions chocs pour rétablir la sécurité, Paris, Fayard/Fondation Jean-Jaurès, 2011. La proposition de supprimer la Préfecture de Police de Paris avait cristallisé les réactions à la publication de l'ouvrage.
18 Il a en particulier exprimé à de nombreuses reprises son soutien au développement de la vidéosurveillance.
19 Il faudrait prêter une attention plus fine à la manière dont les élus investis d'un mandat spécialisé se constituent des répertoires et des réseaux sectoriels, et sur les manières dont ils tendent à privatiser/mutualiser ce capital social. Dans le cas de F. Rebsamen et de J.-J. Urvoas, et comme on le verra plus en détail par la suite, on peut faire l'hypothèse de réseaux policiers distincts et concurrents.
20 « François Rebsamen présente à AEF Sécurité globale son équipe et ses premières pistes de travail sur la sécurité », dépêche AEF n° 4915, 13 décembre 2011.
21 Nous n'avons pu obtenir de la part du responsable de ce groupe de travail une liste exhaustive des différents membres de celui-ci : il nous a notamment été opposé les règles de confidentialité qui découlent de l’obligation de réserve à laquelle sont astreints policiers et haut-fonctionnaires. Les données sociographiques qui suivent ont donc été reconstituées à partir des informations délivrées en entretiens, notamment par le responsable de ce groupe, Patrice Bergougnoux.
22 Si nous manquons d'informations précises sur ce point, on peut faire l'hypothèse que l'appartenance aux différentes loges maçonniques contribue également à la porosité de la frontière entre les deux univers.
23 « Dans les épisodes précédents de retour de la gauche aux affaires, que ce soit en quatre-vingt-huit ou quatre-vingt-dix-sept […], c'était un vivier pour fournir des cadres dans les administrations dont ils étaient originaires ». Entretien avec P. Bergougnoux, responsable du pôle professionnel de l'équipe de campagne de F. Rebsamen durant la campagne présidentielle, mairie de Créteil, 28 mars 2013.
24 Idem.
25 « Cannabis : du délit à la contravention », lefigaro.fr, 19 avril 2012.
26 « Cannabis : Hollande rejette la proposition de Rebsamen », tempsreel.nouvelobs.com, 10 avril 2012.
27 « Présidentielle 2012 : François Rebsamen présente à AISG son équipe et ses premières pistes de travail sur la sécurité », dépêche AEF, 13 décembre 2011.
28 Le changement c'est maintenant. Mes 60 engagements pour la France, programme présidentiel du Parti socialiste, janvier 2012.
29 À plusieurs égards, il semble que la trajectoire générale des offres programmatiques des principaux partis durant la campagne puisse se lire, sous le double effet de l'approfondissement de la crise financière et de la course au « réalisme programmatique », dans le sens du resserrement de leur coût supposé.
30 « Le Pacte pour les Jeunes », publié en mai 2011, jeunes-socialistes.fr, consulté le 23 juin 2013.
31 « Alliance inquiet et indigné », communiqué de presse, 26 janvier 2012.
32 « On peut parler de fiasco à Toulouse », interview de F. Rebsamen à Mediapart, 27 mars 2012.
33 Nous ne disposons que de peu d'informations sur le rapport personnel du candidat à cet ensemble de controverses, et ce dans la mesure où beaucoup de décisions se prennent dans des scènes inaccessibles à l'observateur ou même à des acteurs stratégiques de notre terrain. Ce manque pose de façon plus fondamentale la question des conditions de possibilité d'une « science de l'influence » qui se donnerait les moyens de résoudre empiriquement les questions qu'elle se donne pour objet sans tomber dans le mentalisme ou risquer l'interprétation fragile.
34 Hypothèse qui, d'un certain point de vue, transpose à la relation groupes d'intérêt/partis le modèle de « l'influence » indirecte de Katz E., Lazarsfeld P. L., Influence personnelle, Paris, Armand Colin, 2008. Sur cette transposition, voir : Courty G., Gervais J., « When Money Can’t Buy Influence: Lobbies Without Funding on the French Campaign Trail », working paper, PSA, Cardiff, 25 mars 2013 [en ligne].
35 À l'exception semble-t-il du SNOP, dont le secrétaire général nous a affirmé avoir rencontré F. Rebsamen environ une demi-douzaine de fois.
36 Chez les gardiens de la paix, le syndicat Alliance a produit un communiqué en réaction à la sortie du programme socialiste le 26 janvier ainsi qu'un questionnaire à l'attention des deux principaux candidats le 6 avril. Unité SGP police-FO adresse un courrier aux deux principaux candidats le 14 mars. UNSA Police attend lui le 23 avril pour faire de même. Chez les officiers, le syndicat Synergie adresse un courrier le 24 avril ; le 1er mars, le SNOP cosigne un manifeste avec une série d'organisations dépendantes du ministère de la Justice. En revanche, aucun des deux syndicats de commissaires ne semble avoir pris publiquement position. Les communiqués ont au mieux une fonction d'affichage interne, dans le cadre de la compétition que se livrent les différents syndicats. Cette interprétation semble validée par le fait qu'on ne trouve nulle trace, dans la presse des différents syndicats, de prises de positions sur les enjeux de la campagne. Plusieurs de nos interlocuteurs ont également marqué leur étonnement vis-à-vis de l'absence de contacts à l'initiative de la droite ; ni de la part d'Éric Ciotti, spécialiste des questions de sécurité à l'UMP, ni même de la part de Bruno Beschizza, pourtant ancien secrétaire général du syndicat Synergie.
37 Entretien avec Nicolas Comte, alors secrétaire général adjoint du syndicat de gardiens Unité SGP Police-FO. Paris, siège du syndicat, 11 juin 2013.
38 Cette information a été confirmée depuis la réalisation des entretiens par le journaliste du Monde spécialiste des questions de sécurité, Laurent Borredon. « François Rebsamen, un fidèle entre les fidèles pour mener la bataille de l'emploi », lemonde.fr, 2 avril 2013.
39 Cette rivalité n'a pas manqué d'affleurer dans les médias, notamment à l'occasion de la rencontre entre F. Hollande et les syndicats policiers le 26 avril 2012. Voir « Au PS, la bataille de "Valls" contre "Rebs" pour l'intérieur », lemonde.fr, 27 avril 2012, et ci-après.
40 On ne peut certes pas exclure l'hypothèse selon laquelle l'évocation de ces contacts informels renvoie à une expression indirecte d'allégeance envers un ministre avec qui les relations sont relativement pacifiées au moment de l'entretien, en juin 2013. De façon circulaire, on peut également penser que ces relations pacifiées sont tributaires des contacts noués en amont.
41 Entretien avec Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergie Officiers, Paris, siège du syndicat, 12 juin 2013.
42 Y compris de la part de syndicats proches de l’ancienne majorité qui, comme Synergie officiers et Alliance police nationale, avaient pourtant signé en octobre 2008 « l’additif » au protocole de 2004 remettant en cause les créations de poste prévues par ce dernier.
43 En mars 2012, Mohamed Merah assassine sept personnes en huit jours. L'affaire entraîne une importante controverse médiatique et politique autour de l'efficience des services de renseignement français.
44 Sur les usages politiques des statistiques criminelles, Cos R., « Les élus socialistes face aux chiffres de la délinquance : dispositions, positions et prises de positions partisanes sur les statistiques policières », Mots. Les langages du politique, n° 100, 2012, p. 107‑122.
45 Ces deux chiffres sont connus et mobilisés par l’équipe socialiste, comme lors de la conférence de presse donnée à Dijon par F. Hollande le 6 février 2012, dans le cadre de la semaine qu’il consacre à ses propositions en matière de sécurité et de justice. Discours consulté sur francoishollande.fr en février 2012.
46 Divisions syndicales dont l’administration du ministère de l’Intérieur a également appris à jouer, ainsi qu’en atteste l’historique de la création de certains syndicats dits « maisons ».
47 Pour un exemple de ce que font les divisions syndicales internes aux relations avec le Parti socialiste, voir – sur un tout autre terrain – Ferhat I., « Le syndical et le politique... », art. cit.
48 Entretien avec le secrétaire général d'un syndicat de police, Paris, juin 2013.
49 Pour reprendre les termes d’Allern E. H. et Saglie J., « Between Electioneering and Politics as Usual: the Involvement of Interest Groups in Norwegian Electoral Politics » in D. M. Farrell, R. Schmitt-Beck (dir.), Non-Party Actors in Electoral Politics..., op. cit., p. 94.