1 Nous avons choisi ici de ne « genrer » que les termes au singulier.
2 Présentée le 30 octobre 1980 et prise pour une farce lors de son lancement, la candidature de Coluche est devenue crédible au mois de décembre avec la parution des premiers sondages estimant l’humoriste à plus de 10 % des intentions de vote. Invoquant des pressions et des menaces, Coluche se retire de la compétition le 16 mars 1981, deux mois avant le premier tour. Cette candidature a été retenue par Pierre Bourdieu (qui la soutenait) comme un exemple significatif de son analyse du champ politique monopolisé par des professionnels de la politique in « La représentation politique. Éléments pour une théorie du champ politique », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 36-37, 1981, p. 7.
3 Farrell D. M., Schmitt-Beck R. (dir.), Non-Party Actors in Electoral Politics. The Role of Interest Groups and Independent Citizens in Contemporary Election Campaigns, Baden-Baden, Nomos, 2008.
4 Bigelow N. S., Herrnson P. S., « Interest Groups Activity in US Elections » in D. M. Farrell, R. Schmitt-Beck (dir.), ibid., p. 46 ; Rozell M. J., Wilcox C., Interest Groups in American Campaigns, The New Face of Electioneering, Washington, CQ press, 1999.
5 Meynaud J., Les groupes de pression en France, Paris, Armand Colin, coll. « Cahiers de la FNSP », n° 95, 1958. Pour les références à ses autres travaux, Actes du colloque de science politique de Lausanne, Jean Meynaud ou l’utopie revisitée, Université de Lausanne, 1986.
6 Wilson F. L., Interest Group Politics in France, Cambridge, Cambridge University Press, 1987.
7 L’ouvrage de Grossman E., Saurugger S., Les groupes d’intérêt. Action collective et stratégie de représentation, Paris, Armand Colin, 2012 [1ère éd. 2006] est aussi silencieux sur ce point que leurs articles « Les groupes d’intérêt français : entre exception française, l’Europe et le monde », Revue internationale de politique comparée, 2004, 2 (4), p. 507-529 ou « Les groupes d’intérêt français. Transformation des rôles et des enjeux politiques », Revue française de science politique, 56 (2), 2006, p. 197-203.
8 Offerlé M., Sociologie des groupes d’intérêt, Paris, Montchrestien, coll. « Clefs », 1998 [1ère éd. 1994].
9 Courty G., Les groupes d’intérêt, Paris, La Découverte, coll. « Repères », 2006, p. 89.
10 Royer J.-M., « Quelques groupes de pression vus à travers leur presse » in Duverger M., GoguelF., Touchard J., Les élections du 2 janvier 1956, Paris, Armand Colin, coll. « Cahiers de FNSP », n° 82, 1957.
11 Kempf H., L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie, Paris, Seuil, coll. « L’histoire immédiate », 2011 et Pinçon M., Pinçon-Charlot M., Le président des riches. Enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy, Paris, La Découverte, coll. « Zones », 2010.
12 Michon S., Les équipes parlementaires des eurodéputés. Entreprises politiques et rites d’institution, Luxembourg, Promoculture-Larcier, coll. « Études parlementaires », 2014 ou, du même auteur : « Devenir professionnel de la politique. Militant et collaborateur politique », Agora débats/jeunesses, 52 (2), 2009, p. 121‑135.
13 L’économiste ajoutait une conception négative de l’action des groupes d’intérêt, la vie politique ayant selon lui « dans certains cas […] presque entièrement dégénéré en une lutte entre groupements d’intérêt », Schumpeter J., Capitalisme socialisme et démocratie, Paris, Payot, coll. « Payothèque », 1972, p. 355 et 393.
14 Perrineau P., Reynié D. (dir.), Dictionnaire du vote, Paris, Presses universitaires de France, 2001. Cette vision des mobilisations électorales dont les groupes sont exclus n’est pas strictement franco-française. Elle est au cœur des approches interactionnistes qui ne retiennent comme acteurs que les candidats, les médias et les électeurs (les sondages n’étant considérés que comme un produit des médias). Voir, par exemple : Box-Steffensmeier J. M., Darmofal D., Farrell C. A., « The Aggregate Dynamics of Campaigns », The Journal of Politics, 71 (1), 2009, p. 309-323.
15 Gougou F., Laplanche-Servigne S., Peugny C., Tiberj V., Les mots des présidentielles, Paris, Presses de Sciences Po, coll. « Nouveaux débats », 2007, p. 109.
16 Gaxie D., Lehingue P., Enjeux municipaux. La construction des enjeux politiques dans une élection municipale, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Cahiers du Curapp », 1984. Mais les auteurs n’intègrent pas non plus les groupes d’intérêt à leur analyse.
17 Andolfatto D., « Les élections consulaires. États des lieux », Politix, 6 (23), 1993, p. 25-43.
18 Berger S., Les paysans contre la politique, Paris, Seuil, coll. « L’univers historique », 1975.
19 Paxton R. O., Le Temps des chemises vertes. Révoltes paysannes et fascisme rural 1929-1939, Paris, Seuil, coll. « L’univers historique », 1996, p. 248.
20 Élection qui, comme nous l’avons vu dans l’introduction, clôt l’histoire d’une pièce particulière du répertoire d’action électorale des groupes d’intérêt.
21 Legois J.-P., Monchablon A., Morder R. (dir.), « Annexes : chronologie », Cent ans de mouvements étudiants, Paris, Syllepse, 2007.
22 Restier-Melleray C., Que sont devenues nos campagnes électorales ? L’éclairage de la succession de J. Chaban-Delmas en 1995, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, coll. « Le Territoire du politique », 2002, p. 182 et 183.
23 Ehrmann H. W., La politique du patronat français 1936-1955, Paris, Armand Colin, 1959 [1ère éd. 1957].
24 Sineau M., La force du nombre. Femmes et démocratie présidentielle, Paris, Éditions de l’Aube, 2008.
25 Ibid., p. 49.
26 Ibid., p. 51.
27 De façon comparable, sur un autre terrain, l’analyse du thème de « la banlieue » en période électorale montre à quel point le changement de focale est manifeste entre les élections présidentielles de 2007 et de 2012. Rivière J., Tissot S., « La construction médiatique des banlieues. Retour sur la campagne présidentielle de 2007 », Métropolitiques, 7 mars 2012. URL : http://www.metropolitiques.eu/La-construction-mediatique-des.html
28 Bereni L., « Lutter dans ou en dehors du parti ? L’évolution des stratégies des féministes du Parti socialiste (1971-1997) », Politix, 73 (1), 2006, p. 193.
29 Ibid., p. 207.
30 Morabito L., « Les partis politiques face aux associations : polarisation, confrontation, collaboration sur les enjeux de sexualité dans la campagne présidentielle de 2012 », Genre, sexualité & société , hors-série n° 2, avril 2013 [en ligne] et, dans le même numéro : Préaro M., « L’espace du militantisme LGBT à l’épreuve des présidentielles ».
31 Mathieu L., « Heurs et malheurs de la lutte contre la double peine : éléments pour une analyse des interactions entre mouvements sociaux et champ politique », Sociologie et sociétés, 41 (2), 2009, p. 63-87.
32 Ibid., p. 83.
33 Comtat E., Les pieds-noirs et la politique. Quarante ans après le retour, Paris, Presses de Sciences Po, 2009, p. 176.
34 Ibid., p. 283.
35 Abel F., Sauger N., « Groupes d’intérêt et financement de la vie politique en France. Une évaluation des effets de l’interdiction des dons des personnes morales », Revue française de science politique, 56 (2), 2006, p. 227. Les groupes d’intérêt y sont néanmoins insaisissables ou laissés en dehors de l’enquête quand elle porte sur les dons des personnes morales pendant les années 1993-95 (sur cette période et ces donateurs, voir : Phélippeau E., « Le financement de la vie politique française par les entreprises 1970-2012 », L’Année sociologique, 63 (1), 2013, p. 189-223).
36 La Logique de l’action collective, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Sociologies », 1978 [1ère éd. 1965]. L’ouvrage de M. Olson s’inscrit dans une critique de l’approche alors dominante des groupes d’intérêt incarnée par D. Truman et inaugure la controverse plus large autour de la pertinence de l’individualisme méthodologique. Sur le terrain des groupes d’intérêt, contrairement à ce qui se faisait alors, M. Olson se détourne de l’analyse de l’élection. Les tenants du public choice reprendront plus tard cette tradition en étudiant les campagnes grâce à la modélisation des actions des groupes d’intérêt.
37 La thèse de R. Putnam sur le déclin du capital social s’inscrit dans le contexte d’un débat entre spécialistes des groupes d’intérêt concernant la variété des adhérents. Ils découvrent alors que certains groupes dépourvus de membres – par exemple les organisations « parapluie » qui chapeautent d’autres structures, ou bien les entreprises qui ont des salariés – n’en sont pas pour autant exclus du jeu politique pour non-représentativité. Voir la première formulation de cette thèse dans : Putnam R. D., « Bowling Alone : America’s declining social capital », The Journal of Democracy, 6 (1), 1995, p. 65-78.
38 Herring E. P., Group Representation before Congress, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 1929, p. 41.
39 Odegard P. H., Pressure Politics: the Story of Anti-Saloon League, New York, Columbia University Press, 1928, p. 92-96.
40 Garceau O., The Political Life of the American Medical Association, Hamden, Archon books, 1961 [1ère éd. 1941].
41 Truman D. B., The Governmental Process. Political Interests and Public Opinion, New York, Alfred A. Knopf, 1971 [1ère éd. 1951], p. 289.
42 Le PAC (comité d’action politique) est une organisation privée visant à soutenir (ou à s’opposer à) un·e candidat·e ou un enjeu et à intervenir dans le processus législatif pour y défendre des intérêts. Le statut de « comité d’action politique » est accordé aux groupes qui contribuent financièrement à une élection fédérale (ou reçoivent des dons dans ce cadre), à hauteur de 1 000 dollars ou plus.
43 Le premier ouvrage de ce type est paru en 1962 : Alexander H., Financing the 1960 Election, Princeton, Citizen’s research Foundation, 1962.
44 Epstein E. M., « Corporations and Labor Unions in Electoral Politics », American Academy of Political and Social Science, 425, 1976, p. 35.
45 Ibid., p. 40.
46 Magleby D. B., Corrado A. (dir.), Financing the 2008 Election, Washington, Brookings Institution Press, 2011, p. 427.
47 FranciaP. L., « Organized Interests: Evolution and Influence » in J. E. Leighley (dir.),The Oxford Handbook of American Election and Political Behavior, 2010, Oxford, Oxford University Press, p. 5.
48 Leur contribution avait, entre-temps, atteint 35 % en 1990. Elle est plus importante pour les élections à la Chambre des représentants qu’au Sénat. Voir à ce sujet les différents bilans publiés par le Campaign Finance Institute.
49 Le système de représentation des intérêts de la session parlementaire qui a suivi a ainsi été modifié par rapport à celui de la législature précédente. Des groupes d’intérêt sont passés d’insiders (les soutiens de la majorité) à outsiders (les soutiens de l’opposition). Ce changement aurait été la grande conséquence de l’arrivée des Républicains à la tête de la Chambre des représentants en 1994 selon Biersack R., Herrnson P. S., Wilcox C. (dir.), After the Revolution. PACs, Lobbies, and the Republican Congress, Boston, Allyn and Bacon, 1999.
50 Même avec ce vide juridique, la France a connu des coalitions spécialement créées pour agir lors d’une élection présidentielle. Certaines sont devenues par la suite des actrices de la vie politique. Par exemple, sur le collectif Alerte et son rôle dans la politique sociale, voir : Viguier F., « Les paradoxes de l’institutionnalisation de la lutte contre la pauvreté en France », L’Année sociologique, 63 (1), 2013, p. 51-75.
51 Bien qu’ils y soient consacrés comme les « troisièmes partis » des élections, des auteurs soulignent : « There is relatively little demand for ‘big money’ third party ». Orr G., Gauja A., « Regulating ‘Third Parties’ as Electoral Actors: Comparative Insights and Questions for Democracy », Interest Groups & Advocacy, 4 (3), 2015, p. 266. L’expression « troisième parti » est une catégorie attrape-tout qui englobe les organisations dites non-partisanes qui prennent part à une campagne. L’expression a été inventée dans les systèmes politiques de tradition britannique et est utilisée pour réguler le financement et la communication électorale. La plus ancienne législation est canadienne (1974), la plus récente britannique (2014).
52 En s’intéressant aux PAC, les chercheurs ont observé une multiplication d’acteurs impliqués, sans qu’il soit toujours possible aux lecteurs de savoir de quelle catégorie ils relèvent. Par exemple, quand J. Herndon précise que des 500 donateurs qui avaient financé l’élection présidentielle de 1972, on passe à 1 500 en 1978, il est difficile de distinguer les donateurs individuels des membres d’une organisation finançant l’élection. Il est tout aussi difficile de rapprocher cette évolution de celle du nombre de groupes d’intérêt enregistrés pour les sessions parlementaires qui ont suivi. Pour mémoire, il y avait aux États-Unis environ 7 000 groupes d’intérêt enregistrés au début des années 1980. Herndon J. F., « Access, Record, and Competition as Influences on Interest Group Contributions to Congressional Campaigns », The Journal of Politics, 44 (4), 1982, p. 996.
53 Les raisons de cet amalgame se trouvent autant dans l’histoire de la théorie des groupes d’intérêt que dans l’histoire de la réglementation des finances électorales. Dans les années 1950, l’interest group theory s’insère en bonne place dans les recherches de la science politique états-unienne, notamment du fait de l’ouvrage classique de D. Truman. L’auteur y revient sur l’histoire des règles de financement et souligne que le montant global des dons, encore réservés aux individus, était inconnu. Truman D. B., The Governmental Process…, op. cit., p. 307. Les versements syndicaux aux candidats qui transitaient par des organisations membres (et non par la centrale syndicale elle-même) ont contribué à la confusion : Bigelow N. S., Herrnson P. S., « Interest Groups Activity… », art. cit., p. 46. De même, la consécration des PAC comme formes ad hoc de l’entrée en campagne des groupes d’intérêt dans les années 1940 brouillera les pistes plus avant. Gais T., Improper Influence. Campaign Finance Law, Political Interest Groups, and the Problem of Equality, Ann Arbor, The University of Michigan Press, 1996.
54 Heaney M. T., « Linking Political Parties and Interest groups » in L. S. Maisel, J. M. Berry, G. C. Edwards III (dir.), The Oxford Handbook of American Political Parties and Interest Groups, Oxford, Oxford University Press, 2010, p. 574.
55 Phélippeau E., L’invention de l’homme politique moderne, Paris, Belin, 2002.
56 Magleby D. B. (dir.), The Change Election. Money, Mobilization, and Persuasion in the 2008 Federal Elections, Philadelphia, Temple University Press, 2011, p. 8.
57 À commencer par la communication électorale, catégorie recouvrant les dépenses visant à financer des supports de communication dépourvus de « mot magique ». Selon la Cour Suprême, cela exclut les indications nominatives et les incitations explicites à voter pour « X » ou « Y », l’usage d’euphémismes comme « apportez votre soutien à… » étant également prohibé. La Cour suprême ayant considéré que ce volet de la loi portait atteinte à la liberté d’expression, le contrôle de cette catégorie de dépense a finalement été annulé.
58 Seules une étude de la variation des dépenses publicitaires et une comparaison des enjeux ainsi investis entre années électorales et années « ordinaires » permettraient de savoir si ces campagnes a priori non politiques constituent une forme de repolitisation des enjeux. À notre connaissance, cette recherche n’a pas encore été menée.
59 HoganR. E., « State Campaign Finance Laws and Interest Group Electioneering Activities », The Journal of Politics, 67 (3), 2005, p. 887.
60 Dans leur bilan quantitatif de la recherche consacrée aux groupes d’intérêt depuis 1995, Hojnacki et al. notent que seuls trois articles sur le financement par les groupes d’intérêt se focalisent sur ces données alors que les PAC étaient le sujet central dans les décennies précédentes. Voir sur ce point : Hojnacki M., Kimball D. C., Baumgartner F. R., Berry J. M., Leech B. L., « Studying Organizational Advocacy and Influence: Reexamining Interest Group Research », Annual Review of Political Science, 15 (9), 2012, p. 384.
61 Boatright R. G., Interest Groups and Campaign Finance Reform in the United States and Canada, Ann Arbor, The University of Michigan Press, 2011.
62 Magleby D. B., Monson J. Q., Patterson K. D. (dir.), Dancing without Partners. How Candidates, Parties, and Interest Groups Interact in the Presidential Campaign, Lanham, Rowman & Littlefield publishers, 2007, p. 4.
63 L’année 2010 a néanmoins relancé l’inventivité des groupes d’intérêt suite à une nouvelle intervention de la Cour suprême qui a permis le développement de « Super PAC » permettant aux entreprises, aux syndicats de travailleurs, aux associations et aux citoyens de participer financièrement aux élections, et ce, sans plafond, à condition, encore une fois, de ne pas financer directement un·e candidat·e ou un parti.
64 Rapportées aux élections françaises, ces formules renvoient à la participation des groupes d’intérêt à la publicisation des enjeux et des programmes (les « 527 » financent des publicités sur des politiques publiques et des enjeux) et un enrôlement des associations financées par les pouvoirs publics dans la valorisation des dispositifs de politiques publiques cogérés (les « 501 »).
65 Il s’agit, officiellement, de promouvoir des législations, de contribuer à l’éducation civique des citoyens et à la dynamique du marché publicitaire. Ces dons ont été multipliés par trois depuis 2004.
66 Magleby D. B. et al. (dir.), Dancing without Partners…, op. cit., p. 167.
67 LascoumesP., Une démocratie corruptible : arrangements, favoritisme et conflits d’intérêts, Paris, Seuil, coll. « La République des idées », 2011. Certaines pratiques, comme l’engagement de détectives privés pour monter des stratagèmes contre les sortants hostiles à la cause défendue, qui avaient cours avant la création de la Federal Election Commission en 1974, n’ont semble-t-il plus cours. Odegard P. H., Pressure Politics…, op. cit., p. 96.
68 Cette légitimation de l’usage de l’argent est présente dans nombre d’enquêtes. On en trouve l’expression dans les questionnaires utilisés pour étudier les groupes en campagne qui partent du principe que ce financement est la première ressource « utile » aux candidats et aux partis. Voir notamment la grande enquête classique de Schlozman K. L., TierneyJ. T., Organized interests and American Democracy, New York, Harper and Row, 1986.
69 Boatright R. G., Interest Groups and Campaign Finance Reform…, op. cit., p. 55. Les enquêtes indiquent que plus une élection est disputée plus les groupes participent à la mobilisation des électeurs. Magleby D. B., Baker A. N., « Interest Groups in the 2000 Congressional Elections » in D. B. Magleby (dir.), The Other Campaign. Soft Money and Issue Advocacy in the 2000 Congressional Elections, Latham, Rowman and Littlefield, 2003.
70 La recherche est néanmoins peu diserte sur ce que devient ce capital électoral objectivé une fois la campagne terminée. Est-il stocké pour resservir ou alimente-t-il d’autres campagnes et les stratégies autour du Congrès ? À trop coller aux élections et aux sommes collectées, la recherche en néglige souvent de suivre les acteurs et ce qu’ils font après la proclamation des résultats.
71 Magleby D. B. (dir.), Outside Money. Soft Money and Issue Advocacy in the 1998 Congressional Elections, Lanham, Rowman & Littlefield, 2000. Cette conception rejoint celle de l’outside lobbying développée par K. Kollman qui insiste sur la croissance des mobilisations des citoyens (l’envoi de courrier aux parlementaires par exemple) et l’importance des actions développées en dehors du champ politique par des acteurs qui n’y détiennent pas de position. Kollman K., Outside Lobbying. Public Opinion and Interest Group Strategies, Princeton, Princeton University Press, 1998.
72 Magleby D. B. (dir.), ibid.
73 Skinner R. M., More than Money. Interest Group Action in Congressional Elections, Lanham, Rowman & Littlefield, 2007.
74 Des pratiques comme le porte-à-porte sont connues depuis très longtemps dans la littérature sur les groupes d’intérêt. Dès 1951, D. Truman les cite comme caractéristiques du répertoire de mobilisation de l’AFL et du CIO. La nouveauté tient dans la normalisation du porte-à-porte qui est organisé par des organisations qui distribuent des guides de vote.
75 La littérature montre également que les groupes se sont appropriés une ancienne tradition électorale de l’AFL-CIO : à chaque campagne, cette fédération de syndicats détermine un pourcentage de ses membres à contacter pour le Parti démocrate, par courrier, email ou téléphone. Pour la présidentielle de 2004, l’AFL a envoyé 25 millions de flyers et passé autant de coups de téléphone. Dans un État, cette fédération de syndicats peut, à elle seule, contacter un électeur sur neuf. L’AFL-CIO est l’une des rares organisations à afficher un objectif politique : remettre les Démocrates à la tête du Congrès ou participer à leur maintien au pouvoir. Le président de l’AFL-CIO utilise d’ailleurs après coup cette victoire électorale comme un fait d’armes de son organisation. Clark P., Masters M. F., « Competing Interest Groups and Union Members’ Voting », Social Science Quarterly, 82 (1), 2001, p. 107.
76 Ces interventions sont soulignées dès les premiers travaux de P. H. Odegard sur les leagues. Le classique de D. Truman (The Governmental Process…, op. cit.) insiste sur le soutien apporté à un·e candidat·e pour qu’il ou elle passe les primaires, soit en lui apportant les ressources nécessaires (argent, idées...) soit en mobilisant des voix dans le parti.
77 Sur les processus plus récents de sélection des candidats, voir Norris P. (dir.) Passages to Power. Legislative Recruitment in Advanced Democracies, Cambridge, Cambridge University Press, 1997 ; Heaney M. T., « Linking Political Parties… », art. cit., p. 574 ; Heaney M. T., « Bridging the Gap between Parties and Interest Groups » in A. J. Cigler, B. A. Loomis (dir.), Interest Group Politics, New York, Sage, 2012 p. 200.
78 La NRA y ajoute le nombre d’électeurs qu’elle connaît dans une circonscription. Bigelow N. S., Herrnson P. S., « Interest Groups Activity… », art. cit., p. 51.
79 C’est notamment le cas de l’AFL-CIO et des teamsters, Cigler A., « Interest Group Money in the 2008 Federal Election » in A. Cigler, B. A. Loomis (dir.), Interest Group Politics, op. cit., p. 163.
80 Herrnson P. S., Deering C. J., Wilcox C. (dir.), Interest Groups Unleashed, London, Sage, 2013, p. XI.
81 Boatright R. G., Interest Groups and Campaign Finance Reform…, op. cit., p. 97.
82 Magleby D. B., Baker A. N., « Interest Groups in the 2000… », art. cit., p. 54.
83 Même si les deux principaux partis ont subi des répercussions budgétaires du fait de ce changement de réglementation. Jacobson G. C., The Politics of Congressional Elections, New York, Pearson Longman, 2009 [1ère éd. 1983], p. 77. Plus généralement, chaque réforme du financement des campagnes vient bouleverser l’organisation des partis politiques. La Raja R. J., Small Change. Money, Political Parties, and Campaign Finance Reform, Ann Arbor, The University of Michigan Press, 2008.
84 Par comparaison, la soft money représente autour de 500 millions pour chaque cycle électoral en 2000 et 2002. La hard money et les formules qui ont remplacé la soft money ont permis un chassé-croisé des dons, une part de ce qui était hors-la-loi s’intégrant dès lors dans les dépenses de campagne sous l’intitulé hard money. Magleby D. B. et al. (dir.), Dancing without Partners…, op. cit., p. 4.
85 Nombre d’auteurs la considéraient comme un mythe, un récit des lobbyistes sur leurs pratiques, qui ne devait surtout pas être pris au pied de la lettre. Pour un récapitulatif sur ce retour du passé, Leech B., « Lobbying and Influence » inThe Oxford Handbook of American Political Parties…, op. cit.
86 En partant du modèle des économistes de l’École de Virginie sur la « rent extraction », F. McChesney expérimente un cadre aussi iconoclaste que stimulant : selon lui, ce ne sont pas les groupes qui tentent d’acheter les décideurs politiques mais ces derniers qui satisfont leurs propres intérêts en leur extorquant ces sommes, en échange de la promesse de ne rien faire qui pourrait leur nuire. Une de ses conclusions est ainsi assez proche de la thèse du statu quo : les groupes se soumettent à cette injonction en échange de l’inaction des politiques. Le terrain étudié – les parlementaires membres des commissions sur les taxes et les moyens – apporte un certain crédit à ce retournement de la problématique. McChesney F. S., Money for Nothing: politicians, rent extraction, and political extortion, Cambridge, Harvard University Press, 1997.
87 Les travaux sur les groupes d’intérêt ont connu, dans les années 1990, une période où les concepts et les méthodes d’enquête n’ont plus fait consensus. Cette remise en cause, incarnée par les tenants du néo-pluralisme (A. McFarland notamment) ou par ceux de la sociologie des mouvements sociaux (comme D. Imig), touchait la question de l’influence ainsi que les protocoles de recherche censés la démontrer. Vingt ans après, le « retour de l’influence » repose sur ces mêmes protocoles et fait silence sur les critiques dont ils avaient alors fait l’objet.
88 La proposition la plus stimulante consistait à remplacer la recherche d’une relation causale entre l’action des groupes et les biens politiques produits par une analyse de la circulation de l’information produite par les groupes dans le champ politique. Le retour en grâce de l’influence n’a pas complètement fait disparaître ce prisme sur l’information que l’on retrouve dans les enquêtes qui isolent les stratégies médiatiques des groupes. Le plus souvent néanmoins, cette proposition a été remplacée par des tentatives d’objectiver l’incidence de l’agenda du lobbying sur les agendas médiatique et politique. Pour une présentation de cette tentative de reformulation de la problématique de l’influence via l’intégration du marché de l’information à l’analyse, voir : Courty G., Les groupes d’intérêt, op. cit., p. 76-82.
89 Farrell D. M., Schmitt-Beck R. (dir.), Non-Party Actors in Electoral Politics…, op. cit., p. 14.
90 Allern E. H., Saglie J., « Between Electioneering and Politics as Usual: the Involvement of Interest Groups in Norwegian Electoral Politics » in D. M. Farrell, R. Schmitt-Beck (dir.), ibid., p. 94.
91 Pour une analyse critique plus développée du modèle de l’influence, se reporter à Courty G., Gervais J., « When Money Can’t Buy Influence: lobbies without funding on the French campaign trail », working paper, PSA, Cardiff, 25 mars 2013 [en ligne].
92 Bourdieu P., Sur l’État. Cours au Collège de France (1989-1992), Paris, Seuil, 2012.
93 Schlozman K. L., Verba S., Brady H. E., The Unheavenly Chorus. Unequal Political Voice and the Broken Promise of American Democracy, Princeton, Princeton University Press, 2012, p. 306. Cette conclusion va à l’encontre du mythe de l’influence de certaines organisations sur leurs membres. Quand un groupe est réputé appeler « à favoriser les candidats » qui soutiennent la cause des pieds-noirs, comment démontrer que « nombre de rapatriés suivent les consignes de vote » ? Sur ce point, voir ComtatE., Les pieds-noirs et la politique…, op. cit., p. 283.
94 Rosenstone S. J., Hansen J. M., Mobilization, Participation and Democracy in America, New York, Macmillan Publishing Company, 1993, p. 193.
95 Radcliff B., « Organized Labor and Electoral Participation in American National Elections », Journal of Labor Research, 22 (2), 2001, p. 405.
96 Le quasi-monopole des partis sur l’élaboration des programmes intègre désormais des organisations, principalement les organisations religieuses : HeaneyM. T., « Bridging the Gap… », art. cit., p. 195.
97 Rozell M. J., Wilcox C., Interest Groups in American Campaigns…, op. cit., p. 2.
98 Ibid., p. 55.
99 Herrnson P. S., Shaiko R. G., Wilcox C. (dir.), The Interest Group Connection. Electioneering, Lobbying and Policymaking in Washington, Chatham, Chatham House Publishers, 1998, p. 45.
100 C’est la conclusion donnée pour les syndicats par Clark P., Masters M. F., « Competing Interest Groups… », art. cit., p. 113.
101 Godstein K. M., Interest Groups, op. cit.