1 Jean-Paul Resweber, La méthode interdisciplinaire, Paris, 1981, p. 29.
2 Sur la question, voir Gisèle Séginger, « Introduction », in MATSUZAWA Kazuhiro/SÉGINGER Gisèle (dirs.), La mise en texte des savoirs, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2010, p. 9-15. Ici p. 10.
3 Daniel Jacobi, Textes et images de la vulgarisation scientifique, Berne/Francfort/New York/Paris, éd. Peter Lang, 1987, p. 23.
4 Ibid., p. 26
5 Daniel Jacobi, Diffusion et vulgarisation. Itinéraires du texte scientifique, Annales littéraires de Franche-Comté n° 234, série « Linguistique et sémiotiques » n° 5, Les Belles-Lettres, 1986, p. 55.
6 Daniel Jacobi, Textes et images de la vulgarisation scientifique, op. cit., p. 27.
7 La théorie du chaos constitue un bon exemple de ce processus d’autonomisation : la référence courante à ce qui est devenu un véritable cliché se réduit le plus souvent à la sagesse populaire du dicton « petites causes, grands effets », soudain dignifié par la caution de la science. Or celle-ci a souvent du mal à se reconnaître dans ces versions triviales de concepts ou de théories qui, par la fascination des mots, sont devenues victimes de leur succès.
8 Ibid., p. 2.
9 Vincent de Coorebyter, « Sciences et rhétorique : dualisme ou dilemme ? », Introduction à Rhétoriques de la science, Vincent de Coorebyter (dir), Paris, PUF, 1994, p. 1.
10 Fernand Hallyn, Les structures rhétoriques de la science. De Kepler à Maxwell, Paris, Seuil, 2005.
11 Ibid., p. 12.
12 Steven Shapin, « Pump and Circumstances. Robert Boyle’s Literary Technology”, Social Studies of Science 14, 1984, p. 481-520.
13 Antoine-Augustin Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, Paris, Hachette, 1851, T. II, p. 14.
14 Claudine Cohen, « Rhétoriques du discours scientifique, dans La rhétorique : enjeux de ses résurgences, sous la direction de Jean Gayon, Jean-Claude Gens et Jacques Poirier, « Ébauches », Paris, Ousia, 1998, p. 133.
15 Ibid., p. 137. Voir aussi l’article d’Irène Langlet, « Littérature et sciences exactes », Pour une littérature savante : les médiations littéraires du savoir, Nella Arambasin (dir), Presses Universitaires de Franche-Comté, 2002, p. 71-85.
16 Sur la question, voir Rafael Mandressi, « Gestes et formes de l’écriture savante », in Lieux de savoir 2. Les mains de l’intellect, Paris, Albin Michel, 2011, p. 283-289. Ici p. 284-285.
17 Les interprétations fautives des concepts scientifiques peuvent même parfois avoir des effets féconds au plan cognitif, comme en témoigne l’« erreur sublime » qui est un cas-type de sérendipité. Sur le sujet, voir l’ouvrage dirigé par Danièle Bourcier et Pek van Andel, La sérendipité, le hasard heureux, Paris, Hermann, 2011. Voir également l’ouvrage de Sylvie Catellin, Sérendipité, du conte au concept. Paris, Seuil, coll. „Science ouverte“, 2013.
18 I. Stengers et F. Bailly (dirs), D'une science à l'autre. Des concepts nomades, Paris, Seuil, 1987.
19 J’emprunte l’expression à Gisèle Séginger dans son article « Bouvard et Pécuchet : le monde comme représentation ? », Epistemocritique. Revue d’études et de recherches sur la littérature et les savoirs, Vol. 10, Numéro spécial agrégation de littérature comparée : Fictions du savoir, savoirs de la fiction, Printemps 2012. URL : <http://www.epistemocritique.org/spip.php?rubrique61>
20 Gisèle Séginger, « Introduction », in Matsuzawa Kazuhiro / Séginger Gisèle (dirs.), La mise en texte des savoirs, op. cit., p. 13.
21 Selon l’expression de Paul Ricoeur dans Sur la traduction, Paris, Bayard, 2004.
22 Je m’inspire ici des conceptions de François Jullien pour qui tout véritable dialogue entre les cultures suppose, en même temps que l’instauration d’un plan commun du logos, le « dia » de l’écart qui permet de construire l’altérité et d’échapper à l’uniformisation, à la standardisation. Dans cette optique, la traduction est pensée comme cette « épreuve de dé-rangement », de décatégorisation et de recatégorisation qui permet de reconfigurer le langage et la pensée. Or cette pensée « du dehors » me paraît particulièrement féconde pour envisager les rapports entre sciences et littérature. Voir notamment François Jullien, Chemin faisant, connaître la Chine, relancer la philosophie, Paris, Seuil, 2007, p. 102.
23 Voir sur cette question Impostures scientifiques, Les malentendus de l’affaire Sokal, sous la dir. de B. Jurdant, Paris, La Découverte/Alliage, 1998.
24 Alain Vaillant (dir), Écrire/Savoir : littérature et connaissances à l’époque moderne, Paris, éd. Printer, 1996, p. 10.
25 Ici encore, j’adapte, pour la déplacer à la question des rapports entre science et littérature, la méthodologie développée par François Jullien pour aborder les écarts entre cultures hétérogènes. Je passe ainsi de l’« entre-cultures » à l’« entre-disciplines ». François Jullien, on le sait, a choisi d’aborder la philosophie grecque sous un angle inédit, grâce à un détour par la Chine. Il a ainsi voulu attirer l’attention sur la productivité de l’exotopie, notion empruntée à Bakhtine qui désigne un hors-lieu créateur à partir duquel le penseur peut reconfigurer sa propre culture. Ce mouvement vers le dehors procède d’une volonté de mettre à distance sa culture d’origine et ses impensés, de se libérer des catégories ethnocentriques de départ pour produire de nouvelles configurations, c’est-à-dire de nouvelles rencontres et de nouveaux usages de la langue. Une posture qui pourrait être adoptée par les littéraires lorsqu’ils abordent la culture scientifique et inversement. François Jullien a exposé sa méthode et son parcours intellectuel dans Penser d’un dehors (La Chine). Entretiens d’Extrême-Occident, en collaboration avec Thierry Marchaisse, Paris, Seuil, 2000. Voir aussi son ouvrage déjà cité, Chemin faisant, connaître la Chine, relancer la philosophie, op. cit.Voir enfin le collectif qui vient de lui être consacré sous la direction de Françoise Gaillard et Philippe Ratte, Des possibles de la pensée. L’itinéraire philosophique de François Jullien, Paris, Hermann, 2015.
26 Ce type de réaménagements discursifs implique parfois des présupposés idéologiques dont l’efficacité peut être douteuse dans le domaine politique aussi bien qu’épistémologique. C’est ce que soulignait Isabelle Stengers au micro d’une radio culturelle où elle évoquait son travail avec Ilya Prigogine sur la théorie des structures dissipatives, qui avait suscité un grand engouement dans les années soixante-dix mais aussi des généralisation hâtives, certains y voyant par exemple une justification de l’auto-gestion : « […] il y a continuellement face aux scientifiques une attente, un appel pour qu’ils rendent ces théories pertinentes pour des projets politiques, pour que – qu’ils le veuillent ou non – ils se comportent en prophètes ». Dès lors, la question qui se pose pour Stengers est de savoir « comment recréer une culture, un milieu social de discussion et de négociation assez dense et critique pour que les enjeux épistémologiques des différents discours soient resitués dans leur relativité culturelle et historique […] ». C’est seulement à ce prix, en effet, que le dialogue des disciplines pourra rester fructueux et conserver sa fécondité épistémique. Cf « Création et désordre », L’Originel/ Radio France, 1987.
27 Basarab Nicolescu, La transdisciplinarité. Manifeste, Paris, Éditions du Rocher, 1996, p. 7.
28 Voir l’article d’Olivier Mongin, « Création et culture à l’âge postcolonial. Éloge du décentrement », Revue Esprit mars-avril 2002 : Quelle culture défendre ?, p. 316-332. Ici p. 320.
29 Voir sur la question l’article de Christian Jacob, « Circuits et dynamiques de la mobilité », in Lieux de savoir 1. Espaces et communautés, op. cit., p. 779-785.
30 Lewis Pyenson, « Macondo cientifico. Instituciones cientificas en America latina a principios del siglo XX », in 1907-1987. La junta para Ampliacion de Estudios e Investigacines Cientificas 80 anos después. Simposio internacional. Madrid 15-17 de diciembre de 1987, éd. José Manuel Sanchez Ron, vol 1, Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Cientificas, 1988, p. 229-249. Cette critique a aussi été faite par J. Hodara, Antonio Lafuente, José Sala Catal. Sur la question, voir la thèse de Miguel Tapia, Sujet scientifique et connaissance objective dans la littérature hispano-américaine (1940-1965), Université Paris 3 Sorbonne, 2011, p. 377.
31 Voir sur la question l’article d’Olivier Mongin, « Les scénarios contrastés de la mondialisation culturelle », Revue Esprit mars-avril 2002 : Quelle culture défendre ?, p. 279-280.
32 Ibid., p. 280.
33 Cette stratégie est illustrée de manière exemplaire par François Jullien qui a mis au cœur de sa méthode les notions de dehors, d’écart, de détour, d’entre… Refusant aussi bien de penser la Grèce en Chinois que la Chine en Grec, il emprunte à chacune des deux cultures pour se sortir de l’autre et mettre en cause son évidence liminaire non dite. Voir ses ouvrages déjà cités. Autrement dit, il veut faire levier de l’une pour lever l’autre, afin d’installer la réflexion dans l’entre ainsi découvert. C’est un modèle qui pourrait être suivi par l’épistémocritique, pour peu qu’elle substitue aux « cultures » les disciplines ou les discours qu’elle entend appréhender.
34 « Création et culture à l’âge postcolonial. Eloge du décentrement », art. cit., p. 332. Les italiques sont de l’auteur.
35 Ibid., p. 331. Les italiques sont de l’auteur.
36 Fernand Hallyn, « Littérature et histoire des idées », in Introduction aux études littéraires, Paris, Duculot, 1987, p. 251.