1 J’emprunte l’expression à
Stéphane van Damme, Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2004/5 – n° 51-4bis,
p. 48-58. Ici p. 56. Sur les objets-frontières, voir également Susan
Leigh Star et James Griesemer, « Institutional Ecology. Translation and
Boundary Objects : Amateurs and Professionals in Berkeley’s Museum of
Vertebrate Zoology, 1907-1939 », Social Studies of
Science, 1989, vol. 19, p. 387-420. Voir enfin Joan Fujimura,
« Crafting Science : Standardized Packages, Boundary Objects and
Translation », in Andrew Pickering (ed.), Science as
Pratice and Culture, Chicago, University of Chicago Press,
p. 168-211.
2 Comme
le note Stéphane van Damme : « Paradoxalement, c’est la faible
homogénéité de ces « théories frontières », leur dispersion et leur
flou, qui apparaît comme un facteur de robustesse et leur permet de
maintenir une convergence des points de vue et des connaissances sans
que les acteurs aient à renoncer à leurs propres savoirs ». Ibid.
3 Ibid.,
p 57.
4 De ce changement de paradigme
témoignent de nombreuses publications, comme par exemple le collectif
dirigé par Anna Boschetti, L'espace culturel
transnational, Paris, Nouveau Monde Éditions, coll.
« Culture/Médias », 2010. Voir aussi l’ouvrage dirigé par Gisèle Sapiro
en 2009, L’espace intellectuel en Europe. De la
formation des États-nations à la mondialisation XIXe-XXIe siècle, Gisèle
Sapiro (dir), Paris, La Découverte, 2009 ; voir enfin Antonio Dominguez
Leiva, Sébastien Hubier, Philippe Chardin et Didier Souiller (dirs), Études culturelles, anthropologie culturelle et comparatisme, XXXe Congrès de la SFLGC, Dijon, 3, 4 et 5 septembre 2008,
organisé par D. Souiller, S. Hubier, et A. Domínguez Leiva. Actes du
colloque de la SFLGC, Dijon, Éditions du Murmure, 2010.
5 Sur ces distinctions, voir l’étude de Walter Moser, « Recyclages
culturels. Élaboration d’une problématique », in Claude Duchet et
Stéphane Vachon (dirs), La recherche littéraire.
Objets et méthodes, XYZ éditeur, Montréal, 1998, p. 526.
6 Sur la place de la traduction dans ces
renégociations entre le politique et le culturel, voir l’article de
Claire Joubert, « Traduction, littérature, culture : déclinaisons du
langage dans les disciplines de la mondialisation », in Traduire-écrire. Cultures, poétiques,
anthropologie, Lyon, ENS Éditions, 2014,
p. 85-110.
7 Michel Foucault, L’archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969, p. 250-255.
8 Edgar Morin, « Sur l’interdisciplinarité », Bulletin Interactif du Centre International de Recherches et
Études transdisciplinaires n° 2, 1994. Consulté en ligne le
30 mai 2015. URL : <http://ciret-transdisciplinarity.org/bulletin/b2c2.php>
9 Marine Dhermy-Mairal et Yann Renisio,
texte de présentation de l’axe de recherches « Circulations
transnationales des sciences sociales » pour la journée d’étude
« Circulations transnationales et échelles d’analyse : une approche
pluridisciplinaire », organisée le 23 mai 2014 à l’ENS Ulm avec le
soutien du Labex TransferS. Consulté sur Internet le 15 janvier
2015 : <http://calenda.org/268715>
10 Voir sur ces questions le texte de présentation
de Jean-Claude Laborie et Michel Riaudel pour le colloque « Le
transfert culturel, un carrefour de perspectives critiques –
conceptualisations, usages et limites de la notion », qui s’est
déroulé à Paris Ouest-Nanterre le 27 janvier 2012. Texte disponible
sur le site de Fabula : <http://www.fabula.org/actualites/le-transfert-culturel-un-carrefour-de-perspectives-critiques-conceptualisations-usages-et-limites-_48948.php>
(Consulté sur internet le 10 janvier 2015).
11 Ibid.
12 C’est celle qui est pratiquée en France par
Michel Espagne ou en Allemagne par Michael Werner ou Hans-Jürgen
Lüsebrink.
13 Michaël Werner, « La notion
de transferts culturels », in Dictionnaire des
sciences humaines, sous la dir. de Sylvie Mesure et Patrick
Savidan, Paris, PUF, 2006.
14 Voir le texte déjà cité de Jean-Claude Laborie et
Michel Riaudel.
15 Texte de
présentation de l’UMR 8547 de l’ENS sur l’axe de recherches
« Transferts des savoirs ». Disponible sur internet : <http://www.umr8547.ens.fr/spip.php?rubrique7>
(dernière consultation le 15 janvier 2015). Comme l’ajoutent les
auteurs : « Le chercheur peut chaque fois être soupçonné de projeter
le système de catégories dans lequel il a été socialisé
scientifiquement de telle façon que la pertinence de ses résultats
apparaisse suspecte. On ne pourrait au fond analyser que sa propre
hybridité, c’est-à-dire les processus de transfert d’où résulte
l’identité culturelle provisoire de chacun, car alors le retour sur
les présupposés de l’observateur est donné dans le processus de
recherche lui-même ».
16 Voir le texte
déjà cité de Jean-Claude Laborie et Michel Riaudel.
17 Ibid.
18 Voir sur la question l’article de Christian
Jacob, « Circuits et dynamiques de la mobilité », in Lieux de savoir 1. Espaces
et communautés, Christian Jacob (dir.),
Paris, Albin Michel, 2007, p. 779-785.
19 Afrânio Garcia Jr., « Introduction. Études
internationales et renouveau des modes de pensée et des institutions
politiques. Le cas du Brésil », in Cahiers de la recherche sur l’éducation et les savoirs, p. 7-31.
Numéro spécial sur la « Mobilité universitaire et circulation
internationale des idées : le Brésil et la mondialisation des
savoirs », Hors-série n° 2 / 2009, mis en ligne le 22 mars 2012,
consulté le 10 juin 2015. URL : <http://cres.revues.org/668>
20 Ce paradigme a été inauguré d’après les travaux de
l’anthropologue américain James Clifford. Voir par exemple le volume
Traveling Theories, Traveling Theorists,
qu’il a dirigé avec Vivek Dhareshwar, Inscriptions
n° 5, 1989. Et son livre de 1997, Routes:
Travel and Translation in the Twentieth Century, Cambridge,
Harvard University Press.
21 Edgar Morin, « Sur l’interdisciplinarité », art. cit.
22 Ibid.
23 Que l’on pense par exemple aux
sciences cognitives, nées d’une rencontre entre la psychologie, les
neurosciences, la cybernétique, l’informatique, etc.
24 Edgar Morin, « Sur l’interdisciplinarité », art. cit.
25 Judith Schlanger, La mémoire des oeuvres, Paris, Verdier, 1984,
rééd. 2008, p. 145.
26 Ibid., p. 148.
27 Ibid.
28 J’emprunte cette expression à Claire Joubert qui l’emploie à
propos de la traduction, qu’elle propose de considérer comme un site
de « reproblématisation des savoirs disciplinarités, comme discursivités », art.
cit., p. 102
29 Voir sur la question le livre de Vincent Debaene, L’adieu au voyage.
L’ethnologie française entre
science et littérature, Paris,
Gallimard, 2010.
30 Ivan Jabionka, Histoire des grands-parents que
je n'ai pas eus :
Une enquête, Seuil, 2012 (rééd. poche 2013) ; et L’histoire est une
littérature contemporaine. Manifeste pour les sciences
sociales, Seuil, 2014. Florent Champy, « Littérature,
sociologie et sociologie de la littérature. Sur quelques lectures
sociologiques de À la recherche du temps
perdu », Revue française de
sociologie, vol. 41, n° 2, 2000. Johnnie Gratton et
Dominique Vaugeois, « Fictions d’art : des espaces pensifs », in Fixxions n° 8, 2014, p. 1-5.
31 Vincent Debaene, L’adieu au
voyage, op. cit.,
p. 480.
32 Stefan Zweig, Brésil, terre d’avenir, Paris, Armand Colin, 1941,
p. 10.
33 Voir sur la question le numéro spécial, déjà
cité, des Cahiers de la recherche sur
l’éducation et les savoirs,
Hors-série n° 2 / 2009 : « Mobilité universitaire et circulation
internationale des idées : le Brésil et la mondialisation des
savoirs ». Voir en particulier l’ « Introduction » d’Afrânio Garcia
Jr., « Études internationales et renouveau des modes de pensée et
des institutions politiques. Le cas du Brésil »,
p. 7-31.
34 Traditionnellement, les études à
l’étranger étaient réservées aux héritiers d’une élite brésilienne
cosmopolite, pour qui le voyage en Europe faisait partie intégrante
de la formation. Avec la relative démocratisation de l’éducation au
XXe siècle, la demande pour les études à
l’étranger s’est intensifiée dans de nouvelles couches sociales,
favorisant l’implantation de politiques publiques soucieuses de
répondre aux besoins de développement du pays. Aujourd’hui, la
formation de nouvelles générations à l’étranger est devenue au
Brésil « une question d’État, perçue comme liée à l’ouverture des
horizons de la collectivité nationale […]. Le sentiment de retard
face à l’accumulation de savoirs scientifiques et technologiques
semble avoir joué un rôle de premier plan dans la justification de
la mise en place de programmes de bourses à l’étranger », fondant du
meme coup la conception des boursiers comme étant des missionnaires
voulant doter le pays des instruments de sa modernité. Ibid.
35 Ces évolutions ne doivent cependant pas faire
oublier que la circulation internationale des élites lettrées n’est
nullement un phénomène récent, comme en témoigne par exemple la
participation de nombreux intellectuels français à la fondation de
l’Université de São Paulo en 1934 (Lévi-Strauss, Roger Bastide,
Fernand Braudel) ou encore l’octroi de bourses par le gouvernement
français aux étudiants brésiliens désireux de poursuivre leurs
études à l’étranger pendant la période de la dictature
(1964-1985).
36 Marie-Claude Muñoz, « La mobilité
internationale à destination de la France. Objectivation des
parcours et expérience existentielle », Cahiers de
la recherche sur l’éducation et les
savoirs, Hors-série n° 2 / 2009, op. cit., p. 157-181. Ces chiffres
datent de 2009 et demanderaient sans doute à être
actualisés.
37 Ibid.
38 Caroline Bertron et Anne
Monier, texte de présentation de l’axe de recherches « Devenir
international : savoirs, savoirs-être et savoirs-faire en milieu
international » pour la journée d’étude « Circulations
transnationales et échelles d’analyse : une approche
pluridisciplinaire », organisée le 23 mai 2014 à l’ENS Ulm avec le
soutien du Labex TransferS. Consulté sur Internet le 15 janvier
2015 : Edgar Morin, art. cit., Bulletin Interactif
du Centre International de Recherches et Études
transdisciplinaires n° 2, 1994. Consulté en ligne le 30 mai
2015 <http://ciret-transdisciplinarity.org/bulletin/b2c2.php>
39 Jacques Derrida, Marges de la
philosophie, Paris, Minuit, 1972,
p. 331.
40 Brigitte Félix et Yves Abrioux, « Présentation »,
TLE n° 30/214, p. 5-9. Ici p.
7.
41 Eric Méchoulan, « La lecture relâchée. Socrate, Federer et
l’éthique du care », ibid., p. 145-152, ici p. 150.
42 Ibid. Sur le rapport entre
l’actuel, l’inactuel et le nouveau, voir aussi ce qu’écrivait
Deleuze dans « Qu’est-ce qu’un dispositif ? » (in
Deux régimes de fous, Paris, Minuit, 2003) : « L’actuel
n’est pas ce que nous sommes, mais plutôt ce que nous devenons, ce
que nous sommes en train de devenir, c’est-à-dire l’Autre, notre
devenir autre. […] Car ce qui apparaît comme l’actuel ou comme le
nouveau selon Foucault, c’est ce que Nietzsche appelait
l’intempestif, l’inactuel, ce devenir qui bifurque avec l’histoire,
ce diagnostic, qui prend le relais de l’analyse avec d’autres
chemins. Non pas prédire, mais être attentif à l’inconnu qui frappe
à la porte ».
43 Éric Méchoulan, art. cit.,
p. 146.
44 Paul
Ricoeur, Temps et Récit, tome III, Paris,
Seuil, 1985, p. 252.
45 Ibid., p. 262. Si
l’actualisation est bien une manière de nouer dans le présent divers
fils du passé, elle n’empêche en rien le travail de
contextualisation, du fait qu’il « n’existe pas de contexte a
priori, seulement des opérations de contextualisation mises en scène
par chaque historien, impliquées par chaque cadrage de la lecture,
dans un geste qui entrelace le présent de l’historien et les passés
qu’il étudie », Eric Méchoulan, art. cit.,
p. 150.
46 François Dosse,
« L'irréduction dans l'histoire intellectuelle », EspacesTemps, 84-85-86, 2004, p. 175.
47 Soulignons que pour
Nietzsche, l’inactualité est l’empreinte non pas « du contretemps
nécessaire à l’assimilation d’une pensée en avance sur son âge, ni
encore d’une intemporalité abstraite ou d’un archaïsme
réactionnaire, mais plutôt d’un anachronisme actif où se conçoit une
pensée résolument en décalage avec son époque. Car « le vrai
contemporain », écrit Agamben, « est celui qui ne coïncide pas
parfaitement avec (son temps) ni n’adhère à ses prétentions, et se
définit, en ce sens, comme inactuel : mais précisément pour cette
raison, précisément par cet écart anachronique, il est plus apte que
les autres à percevoir et à saisir son temps », Qu’est-ce que le contemporain ?, Paris, Payot, 2008, p
24-25.
48 Georges Didi-Hubermann, Devant l’image, Paris, éd. de Minuit, 1991,
p. 95
49 Selon l’expression de
Reinhart Koselleck, Le futur passé : contribution
à la sémantique des temps historiques. Trad. Jochen Hook et
Marie-Claire Hook. Paris : Éditions EHESS, 1990, p. 140.
50 Georges Didi-Hubermann, op. cit.,
p. 97.
51 Michel Jeanneret, « L’oeuvre est un potentiel
(lire et écrire la Renaissance) », in Le temps des
oeuvres. Mémoire et préfiguration, Saint-Denis, Presses
universitaires de Vincennes, p. 183-196. Ici p. 184.
52 On peut rappeler à cet égard
que la discipline elle-même est une forme culturelle de la
scientificité, qui subit la concurrence avec des formes alternatives
de savoir sur les nouvelles frontières cognitives de la
mondialisation : information, compétences, interdisciplinarité,
etc.
53 Voir
l’article d’Olivier Mongin, « Création et culture à l’âge
postcolonial. Éloge du décentrement », Revue Esprit n° 283, mars-avril 2002 : Quelle
culture défendre ?, p. 316-332. Ici p. 320.