1 Malgré son titre suggestif, le traité du Toulousain François Bayle intitulé Discours sur l’expérience et la raison (Paris, Th. Moette, 1675), reste très circonspect en matière d’observation sur un cas unique : « Si bien que l’Experience dependant de plusieurs épreuves qui soient constamment et entierement les mesmes, on peut douter qu’on en puisse faire sur le corps humain » (p. 56). Le médecin évoque la diversité des corps et l’impossibilité d’en tirer des conclusions valables pour tous.

2 Il traduit l’œuvre d’Actuarius, Actuarii Ioannis filii Zachariae Methodi medendi libri sex quibus omnia quæ ad medicinam factitandam pertinent fere complectitur Cor. Henricus Mathisius Brugensis medicus nunc primum uertit accessit rerum ac verborum index locupletissimus (Venise, G. Scoto, 1554 ; édition parisienne l’année suivante, puis lyonnaise). Il participe aussi à la publication posthume d’une grande compilation hippocratique dans laquelle il avait commenté le De Spiritu Animali (Medicae artis principes post Hippocratem & Galenum, graeci latinitate donati, Genève, H. Stéphane, 1567).

3 Jean Héroard, Hippostologie, c’est-à-dire Discours des os du cheval, Paris, M. Patisson, 1599 ; De l’institution du prince, Paris, J. Jannon, 1609.

4 Denis Jonquet, Hortus regius, pars prior, éd. Antoine Vallot, Paris, D. Langlois, 1665.

5 Lettre datée du 1^er septembre, traduite par mes soins dans La Mort des rois, Grenoble, Millon, 2006, p. 104.

6 Journal de Jean Héroard, M. Foisil (éd.), Paris, Fayard, 1989, t. II, p. 2333.

7 Journal de santé de Louis XIV, S. Perez (éd.), Grenoble, Millon, 2004, p. 91-92.

8 Malina Stefanovska, « L’anecdote dans les ana et les mémoires du XVII^e siècle », dans J. D. Lyons et C. Welch (éds), Le Savoir au XVII^e siècle, Tübingen, G. Narr, 2002, p. 111-120.

9 En l’occurrence, le « style » de Patin a immédiatement clarifié la classification de ses lettres. Elles n’ont jamais eu d’ambition scientifique et relevaient plutôt des « conversations ». Voir l’hommage que leur rend Pierre Bayle dans ses Naudaeana et patiniana, ou singularitez remarquables, prises des conversations de Mess. Naudee & Patin, Amsterdam, Fr. Van der Plaats, 1703 [1^re éd. Paris, 1701].

10 La question du point de vue sur le corps souffrant est fondamentale. La Leçon d’anatomie du docteur Tulp de Rembrandt résume un peu la problématique du regard médical sur la mort et la maladie : on peut l’observer d’en haut mais sans trop fixer la réalité abrupte d’un corps voué au néant tandis que, dans un coin, le Livre (en tant qu’instance du savoir classique) rassure par son discours sur l’innommable et la scandaleuse souffrance de l’individu malade. Voir Stanis Perez, « Regards endeuillés, la mort et le corps d’Anne d’Autriche en perspective », Papers on French Seventeenth Century Literature, vol. 35, n^o 69, 2008, p. 643-656. Dans une autre direction se situe l’approche psychologique d’Elizabeth Wirth Marvick, « The Character of Louis XIII: The Role of his Physicians », Journal of Interdisciplinary History, vol. 4, n^o 3, 1974, p. 347-374.

11 Dans sa lettre datée du 8 septembre 1558, Mathys indique que l’empereur boit de l’eau de sauge, en remplacement d’une bière qu’il réclame et que lui refuse le médecin (S. Perez, La Mort des rois, op. cit., p. 115).

12 Madeleine Foisil, « La première éducation du prince d’après le Journal de Jean Héroard », Mélanges de l’École française de Rome, vol. 99, n^o 1, 1997, p. 303-335.

13 Louis Marin, « Le corps pathétique et son médecin : sur le Journal de santé de Louis XIV », Revue des sciences humaines, vol. 198, n^o 2, 1985, repris partiellement dans La Parole mangée et autres essais théologico-politiques, Paris, Klincksieck, 1986, p. 226-250.

14 « Si l’on joint à toutes ces circonstances un courage inébranlable dans la douleur, dans les périls, et dans la vue des plus grandes et des plus embarrassantes affaires qui soient jamais arrivées à personne, et une fermeté sans exemple à soutenir ses résolutions, malgré les occasions et la facilité de satisfaire ses passions, peut-on douter que le tempérament du roi ne soit celui des héros et de tous les plus grands hommes, et que l’humeur mélancolique du sang, n’en compose le mélange dans sa santé, et qu’étant altérée dans ses maladies, l’humeur mélancolique n’y ait toujours prédominé […]. » (Journal de santé du roi Louis XIV, op. cit., « Remarques pour l’année 1693 », p. 274).

15 Louis-Prosper Gachard, Retraite et mort de Charles Quint au monastère de Yuste. Lettres inédites, Bruxelles, Gand, Leipzig, C. Muquardt, 1854, 3 vol.

16 J. Héroard, De l’institution du prince, op. cit. On peut y lire le projet de l’auteur au cours de la longue conversation qu’il a avec Gilles de Souvré, le précepteur officiel du roi : « Ie luy fais offre d’un iournal, d’où il pourra tirer fil après autre des coniectures evidentes des complexions & des inclinations de nostre ieune Prince » (p. 26 v^o).

17 Ibid., p. 268.

18 Les Historiettes de Tallemant des Réaux, Monmerqué (éd.), Paris, A. Levavasseur, 1834, t. II, p. 71, « Louis XIII ».

19 Jules Michelet, Histoire de France, t. XI, Henri IV et Richelieu, Paris, Chamerot, 1857, p. 472.

20 Archives curieuses de l’Histoire de France, F. Danjou (éd.), Paris, Beauvais, 1838, 2^e série, t. V, p. 393 et suiv.

21 Ibid., p. 393, note 1.

22 Journal de Jean Héroard sur l’enfance et la jeunesse de Louis XIII, E. Soulié et É. de Barthélémy (éds), Paris, Didot Frères, 1868, 2 vol. Peu après, Joseph-Adrien Le Roi a projeté l’édition du manuscrit : Bulletin trimestriel de la Société archéologique de l’Orléanais, vol. IV, n^os 40-58, 1870, p. 95.

23 Madeleine Foisil, L’Enfant Louis XIII, l’éducation d’un roi (1601-1617), Paris, Perrin, 1996.

24 Charles-Augustin Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, Paris, M. Lévy frères, 1864, p. 360-380.