1 Claude Simon, La route des Flandres, Paris, Minuit, 1960, p. 9.
2 Ibid., p. 9.
3 Ibid., p. 9-10.
4 Jean-Luc Seylaz, « Du Vent à la Route des Flandres : la conquête d’une forme romanesque », in : Revue des lettres modernes, n° 94-99, 1964, p. 225-240. Il fait la même remarque à propos des « évocations » du narrateur : « Les unes vécues ou cautionnées par des témoins, les autres imaginées et beaucoup plus incertaines. En fait nous assistons au contraire à une contamination progressive du réel par l’imaginaire » (p. 237).
5 Jean Ricardou, qui consacre à la construction de la Route une analyse systématique dans son article « Un ordre dans la débâcle » (postface à La route des Flandres, Paris, Minuit, 1963), semble ne pas voir ce point. Que « l’unité confuse [!] de la narration […] éclate en se portant, sans transition, sur plusieurs narrateurs » (p. 288) s’intégrerait bien dans « le courant de décomposition » à tous les niveaux de ce monde. Par contre Bernard Pingaud fait allusion à l’unité de la perspective (« Sur la route des Flandres », in : Les Temps Modernes, 16, 1961, p. 1026-1037).
6 Brian T. Fitch commente ce passage de la même façon : « Le changement abrupt du je à il suggère qu’il y a […] deux Georges, que Georges se voit lui-même de l’extérieur » (« Participe présent et procédés narratifs chez Claude Simon », in : Revue des lettres modernes, n° 94-99, 1964, p. 210-211).
7 Fitch : « Par la suite, la narration à la troisième personne alterne avec celle à la première personne. », ibid., p. 209.
8 Voir sur ce point Pingaud : « Le participe présent […] fige les actes dans l’apparence momentanée qu’ils ont prise » (« Sur la route des Flandres », art. cit., p. 1032).
9 On trouve des exemples particulièrement impressionnants dans un espace réduit aux pages 243-244, où ces adverbes relient des situations très éloignées les unes des autres dans le temps.
10 Pingaud parvient, il est vrai, à distinguer dans la stratification temporelle un premier et un second niveau ; mais il semble en même temps ne pas en voir un troisième (Georges-Corinne) et un quatrième (le présent de l’actualisation et de l’écriture) (« Sur la route des Flandres », art. cit., p. 1028), bien qu’un peu plus loin il mette très bien en relief le caractère présent du passé (p. 1029).
11 Seylaz également attire l’attention sur ce point : « Les évocations, interchangeables, offrent toute la cohérence désirable ; mais il est impossible de mesurer leur rapport avec le réel, leur degré de réalité, quand le vécu même devient douteux, contaminé qu’il est par les souvenirs imaginaires » (« Du Vent à la Route », art. cit., p. 238).
12 Fitch le caractérise ainsi : « Les mots n’ont pas de prise sur le monde réel, ni sur l’univers de la conscience humaine » (« Participe présent », art. cit., p. 214).
13 La signification qui se cache derrière une telle appréciation de la langue sera exposée plus précisément dans un chapitre ultérieur [non repris ici].
14 Voir Ricardou, « Un ordre dans la débâcle », art. cit., p. 291.
15 Seylaz, « Du Vent à la Route », art. cit., p. 238.
16 « La femme, Corinne, refusant dans l’acte même, de se reconnaître, d’être le pôle unique […] de ce mouvement de recomposition érotique », explique Ricardou, « Un ordre dans la débâcle », art. cit., p. 291.
17 Pingaud défend une thèse similaire, même s’il ajoute à l’échec un autre aspect : « tout se passe comme si […] l’écriture qui veut fixer les faits en les disant – était trahie par son propre mouvement et comme si, voulant donner à l’histoire une figure définitive, elle assurait […] la définitive liquéfaction de toute histoire » (« Sur la route des Flandres », art. cit., p. 1031). Jean Bloch-Michel par contre passe complètement à côté de ce fait : « au sein de ce désastre […] un seul élément […] restait intact : le langage. » (« Nouveau roman et culture des masses », in : Preuves, 123, 1961, p. 23).
18 Pingaud, « Sur la route des Flandres », art. cit., p. 1030.
19 Voir sur ce point également quelques remarques chez Seylaz, « Du Vent à la Route », art. cit., p. 234.