Chapitre 6. Les hôtels du Quadrilatère, de l’histoire de l’art à l’histoire des arts
p. 121-148
Texte intégral
1Les Archives nationales présentent cette caractéristique originale de réunir en un même lieu patrimoine architectural et patrimoine archivistique, dans le « Quadrilatère ».
2L’hôtel de Soubise sert, dès 1808, de dépôt pour les archives devenues « nationales » depuis la Révolution, avant que les magasins d’archives ne se déploient dans les ailes construites à partir du règne de Louis-Philippe (aile dite du Parlement ; Grands dépôts) et jusqu’à la fin du XXe siècle (CARAN). En 1867, salons et antichambres de cet hôtel sont dédiés au musée de l’histoire de France, renommé actuellement « musée des Archives nationales », et accueillent tous les publics lors d’expositions. Toutefois, pour des raisons liées à la conservation des documents, l’exposition permanente a été fermée en 1995 ; ne sont désormais plus organisées que des expositions temporaires, dans l’attente de la refondation du musée.
3L’hôtel de Rohan, entré dans le domaine des Archives en 1927, a, quant à lui, été moins préservé. Affecté en 1808 à l’Imprimerie impériale, il a subi de grands dommages et seule une partie du bel étage, qui abritait le bureau du directeur, la bibliothèque et la salle des poinçons, a été épargnée par une industrie qui s’est avérée inappropriée dans ces lieux. La plupart des pièces de cet hôtel et les ailes adjacentes ont été évidées pour servir, aujourd’hui encore, de magasins d’archives. Toutefois, la grande antichambre peut accueillir des événements culturels (comme des journées d’étude), le Cabinet des singes et le Cabinet des fables restent de précieux écrins pour des activités pédagogiques. Enfin, des expositions temporaires pourraient être organisées, profitant du rez-de-chaussée et du premier étage d’hôtel. Mais ce dernier est fermé au public et ne peut être utilisé pour des activités, avec les élèves, depuis son affectation provisoire au pôle informatique du projet de déploiement des Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine. L’un de ses bas-reliefs, Les chevaux du Soleil, visible dans la cour des écuries de l’hôtel, est indispensable à toute visite pédagogique. De plus, le Cabinet des singes est un précieux atout pour le développement d’activités pédagogiques sur les décors des Lumières et Les jeux d’enfants au XVIIIe siècle. Enfin, une pièce « reconstituée1 », le Cabinet des fables, accompagne une étude artistique et littéraire lors de l’atelier Contes et récits.
4Profitant d’un profond renouvellement de la connaissance de ces hôtels2, le service éducatif a déplacé sa thématique de l’histoire de l’art vers l’histoire des arts au cours de ces dix dernières années, avant même l’inscription des « arts, témoins de l’histoire3 » dans les programmes scolaires.
Archives et hôtels, deux atouts complémentaires pour l’histoire de l’art
5Faire visiter l’hôtel de Soubise est une activité très ancienne proposée par le service éducatif. Salons et jardin initient les élèves à la vie quotidienne dans un hôtel parisien des XVIIe et XVIIIe siècles tout en étudiant le style rocaille.
6Lorsque les princes de Soubise acquièrent l’hôtel des Guise, sis dans le Marais et déjà connu pour le raffinement de son architecture et de ses décors, le pari est tout de même ambitieux. Très proche du pouvoir royal - puisque les princes sont ducs et pairs du royaume-, la famille s’inscrit dans la continuité d’un habitat royal et princier auquel, toutefois, elle compte apposer sa marque. L’architecte Pierre-Alexis Delamair est choisi par le prince François de Soubise, dans les premières années du XVIIIe siècle, pour établir de nouveaux plans. Une façade, construite dans un classicisme inspiré de Versailles, est plaquée sur l’aile donnant sur l’ancienne cour du manège. Celle-ci est métamorphosée en une cour d’honneur entourée d’une colonnade, la plus vaste de Paris. Il est proposé au sculpteur Robert Le Lorrain d’embellir la façade de statues des quatre saisons et d’allégories des vertus princières. Deux tourelles appartenant à l’hôtel médiéval de Clisson sont conservées, ainsi que l’ancienne chapelle des Guise, témoignant du souci de Pierre-Alexis Delamair de lier respect de l’ancien bâti et nouvelles propositions de constructions. On perçoit ici l’une des caractéristiques du travail d’un architecte considéré comme l’un des premiers théoriciens de l’urbanisme à Paris.
7Les Archives nationales renferment donc de précieuses richesses pour les chercheurs et les enseignants : le témoignage architectural des hôtels du Quadrilatère et des fonds archivistiques de premier ordre.
L’archive, un matériau indispensable à l’historien de l’art
Aurélie Brun
historienne de l’art, chargée de mission aux Archives nationales
Les Archives nationales sont un observatoire formidable pour qui souhaite étudier les rapports entre l’art et l’État et la genèse de beaucoup de monuments appartenant à notre patrimoine national. Quand il ne subsiste plus aucun témoignage, ou que leur interprétation est incertaine, seuls les documents d’archives permettent d’apporter des précisions sur la construction d’un bâtiment, l’aménagement d’une place publique ou l’état ancien d’un décor (1). En outre, ce matériau présente parfois l’intérêt d’être probant, à l’exemple des devis, marchés, factures, lettres autographes, contrats de mariage, actes de propriété et autres états des lieux. Pourtant, cette source est souvent délaissée en matière d’histoire de l’art. L’austérité de l’archive, quand elle n’est pas iconographique mais qu’elle résulte d’une démarche purement comptable, administrative ou juridique, intimide le jeune chercheur.
Dans certains cas, ces deux univers ont malgré tout su se rencontrer. Ainsi, depuis plus de deux siècles, les Archives nationales sont responsables de la conservation, de la restauration et de la mise en valeur de l’hôtel de Soubise (2) et conservent, dans leurs fonds, de précieux documents relatifs à son histoire. Parce que cette histoire est inextricable de celle de l’institution qui l’occupe aujourd’hui, les recherches ont su très tôt, et de façon pionnière, s’appuyer sur la matière archivistique. Par exemple, la lecture des inventaires après décès (3) des membres des familles de Guise et de Rohan-Soubise a permis de proposer une véritable description pièce à pièce, item après item, de l’ameublement, de la décoration et de la distribution des anciens hôtels particuliers au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. C’est en se fondant sur ces sources que les premiers chantiers de restauration et de réaménagement ont pu être lancés.
Enfin, l’aspect administratif et économique des documents d’archives s’avère également utile à la compréhension de la gestion quotidienne de tels monuments à travers le temps : combien de domestiques étaient employés pour les cuisines du prince de Soubise et quel budget cela représentait-il ? Quelles variétés de plantes ornaient le jardin de Mademoiselle de Guise et d’où étaient-elles importées ? Dans quelles pièces se trouvaient les presses lorsque l’Imprimerie nationale occupait l’hôtel de Rohan ?
Les réponses à ces questions peuvent paraître factuelles mais elles représentent autant de données et de statistiques indispensables à l’historien de l’art pour reconstituer des décors disparus et mieux comprendre les autres, afin de les restituer au public dans un souci de rigueur scientifique.
Notes
(1) Rambaud M., Sources de l’art aux Archives nationales, Paris, Archives nationales, 1955. En plus de cet ouvrage, on pourra recourir aux instruments de recherches thématiques, en ligne, du Minutier central des notaires parisiens : http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/minutier-central-thematique.html (consulté le 4 mai 2011).
(2) Et de l’hôtel de Rohan depuis 1927 seulement, après le départ de l’Imprimerie nationale.
(3) Conservés aux Archives nationales dans le fonds du Minutier central des notaires parisiens.
8Une volonté s’exprime, à travers tous ces choix : montrer au monde sa magnificence, mais aussi que la famille de Soubise, comme toutes celles de la haute noblesse, n’est pas oisive et qu’elle entend bien assurer son rôle de protectrice des arts, de tous les arts. Dans le palais, la chambre de parade du prince, construite à la manière de celle du roi à Versailles, est décorée de trophées à l’antique, mais également de médaillons présentant les allégories de la Richesse, de la Vérité, du Discernement et de la Gloire.
9L’architecture intérieure du palais de Soubise n’a pas été confiée à Pierre-Alexis Delamair, mais à Germain Boffrand, qui saisit peut-être mieux l’air du temps. Il convainc les princes de Soubise de substituer à l’enfilade classique de pièces, dont Versailles est l’archétype, une articulation entre deux ailes, l’une occupée par les appartements de réception, directement en contact avec la cour, l’autre réservée aux espaces privés. La mise en scène de la vie quotidienne des princes est donc bien assurée, selon les canons louis-quatorziens, qui privilégient aussi les espaces privés, comme il en ira aussi dans les espaces occupés par les successeurs du Roi-Soleil, à Versailles. La visite des appartements du prince, au rez-de-chaussée, puis celle de l’étage de la princesse, permet de saisir la nouvelle préoccupation. La chambre à coucher de la princesse, qui se distingue de la chambre de parade par des proportions moindres et une plus grande simplicité du décor, de même que le petit cabinet du prince et sa bibliothèque en sont d’autres témoignages.
10De grands peintres, J. Restout (1692-1768), C. Trémolières (1703-1738) ou C. Van Loo (1705-1765) et C. J. Natoire 1700-1777), font se superposer à la vue des vertus classiques une vision de l’intimité des princes, dont les commanditaires sont Hercule Mériadec, fils de l’acquéreur François de Soubise, et sa jeune épouse, Marie-Sophie de Courcillon, pour lesquels l’hôtel de Soubise est bâti et décoré. Dans la chambre du prince, les représentations de figures mythologiques masculines associées à de jeunes déesses peuvent paraître comme autant de références pour l’hymen terrestre d’un prince de Soubise âgé et d’une épouse, de quelques décennies sa cadette. Le salon du prince, au rez-de-chaussée de l’hôtel, et celui de la princesse, au premier étage, sont des chefs-d’œuvre du style rocaille. Pour les historiens de l’art, définir le style a longtemps été problématique.
Le salon ovale du prince de Soubise : archétype du style rocaille
Aurélie Brun
historienne de l’art, chargée de mission aux Archives nationales
Parce qu’il fut le théâtre d’une brillante histoire musicale et que les bas-reliefs qui l’ornent représentent des allégories des sciences et des arts (1), le salon du prince, au rez-de-chaussée de l’hôtel de Soubise, est considéré comme un symbole de l’esprit des Lumières et de l’histoire artistique et philosophique de la première moitié du XVIIIe siècle. Mais c’est aussi un décor qui se révèle exemplaire pour définir, dans toute sa complexité, ce que l’on a appelé le style « rocaille ». L’adjectif rocaille fait au départ référence aux ouvrages de décoration et d’ameublement faits de coquillages et de pierres irrégulières. Il faut attendre 1932 pour que la huitième édition du Dictionnaire de l’Académie française en propose une définition encore assez vague : « Genre de décoration en usage au XVIIIe siècle dans l’architecture et le mobilier, et interprétant des motifs tirés de certaines formes de la nature. Une pendule, des vases de rocaille. Par apposition, Le genre, le style rocaille ». Si cet art est plus souvent décrit par des exemples que par la description précise de ses différentes caractéristiques, c’est que les éléments qui le constituent sont difficiles à saisir.
Réalisé par Germain Boffrand à partir de 1735, le salon du prince de l’hôtel de Soubise s’intègre au bout d’une enfilade classique. L’intérêt distributif de cette nouvelle articulation et sa forme ovale sont une nouveauté marquante de l’architecture rocaille qui apparaît dans les années 1730. De plus, l’équilibre entre l’architecture et la décoration, le dialogue de la structure avec l’ornement et l’inspiration du bâti par la nature illustrent une large panoplie des ressorts utilisés généralement dans les décors de ce style par les artistes de l’époque. L’alternance subtile de panneaux pleins (boiseries sculptées peintes en gris de lin) et de panneaux vides (portes-fenêtres ou miroirs) fait disparaître la structure du pavillon au profit d’une certaine finesse laissant à peine deviner les éléments porteurs. Les jeux de reflets infinis entre la lumière naturelle provenant du jardin (2), celle, artificielle, des lustres et bras-de-lumière et les miroirs accentuent l’illusion d’une nature omniprésente pénétrant de plain-pied dans ce salon frais. Les médaillons sculptés aux détails de pieds, de draperies ou d’ailes mordant sur les panneaux de boiserie et débordant des cadres qui leur ont été attribués bousculent les règles du classicisme pour donner plus de légèreté au décor. Grâce à ce va-et-vient constant entre le naturel et l’artificiel Boffrand a su créer l’illusion d’un décor vivant. Il y a intégré des motifs inspirés du monde animal, végétal et minéral : coquillages, feuilles de palmiers, ailes d’oiseau, pétales de fleurs, etc. Avec cette œuvre, la définition du style se précise, trouve son archétype et finit par prendre corps car nos sens, au-delà de concevoir, voient, touchent, sentent et parviennent à nous révéler ce que signifie l’art rocaille.
Notes
(1) Ces bas-reliefs sont dus aux sculpteurs Lambert-Sigisbert Adam et Jean-Baptiste II Lemoyne.
(2) Au XVIIIe siècle, à la place de l’actuelle cour des Grands dépôts se trouvait un jardin à la française reliant l’hôtel de Soubise à l’hôtel de Rohan.
11L’ouverture au monde de cette demeure parisienne est tout autant saisissable à l’évocation des jardins plantés de bois aux senteurs multiples, dessinés à l’époque des Guise par Le Nôtre, et dont un plan est conservé à la Bibliothèque nationale de France. Les Archives nationales, pour leur part, possèdent des plans du XVIIIe siècle, sur lesquels apparaissent des jardins imaginaires proposés par Pierre-Alexis Delamair dans le cadre des marchés de construction pour l’hôtel de Rohan mais jamais réalisés. D’autres plans, plus tardifs, montrent les jardins tels qu’ils ont été conçus, et probablement réalisés, vers 1711, par Robert de Cotte. Les dessins permettent aux élèves d’imaginer l’atmosphère des jardins des hôtels de Soubise et de Rohan. Les plantes apportées de contrées lointaines, tout comme les meubles de bois exotiques qui décorent les pièces du palais, produits par les artisans du faubourg Saint-Antoine tout proche, sont autant de prétextes pour évoquer l’essor du grand commerce. Les médaillons d’angle de la corniche, dans la salle d’assemblée, évoquent les richesses des quatre continents alors connus.
Des visites pédagogiques réactualisées ?
12Le fait de pouvoir mener visites et activités pédagogiques dans les salons des hôtels de Rohan et de Soubise a encouragé le développement d’une dimension « histoire des arts » aux activités à destination des publics scolaires. L’ajout de la référence aux domaines artistiques4 dans le tableau suivant en montre l’actualité.
13Progressivement, au cours des dix dernières années, les visites pédagogiques guidées ont été transformées, proposant ainsi un autre mode d’éducation au patrimoine architectural, aux décors et à l’histoire des lieux. Pour les plus petits, des nouveautés furent introduites pour leur rendre accessible la découverte de cet hôtel. Les « sacs à secrets » rendent la visite pédagogique contée beaucoup plus attractive et intrigante !
Les « sacs à secrets »
Stéphanie Colliard
chargée de développement des publics au Département de l’action culturelle et éducative des Archives nationales
Les « sacs à secrets » constitués par les collaboratrices du service éducatif servent à agrémenter la visite de l’hôtel de Soubise pour les élèves de grande section de maternelle essentiellement. L’objectif est de leur faire découvrir les décors d’une demeure princière du XVIIIe siècle et le quotidien de la noblesse de l’époque, grâce à des éléments sensibles (objets et musique). Chaque enfant est muni d’un sac renfermant six objets : un morceau de tissu (utile pour évoquer le vêtement, les tissus d’ameublement, les passementeries au XVIIIe siècle), un masque et une image d’instrument de musique (suggérant le thème de la fête), une plume (symbolisant les écrits et le savoir au siècle des Lumières), un petit morceau de bois (rappelant le mobilier et les boiseries ainsi que le chauffage), une bougie (suggérant l’éclairage à la chandelle).
Les élèves étant assis dans la chambre d’apparat, le sac est donc ouvert à six reprises. Il permet aux enfants de donner un rythme à leur visite, tout en partant de leurs représentations, point de départ établi entre leur quotidien et celui de « la princesse » afin de les aider à maîtriser un vocabulaire spécifique.
14Pour les plus grands, élèves du primaire ou du secondaire, il ne s’agissait plus de demander une restitution académique (comme peut l’être la rédaction d’une synthèse ou le fait de compléter un tableau à plusieurs entrées5), mais de les inviter à devenir, le temps de leur présence dans le musée des Archives nationales, un courtisan, un cuisinier, un palefrenier…, de participer ainsi à une « histoire vivante », voire de goûter le passé, toujours à partir de documents sources (en ce cas les pièces de comptabilité de l’hôtel de Soubise). La « visite pédagogique guidée » change d’intérêt dès lors qu’elle aboutit effectivement à une mise en situation de l’élève dans un contexte culturel, accentuant la transdisciplinarité et initiant au travail sur des documents originaux.
15Curieusement, cette découverte des hôtels n’est pas une énième évolution d’un atelier portant sur l’architecture et les décors. Elle provient d’un profond renouvellement de l’atelier « Le mal de changer » : la révolution du système métrique, reformulé en 2005. L’amorce de cet atelier repose sur l’analyse des allégories du salon ovale qui évoquent l’esprit et les connaissances scientifiques des Lumières.
Mathématiques et histoire : le système métrique
Fatna Ain Seba
professeur de mathématiques au collège Hector-Berlioz, Vincennes (Val-de-Marne)
Sandrine Miloudi
professeur d’histoire et de géographie dans le même établissement
Le mètre est un outil historique de portée universelle. Il y a moins de trois siècles, ses concepteurs ont été mus par un idéal supérieur de justice sociale. Des mathématiciens, physiciens, chimistes, astronomes, ingénieurs, grands scientifiques universalistes tels J.-B. Delambre, P. Méchain, J.-C. de Borda, é. Lenoir, A. Lavoisier, se sont mobilisés et ont contribué à l’aboutissement de l’une des plus grandes aventures intellectuelles.
Nous avons élaboré un itinéraire de découvertes (IDD) autour du thème transversal « La Révolution française et la création du système métrique décimal ». L’expérience a été menée avec une classe de 4e, mais elle présente un intérêt pédagogique et culturel qui dépasse largement le cadre du collège. Le travail a duré neuf séances, parallèlement en mathématiques et en histoire. Les élèves ont été répartis en deux groupes et ont effectué leurs recherches sur des documents historiques et sur des sites Internet référencés au cours de nos séances.
Nous avons organisé une sortie aux Archives nationales où chaque groupe a été pris en charge par une archiviste et une enseignante, dans un atelier.
Thèmes des ateliers :
Atelier 1 : Arpentage de la cour de l’hôtel de Soubise à l’aide de la toise du Pérou, ancienne unité de mesure de longueur.
Atelier 2 : Confection d’une recette exprimée en livres, boisseaux, pintes, anciennes unités de mesure de volume et de masse.
En histoire, les ateliers s’inscrivent dans le chapitre lié à la mise en place d’une France nouvelle après la Révolution française. En mathématiques, d’un point de vue théorique, ces ateliers font appel à la notion fondamentale de proportionnalité. En cours, cette notion a été appliquée à la conversion entre d’anciennes unités de mesure de distances, masses, contenances, au calcul de la longueur du méridien terrestre (à partir de celle de l’arc de méridien Dunkerque-Barcelone) et de la dix-millionième partie de la longueur du quart du méridien terrestre, puis à la conversion entre d’anciennes unités de mesure et les nouvelles (le mètre, le gramme).
Par ailleurs, nous avons travaillé sur le repérage d’un point sur la terre à l’aide des coordonnées géographiques (en particulier situé sur un méridien terrestre), et enfin utilisé la trigonométrie pour le calcul des angles et des longueurs dans un triangle.
Lors d’une première étape, en classe entière, les élèves observent des mesures à liquide en étain datant du XVIIIe siècle, les reproductions d’archives leur sont également distribuées avec un questionnaire à remplir, ce qui leur permet de saisir la multiplicité des poids et mesures qui existaient en France avant la Révolution. Les problèmes causés par cette multiplicité et la nécessité d’une unification sont donc mis en évidence. Un travail en cours sur des extraits de cahiers de doléances avait montré également les problèmes rencontrés par les paysans et le tiers état en général, face à cette multiplicité des poids et mesures et en quoi, par exemple, elle était favorable aux seigneurs. Les élèves ont donc pu se réapproprier les connaissances à partir d’autres sources.
Puis le mètre étalon est présenté aux élèves et l’archiviste explique comment s’est faite l’émergence du nouveau système métrique, qui furent les initiateurs et les acteurs du projet, comment le méridien fut adopté comme support de l’unité de longueur selon les idées universalistes de la Révolution Française, puisque « chaque peuple appartient à un méridien de la Terre ». Les élèves avaient connaissance de l’aventure des mesures de l’arc du méridien choisi entre Dunkerque et Barcelone par J.-B. Delambre et P. Méchain (des biographies sur ces personnages avaient été faites en classe), pour enfin aboutir à l’unité de mesure usuelle du mètre : la dix-millionième partie du quart du méridien terrestre, fondement de notre système métrique actuel.
À l’issue de la seconde étape, les deux sous-groupes d’élèves ont obtenu des résultats sensiblement différents. L’utilisation de la toise a permis aux élèves de constater, d’une part, la difficulté de la mesure pratique d’une longueur, et, d’autre part, la complexité de l’expression d’une longueur à partir des mesures anciennes qui ne s’écrivaient pas sous forme décimale mais à l’aide des fractions. Les documents, tel le Tableau de conversion en mesure de Paris, ont ensuite été réutilisés en classe, afin de mettre en évidence les avantages d’un système de mesures décimal. La longueur de la cour de l’Hôtel a été estimée par les élèves à 29 toises 3 pieds 5 ½ pouces. Il est tellement plus simple de considérer 57,6439 m ! Sans parler du calcul de l’aire qui était exprimée en arpents ou en perches, elles-mêmes subdivisées… en pieds ! Quant à la recette de la charlotte aux fraises et chocolat, elle a été présentée avec les anciennes mesures (livres, boisseaux, pintes). Les élèves ont d’abord converti ces mesures, puis les résultats ont été mis en commun et corrigés par l’animatrice. Enfin les élèves ont réalisé ensemble la recette en se partageant les tâches.
Les ateliers ont été proposés en fin de parcours de l’IDD, ce qui a permis aux élèves de réinvestir les notions et connaissances acquises lors des séances en histoire et en mathématiques, et de les mettre en application pratique par le biais d’une manipulation ludique de mesures anciennes de longueur et de capacité. L’échange, la réflexion commune sur les conversions de mesures et la répartition des tâches dans les activités des deux ateliers ont permis une meilleure écoute des élèves entre eux. Certains élèves timides ont pris davantage confiance en eux grâce à leur participation active aux ateliers. Les élèves ont beaucoup apprécié cette façon de réutiliser leurs connaissances, car les activités étaient concrètes. Ils ont pu rapporter au collège leur expérience et la partager avec les autres élèves. Ils se sont sentis ainsi valorisés.
Les ateliers ont donné l’occasion d’observer de façon concrète la difficulté à appréhender les anciennes mesures et, par conséquent, de montrer la nécessité de leur uniformisation. Les mathématiques ne sont plus seulement considérées sous un angle théorique, comme c’est trop souvent le cas, mais aussi à travers une déclinaison pratique, ce qui leur donne du sens. Les élèves ont pu constater que l’histoire et les mathématiques, matières a priori si éloignées, sont en fait intimement liées. Elles sont même indissociables, au regard des progrès scientifiques qui ont été réalisés tout au long de ces centaines d’années jalonnées d’événements historiques. Ces ateliers ont offert une approche différente des mathématiques, présentées comme instrument de progrès et de justice sociale. Ils ont aussi permis une confrontation à des textes historiques issus des Archives, prélude à la vocation de futurs historiens !
16Cet atelier est fondé sur la consultation par les élèves de plusieurs documents issus des Archives nationales et présentés, dans le respect des règles de la conversation, devant eux : des documents relatifs aux débats à l’Assemblée nationale lors du projet d’uniformisation des unités de mesure6, un dessin illustrant les mesures concernées par ce changement7, des mesures8, et un tableau de conversion des mesures anciennes en nouvelles unités9. Il incombe aux Marmitons du prince de Soubise de préparer une recette à la mode en respectant les dosages indiqués… en unités anciennes : la charlotte dite « à la parisienne10 » ! Depuis 2009, l’application du système décimal aux unités de longueur et de surface11 se décline dans un atelier complémentaire : Les arpenteurs du roi.
17Les marmitons du prince de Soubise et Les arpenteurs du roi illustrent, tout comme le Bal de la princesse, la recherche permanente de nouveaux types d’ateliers pour susciter l’intérêt des élèves pour des disciplines scolaires par le biais d’applications concrètes.
Du Bal de la princesse de Soubise aux Menus Plaisir du roi
18Force est de constater que la majorité des documents d’archives ne sont pas des œuvres d’art, mais sont, pour l’essentiel, le fruit de l’activité des administrations. Ils n’ont que rarement été pensés, au moment de leur production, comme des œuvres d’art. De très notables exceptions existent, cependant, dont témoignent, pour la période moderne, une partie des archives de la sous-série O1, celles de la « Maison du roi », à l’origine de plusieurs expositions organisées aux Archives nationales. La dernière en date, Dans l’atelier des Menus Plaisirs du roi. Spectacles, fêtes et cérémonies aux XVIIe et XVIIIe siècles, a inspiré le développement de nouveaux « ateliers ».
19Toutefois, une précédente expérience a montré la complémentarité entre les enseignements en histoire, en histoire de l’art, en histoire de la musique et en histoire de la danse. Le Bal de la princesse de Soubise a rencontré un vif engouement de la part des élèves depuis le début des années 2000. Il s’appuyait sur l’actualité culturelle des Archives nationales à double titre : la politique d’acquisition, par cette institution, de documents essentiels pour la connaissance de la Maison de Marie-Antoinette12 d’une part, et la tenue d’une exposition temporaire, du 26 février au 14 mai 2001, intitulée Les atours de la Reine13 d’autre part. Il entendait ainsi renouveler la traditionnelle « visite pédagogique guidée » d’une exposition. La singularité de cet « atelier », remanié en 2003-2004, repose sur la « privatisation » temporaire du salon de la princesse pour la classe accueillie, l’utilisation de la musique et le « déguisement » propices à une recontextualisation au temps des Lumières. Certains matériels nécessaires pour le déroulement de cet atelier résultent de partenariats féconds soit avec des établissements scolaires, soit avec des associations culturelles. Le Groupement d’établissements publics d’enseignement dispensant une formation continue pour adultes (le GRETA de Paris), ici dans le domaine de la mode, a conçu les premiers vêtements pour les élèves d’après les documents conservés aux Archives nationales14 ; les masques ont été réalisés par un graphiste d’après les figures mythologiques ornant les dessus-de-porte peints de l’hôtel de Soubise. Lors de la première version de cet atelier, la musique retenue pour la chorégraphie des enfants a été enregistrée sur une partition du chevalier de Saint-Georges par les musiciens de l’association Jeunes Talents15. En effet, le chevalier de Saint-George, qui conduit le Concert des amateurs fondé par le maréchal de Soubise de 1769 à 1781, est une grande figure, qui touche elle aussi aux horizons lointains. L’ensemble musical, qui comptera jusqu’à soixante-dix pupitres, se produit une douzaine de fois par an dans le salon du prince de Soubise. L’Almanach musical de 1775 en fait le meilleur orchestre de Paris et d’Europe, et Mozart le visite.
20Ainsi « la jeune princesse de Soubise, Marie-Sophie de Courcillon, attend les enfants16 [élèves] dans ses salons et leur fait découvrir la vie quotidienne au cœur d’un habitat noble du XVIIIe siècle. Les merveilles de l’hôtel de Soubise constituent le décor dans lequel la princesse donne un bal en l’honneur de ses invités d’un jour, filles et garçons, masqués et revêtus de costumes d’époque17. » Les séances proposées sont déclinées essentiellement pour les classes de maternelle et de primaire.
Le salon de la princesse dans l’hôtel de Soubise ou la pédagogie selon les artistes du XVIIIe siècle
Aurélie Brun
historienne de l’art, chargée de mission aux Archives nationales
Dès sa construction et aujourd’hui encore, des visiteurs du monde entier se pressent pour admirer le salon ovale de la princesse de Soubise, joyau architectural renfermant les célèbres peintures de l’Histoire de Psyché. À l’intérieur, peu de moyens sont mis en œuvre pour renseigner les visiteurs sur l’objet de leur curiosité. Si la magie du lieu continue d’opérer, c’est que le travail du médiateur ou du pédagogue, ici, a été facilité par celui des artistes du XVIIIe siècle.
Lorsqu’en 1732, le prince Hercule Mériadec de Rohan-Soubise épouse Marie-Sophie de Courcillon, il commande pour l’occasion un nouveau décor pour leurs appartements. Le chantier démarre en 1735 et est dirigé par l’architecte Germain Boffrand. Celui-ci conçoit les travaux de décoration et fait bâtir un nouveau pavillon, de forme ovale. Pour la réalisation des peintures, il fait appel au peintre Charles Joseph Natoire qui propose une suite de huit toiles sur un thème mythologique tiré de la légende de l’Âne d’Or d’Apulée.
Le travail entre le peintre, l’architecte et le commanditaire a pour résultat un programme décoratif signifiant, parfaitement adapté à l’époque et à son hôte : on y découvre un conte moral louant les mérites de la confiance et des vertus princières contre la jalousie et le vice. Ce programme iconographique, en parfaite adéquation avec l’esprit des Lumières défendu par la noblesse éclairée du XVIIIe siècle, ne laisse rien au hasard. En effet, Natoire a pris soin de raconter cette fable de façon narrative en s’appuyant sur un vocabulaire architectural et pictural. L’histoire se déploie dans l’ordre chronologique, dans le sens de la lecture, et le début comme la fin sont marqués par l’interruption que forme la porte principale (1). L’apogée tragique est visuellement signalée par l’emplacement central choisi pour Psyché découvre le visage de l’Amour et l’emploi d’une palette plus sombre. Le caractère pédagogique du discours peint est renforcé par le choix des scènes et de l’acte représentés qui dénote un sens aigu de la dramaturgie. Ainsi, certaines scènes proposées par Natoire ont été écartées, comme Psyché fouettée par Venus ou Psyché descendant aux Enfers, parce qu’elles ont probablement été jugées trop violentes ou parce qu’elles illustraient une intrigue secondaire (2). De plus, la composition de chacune des toiles focalise l’attention du visiteur sur l’apogée de l’action principale saisie à son paroxysme. Enfin, pour matérialiser l’unité de temps, de lieu et d’action, Natoire utilise souvent, au centre de sa composition, un objet symbolique : la bandelette du mariage sacrificiel, la lampe de la vérité, la ceinture richement ornée de la jalousie, etc.
Parce qu’il a été conçu comme tel, le salon ovale de la princesse propose un discours édifiant mais de façon pédagogique. Il permet une mise en abîme du concept d’éducation depuis le XVIIIe siècle jusqu’à nos jours.
Notes
(1) On notera que, dans les gravures de Babel pour le Livre d’architecture de Boffrand (Paris, 1745), les scènes sont reproduites dans le désordre, aussi bien sur les coupes que sur la vue du plafond.
(2) James-Sarazin A., « Natoire, Psyché et l’hôtel de Soubise », L’Estampille. L’objet d’art, hors série no 43, 2009, p. 45-55.
21Profitant d’une nouvelle actualité culturelle, le service éducatif a procédé à quelques modifications du Bal de la princesse, toujours dans le souci de l’adapter aux publics tout en tenant compte des avancées de la recherche scientifique. Cette dernière a été rendue publique, pour partie, lors d’une autre exposition temporaire du musée de l’histoire de France : Marie-Antoinete, pièces à conviction (du 11 octobre 2006 au 8 janvier 2007). Elle poursuivait un engouement né en 2006 avec la sortie du film écrit et réalisé par Sofia Coppola, d’après une libre adaptation du livre d’Antonia Fraser consacré à la reine Marie-Antoinette. Certaines scènes ont d’ailleurs été tournées dans l’hôtel et les jardins de l’hôtel de Soubise ! Le nouveau partenariat avec les étudiants du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris et leur enseignant a donné un autre visage à ce bal en introduisant, dans l’atelier, Jean-Philippe Rameau et la contredanse18.
Un autre Bal de la princesse
Sylvain Labartete
professeur d’éducation musicale au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, responsable de l’option danse au lycée Georges-Brassens, Paris
Sous le règne de Louis XV, la danse de salon prend une autre place dans la société noble, à la cour. Elle perd son aspect théâtral qu’elle avait acquis lors du règne précédent pour devenir plus démocratique : elle s’effectue dans les grandes salles, réunissant un très grand nombre d’exécutants qui dansent tous ensemble. Dans ce vrai divertissement collectif, le roi a perdu de sa majesté en laissant son statut de maître rayonnant au profit d’une réelle complémentarité avec ses sujets ; l’ère est au partage, au respect et à l’attention de l’autre. Il se trouve que la danse va concrétiser une certaine confusion des préséances au bénéfice d’une conquête d’une égalité des rangs sociaux. De plus, cette période qu’on dit volontiers « hédoniste » se voit dans une prise de contact corporelle qui s’affirme : par le toucher, le regard, le sourire, ce lien empli de politesse, sous l’élégance gracieuse qui flirte avec une courtoisie non dénuée de plaisir masqué, celle qui autorise certaines libertés et que la danse fait apparaître au grand jour, derrière un alibi de plaisir social.
La danse autorise des rapports autres que des déplacements de formes, dans les trajets comme dans les positions. Elle dévoile des mises en corps plus raffinées, subtiles qui sollicitent l’approche, le frôlé, le touché. Sous l’étiquette encore présente, se dévoile l’expression des corps, dans les bras plus portants, les mains qui dessinent, les torses plus souples, les jambes plus dégagées, les pieds plus lisibles.
Mieux, les couples de départ échangent avec les autres couples : rencontres déplacées, inattendues, autorisées, détournées qui ne font qu’établir un rapport plus étroit entre les partenaires. Ainsi les statuts s’estompent, tombent, pour faire place à des échanges qui ont lieu au niveau des sens, critères hautement plus ambigus.
Les cortèges, les branles figurés, les contredanses, les quadrilles vont brouiller les rôles. La danse va perdre de sa difficulté dans la réalisation des pas pour gagner en complexité dans les trajets : l’important est placé sur le mouvement des corps dans l’espace pour multiplier les rencontres.
Toutes les musiques sont écrites pour répondre à de telles exigences et celles qui sont à la mode, venant de genres plus sérieux ou plus populaires, seront adaptées pour satisfaire les plaisirs.
Dans une modeste réalisation pour des enfants du XXIe siècle, la mise en place de telles valeurs rend compte de façon plus pertinente de la position de la danse au siècle de Louis XV : on écoute l’autre, on lui répond, on prend garde de l’ensemble, on répond aux exigences musicales, on réalise une cohésion qui touche à l’élégance et au plaisir, à partir d’une œuvre de Jean-Philippe Rameau, Les Indes galantes : l’Air des Sauvages.
Après quelques répétitions en groupes, il s’est avéré nécessaire de choisir la division binaire, en formant deux rangées de couples.
La première étape consiste à prendre place dans tout l’espace réservé à la danse : le salon. On adapte son pas, ses appuis avec les temps forts de la musique et de son tempo.
Le retour régulier induit par la structure musicale impose un nombre pair de couples afin d’être toujours en phase avec la symétrie architecturale de la musique.
Une fois en position où les deux rangées sont face à face, chacun face à sa chacune, le salut est demandé : la danse est une invite à la courtoisie et à la séduction.
Ensuite les couples face à face répondent à des déplacements symétriques, en miroir ou bien en opposition, de front comme de dos, en prenant, si besoin est, la main de l’autre pour faciliter cette communion.
Le retour dans la rangée signifie un accord tacite entre les couples qui sont fin prêts à partager avec les couples qui les jouxtent.
L’échange se fait alors de façon croisée, celle-ci allant avec celui-là, puis, celui-ci avec celle-là.
Ainsi, successivement, les couples opèrent un échange qui produit un glissement de partenaires lorsqu’à la fin du second échange, les individus prennent place face à face et non croisée. Alors le procédé répété en autant de couples présents fait que chacun se trouvera dansant avec le partenaire du voisin. Le couple en fin de chaîne sera amené à passer entre les partenaires pour prendre la place en début de chaîne.
La danse s’arrête quand tous les couples se seront déplacés, en ayant permuté et en se retrouvant à leur position initiale, chacun d’eux ayant fait une fois la grande traversée entre les autres participants.
Le salut général conclut ce partage dans le plus grand respect19.
22Enfin, le troisième élan proposé à cet « atelier » historique, artistique et chorégraphique est donné, en 2011, par l’exposition originale Dans l’atelier des Menus Plaisirs du roi. Spectacles, fêtes et cérémonies aux XVIIe et XVIIIe siècles20.
Les archives des Menus Plaisirs du roi
Pierre Jugie
conservateur en chef à la Section ancienne des Archives nationales
Les Recueils des Menus Plaisirs du roi sont une toute petite partie des archives du service appelé par simplification les « Menus Plaisirs du roi ». Cet ensemble n’est lui-même que l’une des composantes du fonds dit de la Maison du roi, formant la sous-série O1 des Archives nationales. Il n’est pas dans notre propos de faire l’histoire du service des Menus Plaisirs, mais on aura une idée claire de la complexité du fond d’origine en nous concentrant sur son évolution au cours du XVIIIe siècle.
Alors que les Menus Plaisirs étaient administrés depuis 1627 par un, puis un nombre variable d’intendants des Menus Plaisirs, placés sous l’autorité des premiers gentilshommes de la Chambre du roi, un édit de juin 1752 créa trois charges d’intendants et contrôleurs généraux. Une déclaration du roi du 22 novembre 1759 décida que l’un des trois intendants et contrôleurs généraux serait seul et spécifiquement en charge du contrôle, les deux autres exerçant les seules fonctions d’intendant. Un autre règlement du 18 avril 1760 fixa les fonctions précises du contrôleur, le contraignant, ainsi que le garde-magasin, à tenir plusieurs séries de registres prenant en compte les commandes d’effets et leurs entrées dans les magasins et leurs sorties. Nous sommes donc en présence d’une administration dont la gestion et le contrôle génèrent une importante quantité de documents. Un inventaire-récolement des archives des Menus Plaisirs pour les années 1762-1780 (O1* 2807) permet de constater que l’essentiel du fonds du XVIIIe siècle est parvenu jusqu’à nous, alors que de grandes lacunes sont constatées pour le XVIIe siècle. L’inventaire des Recueils et les recherches menées sur leur concepteur, Antoine Angélique Levesque (garde général des magasins des Menus), montrent à quel point la distinction entre archives privées et archives de fonction d’un officier royal n’allait pas de soi, si l’on se réfère à l’inventaire après décès de Levesque, où sont allègrement mélangés les papiers de l’une et l’autre catégories. C’est, par ailleurs, à l’intendant général des Menus Plaisirs Papillon de La Ferté, en poste de 1756 à 1792, que l’on doit la production du reste des archives administratives et documentaires de ce service.
L’organisation interne actuelle des archives des Menus Plaisirs (492 articles – cartons et registres) correspond à un regroupement rapide effectué au XIXe siècle aux Archives nationales, selon quatre grandes catégories, Administration (O1* 2806 à O1* 2824), Comptabilité (O1* 2825 à O1* 2983), Pièces justificatives et minutes des dépenses de tout le département (O1* 2984 à O1* 3133) et Magasins (O1* 3134 à O1* 3276). À part quelques rares documents antérieurs au milieu du XVIIe siècle, les archives des Menus Plaisirs ne couvrent que la période 1667-1792. Il est difficile de ne pas voir dans ce terminus a quo le rôle majeur du grand commis de l’État Jean-Baptiste Colbert, secrétaire d’État de la Maison du roi (1669-1690), à qui l’on doit les premières initiatives réellement efficaces en faveur de la conservation des archives administratives.
23Les programmes du primaire et du secondaire qui insistent désormais sur l’éducation artistique et culturelle d’une part, et sur l’enseignement de l’histoire des arts d’autre part, trouvent à cette occasion une application très intéressante pour mieux aborder en particulier la thématique « Arts, États et pouvoir ».
24Pour les classes du primaire, il s’agit d’ateliers d’écriture, alliant français et histoire et ayant pour objet la mise en scène d’un passage de récit mythologique. Les élèves ont à prévoir le jeu des acteurs, recours aux accessoires et les « effets spéciaux », à la manière de documents de travail annotés de la main même des artistes, vus dans l’exposition. L’atelier Bal chez la princesse de Soubise, danse de couple et de représentation qui s’organise autour de la figure du Prince, permet aux élèves qui suivent la chorégraphie d’intégrer la notion de perspectives, qui sert la symbolique royale. Plusieurs documents, désormais mis en ligne dans la base Archim du site Internet des Archives nationales, traitent de « l’émergence du roi absolu21 » en cinquième et préparent l’étude des grandes puissances européennes en quatrième22. Les registres des « Menus Plaisirs » montrent, en effet, les décors de spectacles dansés auxquels le Roi-Soleil a pris part : les thématiques sont antiques ou empruntées aux romans de chevalerie et entendent exalter les vertus du « bon gouvernement », par le roi23. De même, la présence de la symbolique royale dans les arts montre également à quel point la monarchie émet un discours politique visant à se justifier. Deux dessins de Jean Bérain (1640-1711), qui se rapportent aux paix de Nimègue et de Ryswick conclues par Louis XIV avec les grandes puissances protestantes d’Europe, sont à cet égard saisissantes. Quand le peuple est convié à assister aux fêtes, la symbolique royale lui est ainsi expliquée.
25Pourtant ces projets de décors de spectacles, de fêtes et de cérémonies correspondent à des réalisations éphémères ou ne se sont jamais concrétisées, pas plus à Paris qu’à Versailles. Il était donc d’autant plus important, de la part des responsables de l’administration, d’en conserver la trace.
26L’implication du pouvoir royal a différentes finalités, qu’il convient de distinguer avec les élèves : offrir des divertissements auxquels les grands personnages de la cour et la famille royale participent, fixer les règles de chaque art en démonstration, dans le cadre d’académies progressivement mises en place après la fondation de l’Académie française en 1635, glorifier le souverain, bien sûr, mais aussi présenter la monarchie absolue comme indispensable à l’éclosion et au développement des arts, et la légitimer ainsi, comme le fait la famille de Soubise dans son hôtel.
Projet pour un décor de feu d’artifice chargé de célébrer la paix de Ryswick (décembre 1697-janvier 1698)
Jérôme de La Gorce
directeur de recherches au CNRS (UMR 8150, Centre André Chastel, CNRS/Paris IV)
Jean Berain, dessinateur de la Chambre et du Cabinet du roi, conçut de sa main, pour le Bureau de la ville de Paris, un projet vraisemblablement destiné à célébrer au début de l’année 1698 la paix qui suivit la signature du second traité de Ryswick entre la France, l’empereur Léopold Ier et le Saint-Empire romain germanique. Grâce à la Gazette de France du 11 janvier 1698 (no 2, p. 27), on sait qu’on « fit la publication » de cet événement, le 7 janvier, et qu’après un Te Deum chanté à Notre-Dame de Paris, un feu d’artifice fut tiré, le lendemain soir, devant l’hôtel de ville. Le décor réalisé pour ce spectacle, reproduit par l’estampe, et sa description diffusée auprès du public (Explication du Feu d’artifice, dressé devant l’Hôtel de Ville par les Ordres de Messieurs les Prévôts des Marchands et Eschevins de la Ville de Paris, 1698, 4 pages imprimées) ne correspondent malheureusement pas à ce qu’a proposé Berain. Cependant certains détails fournis par ces différentes sources laissent penser que ce dessin fut bien imaginé à la même occasion.
On y remarque l’importance accordée à l’aigle impériale, considérée, lors du divertissement donné à Paris, comme « symbole de la joie » ressentie par toute la terre à l’annonce de la réconciliation « entre la France et l’Empire ». Berain n’a cependant pas montré, comme le propose le programme officiel (voir l’Explication ci-dessus citée, p. 2), ce rapace en train de regarder le soleil, perché sur un globe sur lequel est écrit « je trouve mon repos dans leur intelligence ». Il s’en est servi d’une manière plus suggestive, voire plus subtile, le représentant avec deux autres comme des colombes, en train de voler au-dessus de la figure de la Paix, de laquelle semblent émaner les trois oiseaux. Cela n’empêche pas l’artiste de recourir à cet animal emblématique pour garnir les armes et supporter la couronne de l’Empire, placés en haut de l’édifice où trône l’allégorie bienfaitrice. Celle-ci, assise sur un piédestal, tenant une branche d’olivier à la main, paraît au milieu de cette construction éphémère, entourée de deux Renommées, dominant des captifs assis plus bas, aux angles du monument, devant des trophées d’armes.
Il convient enfin de remarquer, pour cette décoration à la fois héroïque et poétique, dessinée avec un goût exquis, qu’elle est placée sur des rochers, laissant supposer qu’elle devait servir à un feu d’artifice tiré sur la Seine. Une telle destination pourrait en effet expliquer le refus du projet de Berain, le mois de janvier n’étant guère propice à l’organisation de spectacles pyrotechniques sur les eaux du fleuve.
27L’influence italienne dans la création des décors, dont témoigne l’apparition du style rocaille aux côtés du classicisme versaillais, les innovations introduites par les artistes de « Menus Plaisirs », dont Jean Bérain (1640-1711), dans ce qui est l’élaboration d’un style français, sont des aspects pouvant être directement mis en relation avec la politique des princes de Soubise, dans l’esprit des programmes de la classe de quatrième.
28La découverte des décors du XVIIIe siècle répond également à la demande du public anglo-saxon qui étudie la France, en privilégiant le siècle des Lumières et la Révolution française. La présence, dans l’hôtel de Soubise, du classicisme emprunté à Versailles (dont témoigne notamment la structure de la chambre de parade de la princesse) aux côtés d’éléments des décors évoquant les Lumières, est une progression idéale d’un point de vue pédagogique. Des visites sont ainsi assurées aujourd’hui en anglais pour ces groupes scolaires étrangers, afin de les sensibiliser au patrimoine architectural du « Quadrilatère » des Archives nationales.
29Le lien organique entre l’institution et les hôtels de Soubise et de Rohan offre une palette, sans cesse renouvelée, d’ateliers consacrés aux « arts, témoins de l’histoire » à destination de publics variés.
Notes de bas de page
1 Les différents panneaux proviennent des appartements qui se déployaient rue des Archives, démolis en 1859 Leur remontage dans l’hôtel de Rohan est effectué en 1936-1937
2 Pour plus de détail sur l’histoire et l’architecture des hôtels de Soubise et de Rohan, on peut consulter les ouvrages suivants (liste établie par Aurélie Brun) :
Babelon J.-P., Les Archives nationales, notices sur les bâtiments, Paris, Imprimerie nationale, 1958.
Babelon J.-P, « Le Grand appartement du prince de Soubise », Cahiers de la Rotonde, no 5, Paris, Archives nationales, 1969
Béchu C. (dir), Les Archives nationales, des lieux pour l’histoire de France : bicentenaire d’une installation (1808-2008), Paris, 2008, 384 p
Béchu P., Taillard C., Les hôtels de Soubise et de Rohan Strasbourg, Paris, Somogy – Archives nationales, 2004
Borjon M., Leproux G.-M, « Gabriel Soulignac, architecte de la maison de Guise », Cahiers de la Rotonde, no 17, Paris, Archives nationales, 1996
Brun A., Des Guise aux Soubise : les décors successifs d’un hôtel princier entre 1688 et 1735, mémoire de Master II, dir. D. Rabreau et A. James-Sarazin, Université Paris I-Panthéon-Sorbonne, faculté d’histoire de l’art et d’architecture, Centre Ledoux, septembre 2007.
Guiffrey J., « Documents sur l’ancien hôtel de Soubise aujourd’hui palais des Archives nationales », Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France, Tome XLII, Paris, P. Renouard, 1915.
Langlois C.-V, Les hôtels de Clisson, de Guise et de Rohan-Soubise dans le Marais, Paris, J. Schemit, 1922.
Ranum P., « Feindre des poutres pour faire simettrie au vraye, La rénovation de l’hôtel de Guise 1666-1667 », Histoire et Archives, no 10, juillet-décembre 2001, Paris, SAAF/H Champion, 2001 Samaran C., « Primatice et les Guise d’après des documents inédits », Études Italiennes, Paris, E. Leroux, octobre 1921.
3 BOEN no 32 du 28 août 2008
4 Il s’agit des six domaines artistiques définis par le ministère de l’Éducation nationale dans le cadre de l’enseignement de l’histoire des arts (BOEN no 32 du 28 août 2008).
5 Le traditionnel questionnaire (QCM) distribué à l’entrée des musées pour aider à la « visite » des enfants a très rapidement été abandonné car peu constructif finalement pour leurs apprentissages.
6 Proposition faite à l’Assemblée nationale sur les poids et mesures par M. L’évêque d’Autun, Paris 1790 ; Tableau du nouveau système des poids et mesures et de leurs dénominations, annexé au décret de la Convention nationale du… juillet 1793, l’an 2 de la République, annexé au projet de décret sur l’uniformité et le système général des poids et mesures présentés à la Convention nationale au nom du Comité d’instruction publique par le citoyen Arbogast, député du Bas-Rhin (tous deux cotés, AD VIII 36d).
7 « Sisteme général des mesures républicaines déduites de la grandeur du méridien terrestre d’après les rapports et décrets des assemblées constituante, législative et conventionnelle » 4 brumaire an III [5 octobre 1794] (Ms lavis, NN 12/17).
8 Mesures à liquide, en étain, Paris, XVIIIe siècle : pinte (AE VI 21), chopine (AE VI 22), posson (AE VI 23) et demi-posson (AE VI 24), ainsi que les mesures étalon, vers 1800, à savoir kilogramme divisé en cuivre avec sa boîte (AE VI 28).
9 Tableau des anciennes mesures du département de la Seine, comparées aux mesures républicaines, an VII (AD VIII 37a p 41).
10 La charlotte dite « à la parisienne » est un dessert qui ne nécessite pas de cuisson, selon la recette d’Antonin Carême (1784-1833) Ce personnage est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’art culinaire au début du XIXe siècle Il fut, en particulier, apprenti chez le pâtissier de Talleyrand Dans son livre Parallèle de la cuisine ancienne et moderne (publié en 1822), il insiste sur le goût des familles princières pour les plaisirs de la table : il souligne ainsi le soin mis à l’art de la table chez les Soubise avec le recrutement d’un personnel nombreux et compétent (la maison du prince), le luxe des services, dans un décor somptueux.
11 Si, pour les grandes distances, on utilisait la lieue, pour mesurer un bâtiment, on préférait la toise, qui désignait à la fois l’unité de longueur et l’instrument de mesure Étymologiquement, la toise signifie « l’étendue des bras » et compte six pieds On l’utilisait pour mesurer la taille humaine (« passer sous la toise »), car presque personne ne dépassait cette unité Elle était matérialisée par une barre de fer fixée dans le mur du Châtelet de Paris, prétendument depuis Charlemagne, d’où son nom de toise du Châtelet et servait d’étalon aux drapiers En 1668, une nouvelle toise fut fixée qui servit en 1735 à fabriquer deux étalons, confiés à La Condamine et Maupertuis pour leur expédition de mesure du méridien au Pérou et en Laponie, d’où leurs noms de toise du Pérou et toise du Nord.
La toise du Châtelet étant déformée, celle du Nord endommagée, la toise du Pérou servit d’étalon à partir de 1766 et 80 copies en furent faites et expédiées dans les provinces Elle prit alors le nom de toise de l’Académie ou toise de Paris La toise se divise en 6 pieds, le pied en 12 pouces, le pouce enfin en 12 lignes Par ailleurs, on mesurait les surfaces en perche et en arpent (= 100 « perches carrées ») La perche du Roi, utilisée à Paris, valait 18 pieds de côté soit 324 « pieds carrés » (égale environ à 34,2 mètres carrés) Les arpenteurs utilisaient aussi la perche d’arpent, dite aussi perche des eaux et forêts, qui valait 22 pieds de côté soit environ 51,1 mètres carrés Les deux étaient utilisées en Île-de-France à l’époque moderne mais on privilégiait la perche du roi pour les mesures de bâtiments
12 En 1985, les Archives nationales ont acquis un lot de documents provenant de Pierre Dominique François Berthollet dit Campan, secrétaire du Cabinet de Marie-Antoinette à partir de 1778 (coté désormais 440 AP 2) ; en 1997 ont été préemptés par la direction des Archives de France les deux volumes du livre-journal de Madame Eloffe, l’une des principales « couturières-lingères » (marchandes de modes) de Marie-Antoinette (coté AB XIX 44121-2) ; en 2000, les Archives nationales ont acquis le livre-journal d’un important atelier d’orfèvrerie, tenu sans interruption de 1791 à 1802 (coté AB XIX 42221) S’ajoute à ce corpus un autre document précieux, la Gazette des atours de Marie-Antoinette (cote AE VI 2).
13 Cette exposition avait été conçue par la Section ancienne (le commissaire scientifique était Michèle Bimbenet-Privat, conservateur en chef) avec le concours du Département de l’action culturelle et éducative (sous la direction d’Ariane James-Sarazin) Un catalogue d’exposition a été publié Les atours de la Reine Art et commerce au service de Marie-Antoinette
14 Le relais a été pris par le lycée Paul-Poiret, en charge de la formation aux métiers de la mode et du costume, à Paris, puis par la société Au fil des contes
15 Les Archives nationales (à l’époque le Centre historique des Archives nationales) avait confié la programmation de concerts hebdomadaires à cette association Pour plus de précision, on peut consulter son site : http://www.jeunes-talents.org/
16 Le bal de la princesse a pu également être intégré aux manifestations culturelles comme Lire en fête ou Les journées du patrimoine.
17 James-Sarazin A., Castagnet V., « Un atelier éducatif du Centre historique des Archives nationales : bal chez la princesse de Rohan-Soubise », L’action éducative et culturelle des Archives. Actes du colloque de Lyon des 1er et 3 juin 2005, Paris, La Documentation française, 2007, p 265
18 Née en Angleterre, la contredanse traverse la Manche grâce au maître à danser anglais Isaac et se diffuse en Europe Outre-Manche, elle reprenait souvent des airs populaires et traditionnels anglais Cette danse connaît une très grande popularité en France au XVIIIe siècle, et devient, sous la pression de l’étiquette française, très stylisée : les Français créent ainsi vers 1740 la contredanse française, ancêtre du quadrille Sur un air à deux temps, elle utilise un pas de bourrée, auquel s’ajoute un demi-contretemps et un pas de gavote (mais ce peut, également, être un pas de menuet) Les couples sont disposés en carrés, et exécutent une contredanse issue du cotillon La contredanse est ainsi à la fois une danse de représentation et une danse de couple.
19 Le service éducatif a eu la surprise de découvrir que cet atelier Bal de la princesse a intéressé un enseignant en charge de publics d’origines culturelles diverses et issus d’un quartier socialement défavorisé ; l’objectif de sa visite était précisément l’apprentissage des règles de respect entre filles et garçons, à partir d’un exemple historique les invitant à renouer avec une réflexion aux accents très contemporains [ndlr].
20 Un catalogue a été réalisé à l’occasion de cette exposition, publié par les Archives nationales en partenariat avec les éditions Artlys.
21 BOEN spécial no 6 du 28 août 2008.
22 Idem.
23 Ces références sont aussi présentes dans la scénographie des ballets, opéras et pièces de théâtre.
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