Préface. L’hospitalité à l’épreuve de l’architecture et vice-versa

1Alors que l’hospitalité se définit comme la « libéralité qu’on exerce en recevant quelqu’un sous son toit, en le logeant gratuitement1 », la tentation est grande de ne l’envisager que comme une qualité ou une vertu personnelle ou institutionnelle, sans prêter attention à ses conditions matérielles d’exercice, pourtant bien précisées dans l’énoncé précédent. En effet, sans lieu pour accueillir, sans asile pour abriter, sans logis pour héberger, l’hospitalité ne peut tout simplement pas s’exercer. Ainsi est-elle toujours située, enchâssée dans des dispositifs spatiaux qui lui permettent de se déployer, comme vient le rappeler le terme d’hospice dont elle partage la racine. Et encore, faut-il faire un pas de plus en insistant sur la nature de cet ancrage spatial : l’hospitalité ne fait pas que s’exercer dans un espace, mais plus profondément dépend de cet espace et de ses qualités singulières. Autrement dit, l’espace n’est pas seulement pour l’hospitalité une forme a priori abstrait