1 Voir J. Scheid et al., Pour une archéologie du rite. Nouvelles perspectives de l’archéologie funéraire, Rome, 2008 (CEFR, 407).
2 J.-L. Schenck-David, Dis Manibus. Images et expressions de la mort dans le Comminges antique, Saint-Gaudens, 2016, Abelio, coll. « Histoire et Archéologie », p. 7-11.
3 Post Mortem, rites funéraires à Lugdunum. Catalogue d’exposition au musée gallo-romain de Lyon-Fourvière, 27 novembre 2009-3 mai 2010, 2009. Une présentation synthétique a été proposée sous forme d’entretien dans la revue Archeologia, n° 476, avril 2010, « Post Mortem… La mort à Lugdunum », p. 15-24, à laquelle nous empruntons, pour la conduite de cet exposé, les principales conclusions.
4 Discussions sémantiques autour des nécropoles, dans Post Mortem, rites funéraires à Lugdunum. Catalogue d’exposition au musée gallo-romain de Lyon-Fourvière, 27 novembre 2009-3 mai 2010, 2009, p. 86.
5 « Les espaces funéraires se composent de petits groupes de tombes juxtaposées ici et là sur une durée très variable, avec de nombreuses solutions de continuité… ils s’intercalent, au sein du suburbium, entre les activités économiques, artisanales voire entre des habitations, principalement en bordure de voies », dans Archeologia, n° 476, avril 2010, « Post Mortem… La mort à Lugdunum », p. 18.
6 P. Le Roux, « Les villes de la péninsule Ibérique romaine : un siècle d’historiographie », Espagnes romaines. L’empire dans ses provinces, Rennes, 2014, p. 189-209 et particulièrement p. 195 : « l’Antiquité romaine n’a pas connu, même à Rome, de “politiques de la ville”, telles qu’elles peuvent être pratiquées de nos jours. »
7 J. Scheid, « Contraria facere : renversements et déplacements dans les rites funéraires », Annali dell’Istituto Orientale di Napoli, 6, 1984, p. 117-139. L’évocation infra des étapes du déroulement de la cérémonie funéraire est directement tributaire de cette étude.
8 Cf. le portrait que dresse Suétone d’Auguste à la nouvelle du désastre de Varus à Teutobourg en 9 apr. J.-C. : « il laissa croître sa barbe et ses cheveux plusieurs mois de suite et il se frappait de temps en temps la tête contre la porte, en s’écriant : “Quinctilius Varus, rends-moi mes légions” » (Vie d’Auguste, 23).
9 P. Caillat, « Les dépôts de viande », p. 159 et M. Cabanis, « Les dépôts végétaux et préparations alimentaires », p. 160 dans Post Mortem, rites funéraires à Lugdunum. Catalogue d’exposition au musée gallo-romain de Lyon-Fourvière, 27 novembre 2009-3 mai 2010, 2009, identifient, à partir des apports de la zooarchéologie, les pièces de viande retenues de préférence pour le banquet funéraire.
10 Énéide, 6, 224-225 ; Florides, 19 signalés par J. Scheid, article cité, p. 129.
11 Cicéron, des Lois, 2, 57 ; Festus, p. 296-298L mentionnés par J. Scheid, article cité, p. 129.
12 J. Scheid, article cité, p. 122-123. Voir aussi « L’éclairage dans le cadre funéraire », dans Post Mortem, rites funéraires à Lugdunum. Catalogue d’exposition au musée gallo-romain de Lyon-Fourvière, 27 novembre 2009-3 mai 2010, 2009, p. 4.
13 Ch. Bonnet et A. Wittmann, « La vaisselle des vivants », p. 163 ; Ch. Bonnet, « Dépôts de vases sur une tombe-bûcher », Post Mortem, rites funéraires à Lugdunum. Catalogue d’exposition au musée gallo-romain de Lyon-Fourvière, 27 novembre 2009-3 mai 2010, 2009, p. 158.
14 Ch. Bonnet, « Vases-ossuaires à Lyon », Post Mortem, rites funéraires à Lugdunum. Catalogue d’exposition au musée gallo-romain de Lyon-Fourvière, 27 novembre 2009-3 mai 2010, 2009, p. 166.
15 M. Bettini, « Dai parentes ai “parenti” italiani », dans Affari di famiglia. La parentela nella letteratura e nella cultura antica, Bologne, 2009, p. 127-137.
16 Ovide, Fastes, II, 533-570.
17 Ces résultats sont confirmés sur d’autres sites, si bien que la situation lyonnaise semble de moins en moins être un cas isolé. Lire par exemple les récentes conclusions pour la cité de Barcino (Barcelone) tirées par D. Gorostidi Pi, J. López Vilar, « Las cupae de la Hispania Citerior : reflexiones sobre su origen y sobre el caso de Barcino », dans J. Andreu Pintado, Las cupae hispanas : origen, difusión, uso, tipología, Tudela, 2012, p. 25-76.
18 M. Vovelle, « A century and one-half of American epitaphs (1660-1813) : toward the study of collective attitudes about death », Comparative Studies in Society and History, 22, 1980, p. 534-547.
19 Voir l’enquête de M. Carroll, « No part in earthly things ». The Death, Burial and Commemoration of Newborn Children and Infants in Roman Italy, dans M. Harlow, L. Larsson Lovén, Families in the Roman and Late Antique World, Continuum, 2012, p. 41-63.
20 « Ce qui est nouveau avec l’époque romaine, c’est que les symboles de statut sortent de terre : l’investissement porte sur les monuments et les stèles, non plus sur la destruction d’un mobilier prestigieux ou des sacrifices en masse d’animaux, à la différence des tombes gauloises », dans Archeologia, n° 476, avril 2010, « Post Mortem… La mort à Lugdunum », p. 24.
21 C’est par exemple le cas des stèles à portrait de Mérida, capitale de Lusitanie, où le modèle est arrivé au IIe siècle apr. J.-C. en provenance d’Italie, et fut adopté notamment par les affranchis vraisemblablement désireux d’affirmer leur position sociale : J. Edmondson, T. Nogales Basarrate et W. Trillmich, Imagen y memoria. Monumentos funerarios con retratos en la colonia Augusta Emerita, Madrid, 2001.
22 Voir Y. Duval, Loca Sanctorum Africae. Le culte des martyrs en Afrique du IVe au VIIe siècle, Rome, 1962.
23 La chronologie est établie à partir de l’iconographie et du formulaire : la consécration à la memoria du défunt (voir la traduction de l’inscription infra et la note 29 pour le texte latin) apparaît plus tôt en Italie et à Rome que dans les provinces.
24 Découvert en 1690 par le prieur Stefano Gerbaldi dans le territoire de Romanisio, le monument a été transporté à Fossano puis emmuré chez Gerbaldi ; en 1762, il fut déplacé à Turin et exposé dans le hall de l’université ; finalement il fut déposé au Musée de l’Antiquité de Turin.
25 Pour une description plus détaillée de l’iconographie de l’inscription, L. Mercando, G. Paci, Stele romane in Piemonte, Rome, 1998, p. 131-132, n° 63 et G. Mennella, E. Bernardini, Regio IX : Liguria, Pollentia, dans Supplementa Italica. Nuova serie, 19, Rome, 2002, p. 157, n° 190. Pour une comparaison avec d’autres inscriptions de seviri de la regio IX, V. Pettirossi, Il seviro augustale e il suo monumento nella IX Regio, Rivista di Studi Liguri, LXXII-LXXIII, 2006-2007, p. 35-90.
26 La typologie iconographique de l’individu sur la kliné et du serviteur à ses côtés tire son origine des répertoires grecs et compte plusieurs exemples en Cisalpine au Ier siècle apr. J.-C. et aux époques suivantes : C. Compostella, Banchetti pubblici e banchetti privati nell’iconografia funeraria romana del I secolo d.C., MEFRA, n° 104, 2, 1992, p. 659.
27 Sur les banquets funéraires et la participation rituelle du défunt, J. M. C. Toynbee, Morte e sepoltura nel modo romano, Rome, 1993, p. 50 et suiv.
28 L. Mercando, G. Paci, Stele romane in Piemonte, Rome, 1998, p. 103.
29 Voir J. Scheid, Iusta facere : le culte des morts dans l’Italie antique et dans les provinces septentrionales de l’empire (www.college-de-france/fr/site/john-scheid/course-2011-2012).
30 J. M. C. Toynbee, Morte e sepoltura nel modo romano, Rome, 1993, p. 19 et suiv.
31 V(ivus) f(ecit) | Q(uintus) Minicius | Faber | ab asse qu(a)esitum | VIvir Aug(ustalis) | recuie (sic) et memoriae | diuturnae | Lolliae Severae | uxsori Festae f(iliae) | M(arco) filio Salvillo f(ilio) | Messori f(ilio) | Flaviae Priscae uxsori | P(ublius) Minicius Marmuris | quram hegit (sic)/ [I]n fr(onte) p(edes) L in ag(ro) p(edes) L.
32 Sur ce point, voir désormais N. Mathieu, L’épitaphe et la mémoire : parenté et identité sociale dans les Gaules et Germanies romaines, Rennes, PUR, 2011.
33 La formule ne semble pas avoir de véritables parallèles dans la production épigraphique romaine. Dans la regio IX, il y a environ cinquante attestations de la formule « Hic requiescit bonae memoriae », dont notre texte donne une version nominale. Recuie au lieu de requiei ne semble pas être attesté ailleurs, à l’exception d’une inscription de Vénétie, où l’on rencontre le verbe « recuiescit » (IAquil, 3, 3014). L’adjectif « diuturna » n’est pas normalement combiné avec « memoria », tandis que l’on dispose d’une attestation de l’expression « quies diuturna » (AE, 1922, 25) et plusieurs de « memoria aeterna ».
34 J. M. C. Toynbee, Morte e sepoltura nel modo romano, Rome, 1993, p. 19 et suiv.
35 Voir supra. Le mot grec necropolis, ville des morts, devient pour les chrétiens le cimetière, dérivé du verbe grec qui signifie « dormir », en relation avec l’idée chrétienne de vie ultraterrestre.
36 J. M. C. Toynbee, Morte e sepoltura nel modo romano, Rome, 1993, p. 19.
37 L’énumération des membres de la famille a, par exemple chez les affranchis, une valeur sociale voire communautaire (au sens de la réunion dans la tombe de tous les membres d’une même communauté familiale) comme l’ont bien montré les travaux de J. Edmondson pour les inscriptions de Mérida en Lusitanie (voir supra note 19, par exemple).
38 La fonction de sevir Augustalis était probablement exercée par Minicius Faber dans la ville de Pollentia, dans le territoire de Fossano, où l’inscription a été découverte. À ce jour ont été trouvées cinq attestations de seviri sur le territoire de Pollentia : deux seviri Augustales, deux seviri nude dicti et un magister Augustalis, fonctions qui sont présentes aussi dans les inscriptions de la région. En Italie, l’origine souvent mixte de ces seviri, affranchis ou ingénus, ne nous permet pas d’obtenir d’information sûre concernant la condition de Minicius Faber, mais l’onomastique familiale, entre autres, plaide plutôt pour son origine servile.
39 La seconde provient du sud de l’Italie et la dédicante est une femme. CIL, IX, 2029 : Vibia L(uci) l(iberta) Chresta mon(umentum) | fecit sibi et suis et C(aio) Rustio | C(ai) l(iberto) Thalasso filio et Vibiae |(mulieris) l(ibertae) Calybeni libertae Lenae | ab asse quaesitum lucro suo sine | fraude aliorum h(oc) m(onumentum) h(eredem) n(on) s(equetur).
40 G. F. G. Bagnolo (Della gente Curzia e dell’età di Q. Curzio l’istorico, Bologne, 1741, p. 45) croyait qu’il s’agissait d’un cognomen indiquant un travail où il était nécessaire de manipuler des as ; G. Furlanetto (Appendix Lexici totius latinitatis ab Aegidio Forcellino elucubrati et in tertia editione patavina ab Josepho Furlanetto aucti et emendati, dans Giornale dell’Imperiale Regio Istituto lombardo di scienze, lettere ed arti e biblioteca italiana compilata da vari dotti nazionali e stranieri, Tomo 2, Fascicolo 5, Padoue, 1841, p. 17 s.v. as) pensait qu’il y avait une référence à de l’argent gagné par la prostitution ; selon C. Promis (Storia dell’Antica Torino, 1869), il s’agissait d’argent gagné par le commerce et Minicius Faber aurait été nommé sevir Augustalis parce qu’il était riche. Selon Vollmer (Thesaurus Linguae Latinae, s.v. as, col. 746), le texte signifiait que Minicius n’avait demandé d’argent à personne pour réaliser le monument. E. De Ruggiero (Dizionario epigrafico di Antichità romane, s.v. as (ab asse), Rome, I, 1895, p. 712) comprenait que le monument n’avait pas coûté cher. H. Gummerus (« Darstellungen aus dem Handwerk auf römischen Grab-und Votivsteinen in Italien », Jahrbuch des deutschen Archäologischen Institut, 28, 1913, p. 63-126, p. 91) croyait que la sépulture avait été faite sur un terrain indivis, en supposant que le mot locum était sous-entendu avec quesitum et que la formule ab asse équivalait à ex asse. G. B. Roggia, dans un article dédié à l’inscription (« La lapide funeraria di Q. Minicio e la stazione romana di Romanisio », Bollettino della R. Dep. Subalpina di Storia Patria, Sez. Cuneo, 21, 1942, p. 43-51), interprète la formule comme « réalisée avec son patrimoine ». A. Ferrua dans Inscriptiones Italiae (IX, 1, Rome, 1948, n° 190) dit seulement « intellege monumentum hoc faciendum curavit ». G. Nenci, Ab asse quaesitum, dans Rivista di Filologia e d’Istruzione Classica, s. III, vol. 92, 1964, p. 331-333, supposait que la formule était une expression populaire pour dire que le monument avait été « messo insieme asse su asse, vale a dire soldo su soldo, dal nulla » (p. 333) et cette interprétation semble être confirmée par l’inscription de Bénévent (voir supra note 37) qui présente la même formule. Même si G. Nenci avait probablement raison, des recherches récentes ont proposé de nouvelles interprétations du texte : L. Schumacher, dans son ouvrage Sklaverei in der Antike : Alltag und Schicksal der Unfreien, Munich, 2001, p. 234, en parlant de l’inscription de Bénévent écrit que la formule se référait à de l’argent gagné grâce à la prostitution, comme l’avait déjà proposé Furlanetto. En 2008, U. Fellmeth a publié une recherche sur l’économie dans l’Antiquité ou il écrit que, dans l’inscription de Minicius Faber, « ab asse quesitum » indiquait une position sociale et économique modeste et que Faber avait connu une ascension sociale en arrivant à devenir sevir Augustalis (Pecunia non olet. Die Wirtschaft der antiken Welt, Darmstadt, 2008). Néanmoins, la théorie de G. Nenci semble être la plus satisfaisante, comme l’atteste aussi l’inscription de Bénévent.
41 43, 1.
42 Voir Th. Mommsen, Gesammelte Schriften. vol. 7 – Philologische Schriften, Berlin 1909, p. 204.
43 Même si Paul Veyne n’emploie pas l’expression, elle correspond bien à la description qu’il fait des affranchis, de la race de Trimalcion : « Or, nos affranchis, s’ils ont des ressources au départ, n’ont pas de métier à continuer ; ils ne sont pas soumis à un contexte. Ce sont des déracinés de vocation, des êtres marginaux. Ils sont condamnés à tirer d’eux-mêmes la règle de leur action, à inventer et à réaliser des combinaisons neuves » (Vie de Trimalcion, Annales ESC, 1961, 16, p. 228).
44 La dimension de la zone de sépulture semble être jusqu’ici la troisième plus grande de la région : seules deux autres de 100 pieds de large la dépassent (AE, 1994, 646 ; CIL, V, 73). Cela confirme le prestige et la richesse accumulés par Minicius Faber.
45 C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la présence de P. Minicius Marmuris comme curateur de l’inscription : il utilise l’inscription funéraire de Q. Minicius Faber pour conférer l’éternité à son nom. La présence de u(iuus) f(ecit) au début de l’inscription peut être reliée à ce même P. Minicius qui est le dédicant de l’inscription, dont la dernière ligne suggère qu’elle a été réalisée après la mort de Q. Minicius.