Recherche et Développement Durable : l’utopie d’une approche systémique ?
p. 123-144
Texte intégral
1En quoi le concept de développement durable a-t-il contribué à structurer la recherche ? Et comment cette dernière s’est-elle organisée pour y faire écho ? On peut poser également la question inverse : comment le développement des connaissances scientifiques a-t-il contribué à faire émerger le concept de développement durable ? C’est dans cette itération entre recherche et questionnement qu’il faut rechercher les éléments qui permettent de comprendre l’évolution des concepts, des programmes, mais aussi les héritages et les pesanteurs, pour ne pas dire les freins, qui peuvent intervenir sur l’évolution de la recherche française dans ce domaine.
2L’apparition du concept du DD dans l’espace scientifique s’est fait dans un contexte intellectuel et opérationnel particulier, dans un environnement culturel, économique et scientifique en pleine évolution. L’histoire des sciences insiste sur la prééminence des questions techniques comme mode de compréhension et de résolution des questions sociales. Elle s’inscrit en outre dans une vision positive du progrès de l’espèce humaine, à laquelle a été associée l’idée du développement (axe structurant de notre rapport à l’économique, mais aussi à la conception même de la création intellectuelle). Le développement a ouvert la voie à la « mondialisation », avec la globalisation des marchés. Le développement durable apparaît comme une réponse politique, permettant de concilier les impératifs du développement économique avec l’avancée des savoirs (scientifiques et techniques), mais aussi la revendication d’un meilleur environnement par les sociétés occidentales en particulier.
3En soi, le développement durable est tout à la fois porteur d’une vision conforme aux schémas actuels de la croissance (Edgard Morin, Le Monde, 26 mars 2002), mais aussi potentiellement porteur d’une option critique face aux conséquences de ces choix (Jollivet, 1998). La problématique du développement durable remplacerait ainsi, d’une certaine manière, la notion de progrès comme utopie constructive. Elle oblige les sciences de la nature à se rapprocher de la société. Elle pose en filigrane la question : comment utiliser les connaissances disponibles pour que la société puisse envisager des modes alternatifs de développement. D’un côté, les politiques qu’elles soient locales, nationales, ou internationales se parent désormais du qualificatif « durable », ce qui n’est pas sans faire penser à une démarche de type « politiquement correct ». À l’inverse les « sceptiques » estiment qu’il s’agit au mieux d’une coquille vide, d’un oxymore (Latouche, 2003), d’un affichage moderniste qui ne change rien aux pratiques polluantes ou consommatrices de territoires, ni à la permanence des pratiques et des rapports de pouvoir (Lascoumes, 2002). Peut-on penser que cette nouvelle référence va entraîner des changements fondamentaux dans l’exercice des responsabilités économiques et politiques en matière de développement ? « L’unanimité est toujours suspecte car elle dissimule la complexité du réel, la multiplicité des perceptions, les affrontements d’intérêts et l’hétérogénéité des stratégies des acteurs concernés. La belle unanimité qui accompagne depuis dix ans les politiques dites de développement durable mérite d’être sérieusement interrogée » (Lascoumes, 2002).
4L’apparent consensus politique et médiatique autour du développement durable contraste néanmoins avec les controverses que cette notion suscite dans les milieux scientifiques. Cependant, l’émergence des réflexions liées à la durabilité au niveau international a engendré une évolution dans les perceptions scientifiques. Comment dès lors apprécier actuellement la manière dont les disciplines scientifiques, mais aussi les organismes institutionnels de la recherche française, se sont appropriés la thématique du développement durable ?
1. Contexte scientifique préalable à l’intégration de la notion de développement durable
1.1. Le temps des disciplines
5La recherche en France et dans la majeure partie du monde est depuis longtemps structurée autour de disciplines. Chacune a développé ses paradigmes, c’est-à-dire un ensemble d’hypothèses et de théories partagées par les membres de la communauté scientifique concernée, ainsi que de méthodes et de techniques nécessaires à leur application. C’est ce que Kuhn (1983) a nommé la « matrice disciplinaire ». Les paradigmes gouvernent la manière dont le scientifique pense et interprète les résultats de ses expériences.
6Cette organisation en disciplines est l’héritage du positivisme. Elle marque non seulement la recherche mais l’enseignement. Loin de la vision humaniste du siècle des Lumières, elle privilégie la vision sectorielle à l’approche systémique. Cette organisation génère tout naturellement au sein des sciences de la nature une approche sectorielle de questions souvent complexes lorsqu’elles concernent l’environnement. « La clé de la science c’est le réductionnisme, le découpage de la nature en ses constituants naturels » (Wilson, 2000). Le réductionnisme est perçu comme la méthode qui permet de comprendre la complexité du monde qui a toujours fasciné les scientifiques.
7Sur le plan épistémologique le réductionnisme part d’un principe simple : le comportement de tout système peut être expliqué par les propriétés de ses parties. L’idée sous-jacente est que l’on pourra, le moment venu, construire une cathédrale dont les plans auront été établis par des théoriciens, en utilisant les briques qui auront été fabriquées à partir des observations ou des résultats expérimentaux des scientifiques de terrain. Cette démarche est celle des « bâtisseurs de cathédrales » (Peters, 1991). Le réductionnisme reflète l’espoir que derrière la complexité de la nature se cache une belle simplicité, et que la mise en évidence d’un nombre restreint de lois fondamentales pourra expliquer l’ensemble des phénomènes.
8Cette période se caractérise dans la recherche par la tranquille ignorance des autres disciplines sachant, par ailleurs, que les méthodes d’acquisition, de gestion et de traitement de l’information sont encore rudimentaires. Face à une telle construction scientifique, comment est appréhendée la question de l’environnement, puis plus généralement, celle du développement durable ?
1.2. La lente prise en compte des implications sociales et politiques de « l’environnement »
9Le terme « environment » utilisé par les auteurs anglais dès le XIXe siècle est largement employé pour qualifier ce qui est autour d’un organisme vivant. Cet environnement est l’ensemble des facteurs physiques, chimiques, et biologiques qui sont susceptibles d’avoir un effet direct ou indirect sur les êtres vivants, au sens large, l’homme y compris. En français on a longtemps employé le terme de « milieu » qui continue à être utilisé plus ou moins parallèlement à celui d’environnement.
10Au cours des années 1960, la science écologique s’est trouvée confrontée aux problèmes posés par les conséquences indésirables du développement des sociétés industrielles, avec son cortège de dégâts et de déchets. Pendant longtemps, la politique de l’environnement a longtemps été confondue avec celle de l’hygiène ou de la santé. La découverte des nuisances industrielles apparaît dès le XVIIIe, avec la multiplication de conflits d’usagers entre riverains incommodés et entreprises industrielles. Dans l’Europe du XIXe siècle, l’hygiénisme naissant va s’efforcer de combattre les miasmes, ces émanations putrides susceptibles de tout imprégner. À partir des années 1960, le mouvement écologique se constitue par rapport aux dégradations visibles du monde vécu : la destruction des forêts, la construction des aéroports et des infrastructures routières qui morcellent le paysage, les effets du ddt qui ravage les campagnes, la disparition de certaines espèces, etc. Au cours de cette période, on est ainsi passé d’un sentiment assez flou d’une « dégradation de l’environnement » à des préoccupations beaucoup plus explicites telles que les conséquences de la pollution de l’air et de l’eau, des accidents industriels majeurs, de la destruction de la couche d’ozone, etc. Ce n’est plus le milieu naturel lui-même que l’on cherche à étudier, mais des aspects cliniques (dysfonctionnements) pour lesquels on tente d’apporter des remèdes par voie de réglementation et de normes. Ce n’est plus une nature immanente qui est menacée, mais c’est l’avenir de l’homme qui est en jeu, à travers la reconnaissance des interactions et des liens de dépendance réciproque entre les activités humaines et les milieux naturels. Le tournant des années 70 est une période charnière au cours de laquelle les représentations des rapports de l’homme à l’environnement vont se transformer. Les premières manifestations sur le thème « nous détruisons la nature » se cristalliseront autour du dogme de la croissance zéro véhiculé par le Club de Rome.
11Dès les années 1970, sous l’influence anglo-saxonne, la notion d’environnement prend le sens plus restrictif d’environnement de l’homme. Il ne s’agit plus de s’intéresser aux relations du monde vivant avec le milieu externe, mais exclusivement à celles de l’homme avec le milieu dans lequel il vit. L’environnement n’est plus considéré comme une liste d’objets naturels, mais comme un système de relations entre l’homme et son milieu, souvent de nature conflictuelle, ce qui nécessite des arbitrages au niveau de la société. Le contexte historique, riche en événements traumatiques (pollution au mercure à Minimata, marée noire du Torrey Canyon, etc.), explique une telle prise en considération : l’accident est alors perçu comme symbole des dysfonctionnements et impasses des sociétés productivistes (critique de la société de consommation, de l’urbanisation hâtive, du travail parcellisé…). Le rapport Meadows (1972) synthétise les débats de l’époque ; il conclut que la continuation du rythme de croissance économique et démographique fait peser des menaces graves sur l’état de la planète et sur la survie de l’espèce humaine. Il insiste sur la nécessité de concevoir le développement de l’humanité dans le cadre d’une approche systémique globale. Les conclusions vont avoir un retentissement considérable et hautement controversé : seul un « état d’équilibre », avec le maintien d’un niveau constant de population et de capital, peut permettre d’éviter la catastrophe qui guette l’humanité. Connues sous la théorie de la « croissance zéro », ces propositions malthusiennes sont jugées irrecevables par les politiques, les scientifiques et les médias. Un débat, en partie idéologique, structure une opposition, toujours vivace de nos jours, entre ceux qui considèrent que l’environnement est celui de l’ensemble des espèces vivantes (l’homme y compris) à ceux pour qui l’environnement est celui de l’homme sensu stricto.
1.3. Un élargissement théorique de la réflexion scientifique
12On observe l’émergence à partir des années soixante de nouvelles disciplines scientifiques, dont l’écologie, avec la montée en puissance du concept d’écosystème (de Rosnay, 1975 ; Lévêque, 2001). Ces travaux inspireront les réflexions des philosophes et de chercheurs (Lovelock, 1979) qui transposeront ce raisonnement systémique à l’échelle de la planète (Gaïa).
13Par ailleurs, le début des années 70 marque aussi l’ouverture d’une période de réunions internationales, ainsi que d’élaboration de rapports et de doctrines sur l’environnement, qui n’a fait que se renforcer depuis lors. Ces rencontres vont contribuer à élargir le domaine d’investigation des disciplines scientifiques consacrées aux analyses des questions environnementales et du développement. La conférence de Stockholm sur l’environnement humain 1972, première conférence mondiale sur l’environnement à laquelle participèrent 113 pays, va légitimer le principe d’un rapprochement entre les disciplines s’interrogeant sur les conséquences du développement économique ; économistes et sociologues s’interrogent sur la compatibilité de l’équité sociale et la croissance (notion d’écodéveloppement, reprise par Ignacy Sachs et Maurice Strong). En 1987, la Commission mondiale pour l’Environnement et le Développement présidée par Gro Harlem Bruntland préconise de retrouver un équilibre entre croissance économique et maintien du fonctionnement des écosystèmes, de façon à ce que les ressources naturelles puissent soutenir la croissance à long terme. Cette vision du développement durable va s’accentuer avec la conférence de Rio (1992) que le rapport Brundtland avait contribué à préparer. Rio a donné naissance à une définition extensive du développement durable allant bien au-delà des rapports de l’environnement et du développement en englobant les rapports nord-sud, la lutte contre la pauvreté, les droits de la femme, l’équité sociale, etc.
14La Conférence sur l’Environnement et le Développement, appelée « Sommet de la planète Terre », a constitué une étape décisive dans l’engagement des pays en faveur du développement durable et dans l’expression des finalités et principes fondateurs de ce concept. Elle a mis en valeur l’idée selon laquelle « le monde se localise en même temps qu’il se mondialise ». La Conférence a vu l’adoption de conventions-cadres, qui confirmaient l’engagement des États à affronter les enjeux environnementaux planétaires1. Rio s’est aussi concrétisé par l’adoption de la Déclaration sur l’Environnement et le Développement, et de la Déclaration de principes relatifs aux forêts et la promotion de nouveaux principes2.
15Cette volonté a trouvé un prolongement dans un catalogue de programmes de travail : l’Agenda 21. La science, en général, est désignée comme un partenaire incontournable dans ce processus.
Extraits du chapitre 35 de l’Agenda 21 – La science au service d’un développement durable
• paragraphe 35.1
« Les sciences devraient notamment fournir l’information nécessaire pour améliorer la formulation et la sélection des politiques d’environnement et de développement en vue de la prise de décisions. Pour satisfaire cette exigence, il sera indispensable de promouvoir l’intelligence des questions scientifiques, d’améliorer les évaluations scientifiques à long terme, de renforcer les capacités scientifiques de tous les pays et de faire en sorte que les sciences sachent s’adapter aux besoins naissants ».
• paragraphe 35.2
« Les sciences devraient continuer à jouer un rôle de plus en plus important pour permettre d’utiliser plus efficacement les ressources et de trouver de nouvelles méthodes, ressources et modalités de développement. Il faut que les sciences visent constamment à contrôler l’utilisation des ressources et à favoriser les efforts tendant à les utiliser de façon moins intensive ….. »
• paragraphe 35.3
« Les connaissances scientifiques doivent être appliquées à la formulation des objectifs et mises au service des buts du développement durable sous la forme d’évaluations scientifiques de la situation actuelle et des perspectives d’avenir du système planète Terre. Ces évaluations… doivent être utilisées lors de la prise des décisions et dans le cadre de l’interaction entre les sciences et l’élaboration des politiques. »
Face à la menace d’une dégradation irréversible de l’environnement,…. le principe de précaution pourrait servir de base à des politiques touchant des systèmes complexes qui ne sont pas encore bien compris et dont on ne peut encore prévoir quelles conséquences auront leurs perturbations. »
16Cette période voit émerger sur le plan scientifique nombre de thématiques nouvelles dont l’un des objectifs déclarés est de caractériser, comprendre et gérer les conséquences des activités humaines sur l’environnement (les « impacts »), et de proposer des mesures pour y remédier. On privilégie une approche « clinique » de l’environnement, avec identification des symptômes, établissement des diagnostics, élaboration des mesures préventives ou curatives.
L’écotoxicologie est une des ces disciplines qui va connaître son heure de gloire après la mise en évidence des effets du DDT sur les organismes vivants et les chaînes alimentaires. Dans un domaine assez proche, les recherches sur l’eutrophisation des eaux sous l’effet des rejets domestiques et agricoles chargés en azote et en phosphore donneront lieux à des débats passionnés entre les lessiviers et les écologistes.
L’économie de l’environnement, science naissante, parle des biens et des services produits par les milieux naturels. Ainsi l’environnement est perçu comme un ensemble de ressources utiles au bien-être de l’humanité qui sont exploitées avec plus ou moins de discernement ; l’objectif est de parvenir à une gestion rationnelle qui préserve les possibilités de renouvellement de ces ressources.
Dans le domaine des ressources vivantes, on voit se développer parallèlement les recherches portant sur la gestion rationnelle des ressources. L’halieutique en particulier développe cette thématique qui prétendait conduire à rationaliser les prélèvements sur des bases scientifiques.
La biologie de la conservation connaît alors son essor. C’est une science pour l’action qualifiée par certains de « crisis science », qui vise à mobiliser les connaissances scientifiques pour proposer des mesures de conservation et de restauration des écosystèmes.
17Par ailleurs, les années 1980 permettent aussi bien aux chercheurs, gestionnaires et politiques qu’au public de prendre conscience de l’existence de pollutions transfrontières et de phénomènes qui se manifestent maintenant à l’échelle planétaire tels que le « trou » dans la couche d’ozone, les pluies acides, la désertification, l’effet de serre, la déforestation… Le champ de l’environnement longtemps circonscrit aux échelles locales voire régionales, se caractérise depuis quelques décennies par une globalisation des phénomènes qui concernent maintenant l’échelle planétaire. En réalité, les principales questions qui se posent dans le domaine de l’environnement de l’homme peuvent se décliner à différentes échelles de temps et d’espace. Les interactions fortes entre les différents niveaux de la hiérarchie spatiale aboutissent à l’idée selon laquelle des processus locaux sont à l’origine de phénomènes globaux (chacun participe à l’effet de serre en consommant des combustibles fossiles) et qu’inversement, des processus à l’échelle globale ont des effets et des échelles régionales et locales (conséquences des changements climatiques, des pollutions, etc.). Mais on ne peut concevoir la dynamique de systèmes locaux sans l’inclure dans un système plus large d’interactions.
Figure 1 : Modèle conceptuel illustrant les effets directs et indirects des activités anthropiques sur la biosphère modifié d’après Lubchenko et al. (1991).

2. La rencontre inachevée des sciences et du développement durable
18Comme nous venons de le présenter brièvement, le contexte international, à la fois politique et scientifique, amorce une compréhension élargie des questions écologiques. Les politiques scientifiques françaises ont-elles pris toute la mesure de cette évolution, notamment au regard des enjeux méthodologiques des réflexions autour du développement durable ?
2.1. La timide montée en puissance de l’approche systémique et de la multidisciplinarité
19Après la seconde guerre mondiale, l’écologie se développe autour du concept d’écosystème, vu comme un système d’interactions entre les êtres vivants et le milieu physico chimique. C’est sur cette base que le Programme Biologique International (PBI) a connu un succès considérable auprès des scientifiques du monde entier entre 1964 et 1974. Il avait pour objectif la compréhension du fonctionnement et la comparaison des grands types d’écosystèmes mondiaux, l’accent étant mis en particulier sur la productivité biologique de ces écosystèmes. Il a été mis en place sous l’égide de International Council for Science (ICSU). Il a été le premier programme d’envergure à mobiliser des équipes multidisciplinaires autour des objets de recherche que sont les écosystèmes. Ce fut un réel succès tant sur le plan de la mobilisation des scientifiques que des résultats et de la diffusion des idées sur le fonctionnement de systèmes.
20Cependant, le Programme Biologique International ignorait l’aspect humain, non pas tant de manière délibérée, mais parce qu’à cette époque on cherchait des situations peu anthropisées pour mettre en évidence des lois de fonctionnement d’écosystèmes. Le Programme sur l’Homme et la Biosphère de l’UNESCO (plus connu sous le nom de MAB) qui va prendre la suite du PBI au milieu des années 1970, mais sous l’égide de l’UNESCO, donne une autre perspective à cette approche écosystémique en cherchant à intégrer les considérations économiques et sociales aux sciences de la nature. Il privilégie, en théorie, une approche holistique et interdisciplinaire, mais il n’a pas connu le succès du PBI. Trop en avance sur les idées du temps ? Dans les faits le résultat le plus marquant du MAB a été le réseau des réserves de la Biosphère qui se présentent comme des plates-formes de recherche et de démonstration pour une cohabitation entre la conservation et le développement. Nous sommes en réalité dans la logique opérationnelle du développement durable (voir Conférence de Séville).
21Vers la fin des années 1970, on commence ainsi à prendre conscience que beaucoup de questionnements relatifs à l’environnement ne peuvent trouver de réponse par la seule approche sectorielle. L’écologie française sort avec un certain brio du PBI et se cherche un nouveau souffle. La sensibilité écologique internationale est celle du MAB. Le CNRS fait véritablement figure de pionnier en la matière, avec la mise en place du Programme Interdisciplinaire de Recherche sur l’Environnement (1979-1989, voir Jollivet, 2001), alors que le Comité EGPN (Étude et gestion du patrimoine naturel) du ministère de l’environnement lance le slogan « connaître pour mieux gérer ». Quand le CNRS a créé le premier Programme interdisciplinaire sur l’environnement, il a créé presque aussitôt des programmes semblables sur l’énergie solaire (le PIRDES), les médicaments (PIRMED), l’océan (PIROCEAN) les matériaux (PIRMAT). Il faut sans doute y voir un héritage de l’action de la Délégation générale à la recherche scientifique et technique (DGRST). Ces structures transversales se sont révélées assez difficiles à gérer à terme, notamment pour des raisons de conflits d’intérêts avec les départements scientifiques.
22Cependant, la voie du MAB, jugée trop « holistique » et interdisciplinaire, est rapidement abandonnée par l’écologie française qui se recentre sur la dynamique des populations et des écosystèmes. Plusieurs raisons à cela, dont notamment l’absence de politique et de financement en matière d’équipements lourds, d’études à long terme, de promotion d’une recherche multidisciplinaire et systémique. On peut dire que la recherche française n’a pas pu, ou pas su utiliser l’acquis du PBI pour mettre en place l’équivalent des LTER (Long Term Ecological Research) nord américains qui ont constitué la suite logique du PBI.
2.1. Les conséquences de Rio en matière de recherche
23Dans la foulée de Rio, les scientifiques essaient de faire bouger le système, notamment sur la thématique biodiversité, mais aussi sur les différents aspects de l’usage et de la gestion des écosystèmes et des ressources naturelles. Alors que durant des siècles les gestionnaires avaient œuvré pour réduire ou atténuer la variabilité des phénomènes naturels, l’écologie redécouvre que la variabilité et l’hétérogénéité sont les moteurs de l’évolution.
24Soulignons brièvement quelques points essentiels pour la recherche qui émergent de cette dernière décennie du XXe siècle :
Le développement considérable des outils d’acquisition (satellites, capteurs, etc), de traitement des données (SIG, modèlisation, etc.), et des analyses chimiques et biologiques. Ce développement d’outils ouvre de nouvelles perspectives à la recherche, notamment pour les programmes de dimension planétaire. On voit donc se développer rapidement la modélisation en matière de climat par exemple. D’autre part les performances de plus en plus grandes de l’analyse chimique permettent de mettre en évidence des éléments traces insoupçonnés jusque-là et pose la question nouvelle des expositions chroniques aux faibles doses, des mimétiques hormonaux, etc.
Le développement des modèles pose la question corollaire des bases de données et des observations à long terme pour alimenter et tester les modèles. Cette pratique ancienne dans les sciences de l’Univers se heurte au manque d’expertise et de moyens dans le domaine des sciences de la vie et des sciences sociales, et plus globalement dans les domaines de l’environnement qui nécessitent de croiser des informations de diverses sources et de diverses natures.
La thématique environnement santé apparaît en force. Mais négligée par l’INSERM, elle peine à s’imposer dans le domaine de la recherche. Pourtant, les maladies émergentes, les effets toxiques de l’amiante et du diesel, ou la maladie de la vache folle sensibilisent les citoyens à cette thématique. L’INSERM mettra du temps à s’intéresser à ces thématiques « marginales »…
L’homme longtemps perçu comme un perturbateur devient maintenant un acteur, voire la force principale des changements de la biosphère. La dimension temporelle commence à être explorée, tant dans les analyses rétrospectives que dans la prospective.
Tableau 1 : Évolution des programmes de recherche initiés par le PIREN et les Programmes. Environnement sur la problématique de l’environnement et du développement durable.

Tableau 2 : programmes nationaux et internationaux.

25Durant les années 1990, la recherche française prend conscience de l’intérêt des recherches multidisciplinaires et multiorganismes pour atteindre les masses critiques nécessaires à la mise en place de programmes intégrés. Pour faire contre feu au projet de création d’un Institut de recherche sur l’environnement au début des années 1990, les organismes scientifiques multiplient les GIP, GIS et autres formes d’associations, avec plus ou moins de conviction quant à leur utilité (GIP ECOFOR sur les Forêts et GIP Hydrosystèmes par exemple). Le Comité Systèmes écologiques et actions de l’homme (SEAH) du programme Environnement du CNRS contribue à établir le dialogue entre les sciences écologiques et les sciences sociales, préfigurant par là la problématique des Zones Ateliers (tableau 1).
26Par ailleurs, le Ministère de la Recherche et le Ministère de l’Écologie et du développement durable mettent en place différents programmes concernant l’environnement et le développement durable, à l’international et en France (Tableau 2).
2.3. L’anthroposystème et les Zones Ateliers
27Une des réponses de la recherche aux questionnements liés au développement durable a été de développer le concept d’anthroposystème et sa mise en œuvre dans les Zones Ateliers.
28Le concept d’anthroposystème développé par le Programme environnement, vie et sociétés (PEVS), fait l’hypothèse qu’il y a des relations dialectiques sociétés/milieux (Lévêque et al., 2003). Il se définit comme un système interactif entre deux ensembles constitués par un (ou des) sociosystème (s) et un (ou des) écosystème (s) naturel (s) et/ou artificialisé (s) s’inscrivant dans un espace géographique donné et évoluant avec le temps. Ces écosystèmes sont occupés, aménagés et utilisés par les sociétés, ou bien s’ils ne le sont pas, leur existence est nécessaire à leur vie et à leur développement social. Les sociétés qui vivent et/ou utilisent cet espace sont constituées de groupes sociaux ayant des intérêts et des jeux propres. L’anthroposystème est donc un système hybride. Il est également un système « ouvert », c’est-à-dire qu’il est, d’une part, en interaction avec d’autres anthroposystèmes et, d’autre part, soumis aux forçages des facteurs de la géodynamique interne de la terre et des facteurs externes à la planète qui influencent sa dynamique. Enfin, son fonctionnement peut être affecté par l’effet de facteurs internes au système engendrant de nouveaux processus de transformation. Évoluant dans un espace-temps, l’anthroposystème se caractérise nécessairement par trois dimensions spatiales (dont les délimitations sont parfois imprécises – passage progressif d’un anthroposystème à un autre – et toujours poreuses) et une dimension temporelle (trajectoire trans-temporelle : du passé, au présent et au futur). (Lévêque et al., 2003). Le système interactif Sociétés/Milieux naturels peu ainsi être sous l’influence des pratiques et des technologies (figure 1).
Figure 2 : schéma de l’anthroposystème.

29La démarche adoptée par le PEVS dans le cadre des Zones Ateliers est de privilégier l’étude des anthroposystèmes dans le cadre de l’environnement régional. Les Zones ateliers (Lévêque et al., 2000) sont des zones géographiques, souvent à l’échelle régionale, ayant une certaine unité de fonctionnelle (par exemple, un massif forestier, le bassin versant d’un fleuve, un massif montagnard). Elles sont définies en fonction de questionnements scientifiques impliquant des recherches à long terme sur les anthroposystèmes. Ces questionnements proviendront soit d’une dynamique scientifique, soit d’une attente ou d’une demande sociale. Elles disposent de moyens techniques d’acquisition, d’organisation et de traitement des données ainsi que de centres de compétences nécessaires (Garnieri et al., 2003).
30Ces systèmes sont caractérisés par une forte interaction entre les sociétés humaines et les écosystèmes qui ont, du moins en Europe, été largement modelés par les usages que les sociétés en ont faits au cours des siècles. C’est surtout à cette échelle que l’environnement est perçu et vécu par la plupart des individus, tant sur le plan géographique que sur le plan social, économique et culturel.
Figure 3 : Les Zones Ateliers : une réponse de la recherche à la problématique du développement durable.

31En théorie, sur le plan de l’organisation institutionnelle de la recherche, le développement durable, ou vu sous un autre angle les thématiques de l’environnement, devrait engendrer une remise en cause des programmes et une restructuration des instituts de recherche. Trois remarques à ce propos :
l’INRA réfléchit depuis longtemps aux conséquences de la thématique du développement durable sur ses propres recherches (Godard, Hubert, 2002). Il s’agit d’un effort louable avec une évolution marquée de certains programmes, mais aussi la poursuite de beaucoup d’autres. Globalement l’action reste sectorielle et l’aspect système n’est pas toujours bien apparent.
La Direction générale de l’ORSTOM sous la Présidence de Lazare, et le Ministère de la recherche, ont décidé de changer le nom de cet institut pour l’appeler Institut de recherche pour le Développement (IRD). En réalité ce ne fut qu’un effet d’annonce sans suite car l’Institut n’a pas modifié ses programmes ni mis en place une réflexion scientifique en rapport avec son nouvel intitulé…
Le CNRS a supprimé les programmes interdisciplinaires ECOTECH et PEVS. Un projet ambitieux mais mal préparé d’INSUE a de toute évidence avorté et ne constitue plus une priorité. Les sciences de l’Univers ont repris les choses en main… retour à la normale et aux disciplines ?
« Pour un organisme de recherche agronomique, se situer dans le contexte du développement durable implique de reconsidérer sa politique de recherche dans une situation marquée par l’incertitude, la mondialisation de la circulation et des échanges des biens et de l’information et l’émergence de nouvelles demandes d’acteurs. De nouveaux acteurs se posent en porteurs de questionnements légitimes vis-à-vis de la recherche publique et entendent ainsi devenir des partenaires de la politique de recherche. Cet effort réflexif peut déboucher sur l’identification de nouvelles thématiques prioritaires à explorer à l’aide de nouveaux partenariats ou sur le besoin de renforcer certaines qui sont déjà engagées, mais aussi sur une révision des démarches, procédures et modes d’organisation de la production scientifique, ainsi que de leurs modalités d’évaluation. » Décembre 2002, Le développement durable et la recherche scientifique à l’INRA – Rapport intermédiaire, p. 21.
3. La perpétuation des mythes : le développement durable à l’épreuve du terrain
32Le domaine de l’environnement et du développement durable est par excellence un domaine dans lequel se perpétuent des idées reçues qui faussent nécessairement les débats. C’est également un domaine dans lequel le décalage entre le monde cognitif et le monde réel est important : si les scientifiques identifient bien les problèmes et leurs conséquences éventuelles, leurs recommandations pour y remédier se heurtent aux réalités du monde économique et politique, qui n’ont pas les mêmes priorités d’action, ni les mêmes contraintes temporelles. Donnons quelques illustrations.
3.1. Le mythe du Jardin de l’Eden et l’équilibre de la nature
33Il est dans la nature humaine d’imaginer un Eden originel dans lequel la vie était douce alors que l’environnement de nos ancêtres n’était probablement pas cet espace idyllique que l’on se plaît parfois à suggérer. La pensée contemporaine reste en outre profondément marquée par l’idée d’équilibre de la nature (la « balance of Nature » des anglo saxons), qui nous vient de la religion chrétienne qui considère que la nature est immuable car de création divine (Lévêque, 2001). Dans ces conditions, on doit pouvoir restaurer les milieux dégradés en se rapprochant d’états de référence qui correspondraient à une nature non perturbée par l’homme… Cette idée séduisante est difficile à mettre en œuvre dans la réalité pour trois raisons principales : la modification profonde et durable des caractéristiques physiques de nombreux écosystèmes du fait des activités humaines, la diffusion dans les milieux naturels de dizaines de milliers de molécules chimiques artificielles, le très grand nombre d’espèces qui ont été transposées d’un milieu ou d’un continent à un autre. Il n’y a pas de retour en arrière possible. Mais il y a éventuellement des options à prendre pour réaménager ces milieux en fonction des attentes des sociétés.
3.2. Le mythe du scientisme
34Les sciences et les techniques ont été les moteurs du développement économique des sociétés et de l’amélioration du bien-être des hommes. Pourtant, en ce qui concerne l’environnement, on s’interroge avec de plus en plus d’insistance sur les capacités de la science à résoudre les problèmes d’environnement qu’elle a contribué à créer et si la maîtrise des innovations technologiques n’échappe pas à leurs promoteurs ? En effet, le réchauffement climatique lié aux émissions anthropiques de gaz à effet de serre, le trou d’ozone, les pollutions agricoles ou industrielles des eaux, des sols et de l’air, sont autant de conséquences non prévues ou d’effets rétroactifs sous-estimés par les industries chimique et énergétique. Dans le domaine du vivant, beaucoup d’introductions d’espèces constituent un phénomène quasi irréversible pour la plupart des écosystèmes concernés.
3.3. Le mythe d’un monde raisonnable
35La notion de développement durable s’appuie également sur l’utopie de la gestion rationnelle des ressources naturelles. Dans un monde raisonnable on pourrait penser que ces ressources pourraient être exploitées en prélevant ce qui est nécessaire aux sociétés sans mettre en danger la pérennité et le renouvellement de ces ressources. Or, dans le monde réel, la rationalité scientifique est largement mise en défaut et la tendance des hommes est de surexploiter les ressources au risque parfois réel de les voir disparaître : tragédie des communaux illustrée par la situation dramatique de la pêche en mer.
4. Éléments de conclusion.. et de discussion
36De nos jours, le propre du risque environnemental est d’être inaccessible au profane. La couche d’ozone, les gaz à effet de serre, le nuage de Tchernobyl, les OGM, ont tous la particularité d’être invisibles au public. Le citoyen et le politique se retournent alors vers le scientifique ou l’expert pour qu’ils les informent et leurs proposent des mesures à prendre, compte tenu de la complexité du problème. On attend donc de la science, face aux questions d’environnement, qu’elle formule des diagnostics et des prévisions, qu’elle fixe des normes, qu’elle propose des solutions techniques. En oubliant que les questions de plus en plus complexes auxquelles sont confrontés les scientifiques élargissent encore le champ de l’incertitude scientifique. En oubliant également que beaucoup de questions relatives à l’environnement relèvent au moins autant de comportement sociaux et de choix économiques que de problèmes techniques. Quant au citoyen, face aux incertitudes affichées par les débats d’experts, il s’interroge encore sur la réalité des ces phénomènes, et ne manque pas de pratiquer la politique de l’autruche au cas où solutions proposées remettraient trop fortement en cause son mode de vie.
37La problématique du développement durable remplace d’une certaine manière la notion de progrès comme utopie constructive. Elle oblige les sciences de la nature à se rapprocher de la société. Cette notion s’est imposée en liaison avec la notion d’environnement, comme son complément nécessaire, son prolongement dans le sens de l’action (Jollivet, 2001). Elle pose en filigrane la question : comment utiliser les connaissances disponibles pour proposer de nouveaux modes de développement ? Mais la grande aventure du développement durable est en partie bâtie sur de faux prémices, comme celui de l’équilibre de la nature, et sur le mythe du scientisme.….
38On peut résumer par la figure 4 la manière dont a évolué le rapport des disciplines aux questions d’environnement, ainsi que le rapport entre les disciplines au cours des dernières décennies. D’une approche fortement marquée par la séparation des genres dans les années 1950, nous avons évolué vers une approche de type systémique à la fin des années 2000.
Figure 4 : Rapport des disciplines scientifiques à l’environnement.

39De toute évidence, c’est l’approche systémique qu’il faut promouvoir pour essayer de répondre aux besoins d’un développement durable. Mais l’approche systémique, séduisante intellectuellement, est néanmoins difficile à imposer dans la réalité. Je ne rentrerai pas ici dans les détails mais il y a de fortes pesanteurs institutionnelles pour mettre en place des recherches multidisciplinaires sur le long terme. Un tel type de recherche suppose en effet une organisation et un pilotage, de forts investissements en moyens humains et matériels, le recueil et la gestion de données de natures très diverses, qualitatives et quantitatives, sans compter que la « rentabilité » en matière de publication n’est pas assurée avant plusieurs années… Rhédibitoire compte tenu la névrose actuelle en matière de course à la publication ! Il reste encore beaucoup de chemin à faire, et parfois même à refaire….
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 La convention-cadre sur la diversité biologique (1993) ; la convention-cadre sur le changement climatique (1994) ; la convention-cadre sur la désertification (1997).
2 Le principe de précaution en matière d’environnement (principe 15) ; le principe d’intégration de la protection de l’environnement comme partie intégrante du processus de développement (principe 4) ; le principe de responsabilité et de solidarité internationale : la protection de l’environnement et la lutte contre la pauvreté concernent tous les pays (principe 6) selon des responsabilités communes mais différenciées (principe 7). La coopération entre les États devra reposer sur la bonne foi (principe 27) sans nuire aux autres États (principe 2), qu’il convient d’avertir de toute catastrophe (principe 18) ou activités dangereuses pouvant les affecter (principe 19), sans remettre en cause le droit souverain de chaque Nation à exploiter ses ressources ; et le principe de participation et de nouvelle gouvernance : l’implication des citoyens dans les décisions est indispensable (principe 10) dans le cadre de mesures législatives efficaces (principe 11) et de mesures économiques internalisant les coûts grâce au principe pollueur-payeur (principe 16). Les groupes majeurs ont un rôle particulier à jouer : les femmes (principe 20), les jeunes (principe 21), les communautés locales et autochtones (principe 22).
Auteur
Directeur de recherches à l’IRD. Il a notamment publié (avec Yves Sciama) Développement durable : avenirs incertains, Paris, Dunod, 2005.
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