Conclusion
p. 225-226
Texte intégral
1Appréhender le risque d’inondation sous l’angle de son rapport au territoire permet de comprendre les processus qui gouvernent le fonctionnement des systèmes hydrologiques comme les rythmes des hydrosystèmes eux-mêmes, ainsi que les interactions entre l’hydrosystème et certaines activités humaines susceptibles d’accroître les inondations. Ainsi, par l’identification des facteurs favorisant le risque d’inondation, la gestion de l’eau s’est réorganisée en tenant compte de la raréfaction de la ressource et de ses excès, comme de son caractère social et culturel, tout en s’intégrant dans une politique d’aménagement durable du territoire.
2Si l’approche territoriale du risque a nécessité la redéfinition de ses frontières en étendant celles-ci ou au contraire en « libérant » le phénomène naturel de certaines contraintes territoriales, il s’agit désormais de composer avec le territoire en intégrant le risque au territoire. De la sorte, les modalités de son intégration reposent tant sur le développement d’outils réglementaires, la planification urbaine, ou encore une politique d’aménagement du territoire et de la planification de l’eau que sur la prise de conscience et la mobilisation de tous les acteurs, des citoyens, des associations, des élus, des collectivités locales, des représentants de l’Etat en vue de parvenir à une véritable culture du risque.
3Dans cette perspective, si la concertation autour de la gestion du risque d’inondation n’est pas un vain mot ou une stratégie politique, elle ne peut faire l’économie d’une réflexion approfondie sur les représentations du risque par le public. Il convient de comprendre non seulement les ressorts mais aussi les mécanismes de ses représentations, afin de mettre en place une véritable concertation en matière de gestion. Il convient alors d’ouvrir l’espace de discussion et de délibération pour créer les conditions de son enrichissement et lui donner les moyens d’appréhender et d’apprécier les enjeux majeurs de l’aménagement du territoire. Cette exigence est d’autant plus forte qu’elle est susceptible de constituer une dynamique collective pour la gestion durable des territoires. Reste à savoir quelle place et quel rôle accorder aux citoyens dans ces dispositifs d’ouverture des débats.
4La venue d’une nouvelle inondation alimente à chaque fois les controverses autour des décisions techniques prises par les experts, les élus au point de résumer le débat ou le conflit à un simple problème de communication, un déficit « cognitif ». L’observation prouve en bien des cas qu’au-delà de l’élargissement du cercle des acteurs concernés il s’agit aussi de poser la question de l’acceptabilité du risque. Tout comme le souligne Philippe Vesseron « Et parce qu’il est reconnu comme un partenaire à part entière, le public doit être tenu informé et non mis à l’écart : celui-ci ne revendique plus le « risque zéro » mais le « zéro mépris ». Patrick Perretti-Watel affirme que le public cesse d’être un mauvais élève dès lors qu’il est mieux éduqué. Idée reprise dans les travaux de Pierre Lascoumes sous le vocable des « forums hybrides » (Lascoumes, 1996, 1999 ; Lascoumes, Callon, 1997). Le risque d’inondation devient alors un objet de concertation et d’acceptabilité après avoir été d’abord technique, puis de médiatique devient politique. Cette négociation de ce qui est acceptable et de ce qui ne l’est plus implique un partage des responsabilités entre l’Etat et les citoyens, voire une remise en question de la rationalité probabiliste, ce que Ulrich Beck appelle la société du risque. Alors le risque « atteindrait enfin sa maturité ».
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