Partie 2. L’intégration du risque aux territoires : entre stratégie et moyens
p. 73-74
Texte intégral
1La gestion du risque d’inondation, longtemps focalisée sur la protection contre les aléas naturels a progressivement pris en compte la maîtrise de la vulnérabilité pour désormais conjuguer l’action sur ces deux paramètres. La notion même de « vulnérabilité » dépasse largement le strict cadre des biens et des personnes pour englober l’écosystème dans son ensemble.
2Paradoxalement, à mesure que croissait la vulnérabilité apparaissait une demande de réduction du risque d’inondation. Cette perception a « évolué de la fatalité religieuse à une perception rationnelle »1. Par l’identification des facteurs favorisant le risque d’inondation, la gestion de l’eau s’est réorganisée en tenant compte de la raréfaction de la ressource et de ses excès, comme de son caractère social et culturel. L’explosion des besoins a fait apparaître la nécessité d’une approche globale des problèmes de l’eau, mais aussi, de toutes les questions liées à l’environnement.
3Aussi, à travers les démarches d’aménagement du territoire, nous démontrerons que les enjeux liés à la gestion de l’eau ne peuvent être négligés. Tout comme le souligne A. Guillerme : « on a dépassé la vieille opposition entre l’eau dans la ville et l’eau à la campagne »2. S’il s’agit désormais de privilégier simultanément une logique de gestion intégrée de l’eau et une logique de projet territorial de développement durable, encore fallait-il conjuguer une démarche plutôt traditionnelle promouvant des mesures de protection dites « structurelles » pour lutter contre les inondations fluviales avec une démarche visant à réduire les impacts prévisibles des inondations et la vulnérabilité au risque par le recours à des mesures dites « non structurelles » à caractère informatif, institutionnel ou législatif. En définitive, la typologie des outils disponibles témoignera de la complémentarité des mesures tant structurelles que non structurelles, à différentes échelles de temps et d’espace.
4En outre, nous souhaitions souligner que toute politique ambitieuse et efficace de prévention doit se matérialiser par des réponses crédibles et cohérentes d’un point de vue financier. Il nous est donc apparu important d’examiner les voies et mécanismes de la charge financière des investissements dans le domaine de la gestion du risque d’inondation. Enfin, l’investissement ne peut être que financier, mais requiert une appropriation par les citoyens. Dans cette perspective, la prévention des risques naturels doit se développer par une prise de conscience et une mobilisation de tous les acteurs, des citoyens, des associations, des élus, des collectivités locales, des représentants de l’Etat en vue de parvenir à une véritable culture du risque. Cette appropriation sera-t-elle garante d’une prise en compte optimale du risque d’inondation dans les politiques d’aménagement du territoire ?
Notes de bas de page
1 Allard P. (2000) : Eléments pour une problématique de l’histoire du risque accepté au risque maîtrisé. Représentation et gestion du risque d’inondation en Camargue, XVIII-XIX siècles, Ruralia n° 2000-6, varia. p. 5
2 Guillerme A. (1995) : table ronde animée par J.C.Deutsch, « interdisciplinarité et aspects opérationnels des recherches, lacunes, conclusions et prolongements », in C. Lelong et J.C.Deutsch (dir), l’eau et la ville, Bilan général, recherche expérimentation 1983-1994, PENPC ? p. 248
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Dire la ville c’est faire la ville
La performativité des discours sur l’espace urbain
Yankel Fijalkow (dir.)
2017
Lille, métropole créative ?
Nouveaux liens, nouveaux lieux, nouveaux territoires
Christine Liefooghe, Dominique Mons et Didier Paris (dir.)
2016
Biocarburants, les temps changent !
Effet d'annonce ou réelle avancée ?
Helga-Jane Scarwell (dir.)
2007
Le changement climatique
Quand le climat nous pousse à changer d'ère
Isabelle Roussel et Helga-Jane Scarwell (dir.)
2010
Enseigner les sciences sociales de l'environnement
Un manuel multidisciplinaire
Stéphane La Branche et Nicolas Milot (dir.)
2010
Éco-fiscalité et transport durable : entre prime et taxe ?
Séverine Frère et Helga-Jane Scarwell (dir.)
2011
Écologie industrielle et territoriale
Stratégies locales pour un développement durable
Nicolas Buclet
2011
Universités et enjeux territoriaux
Une comparaison internationale de l'économie de la connaissance
Patrizia Ingallina (dir.)
2012