Partie 1. Le risque d’inondation à la croisée de processus liés à la nature et de dynamiques territoriales
p. 19-20
Texte intégral
1La notion de risque procède d’un regard sociétal qui invite à considérer l’aléa naturel, i.e. l’inondation, par rapport aux conséquences qu’il engendre sur les systèmes sociaux. Or l’approche que la société française a des inondations, et en voie de conséquence de sa gestion, a changé au cours de l’histoire. Longtemps perçu comme une fatalité contre laquelle peu de choses peuvent être entreprises, l’inondation est progressivement envisagée dès le milieu du XVIIIe et surtout au cours des XIXe et XXe siècle comme un mal à combattre avant d’être considérée aujourd’hui, dans une approche plus dynamique, comme une contrainte à intégrer dans le développement des territoires, voire comme un atout de développement. Aussi, après une conception de la gestion du risque fondée sur les lois de l’hydraulique et bâtie sur l’idée d’une évacuation rapide des eaux vers l’aval par le remodelage du linéaire fluvial (endiguement, rectification du lit…), la gestion du risque d’inondation exige-t-elle désormais d’intégrer le linéaire fluvial dans son bassin versant et dans la manière de concevoir l’aménagement du territoire et le développement urbain et rural. Elle amène ainsi à réfléchir à l’impact des villes avec leur cortège de terrains imperméabilisés et d’eaux usées comme à certaines pratiques agricoles sur l’amplification des processus à l’origine des inondations. Par ailleurs, le risque d’inondation peut être appréhendé comme un élément d’une infrastructure régionale dans la mesure où il influence le développement et l’organisation des territoires en tant que facteur limitant par les impacts passés, actuels ou potentiels des manifestations hydrologiques mais également en tant que porteur de développement en raison des effets bénéfiques que constituent les zones inondables en terme d’alimentation des ressources en eau souterraine, de facteur favorable au maintien des milieux humides et d’espace de stockage des eaux de crues en amont de zones vulnérables. Enfin, audelà de sa matérialité, l’inondation est également un élément du vécu quotidien qui peut être appréhendé comme un objet perçu, interprété, médiatisé. En effet, la représentation que l’on a du risque d’inondation joue en partie sur les stratégies individuelles ou collectives comme sur l’appropriation de nouvelles politiques territorialisées en charge d’intégrer cette contrainte hydrologique au développement des territoires. Comprendre les fondements de la nouvelle politique de gestion du risque suppose alors que soient connus les espaces à risque, les processus qui gouvernent le fonctionnement des systèmes hydrologiques comme les rythmes des hydrosystèmes eux-mêmes ainsi que les interactions entre l’hydrosystème et certaines activités humaines susceptibles d’accroître les inondations.
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