La Cité de la Connaissance : un nouveau complexe universitaire multifonctionnel en banlieue de Ciudad Juarez
p. 283-293
Texte intégral
Introduction
1L’Université Autonome de Ciudad Juarez (UACJ) est un établissement public d’enseignement supérieur, qui compte actuellement un effectif de 24.000 étudiants en licence, spécialisation, mastère et doctorat.
2Depuis sa fondation en 1973, l’UACJ a joué un rôle majeur lors des moments marquants de la vie sociale et économique de la ville, scénario de changements rapides et mondialisés, défiant sa créativité de par les demandes accrues et de plus en plus exigeantes.
3L’UACJ a été créée dans le but de soutenir le développement économique local, notamment basé sur l’industrie manufacturière d’exportation (IMEX) qui occupe depuis lors une place prépondérante. L’infrastructure universitaire est traditionnellement composée de trois campus définis par disciplines, et physiquement assez proches les uns des autres : sciences biomédicales (ICB), sciences de gestion (ICSA), génie, architecture et arts (IIT – IADA). À ce jour, l’UACJ compte aussi trois autres unités multidisciplinaires :
à Chihuahua (350 km au sud),
à Nuevo Casas Grandes (300 km au sud-ouest)
à Ciudad Cuauhtémoc (450 km au sud).
4À la fin des années 1990, l’UACJ a entamé un dialogue interne sur son identité et ses horizons de développement qui a abouti à un document appelé Modelo Educativo Vision 2020 définissant des paramètres d’autodéveloppement ancrés dans le contexte de la montée du néolibéralisme et exprimant les nouvelles exigences de la politique mexicaine en matière d’éducation. En même temps, un intérêt s’exprime pour aller au-delà des exigences fonctionnelles du marché, de la logique de l’emploi et des intérêts des groupes de pression locaux. L’UACJ prend un engagement d’insertion intelligente dans la dynamique de la mondialisation avec un rôle scientifiqueacadémique plus large, permettant non seulement le progrès, dans un sens restreint, mais aussi proposant de scénarios de bien-être social et urbain. Les approches humanistes, du développement durable, de la pensée complexe et des pédagogies constructivistes, de l’auto-apprentissage, du travail coopératif et de l’interdisciplinarité s’intègrent, tout comme l’utilisation intensive des technologies de pointe et des compétences de l’information.
5Ainsi, entre 2002 et 2008, l’université a réussi quasiment à doubler d’effectifs et à obtenir la reconnaissance de ses programmes éducatifs, de haute qualité, par l’entité nationale concernée (l’équivalent de l’AERES). Pour y parvenir l’UACJ a fait appel à des modèles et stratégies d’enseignement innovants mais aussi au renforcement de la recherche pour parvenir à la construction d’une société de la connaissance fondée sur la production de connaissances et sur le développement durable. Le service communautaire et la diffusion de la culture sont une partie inhérente de l’insertion de l’université dans la ville.
6C’est ainsi que l’université a commencé un processus de renforcement de son autonomie et de lutte pour s’imposer comme un acteur stratégique du développement local. Outre sa mission initiale de formation, sont avancées trois priorités contenues dans le Modelo UACJ 2020, élaboré à partir des années 1990, qui progressivement sont devenues opérationnelles :
la création du département des sciences humaines ;
l’impulsion de la recherche scientifique ;
la construction de la Cité Universitaire, dans le cadre de la Cité de la Connaissance.
7Le but est alors d’identifier, encourager et rendre possible l’acquisition de nouvelles connaissances et, en termes d’infrastructures physiques et matérielles, la traduction de cette nouvelle vision est précisément la construction d’un mégaprojet qui devra concentrer les trois campus de la UACJ existant à Ciudad Juarez, à côté d’autres établissements d’enseignement et de recherche de réputation nationale et internationale dans le futur complexe universitaire dénommé Cité de la Connaissance.
8Un autre résultat, moins visible, de ce dialogue interne c’est le début d’un processus d’introspection permanente et de renforcement identitaire au sein de l’institution. Ceci dans une atmosphère de tension constante, étant donné la pluralité de voix qui dialoguent et la confrontation des perspectives scientificohumanistes, pragmatico-fonctionnelles et scientifico-technologiques. Il s’est établi ensuite un processus dans lequel l’UACJ remet à jour sa raison d’être et de faire, au cours duquel on assiste à une escalade qui semble conduire à un niveau de développement institutionnel de plus grande maturité dans le domaine académique, mais aussi d’une plus grande autonomie et de pertinence sociale dans lequel l’université devient un « bastion » de la société de la connaissance au sens le plus large du terme (M. Arroyo et T.M. Montero, 2010).
1. Ciudad Juarez et la violence environnante
9Attirée par l’industrie manufacturière d’exportation, la ville est devenue un pôle d’immigration, de populations « passantes » avec une forte mobilité interne, enregistrant la croissance démographique la plus rapide du pays, ce qui a renforcé sa vocation multiculturelle. L’INEGI (Institut National de Statistiques, Géographie et Informatique) a signalé que Juarez, contrairement à d’autres villes, était une ville de quasi plein emploi avec aussi un taux d’emploi des femmes plus élevé que dans les autres villes. La démographie est composée essentiellement de jeunes actifs, mais vivant dans un contexte où le boom économique ne s’est pas traduit dans un bien-être, ni en termes d’infrastructure urbaine ni d’interventions sociales, culturelles ou en matière d’éducation. Le rôle des femmes dans les activités productives ne s’accompagne pas des équipements et des services pour la garde et les soins des enfants, ce qui a aggravé une situation déjà critique (violence familiale, augmentation du stress et des divorces, etc.). En matière d’éducation il a été évident l’incapacité à satisfaire la demande croissante, même à partir des niveaux les plus élémentaires. Ainsi, le niveau après l’école primaire ne peut accueillir que 70 % de la demande. Le niveau suivant laisse de côté 70 % de la demande potentielle. L’enseignement supérieur réussirait à répondre à la demande exprimée réelle, en large décalage par rapport à la demande potentielle. Ces statistiques, s’avèrent plus critiques lorsqu’on constate que le taux de décrochage scolaire de la ville serait un des plus hauts du pays, depuis les tout premiers niveaux.
10Lors du « plein-emploi » l’abandon scolaire était absorbé par les lieux de travail, même à un âge précoce. Aujourd’hui, au milieu d’un marché du travail très incertain et plus exigeant de main-d’œuvre qualifiée, les « décrocheurs » vont grossir l’inquiétant et grandissant nombre de « ni-ni ». Le projet émergent « Nous sommes tous Juarez », mis en œuvre en 2010, est une tentative de fixer comme priorité l’attention sur les jeunes, sachant que l’ampleur du problème constitue un défi majeur, absolument déterminant pour l’avenir de la ville.
11Dans les années 1960, Ciudad Juarez atteignit, et a maintenu depuis, une reconnaissance internationale pour son important développement industriel, basé en grande partie sur la fabrication pour l’exportation, ce qui lui a permis de s’insérer à l’avance dans le marché mondialisé qui se préfigurait à l’époque. Cependant, à partir des années 1990, sans avoir fait de véritables efforts en matière de développement social, la ville commence à gagner une célébrité par les niveaux croissants de violence, de genre d’abord, puis généralisée, comparables à ceux des villes en guerre. Ceci s’est traduit par l’aggravation de la pauvreté dérivant dans un exode multi-causal de familles entières, contre l’idée de « faire la ville ».
12De plusieurs points de vue, y compris celui de l’université, cette ville a été considérée comme un laboratoire social (Bowden, 1998) où l’on peut constater très clairement les conséquences d’une pensée basée essentiellement sur l’économie, à partir d’une approche rationnelle-instrumentale (De Sousa, 2007 : pp 181-191), au détriment du social et de la culture.
13L’analyse de cette problématique est encore un peu confuse compte tenu de la grande diversité des sources (les medias, les universités, le gouvernement et l’administration publique) et d’autres multiples facteurs qu’il faut considérer pour apporter des réponses aux trois questions qui suivent :
Que se passe-t-il ?
Pourquoi cette catastrophe sociale arrive-t-elle ? (Montero, T. 2010)
Et maintenant que pouvons-nous faire ?
14Parmi les facteurs en question, on souligne la crise économique mondiale (argument préféré dans les milieux politiques et des affaires) qui a conduit entre 2008 et 2009 à la perte de 100 000 emplois. (SIEM. Sistema de Información Empresarial. http://www.siem.gob.mx mayo 2011).
15Dans le milieu universitaire, d’autres facteurs déclencheurs ont été identifiés tels que l’industrialisation et l’urbanisation accélérée ayant pour effet de dissoudre le tissu social, en suscitant des réactions de misogynie, sans pour autant soulager la pauvreté généralisée, le tout dans un contexte d’anomie sociale grandissante (Héctor Padilla, 2004). La ville n’est plus qu’un point de passage et de consommation de la drogue. Cette problématique est accrue par le manque de forces de police professionnelles et fiables, soucieuses de faire respecter l’État de Droit, tout ceci dans un contexte d’impunité constante. Les décisions centralisées ne tiennent pas compte des spécificités culturelles et sociales de la région, comme par exemple le fait que le plus large segment de la population correspond à la couche des salaires les plus bas, ce qui demanderait une forte coordination entre les trois niveaux de gouvernement pour s’attaquer aux problèmes sociaux qui en découlent tout en y associant une participation citoyenne aujourd’hui absente, (ou tout au moins insuffisante).
16Parmi les organisations de la société civile et du monde universitaire, il y a un consensus général autour de l’idée que la principale cause de la violence consiste dans le fait que la croissance rapide économique et démographique de la ville n’a pas été accompagnée de politiques et de stratégies plus globales (sociales, de santé, d’éducation, de sécurité et de culture).
17Les stratégies fondées sur la répression mises en place avec les États-Unis, pour contrôler la frontière et empêcher le passage d’armes, de drogue et de migrants ou la guerre contre la drogue menée par le gouvernement fédéral, par exemple, ont déclenché une escalade de la violence et du narco-terrorisme à travers le pays, ressentie de manière plus aiguë à Ciudad Juarez. Au final, les résultats de cette guerre ne sont pas positifs.
18En attendant que quelque chose se produise, la population perd de plus en plus confiance dans le gouvernement, accusé de trop de bureaucratie et de corruption, de manquer de coordination et de transparence, agissant sans aucune intelligence et disposant de forces de police très peu professionnelles. Cela se passe dans une société qui montre généralement une faible participation citoyenne, d’un bas profil éducatif et culturel associé à un pouvoir d’achat très limité. On a ainsi à voir avec une population démunie, introvertie, découragée et craintive qui simplement s’adapte à l’horreur, apprend à vivre avec, voire à l’ignorer consciemment mais pas nécessairement dans l’inconscient, ce qui expliquerait pourquoi le niveau d’horreur monte continûment et continuellement, en dépassant ainsi les capacités d’un imaginaire qu’on pensait à chaque fois avoir atteint sa limite.
19Ceci ne serait qu’un produit sociologique mais aussi existentiel, qui reflète l’appauvrissement de notre développement en tant qu’êtres humains et une coexistence régie par un individualisme croissant, par le leurre de la compétitivité et d’une ambition sans mesure qui prévaut dans le monde d’aujourd’hui. Pour renverser cette tendance et ses redoutables conséquences dans un milieu si défavorisé, s’impose une volonté de transformation beaucoup plus profonde et plus large.
2. Initiatives citoyennes pour enrayer la violence
20Ces dernières années ont vu le renforcement des initiatives citoyennes, déjà existantes dans la région, pour essayer de répondre aux problèmes qui dépassaient le gouvernement, par le biais d’une grande diversité d’organisations de la société civile (OSC ou ONG) qui fournissent des services divers (de garde d’enfants, de soins aux jeunes en situation de vulnérabilité et aux femmes victimes de violence, aux migrants etc.). Ces OSC/ONG sont formées, en général, par des associations philanthropiques (à caractère religieux, contestataire ou intellectuel). Elles ont élaboré des propositions créatives et importantes, mais qui n’ont généralement pas eu la force d’influencer véritablement les politiques publiques ni ont eu un réel impact sur la qualité de vie de la communauté. Il semblerait que le message des trafiquants de drogue aux toxicomanes en réhabilitation c’est que « une fois consommateur, toujours consommateur » et que la seule façon d’arrêter ce n’est pas la réhabilitation mais la mort.
21Parmi les initiatives les plus importantes lancées, on peut citer les suivantes : le Plan Stratégique de Juarez (2000) élaboré par le secteur privé, mettant l’accent sur l’importance de la participation de la société civile ; le Pacte pour la Culture (2004) avec une visée sociale plus large en intégrant d’importantes instances citoyennes et gouvernementales dans le but d’enrayer le processus de dégradation sociale et culturelle de la ville et de donner un nouvel élan à l’art et la culture ; le Paso del Norte Group (2010), un groupe d’entreprises liées au consulat américain et bénéficiant du soutien financier de l’USAID, avec une attention particulière à la sécurité des frontières, consulté régulièrement par les autorités municipales ; l’Observatoire de la Sécurité et de la Vie Urbaine (2008), une initiative universitaire, entreprise par l’UACJ qui travaille avec la municipalité et avec l’appui d’organismes internationaux (comme l’Organisation Panaméricaine de la Santé).
Stratégie « Nous sommes tous Juarez »
22Nous sommes tous Juarez est une stratégie lancée par le gouvernement fédéral pour répondre à cette grave situation d’insécurité. Bien qu’au début l’approche de ce projet fût purement sécuritaire, peu après il a été orienté vers les questions de santé, emploi, développement économique, social et éducatif. Le travail se fait autour de « tables » coordonnées par des Ministères d’État, composées par des citoyens et des représentants des trois niveaux de gouvernement, cherchant à établir les objectifs et les engagements et à assurer leur suivi.
23À ce jour, certains problèmes urgents ont été abordés mais, dans l’ensemble, l’élan originel tend à être inhibé à chaque pas par le manque de compréhension, de la part des autorités centrales, des spécificités culturelles et sociales locales et par leur persistance dans l’application de mesures déjà débordées par le contexte, avec une vision à court terme, en ignorant le poids des intérêts des groupes de pouvoir de facto, les calendriers politiques et les positions des partis. Il manque aussi des études scientifiques pour étayer les stratégies alors que celles existantes sont ignorées lors de la prise de décisions, pour favoriser les intérêts particuliers. Dans les séances plénières toutes les « tables » ont demandé en vain la fin de la guerre contre les trafiquants de drogue, considérée par beaucoup comme absurde parce qu’elle aurait été entreprise sans objectifs ni projets précis et n’aurait comme résultat qu’un nombre grandissant de morts ainsi qu’une flambée de la violence.
24Malgré tout, le travail effectué dans la « table d’éducation », reconnue comme l’une des plus dynamiques, peut être considéré comme positif. Il a révélé que 72 des 160 engagements finalement retenus dans le projet « Nous sommes tous Juarez » ont à voir avec l’éducation. Le projet de la Cité Universitaire-Cité de la Connaissance a été intégré dès le début dans l’agenda général.
25Il faut dire que la participation et la représentation volontaire de la part du corps enseignant de l’UACJ sont habituelles dans la région. Cependant l’UACJ comme institution, aujourd’hui comme jamais auparavant, est sous la pression de multiples demandes de tout horizon social pour qu’elle prenne un rôle plus actif, de leadership, compte tenu de la responsabilité sociale qu’elle a pris dans l’histoire vis-à-vis des populations proches. Ces exigences vont de la captation d’un plus grand nombre d’effectifs et une offre de formations plus diversifiée au développement de la masse critique pour l’analyse et la critique constructive et, surtout, de la capacité créative pour offrir des alternatives et réorienter le développement de la ville dans un processus évolutif d’humanisation et de coexistence sociale, ce qui devrait être la tâche la plus importante de l’éducation.
26Cela encourage l’idée selon laquelle Ciudad Juarez, en tant que laboratoire social, serait capable de convertir les circonstances difficiles qu’elle vit dans des temps et des espaces d’opportunité grâce à une initiative comme la Cité Universitaire Cité de la Connaissance, permettant d’apporter des réponses anticipées (scientifiques et humanistes) qui puissent être reproduites dans d’autres contextes du pays et du monde.
27Ce projet a été accueilli favorablement par des acteurs politiques et sociaux importants. Il n’a pas été vu seulement comme une un moyen pour développer les connaissances et promouvoir l’innovation, mais aussi pour favoriser le développement durable et permettre de créer des scénarios de paix pour tous. Cette idée semblerait reprendre la devise des Jeux Olympiques de 1968 à Mexico : « Tout est possible dans la paix ».
3. Cité de la Connaissance. Cité Universitaire
28Pour les raisons susmentionnées, le projet Cité Universitaire Cité de la Connaissance, signifie désormais non seulement la réalisation du devenir historique et de la vision institutionnelle exprimée dans le Modèle Educatif 2020, mais aussi une réponse aux demandes urgentes de la ville dans son contexte le plus large.
29Les progrès dans les infrastructures physiques ont été rendus possibles grâce à la convergence et à la participation des différents secteurs sociaux et au travers de démarches institutionnelles :
Le don de 300 hectares, dans le sud-est de la ville, par le gouvernement de l’État en juin 2001.
Les signes d’une volonté politique par l’allocation de ressources par les trois niveaux de gouvernement,
Le décret n° 985/07 X PE, du Congrès de l’État de Chihuahua, autorisant l’extension des limites urbanisables de la municipalité, ce qui a permis d’accélérer le processus d’incorporation des terrains de la Cité Universitaire d’abord prévue pour 2015,
le consensus autour des prémisses de base pour la conception de la Cité Universitaire, à savoir :
une conception pour retrouver l’esprit communautaire de la ville et de la communauté universitaire ;
la revalorisation du rôle de l’éducation publique comme un droit pour tous et un outil de promotion sociale favorisant la construction d’une société libre et solidaire. Une université avec sa propre identité, mais aussi inscrite dans les nouvelles tendances mondialisatrices, assimilant les changements rapides dans toutes les sphères de la vie humaine, capable de fixer et parcourir le chemin vers une société de la connaissance et de leadership technologique ;
une conception pour assurer la viabilité économique de la ville, profitant de la tendance vers la décentralisation démographique et économique au profit des frontières ;
une stratégie susceptible de saisir les instants d’opportunité, les situations conjoncturelles, les va-et-vient culturels et financiers qui se présentent, dans une sorte de veille permanente, d’exploration, d’interprétation, de quête de sens et de développement ;
une conception ouverte pour intégrer les diverses sources d’information et qui, grâce à des méthodologies qualitatives, quantitatives et mixtes, devienne un appel interdisciplinaire pour explorer les nouveaux scénarios des divers domaines académiques de la vie universitaire ; une conception collective et inclusive pour récupérer des voix au sein de la communauté qui reflètent sa diversité.
30Partant de ces prémisses, depuis le début du rectorat 2006-2012, a été créée une instance intégrant les différentes instances universitaires, des experts, des universitaires et des chercheurs, pour développer l’avant-projet UACJ-CU. À cette fin, a été instituée la Coordination Générale de la Cité Universitaire où travaillent cinq groupes thématiques : éducatif, économique, social, environnemental et urbain. Voici de suite quelques unes des intentions fixées : le développement durable dans le sens du rapport Brundtland de l’ONU ; une nouvelle culture de l’environnement basée sur une formation universitaire intégrale, la constitution du catalogue botanique (dans la zone on a recensé 120 espèces, dont 50 dans l’enceinte) ; la conservation des espaces naturels vierges reliés par des corridors naturels. Le groupe du social a étudié les indicateurs de niveau sanitaire, d’éducation et de logement dans les environs, la perception du changement social et de la mobilité de la population, entre autres. Le groupe qui s’est occupé de l’économie a établi un projet pour le financement des investissements de la Cité Universitaire dont la pérennité se pose en termes d’utilisation de sources alternatives d’énergie et de prestation de services à la communauté universitaire élargie. Le groupe de l’éducatif a développé des travaux pour identifier l’état de l’art en termes d’universités innovantes, des pédagogies humanistes et pour l’autodiagnostic et le projet de diversification des formations. Il y a eu aussi des missions de terrain, avec des groupes de discussion, pour identifier les rêves et les imaginaires de la jeunesse universitaire, des universitaires et des groupes communautaires sociaux vis-à-vis de la Cité de la Connaissance. Enfin, le groupe concerné par les questions urbaines s’est chargé de la conception urbaine et architecturale et de l’insertion harmonieuse des bâtiments dans le contexte environnant (Peña, L. 2010). Par la suite il a été formé un comité consultatif international composé des personnalités suivantes :
Rodolfo Almeida, directeur de l’architecture pour l’éducation à l’UNESCO. Consultant régional pour l’éducation d’Amérique latine et des Caraïbes. Expert dans l’évaluation de la qualité des établissements d’enseignement.
Giorgio Ponti, membre actif de l’OCDE/PEB et Jaime de la Garza, membre du conseil d’administration de l’OCDE/PEB et de l’équipe travaillant sur le thème « La norme mexicaine pour l’évaluation de la qualité de l’infrastructure physique dans le secteur de l’éducation. »
31La réalisation du projet a été confiée aux finalistes sélectionnés sur la base d’appels d’offres ouverts en accord avec les règles en vigueur.
Conclusion
32La ville en tant que réalité enveloppante précède l’université, elle la contient et lui fournit un sens et une orientation. Cependant dans leur coévolution, la ville doit considérer l’université et la consolidation du monde académique comme un potentiel pour générer des connaissances scientifiques et développer la créativité permettant la conception de scénarios futurs.
33La planification et l’aménagement de Ciudad Juarez, caractérisés par d’évidentes défaillances et lacunes, est le reflet d’un manque de consensus et de déséquilibres existants entre les différentes forces communautaires.
34Dans ce processus, concernant une des opérations majeures que la ville ait connues, au cours duquel la vision de la Cité de la Connaissance fait son chemin, l’argumentaire technique et académique a eu beaucoup de mal à être retenu lors des décisions finales ; ce sont plutôt les critères politiques et les intérêts particuliers qui ont été pris en compte, sans fournir d’explication.
35C’est ainsi que l’histoire très brève de la construction de la Cité Universitaire, lors de ces dernières années, n’a pas échappé à cette dynamique. Enfin, le 9 mars 2010, la première tranche de la Cité Universitaire a été inaugurée, en présence du Ministre de l’Education Nationale, du gouverneur de Chihuahua et de nombreuses autres personnalités.
36À ce jour (juin 2011), les réalisations de ce complexe éducatif consistent dans deux immeubles multifonctionnels :
le bâtiment multifonctionnel « A » avec une capacité de 790 élèves, disposant de 16 salles de classe, 2 ateliers, 2 zones pour des bureaux privés, une bibliothèque, un amphi, 5 bureaux administratifs, 4 salles d’informatique, une salle polyvalente et un espace pour les enseignants.
Le bâtiment « B », avec une capacité de 930 étudiants, 20 salles multifonctionnelles, 4 salles informatiques, 2 aires pour les enseignants, une salle polyvalente, un amphi, deux bureaux administratifs, une terrasse, une zone de stockage et un espace pour les enseignants.
37Sur le futur site de la Cité de la Connaissance, fonctionne déjà un nouveau campus de l’Institut Technologique de Ciudad Juarez (ITCJ), auquel viendront s’ajouter d’autres infrastructures de l’Université Autonome de Chihuahua (UACH), de l’Institut Polytechnique National (IPN), de l’Universidad Nacional Autonoma de Mexico (UNAM), du Lycée de l’Etat (Cobach), de l’Université Tec Milenio (ITESM), du Collège de la Frontière Nord (Colef) et, naturellement, de l’UACJ qui constitue la raison d’être de cet ensemble.
38Bien que le projet de Cité Universitaire Cité de la Connaissance ait été contesté pour différentes raisons (notamment son implantation sur un site très éloigné du centre ville et le climat de violence dans lequel il a été réalisé), toutefois il a été déjà mis en fonction, sans que les conditions minima qui en permettent un fonctionnement correct aient été préalablement assurées (pas de transports publics ni de services de sécurité pour garantir l’intégrité des installations et des équipements, pavage incomplet de la route etc..). Ces défaillances relèvent de la responsabilité de la municipalité qui semble tout simplement les ignorer.
39Cette situation a déjà donné lieu à des cambriolages dans les installations de l’ITCJ (vol de câbles et d’équipements informatiques) et a forcé la rationalisation des horaires des cours dans un souci de protéger l’intégrité des étudiants pendant leur trajet et leur séjour dans le campus.
40Cela n’empêche qu’il faut continuer à penser d’œuvrer dans le sens d’une société de la connaissance, dont l’infrastructure initiale de la Cité Universitaire est un élément fondamental, un grain d’espoir en phase de réalisation pour qu’il y ait un leadership de l’université et des connaissances dans le futur de la ville.
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Auteurs
Universidad Autónoma de Ciudad Juárez IADA-MPDU-DEU
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