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La difficile association entreprises, structures d’enseignement supérieur et laboratoires de recherche dans des villes moyennes françaises : l’exemple de l’industrie du multimédia dans les aires métropolitaines de Lille, Lyon et Marseille

p. 269-282


Texte intégral

Introduction

1Dans le dernier quart du XXe siècle, les mutations économiques ont facilité l’apparition d’un nouveau système de production davantage fondé sur le savoir et la connaissance, avec l’émergence des « learning regions » (Lundvall et Johnson, 1994). Ce concept a fait florès au sein des institutions publiques et des organes de planification, dans la mesure où il est synonyme pour nombre de chercheurs de croissance économique, de création d’emplois et de cohésion sociale (Florida, 1995). Les learning regions sont donc analysées comme une réponse et un défi à l’échelle régionale face aux changements contemporains de l’économie mondiale, plus particulièrement, pour les régions bénéficiant de faibles compétences territoriales. Dans ce nouveau cadre, le rôle stratégique joué par le capital humain et culturel est clairement souligné. Ce capital peut alors résulter soit de la qualité des structures d’enseignement supérieur (Rutten et al, 2003 ; Verdier, 2006), soit de facteurs qui influent sur sa distribution (Wolfe, 2002 ; Cooke et Asheim, 2006).

2Dans un article paru en 2007, B. Asheim, L. Coenen et J. Vang proposent une grille de lecture du fonctionnement différentiel des activités dans une économie de la connaissance mondialisée. Elle consiste à séparer ces activités selon qu’elles reposent sur l’utilisation de connaissances analytiques (analytical knowledge base), de connaissances synthétiques (synthetic knowledge base) ou de connaissances symboliques (symbolic knowledge base). Obtenues par le biais d’échanges en face to face de savoirs scientifiques codifiés, les activités reposant sur des connaissances analytiques privilégient une localisation à proximité des structures d’enseignement supérieur et des laboratoires de recherche. L’industrie du multimédia s’inscrit dans ce cadre puisque son développement s’appuie en partie sur l’innovation technologique encouragée par la révolution des TIC et la dématérialisation des supports de diffusion (Bouquillion et Combès, 2007) mais aussi sur la qualité de l’offre de formation régionale (Braczyk, Fuchs et Wolf, 1999).

3Notre analyse s’appuiera sur le cas des aires métropolitaines de Lille, Lyon et Marseille qui ont pour particularité d’être les trois plus grandes villes françaises derrière Paris. Dans un pays où les fonctions culturelles et créatives sont historiquement concentrées en région parisienne (Crozier, Dupuy et Thoenig, 1983), ces trois territoires métropolitains, à tradition industrielle plus ou moins prononcée, ont rencontré des difficultés à développer une industrie du multimédia suffisamment puissante, et ce en dépit du fait que Marseille soit la ville la plus filmée de France et que l’agglomération lyonnaise contribue au cinquième à la production nationale de jeux vidéo. Afin d’encourager un développement plus rapide de ces filières économiques émergentes, les pouvoirs publics de ces trois aires métropolitaines ont lancé des politiques d’accompagnement des entreprises qui placent les universités, les grandes écoles et les laboratoires de recherche au cœur de dispositif. L’objectif de ce chapitre est donc d’analyser le rôle des structures d’enseignement supérieur et des laboratoires de recherche dans le développement de l’industrie du multimédia. Pour ce faire, notre étude privilégiera trois axes distincts :

  • la présentation de l’offre de formation supérieure et des centres de recherche ;

  • l’analyse du devenir des jeunes diplômés formés dans ces aires métropolitaines ;

  • le rôle des universités et des laboratoires de recherche dans la construction de réseaux.

1. Une offre d’enseignement supérieur diversifiée et reconnue

4Les structures d’enseignement supérieur constituant la clé de voûte d’un système productif fondé sur l’économie de la connaissance (Cooke et Lazzeretti, 2008), il apparaît donc nécessaire d’analyser le contenu de l’offre de formation dans les disciplines du multimédia pour voir s’il existe une masse critique d’étudiants suffisante pour favoriser un important transfert de connaissances en direction du monde entrepreneurial.

Une offre riche pour des métropoles de taille moyenne

5Dans le domaine des arts et des TIC, la domination du pôle lyonnais, avec 196 formations différentes, sur les villes de Lille et de Marseille, qui ne comptent respectivement que 147 et 123 formations, paraît évidente. La concentration historique d’activités de conception dans la métropole lyonnaise a nettement joué en sa faveur alors que des villes de tradition industrielle fordiste comme Lille et Marseille ont conservé d’importantes fonctions concrètes au détriment des fonctions abstraites comme la formation ou la recherche (Damette et Sheibling, 2003). L’importance numérique de l’offre de formation proposée dans chacune des aires métropolitaines est un élément important. Encore fautil qu’un nombre suffisant d’étudiants soit formé localement pour constituer une masse critique de jeunes créatifs potentiels (Braczyk, Fuchs et Wolf, 2000). De ce fait, le poids numérique des structures de formation constitue une clé quant à l’importance potentielle du tissu créatif de ces aires métropolitaines dans l’industrie du multimédia. Nous constatons que la moitié des cursus de formation dans les disciplines liées au multimédia accueillent entre 100 et 500 étudiants : il s’agit principalement d’écoles spécialisées dans les métiers liés aux télécommunications, à l’infographie ou aux arts du spectacle. Parfois, certaines structures de formation, quasiment exclusivement des départements universitaires dans les secteurs de l’informatique et des arts vivants, comptent plus de 500 étudiants. Ceci permet aux trois aires métropolitaines de constituer un potentiel créatif apparemment important dans le domaine du multimédia, puisque les effectifs formés chaque année dans ces écoles sont respectivement de 7 700 étudiants à Lyon, 4 200 à Lille et 3 700 à Marseille.

6Les cursus en télécommunications, informatique et électronique représentent entre 50 et 60 % de l’offre de formation des disciplines proches de l’industrie du multimédia. S’y ajoute la catégorie « arts » (théâtre, dessin et arts appliqués) qui représente en moyenne un cinquième de l’offre. Ainsi, seulement 25 % de l’offre de formation provient des écoles d’audiovisuel, d’infographie et de jeu vidéo. La création d’écoles dans le domaine du multimédia demeure assez marginale. Néanmoins, la distribution de l’offre de formation au sein de cet ensemble révèle les traditions économiques et artistiques des trois territoires étudiés : surreprésentation des formations en audiovisuel à Marseille, ville la plus filmée de France ; importance des écoles en infographie à Lyon (17 % du total), capitale française du jeu vidéo et villephare des télécommunications ; faiblesse relative des cursus audiovisuels à Lille. Cette première approche nous montre l’image d’une offre de formation assez variée, mais en apparence pas forcément adaptée aux besoins des firmes du multimédia. Ces écoles proposent-elles des cursus de qualité qui puissent attirer les étudiants ?

Une concurrence exacerbée, vecteur de qualité

7La multiplication de l’offre de formation a exacerbé la concurrence entre les écoles pour attirer les étudiants. En effet, trois systèmes de formation – public, privé et consulaire – aux logiques différentes, prédominent dans les aires métropolitaines de Lille, de Lyon et de Marseille. Ainsi, entre 50 et 60 % de ces jeunes créatifs potentiels sont formés dans des écoles ou universités publiques, même si les structures privées, plus petites, demeurent numériquement un peu plus nombreuses. Ces écoles privées tendent à proposer un plus grand nombre de cursus de formation professionnalisants et adaptés aux besoins des entreprises locales que les structures universitaires publiques, beaucoup plus généralistes dans leur offre de premier cycle. Partiellement financées par un système de taxes d’apprentissage que les entreprises reversent à l’école de leur choix, ces structures de formation privées accueillent dans les différents cours proposés un large panel de professionnels de l’image. Ces écoles recherchent avant tout un objectif de rentabilité, en imposant des frais de scolarité élevés (de l’ordre de 2 000 à 10 000 euros par an en moyenne contre un montant qui ne dépasse que très rarement les 1 000 euros pour les structures publiques). Une telle situation oblige les écoles privées à insérer le plus rapidement possible leurs jeunes diplômés dans la vie professionnelle.

8Mais ces structures privées proposent-elles pour autant une meilleure formation que les écoles publiques ? Selon R. Florida (2002), le niveau d’études d’une population donnée constitue l’un des critères fondamentaux pour mesurer le degré de créativité potentielle d’une ville. De ce fait, plus une métropole dispose d’un niveau de formation élevé, plus ses chances de générer des créatifs sont importantes. Si nous nous attachons à compter le nombre d’établissements en fonction du niveau d’études, nous constatons que la quasi-totalité des écoles propose des formations de premier cycle. Plus rares sont les établissements qui prolongent la formation en deuxième et troisième cycles : ils ne représentent respectivement que 24 % (Lille), 30 % (Lyon) et 33 % (Marseille) des formations au multimédia dans les trois aires métropolitaines. Il s’agit principalement d’établissements universitaires et d’écoles d’infographie qui professionnalisent leur enseignement qu’à partir de la troisième ou la quatrième année d’études. Dans un contexte d’économie de la connaissance, les grandes structures de formation universitaires contribuent fortement au développement régional (Rutten et al, 2003). Les universités permettent donc aux jeunes diplômés prolonger leurs études en deuxième et troisième cycles et donc, de se spécialiser dans une discipline donnée. Ce sont souvent ces mêmes diplômés qui créent à la fin de leurs études leur propre entreprise. Il paraît évident que des formations professionnalisantes de type BTS ou DEUST ne peuvent participer à la constitution d’un tissu créatif et entrepreneurial important, tant elles ne permettent pas d’approfondir les compétences de leurs étudiants.

9Dans les trois territoires métropolitains analysés, la qualité indéniable de l’offre de formation explique que l’aire de recrutement de ces structures d’enseignement est nationale, voire internationale. Pour les universités, si plus des deux tiers des étudiants formés sont originaires de la région, il demeure que ces structures accueillent une part croissante de jeunes étudiants provenant d’autres régions françaises (un quart en moyenne), mais aussi de pays étrangers (même si les proportions demeurent encore inférieures à 10 %, voire 5 % dans certains cas). Ce constat est globalement le même pour un grand nombre de structures privées. Toutefois, certaines écoles ont acquis une réputation nationale, voire mondiale dans leur domaine et ont internationalisé leur aire de recrutement. Ainsi, dans l’aire métropolitaine de Lille, les deux écoles d’infographie Supinfocom et Supinfogame, localisées dans le Valenciennois, recrutent une part croissante d’étudiants étrangers (principalement francophones), et certaines écoles très élitistes tels que le Studio du Fresnoy à Tourcoing, structure spécialisée dans les arts visuels et numériques, ont même un recrutement mondial. L’élargissement de l’aire de recrutement explique en grande partie le fait que nombre d’étudiants lillois non sélectionnés dans l’une des écoles ou universités de la région, partent faire leur formation en Belgique francophone (à Tournai et à Mons) pour ensuite revenir en France.

Des laboratoires de recherche publique rattachés aux universités

10Par ailleurs, certaines de ces écoles – et plus précisément les départements ou UFR universitaires qui proposent des formations en doctorat – développent des activités de recherche fondamentale. Dans le domaine des arts et des technologies de l’information et de la communication, les aires métropolitaines de Lille, de Lyon et de Marseille comptent respectivement 15, 16 et 10 laboratoires de recherche scientifique. Il s’agit surtout de laboratoires de recherche publique universitaire, principalement spécialisés dans les domaines de l’informatique et en télécommunications. N’oublions pas que les industries de l’image et du multimédia dépendent fortement de l’innovation technologique réalisée dans des domaines d’activité diversifiés (effets visuels, trucage sonore, supports de diffusion). Une place très importante doit être accordée à l’Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique (INRIA) qui possède une antenne dans la métropole lilloise (sur le campus de l’Université de Lille 1), en région Rhône-Alpes (à la ZIRST II de Grenoble) et en PACA (au technopôle de Sophia Antipolis à Nice). L’INRIA a pour objectif de mettre en réseau les compétences et talents de l’ensemble du dispositif de recherche français, dans le domaine des sciences et des technologies de l’information et de la communication. Ce dernier cherche donc à construire localement des passerelles avec les laboratoires de recherche universitaire, mais aussi avec le monde entrepreneurial. L’objectif à terme est de voir se constituer un tissu entrepreneurial qui repose davantage sur des connaissances analytiques (Asheim, Coenen et Vang, 2005). Quel est le résultat en termes de création entrepreneuriale ?

2. Fragilité du tissu entrepreneurial et inévitable fuite des cerveaux

11Les étudiants formés dans les trois aires métropolitaines intègrent-ils les connaissances qu’ils ont acquises au cours de leur formation pour créer leur propre entreprise ?

Un brain drain alimentant les villes mondiales

12L’effectif entrepreneurial – 360 firmes sur le versant français de la métropole lilloise contre 529 et 531 à Lyon et à Marseille – demeure assez limité dans les aires métropolitaines de Lille, de Lyon et de Marseille qui ont accueilli respectivement 4 200, 7 700 et 3 700 étudiants pour l’année 2009. Comme un grand nombre de firmes reste au stade de la TPE monosalariale, il apparaît évident qu’une grande majorité de jeunes diplômés formés dans les structures d’enseignement des aires métropolitaines de Lille, de Lyon et de Marseille n’est pas recrutée localement. Des études réalisées par les pouvoirs publics et les agences de développement montrent qu’environ la moitié des étudiants formés aux métiers de l’image et du multimédia quittent les aires métropolitaines de Lyon et de Marseille, ce chiffre atteint même les 70 % pour l’ensemble de l’aire métropolitaine de Lille.

13Des distinctions s’opèrent également entre les structures de formation. Le taux de fuite des jeunes diplômés est plus élevé dans les structures d’enseignement universitaire qui forment un nombre très important d’étudiants (expliquant un taux de départ plus grand), mais aussi dans les grandes écoles publiques ou consulaires dont la politique de recrutement est internationale, pour ne pas dire mondiale. Ainsi, les écoles du groupe Supinfocom implantées à Valenciennes ne retiennent que 10 % des diplômés qu’elles ont formés, alors que ce chiffre descend en dessous des 5 % pour le Studio du Fresnoy de Tourcoing ou l’ENS René Descartes de Lyon. Cette proportion est néanmoins beaucoup plus limitée dans un grand nombre d’écoles privées qui tentent d’adapter leur formation aux besoins des entreprises locales. C’est le cas des écoles Pôle IIID, de l’ESIA 3D à Lyon, du Studio M à Marseille ou de l’ARIES à Aix-en-Provence et à Lyon dont les taux de fuite des cerveaux ne dépassent pas les 30 %. Il faut dire que le coût élevé, voire prohibitif, des formations proposées les contraint à une obligation de résultat, notamment sur le plan de l’insertion professionnelle de leurs étudiants.

14Ce problème qui touche particulièrement les universités, tient autant de l’offre inadaptée aux besoins réels des entreprises que de la faiblesse des débouchés professionnels dans chacune des trois aires métropolitaines. Les étudiants sont formés à Lille, à Lyon ou à Marseille et s’en vont là où le marché du travail est plus vaste et les conditions bien meilleures, en Ile de France principalement. Les villes états-uniennes (New York, Los Angeles et San Francisco), canadiennes (Montréal et Toronto) et britanniques (Londres et Manchester), dans la mesure où elles ont su développer de puissantes industries créatives et un secteur du multimédia dynamique, sont particulièrement prisées par les jeunes diplômés lillois, lyonnais et marseillais qui maîtrisent la langue anglaise. Les aires métropolitaines de Lille, de Lyon et de Marseille souffrent donc d’un sureffectif en matière de formation par rapport aux besoins réels des territoires qui demeurent cantonnés soit dans des productions à plus faible valeur ajoutée ou dans une vocation de simple lieu de tournage pour les metteurs en scène français ou internationaux qui travaillent certes dans la région, mais bien souvent avec leurs propres équipes.

Des incubateurs pour donner naissance à de nouvelles entreprises et valoriser les savoirs acquis en milieu universitaire

15L’industrie de l’image et du multimédia est réputée comme étant une industrie culturelle très fragile. Son développement demeure dépendant de la conjoncture économique et de la réussite commerciale des produits proposés (Greffe, 2006). Il apparaît donc très difficile pour les jeunes entrepreneurs d’investir un capital-risque dans des industries devenues de plus en plus capitalistiques (Baumol et Bowen, 1966), dominées par les PME, voire les TPE, et reposant en partie sur l’innovation technologique et la créativité. Pourtant, dans la plupart des pays industrialisés, le soutien à l’innovation est devenu une priorité économique (Foray, 2000 ; Mustar, 2003). En 1998, H. Guillaume, haut fonctionnaire français, signe un rapport sur la technologie et l’innovation, soulignant la difficulté en France à établir des passerelles entre la recherche publique et l’industrie. Pour faciliter le transfert de l’innovation et développer le tissu entrepreneurial local et régional, la création d’incubateurs a été préconisée tant par les pouvoirs publics que par le secteur privé.

16En France, la grande majorité des incubateurs publics procède de la Loi sur l’innovation de 1999 qui avait pour objectif de valoriser le transfert de l’innovation des centres de recherche et de structures d’enseignement supérieur en direction de l’entreprise en gestation, selon une logique verticale descendante. C’est en ce sens qu’il faut comprendre la création des incubateurs du MITI et de Cré’Innov à Lille, de Crealys à Lyon, de Château Gombert et de la Belle de Mai à Marseille. Ces structures investissent le plus souvent des parcs technologiques localisés à proximité des structures d’enseignement supérieur et des laboratoires de recherche. Elles trouvent leur inspiration dans les incubateurs anglo-saxons qui visent à la création de firmes dans des disciplines à fort contenu technologique telles que les sciences de la vie, de l’ingénieur ou les nouvelles technologies de l’information et de la communication. C’est pourquoi un grand nombre d’entreprises innovantes de communication visuelle, de création de sites Internet, de logiciels pédagogiques et de jeux vidéo ont vu le jour au sein de ces structures qui collaborent étroitement avec les universités et les centres de recherche publique.

17Dans le modèle canonique d’incubation, la connaissance est prioritairement issue des laboratoires de recherche et transférée au monde entrepreneurial. Les choses se compliquent un peu quand l’innovation n’est plus seulement verticale (Bonnetain, 2008). Plusieurs chercheurs ont mis en évidence d’autres processus d’innovation qui ne proviendraient pas des centres de recherche mais des usagers (Rosenberg, 1982 ; Cardon, 2006). Dans ce cas de figure, la connaissance n’est pas agrégée dans le cadre fermé des laboratoires de recherche ou des grandes écoles, mais portée par la société civile et relevant du bien commun, une fois diffusée dans les réseaux (Foray, 2003 ; Cardon, 2006). C’est pourtant cette logique qui prédomine au sein de l’Incubateur Multimédia de la Belle de Mai à Marseille qui était originellement censé valoriser la recherche produite par les universités locales. Né en milieu académique, l’Incubateur de la Belle de Mai s’inscrit dans la logique du CIADT de décembre 1998 qui a confirmé Marseille comme pôle national de compétences en industries de l’information et de la communication, dans le domaine en particulier du multimédia éducatif et culturel. Il s’agit aussi de déconcentrer une offre parisienne devenue bien trop coûteuse, en jouant sur l’effet sud, une bonne accessibilité, une pression immobilière moins forte et la présence de savoir-faire dans le domaine de la microélectronique provençale.

18L’évolution permanente et rapide des supports et des usages dans les technologies de l’information et de la communication a conduit l’Incubateur à voir son périmètre d’intervention évoluer très fortement (Bonnetain, 2008). Si les projets de sites Web et de CD-Rom éducatifs et culturels ont constitué un grand nombre de candidatures initiales, les innovations technologiques successives ont conduit l’Incubateur en direction de nouvelles thématiques telles que les contenus et services mobiles, le serious game, la e-santé ou le e-tourisme. Depuis sa création en 2001, l’Incubateur a accompagné plus de 80 projets innovants qui ont abouti à la création de 63 entreprises, principalement des TPE, et environ 250 emplois. À la différence de la plupart des autres incubateurs publics qui associent généralement le monde entrepreneurial, l’enseignement supérieur et les laboratoires de recherche, les projets d’innovation sont principalement portés par des usagers. C’est le cas de la pédagogie où plusieurs projets sont développés par des professeurs (Vocaligram, Edumédia, 1001 aventures, Polygonal Design…) ou du e-learning avec des plates-formes développées par des usagers (Hippocratus, formation en ligne à la phytothérapie, lancée par des médecins) pour ne citer que ces exemples. L’objectif clairement affiché par les autorités publiques des trois aires métropolitaines de voir se développer un tissu entrepreneurial dans l’industrie du multimédia reposant sur des connaissances analytiques, semble encore être lointain. C’est pourquoi les pouvoirs publics nationaux, mais aussi régionaux et métropolitains, dans le cadre de la Stratégie de Lisbonne de 2000 qui vise à faire à moyen terme de l’Europe l’économie la plus compétitive au monde, ont décidé, à partir du milieu des années 2000, de lancer des politiques de soutien au secteur multimédia, selon une approche réticulaire.

3. Emergence des réseaux entre les firmes, les universités et les laboratoires de recherche

19L’innovation est facilitée par l’action collective et le bénéfice mutuel qu’elle apporte (Woolcock, 1998). En effet, la coopération et l’apprentissage collectif au sein de réseaux régionaux permet de promouvoir l’innovation et la compétitivité des firmes et des régions (Asheim, 1996 ; Morgan, 1997). Ainsi, la mobilisation socialement diffuse des différents acteurs du système et la participation d’agences humaines semblent être la condition sine qua non à l’émergence et à l’essor des learning regions (Ennal et Gustaven, 1999). Dans un tel contexte, la construction de passerelles entre les universités, les laboratoires de recherche d’une part, et le monde entrepreneurial d’autre part, est indispensable pour stimuler l’innovation technologique.

Des pôles image régionaux associant les entreprises aux structures d’enseignement supérieur et aux centres de recherche

20Ainsi, entre 2007 et 2010, est apparue dans chacune des trois aires métropolitaines une association professionnelle régionale plurimédias – Pôle Images Nord-Pas de Calais à Lille, Imaginove à Lyon et Pôle Régional de l’Image, du Multimedia et de l’Internet (PRIMI) à Marseille – qui tente de rassembler, avec plus ou moins de difficultés, l’ensemble des acteurs de l’industrie de l’image et du multimédia. Ces associations ont toutes été labellisées soit par les Conseils Régionaux (cas des trois pôles) ou, le cas échéant, par l’État (exemple d’Imaginove), dans le cadre de la politique des pôles d’excellence régionaux ou des pôles de compétitivité. Ces structures d’animation de l’industrie du multimédia mettent en place des stratégies de développement globalement similaires d’un territoire à un autre. Il faut dire qu’en France, les pouvoirs publics régionaux et métropolitains se sont souvent contentés d’appliquer à la lettre la pensée aménagiste nationale (Woessner, 2009). Il n’est donc pas étonnant de retrouver au travers de ces différentes structures d’animation de l’industrie du multimédia l’orthodoxie des pôles de compétitivité qui trouve ses fondements dans les théories porteriennes (Porter, 2000) sur les clusters et la proximité géographique. Comme l’objectif premier de ces pôles est de faciliter les rapprochements entre les acteurs de la Triple Hélice (Etzkowitz et Leydesdorff, 1996), c’est-à-dire les entreprises, les écoles et structures de R & D, ainsi que les institutions publiques, il est évident que les structures d’enseignement supérieur sont invitées à jouer un rôle clé dans le développement de ces pôles.

21En effet, les structures de formation représentent entre 10 et 17 % des adhérents des trois pôles, chiffre tout à fait honorable compte tenu de leur nombre relativement limité par rapport aux firmes. Si toutes les écoles de l’aire métropolitaine en question n’adhèrent pas forcément à l’association professionnelle régionale (moins de 40 % des structures d’enseignement supérieur sont membres du pôle à Lyon et Marseille, contre la quasi-totalité à Lille), il s’agit cependant principalement d’universités et de structures de formation publiques ou privées prestigieuses qui proposent des cursus de formation assez longs dans les disciplines du multimédia. Néanmoins, ces structures de formation ne sont pas des membres très actifs et développent une stratégie attentiste : leur objectif est plutôt d’observer l’évolution des métiers pour adapter le cas échéant leur offre de formation. En adhérant à ces pôles, elles souhaitent faciliter la constitution de passerelles avec le monde entrepreneurial, permettant ainsi d’attirer des professionnels susceptibles d’intervenir dans leur formation et de favoriser une meilleure insertion de leurs étudiants dans le monde du travail. Parfois, ce sont même les pouvoirs publics qui les encouragent à intégrer ces structures, dans la mesure où ils contribuent de près ou de loin au financement de l’offre de formation. Le cas des écoles du Nord-Pas de Calais ou du Département SATIS de l’Université d’Aix-Marseille est assez éclairant. Ces structures encouragent souvent les laboratoires de recherche qui leur sont associés, à adhérer au pôle pour favoriser un meilleur transfert de l’innovation en direction du monde entrepreneurial. Malgré tout, les laboratoires de recherche semblent être très en retrait (4 % des adhérents à Imaginove et 6 % au Pôle Images Nord-Pas de Calais), voire même inexistants (le PRIMI ne compte aucun centre de recherche parmi ses adhérents) dans la distribution des membres de ces différents pôles. Ce qui ne les empêche toutefois pas de participer plus ou moins activement aux actions de soutien à l’innovation, à l’emploi et à la formation menées par le pôle.

Le développement des compétences professionnelles

22Pour comprendre la manière dont est abordée la question des compétences, de l’emploi et de la formation par les trois pôles, il faut se référer à l’évolution du secteur des technologies de l’information et de la communication, marquée par la dématérialisation des supports de diffusion et de multiples convergences possibles en matière d’usages. Il devient alors indispensable de créer des synergies en termes de pratiques des ressources humaines et de contenu des métiers. Ainsi, la progressive conversion de la production cinématographique aux techniques numériques a contribué à créer des zones de convergence avec l’industrie du contenu numérique et du jeu vidéo, dans un contexte de montée en puissance des industries du loisir. Or, les entreprises régionales doivent faire face à une pénurie de talents, dans la mesure où, compte tenu de leur physionomie, de leur positionnement dans la chaîne de valeur et de la concurrence des pays à bas coûts, elles n’ont pas les moyens d’offrir aux jeunes diplômés susceptibles de créer leur propre entreprise, les conditions nécessaires pour le faire. Par ailleurs, un grand nombre de structures d’enseignement supérieur ne propose pas des cursus de formation adaptés aux besoins des entreprises locales. Ce qui justifie aussi l’inévitable fuite des cerveaux mentionnée dans la deuxième section du chapitre.

23Afin d’endiguer ce processus qui ne peut être que préjudiciable au développement des différentes filières de l’industrie du multimédia, les trois pôles ont mené une politique en faveur de la formation professionnelle et de l’emploi. La première étape a consisté à intégrer les principales structures de formation régionale aux différents salons professionnels (Les Rencontres du Net soutenues par le Pôle Images Nord-Pas de Calais, la Game Connection et le Global Media Project organisés par Imaginove ou le Salon Top Tic parrainé par le PRIMI). Ces salons professionnels constituent aussi des moments où les entreprises profitent pour recruter leur personnel et de ce fait, la présence des écoles qui ont formé ces jeunes diplômés est bienvenue. Toutefois, la réalisation la plus ambitieuse menée par ces différents pôles est la création de plate-forme emploi-formation, effective depuis 2008 pour Imaginove et le PRIMI, et en construction pour le Pôle Images Nord-Pas de Calais. Ces sites Internet sont à la fois une plate-forme de recrutement pour les entreprises, un outil de promotion des filières multimédia régionales et de présentation de l’offre de formation initiale. Ces sites ont donc pour objectif d’encourager les passerelles entre les milieux du jeu vidéo, du cinéma-audiovisuel, de l’animation et du contenu numérique en raisonnant, non plus en terme de filière, mais en terme de métiers. Cette nouvelle dynamique a encouragé les universités et les écoles régionales qui offrent des formations dans le domaine du multimédia à adapter progressivement leurs enseignements aux besoins réels des entreprises locales. Pour ce faire, elles établissent de plus en plus des partenariats formels ou informels avec des firmes régionales qui envoient des professionnels pour dispenser des cours au sein de ces écoles et organisent des stages professionnels pour les étudiants en fin de cursus universitaire. C’est en ce sens qu’il faut comprendre la convention signée entre la firme roubaisienne de jeux vidéo Ankama (300 salariés) et les écoles consulaires Supinfocom et Supinfogame qui ont réorienté certains aspects spécifiques de leur formation pour répondre aux besoins de cette entreprise qui recrute des jeunes diplômés quasiment chaque semaine.

Les balbutiements de la recherche collaborative

24Dans les trois aires métropolitaines, l’industrie du multimédia n’est pas très impliquée dans la recherche, même si la labellisation d’Imaginove en tant que pôle de compétitivité a permis la mise en place de 45 partenariats associant des firmes à au moins un laboratoire de recherche universitaire, contre seulement une petite dizaine du Pôle Images Nord-Pas de Calais et cinq pour le PRIMI. Dans une filière peu marqué par l’innovation comme l’audiovisuel, les trois métropoles ne bénéficient pas de la présence de grands producteurs comme à Paris. De ce fait, les acteurs de la filière préfèrent concentrer leurs efforts vers une production de qualité, beaucoup moins gourmande en innovations techniques et effets spéciaux en tout genre. À ce jour, un seul programme de recherche touche l’audiovisuel dans l’aire métropolitaine de Lyon, mais ce dernier est porté par deux entreprises et n’associe aucun centre de recherche publique.

25Quant au jeu vidéo, la faiblesse des collaborations avec les centres de recherche universitaire tient au rapport particulier que les studios de développement entretiennent avec la R & D. Lorsqu’un studio de développement met en œuvre de la R & D, elle n’est généralement pas dissociée d’une production et prend fin lorsque cette dernière est terminée. Les courants d’innovation sont donc plutôt exogènes aux acteurs de contenu et apparaissent comme des contraintes technologiques imposées en amont par les acteurs du hardware. Afin de lutter contre ces difficultés, Imaginove et le Pôle Images Nord-Pas de Calais ont lancé des appels à projet serious game, avec pour obligation d’associer au moins un laboratoire de recherche. L’implication financière des pouvoirs publics est forte, comme l’illustre le cas du projet Garden développé dans l’agglomération lyonnaise par trois PME locales (Krysalide, Eden Games, Gamr7) et un laboratoire de recherche (INRIA). Le projet vise à développer une technologie évolutive et commune dans la production de jeux vidéo des développeurs du groupe Atari, dont les partenaires sont sous-traitants. Cette avancée technologique permettra au groupe de diminuer ses coûts de production et d’investir directement sur de nouveaux projets en termes de fonctionnalités, de performances, de visuels et de productivité. Le montant de ce projet est estimé à 9 millions d’euros, dont le tiers est financé par les pouvoirs publics, principalement l’État, la Région Rhône-Alpes, l’Europe, le Conseil Général du Rhône et la Communauté Urbaine du Grand Lyon. Encore une fois, l’espoir de voir émerger des projets collaboratifs associant laboratoires de recherche universitaire et écoles apparaît lointain.

Conclusions

26Dans les aires métropolitaines de Lille, Lyon et Marseille, les relations entre les structures d’enseignement supérieur, les centres de recherche et le monde entrepreneurial demeurent encore très limitées en dépit d’une offre de formation diversifiée et de qualité. Si les structures d’enseignement supérieur attirent un grand nombre d’étudiants, ces derniers préfèrent, une fois leurs études terminées, quitter la région pour s’installer là où les opportunités d’emploi sont meilleures, principalement en région parisienne et dans les grandes villes d’Amérique du Nord. Afin de retenir ces jeunes créatifs et les encourager à créer leur propre entreprise, l’État français a envisagé la création d’incubateurs universitaires publics qui permettraient un meilleur transfert des connaissances des structures d’enseignement supérieur vers le monde entrepreneurial. Or, la plupart des projets d’entreprise sont portés par des professionnels créatifs et non par des universitaires, illustrant la difficulté pour ces aires métropolitaines à développer une économie reposant sur des connaissances davantage analytiques.

27Afin de valoriser les passerelles entre les universités, les centres de recherche et le monde entrepreneurial, les pouvoirs publics régionaux et métropolitains ont lancé des politiques de soutien au développement de l’industrie du multimédia, en privilégiant une approche réticulaire. Ainsi, ont été créées des structures chargées de l’animation de filières telles que le Pôle Images Nord-Pas de Calais à Lille, Imaginove à Lyon et le PRIMI à Marseille. Ces associations professionnelles placent les structures d’enseignement supérieur et les laboratoires de recherche universitaire au cœur du dispositif en les intégrant aux divers salons interprofessionnels, mais aussi aux appels à projets collaboratifs. Ainsi, se mettent progressivement en place des convergences entre les structures d’enseignement supérieur et le monde entrepreneurial. Mais ces dernières demeurent encore très largement émergentes et témoignent de l’importance du non-immédiatement marchand (Glon, 2007) et d’une approche évolutionniste dans le développement des réseaux qui sont marqués par plusieurs cycles de vie : l’émergence, la croissance, la maturation, le déclin et, le cas échéant, la renaissance (Daumas, 2007).

Bibliographie

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