Une réappropriation territoriale et culturelle par les autochtones ?
L’exemple des Lil’wat dans la région de Mount Currie en Colombie-Britannique
p. 181-191
Texte intégral
Le dynamisme des Lil’wat dans la région de Mount Currie
1La bande de Mount Currie est située à 180 kilomètres au nord de Vancouver et rassemble 1800 individus. 1100 environ d’entre eux vivent sur 10 réserves pour une superficie de 2930 hectares (carte 6). Si la plus petite est de 2 hectares, la plus grande atteint 1619 hectares. 3 des réserves ne sont plus peuplées en raison d’un regroupement des individus sur la commune de Mount Currie. Ce nom vient d’un sommet montagneux tout proche. Une centaine d’habitants sur ou hors réserves ne sont pas enregistrés comme autochtones (Encadré 24). 700 natifs environ vivent hors des réserves sans en être trop éloignés. Ils sont surtout présents aux abords du camp de pêche au saumon sur le lac Lillooet. C’est dans le fond de vallée boisée et souvent marécageux de la rivière du même nom que vivent essentiellement les Indiens. Si les réserves y sont principalement localisées, elles s’étendent également sur les versants montagneux où les forêts sont très présentes. Elles couvrent 2300 hectares des 2900 constituant la superficie des 10 territoires réservés aux natifs.
Encadré 24 – De la bande à la division ethnique. Une terminologie pas toujours bien claire.
Les termes désignant les Indiens d’Amérique du Nord au Canada et les groupes qui les constituent ont beaucoup varié. Il est souvent difficile de s’y retrouver. Quelques clarifications sont possibles au moins pour les expressions les plus usitées (O. P Dickason, 1996, op cité, W. Duff, 1997). Une communauté d’indiens au niveau local était traditionnellement appelée tribu. Ce terme n’est guère plus utilisé. Il a été supplanté par une expression découlant directement de la colonisation européenne ; bande qui correspond très officiellement à un groupe d’indiens vivant sur réserves, c’est-à-dire sur ces territoires bornés et placés directement sous juridiction fédérale. Chacune de ces cellules locales est représentée par un conseil élu. Plusieurs tribus jadis, plusieurs bandes aujourd’hui constituent à un niveau plus large des groupes régionaux. Ils se différencient les uns des autres par des dialectes différents. Que quelques-uns d’entre eux offrent des similitudes permet de les rattacher à une aire linguistique. La pratique d’une langue et des modes de vie proches identifient une division ethnique. Au final, nous avons successivement du local au global : la bande, le groupe régional, l’aire linguistique et les divisions ethniques. En dépit du rejet des cultures autochtones par la colonisation, ces quelques qualificatifs témoignent encore de la diversité et de la complexité du monde indien. Où placer l’expression « Première Nation » par rapport à tous ces termes ? Si elle s’identifie très souvent au niveau des groupes linguistiques, rappelons qu’elle n’a aucune définition officielle.
2Ces autochtones ont refusé de se joindre au processus des traités lancé par le gouvernement provincial avec l’appui du pouvoir central au début des années 1990. Tout est question de territoire et de délimitations. Précisons que la bande de Mount Currie relève de l’aire linguistique plus vaste sur laquelle les « Lil’Wat » vivaient avant le contact. Celle-ci s’intègre dans l’espace de vie ou division ethnique des « Stl’atl’mix » ou des Salish de l’intérieur. Le différend entre ces natifs et la Province est né d’une reconnaissance très différente du territoire de référence et de ses limites. Les autorités provinciales cherchent à le circonscrire au plus près des 10 réserves. Autrement dit la base de négociation préalablement établie par les descendants du pouvoir colonial est directement dérivée de la colonisation. La région n’a connu aucune implantation sédentaire de colons blancs avant 1880. En un peu plus d’un siècle, les autochtones de secteur de Mount Currie considèrent qu’ils ont tout perdu. Contestant le cadre de discussion fixé par la Province, ils lui préfèrent celui des « Lil’wat », ce que les autorités de Victoria ne veulent pas accepter (Carte 7). Les pouvoirs publics estiment qu’une rétrocession éventuelle d’un tel espace bouleverserait complètement les héritages de la colonisation et les périmètres d’actions qui en sont issus. Les districts forestiers, à l’intérieur desquels sont dessinées les aires de coupe octroyées aux compagnies forestières, seraient alors menacés de disparition. Seraient aussi remis en cause les fondements même de l’exploitation forestière avec l’omniprésence de ces grandes entreprises. Résolument opposé à de telles hypothèses, le gouvernement provincial, soutenu par Otawa, exige alors que les Indiens de Mount Currie prouvent qu’ils vivaient bien jadis sur le territoire des « Lil’Wat ». Deux logiques s’opposent. Il y a d’un côté, celle incarnée par les descendants des colons et leurs institutions qui se réfèrent à un droit écrit légitimant des cadres sociaux et spatiaux bien délimités. De l’autre côté, les natifs raisonnent selon le droit oral et les coutumes ancestrales qui ne s’enferment pas dans des espaces bornés.
3Apporter la preuve comme il est demandé aux Indiens de le faire s’apparente à un véritable défi. Réinvestir son passé, chercher des témoignages supposent des moyens humains et financiers, ce qui n’est jamais facile pour les autochtones au Canada. La preuve et la démonstration écrites sont étrangères à leur culture tout comme l’est la notion de ligne frontière. La bande de Mount Currie a réagi à deux niveaux : des initiatives au niveau local et d’autres à l’échelle de l’aire « Lil’wat ». Les différents avec les pouvoirs publics n’ont pas empêché les Indiens de multiplier les propositions et d’envisager des négociations avec Victoria à propos du développement de leurs communautés. Bon nombre des actions envisagées ont trait à la foresterie. Les conseillers de la bande de Mount Currie ont signé un accord avec le pouvoir fédéral valant pour plus de 100 hectares. Celui-ci leur permet d’exploiter et d’aménager les forêts sur réserves en respectant les consignes du développement durable. Les coupes claires sont limitées surtout si les terrains offrent des pentes fortes afin de limiter le risque d’érosion. Les coupes sélectives et les plantations se développent. Des secteurs de vieux arbres sont régulièrement maintenus à la fois pour servir de niches écologiques ou pour la régénération naturelle. Ces activités forestières sont loin de se cantonner aux terres fédérales. Le conseil de bande a aussi négocié un accord avec le gouvernement de Colombie-Britannique. Relativement rare, ce type de projet est original. Ils autorisent les natifs à sortir de leurs réserves, à exploiter et à aménager 400 hectares de forêts sur les terres de la province, toujours dans une optique durable. Avec une autorisation annuelle de coupe de plus de 50 000 m3 par an, la bande trouve les moyens de développer des activités économiques. C’est l’objectif essentiel de « Creekside Resource Inc » créée par les natifs avec le soutien de Ministères provinciaux et fédéraux. Regroupant 5 employés chargés d’envisager des projets dans la formation et pour l’emploi, cette entreprise a été à l’initiative d’un joint venture. Conclu entre le conseil de bande et la compagnie privée CRB logging, il a pour but de développer le sciage et la vente de bois de résineux en privilégiant le recrutement d’autochtones. Ils représentent la moitié des 15 employés. Les revenus issus de l’exploitation forestière sur les réserves font actuellement l’objet de discussions avec le pouvoir fédéral. Ceux tirés des activités entreprises sur les terres provinciales offrent déjà plusieurs possibilités. Une part de l’argent gagné va à la communauté. Le conseil de bande décide et vote les utilisations qui en sont faites. Elles peuvent concerner des équipements ou des actions plus sociales comme la formation. C’est une préoccupation récurrente de la bande où le taux de chômage est de 70 % et où plus de 50 % de la population a moins de 25 ans. Les revenus engendrés par les activités forestières permettent de prendre en partie en charge la formation de jeunes. 9 d’entre eux ont récemment obtenu un diplôme de technicien forestier dans un institut technique de Vancouver. Ils ont aujourd’hui un emploi à Mount Currie. Une autre part conséquente des revenus va au développement économique avec un objectif à très court terme, celui de créer une autre entreprise locale. Elle serait davantage orientée vers la transformation de bois afin de dégager plus de valeur ajoutée que les activités actuellement présentes. Ce qui est en jeu dans ce dynamisme de cette bande indienne n’est autre qu’une réappropriation sociale de sa destinée. Personne n’ose imaginer que la Province reviendra en arrière à propos des 400 hectares pour les reprendre. Les autochtones se resaississent d’une partie de leur terre et montrent qu’ils sont capables de s’impliquer dans le devenir de leur communauté.
4Le deuxième niveau d’intervention des « Mount Currie » n’est autre que celui du territoire des « Lil’wat ». Une attitude qui paraît logique car les premiers représentent actuellement la totalité de la population des seconds. Alors qu’ils ne sont plus en possession de leur terre ancestrale et qu’ils en revendiquent sa rétrocession, les Indiens de « Mount Currie » ont réalisé un véritable plan de protection des héritages culturels et des ressources en 2004. Des études historiques, des fouilles archéologiques ont permis d’une part de fixer les limites d’une aire de vie qui était la plus fréquentée par les « Lil’wat » et d’autre part d’attester de l’ancienneté de leur présence. Ces investigations leur ont permis de distinguer des places sacrées d’un intérêt plus ou moins important pour différentes raisons. Lieux dédiés aux créatures surnaturelles et aux mythes, aux esprits créateurs, aux anciens, ces endroits sont préservés (Carte 7). D’autres le sont plus en raison de leurs particularités et richesses écologiques. Ce qui vaut au niveau de l’espace « Lil‘wat » vaut également à l’échelon local. Sont aussi protégés les sites archéologiques offrant des témoignages du mode de vie passé des natifs. À ces démarches s’ajoutent plusieurs état des lieux du patrimoine naturel. La nature et la relation à la nature étant au cœur de la culture des « Lil’wat », la bande de Mount Currie entend protéger les ressources comme l’eau, les sols, la végétation. Plusieurs actions sont projetées comme, par exemple, la réduction des pollutions, l’élimination des pesticides et des herbicides, la protection de niches écologiques, la limitation des prélèvements sur le milieu. Convaincus que chacune de ces initiatives interagit sur l’autre, les natifs pensent qu’ils peuvent ainsi préserver les éléments naturels et contribuer à leur renouvellement. C’est à ce prix que des pratiques traditionnelles comme la pêche, la chasse et le piégeage, la collecte de plantes médicinales pourront être maintenues. Cette réappropriation culturelle s’accompagne de mesures pour développer les activités récréatives de plein air et le tourisme, la foresterie durable mais aussi d’autres activités économiques et éducatives. Amorcé il y a plus de 10 ans, ce processus s’appuie sur une ONG autochtone qui fédère la plupart des bandes indiennes qui ne sont pas dans le processus des traités. Connue sous le nom de « Union des Chefs Indiens de Colombie-Britannique », cette organisation a participé à bien des démarches des natifs de « Mount Currie ». C’est en obtenant des aides provinciales et fédérales qu’elle a pu, par exemple, réaliser une étude historique et archéologique des « Lil’wat ». Les « Mount Currie » ont aussi monté eux-mêmes des dossiers pour les soumettre aux autorités provinciales et obtenir leur soutien financier.
Quelles opportunités pour les « Lil‘wat » face à la manne des jeux olympiques de 2010 ?
5Regroupant plus 2 millions d’habitants en 2006, Vancouver est une des deux agglomérations organisatrices des jeux olympiques d’hiver de 2010. Située à 100 kilomètres au nord, Whistler est la seconde ville impliquée dans l’organisation de cet événement. Bien que ne comptant que 9000 habitants, cette cité est considérée comme l’une des plus importantes stations de sports d’hiver à l’échelle de l’Amérique du Nord. Whistler et ses environs offrent depuis 1966 un domaine skiable qui n’a cessé de s’étendre pour atteindre aujourd’hui 2800 hectares. Le comité des jeux olympiques et paralympiques de 2010 encore appelé VANOC (VANcouver Organizing Committee) regroupe plusieurs partenaires. L’État canadien, le gouvernement de Colombie-Britannique en sont les deux principaux. Le Grand Vancouver et la municipalité de Whistler interviennent aussi mais à un niveau nettement moindre. L’objectif de ce comité est de préparer l’événement et la réalisation des équipements nécessaires. Le coût des opérations est de 589 millions de dollars canadiens sans compter les frais occasionnés pour l’amélioration des infrastructures de communication (Tableau 20). Ils se montent à 2,5 milliards de dollars canadiens. Une liaison par métro entre l’aéroport de Vancouver et le centre-ville est le chantier le plus coûteux (1,7 milliard de dollars).
Tableau 20 – le coût total des aménagements directs pour les jeux olympiques d’hiver 2010 à Vancouver
Opérations | Coût total |
Aménagements pour l’organisation des épreuves à Vancouver | 205 millions $ can |
Aménagements pour l’organisation des épreuves à Whistler | 384 millions $ can |
Sous total | 589 millions de $ can |
Infrastructures de communication et équipements connexes à l’organisation des jeux | 2,5 milliards de $ can |
Total | 3, 089 milliards de $ can |
6S’ajoutent à cela un agrandissement du palais de congrès de Vancouver et un élargissement de l’autoroute « Sea to Sky » entre cette ville et Whistler. Quatre sites sont privilégiés pour les épreuves sportives. Deux sont situés à Vancouver et deux dans le secteur de Whistler (Tableau 21, carte 8). Une grande partie des aménagements pour les jeux olympiques d’hiver 2010 se fait sur des territoires qui sont revendiqués par les « Lil’wat » et au sud entre Vancouver et Squamish par les « Squamish ». Au nombre de 3300 dont 1941 sur réserves, ces derniers vivent dans 9 localités et appartiennent à la division ethnique des « Salish du littoral ». Craignant l’essor de chantiers pour les jeux olympiques sur les terres qu’ils réclament sans avoir été consultés, les natifs ne veulent pas être mis à l’écart du projet. Très tôt, ils ont tenu à y être intégrés et à faire des propositions.
Tableau 21 – Les aménagements et les sites prévus pour les jeux olympiques d’hiver 2010 à Vancouver
Les types d’épreuves sur Vancouver | Les types d’épreuves sur Whistler |
7De son côté, le gouvernement provincial a précocement engagé des discussions avec les autochtones afin d’éviter toute manifestation de mécontentement de leur part en 2010. De ces discussions avec les natifs, sont nés plusieurs engagements de la part des autorités colombiennes. Quels sont-ils ? Au-delà de cette simple question, une autre interrogation s’avère plus intéressante. Les autochtones entendent-ils surtout profiter des opportunités commerciales grâce aux projets suscités autour des jeux olympiques quitte à mettre de côté leurs revendications culturelles ? Au contraire, les « Li’wat » et les « Squamish » vont-ils concilier des potentialités nouvelles de développement économique avec leur propre culture ?
8De toute évidence, les initiatives envisagées se situent davantage dans la deuxième optique. Les « Lil’wat » et les « Squamish » se sont entendus pour obtenir la création d’un centre dédié à leur culture. Financé par l’État canadien et le gouvernement de Colombie-Britannique, il abritera un musée, un théâtre, un centre de conférence, un restaurant dans un premier bâtiment. Un second servira de base à des éco-expéditions pour découvrir le territoire et la culture autochtone locale. Construit sur un terrain de 1,6 hectare à l’entrée sud de Whistler, ce centre culturel ouvrira durant l’été 2007 (Photos 13 et 14). Il fournira à court terme 31 emplois, en grande majorité autochtones tout comme les 50 actuellement créés par le chantier de construction. La vallée du Callaghan est un des sites majeurs prévus pour les jeux olympiques de 2010 (Carte 8). Il est situé sur le territoire ancestral des « Lil’wat ».
9Ces derniers ont discuté longuement des nombreux aménagements projetés avec les gouvernements provincial et fédéral. Le projet de centre nordique couvre 250 hectares. Y sont prévues les infrastructures pour accueillir, le ski de fond, le saut à ski, le combiné nordique, le biathlon avec trois stades temporaires ouverts destinés chacun à accueillir 15 000 personnes. S’ajoutent à cela des hôtels, logements, parkings et routes. Toute l’habilité des « Lil’wat » a été de prévoir, dans le cadre de cet accord, leur rôle dans le chantier, les usages qu’ils pourront faire de ces divers aménagements pendant mais aussi après les jeux olympiques. Les autochtones sont donc partie prenantes de toute la phase d’élaboration et de construction. En collaboration avec les « Squamish », les « Lil’wat » géreront les équipements une fois ceux-ci construits mais aussi après l’événement de 2010 quand ils leur auront été rétrocédés. C’est ce qui est effectivement prévu. Les autochtones n’ont que faire d’un tremplin de saut à ski ou de stades provisoires. Leur démolition est donc envisagée après les jeux. Les natifs ne garderont que ce qui peut convenir à un site d’accueil pour les activités récréatives de plein air et la découverte du territoire autochtone. Mener un tel projet n’est pas aisé. Les « Lil’wat » ont créé un joint venture avec des entreprises privées sous le nom de Resource Business Ventures (RBV). Que le chantier soit essentiellement financé par l’État canadien et le gouvernement colombien est indéniable. C’est néanmoins par le biais de RBV que sont conçus les bâtiments et infrastructures qui resteront pour les autochtones. Ils occupent une grande majorité des emplois sur le chantier du centre nordique.
10En dehors du centre culturel et de la vallée du Callaghan, un troisième point est au cœur des discussions entre les natifs et les pouvoirs publics. C’est celui de l’autoroute « Sea to Sky » et de ses abords. Elle traverse les territoires des « Lil’wat » et des « Squamish ». L’élargissement de cette voie de communication s’avère difficile en raison de la proximité des versants montagneux souvent abrupts. C’est la raison pour laquelle les travaux nécessitent une main-d’œuvre abondante. 800 autochtones au total sont, entre autres, recrutés pour travailler à la fois sur le chantier de cette autoroute mais aussi sur celui de l’agrandissement du centre des congrès de Vancouver. De part et d’autre de cette voie routière reliant Vancouver à Whistler, s’étendent des terrains attenants qui font l’objet de toutes les convoitises. L’enjeu est de développer des entreprises sur un axe de communication majeur. Les natifs demandent régulièrement à profiter de telles opportunités sur un territoire qu’ils estiment le leur. Le gouvernement de Colombie-Britannique s’est engagé à transférer 242 hectares le long de cette autoroute aux « Lil’wat ». Cette mesure sera complétée par une autre rétrocession en 2009 qui portera sur 243 hectares. En souhaitant accéder davantage à la terre et aux ressources, les « Li’wat » ont également obtenu un nouveau permis de coupe dans la région de Whistler sur des forêts publiques provinciales.
11Se mêlent dans ces différentes initiatives une volonté de concilier une réappropriation culturelle du territoire et une envie de faire du « business » comme le disent parfois les natifs. Le centre culturel illustre le premier cas. Les aménagements de la vallée du Callaghan et la question des terrains attenants à l’autoroute « Sea to Sky » reflètent davantage le second cas. Sans doute ce terme de « business » est-il maladroit. Il ne traduit ni plus ni moins que cette possibilité pour les Indiens d’amorcer un développement économique, de créer des emplois pour des communautés qui en manquent beaucoup. La misère y est le lot quotidien. Semblant partir de rien ou assurément de pas grand-chose, ces indiens voient là de réelles opportunités de faire-valoir enfin leurs droits sans renier leur culture. Toutes ces initiatives demeurent le fait du conseil de bandes et sont gérées par lui ou des officines qu’il a créées. Outre cette appropriation collective, les natifs ont toujours le souci de participer à la conception des projets afin que leurs idées et leurs aspirations soient prises en compte. Les aménagements sont toujours de taille modeste. Ils sont le fruit d’une éthique de l’action comme en atteste finalement ce que nous avons pu dire de cette réappropriation culturelle et territoriale à propos des forêts pour la bande de Mount Currie. L’exemple de la vallée du Callaghan est éloquent à cet égard. Jamais les natifs n’ont pensé créer une station de sports d’hiver prolongeant celle de Whistler. Ils ont conçu une base pour des activités récréatives de plein air où la découverte de la nature et des traditions autochtones sont à la base du projet. Qu’il y ait plusieurs restaurants et un ou deux hôtels sans compter les 75 kilomètres de chemins aménagés n’oblitère en rien cette philosophie générale. L’appât du gain n’a pas étourdi les esprits. Personne ne peut dire pour combien de temps encore
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