1 Cf. entre autres Neil Lazarus (éd.), Penser le postcolonial, Une introduction critique, Paris, Éd. Amsterdam, 2006 (notamment la première partie de l’ouvrage) ; Chloé Maurel, « La World/Global History : questions et débats », Vingtième Siècle, Presses de Sciences-Po, N° 104 (octobre-décembre 2009), p. 153-166 ; Philippe Norel, Laurent Testot (éds.), Une histoire du monde global, Paris, Éditions Sciences Humaines, 2012 ; Sebastian Conrad, Globalgeschichte - Eine Einführung. München, Beck Verlag, 2013.
2 Sebastian Conrad, Jürgen Osterhammel (éds.), Das Kaiserreich transnational, Göttingen, Vandenhoek & Ruprecht, 2004.
3 Voir par ex. Florian Krobb, Elaine Martin (éds.), Weimar Colonialism, Discourses and Legacies of Post-Imperialism in Germany after 1918, Bielefeld, Aisthesis, 2014.
4 Il s’agit du « Siebenbürger Sachsenlande ».
5 Le terme de « binarisme » est utilisé dans le cadre des théories postcoloniales pour décrire ce que l’on tient pour une vision eurocentrée et dichotomique du monde. Dans notre cas elle concerne une approche germanocentrée.
6 Cf. Homi K. Bhabha, The Location of Culture, London, New York, Routledge, 1994. Traduction française : Les lieux de la culture, une théorie postcoloniale, Paris, Payot, 2007, p. 33. L’idée de third place est parfaitement décrite par l’auteur grâce à l’image de la cage d’escalier lorsqu’il remarque : « La cage d’escalier en tant qu’espace liminal, interstitiel aux désignations d’identité, devient le processus d’interaction symbolique, le tissu conjonctif construisant la différence […]. Le « çà » et « là » de la cage d’escalier, le mouvement temporel et le passage qu’elle autorise, empêchent les identités situées à chaque bout de s’installer dans des polarités primordiales ».
7 « J’ai perdu deux sœurs et vous m’offrez vingt nègres ». Ce mot célèbre de Paul Déroulède reste emblématique du parti anticolonial, considérant que jamais les colonies ne pourront offrir une compensation à la perte de l’Alsace-Lorraine et que la conquête coloniale puise l’énergie dont la France a besoin pour la future guerre contre l’Allemagne.
8 Christian Baechler, « Le Reich allemand et les minorités nationales », Revue d’Allemagne, janvier-mars 1996, p. 36.
9 C. de Gemeaux, « Les espaces coloniaux allemands », Recherches germaniques N° 43, 2013.
10 Ibid., p. 89.
11 Christian Baechler, « Le Reich allemand et les minorités nationales 1871-1918 », in Jean-Paul Bled, Le nationalisme allemand 1850-1920, p. 3-48, ici p. 31-32.
12 François Roth, « Le Reichsland d’Alsace-Lorraine 1871-1890 », in Jean-Paul Cahn, Bernard Poloni et Gérard Schneilin, L’Empire allemand de l’Unité du Reich au départ de Bismarck 1871-1890, Nantes, Éditions du Temps, 2002, p. 148-158, ici p. 156-157.
13 F. Roth, op. cit., p. 148s.
14 Ibid., p. 152.
15 « Die entarteten Kinder müssen unsere Faust fühlen! Der Züchtigung wird die Liebe folgen, und diese wird sie wieder zu Deutschen machen ». Cité par Lothar Gall, « Das Problem Elsass-Lothringen », in Theodor Schieder, Ernst Deuerlein, Reichsgründung 1870-1871. Tatsachen, Kontroversen, Interpretationen. Sechzehn historische Studien, Stuttgart, Seewaldverlag, 1970, p. 374.
16 L’affaire de Saverne éclate en novembre 1913 : un jeune lieutenant en garnison à Saverne, le baron Günther von Forstner, traite les recrues alsaciennes de Wackes (« voyous »). En découle une agitation locale à laquelle la presse, alsacienne-lorraine, française et allemande, donne un vaste écho. À Berlin, le gouvernement impérial, saisi par les députés d’Alsace-Lorraine, donne raison à l’autorité militaire : ce désaveu provoque, en avril 1914, la démission du gouvernement d’Alsace-Lorraine, remplacé par des fonctionnaires prussiens. Signalons l’organisation d’un colloque à Strasbourg en 2013 consacré à l’affaire de Saverne, intitulé : « Quand une petite ville d’Alsace devint le centre du monde ».
17 C. Baechler, op. cit., p. 45-46.
18 Pensons aux ouvrages publiés par le Secrétaire d’État aux colonies Bernhard Dernburg par exemple qui renvoient à ce point de vue pragmatique et utilitariste : Bernhard Dernburg, Koloniale Lehrjahre, Stuttgart, Berlin, Leipzig, Union deutsche Verlagsgesellschaft, 1907. Id., Zielpunkte des deutschen Kolonialwesens, Berlin, Siegfried Mittler, 1907. Voir également Catherine Repussard : « Le conquistadore et le grand commis de l’État : Carl Peters et Bernhard Dernburg : deux hommes et deux périodes de l’histoire coloniale allemande », in Catherine Repussard, Monique Mombert (éds.), « Pensée et politique coloniales », Revue d’Allemagne N° 4, 2006, p. 493-508.
19 Voir par exemple Andreas Eckert, « Koloniale Stadtplanung und europäischer Rassismus. Die Enteignung der Duala », in Winfried Wagner et al. (éds.), Rassendiskriminierung, Kolonialpolitik und ethnisch-nationale Identität, Münster, Hamburg, LIT, 1992, p. 206-216.
20 Marc Ferro, Histoire des colonisations : Des conquêtes aux indépendances, XIIe-XXe siècles, Paris, Seuil, 1994, p. 30-38.
21 Alexander Honold, Oliver Simons (éds.), Kolonialismus als Kultur, Literatur, Medien, Wissenschaft in der deutschen Gründerzeit des Fremden. Tübingen, Basel, Francke, 2002 : « Die weitverbreitete Einschätzung, dass Deutschland und die deutsche Kultur nur über nachholende, jedoch nicht nachhaltige koloniale Erfahrungen verfügte, bedarf der Korrektur, indem neben den unmittelbar politisch militärischen Akteuren auch das diskursive Feld beispielsweise der disziplinären Neugründungen (wie Koloniallinguistik, Tropenmedizin, oder Ethnographie) und die bemerkenswerte Konjunktur geographischer Zeitschriften in der zweiten Hälfte des 19. Jahrhunderts […] in den Blick genommen werden ».
22 Charles-Robert Ageron, France coloniale ou parti colonial ?, Paris, PUF, 1978. L’auteur souligne que, dans les profondeurs, la France n’était pas « coloniale », ni au XIXe ni au XXe siècle, mais qu’elle a été entraînée dans l’aventure coloniale par le « parti » colonial qui n’a jamais touché les masses.
23 En décembre 1882, deux sociétés coloniales, la Gesellschaft für deutsche Kolonisation et le Deutscher Kolonialverein fusionnent pour former une nouvelle société coloniale, la Deutsche Kolonialgesellschaft. Le profil général des membres de la Kolonialgesellschaft reste cependant globalement semblable à celui des membres du Kolonialverein. Les commerçants et les industriels sont les plus nombreux. Le nombre de hauts-fonctionnaires et d’officiers est également important. Les membres de la noblesse sont en faible nombre. Mais le prince Guillaume de Wied y adhère, et son président n’est autre que le prince Hermann zu Hohenlohe-Langenburg.
24 Horst Gründer, Geschichte der deutschen Kolonien, Paderborn, Schöningh, 1991, p. 41.
25 Cf. ADBR 27BR27AL688 : Lettre du Regierungsrat Kayser au Statthalter (13/02/1899).
26 Par exemple, le 9 janvier un certain Dr. Thilenius donne une conférence intitulée Samoa nach eigener Anschauung. La Straßburger Post du 10 janvier (N° 24) en publiera un long compte-rendu.
27 Mitteilungen der Gesellschaft für Erdkunde und Kolonialwesen (Abteilung Straßburg der deutschen Kolonialgesellschaft), Cahier 1, année 1910, p. 30-34.
28 Le maire de Strasbourg Rodolphe Schwander en fait partie, ainsi que le Secrétaire d’État « alsacien » Hugues Zorn.
29 Eric Ettwiller, « L’idéologie coloniale à Saverne à l’époque du Reichsland. Présentation de la deutsche Kolonialgesellschaft d’une petite ville alsacienne », in Pays d’Alsace. Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs, Cahiers 227, II, 2009.
30 « Ich gehe von der Ansicht aus, dass eine solche Veranstaltung jetzt gerade dort am Platze wäre, einerseits um der Bevölkerung und der Jugend eine lehrreiche Unterhaltung zu bieten, andererseits wäre der Bevölkerung von Zabern Gelegenheit geboten, durch einen regen Besuch der Veranstaltung ihren patriotischen und gutdeutschen Sinn der Welt vor Augen zu führen. » Cité par Ibid.
31 Cf. Emmanuel Amougou, La construction de l’inconscient colonial en Alsace. Un village nègre sous le froid, Paris, L’Harmattan, 1999.
32 Bernard Vogler, Histoire culturelle de l’Alsace, Éd. la Nuée bleue, Strasbourg, 1993, p. 266.
33 Cf. Odile Goerg, « Exotisme tricolore et imaginaire alsacien. L’exposition coloniale, agricole et industrielle de Strasbourg en 1924 », in Revue d’Alsace, 1994, p. 239-268.
34 Cf. AVCUS BRB 1544, p. 36.
35 Reproduit dans les DNS du 6 juillet 1924.
36 H. K. Bhabha, op. cit., p. 60.
37 Ibid., p. 148. Voir également le chapitre 4 : « Du mimétisme et de l’homme : l’ambivalence du discours colonial ».