1 Cette précision est notamment apportée dans son portrait par Christophe Alix, « Roux de Bézieux au secours des patrons », Libération, 3 juillet 2018.
2 On retrouve ici les axes connus de la représentation consistant à rendre présent ses mandataires tout en donnant des gages de sa qualité de représentant. Voir sur ce point la formulation classique (Marin, 1981) et la mise au point la plus récente (Dutoyat, Hayat, 2016).
3 Le porte-parolat comme équipe a déjà été analysé en sociologie des causes (Sanseigne, 2016).
4 Les dirigeants permanents disposent d’une organisation professionnelle, le Cedap (Centre des dirigeants d’associations professionnelles) qui défend leur métier et tente de valoriser les quelques 600 associations professionnelles alors que les « élus » ne disposent pas d’organisations dédiées ni-même de réseaux plus ou moins formalisés.
5 Les permanents patronaux ont fait l’objet d’un ouvrage collectif d’historiens (Dard, Richard, 2005). L’enquête coordonnée par M. Offerlé en a délivré la morphologie contemporaine (2011).
6 De telles organisations comprennent des binômes Président/DG au niveau national et départemental (parfois également régional). À chaque fois, cohabitent des élus et des permanents.
7 Ce secteur suit les mêmes étapes de la construction des autres organisations patronales. Avant la première guerre mondiale, les organisations « nationales » sont très rares, les plus souvent « parisiennes ». Dès la mise en circulation des premiers véhicules à moteur de poids lourds, des chambres syndicales sont créées dans les villes portuaires et les centres urbains dotés de réseaux ferrés. Ces organisations locales ne se sont pas fédérées et ont laissé peu de traces.
8 Ces éléments ne sont qu’un premier retour sur un secteur économique. Ils nécessiteraient d’être confrontés à d’autres catégories d’organisations patronales pour pouvoir monter en généralité.
9 G. Loubat meurt en 1967 à 86 ans dans le silence de la plupart des organisations de transporteurs et dans l’indifférence des pouvoirs publics. Voir sa notice dans le Who’s who, 1959, p. 1713.
10 Loubat G., « La réorganisation des transports et la coordination », L’État moderne, n° 10, oct. 1938, p. 167-170.
11 Cette organisation est la plus connue du grand public du fait de la notoriété des restaurants labellisés « routiers » qui ont été développés par ce syndicat pour mobiliser les chauffeurs et diffuser la presse syndicale.
12 L’officiel des transporteurs et des garagistes, n° 860, août 1973.
13 Démission d’Yves Charvin, un des trois secrétaires généraux de l’Unostra deuxième groupement patronal du secteur. Le poids lourd, n° 840, oct. 1985.
14 L’information des petits transporteurs, n° 2, fév.-mars 1958.
15 André Magnaval est un cas très intéressant de président. Il commence sa carrière comme délégué de centrale ouvrière et conseiller municipal communiste de Paris puis, après un passage dans les groupements des « grands » patrons, il crée l’organisation qui réussit à revendiquer la parole des « petits », les artisans (l’Unostra). On se reportera avec profit à sa notice du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier.
16 L’officiel des transporteurs et des garagistes, n° 1408, mars 1986.
17 Ces interventions sur les antennes sont d’autant plus importantes qu’elles servent dans la presse professionnelle à prouver que les délégués travaillent pour la cause alors qu’ils ne sont pas des professionnels du secteur, sont diplômés et généralement parisiens. Voir par exemple l’entretien télévisé du président fondateur de la FNCR, F. de Saulieu – ce noble ancien journaliste est le fondateur de ce syndicat de salariés et du guide des restaurants –, le 1er novembre 1972 sur la première chaîne et son compte rendu dans Les routiers, n° 454, nov. 1972.
18 Cette modalité du travail des représentants était conçue comme une forme de pression sur l’opinion publique dans les ouvrages classiques sur les groupes de pression comme ceux de J. Meynaud dans les années 1960.
19 Guide officiel des transports routiers, 1949, p. 13.
20 Encadré à la une du Courrier des transporteurs de France, n° 32, juin 1936.
21 Le courrier des transporteurs de France, n° 38, sept. 1936, souligné par nous.
22 Qualificatif utilisé pour désigner les diplômes (doctorat en droit et diplômé de Sciences Po) de Gilbert Heurley, secrétaire général de la FNTR de 1945 à 1952 après avoir été conseil juridique de la FNTF dans l’entre-deux-guerres et chef de service au Comité d’organisation des transports routiers (COTR) sous Vichy. Cf. L’officiel des transporteurs, n° 284, août, 1948.
23 Termes utilisés par le directeur de la formation de la fédération du Medef observée.
24 L’enquête (Penissat, Rabier, 2015) menée sur 251 présidents de fédérations Medef part du principe qu’ils sont les porte-paroles du groupe et sont les « dirigeants » des fédérations. Ils n’en composent pas moins une autre élite quasi exclusivement masculine du monde patronal en étant plus proches du « grands patrons » et « très proches » de l’État.
25 Entretien avec le secrétaire général d’un syndicat départemental de la FNTR, dans son bureau à Quimper.
26 Ce don peut également être celui d’une vie. Georges Litalien, élu président de la FNTR en 1947, élu député en 1951, meurt dans l’exercice de ses multiples fonctions en 1952 à 56 ans. Sa mémoire a été saluée par Édouard Herriot pour la Chambre des députés et André Morice en tant qu’ancien ministre des travaux publics. La science politique a vu en lui « l’employé d’un groupe de pression devenu homme politique » (Ehrmann, 1959, p. 209), celui qui fait le « lien entre le parlementaire et le professionnel » (Guillaume, 1987, p. 45).
27 Entretiens réalisés dans le cadre de l’enquête sur les présidentielles de 2012 (Courty, Gervais, 2016). Les permanents cités sont successivement le responsable du mécénat d’une entreprise (ancien responsable des relations institutionnelles), la chargée affaires publiques d’une ONG et la directrice de la communication d’un groupement professionnel.
28 Dans les autres postes de permanents du secteur on retrouve l’importance de l’Institut d’études politiques de Paris. Les délégués généraux de la FNTR en sortent. Celui de l’Union des fédérations de transports également mais avec en plus le grade d’ancien polytechnicien ou encore celui de la chambre syndicale des transports de Paris qui est de plus un héritier de la banque Mirabaud. Les autres sont centraliens, sorti de navale, docteur en droit, docteur ès mathématiques ou polytechnicien ingénieur des Ponts. Les diplômes décroissent avec les catégories sociales représentées. Néanmoins le premier délégué général de l’Unostra – organisation des artisans – était docteur en droit et diplômé d’HEC mais il a démissionné trois ans après sa prise de poste.
29 En 2018, à 78 ans, il était encore suppléant du représentant du Conseil économique et social au Conseil supérieur de la forêt et des produits forestiers.
30 Dans la population étudiée, 28,1 % ont été candidats au moins une fois à une élection politique, 18,9 % ont été élus.
31 Son engagement politique est corroboré par sa publication d’un article dans Nouveau siècle, revue du club des gaullistes de gauche constitué en 2001.
32 Cette porosité occasionne des trajectoires croisées. H. Ghigonis devient « élu » après avoir commencé comme permanent. Son prédécesseur à la tête de la FNTR, Claude Leblanc, avait lui commencé comme « élu » (président de fédération départementale) avant de devenir DG puis d’investir des organisations internationales du transport avec les deux casquettes.
33 La maîtrise de la prise de parole en public fait souvent l’objet de formation des élus, les uns étant peu habitués aux médias, les autres peu entraînés à l’usage de la scène devant des publics aussi vastes. Les congrès annuels professionnels ont pour cadre les plus grandes salles de spectacle de Paris et font intervenir les présidents en même temps que les ministres le tout arbitré par des journalistes connus qui font alors des « ménages ».
34 Les routiers sont également célèbres pour les émissions de radio qui leur ont été consacrées. Elles n’ont pas été créées ou financées pour les groupes d’intérêt du secteur. Les soutiens venaient plutôt des entreprises privées et publiques et des services de l’État (Chupin, Hubé, 2017).
35 En présentant les résultats de l’enquête sur l’élection présidentielle de 2012 devant un parterre de représentants d’intérêt tous permanents, la réaction de l’équipe de direction d’une fédération du Medef a été la suivante en découvrant que certains utilisaient la presse grand public : « nous n’avons jamais pensé que cela pourrait intéresser quelqu’un ».