1 Joachim de Dinteville, lieutenant général en Champagne et Brie (1579-1607). Cet officier de confiance du roi connaît parfaitement son pays et sa noblesse provinciale. Il dispose de l’autorité politique en l’absence du gouverneur de la Champagne et fait appliquer les ordres du roi.
2 Dépêche du nonce Ragazzoni au cardinal de Côme, de Paris, le 1er avril 1585, Correspondance du nonce en France Girolamo Ragazzoni (1583-1586), Pierre Blet (éd.), Paris, É. de Boccard, 1962, p. 390.
3 C’est ce que suggère l’ambassadeur de Savoie : « Sy le Roy de Navarre arrivoit à ce point et que la coronne lui vint en main, [les Guises] pouvoient-ils doubter autre qu’une ruyne de leur maison et qu’ilz seroient du tout abatus, comme ses antiens ennemis et catholiques ? ». René de Lucinge, « Discours sur les affaires de France au duc de Savoie », de Paris, le 25 mars 1585, dans, Lettres sur les débuts de la Ligue (1585), Alain Dufour (éd.), Genève, Droz, 1964, p. 22.
4 Située au cœur de la Champagne, elle est aussi l’une des places importantes jalonnant les itinéraires fluvial et terrestre entre Paris et Joinville. Sur le plan stratégique, cette petite ville fortifiée est située sur la route des mercenaires allemands venant combattre en France pendant les guerres de religion. Voir Mark W. Konnert, « Provincial Governors and their Regimes during the French Wars of Religion: the Duc de Guise and the City Council of Châlons-sur-Marne », Sixteenth Century Journal, no 4, 1994, p. 827. Sur le rôle de glacis défensif que remplit la Champagne au xvie siècle voir Laurent Bourquin, Noblesse seconde et pouvoir en Champagne aux xvie et xviie siècles, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994, p. 7-19.
5 Pierre de L’Estoile, Registre-Journal du règne de Henri III, Madeleine Lazard et Gilbert Schrenck (éd.), Genève, Droz, 2001, t. V (1585-1587), p. 17.
6 Dépêche de René de Lucinge au duc de Savoie, de Paris, le 29 mars 1585, Lettres sur les débuts de la Ligue (1585), op. cit., p. 32-33.
7 La ville était le siège de plusieurs juridictions fiscales notamment celui de l’élection et de la généralité. Elle abritait le grenier à sel royal et le siège particulier du bailliage de Vermandois. Contrôler Châlons revenait pour les Guises à mettre la main sur un rouage important de l’administration de l’ensemble de la province, ce qui lui avait permis de détourner des subsides pour lever des troupes.
8 Copie d’une lettre de Dinteville au roi, de Châlons-en-Champagne, le 21 mars 1585, Sorb, ms. 377, fol. 198 vo.
9 Ibid., fol. 198 vo.
10 « Concion et harangue faicte à Chalons le 26e jour de mars 1585 par Monsieur le duc de Guise en la presence des chefs et capitaines de son armée », British Museum, ms. Lansdowne t. XLV no 13, éditions par l’abbé de Haudecœur, dans Travaux de l’Académie nationale de Reims, 1902-1903, t. 1, p. 147-151, réédité par Xavier Le Person, dans « Practiques » et « practiqueurs ». La vie politique à la fin du règne de Henri III, Genève, Droz, 2002, p. 591-592. Ce discours, recueilli probablement par un agent du roi de France, porte au dos la date du 2 avril 1585. C’est à ce discours du duc de Guise que nous faisons référence infra. Il est fourni en annexe.
11 Du latin concionem, proprement « assemblée convoquée », puis discours dans cette assemblée, de cum, avec, et ciere, appeler.
12 Jacques-Auguste de Thou, Histoire universelle depuis 1543 jusqu’en 1607, Londres, [s.n], 1734, t. IX, p. 197-198.
13 René de Lucinge, « Discours sur les affaires de France au duc de Savoie », de Paris, le 25 mars 1585, op. cit., p. 26.
14 Ibid., p. 28.
15 Sur ce point Nicolas Le Roux, La faveur du roi. Mignons et courtisans au temps des derniers Valois (vers 1547-vers 1589), Seyssel, Champ Vallon, 2000, p. 366-395 et Jean-Marie Constant, Les Guises, Paris, Hachette, 1984, p. 102-103. Dans les années 1576-1578, plusieurs duels avaient opposé les compagnons du roi à ceux de son frère, le duc d’Alençon, puis à des fidèles de la maison de Guise. Au printemps de 1578, un duel sanglant opposa Entraguet, un gentilhomme guisard, qui avait perdu la faveur royale, ses seconds (Schomberg et Ribérac), à Caylus, Maugiron et Livarot « mignons du roi ». Seuls Entraguet et Livarot, bien qu’estropié, survécurent à la rencontre. Quelques mois plus tard, les Guises firent mettre à mort Saint-Mégrin qui les provoquait avec arrogance.
16 René de Lucinge, « Discours sur les affaires de France au duc de Savoie », de Paris, le 25 mars 1585, op. cit., p. 21.
17 François de Ronsières, Stemmatum Lotharingiae ac Barri ducum tomi septem, ab Antenore, trajanorum reliquarum ad paludes Maeodatis Rege, ad haec usque Caroli III, ducis Lotharingiae, tempora […], Paris, G. Chaudière, 1580. Le clerc avait été d’ailleurs été inculpé de crime de lèse-majesté en 1583, embastillé, puis condamné à faire amende honorable avant d’être finalement libéré par l’intercession de la reine-mère.
18 Nicolas Vignier, Traicté de l’estat et origine des anciens françois, Troyes, 1982.
19 Philippe Duplessis-Mornay, Discours sur le droit prétendu par ceux de Guise à la Couronne de France, [s.n] , [s. l.], 1583. L’ouvrage est d’ailleurs réédité en 1585 en réaction aux propos tenus par le clan des Lorrains.
20 La polémique suscitée par la filiation impériale des Guises est détaillée par Marco Penzi. Voir : « Les pamphlets ligueurs et la polémique anti-ligueuse : faux textes et “vrais faux”. Propagande et manipulation du récit (1576-1584) », dans La mémoire des guerres de religion. La concurrence des genres historiques (xvie-xviiie siècle), Jacques Berchtold et Marie-Madeleine Fragonard (éd.), Genève, Droz, 2007, p. 133-152.
21 René de Lucinge, Le Miroir des princes ou Grands de la France et un bref discours des trois Estats du Royaume avec les conjectures de ce que doibt estre de luy à l’advenir, Alain Dufour (éd.), Annuaire Bulletin de la Société de l’histoire de France, 1954-1955, p. 117.
22 « Rhetorique francoise faicte particulierement pour le Roy Henry III », ms. de la Bib. Estente, no 68, XII, C. 9, 40 p. (vers 1580-1583), Guilio Camus (éd.) dans : Precetti di rettorica scritti per Enrico III Re di Franci, Modena, Societa tipografica, 1887. Guillaume Du Vair, De l’eloquence françoise, Paris, A. L’Angelier, 1595. Jacques Amyot, De l’eloquence Royale, Paris, Les Belles Lettres, 1992, p. 72-73.
23 Sur ce point, voir « Le duc de Nevers dans le labyrinthe de la justification : stratégies et mots de la “practique” », dans Xavier Le Person, « Practiques » et « practiqueurs »…, op. cit., p. 271-374.
24 Voir par exemple sa correspondance dans BNF, ms. fr. 4734.
25 Lettres du petit Guise en 1557, BNF, ms. Gaignières, vol. 348, fols.151, 153, 157, citées par Jean-Marie Constant, Les Guise, op. cit., p. 54.
26 Discours édités par Édouard Frémy dans L’Académie des derniers Valois, Genève, Stlakine, 1969, p. 221-368 Voir aussi Plusieurs discours tenus devant le feu Roy [Henri III] sur les passions de l’ame par plusieurs grands personnages… BNF, ms. fr. 2585. Robert J. Sealy donne un tableau des discours de l’Académie dans The Palace Academy of Henry III, Genève, Droz, 1981 (1978), p. 177-179.
27 Sur cet aspect, voir le colloque Le mécénat et l’influence des Guises, Yvonne Bellanger (éd.), Paris, Honoré Champion, 1997 et Ian Wardropper, « Le mécénat des Guise. Art, religion et politique au milieu du xvie siècle », Revue de l’Art, 1991, no 1, p. 27-44.
28 « Rhetorique francoise faicte particulierement pour le Roy Henry 3 », op. cit.
29 René de Lucinge, « Discours sur les affaires de France au duc de Savoie », de Paris, le 25 mars 1585, op. cit., p. 24.
30 Cet aspect est particulièrement bien démontré René Radouart, dans son article « L’éloquence militaire au xvie siècle », Revue d’Histoire littéraire de France, 1911, no 18, p. 503-552.
31 Nicolas Le Roux, La faveur du roi, op. cit., p. 126.
32 Ibidem.
33 Pierre Matthieu, Histoire de France, Paris, J. Mettayer, 1609, p. 324.
34 Théodore Agrippa d’Aubigné, Histoire universelle, A. Thierry (éd.), Genève, Droz, 1982, t. III, p. 58.
35 Un recensement large des harangues militaires a été fait par René Radouart, « L’éloquence militaire au xvie siècle », art. cité.
36 Blaise de Monluc, Commentaires et lettres de Blaise de Montluc, maréchal de France, Alphonse de Ruble (éd.), Paris, Jules Renouard, t. III, 1865, p. 206.
37 Ibid., t. I, p. 179-180.
38 Loys Le Roy, Deux oraisons françoises, Paris, F. Morel, 1575, p. 7.
39 François de Belleforest, Harangues militaires et concions de princes, capitaines, ambassadeurs et autres maniant tant la guerre que les affaires d’Esta, Paris, A. L’Angelier, 1588.
40 Ibid., fol. 554 vo-555 ro.
41 Ibid., fol. 555 vo-556 ro.
42 Ibid., fol. 558 vo.
43 On relèvera la publication dans cette perspective du Discours sur la bataille de Dreux, dicté par feu Monseigneur François de Lorraine, duc de Guyse, Paris, 1576.
44 Arlette Jouanna a montré l’importance des blessures d’honneur qui mobilisaient l’amour-propre autant que les convictions politiques de la noblesse. Voir : Le devoir de révolte. La noblesse française et la gestation de l’État moderne, 1559-1661, Paris, Fayard, 1989.
45 Copie d’une lettre de Dinteville au roi, de Châlons-en-Champagne, le 21 mars 1585, Sorb, ms. 377, fol. 198 vo.
46 René de Lucinge, « Discours sur les affaires de France au duc de Savoie », de Paris, le 25 mars 1585, op. cit., 1585, p. 24.
47 Ces éléments sont synthétisés par Nicolas Le Roux dans Les guerres de religion (1559-1629), Paris, Belin, 2009, p. 235-236.
48 René de Lucinge, « Discours sur les affaires de France au duc de Savoie », de Paris, le 25 mars 1585, op. cit., p. 24-25.
49 Nicolas Le Roux, Les guerres de religion, op. cit., p. 235.
50 Mémoires de Claude Haton (1553-1582), Laurent Bourquin (éd.), vol. 3 (1573-1577), Paris, Éditions du C.T.H.S., 2005, p. 164-165. Orthographe modernisée.
51 Lettres, p. 25.
52 Un gentilhomme comme Jean de Saulx-Tavannes, présenté comme un grand fidèle des Guises et grand ligueur, se ménageait plusieurs stratégies concurrentes pour la défense de ses intérêts personnels avant tout. Sur ce personnage et son engagement ligueur, voir. XLP, Practiques et pratiqueurs, chapitre VI « La commedie d’Auxonne (printemps 1585 et été 1586) », p. 413-522.
53 Copie d’une lettre de Dinteville au roi, de Châlons-en-Champagne, le 21 mars 1585, Sorb, ms. 377, fol. 198 vo.
54 Declaration des causes qui ont meu Monseigneur le cardinal de Bourbon et les pairs, princes, prélatz, seigneurs, villes et communautez de ce royaume de France de s’armer contre ceux qui veulent subvertir la religion et l’Estat (31 mars 1585), s. l., 1585.
55 Jean de Saulx-Tavanes, Mémoires de Gaspard de Saulx-de-Tavanes, M. Michaud et M. Poujoulat (éd.), Paris, A. Everat, 1838, 1re série, tome VIII, p. 159.
56 Copie, BNF, ms. 500 Colbert 16, ffo 219-220, édité par Xavier Le Person, dans « Practiques » et « practiqueurs »…, op. cit., p. 591-592. L’existence de plusieurs copies, ici l’exemplaire transcrit ayant appartenu à François Hotman, conseiller du roi de Navarre, montre que ce discours a été largement ébruité.