1 Sauf mention contraire, toutes les dates évoquées renvoient à la période avant notre ère.
2 Historien et homme de guerre lui-même, Xénophon a écrit par ex. les Helléniques, récit des guerres grecques à partir de 411 et jusqu’en 362. Il est donc contemporain d’Énée. Il est tout à fait probable que les deux hommes se soient rencontrés, lorsque Xénophon résidait dans le Péloponnèse.
3 Voir en particulier les harangues prononcées contre Philippe de Macédoine à partir de 351 (Philippiques).
4 L’édition et la traduction utilisées ici sont celles de la CUF, Les Belles Lettres (A. Dain & A.-M. Bon, 1967).
5 David Whitehead, How to survive under siege ? Aineias the Tactician, Oxford, Clarendon Press, 1990 ; Marco Bettalli, La difesa di una città assediata, Pisa, ETS, 1990 (on notera que ces deux historiens prennent le parti de privilégier le point de vue des assiégés, et non des assiégeants) ; ou encore, du même Marco Bettalli, « Enea Tattico e l’insegnamento dell’arte militare », Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia Dell’Università di Siena 7, 1986, p. 73-89 ; Raoul Lonis, « Poliorcétique et stasis dans la première moitié du ive siècle av. J.-C. », dans Pierre Carlier (éd.), Le ive siècle av. J.-C. : approches historiographiques, Nancy, Université de Nancy, 1996, p. 241-257 ; Michel Debidour, « Le secret et les messages secrets dans la Poliorcétique d’Énée le Tacticien », dans Hélène Olivier, Pascale Giovannelli-Jouanna et François Bérard (éd.), Ruses, secrets et mensonges chez les historiens grecs et latins, Lyon, Université Jean Moulin-Lyon 3, 2006, p. 213-241. Enfin, un colloque a été consacré à la figure d’Énée, à l’université de Swansea (UK) en septembre 2010 : War, Politics and Literature in Classical Greece. Parmi les contributions, on peut noter ici celles de Maria Pretzler, « Aeneas the Historian », de Michel Bettalli, « Greek Poleis and Warfare in the Fourth Century B.C. : Aeneas’ Poliorketika », ou encore de J. Roy, « Mercenaries in Aeneas Tacticus ». Les actes de ce colloque sont publiés dans Brill’s Companion to Aeneias Tacticus, Maria Pretzler et Nick Barley (éd.), Leiden, Brill, 2017.
6 Bernard A. Groningen, « Le vocabulaire d’Énée le Tacticien », Mnemosyne, 1938, no 6, p. 329-334. B. A. Groningen insistait sur la technicité du lexique et sur les emprunts que l’auteur a pu faire à Thucydide et à Xénophon.
7 Pour des sophistes comme Gorgias, la parole est toute-puissante. Après s’être démarqué de ces sophistes, un rhéteur tel Isocrate a proposé un éloge très appuyé du logos, de la parole raisonnée (par ex. en 353, dans le Sur l’Échange, § 253-257).
8 Énée évoque, en 10.4, la question des conversations privées : il est interdit, dans la ville assiégée, de se rassembler en privé de jour comme de nuit.
9 Pour cet épisode, cf. Xénophon, Helléniques 3.3.4-11 et en particulier 3.3.6 qui mentionne la parole subversive et violente de Cinadon à l’égard des Spartiates.
10 Cf. infra pour cette question. Énée manifeste une crainte certaine à l’égard des gens de passage ou des étrangers, qui peuvent introduire dans la cité ou emporter avec eux telle ou telle information (vraie ou fausse d’ailleurs). La même inquiétude est présente chez Platon, qui envisage, dans les Lois 12.5 donc quelques années seulement après le traité du Tacticien, toutes les précautions à prendre, y compris en temps de paix, quant aux voyages à l’étranger. Tout déplacement et tout retour au pays doivent être contrôlés par les magistrats de la colonie à fonder. À propos des Lois, Jean-Marie Bertrand, « La colonie platonicienne, jeux et enjeux de la mobilité », dans Claudia Moatti, Wolfgang Kaiser et Christophe Pébarthe (éd.), Le monde de l’itinérance en Méditerranée de l’Antiquité à l’époque moderne : procédures de contrôle et d’identification, Bordeaux, Ausonius, 2009, p. 353-365.
11 Hervé Duchêne, Fouilles du port : recherches sur une nouvelle inscription thasienne, Paris, De Boccard École française d’Athènes, 1992.
12 Parmi les innombrables études sur la question, cf. un ouvrage ancien, mais encore utile : Richard Ernest Wycherley, How the Greeks Built Cities, University of Michigan, MacMillan (éd.), 1949.
13 Pierre Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Paris, Klincksieck, 2009.
14 Poliorcétique, 1.9, 3.2, 3.5, 4.3, 22.2 et 22.6 pour les événements militaires liés à l’agora.
15 Pour cet édifice, le stratégéion, les travaux de Homer A. Thompson et Richard Ernerst Wycherley, The Athenian Agora, no 14, The agora of Athens : the history, shape and uses of an ancient city center, Princeton, 1972 et de Richard Ernest Wycherley, The Stones of Athens, Princeton, Princeton University Press, 1978 (réédition en 2015).
16 Énée est tout à fait attaché aux valeurs de la cité, de la polis, donc à sa cohésion. Bogdan Burliga, « The Importance of the Hoplite Army in Aeneas Tacticus’Polis », The Greek World in the 4th and 3rd Centuries BC, Electrum, 2014, no 19, p. 61-82.
17 Raoul Lonis, « Poliorcétique et stasis… », art. cité, p. 256.
18 Voir par exemple, au moins pour la formule elle-même, Homère, Odyssée 1.64 ou encore 5.22.
19 Ce même mot, dunamis, s’emploie en grec pour désigner toute forme de puissance, qu’il s’agisse de celle des mots (la puissance du verbe) ou de celle d’une armée. On peut aussi le traduire par efficacité.
20 Sans être exorbitante, cette amende pouvait être dissuasive. On peut comparer ces 50 drachmes au salaire approximatif journalier d’un ouvrier qualifié, à savoir 2 ou 3 drachmes.
21 Les études portant sur cet épisode de la restauration démocratique sont nombreuses. Par ex., Thomas Clark Loening, The Reconciliation Agreement of 403/402 B.C. in Athens, Stuttgart, Frank Steiner verlang Wiesbaden, 1987, p. 30-58 ; pour les sources et la reconstruction probable du traité ; ou encore Edmond Lévy, Athènes devant la défaite de 404, Paris, De Boccard École française d’Athènes, 1976, vol. 1, spécialement p. 212-217 et Nicole Loraux, La cité divisée. L’oubli dans la mémoire d’Athènes, Paris, Payot et Rivages, 1997.
22 Xénophon, Helléniques 2.4.43. Aussi Lysias, le plaidoyer Contre Ératosthène ou comment faire condamner quelqu’un malgré la loi d’amnistie.
23 Le terme grec, stasis, peut renvoyer à une « simple tension entre des groupes que séparent des différenciations sociales et clivages politiques » ou à « une rivalité ouverte entre les factions entraînant discorde, désordre, changement de régime, exil », jusqu’à être « un affrontement violent pouvant aller jusqu’à la guerre civile avec son cortège de massacres, d’exactions et souvent même une impossible neutralité », selon Raoul Lonis, « Poliorcétique et stasis… », art. cité, p. 241.
24 Pour reprendre le titre de la thèse de Kalomira Mataranga, Contribution à l’étude de l’« intoxication » en matière politique et militaire chez les historiens grecs de la période classique, soutenue à l’Université de Paris 1, 1988.
25 Les révolutions sont nombreuses dans l’histoire des cités grecques. À l’occasion d’une guerre, un régime démocratique peut aisément être renversé au profit d’un pouvoir oligarchique ou tyrannique, comme à Athènes en 411 et en 403, et inversement.
26 Les remparts ne seront ici étudiés que comme un espace de communication. Pour comprendre la place des fortifications dans l’histoire politique, culturelle et sociale du monde grec, Pierre Leriche et Henri Tréziny, La fortification dans l’histoire du monde grec, Paris, CNRS, 1986.
27 12.2-3 (cf. supra pour cette fonction de l’agora).
28 On verra plus loin que ces torches peuvent être utilisées contre les assiégés.
29 Poliorcétique, 38.4.
30 Ibid., 22.12.
31 Xénophon, Helléniques, 3.5.18, trad. de J. Hatzfeld (CUF).
32 Polyen, Hippodamas, 1, trad. de G.A. Lobineau, revue par Y. Germain, (Paleo).
33 Poliorcétique, 1.6.
34 Polyen, Cléonyme, 1, trad. de G.A. Lobineau, revue par Y. Germain, (Paleo).
35 Poliorcétique, 31.25. Pour ce siège, voir Hérodote 8.128.
36 IG, XII 3, 86. Aussi à ce sujet I. Pimouguet-Pédarros, Archéologie de la défense. Histoire des fortifications antiques de Carie, ISTA, Besançon, Presses de l’Université de Franche-Comté, 2000, p. 31.
37 Poliorcétique, 38.3.
38 Ibid., 3.3.
39 Xénophon, Helléniques, 7.2.5. Idem pour un siège inconnu, cf. Hellenica Oxyrhynchia, V.2 (fragments de Florence).
40 David Whitehead, « L’image de l’étranger dans la Poliorcétique d’Énée le Tacticien », dans Raoul Lonis (éd.), L’étranger dans le monde grec, Nancy, Presse universitaire de Nancy II, 1992, p. 315-331.
41 Platon, Lois, 950a, 952d, 953a.
42 Aristote, Politique, 1303a et 1327a.
43 Jeannine Boëldieu-Trevet et Kalomira Mataranga, « Étrangers et citoyens : le maintien de l’ordre dans une cité assiégée selon Énée le Tacticien », dans Michel Molin (éd.), Les régulations sociales dans l’Antiquité, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2006, p. 24.
44 Isocrate, Sur la Paix, 21 et 5.3.4.
45 Xénophon, Revenus, 2.1.2 et 2.6.7.
46 Poliorcétique, 10.11.
47 Thucydide, 3.70.2 et 3.71-72.
48 Poliorcétique, 10.9.
49 Nicolas Richer, Les Éphores, études sur l’histoire et sur l’image de Sparte, Paris, Publications de la Sorbonne, 1998, p. 468.
50 Xénophon, La République des Lacédémoniens, 14.4.
51 Poliorcétique, 10.6.
52 Ibid., 10.6. Énée ne précise pas le type de sanction.
53 Ibid., 10. 8. Concernant le symbolon, voir Philippe Gauthier, Symbola. Les étrangers et la justice dans les cités grecques, Nancy, Université de Nancy II, 1972, p. 75 : « l’individu qui quitte la cité assiégée doit avoir en sa possession une marque (symbolon), sorte de laissez-passer dont la partie complémentaire reste dans les mains des magistrats chargés du contrôle des entrées et des sorties ».
54 Pour David Whitehead, « L’image de l’étranger… », art. cité, p. 326, la traduction Budé est inexacte, il s’agit uniquement d’un couvre-feu commercial.
55 Xénophon, Helléniques, 3.4.11.
56 Poliorcétique, 10.12. Cf. aussi Xénophon, Cyropédie, 6.2.38, où Cyrus s’engage à honorer les meilleurs marchands.
57 Xénophon, Hipparque, 4.7 : il est bon, avant la guerre, de disposer d’espions parmi les marchands (libres de circuler, eux, dans le pays à attaquer).
58 Poliorcétique, 10.19.
59 Ibid., 11.7-10.
60 Ibid., 10.5.
61 Ibid., 10.23-25.
62 Ibid., 10.13.
63 Polyen, Ruses de guerre, Denys, 2.18.
64 Ibid., Agésilas, 2.32. Idem chez Denys de Syracuse, Polyen, Ruses de guerre, Denys, 2.17.
65 Robert Flacelière, Devins et oracles grecs, Paris, Presses Universitaires de France, 1961 ; Raoul Lonis, Guerre et religion en Grèce à l’époque classique, Paris, Les Belles Lettres, 1979, indispensable pour comprendre l’imbrication de la guerre et de la religion.
66 Poliorcétique, 10.4.
67 Lors de l’évasion, les Platéens ont une seule sandale, Thucydide interprète cette particularité comme nécessaire pour la bonne réussite de l’opération. En effet le temps est mauvais et de la boue entoure les remparts. Garder un pied nu éviterait alors de glisser. Pour Anne Jacquemin (Guerre et religion dans le monde grec, Paris, Sedes, 2000, p. 116), l’épisode peut être compris différemment. En effet les Platéens « n’étaient chaussés que du pied gauche, ce qui les apparentait aux héros monosandaloi (à la sandale unique) comme Jason. L’étroite collaboration entre ce devin et le stratège peut donc être comprise comme une volonté de convaincre les Platéens de la réussite de l’évasion en les assimilant à des héros. Comme l’a fait remarquer Harald Popp, une grande part des interprétations et des prophéties avait un effet psychologique essentiel avant le combat. Le devin qui accompagnait le stratège au combat pratiquait une mantique inductive. Harald Popp, Die Einwirkung von vorzeichen, opfern und festen auf die kriegführung der Griechen im 5. und 4. Jahrhundert v. Chr, Dissertation, Université de Erlangen, 1957, p 12.
68 Thucydide, 3.20.1.
69 Frontin, Stratagèmes, 1.12.12.