1 Voir Quintilien, Institution oratoire VI, 2, 29 sqq. Sur l’enargeia rhétorique comme moteur des passions, voir notamment : M. Armisen-Marchetti, « La notion d’imagination chez les Anciens. II- La rhétorique », Pallas 27, 1980, p. 3-37 ; C. Calame, « Quand dire, c’est faire voir : l’évidence dans la rhétorique antique », EL 4, 1991, p. 3-22 ; J. Dross, « De la philosophie à la rhétorique : la relation entre phantasia et enargeia dans le traité Du sublime et l’Institution oratoire », Philosophie antique 4, 2004, p. 61-93 ; Voir la philosophie. Les représentations de la philosophie à Rome, Paris, 2010 ; R. Webb : « Mémoire et imagination : les limites de l’enargeia dans la théorie rhétorique grecque », dans C. Lévy et L. Pernot (éds), Dire l’évidence : Philosophie et Rhétorique antiques, Paris et Montréal, 1997, p. 229-48 ; « Imagination and the Arousal of the Emotions in Greco-Roman Rhetoric », dans S. M. Braund et C. Gill (éds), The Passions in Roman Thought and Literature, Cambridge, 1997, p. 112-27 ; Ekphrasis, Imagination and Persuasion in Ancient Rhetorical Theory and Practice, Farnham, 2009.
2 Voir Q. Skinner, Forensic Shakespeare, Oxford, 2014 ; J. Benabu, « Shakespeare and the Rhetorical Tradition », Rhetoric Review 32, 2013, p. 27-43.
3 Cicéron, Lettres à Atticus, XIV, 10.
4 Cic. Philippique II, 90-91. (trad. P. Wuilleumier légèrement modifiée).
5 Quint. IO VI, 1, 11 : Et breuissimum quidem hoc praeceptum dari utrique parti potest, ut totas causae suae uires orator ponat ante oculos.
6 Ibid., VI, 1, 15.
7 Ibid. : […] ut Demosthenes ex parte percussi corporis, ex uultu ferientis, ex habitu inuidiam Midiae quaerit.
8 Ibid., VI, 1, 28.
9 Ibid., VI, 1, 30.
10 Ibid. : […] et ab accusatoribus cruentum gladium ostendi et lecta e uulneribus ossa et uestes sanguine perfusas uidemus, et uulnera resolui, uerberata corpora nudari. Quarum rerum ingens plerumque uis est uelut in rem praesentem animos hominum ducentium […] (« […] Nous voyons aussi des accusateurs exhiber un glaive sanglant, des os arrachés des blessures, des vêtements maculés de sang ; nous les voyons rouvrir des blessures, dénuder des corps martyrisés. La plupart du temps, l’efficacité de ces procédés est immense : ils entraînent l’esprit humain et le mettent pour ainsi dire en présence de la réalité […]. »).
11 Ibid.
12 Ibid., VI, 2, 32.
13 Comme dans les tragédies grecques analysées par Daria Francobandiera et Anne de Cremoux dans les chapitres 3 et 4 de ce volume, il y a deux auditoires, l’un interne et l’autre externe : le discours s’adresse aux plébéiens mais aussi, évidemment, aux spectateurs de la pièce. Afin de mieux souligner les parallèles entre le discours d’Antoine et les conseils de Quintilien, l’analyse qui suit se concentre sur l’auditoire interne, la plèbe romaine.
14 La reine, vieillissante – elle mourut en 1603 – refusait de nommer un successeur, ce qui laissait craindre une guerre civile à sa mort. Sur les questions de date et de contexte, voir P. Bacquet, Le « Jules César » de Shakespeare, Paris, 1974 et plus récemment M. Wyke, Julius Caesar in Western Culture, Oxford, 2006.
15 Julius Caesar, III, 2, 40 : All the plebeians – Live, Brutus live, live! L’édition utilisée est celle établie par S. Wells et G. Taylor, Oxford (1986), reprise dans l’édition des Œuvres complètes de Shakespeare en français sous la direction de M. Grivelet et G. Montsarrat, Paris, 1995. La traduction de Julius Caesar (que je reprends ici) est de L. Lecocq.
16 Il n’est pas question de proposer ici une étude rhétorique générale de Julius Caesar. Sur ce point, voir le livre de G. Wills, Rome and Rhetoric: Shakespeare’s Julius Caesar, New Haven et Londres, 2011. Sur la scène 2 de l’acte III, voir l’étude de J. Fuzier, « Rhetoric versus rhetoric : a study of Shakespeare’s Julius Caesar act III scène 2 », Cahiers élisabéthains 5, 1974, p. 25-65.
17 JC III, 2, 87-90.
18 Voir par exemple Arist. Mem. 450a31-32.
19 Quint. IO VI, 2, 32.
20 JC III, 2, 158-186.
21 La bataille du Sabis contre les Nerviens s’est déroulée en 57. Or ce n’est qu’en 52 qu’Antoine rejoignit César, lequel mentionne sa présence lors du siège d’Alésia (Guerre des Gaules, VII, 81).
22 Selon César, G II, 16-33, la bataille du Sabis est postérieure à la bataille de l’Aisne, laquelle s’est déroulée en été. Il est donc vraisemblable que cette bataille ait eu lieu à l’automne 57.
23 Plutarque, César, 20.
24 JC III, 2, 160-161.
25 JC III, 2, 182-186.
26 Quint. IO VI, 2, 32.