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6. De l’Europe de Moschos aux Métamorphoses d’Ovide : enargeia, désir et fiction poétique

p. 147-170


Extrait

1L’enargeia, ἐνάργεια – la faculté d’un discours ou d’un texte à montrer ce dont il parle, qui transforme son auditeur (ou son lecteur) en spectateur – « fait voir » à ce dernier la scène ou l’objet qu’il dépeint verbalement, les plaçant « sous ses yeux » (in / sub oculis, ὑπ’ ὄψιν)1, comme s’ils étaient réels, dans l’éclat de leur présence. Ce motif de la lumière éclatante est ce qu’évoque l’adjectif ἐναργής qui, chez Homère déjà et bien avant que soit théorisée la notion d’enargeia dans les traités de rhétorique, caractérise la façon dont les dieux apparaissent aux hommes (sous forme humaine ou dans des songes) et dit – pour reprendre la formule de Barbara Cassin – « la force de la présence de l’invisible, la manière dont l’invisible se rend visible »2 :

χαλεποὶ […] θεοὶ φαίνεσθαι ἐναργεῖς.

On soutient mal la vue des dieux qui se montrent en pleine lumière3.

2L’exemple est cité, en l’occurrence par Pierre Chantraine qui rappelle que l’étymologie du terme l’associe à l’adjectif ἀ

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