Discours écrit/discours réel chez Démosthène
p. 211-220
Texte intégral
1Dans la sphère de l’art du discours, le « nouvel objet intellectuel » confié à la diffusion de plus en plus importante de l’écriture est le discours politique écrit fictif, le « pamphlet ». Les modernes ont tellement exagéré son importance qu’on a fini par considérer comme tels des discours qui, selon toute probabilité, ont réellement été prononcés devant l’assemblée. C’est le cas des discours de Démosthène.
2Le discours écrit (fictif) s’affirme progressivement au fur et à mesure que se développent certains processus de dévitalisation de la démocratie d’assemblée, c’est-à-dire lorsque l’assemblée du peuple cesse d’être – ou est de moins en moins – le siège de rassemblement de tous ses destinataires et surtout des plus désirés, à savoir des élites politiques.
3Il en existe un précédent sur le plan technique : le discours judiciaire pour un autre, nécessairement rédigé par écrit, que le logographe préparait pour son client. Le citoyen qui parle devant le tribunal, s’il n’est pas lui-même un logographe professionnel, est un masque : ce qu’il dit a été écrit par un orateur professionnel. En outre, chaque cause est généralement un cas à part et nécessite une argumentation spécifique, un discours adapté à l’objet spécifique de la controverse. C’est pour cette raison que l’activité des tribunaux a bientôt engendré une masse de discours écrits, nullement destinés à être conservés, mais qui l’ont cependant été assez souvent, lorsque les logographes étaient également des personnalités politiques en vue et que leurs papiers ont été rassemblés et publiés par des héritiers. Le tribunal est donc bien plus que l’assemblée, la grande forge où le discours écrit s’élabore et se perfectionne.
4Il ne s’agit bien sûr pas toujours d’un discours parfaitement écrit. Un exemple suffit pour s’en convaincre : à l’époque de Caecilius de Calé-Acté et de Denys d’Halicarnasse, c’est-à-dire à l’époque de Cicéron et d’Auguste, le recueil de Lysias comprenait bien 425 discours, dont 233 seulement étaient jugés authentiques par Denys et Caecilius (Vies des dix orateurs, 836 A). D’ailleurs une anecdote fameuse, à propos de Lysias justement, témoigne de l’indifférence du logographe envers un produit pour ainsi dire éphémère : un client protesta un jour parce que le discours qu’il avait acheté lui avait plu à la première lecture, mais l’avait de moins en moins convaincu, à la deuxième, puis à la troisième lecture ; Lysias lui répondit : « Mais tu ne dois le lire qu’une seule fois devant les juges ! » (Plutarque, Sur le bavardage, 5 = Moralia 504 C).
5Le discours que le logographe compose pour un client est donc rédigé par écrit, mais n’aspire absolument pas à circuler sous cette forme ; au contraire, selon le bon mot de Lysias, il voudrait qu’on l’oublie au plus tôt. Le discours que l’homme politique prononce à l’assemblée touche – aussi longtemps que l’assemblée reste un organisme vital – tous ses destinataires potentiels ; c’est pour cette raison peut-être que, même s’il a été médité avec sagesse, il ne survit pas sous sa forme écrite à l’occasion où il a été prononcé. « Les hommes politiques les plus en vue et les citoyens les plus influents – rappelle Phédon à Socrate – auraient honte de mettre leurs discours par écrit, et même de laisser quoi que ce soit d’écrit, de peur de passer pour des sophistes » (Platon, Phèdre, 257 d) ; Socrate répond à Phèdre que les hommes politiques, loin de répugner à mettre leurs discours par écrit et à les diffuser, en sont « maniaques », puisqu’ils ne se contentent pas de mettre leur nom dans les décrets, mais qu’ils « les font même précéder chaque fois de la liste de leurs admirateurs : ’approuvé par le Conseil’ ou ’par l’assemblée’ ou par les deux à la fois ». Dans certains cas – poursuit Socrate – le texte des décrets est extrêmement long « et l’orateur y exhibe tout son talent » ; il conclut ainsi : « ce décret te semble-t-il être autre chose qu’un discours écrit ? » (257 E- 258 A).
6Il est certain que même un discours qui n’est pas destiné par l’orateur à une diffusion sous forme écrite pour un public de lecteurs peut être élaboré et rédigé par écrit : c’est une question de goût ou de talent, qui vous porte plus ou moins à l’improvisation. La rédaction n’implique pas en soi que le discours soit destiné à un public de lecteurs, ni, à plus forte raison, que le discours en question doive être considéré comme fictif, « imaginé » pour l’assemblée alors qu’il serait en fait destiné à des lecteurs. Il est clair que, sur le chemin de l’évolution aboutissant au discours écrit fictif (Isocrate), la pratique de l’élaboration écrite en vue de la déclamation, a dû avoir son importance, ainsi que la pratique de la logographie.
7L’évolution n’a pas été aussi linéaire. Déjà du temps où l’activité de l’assemblée battait son plein et où la démocratie était indiscutée, le recours au discours écrit, fût-il anonyme et diffusé d’une façon très limitée, ou semi-privée, était déjà l’arme des oligarchaques exclus de l’assemblée. Il suffit de citer l’exemple du discours Pròs toùs hetaírous d’Andocide (Plutarque, Thémistocle, 32, 4) qui s’adresse précisément à ses compagnons d’hétairie et qui n’a certainement pas été lu à l’assemblée, étant donné que – comme le dit Plutarque – il visait « à exciter les oligarques contre le peuple » ; ou bien d’un texte étroitement lié à l’art oratoire (même s’il présente la structure d’un dialogue) comme la soi-disant Constitution des Athéniens qui nous a été transmise par le corpus de Xénophon.
8Il est clair en effet que les formes de diffusion de l’art oratoire se sont notablement ressenties de la pratique de l’assemblée, et plus généralement de la structure fortement répressive de la communication politique dans la démocratie athénienne. L’art de la parole est entre les mains des gens cultivés ; les brèves interventions sous forme de hurlements, les interruptions et les brouhahas de protestation n’ont que faire dans l’éloquence. Une partie de ces hommes cultivés – ce n’est pas le cas de gens nobles comme Périclès et Alcibiade ou riches comme Nicias, Cléon ou Démosthène – n’accepte pas le système et, comme le fait l’Anonyme (pseudo-Xénophon), elle éclate dans des contestations à l’extérieur de la communauté politique de la cité ou bien, comme Antiphon, elle écrit pour le compte des autres (il s’agit d’une espèce de « logographie idéologique » qui fournit également des textes de discours destinés à l’assemblée pour ceux qui le demandent, tout en restant à l’écart de l’assemblée). Une autre partie qui se place de facto à la tête du système de démocratie d’assemblée (Périclès, Alcibiade) parle, sans se donner beaucoup de peine, à l’assemblée, et tend même à interpréter le sentiment collectif (ce qui explique aussi qu’elle n’a pas intérêt à diffuser sous une forme écrite et durable des discours pétris d’une idéologie qui n’est pas vraiment la sienne). La parole des ennemis de la démocratie n’est pas tolérée : en effet, l’instrument des oligarques de 411, lorsqu’ils voudront abattre le pouvoir du peuple, sera la revendication d’une liberté de parole totale, qui aboutit bientôt à l’élimination de toute possibilité de s’exprimer pour les partisans du démos.
9Les conditions préalables au développement de l’éloquence écrite indépendante de l’occasion du discours à l’assemblée, se présentent vers la moitié du IVème siècle. Même à cette époque, le processus d’évolution n’a rien de linéaire. Un facteur notable en est la dévitalisation progressive de l’assemblée : il est de plus en plus important de réussir à parler à ceux qui n’y vont pas du tout. Mais il ne faut pas oublier un autre phénomène qui joue un grand rôle, à savoir le professionnalisme politique : ce sont les rhetores qui font la politique, et eux seulement, tandis que le commandement militaire est aux mains de capitaines, de casse-cous, de rustres ou de chefs de mercenaires (au siècle précédent, non seulement Périclès, Nicias et Alcibiade mais aussi Cléon étaient l’un et l’autre à la fois). Ces rhetores professionnels parlent en réalité entre eux et se livrent à des joutes politiques « sur la tête » de l’assemblée, ce qui n’est pas sans analogie avec la pratique moderne. En général, ils réprimandent le démos. qui devient de plus en plus un fantôme et de moins en moins un sujet délibérant consciemment. Cette pratique oratoire – qui a pour destinataires d’autres hommes politiques – passe nécessairement par l’écrit, parallèlement au développement, qui se fait désormais au grand jour, du discours/pamphlet (Isocrate), ouvertement critique envers les fondements mêmes de la démocratie, une démocratie dont les contenus deviennent de plus en plus élémentaires (défense du theorikón, refus des charges militaires, revendication pour que les liturgies soient davantage à la charge des riches).
102. Le cas que je veux analyser ici est celui des « démégories » de Démosthène. Nous nous trouvons face au problème posé par la tentative – qui a connu un grand succès – d’interpréter le corpus de discours destinés à l’assemblée qui ont survécu, à savoir les discours 1-17 de Démosthène comme des discours écrits et fictifs (c’est ce qu’on appelle « la théorie du pamphlet »). L’étude que j’ai menée pendant un certain nombre d’années vise à interpréter d’une manière plus souple et peut-être plus adéquate au point de vue historique le rapport entre écriture et oralité (= improvisation) dans l’art oratoire politique du Vème et du IVème siècle, en particulier chez Démosthène, dont les discours sont les seuls à nous être parvenus. Le tableau qui en résultera est articulé : il montrera qu’il n’y a pas de séparation nette entre le « nouvel objet culturel » représenté par l’éloquence écrite et fictive et l’« ancien » (qui remonte aux assemblées homériques), constitué par l’éloquence parlée ; et qu’il y a eu tout au plus une compénétration lente et complexe entre ces deux formes.
11Le corpus des discours de Démosthène destinés à l’assemblée est relativement modeste. Deux d’entre eux – la Lettre de Philippe et la Réponse correspondante – ont une origine étrangère à la production oratoire de Démosthène. Il y a en outre au moins deux démégories attribuables à d’autres orateurs contemporains – Sur Halonnésos, d’Hégésippe, et Sur le traité avec Alexandre – elles ont été ajoutées aux discours de Démosthène lors de l’élaboration du recueil après sa mort. Elles ont été transmises parce qu’elles s’étaient retrouvées dans ses papiers. Les discours de lui qui nous restent sont donc au maximum au nombre de treize ou de quatorze. On verra plus tard que cette donnée a eu beaucoup d’importance dans la discussion moderne. C’est surtout grâce à la subscriptio du papyrus de Didyme, Pérí Demosthénous, et aux pinax qui est chez Denys (Lettre à Amméos, 10) que nous sommes certains que ce nombre est le même que celui dont disposaient les Alexandrins.
12C’est pourquoi il a semblé légitime de se demander : comment se fait-il que seuls ces treize discours aient survécu ? C’est ainsi que Karl Hahn a posé le problème, Demosthenis contiones num re vera in contione habitae sint quaeritur (Diss. Giessen, 1910) après que l’autorité des deux grands « praeceptores » de la philologie classique ∸ Wilamowitz et Schwartz – avait sanctionné l’opinion que ces discours pour l’assemblée étaient en réalité des pamphlets destinés à la lecture. Edouard Schwartz avait donné trois éléments à l’appui de la thèse de la nature écrite et livresque de ces textes oratoires : a) les répétitions fréquentes, b) la difficulté et la complexité de l’argumentation, c) le manque de propositions délibératives concluant les discours1. Quant à Wilamowitz, il était l’auteur d’un rapide aperçu péremptoire sur La quatrième Philippique de Démosthène : on avait longtemps douté de son authenticité et Wilamowitz la « sauvait » en expliquant qu’il ne s’agissait justement pas d’un vrai discours mais plutôt d’un « Zeitungsartikel » ; c’était une métaphore moderne fournie à l’appui d’un diagnostic susceptible d’être appliqué à l’ensemble des discours de Démosthène destinés à l’assemblée2. Lors de la découverte du papyrus de Didyme – qui avait le grand mérite de commenter de nombreux passages de la Quatrième Philippique avec des citations atthidographiques – on réagit avec beaucoup de précipitation, non sans esprit de soumission à l’égard de Wilamowitz, en proclamant que cette découverte avait confirmé son intuition (qui, à la rigueur, était de Schwartz).
13Mais il y a eu aussi des voix discordantes. Par exemple celle d’Erich Bethe, soumise, mais pertinente, il avait mis en évidence un passage précis de la Première Philippique (4,29 Pórou apódeixis), où le lemme, qui résulte certainement de l’intervention d’un rédacteur, vise à atténuer le malaise produit par le manque d’un développement entier, celui justement où Démosthène illustrait la façon dont on pouvait trouver certains fonds3 : une partie « instrumentale » du discours que l’orateur n’avait pas cru nécessaire de développer ou de préparer par écrit. Un discours qui se présente ainsi – je cite l’argumentation de Bethe – ne semble pas destiné à une diffusion livresque, il est conservé dans l’état d’élaboration voulu par Démosthène : en partie soigneusement préparé par écrit et en partie à improviser. Cette donnée était en réalité déjà fournie par les témoignages antiques sur l’art oratoire de Démosthène, que Plutarque avait mis en évidence dans sa Vie de Démosthène.
143. La réflexion antique sur l’art oratoire de Démosthène aurait bien mérité d’être considérée avec plus d’attention par les modernes. Des « théoriciens » de l’éloquence comme Démétrios de Phalères (350-280 av. J.C.) et Hiéronymos de Rhodes (290-230 av. J.C.) avaient saisi, grâce à une analyse du style et de la déclamation, la différence fondamentale entre les discours fictifs d’Isocrate et les discours politiques de Démosthène : ils remarquaient que les périodes d’Isocrate étaient trop longues et complexes pour qu’il soit possible de les déclamer devant l’assemblée4. Quant à Démétrios, c’était un témoin direct et donc précieux de l’art oratoire de Démosthène : il se rappelait avoir personnellement entendu Démosthène parler à la tribune (Plutarque, Démosthène, 11, 1). Pour Denys d’Halicamasse (Lettre à Amméos, 10), tributaire de l’érudition de Callimaque, tout comme Didyme, les discours politiques de Démosthène avaient été tenus dans des circonstances précises, sous des archontes déterminés, ce qui permettait de les dater. En ce qui concerne les démégories, il dit même que Démosthène les « a prononcées » (téttaras mèn étukhen eirēkṑs dēmēgorís Philippikás, treîs dè Hellenikás), mais qu’il a écrit ses discours judiciaires (pénte dè lógous demosíous eis dikastḗria gegraphṓs)5. On ne doit pas non plus négliger la circonstance que les démégories contiennent beaucoup d’éléments caractéristiques du mécanisme formel de l’assemblée6.
15Le texte de Plutarque, qui doit énormément à l’érudition antique (Démétrios, Eratosthène, Hésion), relatif à la nature de l’éloquence de Démosthène est constitué des chapitres 8-11 de la Vie de Démosthène. L’idée générale de ces chapitres est la distinction entre logoi lekhthéntes (improvisés) et lógoi graphéntes (= préparés par écrit)7. Le principal témoignage est celui de Démosthène lui-même sur sa propre manière de travailler : répondant à Démadès qui lui reprochait « l’odeur de lampe à huile » de ses discours et l’accusait d’être incapable d’improviser, alors que lui, Démadès, était un maître dans cet art, « il ne niait pas ses limites – je cite le commentaire de Plutarque – mais reconnaissait qu’il ne parlait ni avec un texte complètement écrit devant lui ni sans texte du tout (all’ oute grapsas oute agrapha komidēi légein homologei : Vie de Démosthène 8, 5). Ce passage n’est pas seulement décisif pour interpréter correctement l’opposition lekhthétes /graphéntes. mais il est parfaitement adapté à la situation concrète constatée par Bethe dans la Première Philippique ; il est, de façon plus générale, la clef qui permet de comprendre la nature du recueil des Proèmes (Prooímia demegoriká) et de ce fatras d’extraits datant d’époque diverse et d’origine multiples qui porte le nom de Quatrième Philippique.
16Le recueil de ce qu’on appelle les Proèmes, qui ont été longtemps considérés comme une collection non authentique d’exercices tardifs, représente en vérité un indice objectif précieux sur la manière dont Démosthène travaillait. C’est en outre un élément qui permet de mieux comprendre l’élaboration posthume du recueil. Ce sont des morceaux de démégories pas tous destinés à figurer en ouverture. Les « proèmes » 30, 39, 51-53, 55 par exemple sont très probablement des « développements jadis placés dans le corps même d’un discours »8, des développements partiels autour desquels Démosthène se proposait de « développer le reste »9. De même, dans la Quatrième Philippique il y a, entre autres, un extrait d’un discours pour l’assemblée où Démosthène défendait le projet d’envoyer une ambassade en Perse après que Phillippe avait attaqué Perinthos (340) et combattu plusieurs satrapes ; et encore un développement habile (35-45) du thème sempiternel du theorikon à un moment où Démosthène ne tient pas à s’aliéner l’assemblée en proposant qu’on l’emploie à des fins militaires. Dans mon édition des démégories de Démosthène, j’ai isolé dix extraits, indépendants les uns des autres, rassemblés ou plutôt agglomérés par les éditeurs posthumes de manière à former une Quatrième Philippique qui n’existe pas10 ; l’argumentation de Wilamowitz, qui estime que l’allure décousue de ce discours s’expliquerait par sa nature de « Zeitungsartikel » (genre littéraire qui pourrait, qui sait pourquoi, se permettre l’incohérence logique) est donc sans objet.
17Ce qui reste de la production oratoire de Démosthène ne consiste donc pas seulement – comme Hahn le constatait avec étonnement – en ces treize maigres discours : maigres au regard d’une longue carrière publique bien remplie. Ce qui reste, ce sont douze démégories « entières » (ou presque, si on pense au cas de la Première Philippique où manque la Pórou apódeixis) ainsi que 56 soi-disant proèmes et 10 développements partiels mal agencés de manière à former ce qu’on appelle la Quatrième Philippique : si mal agencée qu’on y trouve en plein milieu au moins deux développements dont le caractère indique manifestement qu’il s’agit de proèmes (10, 46-48 et 49-54).
18On peut faire un pas de plus et constater que les discours entièrement élaborés par écrit sont surtout « juvéniles » (14, 16, 15, 13, 4 1-3), datant d’une période où Démosthène n’avait pas encore solidement établi son autorité de rhetor (il le reconnaît au début de la Première Philippique) ; c’est en quelque mesure le cas du discours difficile et tourmenté Sur la paix (une invite impopulaire à freiner les impatiences patriotiques) ; et enfin deux grands discours (Sur la Chersonèse et la Troisième Philippique) qui préludent à la rupture de la paix de Philocrates survenue l’année suivante. Il n’est pas étonnant qu’il n’y ait pas après Chéronée d’interventions complètement élaborées et que les développements partiels recueillis dans les Proèmes deviennent plus rares.
19Il va de soi que le choix d’une rédaction écrite pratiquement complète ne laissant aucune part à l’improvisation à des occasions particulièrement importantes, était une étape sur le chemin d’une élaboration écrite dont l’efficacité devait dépasser de beaucoup le cadre fourni par la situation éphémère d’un discours tenu devant l’assemblée.
Notes de bas de page
1 Ed. Schwartz, « Demosthenes erste Philippika », Festschrift Theodor Mommsen, Marburg, 1893, pp. 40-43.
2 U. von Wilamowitz-Moellendorff, Aristoteles und Athen, II, Berlin, 1893, p. 215, note 5. Wilamowitz expose ensuite en termes généraux sa théorie sur l’art oratoire attique dans son caractère pamphlétaire dans un bref essai, « Die griechische Literatur des Altertums », Die Kultur der Gegenwart, Leipzig, 1907, p. 43.
3 E. Bethe, Demosthenis scriptorum corpus ubi et qua ratione collectum editumque sit, Rostock, 1897.
4 Démétrios, FGrHist 228 F 14 ; Hiéronyme F 52 a Wehrli.
5 Dionysii Opuscula, I, éd, Usener-Radermacher, Leipzig, I, 1899, p. 268, 19-21.
6 Cf. Démosthène 15,6 (« il fut le premier ou le second à parler ») ; 13,3 (proposées à l’ordre du jour d’une assemblée suivante).
7 Plutarque, Vie de Démosthène, 9,3. L’interprétation exacte a été donnée par Johann Friedrich Kaltwasser (trad. de Plutarque, 1799- 1806). L’interprétation courante de ce passage est que Plutarque distingue les discours « réels » (lekhthéntes) des « fictifs » (graphéntes).
8 R. Clavaud, éd. Budé des Proèmes (Paris, 1974), p. 7.
9 L’expression est de Werner Jaeger, elle est citée par A.P. Dorjahn dans « On Demosthenes’ Ability to speak extemporaneously », Trans. Amer. Philol. Ass. 78, 1947, p. 75.
10 Demostene, Discorsi e Lettere, I, Turin, 1974, pp. 27-28 et 320-351.
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