1 Robert Frank, « La mémoire et l’histoire », Les Cahier de l’IHTP, numéro 21, novembre 1992, (ressource en ligne : http://www.ihtp.cnrs.fr/spip.php%3Farticle233&lang=fr.html)
2 Annette Wieviorka, L’ère du témoin, Paris, Plon, 1998, p. 13.
3 Jean-Jacques Becker, « Le handicap de l’a posteriori », Les Cahiers de l’IHTP, Questions à l’histoire orale - Table ronde du 20 juin 1986, n° 4, juin 1987.
4 Le concept de « mémoire officielle » est utilisé ici dans le sens d’une mémoire prise en charge par les instances de l’État ou les autorités politiques et qui, par des mécanismes de glorification, de commémoration ou au contraire d’occultation, a pour objectif de fonder une identité et une mémoire nationale. Voir à ce propos R. Frank, art. cit.
5 Bernard Lecomte, « Une mémoire ça se fabrique – L’Express va plus loin avec Alfred Grosser », L’Express, 10 août 1995, (ressource en ligne : http://www.lexpress.fr/informations/une-memoire-ca-se-fabrique-l-express-va-plus-loin-avec-alfred-grosser_609112.html).
6 Bundesministerium für Vertriebene, Flüchtlinge und Kriegsgeschädigte (dir.), Dokumentation der Vertreibung der Deutschen aus Ostmitteleuropa. Cette documentation se décline en plusieurs tomes : « L’expulsion des populations allemandes des territoires à l’est de l’Oder-Neisse » en 1954, « Le sort des Allemands en Hongrie » en 1956, « Le sort des Allemands en Roumanie » en 1957, « L’expulsion des Allemands de Yougoslavie » en 1957, « Le sort des Allemands en Yougoslavie » en 1961 à Bonn. Le ministère est créé en 1949, sa dissolution est décidée par Willy Brandt en 1969.
7 Organisations de réfugiés qui se rassemblent au sein du « Bund der Vertriebenen » (BdV) par la signature d’une charte commune en 1950. Durant les premières décennies d’après-guerre, ces organisations incarnent un pouvoir politique puissant : elles revendiquent le rôle de porte-parole des 8 millions de réfugiés présents en République fédérale. Si elles perdent peu à peu un électorat qui se dirige progressivement vers les partis politiques « classiques », l’organisation annuelle d’un « jour de la patrie / Tag der Heimat » rassemble des milliers de personnes et des orateurs prestigieux (dont l’ancien et actuel Ministre allemand Wolfgang Schäuble en 1990). En 2013, les organisateurs ont reçu la bénédiction du pape François et ont invité l’historien allemand Arnulf Baring.
8 Muriel Blaive, « De la démocratie tchèque et des “Décrets Benes” » dans L’Europe et ses passés douloureux, La Découverte, 2007, p. 118-127
9 Kulturstiftung der deutschen Vertriebenen (dir.), Vertreibung und Vertreibungsverbrechen 1945-1948. Bericht des Bundesarchivs 28. Mai 1974, Archivalien und ausgewählte Erlebnisberichte, Bonn, 1989.
10 Lire à ce propos notamment Daniela Heimerl, « Créer un Centre contre les expulsions ? », Le Courrier des pays de l’Est 3/2005, N°1049, p. 86-89.
11 Le musée, qui doit ouvrir ses portes en 2018 sous l’égide de la fondation « Flucht, Vertreibung, Versöhnung » (Fuite, Expulsion, Réconciliation), est de nouveau au cœur d’une polémique : l’élection fin juin 2015 d’un nouveau directeur, l’historien Winfrid Halder, a provoqué le départ d’au moins 5 membres du conseil scientifique, notamment les historiens polonais. Le choix controversé du nouveau directeur, soutenu par le BdV et par le ministère allemand de la Culture, reflète le conflit persistant entre les enjeux politiques d’une part et le monde scientifique de l’autre, le conseil scientifique arguant que Winfrid Halder n’est pas un historien spécialiste de la fuite et de l’expulsion. L’ancien directeur Manfred Kittel avait déjà démissionné en décembre 2014 en raison de désaccords avec le conseil scientifique.
12 Michael Schwartz, « Tabu und Erinnerung. Zur Vertriebenenproblematik in Politik und literarischer Öffentlichkeit der DDR », Zeitschrift für Geschichtswissenschaften, numéro 51, 2003, p. 84-101.
13 Terme dérivé de l’allemand « Tabuisierung », Alice Volkwein, « Flucht und Vertreibung dans la mémoire collective officielle », La Clé des Langues, 30 septembre 2009.
14 « Administration centrale chargée des personnes déplacées », administration allemande mise en place par ordre soviétique en automne 1945.
15 Stiftung Haus der Geschichte der Bundesrepublik Deutschland (dir.), Flucht, Vertreibung, Integration, Bonn, Kerber Verlag, 2005, p. 92.
16 « Wir haben kein Flüchtlingsproblem, wir haben ein Umsiedlerproblem », dès octobre 1945 la politisation et l’idéologisation du sujet sont palpables ; Archives municipales de Leipzig, StVuR, Nr. 7638, Besprechung der Burgermeister der Städte Leipzig, Wurzen, Borna (u.a.), 12 octobre 1945.
17 Archives municipales de Leipzig, StAL StVuR, Nr. 289, SED - Kreisvorstand Leipzig, 3 février 1947.
18 Dès 1953, Anna Seghers raconte l’intégration des réfugiés dans sa nouvelle « Die Umsiedlerin ». Si elle fait entrer l’expression Umsiedler dans la littérature est-allemande, la politique d’intégration du SED n’y est pas problématisée mais idéologisée. Sa nouvelle devient l’archétype de l’écrit socialiste et réaliste de l’époque. En 1961 Heiner Müller utilise des fragments de cette nouvelle dans sa pièce de théâtre « Die Umsiedlerin oder das Leben auf dem Lande », qui thématise l’idéologie d’intégration imposée par le SED. La pièce est interdite dès sa première présentation au public. En 1976, Christa Wolf s’intéresse dans son roman « Kindheitsmuster » au passé national-socialiste de l’Allemagne et ses conséquences. Sciemment, elle n’utilise pas l’expression octroyée d’Umsiedler, mais place les expulsions dans la suite chronologique des crimes nazis, ce qui lui permet une approche plus réaliste des événements. Cependant, elle s’engage contre l’oubli et pour la reconnaissance de la souffrance de réfugiés avec son expression devenue célèbre : « Das Vergangene ist nicht tot, es ist nicht einmal vergangen. Wir trennen es von uns ab und stellen uns Fremd », « Le passé n’est pas mort, il n’est même pas passé. Nous le séparons de nous et nous plaçons en étranger ».
19 En référence à la distinction faite par l’historien Reinhart Koselleck entre « histoire au singulier » et « histoires au pluriel », A. Volkwein, op. cit.
20 Wolfgang Zank, Wirtschaft und Arbeit in Ostdeutschland 1945-1949. Probleme des Wiederaufbaus in der Sowjetischen Besatzungszone Deutschlands, Munich, Oldenbourg, 1987, p. 145.
21 Christian Lotz, « Pas de tabou. Politisation et homogénéisation des mémoires de la fuite et de l’expulsion dans l’Allemagne divisée 1945-1972 », Allemagne d’Aujourd’hui, numéro 188, avril-juin 2009, p. 80.
22 Sabine Moller et Karoline Tschuggnall, « Familienerinnerungen. Kriegserlebnisse in den Geschichten dreier Generationen », dans Eine offene Geschichte. Zur kommunikativen Tradierung der nationalsozialistischen Vergangenheit, 1999, Tübingen, Edition Diskord, p. 57-73.
23 Andreas Kossert, Kalte Heimat. Die Geschichte der deutschen Vertriebenen nach 1945, Munich, Siedler Verlag, 2008
24 Claire Trojan, L’identité interdite. Les expulsés allemands en RDA 1945-1953, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2014, p. 272-273.
25 Extrait du témoignage de Monsieur K., né en 1924 en Hongrie et expulsé en 1948 vers la Saxe. Témoignage enregistré en 1997 dans Andreas Thüsing et Wolfgang Tischner, « Umsiedler » in Sachsen, Aufnahme und Integration von Flüchtlingen und Vertriebenen 1945-52. Eine Quellensammlung, Leipzig, Berlin, Édition Kirchof und Franke, 2005, p. 443.
26 C. Trojan, op. cit., p. 323-329.
27 La semaine « Neue Heimat-Neues Leben » (Nouvelle patrie-Nouvelle vie) est une action de solidarité et de propagande organisée à Leipzig par le SED du 16 au 24 octobre 1948.
28 Voir à ce propos les conclusions du colloque « Die Nation und ihre Rückkehrer : die deutschen Vertriebenen und die Pieds-Noirs » organisé à l’Institut Historique allemand de Paris du 7 au 9 mars 2012 (ressource en ligne : http://www.hsozkult.de/conferencereport/id/tagungsberichte-4241).