Liminaires de la première partie
p. 53-55
Texte intégral
« Le sentiment le plus vif du lecteur moderne de ces premiers débats parlementaires de notre histoire, pendant le printemps et l’été 1789, est encore le même que celui des contemporains : l’étonnement d’entendre parler une langue politique inédite, et de voir naître un monde nouveau […] En quelques mois, le changement a été si profond que les contemporains de l’événement se sont surpris eux-mêmes à en être les acteurs, et que l’historien d’aujourd’hui reconnaît encore dans la langue politique née en 1789 celle qui domine toujours deux cent ans après le monde où il vit » (François Furet et Ran Halévi, 1989 : LVIII)
1Les travaux récents sur l’année 1789, essentiellement centrés sur le discours d’assemblée, ont mis d’abord l’accent sur le caractère radicalement fondateur de la mise en acte du principe de citoyenneté au cours des événements d’une année sans pareille.
2Puis, avec l’émergence de la catégorie de « nation », définie tout autant par la métaphore du « grand corps des citoyens » que par une synthèse nationale, et l’appréhension de « la prise de la Bastille » comme « événement », l’irruption soudaine d’une raison politique constituante, consécutivement à l’adoption de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, ouvre un champ illimité de possibilités à la pratique politique au quotidien.
3Le discours d’assemblée devient ainsi, pour un temps, le pivot de toute une série d’expérimentations dont il convient de montrer à la fois la portée et les limites.
4De fait, la parole inédite du législateur, amplifiée par la presse, se concrétise à travers des actes de langage, de l’acte de demande à l’acte de dénonciation en passant par l’acte d’énonciation de l’événement proprement dit, qui rendent inévitable le contact, même malheureux, entre les députés et le peuple. C’est dans cet espace vide d’une démocratie naissante que se profile alors l’émergence du discours républicain en acte.
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