Point de synthèse VIII. L’approche de l’écologie cognitive
p. 109-122
Texte intégral
« ... Quelque chose est en train de se modifier dans le monde même des interactions cognitives qui tissent les relations sociales. Ce que l’on appelle informatique est en fait la première étape, encore barbare et grossière, d’un système de computation/information/– communication artificiel qui pourra révolutionner les relations de l’esprit avec le cerveau, de la société avec ses membres, de l’Etat avec l’individu. Il s’est déjà constitué des appendices cérébraux artificiels collectifs ou personnels (les computers) qui dialoguent avec nos esprits, communiquent les uns avec les autres et s’articulent de plus en plus dans le tissu social. Nous sommes à l’aube d’un formidable développement en réseaux de la cérébralité artificielle, et, dans ce sens, nous sommes aussi à l’aube d’un nouvel âge de la connaissance »1
1Le terme « Ecologie » signifie « l’étude des êtres vivants en fonction de leur milieu naturel » indique le Larousse ; il s’applique aux adaptations des organismes au milieu ambiant. Le terme « Cognitive » signifie « capable de connaître » poursuit-il. L’Ecologie Cognitive est donc l’étude de l’adaptation de l’Homme aux modalités de la Connaissance2.
… « la connaissance est... bien un phénomène multidimensionnel, dans le sens où elle est, de façon inséparable, à la fois physique, biologique, cérébrale, mentale, psychologique, culturelle, sociale »3
2La révolution de l’Ecologie Cognitive participe des nouvelles technologies qui se diffusent sur l’ensemble des activités humaines4.
… « L’usage courant et banalisé des équipements informatiques domestiques conduit à un apprentissage diffus aux principes de fonctionnement de ces outils. Il se produit une familiarisation avec la logique informatique et une acquisition de savoir-faire opératoires. Cette pédagogie informelle ne permet cependant pas d’accéder à la connaissance de la technique ni à fortiori de la maîtriser »5.
3De plus, nous ne pouvons que constater qu’à partir d’un certain degré, l’accumulation de changements quantitatifs conduit à des changements qualitatifs fondamentaux.
… « L’édition électronique... va bouleverser les voies d’accès au savoir, les voies de la création du savoir, les voies de l’enseignement du savoir. Les instruments qui ont permis l’entrée des sociétés développées dans le règne de l’information sont aujourd’hui accessibles à chacun pour des besoins qui lui sont propres. Les voies interactives de recherche d’information et de création de documents introduisent un aspect nouveau dans la formule d’une société de l’information et de la communication. Cette société que l’on pouvait imaginer soumise à des animateurs-divas, stars de la médiation, se retrouve confrontée à la difficile question de la communication entre l’homme et la machine ; la notion même d’une information diffusée, révélée, devient moins perceptible au moment où le réseau transmet des messages émanant de sources multiples, et s’apprête à gérer des transactions marchandes. Avec plus d’acuité encore, on retrouve l’aphorisme de Marshall MacLuhan : le message, c’est le média »6
« Au fur et à mesure que s’allonge la liste de ses fonctions, l’informatique devient insaisissable. Elle ne peut plus être définie que dans le cadre global d’une écologie cognitive. L’informatique se présente alors comme un ensemble d’opérateurs qui activent et infléchissent les processus au sein desquels se créent, s’inscrivent, se transforment et circulent des représentations de toutes sortes... L’informaticien n’est plus le spécialiste de la machine, mais un urbaniste d’un nouveau genre, chargé d’aménager l’espace-temps cognitif et communicationnel des groupes humains en édifiant des structures de transmission et des dispositifs de traitement des informations »7.
A. La logique de travail
4• Le browsing vient du verbe « butiner »8. La première approche de l’Hypertexte est la possibilité de navigation à l’intérieur d’un support d’informations, d’être un « voyageur de la connaissance ». Une première utilisation de cette action est l’aisance avec laquelle on peut aller à la recherche de telle ou telle information pour la construction d’un argumentaire.
5En 1990, une équipe dirigée par Paul Smolensky de l’Université du Colorado achève la réalisation d’un logiciel d’Hypertexte spécialement conçu pour la rédaction et la consultation des discours raisonnés. EUCLID permet de représenter chaque argument comme un réseau de propositions étayées par des entités (preuves, analogies, hypothèses de départ) et offre un certain nombre de schémas d’arguments pré construits9.
6• « La connaissance par simulation est sans doute l’un des nouveaux genres du savoir que porte l’écologie cognitive informatisée » 10. L’utilisation d’un tableur permet de savoir quelles sont les conséquences de telles ou telles données nouvelles dans les interactions des différentes cellules. L’utilisation d’un logiciel de C.F.A.O. permet de quantifier les déformations d’une structure analysant ainsi la résistance des matériaux. La société Research Fire Station (Londres) utilise un ordinateur Vax 11/780 et le programme « Jasmine » pour simuler en couleur et en trois dimensions la propagation d’un feu à partir des équations mathématiques de la dynamique des fluides11. L’apprentissage des mathématiques abstraites devient presque un jeu de çonstruction12.
7• A la veille traditionnelle consistant à emmagasiner, savoir et acquérir les réflexes du raisonnement logique, se substitue un nouveau principe très pragmatique : aller à la source des informations. Cela implique une modification de la manière dont le cerveau de l’Homme doit « fonctionner » : développement de l’analyse, mise en correspondance des informations, mise en place théorique des liaisons entre les données. Cette nouvelle approche de la connaissance s’illustre par une pratique cognitive face à l’information par rapport à une traditionnelle approche behaviouriste. La conduite behaviouriste considère l’apprenant comme un récepteur passif. La conduite cognitive, considère la manière dont l’individu traite l’information, c’est-à-dire analyse et organise les données qui lui parviennent, pour les transformer en connaissances. Il en résulte une nécessaire modification de la formation de l’Homme.
8• Cette recherche de l’information conduit à une méthodologie. La bibliométrie est la science de la description du document13. Plus de 2 millions d’articles scientifiques paraissent chaque année dans 60 000 revues14. La bibliométrie permet une analyse automatique des informations brutes qui les rend directement exploitables. Des logiciels, tels « PatStat », « Atria »15 permettent l’exploitation instantanée des listings de brevets d’inventions ou bien des agences de presse. Le PIM (Personal Information Manager, ou gestion des informations personnelles), est un nouveau concept permettant de mieux gérer son emploi du temps et ses notes aboutissant à la notion d’Info base16. Alors que le concept de base de données est connu, celui d’Info base est plus déconcertant. Il s’agit dans les deux cas de gérer des données. Mais la base de données « fonctionne » avec des « masques », c’est-à-dire des structures préétablies pour recevoir et exploiter les données alors que l’info base « fonctionne » directement avec des données qui sont exploitées en fonction de différents objectifs. On parlera globalement de MIS (Management Information System).
9• Dans ce contexte, l’Homme a toujours voulu classer le savoir. Callimaque de Cyrène avait divisé le savoir humain en 120 pinakes17. Pour l’époque moderne, le fondateur est le Père Marin Mersenne (1588-1648). Il naît le 8 septembre 1588 dans le bourg de Oizé près du Mans ; son père est couvreur tonnelier ; il fait des études au collège du Mans puis au collège des jésuites à La Flèche ; il entre dans l’ordre des Minimes, branche franciscaine ; en 1613 il entre au couvent de la place Royale à Paris où il s’installe en 162018. André Marie Ampère (1775-1836) physicien français et fondateur de l’électrodynamique publie en 1834 un ouvrage gigantesque resté inachevé, Essai sur la philosophie des sciences ou Exposition analytique d’une classification naturelle de toutes les sciences humaines 19utilisant un système binaire de classification : 32 (215) sciences de premier ordre, 64 (216) sciences de deuxième ordre, 128 (217) sciences de troisième ordre20. Melvil Dewey (1851-1931) fut directeur des bibliothèques de l’Etat de New York jusqu’en 1906. Il invente un système de classification (la CD) ; la première édition, 1876, comporte 1000 rubriques. C’est une classification décimale tenue à jour aujourd’hui par la Library of Congress des Etats-Unis d’Amérique21. La Classification Décimale universelle (CDU) est l’œuvre des avocats belges Pierre Otlet (1868-1944) et Henry Lafontaine (1853-1943) à partir de 1895 en partant de la classification de Dewey22 : un premier chiffre indique des champs de la connaissance : 0 généralités, 1 philosophie, 2 religion, 3 sciences sociales et droit, 4 philologie linguistique, 5 sciences mathématiques et naturelles, 6 sciences appliquées et technologie, 7 beaux-arts, 8 littérature, 9 histoire et géographie. Les chiffres suivants indiquent des subdivisions de plus en plus fines. Ainsi 332 s’analyse en (3), sciences sociales et droit, (3) économie, (2) questions monétaires. Le système est évolutif puisqu’on peut ajouter un nombre indéfini de chiffres23. Elle est tenue à jour par la Fédération internationale d’information et de documentation (FID). Dès 1976, un programme Général d’information (PGI) est lancé par l’UNESCO. Il se veut un point de convergence en matière d’information spécialisée et de documentation. Il sert de cadre à l’UNISIST, « sigle désignant l’ensemble des normes, règles, méthodes, principes et techniques élaborés au niveau international nécessaires au traitement et au transfert de l’information »24. Depuis 1973, l’ISBN (International Standard Book Number)25 est à la fois précis mais peu évolutif et peu utilisable, car basée sur les caractéristiques de l’éditeur. Par exemple26 « un même livre (« La faim de lire » de R.E. Barker et R. Escarpit) publié en 1973 par l’UNESCO a le numéro 92-3-201085-2 pour l’édition française, les numéros 92-3-101085-9 au titre de l’Unesco, 0-245-52071-6 au titre du coéditeur Harrap pour l’édition anglaise, 84-297-1045-0 au titre de l’éditeur Peninsula pour l’édition espagnole ». Les remarques sont identiques pour les codes des périodiques, l’ISSN (International Standard Serial Number).
10• Aujourd’hui, la recherche documentaire utilise en plus d’une classification hiérarchique, une approche dite à structure combinatoire basé sur, le « mot clé », un mot significatif d’un texte27, le « descripteur », un concept dans un texte28, le the-saurus : « Le thésaurus est un dictionnaire de mots ou expressions du langage naturel, termes normalisés et préférentiels, organisés d’une manière conceptuelle présentant les termes groupés par affinité sémantique et complété d’indications de relations »29.
Basethèque, un logiciel pour Apple Macintosh, réalisé à partir de 4e Dimension fournit un outil simple et puissant de gestion d’une base documentaire30.
Les possibilités actuelles de « gestion de l’information » expliquent également la constitution d’une Bibliothèque de l’image-filmothèque, appelée « BIFI ».
La Gestion Electronique des Documents (GED) se normalise avec ODA (Office/Open Document Architecture)31 et « vise à définir la syntaxe et la sémantique d’un document de manière à favoriser sa diffusion et sa lecture quel que soit l’équipement qui le reçoit »32.
Des applications logicielles à la suite de « Guide » et d’« HyperCard », participent de la gestion de l’information, par exemple « Folio Views » de Folio Corp. dans un environnement MS DOS permet de créer jusqu’à dix info bases contenant chacune un maximum de 2 Gigas de données, ou bien « Full/Text » dans un environnement aussi bien MS DOS, OS/2, Unix, VAX/VMS assure l’indexation de 15 à 20 MégasOctets à l’heure sur un PC et plus de 100 Mégasoctets à l’heure sur un Vax. La recherche par par logiciel documentaire permet d’automatiser une recherche d’information dans une masse de textes33. Le logiciel « Reporter » d’Apple permet de « fouiller » une masse documentaire pour en extraire les données préétablies. La société norvégienne Microway propose avec sa carte MS 160, en utilisant le concept de la logique floue, des recherches documentaires sur texte libre34
B. Les banques de données
11Les Banques de données ne sont qu’une petite partie de l’illustration de la notion d’Hypertexte. Elles préfigurent aujourd’hui le stockage des informations ; leur utilisation est le prélude de la manière dont l’Homme devra gérer sa communication de connaissance35. On assiste à une évolution des banques de données, des banques de références, puis des banques en texte intégral, enfin des banques de connaissances, c’est-à-dire permettant d’affiner le sens d’une recherche en ne se basant plus exclusivement sur les occurrences recherchées36.
Les Banques de données « ... n’ont pas vocation à contenir toutes les connaissances vraies sur un sujet, mais l’ensemble du savoir utilisable par un client solvable »37
12La première démonstration d’une banque de données aux Etats-Unis, a été réalisée pour Photosyntex et sponsorisée par le Département de la Défense en 1960. L’ouverture du serveur DIALOG en 1967 marque le véritable lancement opérationnel. Mis au point par la société Lookheed, sur la base d’un financement de la NASA, le serveur devait aider les chercheurs engagés dans le projet Apollo. Il faut attendre 1974 pour que le serveur soit ouvert au public38.
13• Les banques de données se classent en 4 catégories selon le support : 1) Les banques de données ASCII (les Etats-Unis dominent l’offre mondiale avec 56 % de la production tandis que la France représente 5 %). 2) Les banques de données VIDEOTEX pour la France notamment (certaines banques peuvent être accessibles en ASCII ou en VIDEOTEX). 3) Les banques de données sur CD-ROM ; à la fin de 1989 : 816 titres de CD-ROM par rapport à 390 titres à la fin de 198839. 4) Les banques de données sur disquettes40.
14• L’utilisation des banques de données rencontre une triple difficulté.
151) La syntaxe est basée notamment sur l’algèbre logique de Boole (1815-1864) avec les opérateurs : OU, ET, SAUF, IMPLICATION. On établit une table de vérité en considérant « 1 » : vrai et « 0 » : faux ; l’intérêt de cette logique est de pouvoir appliquer à la machine un raisonnement pour la recherche de données sur tel ou tel domaine. Le travail de Boole n’a pas été formulé dans « le but de servir à une quelconque entreprise technique mais dans la grande tradition logique qui prit son essor dès l’Antiquité grecque, avec le souci d’une meilleure compréhension des mécanismes du langage et des bases nécessaires pour la démonstration des vérités » 41. Considérons un exemple d’application de la logique : la machine de Turing42.

16La deuxième ligne du tableau se lit : si « p » est vraie et « q » fausse, alors « p » OU « q » est vraie, « p » ET « q » est fausse, « p » IMPLIQUE « q » est fausse. Dans le cadre des banques de données, la recherche se fait soit dans le texte intégral soit dans les champs spécifiques de classification des données ; par exemple, dans le « champ titre » (/TI), ou bien le « champ auteur » (/AU) selon une syntaxe propre à chaque serveur, d’où la difficulté de la recherche et la création d’un nouveau métier, les « chercheurs d’information » ou les « courtiers d’information »43.
La recherche d’informations est grandement facilitée par des « interfaces » entre l’utilisateur et le serveur. Par exemple, le serveur américain « CompuServe »44 propose plus de 1000 bases de données. Son service « IQuest » permet non seulement de « naviguer » parmi elles mais aussi, l’accès à plus de 850 banques de données mondiales d’une manière transparente pour l’utilisateur45.
172) L’utilisation des banques de données rend évident le coût de l’acquisition de la connaissance. Seuls jusqu’à présent les périodiques confidentiels à coût d’abonnement élevé l’illustraient. Aujourd’hui, la démocratisation de ces périodiques permet de faire un transfert du coût et donc de la rareté de l’information vers les banques de données pour lesquelles l’heure de connexion est de l’ordre de 500 à 3000 francs de l’heure au minimum. Et pourtant la consultation des banques de données à texte intégral a augmenté de 230 % entre 1985 et 1990. Cette nouvelle modalité d’accès à l’information signe par son coût le caractère discriminant de toute connaissance46. 3) L’utilisateur est dépendant des producteurs de la banque. Près des 2/3 des données actuellement stockées dans le monde représentent des renseignements économiques, commerciaux ou financiers à caractère stratégique47. La mise de plus en plus en évidence de cet aspect de la communication est proportionnelle à l’augmentation en volume de l’information. Plus que jamais s’impose la nécessité de disposer de « cartes de navigation dans l’information »48.
Annexe : un exemple des difficultés de gestion des données informatiques : la CNIL
18L’inquiétude face aux fichiers informatiques date d’un article de Philippe Boucher dans le Monde du 21 mars 1974, sous le titre « Safari (Système Automatisé pour les Fichiers Administratifs et les Répertoires des Individus) ou la chasse aux Français ». Il s’agissait de l’identification individuelle de l’ensemble des 52 millions de Français grâce à un ordinateur IRIS 80 du Ministère de l’intérieur. Ce « pavé » déclencha la création à la demande du Président de République d’une commission des libertés présidée par Bernard Tricot. Ces propositions font l’objet d’une loi, promulguée le 6 janvier 1978 n° 78-17 et entrée en application le 1 janvier 1980. Son article 1er stipule : « l’informatique doit être au service de chaque citoyen. Son développement doit s’opérer dans le cadre de la coopération internationale. Elle ne doit porter atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles et publiques ». Tout fichier doit être déclaré à la CNIL. La Commission Nationale Informatique et Liberté a pour objectif d’étudier l’évolution de l’informatisation de la société et ses conséquences49. C’est une autorité administrative de 17 membres nommés pour 5 ans ou pour la durée de leur mandat qui comprend entre autres deux députés et deux sénateurs élus par leurs pairs, deux membres du Conseil Economique et Social, deux membres ou anciens membres de la Cour de Cassation, deux personnes qualifiées nommées par le Président du Sénat et de l’Assemblée Nationale, trois personnalités désignées par un décret pris en Conseil des Ministres. La Commission élit en son sein un président50 et deux vice-présidents. En 1988, la commission a enregistré 193 022 déclarations et demandes d’avis. Les plus importants fichiers en France sont : 1) le répertoire national d’identification des personnes physiques de l’INSEE, 55 millions de personnes ; 2) le fichier général des électeurs (INSEE), 35 Ms de personnes ; 3) l’annuaire électronique (Direction des Télécommunications), 23 Ms de personnes ; 4) le fichier des abonnés à EDF GDF, 25 Ms de personnes.
C. Les principaux serveurs de banques de données
19• L’Association française des Documentalistes et des Bibliothécaires Spécialisés (ADBS) et l’Association Nationale de la Recherche Technique (ANRT) publient un répertoire des banques de données professionnelles (édité chez Lavoisier)51. Ce Répertoire des Banques de Données professionnelles analyse plus de 1300 banques et signale plus de 150 serveurs avec un index alphabétique des banques de données, un index des banques de données par sujet, un index des banques de données par producteur, un index des banques de données par serveur, l’adresse des producteurs et des principaux organismes serveurs. Globalement, 17200 services « minitel » existent en 1991, générant 1,656 milliards d’appels pour 104,9 millions d’heures de connexion.
20• On distingue ainsi des serveurs en mode ASCII et des serveurs accessibles en vidéotex. Un serveur est donc un organisme qui a stocké sur des matériels informatiques des données fournies par des producteurs et qui permet à des utilisateurs finals de pouvoir, en ligne ou en différé, « partir à la recherche » des informations souhaitées. A titre d’exemple, indiquons les serveurs suivants en mode ASCII :
21– Serveur « Profile » 19 44 932 761 444 pour avoir le texte intégrai du quotidien anglais GUARDIAN.
22– Européenne des Données en France (anciennement GCAM) avec les banques : AFP (Agence France Presse, depuis août 1987), Le Monde (depuis le 1er janvier 1987), ECODOC (théorie économique), ADOC (fiche bilan d’un domaine), BIOD (bibliographie des Hommes importants en Europe), HERACKLES (34000 références sur les sciences et techniques des activités sportives et physiques), O RIADOC (répertoire des bibliothèques et centres de documentation), SAGA (les discours du Président de la République en texte intégral) etc...
23– Questel en France avec les banques : Pascal (sciences humaines), Francis (sciences humaines), Logos (les articles de la presse française à caractère politique ou social) etc...
24– Datastar, (Suisse) comporte par exemple une banque donnant les liens de filiation entre 323000 entreprises importantes du monde entier.
25– Dialog aux Etats-Unis (Palo Alto) avec plus de 650 banques est le serveur le plus important au monde, le seul à publier un important magazine papier CHRONOLOG. Tout est accessible ; à titre anecdotique : 1) Magazine Index, Newsearch, National News-Paper Index (mis à jour quotidiennement), Newsearch indexe 1400 journaux magazines et périodiques américains. Les données sont transférées tous les mois d’une part dans Magazine Index qui suit depuis 1976, 370 magazines industriels, économiques, scientifiques, culturels (Time, Newsweek, Business Week, Scientific American etc...) et d’autre part dans National News-Paper Index, qui couvre de la première à la dernière page le New York Times, le Wall Street Journal et le Christian Science Monitor52. 2) Le New York Times est le premier quotidien accessible en texte intégral depuis 1971. 3) La banque numéro 139 Economic Littérature Index recense tous les articles notoires en théorie économique etc....
26– Le réseau NEXIS (représenté en France pour TELECONSULTE) donne accès depuis un micro-ordinateur au texte intégral de plus de 600 journaux et périodiques anglo saxons53 – Un nouvel univers de connaissance s’ouvre aux Etats-Unis avec les serveurs d’information à grande zone : les WAIS (Wide Area Information Server) ; l’objectif est l’interconnection de sources multiples d’information, donnant la possibilité à l’usager de formuler des questions forgeant des liens dynamiques pour les réponses.
« L’ordinateur de demain sera portable, puissant (grâce au parallélisme) et communicant... Les bibliothèques du futur seront toutes reliées et leurs ouvrages ou documents, enregistrés sur d’énormes ordinateurs constitueront un gigantesque fonds commun dans lequel n’importe qui pourra puiser, à domicile, à l’aide de son ordinateur »54
Notes de bas de page
1 Edgar Morin, octobre 1991, p. 98 ; cf. aussi Les sciences cognitives, une introduction, Georges Vignaux, La Découverte, 1992.
2 « Le cognitivisme consiste à étudier les processus humains pour les intégrer dans la machine afin qu’il y ait interface entre la machine et l’homme », Pontoizeau, juin 1991, p. 88.
3 Morin, 1986, p. 12.
4 Irons-nous jusqu’à « l’idéographie dynamique » de Pierre Lévy, octobre 1991, pour lequel les novations des supports informatiques vont transformer non seulement notre manière de représenter les signes, mais aussi modifier notre raisonnement ! ; cf. aussi le dossier Culture technique (n° 21) du Centre de Recherche sur la Culture technique, 69 bis, rue Charles-Laffitte, 92200 Neuilly sur Seine, « L’emprise de l’informatique ».
5 Josiane Jouèt, Culture Technique, juillet 1990, p. 217.
6 Le Crosnier, 1988, p. 265. Cf. pour une approche, Josiane Jouèt, « L’informatique "sans le savoir” », in Culture Technique, juillet 1990, p. 216. Le discours sur la « domotique » intègre la notion de sécurité, de confort, de communication, participant pour Pascal Amphoux d’une « idéologie » domotique ; in Culture Technique, juillet 1990, p. 66 ; cf. aussi Science et Vie High Tech, n° 2, p. 98.
7 Pierre Lévy, Emmanuel Videcoq, in Witkowski, L’Etat des Sciences et des Techniques, La Découverte, 1991, p. 364. Cf. aussi la démarche entreprise par Michel Authier et Pierre Lévy dans Les Arbres de Connaissance, La Découverte, 1992. Il faut savoir attendre les effets de l’utilisation des techniques numériques sur le travail de l’homme. Les impressions actuelles qui laisseraient penser que le cadre perd un « temps fou » avec son micro-ordinateur (cf. Le Courrier international, 21 janvier 1993, p. 26) sont l’illustration d’une nécessaire adaptation ; cf Le nouveau partage de la compétence informatique dans les entreprises, rapport final, Jacques Perriault, Centre de Recherche sur la Culture Technique, juillet 1993.
8 Le verbe anglais BROWSE signifie jeter un coup d’œil.
9 Lévy, septembre 1990, p. 74.
10 Lévy P., septembre 1990, p. 137 ; cf. aussi « Temps réel et simulation », in Culture technique, juillet 1990, p. 246.
11 Rosnay, 1991, p. 421.
12 Cf. L’ordinateur pour enseigner les mathématiques, sous la direction de Bernard Cornu, Puf, 1992.
13 Ne pas confondre avec la bibliologie, plus générale qui est selon Robert Estivals « la science de la documentation écrite » in Les Dossiers de la revue de Bibliologie, n° 3, 4e trimestre 1992 ; cf. Schémas pour la Bibliologie par R. Estivals, édition SBS, 1976 ; cf. aussi Jean-Michel Salaün « Les sciences de l’information en question » in Réseaux, mars-avril 1993, p. 11. Cf. aussi LM901107, p. 27, bibliométrie recherche ; cf. pour une histoire de la bibliologie, Robert Estivals, Les Sciences de l’Ecrit, Retz, août 1993, p. 30 et p. 66 pour la bibliométrie ; cf. « Bibliométrie et scientométrie en France : état de l’art » par C. Dutheuil, in la revue Documentaliste, Science de la documentation, décembre 1992.
14 Introduction à la scientométrie. De la bibliométrie à la veille technologique, Jean-Pierre Courtial, éd. Anthropos, 1990 : « La bibliométrie est à la fois le comptage de tout ce qui peut entrer dans une bibliothèque scientifique et une approche quantitative des techniques de gestion d’une bibliothèque. La scientométrie est la généralisation de ces techniques dans le but d’une gestion de l’activité de recherche scientifique » p. 7 ; cf. aussi La veille technologique, Dou et Quoniam, Dunod, 1992, pour un panorama de la discipline.
15 Respectivement des sociétés Derwent et Madicia.
16 InfoPc, n° 80, p. 123. Un logiciel comme « DayMaker » est assez souple pour pouvoir remplacer un agenda papier à condition de ne pas regretter son « papier » ; cf. Golden, juin-juillet 1992, p. 46.
17 Cf. pour une étude de la classification : Jakobiak-Deweze-Le Crosnier-Guinchat ; Menou et Blanquet ; Chaumier.
18 Il est le premier à avoir voulu communiquer l’information scientifique de manière volontaire. Pour lui la science est collective. Sa correspondance (cf. L’édition du CNRS »), « achevée après 50 années de recherche et de travail comporte 16 volumes de lettres soit 1873 documents dont 306 lettres écrites par Mersenne, 789 lettres reçues par lui, le reste étant des lettres ou documents éclairant sa pensée ou permettant de reconstituer partiellement le contenu de lettres aujourd’hui perdues. Sa correspondance couvre toute l’Europe, de l’Italie à la Hollande, jusqu’à la Pologne, et à l’exception de l’Espagne. Mersenne commence à écrire des lettres en 1617 et poursuivra jusqu’à sa mort en 1648. Il est le centre d’un réseau de plus de deux cents correspondants, répartis à travers toute l’Europe et dont une vingtaine sont également les centres d’autres réseaux de corresponis. (Suite) – dances, ainsi Descartes, Peiresc, Constantin Huyghens, Gassendi, Torricelli, Fermat, Galilée… Il correspond aussi avec Hobbes, l’organiste Titelouze, Rivet, pasteur et professeur de théologie à Leyde, Haak, homme de lettres anglais, mais également Frenicle, Desargues, Kepler, Roberval, Mydorge, Carcavy, Guez de Balzac, Conrat, le cardinal de Richelieu, Le cardinal Barberini, etc. » Beer et Blanc, 1991, p. 25.
19 Une classification, « c’est-à-dire une opération de description du contenu d’un document par laquelle on détermine son sujet principal et éventuellement un ou deux sujets secondaires que l’on traduit par le terme le plus approprié figurant dans le langage documentaire approprié » in Blanquet, 1990, p. 163.
20 Pour une rapide histoire institutionnelle des services de la documentation, cf. Chaumier, septembre 1989, p. 3 ; pour une histoire de la politique de la documentation en France, cf. Jean-Michel Salaün, ouvrage à paraître.
21 72 millions de documents en 1990 ; la 16e édition de cette classification, publiée en 1958, comprend 63000 rubriques.
22 Escarpit, 1988, p. 155 ; cf Estivals, août 1993, p. 122.
23 La troisième édition, commencée en 1939 comprend plus de 85000 divisions.
24 Blanquet, 1990, p. 416.
25 Rathaux 1991, p. 232. Il comporte un ensemble de dix chiffres en quatre segments dont les trois premiers sont de longueur variable et représente, l’identification du groupe, l’identification de l’éditeur, l’identification du titre, le quatrième est une clé de contrôle ; par exemple ISBN 2-7081-0324-5 ; (2) représente le groupe des éditeurs de langue française, (7081) les éditions d’Organisation, (0324) l’ouvrage répertorié, (5) le caractère de contrôle.
26 Escarpit 1988 p. 155.
27 Technique due à Mortimer Taube vers 1953, créant ainsi des « Uniterms ».
28 Technique due à Calvin Mooers à la fin des années cinquante.
29 Chaumier, septembre 1989, p. 59 ; le premier thésaurus est l’œuvre d’un anglais, P.M. Roget, qui en 1852, publia un répertoire analogique « A Thesaurus of English Words and Phrases » comportant 1000 rubriques de 50 à 300 mots chacune.
30 Deweze, 1989, p. 235 et 236 et 269 ; SVM Mac n° 17, p. 86 pour les logiciels, « Biblio-Tech » et « Alexandrie », plus agréable à utiliser (1987, par la société en nom collectif GBC).
31 Norme ISO 8613, recommandations T410 du CCITT.
32 InfoPc, décembre 1991, p. 246. Pour une approche, cf. La gestion de l’information dans l’entreprise, A. David et E. Sutter, Eyrolles, 1991. Cf. aussi, la contribution de Dominique Maillet « Les systèmes de Gestion Electronique de Documents », in Micro-Ordinateur et Traitement de l’information, (sous la direction de Roland Bertrand), A Jour, 1991, p. 139.
33 Cf. une introduction pour le traitement automatique des langues, in Sciences et Avenir, numéro hors série, mars avril 1992, p. 32.
34 SVM Mac, mai 1993, p. 29.
35 On pourra utiliser d’ailleurs pour finaliser sa recherche la méthode PERT (Program Evaluation and Review Technique) ( – mis au point dans les années 50 pour la société américaine Lockheed – ) ; cf. Jakobiak, 1991, p. 155 ; et un logiciel comme Mac Projet sur Macintosh. Cf. aussi Banos et Mouyssinat, De Merise aux bases de données, éd. Eyrolles, 1990.
36 Cf. l’interrogation de Cotte, 1991, p. 59 et s. ; cf. aussi « Banques de don- 36. (Suite) – nées et banques d’images dans les sciences humaines et sociales », in la revue Brises, n° 16, 1991, p. 37 ; pour une présentation, cf. LM930928, p. 35, données.
37 Lévy, septembre 1990, p. 129.
38 C’est le seul serveur qui fournit aux abonnés une publication conséquente, CHRONOLOG, qui chaque mois donne l’ensemble des informations sur les nouveautés.
39 En 1993, peu de journaux existent sur CD-ROM ; par exemple, une année complète du journal « the Guardian » est disponible sur un disque, « The Indépendant » existe également depuis 1986 ; le journal Le Monde prépare de nouvelles approches documentaires (3617 LMDOC et 36290456 pour l’affichage à l’écran des textes sélectionnés).
40 François Libmann in Répertoire des banques de données, 1990, éd. Lavoisier, p XI.
41 Breton P., 1990a, p. 51. Accédez aux banques de données, Denys Bondeville, ed. Armand Colin, 1991. Cf. Sciences et techniques de l’information et de la documentation, Guinchat et Menou et Blanquet, éd. Unesco, 1990, p. 309 et s.
42 Breton P, 1990a, p. 54. Pour une présentation des théories de Turing (1912-1954), cf. John Haugeland, L’esprit dans la machine, éd. Odile Jacob, 1989. On connaît le mythe de Turing, une machine qui pourrait penser ; son test, imaginé vers les années 50, consiste pour un observateur, grâce à un télécopieur, à s’adresser à deux partenaires qui se trouvent chacun dans une pièce différente. « L’un des partenaires est un homme, l’autre est une machine. L’observateur ignore qui est la machine et qui est l’homme. Il a le droit de poser, à l’un et à l’autre, toutes les questions qu’il veut. Il doit déterminer, à partir des réponses, quand il s’adresse à l’homme et quand il s’adresse à la machine. S’il n’y parvient pas, dit Turing, c’est que la machine se comporte comme si elle pensait (peu importe, dans ce contexte, si elle « pense » ou non à l’« intérieur » d’elle même). » ; in Breton, octobre 1991, p. 80.
43 Cette difficulté de recherche a incité la Commission des communautés à lancer le programme « CCL » (Common Command Language), proposant ainsi une normalisation des fonctions et de leur syntaxe pour les logiciels d’interrogation.
44 Accessible de France depuis un Minitel : 3617, code COMPU.
45 On indique l’objet de sa recherche et IQuest sélectionne les banques et les interrogations en fonction des demandes spécifiées en langage « naturel ».
46 Entreprises et Télécommunications, juillet 1991, p. 8.
47 Lévy, septembre 1990, p. 130.
48 « La documentation technique ayant trait à un mirage Fl occupe quatre wagons de marchandises, celle d’un Airbus deux fois et demie le volume de l’avion... sur les 300 milliards de dollars du budget total du Département américain de la Défense, 34,5 % du budget informatique sont consacrés à la gestion et au stockage de l’information (soit 8 milliards de dollars) » in Sciences et Avenir, HS, n° 81,p. 87.
49 CNIL, 21 rue Saint Guillaume, 75007 Paris.
50 Jacques Fauvet en 1989.
51 Accessible également par la banque « REBK » sur le serveur Européenne de Données ; et « Les principales Banques de Données » (numéro spécial de « Télématique Magazine » 4e trimestre 1989 : 500 banques de données pour l’entreprise) ; le numéro spécial de « Télématique Magazine » janvier 1990 : 1000 services les plus utiles sur Minitel ; Répertoire des banques de données TELETEL pour l’entreprise, éd. FLA Consultants, 1991 avec version Minitel : 3616 Bases.
52 Rosnay, 1986, p. 33.
53 Cf. la liste des principales banques de données de presse in Cotte, septembre 1991, p. 119 et s.
54 LM921223, p. 13, l’ordinateur éclaté. Après les banques de données références, les banques de données actuelles qui offrent souvent le texte intégral, les banques de données de « connaissance » doivent permettre de mieux naviguer dans les multiples références pour mieux sélectionner l’information pertinente pour la demande formulée, en intégrant le traitement de l’image ; cf. pour une approche, Cotte, septembre 1991, p. 51-62 ; le principe de « l’imageur documentaire » de Henri Hudrisier (1982) permet de se soustraire aux mots-clés dans les banques d’images.
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