Conclusions
p. 229-231
Texte intégral
1Nos conclusions ne peuvent être que provisoires, quand nous savons que nous connaissons vraisemblablement plus de choses sur la lune que sur les relations humaines. Aussi l’essentiel de nos conclusions se résumera-t-il en quelques invitations.
2* Invitation à améliorer la communication à soi-même.
3Il serait vain de tenter de mieux comprendre et d’améliorer nos relations à autrui si nous n’envisageons pas de clarifier la relation à nous-mêmes. Cela suppose d’accepter d’écouter son histoire (passé) et d’être à l’écoute de son présent (vécu actuel). Beaucoup de signes se manifestent à nous et tentent de nous alerter, de nous ouvrir, de provoquer un changement ou au contraire de nous renvoyer à des positions antérieures, à nous faire régresser.
4Beaucoup de malentendus avec l’autre sont issus d’une relation à soi difficile ou souffrante.
5* Invitation à développer une écoute active.
6Pour permettre à celui qui parle (et pas seulement avec des mots) d’entendre ce qu’il dit et donc d’entendre aussi ce qu’il crie ou murmure avec son corps, ses répétitions, ses productions...
7* Invitation à sortir des répétitions.
8Se dégager en les démystifiant des scénarios, des mises en scène trop complaisantes que nous produisons, quand nous entretenons comme « malgré nous » une situation pénible et douloureuse.
9* Invitation à clarifier les images de soi. Nous communiquons avec l’image que nous avons de nous ! – Image dévalorisée – survalorisée – en décalage avec nos sentiments réels. Nous tentons aussi de communiquer avec l’image que nous imaginons que l’autre a de nous.
10* Invitation à ne pas confondre désirs et réalisations de ses désirs.
11Ce que nous pouvons partager c’est l’expression de notre désir, nos propres interrogations sur nos désirs. Si nous avons le désir d’aller vivre dans le midi... l’autre va-t-il nous inviter à écouter, entendre mieux les enjeux cachés de ce désir – ou va-t-il s’en emparer pour le discuter, se l’approprier ou le combattre ?
12* Invitation à entendre nos peurs (et le désir qu’il y a derrière toute peur), à mieux repérer les interdits que nous nous donnons ou que nous imaginons. Quand nous sommes habités par un ressenti qui va conditionner beaucoup de nos comportements. L’autre va-t-il tenter de nous rassurer ? de nous « déposséder » de notre ressenti, de notre perception ? Les remplacer par les siennes ? ou nous proposer en échange ses propres ressources ?...
13* Invitation à entrer en relation avec notre passé, notre histoire, archéologie familiale et personnelle. Écouter son corps – être attentif à ce qu’il dit – la façon dont il parle avec des maux, des symptômes.
14En sachant que la mémoire de notre corps est infinie – vivante – sans cesse réactualisée. Elle est productrice de langages infra-verbaux qui circulent en permanence dans une relation.
15À l’écoute de ces autres langages – regards, respiration, énergie, toucher, émotions – nous agrandissons nos potentialités et ouvrons la relation à plus de possibles.
16* Invitation à accepter d’être un bon compagnon pour soi-même, en développant un amour de respect, de bienveillance et d’acceptation envers nos possibles et nos limites.
17 Une belle légende hassidique rapporte que, dans le ventre de sa mère, l’enfant a eu le temps de prendre connaissance de tous les secrets du monde et que le jour où il vient à pousser son premier cri, l’Ange de la vie se penche sur lui et lui pose délicatement le doigt sur les lèvres pour lui interdire de révéler les secrets qu’il détient, lui conseillant de les garder tout au fond de lui. Preuve de cet acte : la petite fossette verticale entre le nez et la lèvre que nous portons tous.
18Le secret, il est vrai, hante notre imaginaire. Entre parole et silence, il hésite, il se masque, se révèle par bribes, il est partout et nulle part à la fois, entre la clarté et l’authenticité de la nuit. La communication permet à la fois l’existence et le dépassement du secret sans jamais le révéler tout à fait.
19Il y a toujours dans une personne une part de mystère irréductible dans toute communication. Nous pouvons apprendre à le diminuer, à améliorer son exploration, nous pouvons éviter un certain nombre de pièges, de malentendus ou d’incompréhensions, mais il restera toujours cette frange infinie ou infime qui fait que, dans son existence, l’Homme est toujours seul et que pour vivre il a besoin, quand même, de l’autre. La communication sera une façon pour tenter de franchir cet espace entre deux êtres, espace chargé de secrets et de mystères et aussi une façon de les maintenir séparés aussi proches soient-ils pour qu’ils acceptent de rester eux-mêmes.
« Moi, j’apprivoise la tendresse Du bout des mots infiniment
Avec un cri au bord du cœur Je suis le pire et le meilleur
Lorsque ta porte s’ouvre un peu À te garder je deviens deux.
Arlette Denis, chanteuse
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