Chapitre 4. Les autres formes du commerce du tableau
p. 193-205
Texte intégral
La vente par annonce
1De même que certains artistes décident d’exposer leurs œuvres dans le cadre de l’atelier, des amateurs, des marchands ou des courtiers étrangers exposent à leur domicile ou dans leur résidence de passage, des tableaux à vendre. Il arrive qu’une vente dite à l’amiable s’effectue par la voie publicitaire d’un avis, édité sous forme d’affichette. Ainsi en juin 1764 « Le Sr Derante, Apothicaire à S. Germain-en-Laye », informe le public qu’il « a une Collection de Tableaux originaux des meilleurs Maîtres, comme du Dominicain, de Vandick, de Titien, de Vanbouck [Van Boucle ?], & autres, à vendre, avec d’autres morceaux curieux, le tout détaillé comme il suit [suit la liste et le descriptif des tableaux] »1. Il existe même un exemple, à notre connaissance unique, de tableau à vendre. Il s’agit d’une Annonciation de Claude-Guy Hallé, provenant du cabinet du maréchal de Richelieu, avec une reproduction gravée de C.-N. Cochin, et une description sommaire précédée de la mention : « Manière nouvelle d’indiquer un Tableau à vendre. Extrait du Mercure de mars 1735 »2. Un tel procédé ne semble pas avoir fait école, sans doute en raison de son coût élevé. Le plus souvent, les vendeurs recourent à l’annonce par voie de presse. Bénéficiant de l’essor de la presse périodique de plus en plus spécialisée, la pratique apparaît très répandue dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Des journaux d’annonces tels que l’Avant-Coureur, la Feuille nécessaire, les Affiches, Annonces et Avis divers, ou le Journal de Paris, s’en firent une véritable spécialité, jouant le même rôle que les Nouvelles d’Amsterdam pour la Hollande. C’est aussi le cas en province. Citons pour le Nord de la France, les Annonces, Affiches et Avis divers pour les Pays-Bas français de Charles-Joseph Panckoucke (1761 à 1763) et les Annonces, Affiches, Nouvelles et Avis divers de la province de Flandres (1781-1793), gazettes dans lesquelles on trouve de nombreuses annonces du même type.
2De telles ventes au domicile concernent soit des œuvres isolées, soit l’ensemble d’une collection. Les œuvres proposées sont parfois de grande qualité ou du moins supposées telles. Qu’en était-il, par exemple, de ce portrait de Titien « connu sous le nom de la fameuse Parmesane, apporté d’Italie par le Maréchal de Tallard qui le vendit au prince de Carignan », mis en vente par un particulier en 1784 ?3 De même en 1767, un amateur déclare posséder « plusieurs beaux originaux du célèbre Paul Véronèze » et vouloir s’en défaire « s’il en trouve un prix raisonnable ». Souhaitant garder l’anonymat, il choisit d’en déposer un « qui représente Bélizaire au moment de son jugement devant l’Empereur Justinien » chez le portier de l’hôtel des fermes générales, rue Coquillière. Pour rassurer le client éventuel, il prend soin de préciser que « Ce tableau a été vu & jugé du bon temps de Paul Véronèze par plusieurs Maîtres, entre autres, par M. Cazenove [Casanova], élève de l’École de Venise »4. Notons que cet astucieux propriétaire, peut-être un marchand déguisé, décida de changer le lieu d’exposition de son tableau en le mettant en pension « chez le sieur Georget le jeune, receveur des loteries, place du Louvre ». Il souhaitait ainsi le rapprocher du Salon du Louvre où allait se dérouler la vente du cabinet de Jullienne5 afin de profiter de l’effet d’appel suscité par cet événement6. L’histoire ne dit pas s’il parvint à ses fins. La même année, un certain « Monsieur Vincent demeurant à Paris, Cloître Saint-Honoré, au-dessus du passage de la Croix-des-Petits-Champs, au second étage », invite les amateurs à venir voir chez lui onze tableaux dont « La plupart… sont originaux & sortis de la main des plus célèbres Maîtres des différentes Écoles »7. Les collectionneurs provinciaux, faute d’un marché local permettant d’écouler les œuvres d’une certaine qualité, eurent très souvent recours à ces annonces. Ainsi, en 1766 un particulier de Tours mit en vente « L’esquisse originale du tableau de Jouvenet représentant la Visitation de la Ste Vierge, & connu sous le nom du Magnificat » qu’il dit tenir « directement de ce grand peintre ». L’amateur intéressé par cette proposition devait s’adresser « au curé de la paroisse de S. Clément, à Tours »8. En 1769, c’est la veuve du peintre Joseph Benoît Carles, longtemps actif à Rome avant de se retirer à Villeneuve-les-Avignon, qui informe les amateurs par la voie des Affiches, Annonces et Avis, de la mise en vente du cabinet de son mari9. Autre exemple, cette fois en 1759, la Feuille Nécessaire annonce qu’« Il est arrivé nouvellement de Bayonne un tableau de deux pieds et demi de long sur deux pieds de large, qu’on dit être de la plus grande beauté. Il est estimé mille écus par les meilleurs Connoisseurs. Ce morceau qui est un des chefs-d’œuvre de Wan-Husen [Van Huysum], représente un pot de Fleurs & de Fruits de la plus parfaite exécution. On y remarque sur-tout des Mouches & des gouttes de pluie d’un naturel étonnant. Le Propriétaire, qui se fait un plaisir de le faire voir aux Curieux, M. Baldebat, demeure rue de la Croix-des-Petits-Champs, vis-à-vis de la Croix, chez l’Epicier »10.
3Le plus souvent, ce sont les marchands qui recourent à un tel procédé. Les annonces sont pour eux un moyen commode d’informer leurs clients éventuels, au retour de leurs tournées à l’étranger. Ainsi, Gersaint ne manquait pas d’annoncer par voie de presse le résultat de ses voyages en Hollande. De même, en 1759, le marchand de tableaux Ledoux invite « les Connaisseurs » à venir voir chez lui « rue St Martin, vis-à-vis Saint Julien, deux beaux tableaux récemment arrivés ; l’un du Guide [qui], represente Cleopâtre piquée par un Aspic ; l’autre une Vierge de Morios [Murillo] », ajoutant que « ce sont des tableaux capitaux, & d’un très grand prix », annonçant par là les prétentions élevées du vendeur11. En 1765, la veuve Godefroid s’adresse aux « amateurs de l’École française » pour leur proposer un ensemble exceptionnel d’œuvres de Jean-François de Troy, soit sept tableaux « qui peuvent être regardés comme tableaux capitaux, & de son meilleur tems », formule passe-partout servant abondamment au XVIIIe siècle pour vanter la qualité d’une marchandise. Ces œuvres, une Allégorie du triomphe de la Verité, Lucrèce, Cléopâtre, Diane et Endymion, Vertumne et Pomone, Angélique et Médor et une Léda étaient visibles à son domicile, au cloître Saint-Germain l’Auxerrois12.
4Notons que ce genre d’annonces dans la presse offrait l’avantage de bénéficier d’une large diffusion. Les souverains étrangers, collectionneurs à l’affût, se tenaient régulièrement informés des objets d’art mis en vente sur la place de Paris ou ailleurs, et cela par le biais de ces feuilles d’annonces auxquelles ils étaient abonnés ou par leurs copies manuscrites que leur adressaient leurs agents parisiens13.
Le commerce entre collectionneurs
5Les ventes publiques, bien qu’étant la forme du commerce de l’art la plus développée et la plus visible durant la période qui nous intéresse, ne sauraient dissimuler une autre réalité du commerce, les transactions entre collectionneurs. Il a indéniablement existé au XVIIIe siècle, comme à toute époque, un important marché parallèle. Les collectionneurs n’étant pas tous fortunés à l’image des financiers, furent parfois confrontés à la nécessité de céder une ou plusieurs œuvres de leur cabinet, pour succomber à de nouvelles tentations, ou bien tout simplement, mus par le désir d’améliorer sans cesse la qualité de leur collection. Diderot n’accuse-t-il pas Jean de Jullienne d’avoir « passé toute sa vie à acheter et à revendre des tableaux... », allant même jusqu’à douter « qu’il s’y soit jamais bien connu »14. On sait en effet que ce célèbre amateur échangea des tableaux de Watteau de sa collection, et qu’il fit sans doute de même pour certaines œuvres de Boucher15.
6Le monde des collectionneurs est un milieu étroit où tout le monde se connaît, se fréquente ou s’évite, s’estime parfois, se surveille à tout moment. Il est donc facile d’établir des contacts dans la perspective d’une vente. Parce qu’il est un homme en vue et pour des raisons de discrétion, le marquis de Voyer recourt à la solution de la vente à l’amiable, lorsqu’il cherche, vers 1763, à se défaire de son cabinet « flamand », non sans difficultés d’ailleurs. La qualité des tableaux était certes irréprochable, mais leur prix élevé dissuadait même les amateurs les plus fortunés. Le marquis effectua différentes tentatives auprès de collectionneurs de la nouvelle génération, dont le duc de Choiseul, vers 176316, Gaignat à une date indéterminée et Randon de Boisset en 176517. Les tractations menées auprès du premier n’aboutirent pas, la solution proposée par le duc, le troc, ne satisfaisant pas le marquis de Voyer. Nous ignorons en revanche les modalités qui permirent à plusieurs tableaux achetés par le marquis de Voyer à Lormier d’entrer dans le cabinet Gaignat. Quant à Randon de Boisset, qui souhaitait acheter certains tableaux pour sa collection et pour un ami dont il ne cite pas le nom, il fit au marquis de Voyer cette réponse courtoise mais ferme : « À mon égard je n’avois porté mes vües que sur les cinq tableaux dont vous m’avez renvoyé l’État, et j’avoue que malgré leur beauté, j’avois cru leur prix fort au-dessous des Quarante-deux milles livres, à quoi il est fixé. Pardonnez-moi mon erreur, elle ne m’a pas empêché de bien peser vos justes observations sur le mérite des Cinq Tableaux, je ne vous dissimulerai même pas que ces observations sont conformes à celles de M. Remy, au reste il ne seroit pas juste que vous perdissiez sur les Curiosités dont vous voulez bien vous défaire, et je me garderois bien de vous le proposer »18. Il lui offrait néanmoins d’en « parler à quelques Étrangers ou autres qui achètent des tableaux »19. Un compromis fut cependant trouvé ; Randon de Boisset se porta acquéreur pour 15.000 livres de deux tableaux de Van Huysum, et acheta pour « son ami » un lot de quelques tableaux et objets d’art. L’issue de cette affaire montre cependant à quels déboires pouvaient s’exposer les deux parties d’une transaction qualifiée d’« amiable ». L’ami dont il est question ici, semble-t-il d’assez mauvaise foi, se plaignit de la qualité des pièces achetées, soit deux Metsu, deux Gérard Dou, un « petit breugle » et un petit Teniers, ainsi que des objets d’ameublement, des vases pots pourris20. Il chercha visiblement à faire annuler la transaction, prétextant qu’il avait montré ses acquisitions à des connaisseurs qui lui avaient déclaré « que plusieurs tableaux n’étoient pas purs », ayant été « en plusieurs endroits repeints par feu Colins »21. Excédé par cette réaction « et outré de ce qu’il m’a compromis », Randon de Boisset se conduisit en honnête homme en reprenant à son compte les objets incriminés22.
7De telles lettres sont rares ; bien souvent en effet, les tentatives suivies ou non de transactions échappent aux investigations. Loin de nous pourtant l’idée de prétendre qu’elles furent exceptionnelles. Ces transactions furent sans doute tout aussi nombreuses que les ventes entre marchands, mais de par leur caractère privé et donc confidentiel elles ont laissé peu de traces. Cependant, certaines nous sont connues par des mentions dans des catalogues de vente. Nous savons ainsi que Dutartre, Trésorier des Bâtiments, avait « traité directement » avec le comte de Lauraguais pour obtenir une Mélancolie de Domenico Fetti et avec le marquis de Canillac auquel il avait acheté deux Intérieurs de riches galeries de Pannini23. Nous apprenons également par une note manuscrite qu’un tableau de Wouwerman de la collection Gaignat, « après avoir fait le bonheur de Ste Foy, est passé en 1782 au maréchal de Noailles avec 18 autres pour 200.000 livres »24. Un autre exemple nous est fourni par le Journal du voyage à Paris du jeune aristocrate savoyard, Joseph-Henry Costa de Beauregard, en 1766-176725. Il dit avoir vu, à l’occasion de sa visite du cabinet Blondel de Gagny « un tableau de Vien que je vis l’autre jour chez M. de Presle et dont il s’est défait »26.
8Les seules ventes ayant fait l’objet d’un acte passé devant notaires concernent des transactions exceptionnelles, tant par la qualité des contractants, que par le volume de la transaction. En août 1767, le marquis de Villette, ancien maréchal général des logis de la Cavalerie, chevalier de Saint Louis, vend à l’un de ses voisins (l’un et l’autre demeurant paroisse Saint-Sulpice), le sculpteur Honoré Guibert, pour 6.240 livres, deux tableaux de Joseph Vernet, « le premier... représentant un jeu de [lune ?] sur la Rivière du Tibre a Rome, d’où l’on appercoit le Château St Ange » ; « le second de même grandeur représentant une tempeste ».27 Le premier de ces tableaux étant, au moment de la signature de l’acte de vente entre les mains de « Duret graveur en taille douce, chargé d’en faire la gravure », l’acheteur s’engageait à laisser ce dernier achever son travail. On peut donc penser que la perspective d’une telle diffusion par la gravure rendait l’acquéreur assez compréhensif, car il en résultait incontestablement pour le propriétaire de l’œuvre ou le vendeur une plus value, comme en témoignent les prix atteints par les œuvres gravées dans les grandes ventes du temps. Un autre exemple de vente entre collectionneurs nous est fourni par un acte passé devant notaire en 1778. Le comte Alexandre Stroganoff, grand collectionneur russe, cède à son compatriote, le comte de Golovkine28, trois tableaux : une Adoration des Mages de Gérard de Lairesse, une « pêche » de David Teniers, et un Philosophe dans une grotte de Rembrandt, « tous trois originaux » pour 24.000 livres payées le jour même en espèces. Une clause du contrat précise que le comte de Golovkine « désire que lesd. Trois tableaux restent encore dans le Cabinet dud. Sr Comte de Stroganoff, [et qu’il] pourra les faire enlever dud. Cabinet quand il le voudra ainsy que led. Sr comte de Stroganoff le consent par lesd. Presentes »29.
9Le plus souvent, ces transactions concernent l’ensemble d’une collection, comme le montre un acte du 6 janvier 1785 portant sur la vente par Pierre Louis Honoré Corvisart, avocat au Parlement, à son confrère Jean-Baptiste Benissein, d’un ensemble de tableaux, dessins, et estampes, moyennant la somme de 5.000 livres30. Le détail des objets cédés est joint à l’acte sous la forme d’un catalogue. Il s’agissait à l’évidence de la vente d’une collection entière. Parmi les cent soixante-douze tableaux énumérés, nous trouvons, entre autres, une scène animalière de Desportes, « le Quos Ego de l’École de Rubens », « un Christ avec trois figures de Le Sueur », un portrait par Rembrandt, une scène de bataille de De Hondt, une esquisse de Deshays représentant « Tobie fesant enterer les pestiférés », « Le buste d’un jeune Espagnol » par Grimou, « Un petit tableau représentant des gueux » par le Nain, « L’Adoration de N.S. par St François » par Stella, deux pendants par Teniers, « Deux tableaux fesant pendants Rep[resentan]t les pelerins d’Emmaüs, et l’Aveugle né » par Jouvenet, une esquisse de Le Brun ayant pour sujet « Le Supplice de Mezence », deux paysages de Lantara avec figures de Casanova, deux scènes de tabagie de Heemskerck, un petit tableau « représentant des Cavalliers par le Bourdon », deux paysages de Paul Bril, « Une belle femme alletant son enfant, superbe tableau par Vandik », une Suzanne au bain de Lafosse, un tableau « allégorique de l’histoire du grand Condé » par Michel Corneille, « une Marine effet de brouillard » par Vernet, et plusieurs Demarne. Ajoutons à ces tableaux, trente dessins et environ 330 estampes. Un autre exemple, provincial cette fois, concerne la vente en juin 1781, par l’amateur angevin, Jean-Jacques Lenoir, à son ami Pierre-Louis Eveillard de Livois, de sa collection composée de soixante-quinze tableaux pour 14.000 livres à acquitter en deux paiements de 7.000 livres31. Les contractants s’engagèrent par un billet de reconnaissance de dette à passer un acte en bonne et due forme devant notaires32. Un nouvel exemple concerne cette fois une transaction entre deux marchands, par un acte passé devant notaires le 16 février 178733. Il s’agit de la vente par François Alexandre Plantier, peintre en miniature demeurant à Paris, rue Saint-Thomas-du-Louvre, à Joseph Alexandre Le Brun, peintre, rue de Cléry, l’un des frères du grand marchand, de « tous les tableaux composant le cabinet dud. Sr Plantier tels qu’ils sont décrits et énoncés en un état que les parties ont fait dresser sur une feuille de papier coupé de la grandeur du présent », vente faite moyennant 20.000 livres. Cette collection se composait de soixante-dix-huit tableaux et de quelques dessins sommairement décrits, ainsi que de deux terres cuites de Clodion et d’un « baiser d’après Houdon ». Toutefois, la plus importante transaction de la période fut l’acquisition de la collection Crozat de Thiers par Catherine II de Russie, le 4 janvier 1772, pour 460.000 livres. Elle donna lieu à un acte de vente très détaillé, passé devant notaires34, ainsi qu’à un état des tableaux et dessins cédés35. La conclusion de cette « vente du siècle » mobilisa plusieurs intermédiaires célèbres, dont Diderot, et fut le résultat de longues tractations. Certains collectionneurs-marchands, enfin, n’hésitent pas à éditer un catalogue, établi sur le modèle de ceux des ventes publiques, pour vendre leur cabinet à l’amiable. Ce fut le cas de Le Roy de la Faudignère en mars 178236.
10À la différence de l’Allemagne et de la Hollande, il est rare qu’en France des transactions à l’amiable aient lieu avant une vente publique programmée. Pourtant, certains catalogues de ventes envisageaient la possibilité d’un achat global, comme le montre le catalogue du cabinet Poullain, en 1780. Il y est précisé que « si quelqu’un vouloit faire l’acquisition du Cabinet entier, il pourroit en parler aux mêmes Messieurs Langlier & Le Brun »37, experts de la vente. Nous n’avons cependant retrouvé que deux exemples de vente à l’amiable précédant une vente publique qui portaient sur l’ensemble d’une collection. L’un concerne le cabinet d’histoire naturelle de Mlle Clairon, cédé en février 1773 à un Russe, pour 30.000 livres38, l’autre, une collection de tableaux, de dessins et d’estampes, achetée en bloc en février 1782, à la veille de sa dispersion à l’hôtel de Bullion, par Alliot, le fils de l’inventeur de la poudre fébrifuge. D’après une note attribuée à Augustin de Saint-Aubin, il aurait payée cette collection 60.000 livres et l’« arrange dans le bel hôtel de Mazarin, qu’il vient aussi d’acheter 600.000 livres »39. Cette double transaction illustre parfaitement le comportement du riche parvenu, qui, après avoir effectué une acquisition immobilière prestigieuse, cherche à se hisser au rang des amateurs en achetant une collection déjà constituée.
Le troc
11Dans un pays et à une époque où la pénurie monétaire est endémique et ne fait que s’aggraver vers les années 177040, collectionneurs et marchands recourent à une même pratique très répandue, le troc. Dans le cas des collectionneurs, de tels échanges nous permettent de délimiter le cercle de leurs relations. Vers 1763, le financier-artiste Watelet se trouve par hasard chez le duc de Choiseul au moment où le marquis de Voyer lui fait porter deux tableaux de Teniers dont il souhaitait se défaire. Le duc qui enrichissait alors sa collection, envisageait de troquer ces deux tableaux contre deux bouquets de Jan Van Huysum provenant du cabinet Lormier qu’on venait de lui envoyer de Hollande. Cette proposition ne fut cependant pas retenue, le marquis de Voyer ayant à cette époque, « beaucoup plus besoin d’argent que de tableaux ». Il jugeait d’autre part ne pas avoir besoin de Van Huysum, car il prétendait en posséder de plus beaux. Il préférait donc la solution de la vente qui néanmoins le plaçait dans une situation délicate, car disait-il, « je ne voulais embarrasser ni la délicatesse de M. le Duc de Choiseul ni la mienne, d’autant plus que je suis son obligé précisément dans ce moment »41.
12Les exemples de troc entre collectionneurs ne manquent pas. Wille note dans son Journal, en 1770, avoir « eu un petit tableau de Wouvermans pour deux petits tableaux de Dietrich avec quelques retours ; mais je cédai dans la même journée ce tableau à M. de Livry, et je l’obligeai »42. Avant 1774, Aignan-Thomas Desfriches procède à un « échange » avec le premier peintre du Roi, Jean-Baptiste-Marie Pierre. Si nous ignorons quel fut l’objet de ce troc, nous savons en revanche qu’il obtint en retour une Vue de mer avec orage de Van de Velde43. Toutefois, la meilleure illustration de ce « commerce » entre amateurs nous est offerte par les relations qu’entretenaient trois personnages aujourd’hui bien connus, Jean-Baptiste Descamps, auteur des Vies des Peintres flamands, allemands et hollandais, Aignan-Thomas Desfriches, négociant et artiste amateur d’Orléans, et le baron Louis-Robert de Saint-Victor (1738-1822), président à la Cour des Comptes, Aides et Finances de Normandie à Rouen. Tous trois formèrent un véritable triumvirat de la curiosité provinciale, en relation étroite avec les marchés parisien et hollandais44 : Descamps, véritable marchand non déclaré, contribuant à la formation du cabinet de M. de Saint-Victor, ce dernier et Desfriches se livrant à de fructueux et parfois douloureux échanges. Ils sont liés par le même culte enthousiaste des maîtres « flamands » du XVIIe siècle. En 1773, à l’occasion de sa visite du cabinet du président de Saint-Victor, à Rouen, Desfriches tombe « subitement amoureux » d’un Van Goyen qu’il parvient à troquer contre « trois petits tableaux »45.
13Pour le collectionneur disposant d’une fortune médiocre, le troc est le moyen idéal d’enrichir sa collection, mais il est également source de souffrance car il suppose que l’on accepte de se séparer de quelques pièces de son cabinet. En 1777, le président de Saint-Victor est confronté à ce dilemme. Alors qu’il convoite deux paysages de Theobald Michau appartenant à son ami Desfriches, celui-ci se déclare intéressé, à la condition que M. de Saint-Victor lui cède en échange un tableau de Van der Neer. Troc qu’il ne saurait accepter pour les raisons suivantes : « Imaginés que ce petit Vandeneer est la perle, la fleur de mon cabinet ; indépendamment du prix qu’il me coûte, qui est très cher et ne fait pas encor la moitié de sa valeur, de la rareté des morceaux de ce maître et de mon attachement particulier, ce tableau est tellement capital dans ma petite collection que je ne pourrois l’en détacher sans la déshonorer. On peut bien renoncer à un bras ou à une jambe, mais à la tête ! Autant vaudrait tout perdre... ». Se lamentant sur sa pauvreté, sur le peu qu’il a à échanger, il fait diverses propositions à Desfriches : « Imaginés, mon très cher, que ces deux Michau sont à moi, que vous les désirés, que vous n’avés de Ruysdaël que votre plus beau tableau de ce maître et que je vous propose de le céder en échange. Répondés : que feriés-vous ? Oh mon bon ami, que j’aimerais bien mieux que vous daigniassiez vous contenter d’espèces, quoique je n’en aye guères et recevoir onze louis comptant à Pâques prochain et un billet de onze louis à Pâcques 1778 ! Dussions-nous (comme il est raisonnable) y faire entrer l’intérêt du retard. Cette œuvre serait belle, généreuse, méritoire aux yeux de l’amitié. Vous êtes si riche ! Votre collection si précieuse et si bien choisie ! Qu’est-ce que deux Michau de moins, quelque soit leur mérite, dans un Cabinet comme le vôtre ? Faites cet effort, mon bon ami, ne grêlés point sur le persil, et n’enrichissés point un misérable aux dépens de ses dépouilles »46. L’affaire ne se fit pas, le président de Saint-Victor se refusant à sacrifier sur l’autel de l’Amitié la perle de son cabinet. Au-delà de cette offre jugée trop déséquilibrée, ses lettres montrent combien, pour ce collectionneur amoureux, toute séparation est un véritable déchirement47.
14Le graveur Wille, autre collectionneur enthousiaste, eut aussi souvent recours au troc, principalement en matière de dessin. Il note ainsi dans son Journal, en novembre 1768, avoir échangé avec un amateur anglais nommé Price, « un dessein de Raphaël contre un des plus beaux desseins de P. Roos ». À nos yeux, ce troc peut paraître étonnant, mais Wille s’empresse d’ajouter : « [...] mais il étoit obligé de me donner de l’argent de retour »48. L’abbé de Gévigney ne semble pas avoir eu les mêmes réticences ni les mêmes états d’âme que le président de Saint-Victor ni que Wille. Il est vrai que chez lui, le marchand l’emportait sur le collectionneur, comme le montrent les inventaires successifs de sa « collection », où les mentions de troc sont très fréquentes, de même que les ventes proprement dites49. S’il est des collections qui s’enrichissent principalement par cette voie, ce sont bien les collections d’artistes. Dans son Livre de raison, Louis Lagrenée l’Aîné note avoir échangé avec le comte d’Angiviller un « Tableau fait à Rome pendant mon Directorat... » contre un autre tableau de sa main, représentant « Annibal faisant ensevelir le corps de Marcellus. Ce tableau actuellement dans mon Cabinet repr[ésente] l’amitié qui consolle la Vieillesse du Départ des plaisirs »50.
Les loteries
15Toussaint des Essarts rappelle les origines de cette pratique, disant que ce jeu, – puisque la loterie entre dans cette catégorie – « ne fut d’abord exercé que comme une espèce de commerce par des Marchands ou d’autres particuliers qui vouloient se défaire de leurs marchandises ou de leurs effets, & en tirer le prix de ceux qui voulaient bien risquer de les obtenir par une voie du sort, ou d’y perdre de l’argent : l’autorité publique n’y avoit encore aucune part »51. La France du XVIIe siècle, de même que l’Allemagne, a connu bon nombre d’exemples de cette forme de commerce52.Ainsi, en 1657, une importante loterie, la première du genre en France appliquée à des objets d’art, fut organisée sous le nom de « Lotterie Royale », par deux entrepreneurs, les dénommés Carton et Boulanger à l’hôtel d’Anjou, rue de Béthisy. Henri Sauval, à qui nous devons cette information, en fut le spectateur. Il se souvient d’avoir vu parmi de nombreux lots très divers, quatre-vingt-dix tableaux de collection dont des œuvres présentées comme étant de « Léonard de Vinci, du Titien, du Poussin et de plusieurs autres excellens peintres, anciens et modernes »53. De même, la mémoire collective a longtemps conservé le souvenir de la fameuse loterie organisée par le cardinal Mazarin en 1658 dans son palais, qui « fit beaucoup de bruit à la Cour, & par tout le Royaume & aux Pays etrangers »54. Mais très vite, cette forme détournée de vente publique rencontra l’opposition des Six corps de marchands qui y voyaient une redoutable concurrence.
16La loterie, formule de vente sans doute jugée trop aléatoire, et de plus en plus concurrencée par les autres formes du commerce de l’œuvre d’art, particulièrement les ventes publiques, fut beaucoup moins répandue dans la France du XVIIIe siècle, du moins pour le commerce du tableau55. Elle apparaît encore quelquefois comme une solution commode pour l’amateur qui, lassé d’une forme de curiosité, cherche à se défaire de certains objets pour en acquérir d’autres. L’avocat Yon, dans sa Relation en forme de lettre sur les dépenses suggérées par un goût outré pour des curiosités passagères met en scène un personnage qui cherche à se défaire avantageusement de ses objets en porcelaine de Saxe, sans tomber pour autant sous la coupe des marchands dont il dit : « Ce sont des arabes qui n’achètent qu’au poids, & qui ne font cas que de ce qui est d’un débit prompt et facile ». Il prône alors le recours à la loterie comme étant la seule pratique « qui puisse dédommager, & récompenser par quelques bénéfices, les curieux, les amateurs qui ont eu la générosité d’avancer les fonds pour encourager l’industrie et soutenir le Commerce...»56. Néanmoins, les loteries en tant que forme de vente publique d’objets d’art, restent rares en France. Au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, nous en trouvons la trace dans certains périodiques, tel l’Avant-Coureur qui annonce en 1760 qu’un peintre d’origine brabançonne, Rysbrack57, a obtenu la permission d’organiser une loterie, dont les lots seront quarante tableaux de sa composition, peints dans le goût de Desportes et de Oudry. Cette opération, placée sous le patronage du prince de Conti, célèbre collectionneur, devait avoir lieu au Temple, enclos privilégié. Elle échappait ainsi au contrôle de l’Académie de Saint-Luc. Elle bénéficiait, en outre, de la caution professionnelle de quatre peintres chargés de l’estimation des tableaux : Prévot, de la Roche et Trudon, qualifiés de « peintres du Cabinet du Roi » et ce qui paraît plus insolite, de Portail, garde des tableaux de la Couronne, pourtant décédé à cette date !58 La nationalité de l’initiateur de cette loterie est importante à considérer. C’est en effet des pays du Nord que nous vient cette pratique qui s’est répandue ensuite dans la péninsule italienne59. Notons aussi que la marchandise dont il est question ici était constituée d’œuvres secondaires « à la manière de... », susceptibles de plaire à un large public cherchant à décorer sa demeure, plutôt qu’à des collectionneurs.
17Il nous faut mentionner également un projet de loterie que l’on peut qualifier de « patriotique », soumis à la Direction des Bâtiments du roi à deux reprises, en 1766 et 1770, par Vialet, ingénieur des Ponts et chaussées, « pour l’encouragement de la peinture de l’Histoire ». C’était en réalité une « Souscription en forme de loterie, pour procurer aux peintres d’histoire les moyens de déployer toutes les ressources de leur génie ». Un tel projet est intéressant, il montre comment une initiative privée entendait apporter « sa » solution au problème crucial de la désaffection des amateurs pour la peinture d’Histoire. Il s’agissait de trouver 2000 souscripteurs, afin de réunir un fonds d’un montant de 48.000 livres. Si ce projet obtint la (prudente) caution de Cochin, celui-ci se faisant l’avocat de Vialet auprès du marquis de Marigny, il ne cachait pas ses doutes, arguant qu’il serait probablement très difficile de réunir un nombre de souscripteurs aussi élevé car, « ... l’on croit voir partout des amateurs : l’expérience fera voir si j’ay raison d’en douter »60. Arrêtons-nous un instant sur les modalités d’application de ce projet. Dix peintres, choisis parmi les membres ou les agréés de l’Académie royale, étaient admis à concourir sur un sujet imposé par un conseil de « l’Association pour le progrès des arts ». Chacun des participants se voyait gratifier d’une bourse de 150 louis. Les dix œuvres retenues devaient faire l’objet d’une exposition publique d’une durée de six semaines au terme de laquelle on procèderait à un tirage au sort. Le souscripteur tirant le 1er billet avait la priorité du choix, puis le second et ainsi de suite. Ajoutons que chacun des souscripteurs devait recevoir un lot de consolation sous la forme d’une « estampe, qui sera gravée d’après le tableau qui paroitra au conseil de régie devoir faire le plus d’effet en gravure »61. Comme l’avait pressenti Cochin, ce projet était voué à l’échec ; il demeure cependant intéressant dans son idée et surtout ici par sa forme, le recours au vieux procédé de la loterie62. Cette initiative de Vialet, qui n’est pas sans faire penser à la future Société des amis des arts63, s’inscrivait bien dans l’évolution signalée par Toussaint des Essarts, à savoir que « les loteries ont aujourd’hui pour objet des œuvres pieuses ou les besoins de l’État »64.
Notes de bas de page
1 B.N.F., 8° Z-Le Senne 80.602. « Avis », avec mention manuscrite : « Vente à l’amiable juin 1764 ». Il fit même imprimer un catalogue dont il existe un exemplaire à Paris, B.N.F. (4°-Le Senne -10. 602)
2 Un exemplaire connu, conservé à la B.N.F., Est. Dc 41, fol. Voir W. McAllister Johnson, 1983, p. 123, qui le reproduit.
3 Affiches, Annonces et Avis divers, 1784, p. 623.
4 Mercure de France, avril 1767, p. 139
5 Ch. Aulanier, 1950, p. 30-32. L’exposition précédant la vente, en 1767, eut lieu quant à elle au domicile de Jullienne aux Gobelins.
6 Mercure de France, mai 1767, p. 177. « À l’Auteur du Mercure ».
7 L’Avant-Coureur, p. 452, n° 29 du lundi 20 juillet 1767.
8 Affiches, Annonces et Avis divers, mercredi 2 juillet 1766, p. 107. Voir A. Schnapper, 1974, p. 223, cat. n° 146.
9 Ibidem, mercredi 15 mars 1769, p. 43.
10 La Feuille Nécessaire, lundi 30 avril 1759, p. 183.
11 Ibidem, lundi 9 avril 1759, p. 135.
12 L’Avant-Coureur, p. 306-307, n° 20 du lundi 20 mai 1765. Cette annonce semble être demeurée inconnue à Ch. Leribault, (2002). Pour plus d’informations sur les œuvres citées, nous renvoyons à cet auteur.
13 Voir notamment : G.A.K., F.-A., Papiers de Caroline de Bade, 5A n° 96. Recueil de catalogues de collections imprimés ou manuscrits.
14 Diderot, 1875-1877, XIII, p. 101.
15 Cat. expo. Paris, 1986-1987 (1), p. 124.
16 Lettre du marquis de Voyer à Watelet, Paris, « jeudi matin aoust 1763 (?) », Poitiers, B.U., Archives d’Argenson, P. 100.
17 Lettre de Randon de Boisset à M. de Voyer, Paris, 14 février 1765, Poitiers, B.U., Archives d’Argenson, P. 100.
18 Ibidem, Paris, 21 février [1765], Poitiers, B.U., Archives d’Argenson, P. 100.
19 Lettre non datée [vers le 20 février 1765], de Randon de Boisset au Marquis de Voyer, Poitiers, B.U., Archives d’Argenson, P. 100.
20 Une liste de ces objets se trouve dans le même dossier, Poitiers, BU, Archives d’Argenson, P. 100. Dans une autre lettre du 7 mars, Randon de Boisset précise cependant « que tous les tableaux étoient purs et que deux d’entre eux seulement avoient été ralongés par Colins mais sans être repeints d’ailleurs... ».
21 Lettre de Randon de Boisset au marquis de Voyer, 5 mars [1765], Poitiers, BU, Archives d’Argenson, P. 100.
22 Ibidem, à Paris, non datée [autour du 8 mars 1765], Poitiers, BU, Archives d’Argenson, P. 100.
23 A. Paillet, Catalogue de la vente Dutartre, Paris, 19 mars 1804, lots 3 et 11.
24 P. Rémy, Catalogue de la vente Gaignat, Paris, 1768, p. 32, note en marge du lot 35. Ce catalogue est reproduit par E. Dacier, 1909-1921, XI.
25 Journal que nous allons publier prochainement.
26 Cité dans P. Michel, 2002-2, p. 172.
27 A.N., MC, XIV, 400, « Vente de deux tableaux, 8 aoust 1767 ».
28 Le comte Aleksandr Aleksandrovitch Golovkine (1732-1781) surnommé « le philosophe ». Après avoir été directeur des spectacles à la cour de Fréderic II, il s’installa à Paris. Lié avec Grimm, il fut un grand admirateur de Jean-Jacques Rousseau.
29 A.N., MC, XCI, 1165 (M.C, Rés. 294), acte du 1er juillet 1778.
30 A.N., MC, C, 879, Vente de tableaux par M. Corvisart a M. Benissein, 6 janvier 1785.
31 Le catalogue de cette collection n’a malheureusement pas été conservé.
32 Cet acte est reproduit dans G. Faroult, 1999 (2000), p. 157, n° 2. Reconnaissance de dette de Livois, 6 juin 1781.
33 A.N., MC, XIII, 445. Je dois la connaissance de ce document à l’obligeance de Vincent Droguet.
34 A.N., MC, LXXIII, 935 (Minutier, Rés.518).
35 A.N., MC, LIII, 482 (Minutier, Rés. 517).
36 Catalogue des tableaux et autres objets curieux qui composent la majeure partie de la collection de M. Le Roy de la Faudignère, dont la vente à l’amiable, commencera au 1er mars 1782, en son domicile, rue & place Royale, Paris, Valleyre l’ainé, 1782. C’était en réalité la seconde tentative (la première avait eu lieu en vente publique, en 1776) de ce personnage pour se défaire de ses tableaux jugés sans doute d’une qualité discutable.
37 J.-B.P. Le Brun, Catalogue de la vente Poullain, Paris, 1780, p. iv, « Avis ».
38 D’après une annotation manuscrite sur l’exemplaire du catalogue de cette vente conservé à Paris, Bibl. INHA-coll. Doucet.
39 P. Rémy, Catalogue d’une jolie collection de Tableaux des trois Écoles, dessins de grands Maîtres.... & Estampes en feuilles..qui composent le Cabinet d’un Amateur Étranger.., vente... le jeudi 7 février 1782, ancien Hôtel de Bullion. Note manuscrite en regard du titre, sur l’exemplaire de ce catalogue conservé à Paris, Bibl. INHA-coll. Doucet.
40 Nous en trouvons des témoignages dans la correspondance de Pachelbel avec le duc de Deux-Ponts. G.S.M., Kasten Blau, n° 433/3, 1766-1771, lettre de Paris, le 16 avril 1769 : « La disette d’argent qui regne ici est extraordinaire, et augmente de plus en plus ; tout le monde dit que le Roi sera obligé de faire banqueroute », et Kasten blau, n° 433/6, lettre du 8 avril 1770 : « La disette d’argent est plus grande que jamais, on ne paie plus rien ».
41 Souligné dans le texte original. Poitiers, B.U., Archives d’Argenson, P. 100. Lettre du marquis de Voyer à Watelet, Paris, jeudi matin aoust 1763 (?). Les tableaux de Teniers venaient, l’un de la vente Fonspertuis, l’autre du maréchal de Duras qui l’avait reçu en legs de « M. de St Por [Glucq de St Port] ».
42 J.-G. Wille, 1857, I, p. 447, 18 juillet 1770.
43 M. Cuénin, 1997, p. 205 (l’auteur ne cite pas sa source)
44 La correspondance échangée entre ces trois amateurs a été partiellement publiée par P. Ratouis de Limay, 1907. Cet auteur a publié d’autres lettres du baron de Saint-Victor dans P. Ratouis de Limay, 1913, p. 422-439. Voir également M. Cuénin (1997), qui en reproduit des extraits et étudie les relations entre ces amateurs. Par ailleurs, J. Herrick a consacré sa thèse (2000) à ce personnage. Pour J.-B. Descamps, nous renvoyons à Descamps fils, 1807, à A. Rostand, 1936, p. 271-290, à Ch. Michel, 1986, et plus récemment à G. Maës, 2000, p. 325 -326 et G. Maës, 2002-2, p. 299-311. Cet auteur prépare un ouvrage sur Jean-Baptiste Descamps.
45 M. Cuénin, 1997, p. 205.
46 Lettre du président de Saint-Victor à Desfriches, 10 février 1777, citée par P. Ratouis de Limay, 1913, p. 428-429.
47 Lettre du président de Saint-Victor à Desfriches, 18 février 1779, dans P. Ratouis de Limay, 1913, p. 430-431.
48 J.-G. Wille, 1857, I, p 388, le 17 novembre 1768.
49 Dijon, Bibliothèque municipale, Ms 2742. Je remercie Philippe Salvadori, maître de conférence à l’Université de Dijon d’avoir bien voulu me faciliter la consultation de ce document. Celui-ci a été analysé par J. Laurent, 1928.
50 Paris, Bibl. INHA-coll. Doucet, Ms 50. « État des tableaux faits par Monsieur Lagrenée depuis son retour de Rome », n° 391. Les modalités de cet échange nous sont connues par une lettre de Lagrenée datée du 16 mai 1787 (A. de Montaiglon et J. Guiffrey, Correspondance, 1887-1912, XV, p. 133-134). Le tableau échangé était « Charles et Ubalde allant chercher Renaud retenu dans le palais d’Armide », que le comte d’Angiviller avait acheté à Lagrenée en 1785. L’artistre conserva ce tableau qui est inventorié parmi ses biens au moment de son décès le 19 juin 1805. Le tableau fut vendu à l’Hôtel Bullion, le 12 novembre 1814 (lot 25). Il a figuré dans une vente chez Christie’s, à New York, 18 mai 1994, lot 106.
51 Des Essarts, 1786, V, p. 588.
52 Voir notamment M. Szanto, 2000 (2002), p. 160-162. Des loteries eurent lieu à Francfort et également à Vienne au cours du XVIIe siècle. Elles furent beaucoup plus rares au XVIIIe siècle. Voir T. Ketelsen et T. von Stockhausen, 2002, p. 20-21.
53 H. Sauval, 1724, III, p. 71 et sq, « Histoire des tontines, loteries et blanque royale » ; cité par A. Schnapper, 1998, p. 132. Sur cette loterie Peschart de 1657, voir également A. Schnapper, 2004, p. 238-239.
54 Mlle de Montpensier, 1776, IV, p. 186-188.
55 En cela, la situation française ne diffère guère de celle de l’Allemagne où l’on a dénombré seulement trois loteries connues par des catalogues, pour l’ensemble du XVIIIe siècle. D’ailleurs, la loterie ne conserve une certaine actualité que dans les villes où les ventes aux enchères n’étaient pas organisées. Voir T. Ketelsen et T. von Stockhausen, 2002, I, p. 20.
56 [Yon], 1757, p. 65-67.
57 Il s’agit sans doute d’un membre de la famille Rysbraeck.
58 Cité par J. Chatelus, 1991, p. 156.
59 Pour une étude des loteries de tableaux en Hollande au XVIIe siècle, voir J. M. Montias, 1996, p. 148-149 et A. Huisman et J. Koppenol, 1991. Cette pratique s’est imposée en Italie où l’on en trouve quelques exemples au XVIIe siècle, notamment à Venise où le peintre-marchand Nicolas Regnier, d’origine flamande, organise en 1666 une loterie de tableaux lui appartenant. Voir P. L. Fantelli, 1974, p. 87. D’autres exemples de cette pratique encore insuffisamment étudiée sont signalés à Parme à la fin du XVIe siècle et au début du XIXe siècle, par G. Bertini, 2001, p. 127 et note 86. Nous en avons trouvé pour notre part un autre exemple dans les anciens États de Savoie où, en 1776, Heurteur, marchand de Chambéry, organise une loterie de tableaux (Genève, B.P.U, Manuscrits Tronchin, Ms 193, f° 122).
60 M. Furcy-Raynaud, éd., 1904, p. 194-197.
61 Ibidem, p. 196, article 5.
62 Ce projet est rappelé par J. Locquin, rééd.1978, p. 29.
63 – Voir U. Van de Sandt, 2006.
64 Des Essarts, 1786, VI, p. 62.
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