Chapitre 2. Les formes usuelles du commerce du tableau
p. 161-173
Texte intégral
L’achat en boutique
1Cet aspect du commerce, pourtant le plus visible, est paradoxalement l’un des plus difficiles à saisir, car il est presque impossible de distinguer ce qui, dans l’activité d’un marchand relève de la vente en boutique, en chambre ou en vente publique. Nous savons tout au plus que le duc de Deux-Ponts se rendit en mars 1760 dans la boutique de Rémy, rue Poupée, où il acheta pour cent louis une Adoration des bergers de Poussin, destinée non pas à sa collection mais à la Galerie de Mannheim1. Nous savons aussi qu’il y retourna quelques années plus tard en compagnie du peintre Mannlich, son protégé, pour y voir des tableaux hollandais nouvellement arrivés. À l’issue de cette visite, il acheta « une pièce de Van den Velde et un Teniers de la plus grande beauté »2. En raison de ses fréquents séjours dans la capitale, il ne fait guère de doute qu’il dut fréquenter régulièrement ce commerce, devenant un client assidu de Rémy et cette fois pour l’enrichissement de sa propre galerie comme l’atteste un paiement de 1767 « pour emplette de tableaux »3. À nouveau, en 1769, le duc de Deux-Ponts fait verser au même marchand 1.800 livres pour la fourniture d’un tableau, dont malheureusement ni l’auteur, ni le sujet ne sont précisés4. Le duc ne limite pas ses investigations à la seule boutique de Pierre Rémy ; il visite régulièrement les autres marchands, comme François Joullain, chez qui il convoite plusieurs tableaux. Pour emporter cette affaire, il envoie dans cette boutique le peintre portraitiste Frey, artiste qu’il pensionne, afin qu’il les marchande « comme si c’étoit pour lui »5. En 1761, c’est au tour de Ménageot de lui fournir un tableau de Potter6. De l’avis de Mannlich, qui courait très souvent les brocanteurs de la capitale, « Messieurs Rémy et Ménageot étoient les plus célèbres et les mieux pourvus »7, vers le milieu des années 1760. L’acheteur de Caroline de Bade, le banquier commissionnaire Eberts, effectue lui aussi des tournées régulières chez ces marchands8. Mais le plus souvent, il cache à son illustre cliente la provenance des œuvres qu’il lui propose, qui, vraisemblablement, viennent souvent de la boutique, pour s’en attribuer la découverte chez de supposés collectionneurs. La « course chez les brocanteurs » est même l’un des plaisirs favoris de certains collectionneurs comme J.-G. Wille et le miniaturiste de Peters9. Néanmoins, les témoignages d’achats en boutique sont rares. Pourtant certaines officines étaient remarquablement fournies et durent à ce titre attirer la clientèle des grands amateurs. Le graveur Wille, dresse un memorandum à l’intention de M.M. De Beroldingen, deux voyageurs allemands de qualité, vraisemblablement des collectionneurs, qui devaient séjourner à Paris. Il leur signale, parmi les boutiques les mieux pourvues en tableaux de grande qualité, celle de Lenglier « Marchand de Tableaux [qui a] pour 1 million de Tableaux » et attire particulièrement leur attention sur « les beaux Weenincks à 300 Louis » que l’on pouvait voir chez lui10. De même, les collectionneurs provinciaux mettent à profit la période du Salon pour visiter les boutiques des marchands. C’est vraisemblablement à l’occasion de l’une de ses visites à Paris que le président de Saint-Victor achète chez Joly, marchand installé au Palais-Royal vers 1770, plusieurs tableaux pour son cabinet : « De ce nombre, deux Francesca delle Musa [Francesco de Mura ?], deux Pannini, un Vangoyen, un Claude Lorrain...»11. Mais souvent, le marchand allait démarcher le collectionneur à son domicile, surtout les plus importants d’entre eux. Eberts écrit en 1763 à Caroline de Bade : « Je ne prévois pas de vente de lontem, nos célèbres amateurs jouissent tous de la meilleure santé, & sont constament le fléau des Brocanteurs dans leurs courses matinales »12. L’un des collectionneurs les plus courtisés de Paris fut assurément le prince de Conti qui, tous les jours, avait à sa porte tous les marchands de Paris (fig. 9). Nous connaissons les noms de ses fournisseurs par un dossier conservé aujourd’hui à la Bibliothèque nationale de France13.
2Outre les achats des collectionneurs en boutique, une bonne partie du commerce du tableau se fait entre professionnels.
Le commerce entre marchands
3Les bilans dressés à l’occasion des faillites, quelques livres de commerce, les inventaires après décès ou les catalogues de ventes annotés, portent témoignage de l’importance du commerce entre marchands. Ils nous permettent de connaître du même coup les réseaux marchands. Nous savons ainsi que Jacques Pingat, en affaires avec Colins, lui avait acheté pour 2.700 livres de tableaux, en janvier 1751, ainsi qu’une toile de maître payée 36 livres et, pour 6 louis, un tableau de Grimou représentant une femme tenant un masque à la main, au mois de février de la même année14. Le Livre de commerce de Jean la Brousse que nous avons déjà rencontré, qualifié de « Marchand de tableaux et Maître frippier à Paris », actif dans les années 1770, nous le montre en affaires avec les marchands Duclos, Poixmenu, Godefroid, « marchans d’estempes (sic) sur le quai des Théatins », Joly, Lenglier et Le Brun le jeune15. Son bilan dressé en 1777 permet d’étendre cette liste à d’autres marchands, dont Blandinière, La Pierre, Gravelant, Loyson, Devieres, Cornoizières, Detrouy, Deschamps et Boulley [ou Boullex ?]16. À la fin du siècle, le marchand Paul Carrier réalise une grande partie de ses acquisitions auprès de ses confrères, comme le révèle sa comptabilité très détaillée17. Entre le mois de mars 1787 et la fin février 1789, il achète cent quatre-vingt-seize tableaux et dessins dont cent neuf proviennent de marchands (soit 55,61 % de ses achats), et quatre-vingt-sept en ventes publiques (soit 44,38 % de ses acquisitions). Dans le cas de transactions importantes, un acte était passé en bonne et due forme. Ainsi, en janvier 1782, Le Brun s’engage devant notaire à payer à Paillet 12.000 livres, pour un lot de quatre-vingt-huit tableaux et dessins18. Une liste des œuvres est annexée à l’acte. Cet achat comprenait des œuvres de Rubens, de Fragonard et de Teniers.
Fig. 9 – D’après Blakey, Les marchands de tableaux faisant leur cour à un amateur, frontispice gravé du catalogue de la vente Famas, Hôtel d’Espagne, 1772, eau-forte, 13 x 8 cm, Paris, BnF, Département des Estampes et de la photographie.

Cliché BnF.
4Il ne s’agit là que de quelques illustrations du commerce entre marchands qui, bien qu’étant l’une des formes les plus usuelles du commerce, a laissé peu de témoignages écrits. La forme la plus fréquente et la plus visible de ces transactions entre marchands reste néanmoins la pratique de l’achat et de la vente « en société ».
Achats et ventes en société
5Au XVIIIe siècle, comme au XVIIe siècle, les associations de marchands ou sociétés contractuelles ou informelles sont très fréquentes. De telles ententes étant le plus souvent verbales, les informations dont nous disposons sur une pratique qui dut être fort répandue, sont de ce fait ténues. Ces « sociétés » présentaient en effet deux intérêts majeurs : elles permettaient de diviser l’investissement et donc de répartir les risques, les gains comme les pertes étant partagés en deux parts ou davantage en fonction du nombre de contractants. Il ressort ainsi de l’inventaire après décès de Charles van Falens « peintre ordinaire du roi et de l’Académie Royale de peinture et sculpture », demeurant à Paris au Vieux Louvre, dressé le 31 août 1733, qu’il avait acheté en société, des tableaux avec deux marchands, Desbernards et Godefroy. Ce dernier, qui était domicilié cloître Saint-Germain-l’Auxerrois, lui devait 157 livres 7 sols « sans billet ny reconnoissance pour ce que ledit deffunt a contribué dans le prix de deux tableaux qu’ils ont achepté en Société avec le Sr Desbernard lesquels tableaux sont es mains du Sr Godefroy »19. Parmi les autres sociétés de marchands, nous mentionnerons celle qui liait François Joullain à ses confrères Boileau et Colins, au moment du décès de sa femme en 1762. À cette époque, ces trois marchands possédaient en société plusieurs tableaux qui, pour l’heure, étaient entre les mains de Colins et de Boileau20 ; la part de l’investissement de Joullain s’élevant à 570 livres.
6Un contrat de société lia Pierre Rémy à Jean-Baptiste Slodtz, peintre du duc d’Orléans. Conclue verbalement en 1748, cette association amicale et marchande ne prit fin qu’au lendemain de la mort de Slodtz21, en 1760. Son inventaire après décès22, ainsi que l’acte de renonciation23, nous permettent de connaître dans le détail l’historique et les modalités de cette « société ». Celle-ci avait été conclue « pour l’acquisition et vente de differenz tableaux et d’une aigue marine du poids de soixante-treize grains », ce qui reflète bien les deux facettes de l’activité de Rémy, le commerce du tableau et du dessin et celui des objets de curiosités naturelles, les deux volets de la curiosité au XVIIIe siècle. Dès 1748, les deux hommes avaient acheté lors de la vente de Malon de Bercy, ancien Capitaine aux Gardes, un tableau de Véronèse représentant Vénus, Adonis et un amour24, pour la somme de 1.500 livres chacun. Les associés avaient décidé d’un commun accord qu’en raison de son auteur, le tableau serait « envoyé à Londres pour y être vendu aux risques et périls et fortunes desd. Slodtz et Rémy ». La formule (habituelle) était bien choisie : nous avons là une illustration des risques du métier et des aléas du commerce. En effet, depuis 1748, les deux associés n’étaient pas parvenus à vendre ce tableau en Angleterre, « n’en ayant point trouvé le prix auxquels il l’avoit fixé ils l’on fait revenir à Paris, [et] que depuis ils l’ont envoyé aussy dans une autre cour étrangère [Dresde ?] où il n’a pas été non plus vendu »25. Le tableau avait beaucoup souffert de ces déplacements répétés et était revenu en France « gâté et dégradé en plusieurs endroits ». À l’époque de la rédaction de l’inventaire de Slodtz, il était entre les mains de Rémy qui devait se charger de sa restauration, de même qu’un certain nombre de tableaux achetés en commun. À la lumière de ces documents, Rémy, en tant que marchand et connaisseur, était chargé de la vente, Jean-Baptiste Slodtz étant simplement l’un des bailleurs de fonds. Ce dernier ayant investi dans cette affaire, en sus du montant de sa participation à l’acquisition du Véronèse, la somme non négligeable de 5.182 livres « pour employer en acquisitions de tableaux dans le voyage que le Sieur Rémy alloit faire... ». Le voyage de Rémy en Flandre eut lieu de mai à juin 1758. Signe des temps, nos deux associés eurent plus de chance avec les tableaux flamands achetés en société. Le bilan établi en octobre 1760 à l’occasion de la dénonciation de la société Slodtz-Rémy nous apprend, que « du vivant dudit sieur Slodtz deux Paysages de Paul Bril... ont été troqués sans aucun retour de part ni d’autre contre deux tableaux pendants peints sur cuivre, dont un de Brueghel de Velours, et deux autres tableaux de Jourdanis [Jordaens], représentans l’un le Paralitique et l’autre Bacchus et Ariadne ». De même, deux tableaux représentant des compositions florales, peints par Jan van Huysum, payés 1.736 livres 9 sols, avaient été vendus « avec un profit net de quatre-cens vingt une livres trois solz huit deniers ». Après le décès de son associé, Rémy vendit « deux tableaux de Vandermeer...»26, deux portraits « peints par Torevelt » [Jacob Toorenvliet] « avec la marine de Cappell [Jan van de Cappelle] ». Demeuraient invendus, mis à part le Véronèse estimé « en l’état » 1.000 livres, un tableau de « Bool [Pieter Boel] representans du gibier », les deux Jordaens, un Baptême du Christ de Mola, les deux paysages échangés contre les Bril, dont un par Breughel de Velours, un Portrait de l’Empereur Léopold par Teniers, « deux Baptiste » [Jean-Baptiste Monnoyer], un Paysage d’Adam Elsheimer, deux autres « du Guaspre [Dughet] de forme ronde », ainsi qu’un « Paul Pottée [Potter] dans sa Manière fine », le tout estimé par les peintres Delaunay et Desbernards à la somme de 2.108 livres sept sols deux deniers. Ajoutons l’aigue marine évaluée 642 livres 16 sols, que Rémy avait achetée 300 livres lors de son voyage en Flandres, auprès d’un dénommé « Fiervis (?) M[archan]d d’Anvers ». En ce qui concerne les tableaux demeurés en société, la veuve Slodtz avait le choix, soit de les conserver en dédommageant Rémy, soit de les lui céder. Elle opta pour la première solution, mettant ainsi un terme à la société Rémy-Slodtz, l’une des plus durables, à défaut d’avoir été la plus fructueuse de la période27. La veuve Slodtz ou ses héritiers, remirent ces tableaux en vente en 1773 et l’expert choisi pour cette dispersion, ne fut autre que l’ancien associé de Slodtz, Pierre Rémy28. Celui-ci contracta des sociétés avec d’autres marchands. Il fut un temps associé avec Babeau, Helle et peut-être Le Brun vers 1757, comme le révèle une note du catalogue Potier, précisant que certains tableaux joints à la vente après décès de cet amateur, appartenaient à cette « société » et provenaient « des Voïages des Srs Rémy et Helle, en Flandre et en Hollande »29. Une autre société, plus éphémère, lia Pierre-Charles-Alexandre Helle à Jean-Baptiste Glomy. Ce dernier rappelle dans l’avertissement du catalogue Bailly de La Tour, en 1767, que son confrère Helle décédé depuis peu, « venait tout récemment de former avec moi une nouvelle société par la persuasion qu’il me témoigna d’être de ma franchise & de mon désintéressement »30. Relevons au passage l’allusion à une nouvelle association. Il n’est pas exclu qu’elle ait davantage concerné l’organisation de ventes publiques que le commerce en boutique ou en chambre, car les deux hommes s’associèrent à l’occasion de plusieurs ventes aux enchères.
7Certains marchands travaillaient aussi en association avec des marchands étrangers. Rémy était en affaires avec le Dr Bragge, marchand londonien bien connu31 et Paillet s’associa dans plusieurs affaires avec Jan Berthels, autre marchand de Londres, d’origine flamande, ce qui lui procurait des débouchés non seulement en Flandre, mais également en Angleterre32. Berthels faisait de fréquents séjours à Paris, amenant avec lui d’importants lots de tableaux, dont certains étaient destinés aux collections royales.
8Notons bien que ces achats « en société » ne concernent pas les seuls marchands déclarés. Nous apprenons ainsi par une déclaration de la veuve Aved, à l’occasion de l’inventaire après décès du peintre-académicien-marchand, que « le sieur Thibault ancien fermier de M. le duc de Bouillon était en société avec ledit feu sieur Aved pour raison de divers tableaux faisant partie de ceux inventoriés des autres parts »33. Nombreux étaient sans doute ceux qui, à son image, investissaient quelques revenus dans un commerce florissant.
Le courtage
9Une affaire opposant le marchand Vincent Donjeux à un dénommé Druyer de Boncourt, « négociant à Meuchozen près Duceldorf Allemagne » montre bien les risques de la pratique. En 1781, Druyer confia à Donjeux deux tableaux, l’un attribué à Guido Reni « ou d’un autre grand maître » représentant une Cléopâtre « de grandeur naturelle, grouppée (sic) de deux serpents », le second de Rubens « representant le départ de Mars pour la guerre ». Donjeux s’était engagé à vendre le premier « à compte à demy, le plus avantageusement possible & ne rien conclure pour la vente dud. tableau sans le consentement dud. Sieur ». Il s’engageait par ailleurs à payer à Druyer de Boncourt 6.000 livres, correspondant au prix d’achat du tableau, sur le prix de revente du tableau, et cela avant partage des bénéfices. Quant au second tableau, il n’était pas question de vente, mais seulement de restauration. L’affaire est complexe car il nous manque probablement certains éléments nécessaires à sa juste compréhension. Druyer de Boncourt intenta un procès à Donjeux, qui fut condamné à la restitution des tableaux ou au dédommagement sur la base de l’estimation faite par des peintres de l’Académie. De l’avis du peintre Doyen, à qui fut confiée la délicate expertise des œuvres, l’affaire était « de la plus grande obscurité ». Elle sentait à l’évidence la « friponnerie ». En effet, les tableaux avaient entre-temps disparu et Doyen se demandait même s’ils n’avaient pas « été vendus ou détruits pour l’intérêt de celui qui voudroit tromper... ». C’est donc sur un délit sans corps que Doyen devait formuler un jugement. D’autres peintres furent consultés ; Renou, secrétaire de l’Académie royale, et Joseph Vernet. Alors que Doyen, prudent, jugeait qu’il était impossible de se prononcer sur « un objet qui devient purement idéal », Renou puis Vernet, sans avoir vu davantage les tableaux et sans pouvoir de ce fait évaluer leur authenticité, jugèrent raisonnable d’estimer le Guido Reni à 18.000 livres et le Rubens à 48.000 livres34. Donjeux fut donc condamné par arrêt du Parlement, en date du 27 juin 1788, à restituer à Druyer de Boncourt les deux tableaux, « sinon a lui payer la somme de cent cinquante mile livres, Cent mille pour le tableau de Rubens, & Cinquante mille livres pour la valeur du second »35, ce qui allait bien au-delà des estimations et prenait sans doute en compte le préjudice subi. Un doute demeure ; nous ignorons si les tableaux réapparurent et qui fut réellement la dupe de l’autre. On imagine mal l’intérêt de Donjeux dans cette affaire, alors qu’une escroquerie du parti adverse est tout à fait envisageable. Cette histoire montre que les risques du courtage étaient bien réels.
10Une autre affaire, en 1778, opposa Isaac Calmer, bourgeois de Paris, à Jourdain Hertz, « étranger, se disant négociant ». Le plaignant, en qui l’on peut reconnaître Isaac-Louis-Antoine Calmer le cadet, courtier de change36, avait confié à Hertz, au mois de novembre 1778, deux tableaux afin qu’il les vende pour 2.400 livres, l’un représentant un paysage avec berger et bergère dit de Nicolas Berchem, bien qu’il porta ostensiblement la signature de F. Moucheron, l’autre déclaré comme étant de Watteau, figurait deux femmes regardant un paysan en train de jouer de la flûte. En 1780, au moment du dépôt de sa plainte, Calmer n’avait revu ni les tableaux, ni la somme promise, bien que Hertz ait « envoyé au plaignant une personne dont il ignore le nom qui lui a assuré que lesdits tableaux étoient vendus et qu’il étoit après à en recevoir le montant pour le remettre au plaignant.. »37. L’escroquerie était patente, Calmer apprit en effet que Hertz s’était enfui « sans que personne sache où il s’étoit retiré ».
11Ces deux affaires ne sauraient refléter à elles seules la pratique du courtage ; elles sont néanmoins révélatrices des aléas de cette forme de commerce.
Les tournées des marchands étrangers à Paris
12De même que Gersaint ou d’autres marchands français organisaient des ventes au retour de leurs tournées en Hollande, certains marchands étrangers venaient proposer leurs tableaux à Paris. L’un des plus entreprenants parmi ces marchands-exportateurs fut sans conteste le Leydois Pieter Boetens. Vers le milieu du siècle, il organise de véritables ventes à Paris, comme le montre le libellé d’un catalogue précisant que ces tableaux ont été « depuis peu apporté d’Hollande » et qu’ils « sont la plus grande partie des Maitres recherchez ; Italiens, Flamans & Hollandois »38. Cette vente eut lieu le 13 avril 1744 « chez M. de la Broce, à l’Hôtel d’Armanagnac (sic), rue du Chantre, près la place du vieux Louvre ». Parmi les œuvres annoncées nous trouvons principalement des tableaux nordiques donnés comme Van der Meer, Rembrandt, Flemal, Dou, Ruysdael, Bril, Brouwer, de Gelder, Rubens, Brueghel de Velours, Van Dyck, Teniers, Wouwerman, mais également des œuvres de Ribera et de Castiglione. Les tableaux ainsi présentés avaient l’attrait de la nouveauté, même si de telles pratiques servirent sans doute d’expédients pour réaliser certains stocks de marchands.
13Une précieuse correspondance échangée au cours des années 1775 à 1784 entre le conseiller François Tronchin, célèbre collectionneur genevois et l’un de ses fournisseurs habituels, le marchand Gaucherel de Vigneux (1727-1794), permet d’entrevoir des liens étroits avec le marché de l’art et les collectionneurs français et de mieux connaître les circuits d’acquisition, les relais et les méthodes de vente. Vigneux, installé à Mannheim, dans la Palatinat rhénan, effectuait plusieurs tournées par an en Hollande, pour y rechercher la marchandise qu’il revendait en bonne partie sur le marché parisien. Les Mémoires de Johann Christian von Mannlich nous permettent de mieux cerner ce personnage. À l’époque où le peintre allemand fit sa connaissance, ce « gentilhomme français », ruiné par la banqueroute de son banquier, s’était installé à Mannheim, où il faisait office de précepteur des enfants de la famille Heroux, dont Mannlich était l’hôte. S’étant lié d’amitié avec Vigneux, il rapporte dans ses Mémoires comment Vigneux s’engagea dans le commerce de l’art39. Ce dernier, fournisseur habituel de l’Électeur Palatin Charles Théodore40 et de la margrave de Bade, connut une réussite exceptionnelle. Il eut toutefois un destin tragique. Devenu riche, il entreprit un voyage en Angleterre pour accroître son commerce et sa prospérité : « Il prit pour 50 mille florins de valeur en tableaux, estempes et autres objets d’art s’embarquâ en Hollande et arriva à Londres, où il tomba malade et devint fou maniaque... sa femme prit le parti de le faire revenir à Mannheim »41. Sur le chemin du retour, en 1794, trompant la vigilance de ses gardes, il se suicida en se jetant par la fenêtre de sa chambre. Après cet indispensable excursus biographique, revenons à l’activité marchande de Vigneux. Une troisième source complète en effet nos informations, il s’agit d’une lettre écrite de Mannheim au comte de Vergennes en 1776, qui éclaire la personnalité de Vigneux et surtout son réseau de relations. On y relate le vol de certains tableaux des collections royales que l’on pensait pouvoir retrouver sur le marché hollandais. Pour cela, on songea à s’attacher les services du marchand, familier de ces lieux de vente. Le correspondant de Vergennes écrit : « J’ai fait des perquisitions plus étendues relativement au commerce en général, et surtout en Hollande, où on vend le plus dans le genre de ceux que nous cherchons. Je me suis servi pour cet effet du Sr Gaucherel de Vigneux qui est ici depuis 15 ans ; il est frère de M. Gaucherel, Tresorier et payeur des gages des secrétaires du Roi et proche parent du Sr Beudet attaché cy devant à M. le Duc de Pralin. Le dérangement de ses affaires l’ayant obligé de s’expatrier, il est venu ici où il a joint à une bonne conduite, la plus grande industrie, et a employé tous les moyens honnêtes pour s’y soutenir avec décence ; après avoir essayé différentes branches de commerce, il a entrepris celui des Tableaux depuis 3 ou 4 ans, et avec assés de succès, une activité infatigable, et l’opinion qu’il a établie de sa probité, suppleent au peu de fonds qu’il a, et plusieurs gros commercans lui fournissent des tableaux qu’il vend à moitié profit...»42. On le voit ici, comme aujourd’hui, les jeunes marchands ne disposant pas des fonds nécessaires à leur installation, recouraient souvent à la pratique du courtage pour débuter dans le métier. Cette lettre éclaire surtout les raisons familiales de l’installation de Vigneux dans le Palatinat et permet de situer vers 1771, les débuts du marchand dans le commerce du tableau. Les relations commerciales de Vigneux le mettaient à même de mener de telles investigations, sans éveiller l’attention. On lui communiqua donc la liste des tableaux volés, en le chargeant « d’écrire à ses correspondants, sans affectation, pour savoir s’ils sont dans le Commerce, et en ce cas, de pretexter la commission de les acheter […] »43. Vigneux effectuait deux tournées par an à Paris, l’une en hiver, l’autre au printemps, pour y proposer les tableaux découverts à l’occasion de ses tournées dans les Pays-Bas. Dans une lettre de novembre 177544, il évoque un tableau de David de Heem de dimensions exceptionnelles, acquis directement auprès d’une famille d’Utrecht et annonce à son correspondant qu’on l’a déjà sollicité afin qu’il envoie ce tableau à Paris. Il est question également du tableau de la Fille malade de Mieris qu’il dit avoir « vendu pour 150 louis pour Paris ». De nouveau, en 1780, il évoque dans une lettre au même destinataire, deux portraits « grandeur de Cabinet », de Karel de Moor, achetés à Amsterdam et cédés presque aussitôt au financier Beaujon : « Monsieur [...], c’est au pur hazard que je dois cette trouvaille ; et j’ay raison de dire qu’il faut du bonheur dans les affaires, quoi qu’on se donne de la peine »45. C’est sans doute ce qui lui fera dire en 1780 : « Je fais mon Commerce en Seigneur et suis fait pour le faire ainsy et non en marchand… »46.
14Ce marchand, qui envisagea de s’établir à Paris, effectuait comme nous l’avons dit, de fréquents séjours dans la capitale afin d’y présenter ses dernières trouvailles aux amateurs. En 1777, alors qu’il vient proposer ses tableaux, Vigneux est confronté à une situation difficile ; le marché français est saturé d’œuvres de qualité à la suite des trois ventes les plus importantes de la période : la dispersion des cabinets Blondel de Gagny en 1776, celles du prince de Conti et de Randon de Boisset l’année suivante. La chance lui sourit néanmoins, comme le montre une lettre adressée à son client genevois, Tronchin : « J’en auray beaucoup à vous faire part du succès de mon dernier voyage à Paris, vous savés que j’y suis venu dans une circonstance peu avantageuse, après trois ventes de Cabinets aussi formidables ; et en effet au bout de deux mois et demi je n’avois encore vendu que deux tableaux de [à] M. de Beaujon. Je commençois à perdre Espérance, mais au moment que je n’y (sic) pensois le moins un de mes anciens amis que vous connoitrés de nom, M. Favier des Ambassades est venu me voir et frappé de quelques-uns de mes tableaux m’a proposé de m’amener un de ses amis fort riche et amateur. Ce qu’il a fait en effet et d’un coup de filet j’ai pêché 1.225 Louis ; quelques jours après l’ancien tresorier de l’armée fort de mes amis m’a procuré la connoissance d’un Receveur général des finances qui m’a acheté pour 4 mil livres le charmant tableau oval que je vous avois fait voir, Monsieur et que j’aurois souhaité vous vendre a un aussi long crédit que vous auriez voulu, a été vendu à M. Poissonieu [pour Poixmenu ?] qui est venû chés moi avec M. le Prince [le peintre Jean-Baptiste Leprince] de l’Académie de Paris qui lui a conseillé de ne pas laisser échapper ce Tableau qu’il regardoit comme le chef-d’œuvre de ce genre. Je l’ai vendu 200 louis savoir 150 en argent et les autres 50 en trocq avec d’autres tableaux... ». Fort de ses succès, Vigneux annonce à Tronchin qu’il compte revenir au printemps prochain à Paris avec des tableaux encore plus intéressants, et « qu’il lui donnera la préférence si ceux-ci avaient le bonheur de lui plaire »47. Argument commercial ou réalité de sa pratique, le marchand fait allusion dans sa correspondance à deux niveaux de prix : l’un, préférentiel consenti à Tronchin, client fidèle et personnage influent à ménager, car placé au cœur d’un véritable réseau de collectionneurs, et le prix sur le marché parisien, plus élevé. Ainsi, un Intérieur d’église du peintre de Delft, Hendrick van Vliet, daté de 1657, dont le marchand vante la « vérité surprenante », est proposé à Tronchin pour 1.000 livres alors qu’il coûterait 1.200 livres à Paris. De même, en décembre 1778, il lui propose une Halte de cavalerie de Wouwerman, pour 4.000 livres alors qu’il « ne le donneroy pas à moins de 6 mil livres a Paris à qui que ce soitz »48. Vigneux ne cache d’ailleurs pas ses sentiments à son correspondant lorsqu’il dit dans une autre lettre combien sa protection lui serait nécessaire pour déjouer les pièges que ne manquent pas de lui tendre les marchands de la place de Paris49. Il est vrai que Vigneux, commerçant habile et réputé honnête, est un redoutable concurrent pour les marchands parisiens ; il fait en effet une grande partie de son commerce sur la place de Paris, où il vend certes, mais achète également. En 1778, il propose à Tronchin deux paysages de Roos da Tivoli qui provenaient « originairement du cabinet de M. de Jullienne »50. Au mois d’août de la même année, il y achète « un tableau de Jacques Vanloo representant une femme nüe de grandeur naturelle qui va se coucher », qu’il revend presque aussitôt avec un bénéfice substantiel au marquis de Villevieille, un amateur parisien de la connaissance de Tronchin51. On aura reconnu le tableau gravé par Paolo Porporati sous le titre de « Coucher à l’italienne », de Jacob van Loo, aujourd’hui au musée des Beaux-arts de Lyon52. En 1781, il déclare avoir vendu, toujours à Paris, un tableau « de Jean Both d’Italie », pour 1.900 livres, dans un contexte financier pourtant peu favorable53. Fort de ses attaches familiales françaises influentes et de l’appui de Tronchin, Vigneux compte parmi ses clients quelques-uns des plus grands collectionneurs de la période, tel le financier Beaujon, déjà cité, ou bien encore le comte de Vaudreuil, auquel il cède en 1783, un tableau de Van Os « qui fait l’admiration de tout Paris »54.
15Vigneux n’est sans doute que l’un des nombreux marchands étrangers effectuant des séjours réguliers à Paris. Dans les années 1780, Fouquet, le marchand d’estampes et de tableaux amstellodamois, et deux marchands londoniens, Greenwood et Jean Berthels55, tous trois en relations d’affaires avec Paillet, y venaient régulièrement proposer des tableaux de grande qualité, ce qui apporte la preuve du pouvoir d’attraction de la capitale et du pouvoir d’achat des grands collectionneurs de la période. Certains parmi ces négociants, ou leurs courtiers, faisaient même des tournées dans les provinces pour y proposer leurs tableaux aux amateurs qu’ils connaissaient de réputation. Cet aspect du commerce, qui contribua à enrichir les cabinets des amateurs provinciaux, reste malheureusement mal connu. Les seuls exemples que nous ayons rencontrés concernent le président de Saint-Victor, qui acquiert régulièrement des œuvres auprès de marchands de passage à Rouen, l’une des places maritimes les plus importantes pour le commerce avec l’étranger. Nous savons ainsi qu’en 1777, il a fait « une affaire considérable... avec un Hollandais qui a passé par ici »56. Cette transaction portait notamment sur deux marines de Bonaventura Peeters. Deux ans plus tard il achète des tableaux de « van der Flit [Vliet] », de Heem, Ryckaert, et « van Sulden » [van Thulden ?], à l’un de ces marchands de passage57. La même année, il écrit à Desfriches : « Il n’y a que moi qui achète ; un marchand qui passe quelquefois par ici, m’ouvre toutes ses caisses, et me donne le choix. Les prix sont doux, et j’ai le plaisir de choisir »58. D’autres marchands se contentaient d’envoyer des tableaux, vraisemblablement à des correspondants installés à Paris. Mais de l’avis d’Eberts ce n’était pas toujours le meilleur qui nous arrivait ainsi et il dénonce les méthodes peu orthodoxes de ces « brocanteurs hollandais », qui, « sur 10 tableaux envoyent à peine un bon, & exposent par leur estimation usuraire à d’asses gros risques »59.
16Si l’on excepte cette concurrence étrangère, encore mal connue, la plupart du temps, comme nous l’avons dit, c’est auprès de marchands parisiens exerçant en boutique, que les collectionneurs se procurèrent des tableaux destinés à leurs cabinets.
Notes de bas de page
1 J.-G. Wille, 1857, I, p. 131. Le 1er mars 1760.
2 J. Ch. von Mannlich, 1989, I., p 202.
3 G.S.M., Kasten Blau, n° 433/3. Correspondance de Pachelbel, année 1767, n° 17, Paris, 15 mars 1767.
4 G.S.M., Gesandtschaft 221, Mannheim, le duc de Deux-Ponts à Pachelbel, de Mannheim, le 14 février 1769.
5 Ibidem, 220, Lettre de Pachelbel au duc de Deux-Ponts, 8 mai 1760.
6 Ibidem, 221, Lettre de Pachelbel au duc de Deux-Ponts, Paris, 21 décembre 1761.
7 J. Ch. von Mannlich, 1989, I, p. 124.
8 G.A.K., F.-A, Papiers de Caroline de Bade, 5A n° 41, lettre d’Eberts à Caroline de Bade, Paris le 12 décembre 1761 : « [...] Je ferai dès la semaine prochaine une petite tournée dans Paris, et verrai ou en sont les choses depuis 9 mois d’absence ».
9 J.-G. Wille, 1857, I, p. 255, le 11 mai 1764.
10 A.N., 219 AP (1), dossier (6), Papiers Wille.
11 Le Président de Saint-Victor à Desfriches, Rouen, le 27 avril 1779, lettre citée par P. Ratouis de Limay, 1913, p. 432-433.
12 G.A.K., F.-A, Papiers de Caroline de Bade, 5A n° 41, lettre d’Eberts à Caroline de Bade, Paris, 22 janvier 1763.
13 B.N.F., Mss, Ms, N. acq. fr, 5013.
14 Cité par J. Chatelus, 1987-2, p. 1231.
15 Arch. de la Seine, D5B6, registre 5276.
16 Arch. de la Seine, D4B6, carton 65, dossier 4241, Bilan du 29 novembre 1777.
17 Arch. de la Seine, D5 B6, n° 2435. « Carrier, marchand de tableaux. 1787-1789 ».
18 A.N., MC, XXXV, 859, acte du 20 janvier 1782, cité par J. Edwards, 1996, p. 77-78.
19 A.N.., MC, LIII, 265. Inventaire des papiers.
20 A.N., MC, XXXI, 173, I.A.D. de la dame Joullain, 22 juillet 1762. Suite des dettes actives
21 Le 9 septembre 1759.
22 A.N., MC, LXXXIII, 464, I.A.D. du 26 septembre 1759.
23 A.N., MC, LIV, 1216, acte du 30 octobre 1760.
24 Ce tableau pourrait bien correspondre à l’œuvre conservée aujourd’hui à Seattle, Seattle Art Museum, toile, 225 x 168 cm. Voir T. Pignatti et F. Pedrocco, 1992, p. 244, n° 167. D’après ces auteurs, le tableau correspondrait à l’œuvre « achetée à Venise avant 1646 par l’ambassadeur de France Housset », c’est-à-dire du Houssay.
25 A.N., MC, LXXXIII, 464, I.A.D. de J.-B. Slodtz, 26 septembre 1759.
26 Jan Vermeer van Haarlem le vieux (1628-1691), ou Jan Vermeer van Haarlem le jeune (1656-1705) ?
27 A.N., MC., LIV, 1216, acte du 30 octobre 1760.
28 Catalogue de Tableaux, dont plusieurs originaux de Maîtres très distingués des trois écoles ; d’estampes sous verre & en feuilles de desseins ; de petites figures, bustes & médaillons en marbre, terre cuite & plâtre après le décès de Messieurs****[Slodtz et de Walcour], ... le mercredi 22 Septembre 1773, Paris, chez P. Rémy, 1773. Le tableau de Véronèse est présenté sous le n° 2.
29 Note manuscrite de Helle sur son exemplaire du catalogue de la vente Potier, avocat au Parlement, par Helle et Glomy, Paris, 1757 conservé à la B.N.F., Est. (Yd. 37)
30 Glomy, Catalogue de la vente du Bailly de la Tour, Paris, 1767, avertissement, p. 7.
31 Sur ce personnage et ses activités, on consultera I. Pears, 1988, p. 92-96.
32 J. Edwards, 1996, p. 109-110.
33 A.N.., M.C., CII, 434, I.A.D. d’Aved, 16 juin 1766, cité par G. Wildenstein, 1922, I, p. 107.
34 Le procès-verbal de Doyen est conservé aux A.N. (T. 714, Papiers Doyen), celui de Renou n’est pas localisé mais nous en connaissons les conclusions par les allusions qu’y fait J. Vernet dans son « Avis » qui a été reproduit par G. Duplessis, 1872, p. 402-404.
35 Jugement reporté sur la « Copie de la reconnaissance du Sr Donjeux » (A.N., T. 714, Papiers Doyen).
36 Fils cadet de Liefman-Calmer, manieur d’argent d’origine allemande, établi d’abord en Hollande puis en France où il obtint des lettres de naturalité en 1769. Il acheta en 1774 la baronnie de Picquigny en Picardie et devint Vidame d’Amiens. Le frère aîné d’Isaac-Louis-Antoine était Louis Benjamin Calmer, également courtier de change. Sur les différents membres de cette famille, voir J. Bouchary, 1939-1942, II, p 95.
37 E. Campardon, 1879, I, p. 404-406. Pièce VII. « Plainte au sujet d’un détournement de deux tableaux, dont un de Watteau (9 janvier 1780) ».
38 Lugt 694.
39 J. Ch. von Mannlich. 1989, I, p. 67.
40 Dès 1772, De Vigneux se prévaut du titre d’« Entrepreneur de la cour de S.A. Palatine à Mannheim ».
41 J. Ch. von Mannlich, 1989, I, p. 68.
42 Genève, B.P.U, Ms, Papiers Tronchin, Ms 192, f° 7v°, de Mannheim, le 17 novembre 1775.
43 A.N., O1/1913 (3), f° 305. M. Odunne à M. le Comte de Vergennes, de Mannheim, le 12 janvier 1776.
44 Genève, B.P.U, Ms, Papiers Tronchin, Ms 192, f° 7v°, de Mannheim, le 17 novembre 1775.
45 Ibidem, f° 33-34, de Mannheim le 17 février 1780.
46 Ibidem.
47 Genève, B.P.U, Ms, Papiers Tronchin, Ms 192, f° 11. De Vigneux à Tronchin, de Mannheim le 29 décembre 1777.
48 Ibidem, f° 23, de Mannheim le 4 décembre 1778.
49 Ibidem, f° 23 : « Si j’avois une chose à désirer ce seroit que vous fussiés à Paris quand j’y seray, un amateur plein de Candeur et d’honnêteté comme vous me feroit un grand bien par Sa recommandation et balanceroit les intrigues des marchands de tableaux qui décrient tout ce qu’ils n’ont pas […] ».
50 Ibidem, f° 19 v°, Paris, le 14 juin 1778.
51 Ibid, f° 21, de Paris, le 14 août 1778. Il est possible de reconnaître dans ce tableau celui qui fut acheté en juin 1775 par le marchand Jean La Brousse « à la vente de feu monsieur le président Voyer (?) », décrit dans le « Livre journal » de ce marchand comme « un grand tableau representant un (coucher ?) espagnole » acheté alors pour 86 livres seulement (Arch. de la Seine, D5 B6 n° 5276. A la date du 8 juin [1775].
52 Cat. expo. Paris, Institut Néerlandais, 1991, p. 87-91.
53 Genève, B.P.U, Ms, Papiers Tronchin, Ms 192, f° 38 de Mannheim, 26 décembre 1780.
54 Ibid. f° 56, de Mannheim, 15 mars 1783.
55 Jean Berthels partageait son activité commerciale entre Bruxelles, sa patrie et Londres. Il organisa de nouvelles ventes de ses tableaux à Paris (« Tableaux venant de l’étranger »), par les soins de Paillet les 27-28 mars 1786 (Lugt 4009) et le 3 février 1789 (Lugt 4385). Voir notamment A.N., 0/1. 1917, f° 398, lettre de Paillet à d’Angiviller, 20 décembre 1783.
56 Lettre du Président de Saint-Victor à Desfriches, 10 février 1777, citée par P. Ratouis de Limay, 1913, p. 429.
57 Archives de Rostolan, Lettre du Président de Saint Victor à Desfriches, Rouen, 10 mars 1779, citée par J. Herrick, 2000, p. 160-161.
58 Archives de Rostolan, Lettre du Président de St Victor à Desfriches, Rouen, 15 mai 1779, citée par J. Herrick, 2000, p. 160.
59 G.A.K., F.-A., Papiers de Caroline de Bade, 5A n° 42, Lettre d’Eberts à Caroline de Bade, Paris, 15 novembre 1766.
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