1 Dans Qu’est-ce qu’un lieu de savoir ? (2014), Christian Jacob établit une différenciation entre la notion de savoirs, au pluriel, compris comme l’ensemble des procédures mentales, discursives, techniques et sociales par lesquelles une société, les groupes et les individus qui la composent, donnent sens au monde qui les entoure et se donnent les moyens d’agir sur lui ou d’interagir avec lui ; et la notion de savoir, au singulier, compris comme l’existence d’un champ d’activités et d’expériences constitutif des sociétés humaines, des groupes et des individus qui les composent, un champ configuré d’une manière spécifique par les milieux sociaux, les communautés, les lignes de démarcation tracées par l’âge, le sexe, la langue ou tout simplement la part du hasard.
2 « [Le savoir] constitue une façon d’agir sur des objets, sur des êtres vivants, sur le temps et l’espace ».
3 « politisé, culturellement relatif et historiquement situé, et à la fois local et multiple ».
4 Réalisés en appui sur un guide, les entretiens explorent la conception du LC pour les acteurs, leurs représentations des espaces et de ses usages, leur perception des changements apportés par la démarche LC, notamment en ce qui concerne les fonctions et les rôles en lien avec l’évolution des espaces et des services.
5 Quand plusieurs conservateurs ou professeurs documentalistes ont été interviewés, dans un même centre, nous les distinguons en leur attribuant un n° qui rend compte de l’ordre des entretiens : C1, 1er conservateur interviewé ; Doc 1, 1er professeur documentaliste interviewé.
6 Pour désigner les professionnels de l’information en poste dans l’enseignement secondaire, nous utilisons le terme « professeur documentaliste », suivant en cela la dénomination officielle, telle qu’elle apparaît dans les textes de référence, cf. la circulaire de missions, récemment actualisée. Bulletin officiel de l’Éducation nationale, 30 mars 2017, n° 13. http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=114733.
7 BUvette : BU en majuscules fait référence à Bibliothèque Universitaire.
8 Comme Marc Augé à propos du métro (Un ethnologue dans le métro. Paris : Arthème Fayard, 2013, p. 54-55 [Pluriel]), nous voudrions insister ici sur le fait que la solitude, vécue individuellement dans le contexte de la bibliothèque, a un caractère éminemment social.
9 Abordant la question des exigences contradictoires auxquelles doivent répondre les médiathèques en accueillant des publics aux besoins antagonistes (silence et animation ; « travail de la pensée », et échanges, ouverture ; retrait du monde et immersion dans la vie de la cité), les auteurs écrivent qu’aujourd’hui la « médiathèque n’est plus le monument du savoir, mais le savoir en mouvement ».
10 Par « service public », expression souvent mise en avant par les professionnels de l’information lors des entretiens, il faut entendre « service rendu au public ». Il s’agit du temps de travail en présence du public, version française du « front office » (cf. Matthieu Rochelle et Dominique Lahary. Service public et personnel des bibliothèques. Bibliothèque(s), décembre 2010, n° 53-54, p. 21-23 [Dossier « Service public »]). Selon les auteurs, la notion de service public dépasse la notion de fonction publique. « Cette version française du “front office” n’est sans doute qu’une façon de parler, qui réduit le sens de l’expression.[…] Les activités conduites hors de la vue du public concourent au service qui lui est rendu. Mais elle a le mérite de mettre l’accent sur l’essentiel, sans préjudice des fonctions patrimoniales qui sont d’intérêt public au-delà même des usages qu’on en fait ».
11 Se reporter à la contribution de Florence Thiault « Vers de nouveaux dispositifs numériques de formation, de médiation, d’innovation » pour des développements sur ce sujet, chapitre 9.
12 La sonnerie est un extrait du tube « Levels » de Avicii : https://www.youtube.com/watch?v=_ovdm2yX4MA.
13 Dans La contagion des idées : Théorie naturaliste de la culture (1996, p. 124), Dan Sperber distingue deux catégories de « croyances » : les « croyances réflexives », objet d’une transmission consciente (croyances d’un second ordre) et les « croyances intuitives » qui proviennent de concepts de base communs à toutes les cultures, elles sont transmises par contagion, elles dénotent « des phénomènes perceptuellement identifiables, et des concepts abstraits non analysés et préformés de façon innée ».
14 Lawson, Bryan. The language of space. Elsevier, 2003, p. 224.
Dans un paragraphe intitulé « Invitational space », Bryan Lawson propose de penser l’espace comme un « instrument » plutôt que comme un « outil » ; et il reprend à son compte une citation d’Herman Hertzberger (1971) : « To Hertzberger, space should be like a musical instrument that suggests how it is to be played but does not predict all the wonderful music that can be made by its owner. » (Traduction libre : Pour Hertzberger, l'espace devrait être comme un instrument de musique qui suggère des manières de jouer, mais sans prédire toutes les merveilleuses musiques que son propriétaire peut créer) (Hertzberger, Herman. Looking for the beach under the pavement. RIBA Journal, 1971, vol. 78, n° 8).
15 Michel Foucault dégage six grands principes ou traits pour caractériser les hétérotopies 1) elles sont une constante de tout groupe humain : il n’y a pas une seule culture au monde qui ne constitue des hétérotopies 2) elles varient dans le temps d’une société donnée 3) elles ont le pouvoir de juxtaposer en un seul lieu plusieurs espaces en eux-mêmes incompatibles 4) elles ont un rapport au temps particulier (hétérochronie) 5) elles supposent un système d’ouverture et de fermeture qui les isole et les rend pénétrables 6) elles ont une fonction par rapport à l’espace restant (illusion ou au contraire compensation).