À Monsieur

monsieur***¹.

Monsieur,

Cét Ouvrage me fait rougir, et il a si peu de rapport avec vostre Merite, que je vous l’of | fre avec crainte; Mais l’ardeur de vous témoigner mes respects, l’emporte sur tout ce qui pourroit m’en détourner; et sans examiner, si ce n’est point faire injure au plus Parfait des hommes, de mettre sous sa protection le plus méchant de toute la Terre, je croy ma faute pardonnable par la necessité de mon devoir. Vous avez, Monsieur, trop de lumiere, pour ignorer qu’il n’est point d’hommages assez dignes des Personnes Illustres comme Vous, et que la distance est trop grande entre celles qui les reçoivent, et celles qui les rendent, pour leur pouvoir donner une juste proportion; C’est aussi sur | ce fondement, et sur cette genereuse Bonté qu’on admire en Vous, que ma Muse ose esperer pour son coup d’essay, l’honneur de vostre appuy: Il luy en faut un considerable, comme le vostre, pour la mettre à l’abry des traits de la Censure²; et cét avantage estant l’unique but de ses souhaits, pour peu qu’elle ait la gloire de vous plaire, elle pourra prendre un vol plus glorieux, et vous donnant de nouvelles marques de sa reconnaissance, joindre ses Eloges à ceux que la Renommée publie si legitimément en vostre faveur. Tant de rares Vertus que vous possedez au supreme degré seront le soin | de ses veilles, et tous mes efforts se borneront à meriter l’honneur de me dire avec respect,

        Monsieur,

        Vostre tres-humble et tres-obeïssant Serviteur,

                                Rosimond.