1 Nous nous permettons de renvoyer à ce propos à notre article Le débat critique contemporain sur le lyrisme en France et en Italie, in E. Galazzi, M. Verna, M.T. Zanola (éds.), «Tout le talent d’écrire ne consiste après tout que dans le choix des mots». Mélanges d’études pour Giuseppe Bernardelli, Bern-New York, Peter Lang, 2015, p. 77-94.
2 Y. di Manno, La Réfutation lyrique, in M. Bénézet, Œuvre 1968-2010, Paris, Flammarion («Mille & Une pages»), 2012, p. 7-20: 8. Parmi les auteurs les plus significatifs de cette saison, Yves di Manno cite Jean-Paul de Dadelsen, Jean Tortel, Jean-Philippe Salabreuil, Jean-Pierre Faye, Bernard Noël, Jude Stéfan, Matthieu Messagier, Denis Roche, Jacques Roubaud, Anne-Marie Albiach, Paul Louis Rossi.
3 Sans jamais en partager totalement le formalisme, si l’on en croit Florent Georgesco: «La préoccupation pour les questions de forme ne déboucha pourtant jamais chez lui sur du formalisme», «Le Monde des Livres», 17 mars 2013, p. 35.
4 Il les accuse de «conformisme» et de s’ériger en modèles: «Mais pour revenir au Roman de la langue [Paris, UGE «10/18», 1977, N.d.A.] j’ajouterai que ce livre, son écriture, a constitué pour moi une certaine façon de sortir des «avant-gardes», de leur conformisme, au sens où elles s’érigent en modèles et érigent une norme d’écriture, malgré ce qu’elles en ont. Disons simplement qu’aujourd’hui je ne me pose plus la question de savoir ce qu’est ce que j’écris, ni de ce à quoi cela pourrait bien ressembler, ni de sa place. J’écris.», M. Bénézet, Ceci est mon corps, in Id., Œuvre 1968-2010 cit., p. 610. Ceci dit, tout en admettant la contradiction-évolution dans la poétique de cet auteur («Les poèmes brefs, “objectivistes” du début, vont ainsi céder la place plusieurs années durant à un retour du “grand chant” et de la lyrique amoureuse», Y. di Manno, La Réfutation lyrique cit., p. 11), Yves di Manno révendique «cette entreprise méthodique de réfutation lyrique […] par la remise en cause fondamentale d’une posture d’écriture jugée à juste titre dépassée, mais s’effectuant sur un mode qu’on pourrait lui-même qualifier de “lyrique”, puisqu’il dramatise ce conflit et ne répugne pas à emprunter certains outils de l’ancienne rhétorique – pour mieux les détourner bien sûr de leur usage historique», ibidem, p. 20. À son tour, Xavier Morel remarque chez Bénézet qu’«une certaine position lyrique était, dans L’Aphonie de Hegel, révoquée comme insoutenable […]» (X. Morel, Postface à M. Bénézet, Médéa, Paris, Flammarion, 2005, dans Œuvre 1968-2010 cit., p. 1346), de même que Pierre Vilar, reconnaissant lui aussi, malgré ce qu’on a dit du lyrisme de Bénézet, le fait d’«une absence à la voix, d’une contiguïté matérielle aux meubles et aux corps qui contredisent ce lyrisme avec une rare fermeté» (P. Vilar, article «Mathieu Bénézet», in M. Jarrety, éd., Dictionnaire de poésie de Baudelaire à nos jours, Paris, Puf, 2001, p. 64), ce qui confirme l’existence d’une tension antithétique entre ces deux polarités jamais définitivement résolue par le poète, qui utilise très fréquemment les expressions «chant» et «lyrisme» dans toutes les phases de sa production. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes permis de remarquer que la critique du lyrisme de la part des avant-gardes aurait dû porter à ne plus utiliser ce terme dans une acception sémantiquement opposée à celle qu’il a toujours eue, et à la creation d’autres termes éventuels pour définir autre chose en poésie que la musique ou le chant amoureux. Le recours au terme «lyrisme» de leur part a contribué, à notre avis, à maintenir une ambiguïté substantielle sur son veritable sens aujourd’hui.
5 P. Vilar, «Mathieu Bénézet» cit., p. 64.
6 M. Bénézet, Œuvre 1968-2010 cit., p. 35.
7 Ibidem, p. 30.
8 Ibidem, p. 43.
9 Ibidem, p. 53.
10 Ibidem, p. 92.
11 Ibidem, p. 111.
12 Ibidem, p. 113.
13 Ibidem, p. 119.
14 Ibidem, p. 120.
15 Ibidem, p. 130.
16 Ibidem, p. 153.
17 Ibidem, p. 233-389.
18 Ibidem, p. 255-256.
19 Ibidem, p. 243.
20 Ibidem.
21 Ibidem, p. 345.
22 Ibidem, p. 281.
23 Ibidem, p. 283.
24 Ibidem.
25 Ibidem, p. 339.
26 Ibidem, p. 342.
27 Ibidem, p. 346.
28 Ibidem, p. 352.
29 Ibidem, p. 358.
30 Ibidem, p. 368.
31 Ibidem, p. 387.
32 Ibidem, p. 305. Comment ne pas entendre dans l’expression «l’anus Dieu» une analogie phonique avec le latin «Agnus Dei», ici déformée-reformulée de manière dérisoire? On peut lire aussi à ce propos ce qui suit: «Non, il ne comprend pas, je ne comprends rien; il y a des morceaux de tout, rien, pas de pensée pour mettre cela dans la main», ibidem, p. 247.
33 Ibidem, p. 366.
34 Ibidem, p. 340.
35 B. Noël, Extraits du corps, Paris, Minuit, 1958, puis Paris, Gallimard («Poésie»), 2006. Nous nous permettons de renvoyer, pour l’analyse de ce texte, à notre ouvrage F. Scotto, Bernard Noël: il corpo del verbo cit., p. 86-94. Voir aussi A. Malaprade, Le corps dans tous les sens, corps en tous sens, dans F. Scotto (éd.), Bernard Noël: le corps du verbe, Colloque de Cerisy (2005), Lyon, ENS Éditions («Collection Signes»), 2008, p. 55-68.
36 M. Bénézet, Œuvre 1968-2010 cit., p. 367.
37 Ibidem, p. 368.
38 «Une phrase de Bataille me poursuit depuis des années, celle-ci: “Je ne parlerai plus d’expérience intérieure mais de pal”», B. Noël, Entretien, «Europe. Revue littéraire mensuelle», cité par F. Scotto, Bernard Noël: il corpo del verbo cit., p. 190.
39 B. Noël, Extraits du corps cit., p. 21.
40 M. Bénézet, Œuvre 1968-2010 cit., p. 284.
41 Ibidem, p. 287.
42 Ibidem, p. 525-681.
43 Ibidem, p. 545.
44 Sur cet auteur, dont Mathieu Bénézet s’était senti très proche, nous nous permettons de renvoyer à notre étude F. Scotto, Scritture lacunari: Claude Royet-Journoud e Anne-Marie Albiach, in Id., La voce spezzata. Il frammento poetico nella modernità francese cit., p. 235-251.
45 «Ce geste (de destruction) me donne à penser sur “mes” livres. Longtemps, j’ai cru, espéré, qu’ils pourraient s’additionner, et, au bout du compte, faire une œuvre. Mais non. Ils s’effacent les uns les autres (je le crains et je l’espère). Ils se soustraient. Manque toujours le “premier” livre. Celui duquel a été déduit, celui, le premier, que j’ai publié. (C’est le seul livre que j’aurais aimé, le seul que je n’écrirai pas, et dont l’absence m’empêchera toujours de faire une œuvre, voire même un livre.)», ibidem, p. 560-561.
46 «C’est le rêve d’un livre. Ce n’est déjà plus. Le livre. | Pas encore…) […]», ibidem, p. 607.
47 «Que faire d’autre? Peut-être faut-il danser, danser en soi, de telle sorte qu’il n’y ait pas de construction qui tienne. Oui danser en se méfiant de l’extase… là aussi», ibidem, p. 541.
48 Ibidem, p. 615.
49 Ibidem. Plus tard, évoquant Nietzsche, Bénézet rappellera que «le philosophe devait apprendre à penser avec ses pieds!» et dira «[s]a frénésie de danser, ce besoin qu’[il] a d’oublier [s]on corps, de le laisser se défaire dans les gestes de la danse», ibidem, p. 677. Pour une présence thématique de la danse dans la poésie française actuelle voir aussi A. Veinstein (2009), Le Développement des lignes, Paris, Seuil, in F. Scotto (éd.), Nuovi poeti francesi, traduit du français par F. Pusterla et F. Scotto, Torino, Einaudi («Collection Blanche de Poésie» 394), 2011, p. 256-259.
50 «[…] nous ne naissons pas au monde mais dans la langue. “Donc” tout paysage est fragment de notre langue, et fragment qui dans son mutisme s’appréhende justement comme “vérité”. […] Mon nom ne peut être prononcé correctement que là où je suis né: dans ce Roussillon que je ne connais pas ou à peine, où je ressens “l’accent” comme une blessure narcissique, car seul l’accent que je n’ai pas est à meme de faire chanter mon nom: Bénézet», M. Bénézet, Œuvre 1968-2010 cit., p. 574-575.
51 Ibidem, p. 612.
52 Ibidem, p. 579.
53 Même si, d’après Blanchot, c’est notamment l’œuvre qui crée son auteur (cf. M. Blanchot, La littérature et le droit à la mort, dans La Part du feu, Paris, Gallimard, 1949).
54 Ibidem, p. 599.
55 Ibidem, p. 601.
56 Voir B. Noël (éd.), Qu’est-ce que la poésie?, Paris, Jean-Michel Place, 1995.
57 Ibidem, p. 605.
58 Ibidem, p. 676.
59 Ibidem, p. 661.
60 La Fin de l’homme roman abandonné, ibidem, p. 391-523.
61 Ibidem, p. 677.
62 Histoire de Celle et de Pleuré, in Homme au jouet d’enfant, ibidem, p. 785-827. L’on peut lire peu après, dans le même texte: «Je me souviens d’avoir aimé Roman», ibidem, p. 818.
63 Poèmes pour ne pas (finir), ibidem, p. 1302.
64 M. Bénézet, Détails Apostilles, Paris, Flammarion, 1998, quatrième de couverture.
65 Dans son «Prière d’insérer» aux Dits et récits du mortel (1977), Jacques Derrida remarque la présence chez Bénézet de «l’origine de la figure en général, donc de toutes les figures de la figure, la forme, le faciès, le visage, les tournures de la langue […] Ce lieu d’origine on le nommerait alors le FIGURANT. Ce serait le topos, lui-même infiguré, infigurable, de ce qui donne figure, ce qui, produisant, constituant, signifiant, activement, fait figure. Ce faisant, il disparaît», in M. Bénézet, Œuvre 1968-2010 cit., p. 1327. À son tour Philippe Lacoue-Labarthe définit son écriture «atypique et atopique, à la limite du discernable et du nommable […] une longue et désespérée pantomime de la phonation, de l’articulation, du passage à la parole […]», ibidem, p. 1330. Pour une appréciation critique de l’œuvre de Bénézet signalons le beau cahier de la revue «Le préau des collines»: Lettres à M.B., 9, automne 2008.
66 Ibidem, p. 65.
67 M. Bénézet, L’Aphonie de Hegel, Cognac, Obsidiane, 2000, p. 82.
68 Ibidem, p. 84.
69 Nous devons ces renseignements à Yves Bonnefoy, qui nous a dit que Mathieu Bénézet était allé le voir plusieurs fois et pour plusieurs années et qu’il aurait souhaité de pouvoir le rencontrer encore plus souvent que ce ne lui fut possible.
70 «Je suis fou parce que je dis que c’est un poète. On dira que je suis fou. Alors, c’est un poète», L. Aragon, préface de L’Histoire de la peinture en trois volumes (1968), in M. Bénézet, Œuvre 1968-2010 cit., p. 1323-1325.
71 M. Bénézet, Œuvre 1968-2010 cit., p. 666.