L’Institut Kultura de Maisons-Laffitte: la bibliothèque des exilés polonais
p. 415-432
Plan détaillé
Texte intégral
1L’Institut Littéraire Kultura de Maisons-Laffitte est un phénomène unique dans l’histoire des exilés après la Seconde guerre mondiale. À la fois maison d’édition, laboratoire d’idées indépendant et centre de pensée géopolitique en exil, c’est aujourd’hui une bibliothèque et un lieu de mémoire des Européens.
2La première étude de l’Institut Littéraire Kultura de Maisons-Laffitte, appelé couramment par des Polonais «La Kultura parisienne», a été faite par Konstanty Jeleński et est fort heureusement disponible en français. Il s’agit d’un texte intitulé «La Pologne en exil» qui a été publié dans la revue «Le Débat» en 19811. Jeleński y explique clairement que son pays natal ne se trouve pas seulement au bord de la Vistule et que l’émigration fait aussi partie de la communauté polonaise. Il insiste sur une continuité de pensée politique et défend un modèle de non conformisme face à la culture nationale, un étalon indépendant qui lui permet de juger ses valeurs. Il s’appuie sur une longue tradition polonaise d’exilés en rappelant que les grands poètes créant «sur le pavé de Paris au xixe siècle»: Mickiewicz, Słowacki, Norwid, blasphémaient de leur vivant. Il dit avoir le sentiment d’avoir «emporté la patrie collée aux semelles de leurs souliers». En effet, l’exil d’un Czapski, d’un Giedroyc ou d’un Jeleński signifiait l’ouverture au monde, la liberté souveraine et l’extraterritorialité. C’est l’inverse d’un ghetto d’exilés politiques qui coupent les liens avec leur pays: c’est au contraire un milieu, un cercle d’intellectuels qui souhaitent jouer le rôle d’un pont entre un pays où ils ne peuvent plus vivre pour des raisons politiques, et leur terre d’accueil qu’est devenue la France.
3Cela est visible dans ce texte magnifique de Joseph Czapski consacré à la culture française, qu’il décide de défendre en tant que désormais sienne, la considérant comme essentielle pour l’Europe:
La France est l’un des membres essentiels de l’Europe dont nous faisons partie. Nous ne pouvons pas avoir vis-à-vis de la France une attitude proche de celle qu’avaient des barbares germains au xe siècle face aux Romains, mais nous devons nous comporter comme les défenseurs d’une civilisation commune.
Il dépend de celui qui passe
Que je sois tombe ou trésor
Que je parle ou me taise
Ceci ne tient qu’à toi
Ami n’entre pas sans désir2.
4L’Institut Littéraire Kultura a fait le choix délibéré de la civilisation européenne, de l’ouverture au monde occidental, du refus de tout esprit nationaliste – choix qui se reflétait dans la politique éditoriale de la revue «Kultura», dont le premier numéro publie La crise de l’esprit de Paul Valéry, avec une préface rédigée par la rédaction:
«Kultura» veut faire comprendre au lecteur polonais qui a choisi l’exil politique et qui s’est trouvé en dehors des frontières de son pays natal, que l’aire culturelle dans laquelle il vit désormais n’est pas morte. «Kultura» veut atteindre le lecteur qui vit au pays et renforcer sa conviction que les valeurs qui lui sont proches ne se sont pas effondrées sous l’effet de la force brutale. «Kultura» veut chercher dans le cercle de la civilisation occidentale cette volonté de vivre sans laquelle un Européen va mourir, comme sont morts dans le passé les élites des empires d’antan3.
5Les abonnés de la revue «Kultura» étaient dispersés dans une vingtaine de pays où la revue disposait d’une cinquantaine de représentants bénévoles. Quatre millions de publications en polonais et en langues étrangères se retrouvèrent en Pologne4, et furent diffusées dans tout le bloc de l’Est. De plus, sur commande de l’International Literary Center, l’Institut imprimait des numéros miniaturisés de «Kultura» et de «Zeszyty Historyczne» [Cahiers Historiques] qui parvenaient en Pologne, surtout dans les années 1980. Les librairies polonaises à l’étranger donnaient gratuitement des exemplaires des livres aux Polonais venus du pays. D’autre part, le rédacteur en chef lui-même, Jerzy Giedroyc, organisait l’envoi de ses publications en Pologne. C’est une véritable expérience diasporique, mais il ne s’agit pas là d’une diaspora polonaise: c’est une diaspora européenne, ce qui est immédiatement compris par certains intellectuels français qui soutiennent très tôt cette initiative, tel Malraux. Dans une lettre qu’il adresse à «Kultura» en 1955, celui-ci écrit:
Envoyez en secret en Pologne le livre d’Orwell et non pas le livre de celui qui endoctrine, comme nos républicains envoyaient en France Les Châtiments dans les bustes vides de Napoléon III. Il est temps que l’Occident comprenne qu’il est uni à vous car toute opposition est une question de persévérance et rester en alerte demande une force de l’esprit5.
6Les Polonais qui vivent de l’autre coté du mur de Berlin et lisent grâce à «Kultura» les textes de Malraux ou de Camus comprennent très bien le message de la liberté qui en émane, comme le montre Brigitte Gautier dans son essai intitulé Un humanisme subversif 6. Il s’agit d’un milieu, d’un cercle, d’un laboratoire d’idées européennes dont le seul dénominateur commun est son hostilité au nationalisme et un non conformisme à l’échelle de l’Europe orientale. Ce milieu a refusé Yalta et la Guerre Froide:
Polonais, Tchèques, Slovaques et Hongrois de Paris se sont souvent retrouvés dans les organisations communes. Ce choix a été commandé à la fois par le sentiment de vivre la même tragédie et par la même vision européenne, voire mondiale, de la question. L’action des exilés de Paris s’inscrivaient dans un tissu qui n’était donc pas seulement français7.
7Quel rôle jouait «Kultura» en France? Elle était détachée de son pays d’accueil, éloignée de sa vie politique et sociale, et même de la vie de l’émigration polonaise en France. Son public était constitué de Polonais cultivés, disséminés à travers le monde, qui avaient gardé un contact avec leur pays. La principauté souveraine de Maisons-Laffitte résume bien son caractère «extraterritorial» et indépendant de tout establishment politique ou culturel. Pour autant, «Kultura» n’aurait pas pu se développer de la même façon ailleurs qu’en France. Les amitiés intellectuelles avec Malraux, Mauriac, Maritain, Bernanos ou Daniel Halévy, la protection du Général de Gaulle, la relation directe dont bénéficiait Jozef Czapski ont joué un très grand rôle dans la survie de cette institution. Notons cependant que nombre d’exilés politiques polonais (dont la rédaction de «Kultura») n’ont pas demandé la naturalisation française, qui leur aurait été à coup sûr accordée. Sur ce point, ils préféraient rester des exilés.
8On peut parler de l’influence indirecte de «Kultura» sur la gauche française, notamment par ses liens privilégiés avec la revue «Preuves». Cette revue a publié, grâce à «Kultura», les essais qui forment La Pensée captive de Czeslaw Miłosz et d’autres textes venus de Pologne après le dégel de 1957, qui ont contribué à ouvrir les yeux des «compagnons de voyage» français. C’est ainsi grâce à «Kultura» que certains textes des dissidents soviétiques ont pu être connus: «“Kultura” c’était une communication incessante qui a duré plus de trente ans avec des personnes vivant aux quatre coins du monde, que je ne pourrais pas rencontrer dans un café», a conclu de cette expérience Konstanty Jeleński, qui fut un cosmopolite européen parfaitement à l’aise dans plusieurs mondes8.
9Kultura était d’abord une maison d’édition, avec la revue du même nom qui a cessé de paraître, suivant le vœu de son rédacteur en chef, le jour de sa mort, mais cela a été aussi un laboratoire d’idées indépendant, un centre de pensée politique en exil qui a influencé la géopolitique d’une partie de l’Europe après l989. Tony Judt, l’auteur d’Après guerre, dans un entretien avec Timothy Snyder intitulé dans l’édition originale Thinking the Twenthieth Century, livre un panorama intellectuel du xxe siècle en insistant sur les penseurs qui l’ont particulièrement influencé. Snyder évoque bien sûr le rôle de Giedroyc:
Giedroyc a été sans doute le plus important des libéraux de l’époque de la guerre froide, même s’il écrivait peu et si personne ne le connaît en dehors de la Pologne. Dans sa maison à Maisons-Laffitte il a réussi à créer une vie intellectuelle polonaise et est-européenne entièrement parallèle. Il a programmé une politique est-européenne, ou plutôt une grande stratégie qui a permis à la Pologne de traverser avec succès des années 1990 si difficiles. Personne en France, où il vivait et où il travaillait, ne savait vraiment ce qu’il a accompli depuis les années 1950 jusqu’aux années 19809.
10Pendant soixante ans, le cercle de «Kultura» a ainsi mené à travers ses publications un débat d’idées continu avec le monde difficilement accessible de l’autre côté du rideau de fer, mais aussi avec le monde occidental, sur le sens de l’engagement (Camus plutôt que Sartre), sur la mystification communiste, sur le Goulag, sur la culture européenne, sur la littérature comme expression de l’esprit libre, sur le sens de l’exil.
La bibliothèque de l’Institut, lieu de mémoire de l’Autre Europe
11L’Institut Littéraire Kultura – qui s’appelle d’ailleurs Biblioteka Kultury – propose avec sa revue une collection d’ouvrages qui resteront dans les humanités européennes. Son rédacteur en chef, Jerzy Giedroyc, le prince de la pensée, qui l’a constituée avec ses quelques collaborateurs, a su identifier des auteurs dont les textes peuvent être considérés comme des pierres d’angle des humanités européennes de la période de la Guerre Froide. Sans lui, les Européens n’auraient pas pu connaître l’œuvre du futur prix Nobel de littérature Miłosz, de Gombrowicz (traduits dans les langues du monde entier), de Czapski toujours insuffisamment connu du grand public, de Herling-Grudziński, de Stempowski, de Hłasko, de Leszek Kołakowski, de Zbigniew Herbert, de Sławomir Mrożek, d’Andrzej Bobkowski, mais aussi les auteurs insoumis de langue russe. «Kultura» édite dès 1959 la traduction du Docteur Jivago, de Boris Pasternak; la même année, elle publie Andriej Siniavski, une anthologie des récits soviétiques intitulée We wlasnych oczach, avec les œuvres de Alexander Soljenitsyne, Vladimir Maximov, Alexander Jszinin, Leonid Stadniuk, Fiodor Abramov.
12On peut supposer que, sans Kultura, les grands écrivains exilés tels que Miłosz, Gombrowicz ou Mrożek n’auraient pas eu la possibilité de garder leur langue de création et seraient sans doute devenus, comme les grands roumains (Cioran) ou tchèques (Kundera), des écrivains francophones. Aucun autre pays de l’Europe soviétisée n’eut cette chance de sauvegarder une culture littéraire en exil tout en préservant le contact des écrivains avec les lecteurs malgré la censure.
13Le dénominateur commun de tous les choix éditoriaux de «Kultura» était la littérature comme expression de l’esprit libre. Le combat contre les entraves idéologiques et institutionnelles faisait partie de l’éthique de l’équipe. C’est précisément ce qui a frappé Wojciech Karpiński, essayiste et historien polonais, exilé lui-même d’abord aux États-Unis, ensuite à Paris, qui a consacré un volume entier intitulé Ces livres de grand chemin aux écrivains polonais exilés après 1945, en faisant un choix personnel d’auteurs qui, selon lui, incarnent la force et la vérité de la liberté intérieure. Il retrace dans son introduction le rôle de l’exil dans la vie intellectuelle polonaise:
La littérature, par sa nature même, échappe aux règles; la littérature de l’émigration – l’expérience polonaise des deux derniers siècles en témoigne – ne se soumet pas aux codifications politiques, elle prend une signification politique quand elle enseigne la liberté intérieure10.
14Frappé par la force de cette liberté intérieure des auteurs qu’il choisit (Stempowski, Czapski, Wat, Gombrowicz, Miłosz, Herling-Grudziński, Konstanty Jeleński), il montre le caractère décalé, non conventionnel (zbojecki), de leur style d’écriture:
L’alliage magique de Czapski se laisse lui aussi reconnaître au milieu de cent autres. Sa phrase, dans son rythme, est différente de celle de Hostowiec (pseudonyme de Stempowski) laquelle est transparente et lapidaire, de celle de Gustaw Herling-Grudziński, métaphorique et réservée. Czapski est différent de Wat, de Miłosz, de Jeleński, de Gombrowicz. Et pourtant, je sens ces écrivains liés par une attitude semblable, quoi qu’elle se réalise différemment, face à la réalité. Peut-être est-ce pour cela qu’ils ont su donner aux mots un son vivant, parce qu’ils se sont efforcés d’atteindre le monde sans détruire leur jardin secret11?
15Tous ces écrivains ont pu publier grâce à Kultura. Ces intellectuels se constituaient souvent en médiateurs de leurs cultures nationales en France12. Pour Antoine Marès,
sur ce plan, il faut bien avouer un échec initial partiel qui était dû à la cécité intellectuelle parisienne. Les exilés de l’immédiat après-guerre n’ont eu accès qu’à un segment du monde intellectuel anticommuniste et antisoviétique, qui n’était pas dominant13.
16Les choses ont changé en 1968: les cultures et les littératures de l’Autre Europe ont trouvé leur place auprès du public français (avec des traductions chez Gallimard, la collection dirigée par Zofia Bobowicz14 chez Laffont, puis L’Aube et Viviane Hamy). En fait, les exilés ont joué un rôle majeur dans la production intellectuelle de leurs pays (revues ou maisons d’éditions en exil, samizdats nationaux). Antoine Marès parle à ce sujet d’un poumon artificiel des cultures nationales, bridées par une censure plus ou moins forte.
17Parmi les livres de cette bibliothèque, quels sont ceux qui méritent une attention particulière? Les opinions unanimes accordent une place de tout premier ordre à l’essai sur l’automystification qu’est La Pensée captive de Czeslaw Miłosz. Publié par Kultura sous le titre Zniewolony umysl en 1953, cet essai sur les logocraties populaires a été immédiatement traduit par Gallimard la même année. Miłosz, poète, écrit dans la préface:
Je livre un texte qui ressemble à un traité politique. Je ne peux que souhaiter qu’il soit le premier et le dernier sur mon chemin littéraire. Il arrive que quelqu’un qui s’occupe de la versification polonaise soit obligé d’utiliser sa plume pour se battre15.
18Miłosz atteint une dimension universelle en montrant que tout un chacun – même les esprits les plus raffinés – peut être victime d’une manipulation bien orchestrée, lorsqu’elle touche à la sensibilité, aux valeurs et au contexte personnel de la victime, dont non seulement le langage mais aussi la pensée deviennent captifs. Il s’agit là d’un traité sur la fragilité des intellectuels face aux idéologies, quelles qu’elles soient.
19Un autre essai du même auteur, paru la même année en polonais et en français sous le titre La Prise du pouvoir, et récompensé par le prix Littéraire Européen, reste un document majeur sur l’asservissement de la moitié de l’Europe par le système soviétique. Mais l’ouvrage de Miłosz qui permet encore aujourd’hui de réfléchir sur notre culture commune est sans conteste Rodzinna Europa, que «Kultura» a publié en 1958 et dont la traduction française restera un exemple de la distance émotionnelle qui séparait les deux parties du continent à cette époque.
20Le lecteur français était privilégié car il avait accès à ce texte important dès 1964, grâce aux éditions Gallimard qui en ont proposé la traduction sous le titre Une autre Europe, titre différent de l’original.
21Dans son introduction à l’édition polonaise revue et corrigée en 1994, l’auteur dit qu’il avait décidé d’écrire ce livre «pour rendre l’Europe plus familière aux Européens» en utilisant ce qu’il appelle un œil télescopique, c’est-à-dire un œil qui se place en même temps dans différents points du globe terrestre et à différents moments de son histoire:
J’ai décidé d’écrire un livre sur un Européen de l’Est, né à peu près au moment où les foules parisiennes ou londoniennes ont ovationné les premiers pilotes; j’ai décidé d’écrire un essai sur un homme qui ne correspond ni au stéréotype de l’ordre allemand ni à celui de l’âme slave16.
22Miłosz fait part d’un sentiment ambivalent qu’il éprouve en Europe occidentale: celui d’être à la fois d’ici et d’ailleurs et d’être perçu lors de ses pérégrinations à travers l’Europe comme un parent pauvre plutôt que comme un vrai membre de la famille européenne. Par contraste, tout au long du texte, l’auteur souligne la grande familiarité qu’il entretient avec la culture européenne et plus particulièrement avec la culture française, grâce notamment à l’éducation reçue à Vilno, cette Jérusalem du Nord, ville des confins cosmopolite, ouverte à la vie théâtrale et aux traductions des nouveautés littéraires venues d’ailleurs, doté d’un système scolaire particulièrement performant auquel Miłosz rend hommage a posteriori. Cette ambiance le pousse, jeune, à la découverte de l’Europe occidentale (chapitre intitulé «Voyage à l’Ouest»). Il en conclut à une définition de ce qu’il appelle sa differencia specifica, cette particularité qu’il perçoit très vite par rapport aux ressortissants des sociétés plus structurées telles que sont à ses yeux, par exemple, celles de l’Europe occidentale:
Je puis me considérer en un sens comme un exemplaire typique de l’Européen de l’Est. Il semble bien que la differencia specifica de celui-ci puisse se ramener à une absence de forme – de forme extérieure aussi bien qu’intérieure. Ses qualités, avidité intellectuelle, passion dans la discussion, sens de l’ironie, fraîcheur de sentiments, imagination spatiale ou géographique, dérivent d’un défaut fondamental: il reste toujours à l’état d’ébauche, soumis au flux et reflux soudains de son chaos intérieur. C’est dans les sociétés stabilisées qu’on peut revêtir une forme. Mon propre cas suffit à montrer l’ampleur de l’effort nécessaire pour assimiler des traditions et des normes différentes, des impressions trop vives, ou pour les mettre plus ou moins en ordre. […] La construction d’une forme nécessite un certain nombre de postulats généralement admis, un certain fond de conformisme contre lequel on peut certes se révolter, mais qui définit des cadres plus puissants que la conscience. Dans mon milieu, il n’y avait même pas d’attitudes uniformes, de code social, de règles claires sur la façon de se tenir à table. Presque chaque homme rencontré avait un style différent des autres, non par son originalité propre, mais en tant que représentant d’une collectivité, d’une classe ou d’une nationalité différente. L’un vivait au xxe siècle, l’autre au xixe, un troisième au xive […] On affirme que la civilisation contemporaine produit une ennuyeuse uniformité et détruit l’individuel: en ce qui me concerne, je n’ai pas eu à me plaindre de cet inconvénient17.
23Très sensible à l’importance de la forme dans l’imaginaire collectif français, il développe tout un passage sur la difficulté qu’ont les étrangers à approcher cette subtilité française qui se cache dans ce qu’il appelle le tissu de la vie quotidienne. Il fera dire à l’un de ses interlocuteurs, son oncle le poète Oscar Miłosz, qui l’introduit dans la culture française: «Chaque fois que tu porteras un jugement sur la France, rappelle-toi que dans chaque ouvrier français […] se trouvent deux mille ans de civilisation»18.
24Il ne lui échappe pas que la caractéristique fondamentale de l’esprit français, malgré l’importance des formes, des conventions et de la tradition ancienne, est son goût pour la sauvegarde de la liberté individuelle:
La liberté qu’on trouve ici est introuvable nulle part ailleurs, car la pression de la coutume collective s’arrête discrètement au seuil de la demeure privée et personne n’est obligé de vivre comme son voisin19.
25Si ces descriptions interculturelles le conduisent, selon ses propres dires, «aux frontières de l’anthropologie, de l’histoire et de la sociologie»20, elles ne suffisent pourtant pas à convaincre l’éditeur français qu’il s’agit là véritablement d’une autre «analyse spectrale de l’Europe»21. Ce à quoi l’éditeur est sensible, au contraire, c’est à l’étrangeté, à l’exotisme, à l’éloignement de l’auteur polonais par rapport à l’esprit occidental, sans doute davantage à cause du contexte politique de l’époque qu’au contenu objectif du livre, ni surtout aux intentions affichées de Miłosz lui-même. L’éditeur en est ainsi arrivé, pour une œuvre traduite d’une langue rare, à choisir un titre non pas différent mais contraire à l’original: car Rodzinna Europa signifie en polonais L’Europe familière, ce qui correspond exactement à ce que Miłosz voulait dire aux occidentaux. Son éditeur français, en modifiant le titre, a également modifié le message du livre (volontairement ou pas) et l’a rendu plus exotique et plus lointain encore qu’il ne l’était. En publiant ce texte en pleine Guerre Froide, il a sans doute considéré que le titre original n’était pas convaincant pour un public francophone. Parler d’une Autre Europe semblait refléter plus justement l’état d’esprit du récepteur potentiel, aux côtés duquel l’éditeur s’est délibérément situé, s’éloignant alors de l’auteur.
26Les spécialistes de la traduction diraient sans doute qu’il a naturalisé le titre en suivant une longue tradition ou l’habitude, par ailleurs élégante et dont l’intention était louable, de rendre le texte «lisible» pour le lectorat cible. Mais c’est précisément le texte qui est dénaturé. Aujourd’hui, on pense de plus en plus souvent qu’en matière de traduction littéraire il y a place pour une «éthique de la différence» suivant la formule d’Antoine Berman: «féconder le Propre par la médiation de l’Étranger»22, notamment à travers «la littéralité bien tempérée» qui laisse à la traduction sa grande fonction de médiatrice de la diversité culturelle.
27Il n’est pas sans importance de souligner quelles ont été les conséquences du choix de ce titre pour l’usage qui en a été fait dans la langue française, certes limitée à un cercle très restreint de spécialistes de ce qu’on appelait alors «l’Europe de l’Est». Depuis la publication du livre en français, ce titre est devenu presque une expression figée. Titre d’une revue, expression reprise, en version légèrement modifiée par Jacques Rupnik pour son livre L’Autre Europe, crise et fin de communisme, elle fonctionne en français pour décrire l’ancien bloc de l’Est lorsqu’on ne veut pas utiliser les termes issus de la Guerre Froide. Ainsi, L’Europe familière qui voulait rendre l’Europe familière aux Européens est devenue linguistiquement «Une Autre Europe» – lapsus révélateur de l’éloignement mental et culturel de l’Occident face à sa «sœur cadette»23 pendant cette période.
28Si les publications de «Kultura» ont joué un rôle limité dans le rapprochement des Européens d’Est et de l’Ouest à l’époque de la Guerre Froide, pour des raisons linguistiques avant tout (peu d’ouvrages comme celui de Miłosz ont été traduits à cette époque), il est certain que ce fonds a éveillé à la liberté d’esprit toute une génération d’intellectuels polonais qui ont eu le courage de chercher leur inspiration dans les sources indépendantes. Le témoignage de Wojciech Karpiński, parmi tant d’autres, est révélateur du rôle des livres de cette bibliothèque dont le trait commun était pour lui l’expression d’un esprit libre24. Il parle d’une voix de la littérature polonaise, voix nouvelle qui était pour lui celle donnée aux personnes parlant un langage vrai et correspondant à la réalité, contrairement à tout ce qu’on publiait sous contrainte et qui sonnait faux.
29Parmi ces figures des lettres européennes qui ont pu publier grâce à la bibliothèque de «Kultura», il cite, à côté de Miłosz, Witold Gombrowicz et son Journal25, publié d’abord en fragments dans la revue «Kultura» avant de devenir un ouvrage en deux volumes. Gombrowicz y propose un regard libre sur son pays, sur les problèmes de la nation, sur la littérature et ses liens avec l’idéologie, sur la culture et son rôle, sur le patriotisme et la liberté individuelle. Vivant loin des siens, Gombrowicz fustige les mythes nationaux, dérange par ce qui peut être vu comme une désinvolture, détruit la bâtisse confortable des habitudes mentales forgées par la tradition. Karpiński a raison de dire que la lecture de son journal change définitivement la mentalité du lecteur en l’obligeant à repenser sa propre position par rapport à «la polonité», à «l’européanité» ou «au cosmopolitisme». D’autres œuvres de Gombrowicz ont façonné plusieurs générations de lecteurs européens de l’Est et de l’Ouest. Il est sans doute l’écrivain polonais du xxe siècle le moins hermétique et le plus universalisable, tout en restant terriblement attaché à sa langue et à sa culture.
Seule une culture universelle peut tenir tête au monde, jamais les cultures locales, jamais ce qui ne provient que de bribes d’existence. Seul saura ne pas sombrer dans l’anarchie celui qui sait aller plus loin, dépasser la patrie, pour qui la patrie n’est qu’une des nombreuses révélations de la vie, éternelle et universelle. Perdre la patrie ne troublera l’harmonie que de ceux dont la patrie n’est pas l’univers. L’histoire contemporaine s’est révélée trop violente, trop illimitée pour les littératures trop nationales ou trop provinciales26.
30Karpiński appelle cette littérature publiée par «Kultura» «l’école polonaise d’ontologie», autrement dit l’école de la réalité. Il y voit une littérature qui a permis de rendre compte d’une expérience existentielle très concrète. Tel est le cas d’une autre œuvre majeure: Un Monde à part de Herling-Grudziński, paru en 1951 avec une préface de Bertrand Russell27. Cette introduction dans l’abîme du mal qu’est l’univers du Goulag, jetant le doute sur ce qui reste de l’humanité après une telle barbarie, a ébranlé toute une génération qui a voulu non seulement voir ce qu’il décrit mais surtout comprendre les raisons de l’incompréhensible.
31À cet égard, l’analyse du marxisme proposée par Leszek Kołakowski, publié par Kultura, est d’une importance fondamentale. Avec Glowne nurty marksizmu, Powstanie-rozwoj-rozklad, (le tome 1 publié en 1976, le tome 2 en 1977 et le tome 3 en 1977), Leszek Kołakowski a changé la perception d’un système pour une partie de la génération qui y a cru aussi bien à l’Est qu’à l’Ouest en l’Europe. Nous disposons à ce jour de la traduction en langue française de deux premiers volumes seulement (Les Fondateurs, L’Âge d’or). Cet historien des idées, exilé à Oxford, touché dans sa jeunesse par la «morsure hégélienne» a proposé une vision sans merci d’une doctrine et de ses conséquences politiques en interrogeant le lien entre le marxisme et le stalinisme. Il a aussi beaucoup écrit sur la responsabilité politique des intellectuels.
32«Kultura» a souvent parlé de sujets controversés, voire tabous. C’est le cas de Katyń – sujet du magnifique essai du peintre humaniste et pacifiste Jozef Czapski, qui décrit le drame dans Terre inhumaine28. Rescapé de ce massacre, il se met à la recherche de ses camarades disparus jusqu’à la découverte horrible de leur assassinat sur ordre de Staline. Il essaie, nourri de sa foi, de ne pas perdre le lien d’amitié avec toutes les victimes de l’enfer que sont pour lui aussi les codétenus soviétiques. Karpiński insiste sur cette qualité du regard qui est la grande force des ouvrages de Czapski, auteur surtout d’essais et d’ouvrages sur la peinture et l’art aujourd’hui considérés comme majeurs dans l’éducation esthétique29.
33Les écrivains édités par la bibliothèque de Kultura ont tous vu avec acuité le problème auquel étaient confrontés les intellectuels touchés par la censure – celui du langage. À cet égard, Stempowski, dans un texte majeur intitulé «Après le déluge», a décrit la situation de la littérature après la Seconde guerre mondiale. Publiant sous le pseudonyme de Pawel Hostowiec, il rend compte de l’impossibilité pour l’intellectuel venu de l’Autre Europe d’écrire comme avant. Il a conscience que le déluge a défiguré le paysage mental de manière radicale:
Quand l’actualité d’une mode arrive à sa fin, les revues littéraires et les vitrines des librairies font penser à des lieux inondés. Tout est couvert d’une vase grise et collante qui pèle au soleil. Il est difficile d’imaginer qu’une semaine plus tôt s’alignaient les murs blancs ou ocre des maisons, des parterres de fleurs, les bouquets d’arbrisseaux et qu’un ruisseau tintait gaiement contre les pierres. Tout regard vers le passé, de même que toute nouveauté, exige un effort d’imagination30.
34Les mots d’avant, les expressions consacrées ne peuvent plus correspondre à ce que ceux qui ont survécu à ce siècle voulaient dire aux autres. La seule solution qui reste consiste à reprendre contact avec ce monde bouleversé en réfléchissant sur la langue:
Tous ceux qui écrivent comme ceux qui se taisent, nous cherchons les mots incontournables pour reprendre contact avec un monde bouleversé où tout ce dont nous disposions hier est devenu obsolète aujourd’hui. Nous savons que nous ne pouvons pas le conquérir par des phrases toutes faites, que la fiction n’est qu’un rideau de fumée. Qu’il faut admettre sa réalité et trouver une langue propre à le décrire, une langue précise, concrète, claire et adhérant parfaitement à nos expériences31.
35Il n’est plus possible pour lui de pratiquer la préciosité verbale, la recherche d’une langue porteuse de sens fondamental devenant un véritable combat éthique.
36Ces quelques exemples, pris parmi les centaines de publications de «Kultura», montrent le rôle de cette bibliothèque dans l’éducation de plusieurs générations d’Européens (les Polonais majoritairement, mais aussi d’autres habitants des pays satellites lisant cette langue) qui, au lieu d’être asservis, sont devenus libres au contact de ces textes. Wojciech Karpiński montre comment chaque volume de l’Institut Littéraire était attendu, guetté, et comment sa conscience changeait en se nourrissant des idées venues d’un monde libre, grâce aux efforts du cercle de «Kultura».
37L’aventure de l’Institut Littéraire Kultura, c’est 637 numéros de la revue «Kultura», 137 «Cahiers historiques», 512 livres édités dans la bibliothèque de l’Institut. Humainement, c’est aussi une centaine d’auteurs éparpillés partout dans le monde, principalement à Londres (comme pour le porte-parole de Giedroyc, Jerzy Mieroszewski) ou à Francfort (pour les foires du livre), même si les départs en dehors de Paris sont restés rares; c’est une équipe composée de quelques personnes qui vivaient ensemble d’abord avenue Corneille, et à partir de 1954 au 94 avenue de Poissy, dans une maison achetée grâce à une collecte publique réalisée auprès des lecteurs: cette maison comprenait au rez-de-chaussée les bureaux de la rédaction, à l’étage des chambres. Un petit pavillon avoisinant accueillait les chambres d’amis (même si tous n’étaient pas des amis personnels), si bien que la maison de «Kultura» était toujours pleine.
38«Kultura» est aussi l’aventure d’une vie personnelle: celle de Jerzy Giedroyc. Il se levait le matin, se préparait tout seul son petit déjeuner et se couchait le dernier. Sa chambre d’une quinzaine de mètres carrés à l’étage était une oasis de vie privée où il faisait la sieste et se réservait quelques heures de sommeil la nuit. Peut-on dire que c’était sa maison? Il prenait les manuscrits et s’endormait avec eux, faisant des trous avec ses cigarettes dans ses draps. «Nous avons continué une vie sous les tentes», avait-il l’habitude de dire un demi-siècle plus tard. Il s’est éteint avenue de Poissy le 14 septembre 2000, en préparant encore un numéro de la revue «Kultura». La livraison portait le numéro 637 – le dernier.
39Mais l’aventure n’est pas terminée pour autant. Les archives de «Kultura», d’une valeur inestimable pour les générations à venir, ont été promues au rang de patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco. Dans le document du registre de la mémoire du monde, nous lisons en effet:
Les Archives de l’Institut littéraire représentent la documentation complète des activités de l’Institut Littéraire entre 1946 et 2000. Il s’agit d’une collection unique décrivant les activités d’une institution d’émigration sans équivalent qui, grâce à la vision intellectuelle et politique défendue plusieurs décennies durant par ses fondateurs et dirigeants, a joué un rôle vital lors des événements historiques majeurs du xxe siècle, la victoire pacifique sur la dictature communiste et sur la division du monde en deux blocs politiques antagonistes.
L’Institut a fortement contribué à l’heureux dénouement de la transformation qui s’est produite en 1989-1990 en posant des fondements intellectuels et politiques qui, grâce au dialogue des élites, ont rendu possible la réconciliation entre les nations de l’Est et de l’Europe centrale et orientale. L’Institut mérite également d’être distingué pour avoir permis aux intellectuels de cette partie de l’Europe de prendre part à de riches échanges intellectuels au niveau international pendant une période de blocus et de censure de l’information qui a duré jusqu’à la fin des années 198032.
40En septembre 2014 a été inauguré le site http://www.kulturaparyska.com, fruit des efforts d’une équipe qui a travaillé pendant deux ans pour numériser les archives de «Kultura» grâce aux financements du Ministère polonais de la culture. Ces archives en ligne, aujourd’hui en polonais et bientôt disponibles dans d’autres langues européennes pour le plus grand nombre de chercheurs, témoignent du rôle de la circulation des idées à travers les livres et les revues, malgré les régimes politiques qui ont voulu les entraver. À travers ce site se perpétue ainsi la mémoire d’un Institut si précieux pour comprendre notre Europe.
Notes de bas de page
1 K. Jelenski, Kultura, La Pologne en exil, «Le Débat», février 1981, pp. 58-71.
2 Texte disponible en français dans le recueil Tumulte et spectres, Montricher, Les Éditions Noir sur blanc, 1991, pp. 28-35.
3 M. Ptasinska-Wojcik, Z dziejow Biblioteki Kultury, Varsovie, Instytut Pamieci Narodowej, 2006, p. 64.
4 Les livres de “Kultura”, livres interdits en Europe Centrale, dans W. Falkowski, et A. Marès (dir.), Intellectuels de l’Est exilés en France, Paris, Institut d’Études Slaves, 2011, p. 125.
5 A. Malraux, Do redakcji Kultury, «Kultura», n. 9, Maisons Laffitte, 1955 [notre traduction].
6 B. Gautier, Un humanisme subversif. Lectures polonaises de Camus, Malraux et Saint-Exupéry, Paris, L’Harmattan, 2006.
7 A. Marès, L’émigration/exil d’Europe centrale en France après 1945, dans W. Falkowski, et A. Marès (dir.), Intellectuels de l’Est exilés en France cit., p. 25.
8 Son portrait dans A. Fleury et L. Jilek, Une Europe malgré tout, 1945‑1990. Contacts et réseaux culturels, intellectuels et scientifiques entre Européens dans la Guerre froide, Berne, Peter Lang, 2009, pp. 178-180.
9 Ibidem, p. 264.
10 W. Karpiński, Ces livres de grand chemin, Montricher, Les Éditions Noir sur Blanc, 1992, p. 36.
11 Ibidem, p. 87.
12 Voir par exemple T. Todorov, Devoir et délices, une vie de passeur, Paris, Seuil, 2002.
13 W. Falkowski, et A. Marès (dir.), Les Intellectuels de l’Est cit., p. 31.
14 Collection ont elle rend compte dans De Laffont à Vivendi, une histoire vécue de l’édition française, Lormont, Le bord de l’eau, 2013.
15 Kultura i jej krag [Les amis de Kultura], 1946-1986, catalogue de l’exposition sur Kultura, Lublin, Uniwersytetu Marii Curie-Skłodowskiej, 1995, p. 77.
16 En français dans le texte.
17 C. Miłosz, Une autre Europe, Paris, Gallimard, 1980, p. 70.
18 Ibidem, pp. 170-171.
19 Ibidem, p. 161.
20 Ibidem, p. 9.
21 Titre du livre d’un autre Balte, H. Keyserling, qui a proposé en 1928 une série de portraits de pays européens issus de ses pérégrinations à travers l’Europe.
22 A. Berman, L’Épreuve de l’étranger. Culture et traduction dans l’Allemagne romantique, Paris, Gallimard, 1984.
23 Expression tirée de l’ouvrage de l’historien polonais J. Kloczowski, Mlodsza Europa, Europa Srodkowo-Wschodnia w kregu cywilizacji chrzescijanskiej sredniowiecza [Europe cadette, Europe du Centre-Est au sein de la civilisation chrétienne au Moyen Âge], Varsovie, Państwowy Instytut Wydawniczy, 2003.
24 W. Karpiński, Swobodne glosy, dans Kultura i jej krag cit., pp. 26-39.
25 W. Gombrowicz, Journal, 2 tomes, Paris, Gallimard, «Folio», 1995.
26 W. Gombrowicz, Journal [1953, ch. IV], t. 1, Paris, Gallimard, «Folio», 1995, p. 96.
27 G. Herling-Gridzinski, Un Monde à part, Paris, Gallimard, «Folio», 1995.
28 J. Czapski, Terre inhumaine, préface de D. Halévy, Paris, Librairie Plon, «Les Îles d’or», 1949; rééd. Lausanne, L’Âge d’homme, «Les Chemins effacés», 1978 et 1991.
29 Id., L’Art et la Vie, Lausanne-Paris, L’Âge d’homme - Éditions Unesco, 2002.
30 J. Stempowski, Notes pour une ombre, Montricher, Les Éditions Noir sur Blanc, 2004, p. 27.
31 Ibidem.
32 Texte tiré d’un document du registre de l’Unesco que le directeur de l’Institut, M. Wojciech Sikora, a mis à notre disposition.
Auteur
Université de Cergy-Pontoise
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