André Breton en sa bibliothèque: rien de trop
p. 333-350
Texte intégral
1S’il fallait désigner un lieu originel à l’aventure surréaliste, c’est dans doute dans une librairie qu’on le trouverait. C’est à la «Maison des amis des livres» rue de l’Odéon que commence cette aventure. La librairie ouvre ses portes en pleine guerre, en novembre 1915. Aussitôt la fréquentent les gloires déjà consacrées (André Gide, Paul Valéry, Guillaume Apollinaire, Léon-Paul Fargue). S’y retrouvent aussi, pour des emprunts, des lectures, des rencontres, des soirées, la toute jeune génération, en particulier Louis Aragon, André Breton, Philippe Soupault, Tristan Tzara, Jacques Rigaut, qui formeront bientôt la bande remuante du dadaïsme puis du surréalisme. Cette aventure bibliophilique se poursuit à partir de 1920 avec la bibliothèque de Jacques Doucet, dont Breton, Aragon puis Robert Desnos et Michel Leiris deviennent les conseillers.
2Le pôle magnétique du surréalisme sera ensuite, dès 1922, l’atelier où emménagent André et Suzanne Breton au 42, rue Fontaine dans le IXe arrondissement de Paris. C’est le même atelier qu’occupera le poète et collectionneur de 1922 à 1966, l’année de sa disparition. Le lieu est resté en l’état jusqu’au début des années 2000, au moment où le propriétaire a demandé de pouvoir en disposer.
3C’est alors que la vente des biens de Breton a eu lieu, après mille tentatives par sa veuve Élisa et sa fille Aube pour sensibiliser les pouvoirs publics, après mille promesses données par eux et mille espoirs déçus. En avril 2003 a finalement été organisée à l’hôtel Drouot la vente, entre autres, des 3 500 livres que contenait la bibliothèque de la rue Fontaine – sans compter les manuscrits, les photographies, les tableaux et dessins. Cet événement a été au moins l’occasion de réaliser un inventaire de toutes ces œuvres avant leur dispersion. L’opération a abouti à la réalisation d’un catalogue papier en huit volumes dont deux pour les livres, et à la création d’un site dédié à cet inventaire: andrebreton.fr, site interactif et évolutif. Beaucoup d’œuvres, qui initialement avaient été préemptées, ont été léguées à la Bibliothèque Doucet ou au Centre Pompidou.
L’atelier de la rue Fontaine
4L’atelier de Breton, modeste de dimensions, regorgeait de livres. Voici la description qu’en a faite Julien Gracq:
Les deux pièces, décalées en hauteur par un court escalier, même par les jours de soleil et malgré les hauts vitrages d’atelier, m’ont toujours paru sombres. La tonalité générale, vert sombre et brun chocolat, est celle des très anciens musées de province – plus qu’au trésor d’un collectionneur, le fouillis impossible à dépoussiérer complètement […] fait songer à première vue […] à la fois à un cabinet de naturaliste et à la réserve, en désordre, d’un musée d’ethnographie. Le foisonnement des objets d’art cramponnés de partout aux murs a rétréci peu à peu l’espace disponible1.
5Breton s’était amusé, en parodiant l’écriture journalistique, à brosser pour Marianne Oswald une description de son propre atelier (1959):
Tout un angle de la pièce est tapissé de livres. Un coup d’œil à la dérobée: les œuvres des poètes et encore des poètes, mais aussi Hegel et Freud au grand complet, les sociologues, maint et maint ouvrage d’ethnologie, quelques occultistes2.
6Dans son bureau, le fameux «mur», désormais reconstitué au musée Beaubourg, est dans son dos. Breton est ainsi entouré des visages de tous ces masques, objets anthropomorphes, statuettes, figurines, poupées, moulages (dont sa propre figure, voisine de celle de Paul Éluard) qui peuplent cet atelier. On croirait volontiers qu’entre le visage de ces totems et le visage constitué mentalement des livres il n’y avait que la différence de l’icône au symbole, la différence de l’incarnation.
7Le mur qui lui fait face est quant à lui couvert d’étagères réservées aux livres, sans contact avec les objets sauf dans la partie supérieure qui en accueille quelques-uns, ainsi que des tableaux accrochés sous le plafond; ou bien, ici ou là, tel objet décoratif: un minuscule pot de fleurs, deux avant-bras de bois sculptés qui dessinent, sur deux étagères, une étrange scénographie. Les livres sont placés sur deux rangées, classés par thème (les utopistes, les romans noirs, les pamphlets contre Staline…). Ils sont pour l’essentiel disposés verticalement, sauf quand la hauteur permet d’en insérer pêle-mêle au-dessus de ces premières rangées.
8L’ensemble donne une impression de saturation, si ce n’est de bourrage, sans compter «sa table joliment encombrée de papiers et de livres, elle aussi: comment parvient-il à écrire là-dessus?»3. Cette impression naît certes de l’exiguïté des lieux, mais tout témoigne surtout de la lente accumulation d’une vie: la bibliothèque offre les traces d’une inlassable activité ressortissant peut-être moins à la bibliophilie qu’à l’amitié (la philia), moins à la collection qu’au partage, à l’échange et au don.
9On devine ici Breton, sur une photographie de Sabine Weiss (1956), comme en son refuge au milieu de ses objets insolites et familiers, tel
un docteur Faust […] tous les soirs faisant retraite entre ses tableaux, ses livres et sa pipe, après le café, dans le capharnaüm peuplé de nécromant qui était son vrai vêtement, au milieu du sédiment accumulé et immobile de toute sa vie4.
La bibliothèque du surréalisme
10On trouve dans la bibliothèque ce qu’un familier de l’œuvre de Breton, laquelle ne masque pas ses sources et les exhibe même volontiers en raison du caractère fondamentalement généalogique du surréalisme, s’attend à y trouver. Les œuvres qui ont compté dans le mouvement (sauf exception, on le verra) sont là, mais il est arrivé à cet artiste impécunieux d’en vendre certaines. En tant que chef de file du mouvement et récipiendaire naturel de la production surréaliste, il en est devenu le grand archiviste. L’enjeu documentaire avait du reste été mis au principe du mouvement dès 1925 avec la fondation du Bureau de recherches surréalistes, présenté en ces termes: «Toutes les personnes qui sont en mesure de contribuer, de quelque manière que ce soit, à la création de véritables archives surréalistes, sont instamment priées de se faire connaître»5.
11L’atelier du maître présente la grande et quasi définitive exposition bibliophilique du surréalisme. Ou même, paradoxalement, son musée, si l’on en juge à la description de Gracq:
Tout dans l’intérieur […] de ce fanatique de la nouveauté, parlait d’immobilité, d’accumulation, de la poussière ténue de l’habitude, du rangement maniaque et immuable qu’une servante hésite à troubler6.
12Breton avait bien des soins d’archiviste: datation de papiers; dossiers rassemblant divers documents (cartons d’invitation, annonces d’expositions, revues, papillons, dessins, autographes, notes). Il s’employait en particulier à recueillir des coupures de presse relatives à tel ou tel livre (par exemple pour la réédition du Voleur de Georges Darien chez Jean-Jacques Pauvert en 1955), à tel ou tel événement (ainsi le dossier de l’exposition internationale du surréalisme de 1959, qui contient une série de lettres autographes de Hans Bellmer, Marcel Duchamp, Alberto Giacometti, Jean Schuster, Joan Miró…). Beaucoup de lettres reçues par Breton ont été encartées par lui dans des numéros de revue, des catalogues, des livres, ce qui donne à la correspondance comme aux productions surréalistes un aspect circonstanciel et situé.
13Breton possédait un ensemble très complet de tracts et affiches surréalistes, la collection intégrale des revues surréalistes, de «Littérature» à «La Brèche», un grand nombre de catalogues d’expositions, personnelles ou collectives, les livres des poètes surréalistes, pour la plupart dans les éditions originales, beaucoup de livres d’artistes surréalistes, la place des peintres et illustrateurs ayant été la première dans le mouvement.
14Dans cet ensemble se trouvent de véritables trésors bibliophiliques: l’exemplaire de tête du Manifeste du surréalisme justifié B.; la brochure Qu’est-ce que le surréalisme? de 1934, avec maquette de la couverture et dessin original de la main de René Magritte (Le Viol), croquis et lettre autographe de l’artiste; Constellations de Joan Miró; La Femme visible de Salvador Dalí; Eau et gaz à tous les étages de Marcel Duchamp; Une semaine de bonté de Max Ernst; certaines revues dont la collection a été reliée par les soins de Paul Bonet: «Littérature», «La Révolution surréaliste».
15Les intérêts particuliers de Breton et du surréalisme, les thèmes et auteurs qui ont directement inspiré et innervé le mouvement sont particulièrement représentés, comme attendu. De l’état du livre on tire du reste facilement un enseignement sur son usage. Les indications de libraire sont éloquentes: «dos décoloré», «dos passé», «dos fendu», «charnières frottées», «coiffe supérieure usagée», «mors supérieur fendu». Ainsi d’un exemplaire de Freud, Introduction à la psychanalyse.
16On trouve nombre d’ouvrages sur le hasard (dont l’ouvrage du Dr Petiot, Le Hasard vaincu), l’érotisme (Sade, Restif de la Bretonne), l’amour (M. Raynouard, Des troubadours et des cours d’amour, Pascal, Discours sur les passions de l’amour), la révolution (Rapports révolutionnaires du Comité de Salut public de l’an II et de l’an III), le rêve (Freud, La Science des rêves, Léo Oppenheim, Le Rêve, Hervey de Saint Denis, Les Rêves), l’humour (Freud, Le Mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient, Anthologie du nonsense par Robert Benayoun). La bibliothèque contient une riche documentation sur les beaux-arts, sur la peinture en particulier (ancienne et moderne), mais aussi sur les médailles gauloises, l’archéologie celtique, la sculpture française de l’époque romane, Byzance…
17Une large place est faite à l’art populaire: L’Imagerie populaire russe, Les Images d’Épinal, L’Art rustique en France. Tout un rayon est consacré à l’imagerie populaire régionale; il contient plusieurs albums de cartes postales. Breton consultait en outre le catalogue du Musée des arts et traditions populaires, où des notes autographes témoignent d’une lecture attentive.
18Quant à l’ésotérisme, on devine que la bibliothèque y fait une large part, conformément à l’orientation de plus en plus marquée de la pensée de Breton à partir de la seconde guerre. Un moment-clé, même si le surréalisme s’est intéressé très tôt à l’alchimie ou aux voyantes, fut la découverte et l’acquisition aux États-Unis de l’ouvrage d’Auguste Viatte, Victor Hugo et les illuminés de son temps (Montréal, 1942). Spécialiste des sources occultes du romantisme, cet universitaire d’origine suisse qui enseignait à l’université Laval au Québec infléchit alors plus nettement la pensée de Breton vers l’ésotérisme, l’occultisme, la haute magie, le spiritisme, l’astrologie, l’hermétisme, la cartomancie, la kabbale, le tarot, la gnose, toutes ces disciplines ou ces spéculations dont l’exploratoire se situe aux lisières des systèmes de connaissance reconnus.
19Toute une littérature de nature réflexive complète un fonds largement consacré à l’art et éclaire la dimension spéculative et théorique de l’œuvre de Breton: œuvres de philosophie (allemande en particulier), de sociologie (Émile Durkheim, Marcel Mauss, Claude Lévi-Strauss), de médecine mentale (Jean-Martin Charcot, Gaston Ferdière), celles des penseurs socialistes (Charles Fourier, Paul Lafargue, Henri de Saint-Simon, Karl Marx, Lénine, Léon Trotski, György Lukács).
20Les «grands ancêtres» du surréalisme occupent naturellement une place de choix: les romantiques allemands (Jean-Paul, Novalis, Schiller, Kleist, Goethe) ou français (Nerval, Hugo); les inspirateurs directs, de Rimbaud à Apollinaire en passant par Lautréamont, Alfred Jarry, Jean-Pierre Brisset, Lewis Carroll (ce dernier en traduction française: on sait que Breton ne lisait pas volontiers l’anglais).
21En-dehors de quelques éditions de textes classiques et de quelques rares livres anciens, relatifs à l’alchimie, à la magie noire, à la superstition, cette bibliothèque se veut résolument moderne.
Une contre-bibliothèque
22La bibliothèque de Breton est tout sauf une bibliothèque académique, celle d’un intellectuel français héritier et dépositaire d’une culture universelle. On peut même dire qu’une partie de son fonds a une fonction polémique.
23D’abord elle s’apparente à beaucoup d’égards à un «enfer» de bibliothèque par le nombre d’œuvres érotiques qu’elle contient. Breton possède d’ailleurs, de Guillaume Apollinaire, L’Enfer de la bibliothèque nationale (1913). Il se plaît à signaler que son atelier domine par sa verrière les «deux cabarets montmartrois du Ciel de l’Enfer»7.
24Sade, Restif de la Bretonne (dont Apollinaire lui conseille très tôt la lecture), Sacher-Masoch (La Vénus à la fourrure), Pierre Louÿs, Les 11 000 verges d’Apollinaire, Les Rouilles encagées [de Benjamin Péret]: autant d’œuvres appartenant à une littérature encore sulfureuse à l’époque et «que le conformisme avait toujours eu grand soin de tenir enseveli[es]»8. Breton s’empresse d’acquérir des ouvrages généraux relatifs à cette littérature interdite: Anthologie de l’érotisme de Pierre Louÿs à Sartre; Gilles Delfos, Panorama de la littérature érotique; J.M. Lo Duca, Histoire de l’érotisme.
25Il est vrai qu’un des objectifs du surréalisme a été de créer une nouvelle bibliothèque exemplaire, un nouveau standard qui compenserait les lacunes du panthéon officiel et en renverserait certaines valeurs consacrées. D’un côté les auteurs négligés qu’il s’agit de réhabiliter, de l’autre les auteurs reconnus dont il s’agit de dénoncer la fausse gloire.
26D’un côté, donc, les «petits maîtres», les petits romantiques (Petrus Borel, Xavier Forneret, Charles Cros, Tristan Corbière, Germain Nouveau), les grands oubliés. Un des actes fondateurs du surréalisme a été une œuvre d’exhumation: la redécouverte, la copie et le culte partagé de Lautréamont. La littérature populaire n’est pas en reste. Breton possède par exemple les œuvres de Maurice Raphaël, alias Ange Bastiani, qui s’est illustré dans le polar et dans une langue proche de celle de Céline – dit-on –, aventurier au passé probablement assez trouble pendant la guerre, mais dont Breton avait salué la manière en parlant de «cryptesthésie des bas-fonds». Ce polygraphe adresse à Breton, avec envoi, un Arrête ton char, Ben-Hur qui laisse tout de même songeur.
27D’un autre côté les proscrits du surréalisme: «les grands classiques de la culture bien française et fière de l’être», comme dit Philippe Audouin: «Rabelais, Ronsard, Montaigne, Molière, La Fontaine, Voltaire, Chénier, Lamartine, Balzac, Renan, Mérimée, Leconte de Lisle, Verlaine, Laforgue, Daudet, Claudel, Péguy, Proust, Jacob, Valéry, Malraux…»9, toute cette «bonace culturelle», comme l’appelle encore Audouin non sans agressivité, et qui constitue le pôle répulsif de la littérature.
28L’adoration et le partage des mêmes livres, le rejet – pour ne pas dire l’interdiction – des mêmes auteurs: de telles dispositions valent la reconnaissance du groupe, en vertu d’une ritualisation du goût littéraire. L’appartenance surréaliste se mesure pour partie au nombre de livres dont on partage la lecture. Les surréalistes se sont toujours signalés par leur conception très discriminante de la culture, leur goût pour le palmarès. Cela commence avec les notes attribuées à divers auteurs dans «Littérature»10, se poursuit avec le tract Lisez/Ne lisez pas11 en 1931 ou le jeu «Ouvrez-vous?»12 dans Médium. Rien de plus étranger à l’esprit du mouvement, en vérité, que l’éclectisme culturel. Breton raisonne plutôt en censeur, à la manière ancienne, mais en retournant les critères du goût et de la morale: ainsi Sade est élevé au rang de grand moraliste, contre la piété et la «pruderie bégueule»13. Il s’agit aussi dans l’esprit de Breton de faire œuvre de salubrité d’esprit, en conjurant l’intoxication par le «piège intellectuel»14 que peut constituer un livre.
Un peu de bibliophilie mais pas trop: la valeur d’usage des livres
29Dans ces conditions, la bibliothèque dresse un portrait qui est le contraire d’un «fin lettré», de «l’honnête homme» cultivé. On ne saurait la confondre avec un temple élevé en l’honneur de la culture. La sacralité du lieu – si sacralité il y a – tient bien davantage aux objets qui le peuplent qu’aux livres qu’il contient. Il s’en faut de beaucoup qu’on trouve chez Breton la vénération bibliophilique propre aux grands collectionneurs.
30Son rapport aux livres est plus pragmatique que fétichiste, plus intellectuel que matérialiste. Il n’est pas à proprement parler un bibliophile. «Je ne suis pas de ceux qui aiment les livres pour les livres», avoue-t-il15, se démarquant par là d’un homme comme Éluard, collectionneur et amoureux des reliures. Signalons seulement le soin dont fit exceptionnellement l’objet le manuscrit d’Arcane 17, dont la reliure fut confiée à Lucienne Thalheimer en vue de l’offrir à son épouse Élisa. Pour le reste, quoiqu’attentif aux innovations en la matière, Breton n’a par exemple guère manifesté d’intérêt marqué pour la typographie de ses propres ouvrages.
31C’est que le livre est surtout conçu par lui comme un précipité de pensée, un vecteur qui désigne l’horizon d’une expérience esthétique – au sens le plus large qu’on puisse donner à ce mot: «C’est dans la pensée que je crois avoir mis toute l’audace, toute la force et l’espoir dont je suis capable. Elle me possède tout, jalousement; elle se rit pour moi des biens de ce monde»16. Dans ces conditions, le livre n’est jamais une fin. Il n’est pas le réceptacle du désir, mais son relais.
32Au culte mallarméen du livre comme absolu – toujours suspect de collusion avec le sentiment religieux –, Breton oppose non sans bravade un goût plus moderne et plus profane: «Je prétendais que le monde finirait, non par un beau livre, mais par une belle réclame»17.
33Prévention, assurément, contre la sacralisation du livre qui n’est jamais loin de celle du Livre; prévention aussi contre la valeur marchande affectée aux œuvres de l’art et contre la spéculation des marchands; prévention, enfin, contre la littérature sous son aspect institutionnel. «Ces gens étaient des liseurs, non des lettrés», avertit Audouin, «des “écriveurs”, mais rien moins que des hommes de lettres»18.
34La constitution de la bibliothèque, comme la poursuite de l’écriture et de ce qu’il faut bien appeler une carrière d’écrivain se sont faites contre la tentation du renoncement qui n’a jamais abandonné Breton. Tentation qui traduit moins le découragement devant l’exigence absolue, l’exigence d’absolu du surréalisme, que la vanité du livre rapportée à cet enjeu humain si vaste. Breton est en délicatesse avec la Littérature qu’on écrit avec un grand L. Il ne peut faire moins que lui montrer, dans ses objets consacrés, les livres, une défiance qui débouche volontiers sur l’hostilité.
35Cette défiance trouve à s’exprimer dans des jugements ad hominem, tel celui dont il frappe Anatole France, en guise d’oraison funèbre: «Pour y enfermer son cadavre, qu’on vide si l’on veut une des boîtes des quais de ces vieux livres “qu’il aimait tant” et qu’on jette le tout à la Seine»19; ou celui dont il enveloppe plus tortueusement André Gide (tout en lui reconnaissant d’éminentes qualités modernes et morales), lequel ressemble d’un peu trop près à un «littérateur professionnel, [un] individu perpétuellement démangé du besoin d’écrire, de publier, d’être lu, traduit, commenté»20. Pour injurier Georges Bataille, chartiste qui travaille à la Bibliothèque Nationale, il lui vient spontanément cette invective: «assis de bibliothèque»21.
36Pour Breton la bibliothèque ne se débarrasse jamais complètement de cette odeur d’héritage cossu et de suffisance intellectuelle dont les bourgeois lettrés – ou qui se piquent de l’être – aiment imprégner leur intérieur. La bibliothèque sent trop le salon, la possession, la connivence bourgeoise, la culture confondue avec des titres de propriété ou avec l’entretien de patrimoine, pour n’être pas suspecte par nature. Ce n’est pas pour rien que son admiration va à Lautréamont, à Rimbaud: à des poètes qui s’effacent ou se renient, qui ne laissent pas une «œuvre avec un grand œuf»22.
37Des livres, Breton retient l’expérience dont ils sont la trace. La fascination pour Lautréamont vient autant, on le devine, de la qualité de l’œuvre que de la communion fraternelle dont elle fut l’occasion avec Aragon en 1917 dans les couloirs de l’hôpital du Val-de-Grâce où ils sont tous deux internes. C’est pour Breton au moins autant la découverte d’Aragon que celle de Lautréamont qui se joue: le culte jamais démenti des Chants de Maldoror doit peut-être beaucoup à cette incomparable amitié, dont Aragon a relaté les débuts sous un titre éloquent: Lautréamont et nous23. Lorsqu’il se fâche avec Aragon, Breton file chez un bouquiniste vendre les tirages de luxe de son ancien ami. Il ne garde de lui que quelques livres antérieurs à la rupture, le dernier étant Hourra l’Oural, dont la sécheresse de l’envoi détonne avec les envois antérieurs: «À André Breton, Aragon». Il ne fera pas de même avec Éluard. On pourra juger une telle réaction puérile; elle témoigne en réalité d’un rapport essentiellement affectif aux livres et d’une vision tournée au-delà du livre, vers l’auteur et vers la vie.
Une bibliothèque de livres de chevet
38«Je compte parmi les disciples de l’homme qui a dit: “la critique sera amour ou ne sera pas”», a déclaré Breton24. S’il a pourtant cédé de temps à autre à la tentation de l’éreintage – et avec la férocité dont on le sait capable –, il reste que l’empathie, la connivence, l’amitié président à la constitution de sa bibliothèque. Le livre est rencontre, contact, communion.
39Sa bibliothèque semble en tous lieux répondre à la question «quel livre emporteriez-vous dans une île déserte?». À l’occasion d’une enquête sur les lectures des soldats sur le front, Breton signalait «les deux livres qui [lui] ont été du plus grand secours durant l’autre guerre: Pascal et Rimbaud»25. Avec chacun d’eux s’engage une expérience qui est comme vitale, qui est du moins liée à la vie. On devine quel écho sensible pouvait éveiller pareillement dans l’esprit anthologique de Breton une enquête sur la «poésie indispensable» lancée par René Char dans les Cahiers G.L.M. en 1938 et à laquelle il répond scrupuleusement en numérotant ses vingt poèmes préférés26.
40Sur le modèle de son ami Jacques Vaché, qui ne consentait à retenir, dans la bibliothèque universelle, que «quelques livres – bien peu, dites –…»27, sur le modèle de l’attitude ultra esthétique du Des Esseintes de Huysmans arrangeant son intérieur en le soumettant exactement à l’empire de ses goûts, Breton reconduit la pratique anthologique ancienne et la pratique des œuvres choisies en en radicalisant le caractère sélectif. La bibliothèque est en réalité moins une affaire d’archiviste que de flâneur, moins de cartographe que d’explorateur de la géographie mentale, moins d’amasseur que de chercheur d’or (c’est là une image chère à Breton).
41Peut-être doit-on interpréter dans le sens d’un signe distinctif et préférentiel l’usage de l’ex-libris.
42L’emblème du tamanoir fut choisi par Breton bien que, comme Dalí et comme Éluard, il eût horreur des fourmis. Mais l’animal appartient, comme «Héraclite mourant, Pierre de Lune [Benoît XIII], le cyclone à tête de grain de millet […], à la famille des grands indésirables»28. L’ex-libris semble être un signe de reconnaissance et de connivence (intellectuelle ou affective), plus que d’appropriation. Breton semble avare de ce signe électif dont il distingue certains livres amis. Ces exemplaires marqués de l’ex-libris forment une bibliothèque à l’intérieur de la bibliothèque, un lot quintessencié: ouvrages d’Apollinaire, Pétrus Borel, Xavier Forneret, Hugo, Huysmans (celui d’À vau-l’eau et même des Sœurs Vatard), Lautréamont, Pascal, Michaux, Freud, Nietzsche, Young, Adolphe de Benjamin Constant… Il arrive aussi que Breton appose son monogramme AB ou bien son nom entier.
43Quelques ouvrages jurent cependant au milieu de ces rayonnages marqués par l’amitié. Signalons par exemple, de Mgr. Bernard, Le Général de Sonis, officier très catholique qui s’illustra dans des campagnes militaires aux colonies. Breton prend soin de noter malicieusement sur la page de faux titre de l’ouvrage, selon le principe du readymade: «une saloperie exemplaire».
Plutôt la vie
44Tout est fait en tout cas dans la bibliothèque pour que les livres soient autre chose que lettres mortes. D’abord par l’action de Breton lui-même sur ces livres; ensuite par le rapport réel dont ils témoignent entre leur auteur et leur destinataire à travers les envois.
45Beaucoup de livres sont enrichis, farcis de documents, d’articles, de photographies, de lettres, d’autographes de ses amis, de dessins originaux. Chacun constitue ainsi une pièce unique, qui passe de la sphère sociale à la sphère intime. Diverses lettres sont par exemple encartées dans l’exemplaire des Lettres de Rodez d’Antonin Artaud (G.L.M., 1946), à qui on devine que le liait une affection particulière pour les troubles mentaux dont souffrait son ami.
46Breton est loin de répugner aux annotations sur certains exemplaires. Annotations au crayon noir sur son exemplaire de L’Art magique, comme si le livre continuait à s’écrire; sur Les Impostures de la poésie de Roger Caillois, comme si se nouait un dialogue à distance avec l’auteur. La Jeunesse littéraire d’André Malraux d’André Vandegans contient plusieurs commentaires autographes. Dans Les Provinciales, des notes au crayon renvoient à de nombreuses pages. Breton notait en outre sur certains catalogues les prix d’adjudication, preuve de son intérêt pour le marché de l’art.
47Quant aux envois, extrêmement nombreux, ils s’expliquent d’abord par le caractère collectif du surréalisme et la position dominante de Breton. Ce dernier reçoit les livres des membres du groupe comme le maître à qui l’on fait l’hommage de ses œuvres, ce qui donne une bibliothèque surréaliste quasi complète d’exemplaires dédicacés. Bon nombre de ces livres avec envoi traduisent un rapport de connivence ou même de nature sentimentale entre destinateur et destinataire. Rares sont cependant ceux qui se permettent de signer de leur seul prénom: «Benjamin» (Péret), «Jacques» (Prévert).
48Certains envois sont d’une ferveur sans limite, comme ceux de Vítĕzslav Nezval: «À mon grand ami André Breton dont le génie éternel m’a hypnotisé», «À mon ami adoré André Breton dont les impulsions puissantes donnent une nouvelle valeur à ma vie». Même chose pour Henri Pastoureau: «À André Breton dont l’amitié m’a tellement aidé, a donné un sens à la vie». Au-delà de la flatterie, de telles déclarations en disent long sur le pouvoir d’attraction exceptionnel de Breton29.
49Chacun des envois permet en tout cas de situer la place des auteurs dans l’orbite sentimentale du grand homme. Il est instructif, à cet égard, de mesurer à leur échelle l’évolution des rapports entre auteur et dédicataire. Ainsi des envois de Bataille après la guerre; ils témoignent d’une reconnaissance et d’une amitié croissantes: «À l’auteur des Pas perdus. Georges Bataille» (Le Coupable, 1944); «À AB, avec la sympathie de GB» (Sur Nietzsche, 1945); «À AB, avec toute la confiance de GB» (Méthode de méditation, 1947); «À AB en signe d’amitié fidèle» (Le Bleu du ciel, 1957); «À AB qui a beaucoup compté pour moi et qui ne cesse pas de représenter à mes yeux quelque chose d’essentiel. Amicalement. GB» (L’Érotisme, 1957); «À AB avec lequel je n’ai jamais cessé d’être uni profondément au-delà des amitiés faciles» (Les Larmes d’Éros, 1961).
50Breton fut en outre un extraordinaire découvreur de talents. Toujours à l’écoute de la jeunesse en qui il voyait la force vive du surréalisme – et ce jusqu’à la fin, ce qui est rare –, il attirait naturellement à lui tous ceux qui se sentaient avec le surréalisme et avec son thuriféraire une affinité de nature à s’incarner dans l’aventure collective. Ainsi Gracq lui envoie son premier écrit, Au Château d’Argol (1939), accompagné de ces lignes: «Quoique tout à fait inconnu de vous, je vous adresse ce livre en témoignage de grande admiration».
51Mais Breton, à mesure que grandissaient sa notoriété et sa position d’éclaireur dans les lettres françaises, devint un pôle magnétique attirant à lui toute une partie de la production contemporaine. «Tous les auteurs qui ont compté au xxe siècle lui ont envoyé leurs œuvres dédicacées», déclare l’expert Claude Oterelo. Ce n’est sans doute pas tout à fait vrai, mais c’est loin d’être faux. Jean-Paul Sartre, Albert Camus, Marguerite Yourcenar, Nathalie Sarraute, Philippe Sollers, Roland Barthes, Alain Robbe-Grillet… beaucoup lui firent don d’une ou plusieurs œuvres.
52Tous les envois ne sont cependant pas admiratifs ni amicaux. Celui de Maurice Lemaître, adepte du mouvement lettriste, pour son Sistème de notation pour les létries (1952) est une manière de prendre congé: «Pour André Breton, à qui nous n’avons plus rien à dire». D’autres expriment le regret: celui de Claude Mauriac, «amitié déçue»; celui de Pierre Reverdy pour Ferraille (1937): «À André Breton avec qui je n’ai malheureusement jamais pu être lié que par l’éloignement et le silence, ce témoignage d’une amitié qui n’en a peut-être que plus de signification et de valeur».
53Signalons les envois touchants de Breton à son père sur des livres qui lui sont revenus: «À mon père chéri», «À mon papa chéri».
La bibliothèque idéale
54Au-delà de la bibliothèque réelle qu’il a sous la main, comment Breton conçoit-il sa bibliothèque idéale? C’est une bibliothèque vivante, vibrante et non figée dans son auguste rayonnage, une bibliothèque ouverte, conformément à ce qu’il avait écrit dans Nadja: «Je persiste […] à ne m’intéresser qu’aux livres qu’on laisse battants comme des portes»30.
55Cette ouverture peut prendre des dimensions cosmiques et édéniques:
On a rêvé […] d’un paradis des livres – si peu d’élus – mais que les rayons pour les tenir soient vraiment des rayons de soleil. Condition à part de ces livres: qu’ils vaillent tous la peine d’être lus, que d’eux et d’eux seuls se compose la substance phosphorique de ce que nous avons à connaître, à aimer, de ce qui peut nous faire agir non plus en arrière mais en avant31.
56C’est que l’espace de la bibliothèque se transforme volontiers, à la faveur du rêve, en espace d’initiation. À l’exposition internationale du surréalisme de 1947, l’escalier qui organisait le lieu était conçu comme un rayon de bibliothèque pivoté de 45 degrés. Breton en présentait le projet en ces termes:
La structure générale de l’exposition répondra au souci primordial de retracer les étapes successives d’une initiation, dont le passage d’une pièce dans l’autre sous-entendra la graduation. […] On accèdera aux salles supérieures par un escalier de 21 marches qui auront été modelées en dos de livres et porteront 21 titres correspondant en signification aux 21 arcanes majeurs du tarot32.
57Ailleurs, c’est une curieuse miniature qui se dessine:
une petite bibliothèque vitrée, que je préférais imaginer de style gothique et accrochable au mur, chez moi, à la façon d’une boîte de papillons. Cette vitrine-bibliothèque eût été de taille à contenir tous les «romans noirs» de l’époque préromantique que je possède et ceux qu’il me tarde encore de découvrir. Je supputai l’effet que ces petits volumes, dans leur charmante reliure Directoire ou sous leur couverture d’un bleu ou d’un rose uni un peu fané, ne pouvaient manquer de produire pour peu qu’on leur ménageât cette présentation. D’autre part ces livres étaient tels qu’on pouvait les prendre et les ouvrir au hasard, il continuait à s’en dégager on ne sait quel parfum de forêt sombre et de haute voûte. Leurs héroïnes, mal dessinées, étaient impeccablement belles33.
58On voit bien quel rapport érotique au livre apparaît à travers une réécriture, consciente ou non, du conte de Barbe bleue. «Ces livres étaient tels qu’on pouvait les prendre et les ouvrir au hasard». Bibliothèque-harem, où Breton jouit du privilège du possesseur, avec tout ce que cela suppose de désir et de pulsion scopique (Michel Leiris a parlé en des termes suggestifs de la fascination qu’exerçait sur lui, enfant, la bibliothèque de son père, lieu comme frappé d’interdit pour les secrets qu’il recelait, lieu de transgression faustienne, où la soif insatiable des vérités défendues fait pénétrer dans ce qu’il appelle le «monde obscur» de l’érotisme)34.
59La bibliothèque de Breton, qui désormais n’a pas plus de réalité et n’existe plus que dans la mémoire de quelques visiteurs et dans celle des catalogues, a donc été semée à tout vent. Quoi qu’on pense de cette dispersion, elle est au fond assez conforme au vœu de Breton ou en tout cas à sa conception de la littérature et du livre: celle d’une expérience autant collective qu’intime, et plus dynamique que figée.
Notes de bas de page
1 J. Gracq, En lisant en écrivant, Paris, José Corti, 1980, p. 249.
2 A. Breton, Entretien avec Marianne Oswald, Œuvres Complètes, t. 3, Paris, Gallimard, «Bibliothèque de la Pléiade», 1999, pp. 1113-1114.
3 Ibidem, p. 1114.
4 J. Gracq, En lisant en écrivant cit., p. 250.
5 Le Bureau de recherches surréalistes, «La Révolution surréaliste», n. 2, 15 janvier 1925, p. 31.
6 J. Gracq, En lisant en écrivant cit., p. 250.
7 A. Breton, Entretien avec Marianne Oswald cit., p. 1113.
8 Envoi autographe de Gilbert Lely à André Breton sur un exemplaire de Ingénue Saxancour de Restif de la Bretonne.
9 P. Audouin, Très peu de livres, «Le Magazine littéraire», nn. 91-92, Cinquante ans de surréalisme, septembre 1974, p. 20.
10 Liquidation, «Littérature», n. 18, mars 1921, repris dans E. Garrigues (éd.) Les Jeux surréalistes. Mars 1921 - septembre 1962, «Archives du surréalisme», vol. 5, publié sous l’égide d’Actual, Paris, Nrf Gallimard, 1995, pp. 45-52.
11 J. Pierre (éd.), Tracts surréalistes et déclarations collectives, t. 1, 1922-1939, Paris, Le Terrain vague, 1980, p. 202.
12 «Médium», n. 1, novembre 1953, repris dans E. Garrigues (éd.) cit., pp. 176‑189.
13 Alcide Bonneau, cité par A. Breton, Introduction à l’exposition internationale du surréalisme, Œuvres complètes, t. 4, Paris, Gallimard, «Bibliothèque de la Pléiade», 2008, p. 812.
14 J.-C. Blachère, Livre, dans H. Béhar (dir.), Dictionnaire André Breton, Paris, Classiques Garnier, 2014, p. 613.
15 A. Breton, Œuvres complètes cit., t. 3, p. 539.
16 Id., lettre à Jacques Doucet, 28 décembre 1924 (citée par Marguerite Bonnet dans son introduction au premier tome des Œuvres Complètes, Paris, Gallimard, «Bibliothèque de la Pléiade», 1988, p. xvi).
17 Id., Manifeste du surréalisme, Œuvres complètes cit., t. 1, p. 324.
18 P. Audouin, Très peu de livres cit., p. 20.
19 A. Breton, Refus d’inhumer, dans Un cadavre (1924), repris dans Œuvres complètes, t. 2, Paris, Gallimard, «Bibliothèque de la Pléiade», 1992, p. 281.
20 Id., Sur André Gide, dans Œuvres complètes cit., t. 4, p. 861.
21 Id., Second Manifeste du surréalisme, dans Œuvres complètes cit., t. 1, p. 827.
22 M. Mariën, L’Activité surréaliste en Belgique, Bruxelles, Lebeer Hossmann, 1979, p. 21.
23 L. Aragon, Lautréamont et nous, Les Lettres françaises, 1er et 8 juin 1967, rééd. Pin-Balma (Haute-Garonne), Sables, 1992.
24 Cité par M. Bonnet, dans «Avant-propos», Les Critiques de notre temps et Breton, Paris, Garnier, 1974, p. 10.
25 A. Breton [Réponse à l’enquête: «Que lisent les soldats?»], Œuvres complètes cit., t. 2, p. 1238.
26 Id. [Réponse à l’enquête sur «La poésie indispensable»], Œuvres complètes cit., t. 2, pp. 1231-1232.
27 Cité par A. Breton dans La Confession dédaigneuse, Œuvres complètes cit., t. 1, p. 201.
28 Id., «Jugement de l’auteur par lui-même», Œuvres complètes cit., t. 2, p. 663.
29 Voir, sur cet aspect, les pages de J. Gracq, André Breton, Paris, José Corti, 1948, pp. 27 sqq.
30 A. Breton, Nadja, dans Œuvres complètes cit., t. 1, p. 651.
31 Id., Gradiva, La Clé des champs, dans Œuvres complètes cit., t. 3, p. 676.
32 Id., Projet initial, dans Œuvres complètes cit., t. 3, p. 1367.
33 Id., Les Vases communicants, dans Œuvres complètes cit., t. 2, p. 173.
34 M. Leiris, Langage tangage, Paris, Gallimard, 1985, pp. 117-119.
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Bibliothèques d’écrivains
Ce livre est cité par
- de Montpellier d’Annevoie, Mélanie. (2022) La bibliothèque du compositeur : Vincent d’Indy, ses lectures épiques et « l’épopée musicale ». Intersections, 39. DOI: 10.7202/1091839ar
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