Bergounioux, le principe historique
p. 131-146
Résumé
Pour appréhender l’histoire Bergounioux fait le détour par les temps les plus lointains pour en venir aux faits présents et de la sorte les éclairer, et les instruire dans la perspective du temps long. Par des raccourcis saisissants l’écrivain nous conduit de la préhistoire à nos jours. Or un contraste singulier oppose, d’un côté, un temps immobile, une permanence sociologique et, de l’autre, la narration accélérée de l’histoire. Quelle en est la « motivation esthétique » ? Cet irrépressible élan trahit une résurgence du modèle épique qui peut s’expliquer par la nostalgie des grands récits.
Texte intégral
C’est l’approfondissement du passé qui ouvre
l’accès à ce qui s’accomplit sous nos yeux.
Norbert Elias, La Dynamique de l’Occident
1Fidèle à cette assertion de Norbert Elias, Pierre Bergounioux s’avance vers nous lesté d’Histoire. Qu’est-ce à dire ? On a beaucoup écrit que l’écrivain avait affaire au passé, que, dans la voie ouverte par Michelet, il concevait l’écriture comme un « hommage aux morts », une fouille des « heures anciennes »1. Mais cette rétroversion du regard ne résume pas la relation que P. Bergounioux entretient avec le passé. Il ne se contente pas d’évoquer le passé, de l’interroger : il fonde dessus chacun de ses propos, selon une dynamique particulière, véritablement fondatrice. Peu d’écrivains inscrivent à ce point chacune de leurs réflexions dans une perspective historique aussi déterminée, aussi substantielle, qu’il le fait.
2C’est là ce dont je voudrais traiter. À vrai dire, il y aurait plusieurs façons d’aborder la question de l’Histoire dans l’œuvre de P. Bergounioux ; et l’idéal serait sans doute d’en articuler les divers aspects : ils sont nombreux, souvent concordants, mais aussi très divers. Cela ne sera pas possible dans l’espace ici imparti. Aussi ne dirais-je rien des objets ni des périodes historiques auxquels l’écrivain revient avec insistance, à savoir la focalisation centrale sur les années Cinquante et Soixante, celles de l’enfance et de la formation, qui furent aussi, comme il le répète avec insistance, celles d’un basculement de civilisation qui a vu notre monde renoncer à la dominante rurale, agraire, sur laquelle il reposait depuis des siècles2, pas plus que je n’évoquerai, sinon très ponctuellement, quelques échappées récurrentes dans d’autres périodes : aux côtés de Descartes, par exemple, dans Une Chambre en Hollande, plusieurs fois au sujet des deux guerres mondiales, dans La Maison rose, B-17G ou Le Bois du Chapitre, de Cuba ou de la révolution russe.
3M’intéresse plutôt une « certaine manière d’appréhender » l’Histoire, d’en solliciter le déroulement, d’en dire le flux et de les mettre en texte. Tout lecteur de P. Bergounioux s’est avisé de cette façon très spéciale qu’il a, particulièrement dans les textes brefs et dans ses récits, à la différence des romans, d’en venir à l’objet de son propos. Il lui faut l’introduire par une longue, souvent très longue entrée en matière, qui parcourt les siècles jusqu’au point focal qui retient son attention. Voici un premier exemple de cette perspective cavalière qui galope à travers le temps historique pour rejoindre le moment précis d’une réflexion spécifiquement centrée sur l’objet qu’elle se donne : il s’agit, dans Un peu de bleu dans le paysage, de dire pourquoi le jeune P. Bergounioux trouva « odieuse la vie domestique au moment, à l’endroit nettement circonscrit où le sort [l]’avait placé ». Ces motifs, dit-il, sont « proprement historiques »3, et ressortissent à une histoire longue :
Le pays a failli périr. À l’époque des ruineuses masures, par exemple, quand le traité de Brétigny nous fit, un moment, sujets du roi d’Angleterre, aux heures terribles de l’an II, qu’il fallut se porter en masse, à marche forcée, aux frontières contre les tyrans coalisés. Et tout près d’ici, lorsqu’il put sembler que l’effort surhumain, le sacrifice immense consentis pendant la Grande Guerre avaient absorbé toute la substance, consumé les énergies. Une France exangue, diminuée, s’abîme dans la décadence qui mène à Munich, à la débâcle, à la honte, au néant4.
4Le lecteur ne peut qu’être surpris de l’ampleur de la saisie historique qu’il lui faut mettre en œuvre pour parvenir au sujet traité.
5Or ce n’est pas là une originalité dans l’œuvre, bien au contraire : c’est sa main et sa manière, entre toutes identifiables. Qu’on en juge à l’aide d’une autre occurrence. J’avais demandé à P. Bergounioux de prendre part à l’hommage que je réunissais à la mort de Claude Simon. Même dans ce texte assez bref, un détour est nécessaire à P. Bergounioux pour rejoindre l’écrivain dont il s’apprête à parler :
Voilà cinq siècles que la littérature épouse, en France, l’aventure collective. Des raisons qui lui sont, de prime abord, étrangères ont facilité son éveil. C’est des luttes internes à la chevalerie combattante que sort l’exercice approfondi, assidu de la pensée. Simple extension, au début, de la maison victorieuse, celle des Valois puis des Bourbons, l’Etat centralisé a confisqué l’usage légitime de la coercition physique. La noblesse guerrière, devenue courtisane, se trouve empêchée de recourir à l’épée pour réaliser ses ambitions. Lorsqu’on ne peut plus agir, on pense. Un principe de thermodynamique interne fait de la réflexion un acte empêché, une parole ravalée. Une poignée de privilégiés, hobereau périgourdin, cavalier tourangeau, bourgeois de Clermont-Ferrand, entreprend de considérer toutes les choses accessibles à son esprit, inaugurant la tradition méditative étincelante à laquelle, génération après génération, on n’a plus cessé, dans ce pays, de sacrifier. L’essayiste allemand Curtius notait que « les idées maîtresses de la civilisation anglaise ne se trouvent ni dans Shakespeare ni dans Keats », que « la réforme luthérienne a favorisé, en Allemagne, le développement des recherches historiques et philosophiques alors que, en France, la littérature a assumé les fonctions dévolues, ailleurs, à la science et à la poésie, à la musique et à la philosophie ». C’est le seul pays, conclut-il, où il existe une « religion des lettres ».
Puisque la littérature est ce domaine où le pays prend conscience de lui-même, on est en droit de supposer qu’une œuvre a enregistré l’épisode tragique qui débuta le 3 août 1914 et dont les séquelles ont enténébré le siècle qu’on vient de quitter. Cette œuvre existe. C’est celle de Claude Simon5.
6Une telle pratique mérite attention. On peut l’envisager selon deux approches : l’une historiographique, l’autre esthétique. Non pas en séparant le « fond » et la « forme », mais plutôt en en interrogeant les deux versants, les deux intellections possibles de ce qui relève véritablement d’une « méthode ». C’est ce que je me propose de faire, tout en montrant comment ces deux entrées finissent par entrecroiser leurs arguments.
Historiographie et géographie du Temps long
7« Méthode » : le mot est familier aux lecteurs, au moins pour deux raisons. D’une part parce que la référence à Descartes, à la séparation de l’âme et de l’étendue, est permanente sous la plume de l’écrivain. C’est le « leitmotif » fondateur de l’emprise qu’il se donne sur les questions traitées, le point de départ auquel presque toujours il revient. Non pas, comme on pourrait le penser à première vue, que P. Bergounioux soit un disciple de Descartes, ni qu’il exerce à sa façon le travail de la pensée. Mais, de manière bien plus mélancolique, parce qu’il se pense lui-même en victime de Descartes, de la lucidité cartésienne qui a, une fois pour toute, « séparé » l’esprit de la matière, et mis fin, dès lors que l’on prend connaissance de ses réflexions et que l’on en éprouve la pertinence, à ce temps heureux où l’un et l’autre n’étaient pas démêlés, mais conjoints dans une idéale continuité : le temps de l’enfance, celui de L’Arbre sur la rivière ou de La Bête faramineuse.
8D’autre part parce que le rappel est tout aussi constant, dans les pages de P. Bergounioux, de l’étymologie grecque de ce mot : « Méthode, à l’origine, c’est détour que ça voulait dire »6 ; « Et d’ailleurs, méthodos, en grec, c’est ça que ça veut dire, détour »7. Or c’est bien à un détour que nous invite P. Bergounioux pour entrer dans ses textes. Le détour par l’antériorité passée, l’origine archaïque et le trajet qui, d’elle, conduit jusqu’à nous, jusqu’ici et maintenant. Qui non seulement « conduit » au présent mais « instruit » ce présent de l’héritage dont il provient, en plaçant le moment examiné dans la perspective du « temps long ».
9Historiographiquement parlant, c’est bien de cela dont il s’agit : P. Bergounioux se propose de voir l’Histoire « en surplomb », comme il l’écrit dans Back in the sixties : « L’histoire, si nous tentons de la voir en surplomb, si cela est permis à qui s’y trouve pris, paraît, elle aussi, passer par des phases successives d’expansion et de retrait »8. Nous voilà proches des réflexions de Braudel sur une Histoire qui ne prend sens qu’en fonction de ces « grands courants sous-jacents, souvent silencieux, et dont le sens ne se révèle que si l’on embrasse de longues périodes de temps. Les événement retentissants ne sont souvent que des instants, que des manifestations de ces larges destins et ne s’expliquent que par eux »9. L’écrivain souscrit ainsi au programme des Annales tel que Simand le définit dans son article fondateur de Méthode historique et sciences sociales (1903)10 et Braudel dans son texte sur la « longue durée » (1958)11. Aussi l’Histoire de P. Bergounioux est-elle, comme celle de ces historiens, sans événements. C’est ce qu’a bien perçu S. Coyault dans La province en héritage : « Les récits de Pierre Bergounioux tendent à estomper la netteté événementielle pour mieux montrer l’homme dans son lieu et sa saison : une fois le livre refermé, demeure, plus durable que les épisodes pittoresques, une profonde rêverie sur la géographie et la matière, liée à une obsédante méditation sur le temps »12.
10Car cette « saison » et ce « lieu » ne sont pas circonscrits à un hic et nunc mais se dilatent autour de l’ici et du maintenant, embrassent les siècles et les espaces. Bergounioux rejoue dans sa propre approche ce qui a suscité la mutation majeure dans l’historiographie que fut l’école des Annales : à savoir la double influence et l’articulation sur un jeune groupe d’historiens de la sociologie naissante d’une part, de la géographie de Vidal de la Blache d’autre part. Cette géographie, c’est, explique l’historien François Dosse, « la science des lieux, des paysages, des effets visibles sur la surface terrestre des divers phénomènes naturels et humains. Elle s’intéresse à ce qui demeure dans le présent, aux permanences qui forment la trame de nos paysages, des terroirs de la fin du XIXème et du début du XXème siècle ». Elle privilégie, écrit-il encore « l’histoire rurale et les traits permanents, se défie de toute construction théorique trop rigide et privilégie l’observation »13. Ce sont là des choses qui résonnent fortement pour les lecteurs de P. Bergounioux, que ce soit dans ses évocations du « chevron » de Brive, du plateau de Millevaches, du Quercy.
La permanence sociologique
11Sa part sociologique n’est pas moindre. Ainsi lorsqu’il s’attache à traiter des années Soixante, c’est en lecteur de Durkheim et de Bourdieu, bien plus qu’en historien de la période, jusqu’à retrouver, par exemple, cette évocation des célibataires que Bourdieu, déjà, avait mis en scène. On se souvient sans doute de ce Bal en Béarn, sur lequel le sociologue revient dans son Esquisse pour une auto-analyse : « Puis ils [les célibataires] iront dans la salle de l’auberge et boiront face à face. Ils chanteront à tue-tête de vieux airs béarnais, prolongeant à perte de voix des accords discordants […] Et par deux ou par trois, ils s’éloigneront lentement, à la fin de la nuit, vers leurs fermes isolées »14. On en retrouve les accents dans un texte de P. Bergounioux intitulé « Sauvagerie », extrait d’Un peu de bleu dans le paysage, dont le titre reprend un adjectif de Bourdieu lui-même : « [L]es aînés de grande famille, beaux partis soudain convertis en paysans empaysannés, hucous (hommes des bois) repoussants et sauvages, et exclus à tous jamais du droit à la reproduction »15. Histoire, géographie et sociologie se rejoignent ainsi dans l’observation de P. Bergounioux : « Quelques célibataires d’un certain âge, déjà, n’ont pas voulu, pas pu suivre le mouvement, quitter les bois, partir. Ils tâchent désespérément à tuer le temps sans issue, sans relève, qu’il leur reste. Ils déboulent à toute heure au bistrot, le seul commerce à n’avoir pas fermé ces portes, bottés, en bourgeron, sales, mal rasés, les yeux flous. Ils s’assomment sans un mot de liqueurs avant de regagner, sous le soir, leur antre froid, leur cuisine vide. Parfois cela ne va plus du tout. Ni l’abrutissement des gros travaux ni celui que procure le vin ne peuvent plus dissimuler ce qui se passe. Ils sont, ils le savent, les derniers »16.
12Or, pour parvenir à cette évocation qui constitue la dernière page de ce court texte, Bergounioux, sera parti de « l’instant précis où les mœurs se civilisent, vers la fin du Moyen Âge »17 ; il aura évoqué la persistance de la Gaule romaine, fait le détour par Érasme et par Marx. Il aura aussi mentionné « les crêtes, les ravins, les fronces de la zone métamorphique, l’eau glacée qui sourd, les étangs de plomb, les tourbières, la clarté louche que filtre le taillis, les rampes bossuées »18. Histoire, sociologie et géographie, savoir et observation, se trouvent ainsi inextricablement mêlés jusque dans la référence, faite d’entrée de jeu, à Norbert Elias qui « a magistralement décrit l’émergence de nouvelles normes de conduite dans la société curiale-absolutiste de la Renaissance, leur adaptation à la bourgeoisie, leur diffusion dans les populations citadines au XVIIIe »19. Ce recours à l’auteur d’une « sociologie historique » dont les études sur le processus de civilisation20 imprègne explicitement ou non bien des textes de P. Bergounioux, constitue un modèle narratif majeur.
13Comme Elias, auquel il renvoie encore dans L’Héritage, lors d’un dialogue avec son frère Gabriel, P. Bergounioux brasse une large période historique. Celle d’Elias va d’environ 800 à 1900 de notre ère. L’écrivain l’étend plus encore, en amont comme en aval. En amont pour y inscrire l’homme préhistorique, ou son héritier immédiat des temps archaïques ; en aval jusqu’aux années Soixante, parce que les mutations, en Corrèze, se firent plus lentes qu’ailleurs et n’atteignirent ces lointaines périphéries du centre qu’avec la mécanisation des campagnes. Mais c’est là un modèle dont P. Bergounioux semble souligner l’envers ou l’ombre portée. Car si Elias mesure des « métamorphoses », et les explique, P. Bergounioux, qui en reprend le cours, insiste apparemment en revanche sur des « permanences »: « Un monde archaïque, à peu près autarcique, intact, apparemment, persistait aux portes des agglomérations. Dès qu’on s’en écartait, on retrouvait l’immobilité séculaire d’un terroir auquel la polyculture conférait une aménité riante, nourricière »21.
14Chez lui, le temps long semble d’abord être celui de l’immobilité : « [J]’ai connu d’assez près quelques personnages de la société agraire traditionnelle qui a tenu le pays pendant deux millénaires […] On croisait des silhouettes qu’on aurait dit sorties de manuscrits enluminés des temps mérovingiens, des infirmités éclatantes, des pieds bots, des becs de lièvres, des bouches crénelées, des idiots paisibles qu’on plaisantait, qu’on aimait bien »22. Nous ne sommes pas loin, ici, d’une sorte de passage à la limite, qui excèderait le principe historique des Annales elles-mêmes, comme s’il s’agissait, plus radicalement encore, d’évoquer « une société sans histoire ». La permanence des choses fournit à l’écrivain un principe explicatif aux observations qui sont les siennes. C’est de là que vient, entre autres, cette résurgence sous la plume de P. Bergounioux d’une théorie des climats dignes de Montesquieu, telle qu’elle est aussi reprise par Vidal de la Blache : « pour des raisons qui tiennent à la conformation du sol, à l’emprise, sur notre brève saison, des âges géologiques, de nos vies antérieures, c’est vers le midi que nous penchions » lit-on dans Univers préférables23. Sociologue donc, P. Bergounioux s’affirme ainsi ethnologue : attentif à ces « tribus » singulières, qu’avec Marx il appelle « arriérées » : restées en arrière du développement et du progrès. Si bien que nous voyons se dessiner là le portrait d’un écrivain aussi anthropologue qu’historien, du moins praticien d’une « forme littéraire d’anthropologie historique », si une telle discipline peut se faire le creuset où réunir les approches partagées par ces diverses sciences humaines et sociales.
15Pensons aux discussions entre Histoire et Anthropologie que menaient dans les années Soixante, au moment donc de la formation intellectuelle de P. Bergounioux, Fernand Braudel et Claude Lévi-Strauss, au profit d’un possible rapprochement de leurs disciplines respectives. Braudel considérait que « toutes les sciences de l’homme sont contaminées les unes par les autres. Elles parlent le même langage, ou peuvent le parler ». Dès lors, continuait-t-il, « comment l’anthropologie se désintéresserait-elle de l’Histoire ? Elle est la même aventure de l’esprit, comme aime à le dire Claude Lévi-Strauss ». Lequel arguait de son côté que « le grand livre d’histoire est un essai ethnographique sur les sociétés passées ». De ces échanges est née l’anthropologie historique dont P. Bergounioux offre une version littéraire articulée au présent.
Dynamique d’écriture : la narration accélérée de l’Histoire
16Au carrefour de ces disciplines, P. Bergounioux ne s’en tient cependant pas à la permanence des choses. Il mesure aussi, sinon plus, une accélération qui les emporte in fine, dans ce temps qui fut le sien, qui est le nôtre. « Je sais bien qu’il s’est produit, dans l’intervalle, quelques événements » écrit-il dans Un peu de bleu avant de résumer en une page la conquête romaine, les Goths et les Alains, Edouard III, cinq siècles de torpeur et l’arrivée des « Boches »24. De même dans Back in the sixties, un vaste survol de l’Histoire emmène le lecteur en deux pages à peine de Spartacus à la Révolution de 1917 via Robespierre, puis se résume d’un seul paragraphe, que voici : « L’Histoire alors se mue en légende. Des gladiateurs révoltés, des bourgeois radicaux, éloquents, emperruqués, poudrés à blanc, des intellectuels apatrides d’Europe orientale cristallisent l’attention de la planète »25.
17On a bien entendu : « L’Histoire se mue en légende ». C’est ce qu’il faut lire – legenda – et donc « écrire ». En faire récit. En accéléré. Voilà ce à quoi se livre Bergounioux, quitte à accélérer encore : « César obtient le proconsulat de la Gaule cisalpine et de la Narbonnaise. C’est alors, en 58, que débute la période agitée qui prendra fin, deux mille ans plus, à la libération de Paris »26. Raccourci plutôt saisissant, pour qui tient par ailleurs discours sur des provinces endormies depuis des millénaires. Dès lors l’ancrage « scientifique » du texte dans une réflexion fondée sur les sciences sociales paraît s’infléchir : si l’histoire se fait légende, si le récit substitue l’image (« bourgeois […] emperruqués, poudrés à blanc ») et la vitesse, digne d’un accéléré cinématographique, sur l’articulation conceptuelle des mutations socio-historiques, c’est peut-être que la « méthode » ne vise pas tant – ou pas seulement – à quelque légitimation scientifique mais à un effet narratif qu’il convient d’envisager comme tel.
18Il est en effet une autre façon d’aborder ces préludes et prologues des textes de P. Bergounioux : selon leur motivation narrative, poétique, voire leur esthétique. Il y a là comme une prise d’élan, plus exactement : un élancement du texte. Une montée en puissance. Une « dynamique » de l’écriture, où l’on retrouve le titre français du second tome de l’essai majeur d’Elias, Wandlungen der Gesellschaft (Métamorphoses de la société), La Dynamique de l’Occident, dont la traduction est parue en France en 1975. Nul doute en effet que ce « processus de civilisation » postulé par Elias dans un temps long séduise la pensée de P. Bergounioux, bien plus que l’insistance de l’écrivain sur la permanence pouvait le donner à penser. Aux yeux d’un écrivain, Elias a en effet le mérite de fournir les moyens de « raconter » l’Histoire, en mettant l’accent non sur la succession des pouvoirs et des gouvernements mais sur l’évolution de la communauté sociale, de ses classes opposées ou rivales : de tels récits permettent de constituer la « geste » de l’Histoire « en tant que telle ».
19Cette « geste », P. Bergounioux la traite à la manière d’une fresque, qui le conduit à son objet. Frappant est à cet égard l’incipit d’Une Chambre en Hollande, évoqué ci-dessus. Il s’agit d’arriver à Descartes : ce sera à travers druides et Gaulois, romains vainqueurs de Carthage puis défaits, fondements originels suivis d’une accélération brutale. Ce type de récit accéléré est fréquent sous la plume de P. Bergounioux. Son effet est radical, comme dans ce passage de Back in the Sixties : « On connaît la suite, le reflux de Thermidor et l’Empire. Plus tard, les journées de février 1848 puis celles, sanglantes, de juin avant le coup d’état du 2 décembre 1851. Puis la Commune de Paris et le mur des Fédérés, octobre 1917 et les bouffons, les assassins que le capital industriel et financier hisse sur les estrades pavoisées de faisceaux et de croix gammées. L’histoire bat la chamade »27.
20Nous voilà bien loin des permanences agraires, que soulignent tant d’autres romans et récits de l’auteur. « L’histoire bat la chamade », le texte prend de la vitesse. Le « processus » emprunté à Elias l’emporte sur la « permanence ». Plus même le temps de décrire, à peine celui de dire. Enumération d’événements, concaténations de dates, scansions d’un irrépressible élan. Ce n’est plus alors le temps long des Annales, qui est, lui, sans événements et sans dates. Au contraire, c’est la bousculade des unes et des autres : « le mur des Fédérés, octobre 1917 » à peine séparés d’une virgule : qui date quoi ? On ne sait plus, cela va trop vite et voilà déjà que « des voix s’élèvent pour proclamer que l’histoire a pris fin, son cœur a cessé de battre »28.
Une narration épique
21La vitesse même de ces passages textuels, leur allant, en font un texte épique. Tout au moins un texte qui se modélise sur l’épique, qui en emprunte la vigueur, la nostalgie peut-être. Jean-Claude Pinson avait déjà, à propos de P. Bergounioux, risqué la notion de « poésie épique »29. Le critique y revient dans son dernier ouvrage critique, Poéthique. Une auto-théorie : « Il m’a toujours semblé qu’une veine épique galvanisait en sourdine les livres de Pierre Bergounioux »30. Je souscris pleinement à cette idée, mais moins à la démonstration faite par le critique, qui me semble adopter un point de vue trop restreint. Deux points dominent sa réflexion : 1. P. Bergounioux appartiendrait à cette génération « en mal d’épique, marqué(e) […] par la mélancolie d’être arrivé(e) trop tard pour être de ces temps héroïques »31 que furent les engagements résistants de la Seconde Guerre mondiale, et qui aurait reconverti sa propre désillusion politique (l’échec de la « révolution de 68 ») dans une littérature qui satisfasse « ce désir où nous sommes d’une narration où l’élément épique ait sa part, où l’expérience que nous avons traversée, transposée bien sûr, transmuée, trouve à se dire »32 ; 2. Témoigne selon Pinson de cette pulsion épique un récit de P. Bergounioux isolé dans son œuvre : « B-17G est sans nul doute le livre où cette dimension est la plus présente. Au point qu’on pourrait être tenté de le tenir, dans l’ensemble de l’œuvre, pour un hapax »33.
22Je serais plus nuancé sur le premier point : la dimension épique ne me paraît pas caractériser de manière aussi nette l’ensemble de la production littéraire de cette « génération ». Mais c’est un autre débat qu’il n’y a pas lieu de développer ici. Sur le second en revanche, j’adopterais un point de vue plus large. Car l’épique ne se réduit pas chez P. Bergounioux à sa seule réalisation « thématique », celle d’un combat, comme dans le récit mentionné : il relève d’une « mise en œuvre narrative », celle justement qui se mesure à amplitude de la perspective historique et à sa narration accélérée. Pinson, élargissant lui-même son propos, souligne que, dans B-17G, « la narration du haut fait est au centre du récit […] alors que dans beaucoup d’autres livres l’évocation épique n’est présente que sous forme de bribes dispersées qui viennent de-ci de-là ponctuer le caractère sensible ou réflexif du propos »34. Je considère au contraire que « toutes » les évocations historiques de P. Bergounioux adoptent ce caractère « formel » de la narration épique. Non parce qu’elles raconteraient les combats de l’Histoire (encore que…), mais par l’élection de scènes agonistiques comme autant de scansions de l’Histoire, par l’amplitude de leur mise en perspective et par le rythme accéléré qu’elles donnent à l’Histoire.
23Plus encore, P. Bergounioux n’est pas seulement épique par le rythme, il l’est aussi selon les autres caractéristiques définitoires de l’Épopée : sur le plan stylistique d’une part, dont le lexique fait souvent appel à un registre de la lutte et de l’affrontement (caractéristique d’une idéologie à laquelle il souscrit, fondée sur la lutte des classes et les oppositions socio-politiques), sur le plan d’une certaine narration philosophique de l’Histoire qui fait de celle-ci le récit de la fondation d’une communauté sociale. P. Bergounioux rassemble dans ces textes les paramètres d’une telle fondation : un territoire, un peuple, une action. Si ses textes ne chantent pas « les armes et le héros », ils sont bien la geste d’un lieu, d’un monde et des temps qui l’ont constitué.
24Or, chacun le sait bien, la littérature française moderne et contemporaine a renoncé au récit épique. C’est même là l’un de traits saillants de notre moment esthétique, de notre « historicité » selon le terme de François Hartog, trait qui distingue notre littérature des littératures francophones, plus jeunes, lesquelles sont encore dans cette période de fondation qui suppose le recours aux sagas et aux récits épiques. La puissance critique de la modernité occidentale a ruiné le modèle épique de ses contestations. Les épopées du premier XXème siècle sont des épopées échouées (voyez L’Espoir de Malraux). Aucun des récits et romans de la seconde guerre mondiale n’emprunte ce modèle, bien au contraire (que l’on pense à Claude Simon). Et la littérature strictement contemporaine n’en a pas relevé le modèle, sinon de manière très marginale dans la fantasy et la science-fiction35.
25La mise en œuvre d’une narration accélérée du temps long permet à P. Bergounioux de renouer avec l’épopée, fût-ce de manière rétrospective. De redonner du souffle à la littérature, d’en animer le cours, d’en restituer le flux. C’est là sans doute que P. Bergounioux récupère non seulement quelque chose de la conceptualisation marxiste du temps long, une idéologie historiographique, donc, comme je viens de le montrer, mais aussi la forme même, esthétique et sensible, de l’enthousiasme qui l’anime. Ce mouvement des peuples, dans un temps qui semble avoir fait son deuil de leur capacité à changer le monde, il est bon de le remettre en scène. Marx lui-même en a du reste donné un exemple, que revendique l’écrivain : la figure de l’agent économique contemporain écrit-il « succède à d’autres qui occupèrent, quand ce fut le moment, le devant de la scène – latifundiaires, patriciens, barons, maître de jurande, bourgeois manufacturiers de la grande industrie et de la finance –, pour reprendre “l’énumération fulgurante” du jeune Marx dans son Manifeste »36. Notons que ce récit épique est sans héros. Marxiste, il l’est jusque dans sa forme esthétique : c’est une communauté en marche, jamais une collectivité subsumée dans la figure d’un seul. Ou bien c’est la communauté qui est le héros. C’est le peuple en marche.
26On a souvent parlé de l’attention extrême portée par P. Bergounioux aux petites gens, au détail des vies. Mais son écriture ne se réduit pas à cette stase déshistoricisée. Elle est vigoureuse, violente parfois. Et si l’on a pu, avec Jean-Pierre Richard, mettre l’accent sur la poétique de la métonymie qui la caractérise, lorsque l’écrivain développe d’abord les sensations perçues avant de nommer l’objet qui les suscite, cette poétique du suspens phénoménologique ne prend sa puissance que dans son articulation à une cinétique qui en constitue le contrepoint. Une cinétique – on l’observera – qui ne dément pas le privilège accordé à la métonymie, comme le montre le recours à l’image des « bourgeois emperruqués » pour désigner le Tiers Etat révolutionnaire décidé à s’emparer du pouvoir tenu par l’Aristocratie.
27Cette poétique cinétique n’est pas pure nostalgie d’une forme épique disqualifiée. Elle s’informe aussi de modèles très modernes, qui tiennent justement de techniques cinématographiques. Elle fait image, elle use du montage accéléré à la manière des grands noms du cinéma, Griffith, Gance ou Eisenstein, ou plus encore de ces expériences de cinéma biologique de John Ott ou de Peter Greenaway, qui montrent en accéléré le développement d’une plante ou la décomposition d’un cadavre. Car l’épilogue du temps long est parfois aussi celui de la caducité en marche, de l’effacement, qui reconduit le temps historique à son origine archaïque, comme ces forts et casemates dont Le Bois du Chapitre dit que « le poing de fer qui les a martelés a comme parachevé leur principe fossile, leur existence chtonienne. Ecornés, rongés, feuilletés, sous le pilon, à l’instar de bancs sédimentaires, leur carcasse grise, herbue, a fini de se confondre avec l’écorce terrestre »37.
28Recours est aussi fait à la technique du travelling avant pour s’arrêter à une situation singulière, soudain saisie en gros plan après le long parcours qui précède : voici d’un coup au sein de la cavalcade historique, « un Russe exilé en Suisse qui lit les journaux de l’été 1914, caresse sa barbiche puis confie à ses compagnons que cette guerre est le cadeau du tsarisme à la Révolution ». Ailleurs, c’est un autre qui se rencoigne dans son poêle en Hollande. P. Bergounioux conjugue ainsi le panoptique historique et le détail microscopique, avec une telle échelle différentielle que le cinéma se trouve excédé par ses techniques mêmes.
Nostalgie des Grands Récits
29Un mot, pour terminer, de la valeur d’un tel dispositif, qui met en scène contradictoirement la longue durée, presque immobile (un temps long sans événement, quasiment sans Histoire) et la vision accélérée d’une Histoire tumultueuse, pour parvenir au surgissement non d’un événement ou d’une péripétie historique, mais d’un élément singulier, présenté comme décisif, fondamental et même fondateur : car ces perspectives cavalières aboutissent très souvent à la posture d’un homme rencogné dans sa chambre, Descartes, Pascal, Hegel, Marx, Lénine. L’immobilité des choses et l’affrontement des peuples, cette tectonique des plaques humaines, ne prend son sens neuf qu’à l’avènement d’un penseur. Ou, pour le dire autrement, c’est la pensée d’un homme qui subsume le monde inchangé des choses, qui intervient sur son cours et l’oriente différemment. Ce que signe alors l’avènement de cette figure est double : intellection et lucidité envers les choses et leur cours séculaire sinon millénaire, impact de la pensée sur le monde.
30Intellection d’abord : cette lucidité singulière qui fait basculer le temps dans l’Histoire reprend un paradigme majeur de la pensée, celui qui sépare la Préhistoire de l’Histoire, dont P. Bergounioux semble rejouer constamment l’irruption. Manière sans doute de refonder l’écriture dans son origine, qui la situe et la constitue entre un « avant » et un « avènement » : celui d’une pensée qui englobe le monde. Tel est chez P. Bergounioux, le mouvement de l’écriture, une captation lucide de l’ensemble des choses, capable de les articuler entre elles, d’en faire la « narration » en s’informant des sciences sociales qui permettent de les « comprendre » et de les dire. Le terme importe. L’écriture de P. Bergounioux est « compréhensive », dans les deux sens du mot : elle déploie sa faculté de compréhension, mais surtout elle embrasse dans sa phrase tout le déploiement des siècles et des mondes.
31Impact de la pensée ensuite : dès lors, on quitte le mouvement « naturalisé » de l’Histoire pour entrer dans l’action. Si Descartes a séparé l’esprit de l’étendue, Marx dans les Thèses sur Feuerbach a rétabli la puissance de l’esprit sur le monde, bientôt suivi par Lénine qui s’interroge Que Faire ? et qui répond. Aussi est-ce bien à une épopée historique de l’esprit humain que nous invite P. Bergounioux. Et ce, dans ses diverses dimensions : philosophique, politique mais aussi scientifique et technologique. Des noms sont là disposés, penseurs, inventeurs, dont l’intelligence a changé le monde.
32Que conclure d’un traitement si singulier de l’Histoire ? J’y vois la manifestation troublée et mal résignée d’une nostalgie des Grands Récits. Non seulement parce que P. Bergounioux ne cesse d’y faire référence, de croire encore à leur narration conceptuelle, à leur vertu d’émancipation, mais plus encore parce que son écriture en fait survivre l’épopée sociopolitique. Ne serait-ce pas avoir manqué de récits, justement, que ces enthousiasmes se sont perdus, que la collectivité sociale se défait en communautés autonomes, repliées sur elles-mêmes, en individualismes exacerbés ? L’ouverture d’un texte de l’écrivain significativement intitulé Le Récit absent le dit avec force. « Il n’est pas de péril qu’on ne brave pour accomplir un rêve formé, cinq mille ans plus tôt, dans les casernes d’esclaves des empires hydrauliques, hasardé, en l’an 70, avec Spartacus, sur le terrain de le réalité où il finit crucifié, repoussé dans sa nuit jusqu’en 1871 que le peuple de Paris instaure une Commune de cent jours, laquelle s’achève, selon son antique habitude, dans le sang, au Père-Lachaise, contre le mur des Fédérés »38. Suivent vingt pages de récit épique dont Lénine est le héros, puis un second chapitre qui enchaîne sur La Chanson de Roland.
33À vrai dire, la nostalgie historique de P. Bergounioux est bifide. C’est, d’une part, celle des temps immobiles de l’enfance, que l’on voudrait n’avoir pas quittés, où l’âme pouvait se faire végétale, avant que Descartes ne vienne briser le rêve d’une harmonie indifférenciée – et celle d’une relance de l’Histoire, non pas celle qui détruit, mais celle des « enthousiasmes », éclairés et bâtisseurs. Tel est le « souffle » qui met en branle la phrase, celui sur lequel elle s’appuie et que, ce faisant, elle restaure, sachant bien que sans doute il n’est plus.
34Mais quand même.
Notes de bas de page
1 Voir Dominique Viart, Pierre Bergounioux et les « heures anciennes », « Dix-neuf/vingt », 2, oct. 1996, p. 215-232.
2 Voir à ce sujet : Sylviane Coyault, La Province en héritage : Pierre Michon, Pierre Bergounioux, Richard Millet, Droz, Genève 2002 ; Marie Thérèse Jacquet, Fiction Bergounioux. De Catherine à Miette, Edizioni B.A. Graphis, “Marges critiques/Margini critici”, Bari 2006.
3 Pierre Bergounioux, Un peu de bleu dans le paysage, Verdier, Lagrasse 2001, p. 57
4 Ibid., p. 55.
5 Pierre Bergounioux, Bon Dieu !, in Dominique Viart (éd.), Claude Simon, maintenant, « Cahiers Claude Simon », 2, 2006, p. 31.
6 Pierre Bergounioux, Le Grand Sylvain, Verdier, Lagrasse 1993, p. 30.
7 Pierre Bergounioux, La Casse, Fata Morgana, Saint Clément de Rivière 1994, p. 17.
8 Pierre Bergounioux, Back in the Sixties, Verdier, Lagrasse 2003, p. 44.
9 Fernand Braudel, Écrits sur l’histoire, Flammarion, Paris 1985, p. 13.
10 François Simand, Méthode historique et sciences sociales (1903), repris dans la revue « Annales, Économies, Sociétés, Civilisations », 1, janv.-fév. 1960, p. 83-119.
11 Fernand Braudel, Histoire et Sciences sociales. La longue durée, « Annales. Économies, Sociétés, Civilisations », 13e année, 4, 1958, p. 725-753.
12 Sylviane Coyault, La Province en héritage. Pierre Michon, Pierre Bergounioux, Richard Millet, cit., p. 229 et sq.
13 François Dosse, L’histoire en miettes : des Annales à la « nouvelle Histoire », La découverte, Paris 2005, p. 24.
14 Pierre Bourdieu, Reproduction interdite. La dimension symbolique de la domination économique, « Études rurales », 113-114,1989, p. 15-36, repris dans Le bal des Célibataires, Crise de la société paysanne en Béarn, Seuil, Paris 2002.
15 Pierre Bourdieu, Esquisse pour une auto-analyse, Raisons d’agir, Paris 2004, p. 85.
16 Pierre Bergounioux, Un peu de bleu dans le paysage, cit., p. 27.
17 Ibid., p. 15.
18 Ibid., p. 16.
19 Ibid., p. 15.
20 Norbert Elias, Über den Prozeß der Zivilisation (1939).
21 Pierre Bergounioux, Univers préférables, Fata Morgana, Saint Clément de Rivière 2003, p. 14.
22 Pierre Bergounioux, Un peu de bleu dans le paysage, cit., p. 23.
23 Pierre Bergounioux, Univers préférables, Fata Morgana, Saint Clément de Rivière 2003, p. 9.
24 Pierre Bergounioux, Un peu de bleu dans le paysage, cit., p. 82-83.
25 Pierre Bergounioux, Back in the Sixties, cit., p. 13.
26 Pierre Bergounioux, Une Chambre en Hollande, Verdier, Lagrasse 2009, p. 9.
27 Pierre Bergounioux, Back in the Sixties, cit., p. 46.
28 Ibid., p. 48.
29 « [S]’invente aujourd’hui une sorte de poésie épique, celle qu’illustrent des auteurs comme Pierre Bergounioux, François Bon, Pierre Michon ou Antoine Volodine » (Jean-Claude Pinson, Sentimentale et naïve, Champ Vallon, Seyssel 2002, p. 186).
30 Jean-Claude Pinson, Poéthique. Une auto-théorie, Champ Vallon, Seyssel 2013.
31 Ibid., p. 216.
32 Ibid. p. 217.
33 Ibid.
34 Ibid., p. 218.
35 Voir Cédric Chauvin, Référence épique et modernité, Honoré Champion, Paris 2012.
36 Pierre Bergounioux, Back in the sixties, cit., p. 11 (C’est moi qui souligne).
37 Pierre Bergounioux, Le Bois du Chapitre, Théodore Balmoral, Orléans 1996, p. 50.
38 Pierre Bergounioux, Le Récit absent, Argol, Paris 2010, p. 10.
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