Les drogues comme forme de vie : pour une sémio-narcotique
p. 203-212
Texte intégral
Les drogues nous ennuient avec leur paradis.
Qu’elles nous donnent plutôt un peu de savoir.
Henri Michaux,
Connaissance par les gouffres.
1. Un sujet « excessif »
1Ce travail s’inscrit dans une réflexion sur la possibilité d’une étude sémiotique du social à travers l’analyse de ses dimensions esthésique et esthétique. La perspective choisie, déjà explorée depuis un certain temps par la sémiotique, est celle d’une sémiotique du quotidien et des formes de vie. Dans ce sens, le comportement – ou la forme de vie – que nous voulons explorer se révèle, sous l’apparence d’une simple déviance ou pathologie, comme une véritable quête esthésique et esthétique mais également, comme nous nous efforcerons de le démontrer, épistémologique. Certes, on pourrait objecter que le « cas social » qui nous occupe n’est qu’un « simple dérèglement de la perception »– selon l’expression de Greimas – et par conséquent ne saurait constituer une forme de vie dans le sens où celle-ci exigerait une recherche et une construction du sens de la part du sujet. Cependant, comme poursuit Greimas, « il ne s’agit pas pour nous de statuer sur des causalités, mais de décrire un phénomène à effets étranges, retentissants1 » qui, dans le cas que nous allons examiner, présuppose en effet une dimension narrative et stratégique, intentionnelle et non seulement accidentelle ou dépendante des « effets » non contrôlables des drogues. Dans ce sens, cette quête d’une connaissance à travers le sensible se situe dans une logique d’« auto-apprentissage » et non de « fracture » ou d’« accident »2. Il ne s’agit donc pas d’événements exceptionnels et inattendus mais d’une sorte de construction d’un savoir complexe, d’une quête, cognitive et pragmatique, des effets sensibles et esthétiques.
2Il existe donc une forme de vie – un comportement social particulier – qui, en raison de sa régularité et de sa stéréotypie, devient un style de vie reconnaissable comme tel : c’est la dépendance, la toxicomanie, ou tout simplement l’accoutumance à certaines drogues. Il s’agit d’un comportement privé, individuel, mais qui devient un type social, public, une pratique productrice de sens qui n’est explicable que dans l’interaction avec le monde et avec les autres sujets. Ainsi envisagée, cette pratique est un objet susceptible d’être analysé dans une perspective socio-sémiotique et anthropologique, et non exclusivement psychologique.
3Le plus souvent, on ne conçoit pas ce genre de comportement comme un mode d’être au monde mais comme le produit d’un sujet affranchi des normes sociales et dont la seule dimension à étudier serait celle de sa psychologie. Sujet « diminué » aux yeux de beaucoup, il se voit généralement réduit à ne pouvoir endosser que le rôle d’objet médical, voire juridique. En réalité, celui qui utilise des drogues est habituellement perçu comme un simple non-sujet, comme si le statut de sujet, aussi bien individuellement que socialement, avait disparu. Dépourvu de tout ce qui conforme un sujet, il serait devenu l’objet d’un sujet beaucoup plus puissant que lui, la drogue, face auquel il n’aurait d’autre possibilité que de se soumettre à ses caprices. Voilà la situation de ce « pauvre type » : objet de la drogue, des services sociaux et des experts psychiatriques, il n’est ni sujet social ni sujet individuel. Ainsi, il apparaît comme un « sujet », s’il mérite encore ce nom, complètement démodalisé, démuni de tout /vouloir/, /devoir/, /savoir/ et /pouvoir/ faire ou être. De manière générale, sujet de tout le monde sauf de soi-même, il est présenté comme un « impuissant », incapable d’accomplir une quelconque action, un quelconque parcours narratif et discursif. Et ça ne finit pas là car, non seulement inapte à devenir un sujet pragmatique, il ne parvient même pas à se constituer en sujet du pâtir : apparemment ataraxique, hors de portée des passions, il ne serait en mesure d’éprouver quoi que ce soit. De là vient qu’on le présente toujours sous la forme de la « déficience » et qu’il représenterait dans cette perspective l’image même de la défaite du « sujet ».
4Et pourtant. De nombreux récits des pratiques d’utilisation de différentes drogues comme moyen d’accès à la connaissance et moyen d’action sur le monde attestent, chez beaucoup de peuples, exactement du contraire. Pourquoi alors refuserait-on dans notre culture ce qu’on considère comme « normalisé » dans des cultures dites primitives ? Nous considérons par conséquent qu’il faudrait étudier les récits et les pratiques des utilisateurs de drogues dans notre culture avec les mêmes critères théoriques et méthodologiques qu’on applique à l’analyse de n’importe quel autre discours. Notre hypothèse est que, malgré les effets « désagrégeants » produits par les drogues, le consommateur de ce genre de substances est un véritable sujet, de plein droit, sémiotique, modalisé, et on pourrait même affirmer que son vrai problème est, à l’opposé, celui d’être un sujet doté d’« excès modal »3. Il est en mesure de réaliser des programmes narratifs d’une grande complexité stratégique et il n’est en rien un sujet ataraxique. En réalité, nous assumerons qu’il s’agit d’un sujet extrêmement « occupé » du point de vue pragmatique, cognitif et sensible : « Pour se plaire à une drogue, il faut aimer être sujet. Moi je me sentais trop de corvée4. » Loin d’être un sujet passif et absent, il nous semble au contraire que le consommateur de drogues est très souvent un sujet à l’affût de ses propres procès sensoriels et cognitifs et très attentif à eux. Il s’observe et s’écoute en véritable épistémologue en réalisant un travail d’analyse approfondie de son être et de ses sensations. Cet « épistémologue » est un fin observateur et connaisseur de la perception, accomplissant ainsi une synthèse du sensible et l’intelligible.
5Mais la dimension « intérieure », perceptive et sensorielle, n’est pas la seule marque de l’expérience de la drogue, puisque dans ce cas on ne pourrait pas parler de forme de vie. Il existe une autre composante importante, sociale et intersubjective, c’est-à-dire un mode d’agir dans le monde et d’interagir avec les autres sujets qui caractérise cette expérience et qui nous permet de dire qu’il y a là un véritable style de vie, de style social, dépendant naturellement du type de drogues consommées. On sait que chaque drogue implique des styles et des attitudes aussi bien individuelles qu’intersubjectives très différentes, dont le consommateur est bien conscient et qu’il prend en considération quand il choisit telle ou telle drogue. D’où l’absurdité de parler des drogues au pluriel et la nécessité de parler chaque fois d’une drogue en particulier, avec un type particulier de sensations, de perceptions et de passions, et avec un mode d’être au monde propre. Ce style de vie prend la forme d’une certaine esthétisation souvent manifestée par une très grande ritualisation. Par ailleurs, il y a des styles de drogues qui correspondent à des comportements fortement stéréotypés (à une certaine drogue correspond un conduite, que son utilisateur est obligé de chercher et d’une certaine manière de respecter) et à des modes d’intersubjectivité et du social différenciés. Un certain goût pour le secret – pas uniquement pour des raisons évidentes étant donné son caractère illégal – et pour la disjonction, pour la distinction, caractérise l’habitué des drogues, allant parfois jusqu’à prendre la forme d’un indéniable dandysme5. Finalement, comme nous le verrons plus en détail, une constante activité d’auto-observation et d’observation de qui partage la même activité caractérise cette conduite. L’oscillation entre le soi, l’individuel, et le social définit l’univers des drogues, ce qui donne à celles-ci un statut singulier de « passeur » entre les deux dimensions. Elles relèveraient alors d’une socio-sémiotique des styles de vie et des passions, et en même temps d’une sémiotique de la connaissance et de la sensation. En quelque sorte, les drogues constituent un « fait sémiotique total ».
2. Avatars narratifs et cognitifs
6La drogue est un grand instrument de programmation narrative. Une des caractéristiques des fidèles de n’importe quelle drogue (ou substance du même ordre) est que chaque action pour satisfaire le besoin du produit en question est l’excuse pour enclencher un programme narratif (« Donde la necessità in cui mi trovai di procurarmene da me delle altre [cigarrette]. Così avvenne che rubai6 »), un véritable récit plein d’obstacles, d’aventures et de passions, lequel devient souvent le programme narratif de base, car c’est justement la forme de vie qui est parfois plus importante que la consommation elle-même. Les drogues ainsi organisent le temps, en lui octroyant un sens (signification et direction). Quiconque fume, a arrêté de fumer ou essaie d’arrêter de fumer sait combien le tabac attribue du sens au temps et combien il est difficile de se passer de l’organisation et de la scansion du temps que le tabac procure. Le tabac, comme toutes les drogues, aspectualise le temps, l’espace et les actions : on peut passer une vie à fumer la dernière cigarette, des milliers de dernières cigarettes, comme Zeno ; on commence à travailler juste après une cigarette, ou l’on en prend une petite dernière avant de rentrer.
7Mais revenons à notre consommateur épistémologue. Pourquoi parler d’épistémologue et non pas, tout simplement, d’observateur ? Parce qu’il se livre à un travail presque scientifique, comparatif, évaluateur : « C’est toujours le cerveau qui prend les coups, qui observe ses coulisses, ses ficelles, qui joue petit et grand jeu, et qui, ensuite, prend du recul7. » Toute expérience d’une drogue passe non seulement par un logique apprentissage pratique, mais surtout par une sorte de formation et de sensibilisation aux effets des substances. Le sujet doit apprendre à sentir et aussi à analyser ce qu’il ressent et, pourquoi pas, comme les Indiens qui prennent de l’ayahuasca, à diriger et à contrôler ses impressions et ses sensations. Tout passe donc par un savoir-faire, mais aussi par un savoir-être. Le sujet vise certains effets qu’il prévoit et qui, selon un savoir préalable fait de ses propres expériences et de récits d’autres utilisateurs, doivent-être comme cela. Il en découlera des formes passionnelles différentes, selon que les résultats sont conformes à ce qu’il attendait ou pas. Howard Becker, dans son travail classique sur la sociologie de la déviance, affirme qu’« au fur et à mesure que son expérience s’étend, le fumeur développe sa capacité d’apprécier les effets de la drogue et continue d’apprendre à “planer”. Il analyse minutieusement ses expériences successives, guettant de nouveaux effets tout en s’assurant que les anciens se produisent toujours. Ce processus engendre un système stable de catégories qui structurent la perception des effets de la drogue et permettent au fumeur d’accéder facilement à un état d’euphorie. L’acquisition de ce système de catégories transforme l’utilisateur en connaisseur8 ». Un des traits communs à la maladie et aux drogues, ce n’est pas le fait que celles-ci soient une sub-catégorie de celle-là, comme on l’affirme souvent, mais le fait que le sujet de l’une et des autres devient un profond et parfois même excessif observateur de soi-même, de son corps, ce qui dans un cas mène à l’hypocondrie et dans l’autre à la paranoïa. Pour cette raison, il est absurde de parler des drogues comme d’une disparition du sujet. C’est donc plutôt le contraire, un « excès de sujet », qui caractériserait les expériences avec les drogues. Toute personne qui les pratique passe son temps à essayer d’en déceler le moindre symptôme et effets : « On quittait si peu l’homme. On se sentait plutôt pris et prisonnier dans un atelier du cerveau9. »
3. Un style perceptif
8L’analyse des drogues comme forme de vie ne saurait se limiter, comme on l’a dit plus haut, à des considérations générales sur « les » drogues, car, malgré les constantes sémantiques et syntaxiques communes à toutes, chacune crée un univers sémiotique différent et dans une grande mesure autonome générant une forme de vie particulière, dotée de structures modales, narratives, perceptives, passionnelles et communicatives. Nous avons choisi d’étudier un cas précis, celui de la mescaline, décrit par Henri Michaux dans Connaissance par les gouffres et dans Misérable miracle. Plus concrètement, il s’agit d’étudier la dimension perceptive et sensible de cette drogue. Nous essaierons de démontrer l’existence, sous un désordre apparent, d’une cohérence du style perceptif produit par cette substance. Cette unité de style se manifeste par des structures figuratives, figurales, modales et aspectuelles récurrentes, isotopiques, qui articulent, en lui donnant une homogénéité, l’expérience de la drogue. Le cas de Michaux est celui d’une quête de la connaissance du sensible provoquée par les drogues ; il réalise un véritable travail d’analyse de la dimension sensible et de la perception. Dans le cas de la mescaline, qui partage avec d’autres drogues comme le haschich beaucoup de ses caractéristiques, l’univers perceptif décrit et analysé est marqué par la multiplication et par l’instabilité, et cela à plusieurs niveaux.
9Ce qui définit aussi bien l’univers modal que les modes d’existence produits par la mescaline est la « tendance ». La « tendance », qui selon le Petit Robert serait « ce qui porte à être, à agir, à se comporter de telle ou telle façon », est, pour Michaux, la seule forme d’existence de tout ce qui est perçu sous l’effet de la mescaline, et aussi du haschich. C’est dire que ces « tendances » ne se réalisent jamais, elles restent toujours en l’état imperfectif du possible. Le mode d’existence du perçu est toujours virtuel, tout est de l’ordre du « sur le point de », du pouvoir-être :
qu’il peut arriver quelque chose, qu’il peut arriver beaucoup de choses, qu’il y a foule, qu’il y a grouillement dans le possible, que toutes les possibilités sont atteintes de fourmillements […]. C’est « pourrait » qui compte, cette prodigieuse poussée de possibilités devenues énormes, et qui se multiplient encore10.
Mais si par hasard le mode d’existence est sur le point de se réaliser, voici qu’il est immédiatement potentialisé :
Les images mentales sont des tendances. Un carré est une tendance à être et rester carré conformément au gabarit évoqué. Mais, dans la mescaline, l’image est un compromis entre sa tendance et la tendance ondulante ou érigeante de l’onde qui passe. Certaines images... on n’arrive pas à les évoquer, encore moins à les faire tenir plusieurs secondes, étant trop contrecarrées par des tendances plus fortes11.
10Soit le perçu reste dans le virtuel, sans jamais s’actualiser, soit, si par hasard il réussit à prendre forme, il est tout de suite, dans une métamorphose incessante, transformé :
Avant qu’une pensée ne soit accomplie, venue à maturité, elle accouche d’une nouvelle, et celle-ci à peine née, incomplètement formée, en met au monde une autre12.
11Comme nous le verrons plus tard, cette morphogénèse continue ne permet pas l’investissement d’une quelconque valeur dans les objets, ce qui provoque une sorte d’indécidabilité dans le choix et d’incapacité de jugement et par conséquent de programmation narrative possible. Cette déréalisation prend des formes figuratives fugitives, évanescentes :
Ruines : Vision de ruines, de monuments prêts à s’effondrer, que
toutefois personne jamais ne vit tomber en ruine13.
12Le régime aspectuel du monde tel qu’il se présente au sujet est donc celui d’un éternel inchoatif. Rien ne peut être accompli, finalisé, achevé :
Cessation du fini, du mirage du fini, de la conviction illusoire qu’il existe du fini, du conclu, du terminé, de l’arrêté […] un infini traversier, débordant, magnifique annulateur et dissipateur de tout « circonscrit », lequel ne peut plus exister14.
13L’émiettement et la prolifération des images et des sensations, de l’espace, du temps et des actants-objet, ne permettent pas qu’une quelconque unité puisse se former. Toute tentative est défendue par la discontinuité, par l’oscillation et l’alternance, aussi bien figuratives que figurales. D’une certaine façon la capacité analytique des drogues annule justement toute chance de synthèse :
Et vous rencontrez multitude. Une foule apparaît, de points, d’images, de petites formes [...] un temps qui a une foule énorme de moments […]. Multitude continue. Vibratoire, zigzagante, en transformation continuelle […]. Chaque instant, en effet, ou petit peloton de micro-instants, exceptionnellement indépendant, apparaît net, sans coulée, sans liaison ni avec le précédent ni avec le suivant15.
14En absence d’un destinateur (« la déroute du “commandement” »), la profusion figurale et figurative et son oscillation constante rendent la polarisation du jugement, et tout pressentiment de la valeur de la valeur, impossibles.
15Cette alternance n’est pas intellectuelle. Elle n’est pas de jugement.
16Vous n’êtes absolument pas plus avancé après cinquante aller et retour.
17[...] Rien n’a mûri. Vous n’êtes pas plus près d’une décision16,
18et, si le sujet parvient à statuer sur l’être de l’objet, s’impose à lui la vacuité de la valeur de ce monde fait d’objets éparpillés : « […] kyrielles de superlatifs qui ne veulent rien dire. [...] Mais le spectacle en est bien sot17. »
19C’est, selon l’expression de Michaux, « la tragédie de l’intensité », figurativisé par une lumière qui « frappe », « perce », « pénètre » ; par les formes toujours aiguës : des pics effilés, des couteaux élancés ; par le mouvement zigzagant et par des formes en dents de scie. L’excès du tempo (« circulation trop vive »), le manque de contrôle du rythme (« Malheur à qui perd son tempo »), entravent le surgissement d’une forme stable et continue. Reconnaissant l’emprise radicale de ce tempo sur les effets des drogues, « [...] toutes les drogues sont des modificatrices – habituellement accélératrices – de la vitesse mentale18 », le sujet trouve comme seul antidote à cette prolifération des formes la maîtrise du rythme, la construction d’un rythme in-corporé :
Ce qui m’avait fait le plus de bien […] ç’avait été de volontairement battre un rythme avec la main sur la boiserie près de mon lit […]. L’homme en pièces, sur toutes les routes de lui-même éparpillé, en quelques instants elle [la musique] le rassembla, et la quiétude le rejoignit avec les sons ordonnés19.
20Nous voyons donc comment, même dans une situation prétendument disparate comme celle provoquée par la mescaline, un style perceptif homogène se profile à travers tous les niveaux du parcours génératif.
21Bien évidemment, l’analyse doit aller plus loin, aussi bien en ce qui concerne l’univers particulier décrit par Michaux que, plus généralement, dans l’approche des phénomènes de transversalité du sens qui caractérisent toute pratique de drogue. Intégrées à l’analyse de la dimension intersubjective et sociale, deux grandes problématiques devraient notamment être approfondies. D’un côté, les drogues posent la question du statut de la réalité, et donc de la véridiction et des modalités épistémiques dont les réglages se présentent de manière péremptoire. De l’autre, l’analyse sémiotique se devrait de considérer, et cela nous paraît la tâche la plus urgente, la dimension figurative et plastique, la « matérialité » du monde telle qu’elle est perçue sous les effets de la drogue, et qu’elle détermine les effets de sens sensibles et passionnels logiquement associés à cette forme de sentir et d’être au monde. Quoi qu’il en soit, il nous paraît essentiel, et c’est ce que nous aimerions voir ressortir de cette analyse, que l’étude des univers de la drogue puisse se pencher sur les significations propres à ses pratiques et à ses discours, au lieu de les tenir, comme c’est souvent le cas, pour de simples épiphénomènes sans importance, traces superficielles du supposé véritable problème, à savoir les motivations psycho-sociologiques d’un tel comportement.
Notes de bas de page
1 A.J. Greimas, De l’imperfection, Pierre Fanlac, Périgueux, 1987, p. 76.
2 E. Landowski, « Pour une sémiotique du sensible », Passions sans nom, PUF, Paris, 2004, p. 49.
3 A . Ehrenberg parle à ce propos d’une « prison de la subjectivité » (L’Individu incertain, Hachette, Paris, 2003, p. 38).
4 Henri Michaux, Misérable miracle, Gallimard, Paris, 1972, p. 15.
5 Cette observation rejoint les analyses d’Éric Landowski sur les stratégies d’intégration de celui qui entend appartenir « au monde », « au milieu », mais ne dispose pas de ce qu’il faut pour y accéder. Pensons à la gêne qu’éprouve celui qui, dans un groupe consommateur de drogue, n’ose avouer qu’il n’en a jamais pris et qui, par peur d’être considéré comme out, démodé ou niais, fera tout, à l’instar du caméléon dont parle Landowski, pour paraître lui aussi habitué. Voir Éric Landowski, « Formes de l’altérité et styles de vie », Présences de l’autre, PUF, Paris, 1997, chap. II, p. 44-86.
6 Italo Svevo, La Coscienza di Zeno, Mondadori, Milan, 1988, p. 6.
7 Henri Michaux, Connaissance par les gouffres, Gallimard, Paris, 1967, p. 10.
8 Howard S. Becker, Outsiders, Métaillé, Paris, 1985, p. 74.
9 Henri Michaux, Misérable miracle, op. cit., p. 16.
10 Ibid., p. 20.
11 Ibid., p. 25.
12 Henri Michaux, Connaissance par les gouffres, op. cit., p. 92.
13 Ibid., p. 20.
14 Ibid., p. 25.
15 Ibid., ?. 11, 13, 17, 119.
16 Ibid., p. 27.
17 Ibid., p. 13-15.
18 Henri Michaux, Misérable miracle, op. cit., p. 164.
19 Ibid., p. 161-162.
Auteur
Juan Alonso Aldama enseigne à l’Université Paris IV. Ses recherches portent sur la sémiotique du discours social et politique, notamment sur la dimension stratégique et passionnelle dans les discours conflictuels. Auteur de nombreux articles, il a publié Le discours de l’ETA. Un terrorisme à l’épreuve de la sémiotique (2005).
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