1 George Steiner, Réelles présences. Les arts du sens, Paris, Gallimard, 1991, p. 39-40.
2 Ibid.
3 Marcel Proust, À la recherche du temps perdu. Du côté de chez Swann, Paris, Gallimard, « La Pléiade », 1954, t. I, p. 212.
4 Parlant de l’expérience musicale, Vladimir Jankélévitch établit une distinction importante entre l’indicible et l’ineffable. « Est indicible […], qui rend l’homme muet en accablant sa raison et en médusant son discours. Et l’ineffable, tout à l’inverse, est inexprimable parce qu’il y a sur lui infiniment, interminablement à dire. » (Vladimir Jankélévitch, La Musique et l’ineffable, Paris, Seuil, 1983, p. 93.) Voilà qui peut-être rend compte de cette désespérante exubérance qu’on éprouve à parler après la musique.
5 Saint Augustin, Les Confessions, X, XXXIII, 49, trad. Eugène Tréhorel et Georges Bouissou, Paris, Desclée de Brouwer, 1962.
6 Le sensus, la sensation, reste la partie la plus basse de l’âme, celle sur laquelle les exigences du corps font encore peser tout leur poids. Elle représente au pire un reste d’animalité en l’homme, au mieux le partage de la multitude.
7 Saint Augustin, Les Confessions, op. cit., X, XXXIII, 50.
8 Ibid., p. 33.
9 … dont le titre complet est Die Geburt der Tragödie aus dem Geiste der Musik.
10 Friedrich Nietzsche, La Naissance de la tragédie, Paris, Gonthier, 1964, trad. Cornelius Heim, p. 107.
11 Ibid., p. 159.
12 Ibid., p. 127.
13 Hugues Dufourt, Musique, pouvoir, écriture, Paris, Christian Bourgois, 1991, p. 32.
14 Friedrich Nietzsche, La Naissance de la tragédie, op. cit., p. 159.
15 Ibid., p. 105. Schopenhauer tient exactement le même langage.
16 Hugues Dufourt, Musique, pouvoir, écriture, op. cit., p. 39.
17 Platon, Phèdre, 247c.
18 Friedrich Nietzsche, Le Cas Wagner, un problème musical, dans Le Crépuscule des idoles, Paris, Mercure de France, 1899, p. 159.
19 Ibid., p. 163.
20 Descartes, par exemple, pense encore l’expérience musicale comme une succession de kola mis bout à bout, d’après lesquels l’imagination reconstitue – mais a posteriori, et dans une démarche étrangère au temps musical – « le chant tout entier comme une unité composée de multiples membres égaux… Alors, en effet, après avoir entendu les deux premiers membres, nous les concevons comme un ; ayant entendu le troisième, nous le joignons aux premiers de sorte qu’il y ait une proportion triple… Et notre imagination procède ainsi jusqu’à la fin, où elle conçoit alors le chant tout entier comme une unité composée de multiples membres égaux » (Compendium musicae, Paris, PUF, 1987, trad. Frédéric de Buzon, p. 60). Il est clair que ces kola désignent ce qui précisément distingue le langage musical du langage articulé : la place vide des mots. Aussi Descartes, se rendant bien compte de la difficulté, construit un système d’intellection secondaire et imaginative pour pallier l’absence d’un lexique musical.
21 Vladimir Jankélévitch, La Musique et l’ineffable, op. cit., p. 19.
22 Arthur Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, trad. A. Burdeau, Librairie Alcan, Paris, 1912, p. 275.
23 On trouve une représentation saisissante de l’impossibilité de cette jouissance dans René Leys de Victor Segalen. Le héros, parlant de l’empereur : « un gong que l’on touche sans frapper : il en pâmait ! Il fallait le soutenir. Il demandait à voix basse qu’on le touchât de nouveau. Et quand le gong avait fini de vibrer, il écoutait jusqu’au bout du silence et pleurait alors à sanglots… Je l’ai vu regarder sans rien dire une peau de tambour .» (René Leys, Paris, Gallimard, 1971, p. 54.)
24 Paul Ricœur, Du texte à l’action, Essais d’herméneutique, Paris, Seuil, 1986, t. II, p. 219.
25 Paul Ricœur, Du texte à l’action, Essais d’herméneutique, op. cit. p. 221.
26 Ibid., p. 222.
27 Dans une belle lecture du Chant de la terre de Jouve, Michèle Finck montre bien comment cette nostalgie passe par « la greffe musicale des sons baudelairiens sur les sons mahlériens » : « Grâce à Baudelaire, la “blessure” causée par la “lutte avec l’ange” musical est transmuée en “nostalgie”» (« Lecture du Chant de la terre de Pierre Jean Jouve : une filiation Baudelaire, Mahler, Jouve », Travaux de littérature de l’ADIREL, VII, p. 350).