1 Dernier tercet du sonnet LXVI de Pierre de Ronsard appartenant au Premier livre des Amours, Paris, Gallimard, « Poésie », 1974.
2 D’Urfé n’écrivit que jusqu’au quatrième volume, dont la fin est inachevée, et c’est son secrétaire, Balthazar Baro, qui se chargea de rédiger la suite.
3 Jean-Christophe Ferrari, « Les Amours d’Astrée et de Céladon : Je vous aime plus que moi-même », Positif, no 559, « Dossier Rohmer », septembre 2007, p. 90-91.
4 Film que je désigne ensuite de façon abrégée : Les Amours…
5 Ceux-ci prennent la suite des films et d’un TV-film du xxe siècle : La Marquise d’O… (Die Marquise von O…, prod. fr. RFA, 1976) et Perceval le Gallois (1978), Les Jeux de société (1989 : coproduction FR3, La Sept, Initial Group).
6 L’action ne se déroule plus dans la vallée du Lignon (au sud de Saint-Étienne) mais dans la vallée de la Sioule, en Auvergne, haut-lieu rohmérien, comme le précise lui-même le cinéaste à Antoine Guillot dans une interview radiophonique (diffusée par France Culture).
7 On trouve ce cas de figure lorsque Astrée confie à Céladon, déguisé en jeune fille, qu’elle « a ce naturel de ne jamais changer de résolution quand [elle] l’a prise ». Le texte, lu en voix over, vient mettre en exergue le désarroi qui étreint subitement Céladon au beau milieu de ce moment qui lui semblait si doux (la scène se trouve à 1:30:58).
8 Philippe Fauvel et Noël Herpe, entretien avec Éric Rohmer : « Je suis cinéaste, pas historien », Positif, no 559, septembre 2007, p. 97.
9 Patrick Louguet, « Le jeu mouvementé du désir dans le film Une partie de campagne de Jean Renoir, 1936 », L’École des lettres, no 11, « Parties de campagne », 15 mars 1997.
10 Michel Serceau, Éric Rohmer, les jeux de l’amour, du hasard et du discours, Paris, Cerf, « Cinéma », 2000.
11 « Cette Arcadie flotte, grâce au magnifique travail de Diane Baratier, dans une lumière suave, abondante en ombres légères et riche de toutes les tonalités de l’ensoleillement ; l’éclairage conférant à l’ensemble une fluidité, une légèreté et, pour tout dire, une liberté qui l’arrache à la double tentation picturale et théâtrale qui prête à certains films en costume (Perceval le Gallois, La Marquise d’O…, Triple agent) un aspect, peut-être, un peu statique », Jean-Christophe Ferrari, « Les Amours… : Je vous aime plus que moi-même », op. cit., p. 91.
12 Pour Yves Hersant, l’érotisme, pour être diffus, est une forte composante : « Dans le film et dans le roman, l’érotisme et l’humour viennent contredire les considérations trop philosophiques. À l’idéal spirituel, aux appels à la sublimation, s’oppose une pratique libidinale (voyeurisme, transvestisme…) qui transforme cet idéal en raffinement presque coquin […]. On notera que, vues à contre-jour, les cuisses des bergères ont plus de sex-appeal que le genou de Claire ; et qu’Astrée, dans son sommeil, est plus excitante que Pauline endormie, surprise par Henri, dans Pauline à la plage de 1983 », Yves Hersant, « Les Amours… Labyrinthe d’amour », « Dossier Rohmer », op. cit., p. 93.
13 Suspend – avec le d terminal sonnant – correspond à la prononciation voulue par Rohmer dans l’entretien qu’il accorde à Antoine Guillot pour l’émission radiophonique d’Arnaud Laporte Tout arrive, diffusée le 4 septembre 2007 sur France Culture. Ici, le désir et son assouvissement traduisent cet effet de suspend : le spectateur est en position d’attente en ce qui concerne les destinées respectives d’Astrée et de Céladon. Rohmer dans cette interview explique que « le suspense, c’est quelque chose auquel [il] attache beaucoup d’importance ». Ce suspense fait évidemment partie des questions abordées dans son ouvrage sur Hitchcock, cosigné avec Chabrol. Comme on sait, Alfred Hitchcock est, en effet, un des réalisateurs tenus en très haute estime par les thuriféraires de la Nouvelle Vague (Éric Rohmer, Claude Chabrol, Hitchcock, Paris, Ramsay, « Poche cinéma », 1970).
14 Je n’ai pas trouvé la date d’achèvement du tableau. En revanche, 1671 est la date de son acquisition par les musées nationaux (Blanchard est mort en 1638).
15 Sur le genre rhétorique de l’ekphrasis, véritable principe esthétique du septième art, voir Suzanne Liandrat-Guigues et Jean-Louis Leutrat, Godard simple comme bonjour, Paris, L’Harmattan, « Esthétiques », 2004, p. 126. Voir aussi Patrick Louguet, Sensibles proximités, les arts aux carrefours (Cinéma – Danse – Installation – Vidéo-art), chap. 1, « De la confrontation des esthétiques à une esthétique de la confrontation », Arras, Artois Presses Université, 2009, p. 30-31.
16 Avec les risques qu’un tel rapprochement comporte mais aussi, donc, les apports créatifs de l’ekphrasis.
17 Michèle Acquien et Georges Molinié, Dictionnaire de rhétorique et de poétique, Paris, Le Livre de Poche, 2006, p. 140-142.
18 Michel Hochmann, « L’ekphrasis efficace », dans Olivier Bonfait (dir.), Peinture et rhétorique, Actes du colloque de l’académie de France à Rome, Paris, Réunion des musées nationaux, 1994.
19 D’une façon plus générale, Rohmer déclare ne pas aimer les flashbacks, Philippe Fauvel et Noël Herpe, « Je suis cinéaste, pas historien », op. cit., p. 96.
20 Le travestissement de Céladon (la complaisance avec laquelle le jeune homme se livre au jeu) résout « la guerre des sexes » dès lors qu’elle permet à Céladon d’accéder à l’« idéal d’androgynie ». Tel est le point de vue de Jean-Christophe Ferrari : « l’idéal d’androgynie qui, en faisant accéder Céladon à sa propre féminité, met fin à la donne du discours qu’autorisent la guerre des sexes et la tyrannie capricieuse de la “roue de l’amour” ». Cette image de la roue, l’auteur l’emprunte à L’Astrée de d’Urfé, Positif, « Dossier Rohmer », op. cit., p. 91.
21 « Dès 1957, c’est Éric Rohmer qui devient le nouveau rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, aux côtés de Jacques Doniol-Valcroze », Antoine de Baecque, Godard, biographie, Paris, Grasset & Fasquelle, 2010, p. 77.