Le plan
p. 65-84
Texte intégral
Je suis débarrassé de tous mes héros et puisque, pour la première fois, je dispose d’un certain loisir, je m’en vais le mettre à profit pour écrire ma préface.
Laurence Sterne, Vie et opinions de Tristram Shandy
1Commençons donc par la cinquième et dernière partie. Tout autant que la composition secrète de certains textes, la prolepse – et, au-delà, toutes les figures d’adresse au lecteur – participe donc à la disposition latente, puisqu’elle porte sur ce mouvement central de l’acte de théorisation qu’est la réfutation des thèses adverses. Ces deux dimensions de la composition et de l’allocution doivent être pensées ensemble. S’intéresser ainsi à la disposition du texte de Freud sur la télépathie, c’est dans le même temps étudier, du point de vue de la composition, la succession de l’antithèse et de la thèse, et montrer, du point de vue de l’allocution, comment cette inversion implique la figure d’un lecteur, un temps rejoint fictivement dans son opposition. Composition et allocution sont inextricablement liées.
2Une réflexion sur le plan – entendu dans le sens large que nous lui avons donné dans la partie qui suit celle-ci – nous paraît être une voie d’accès à une approche psychanalytique du texte théorique, centrée autour de deux idées-force, dont la première porte sur le rapport du texte théorique au sujet, la seconde sur le rapport du texte à son lecteur. Ces deux idées-force vont l’une et l’autre au rebours de la représentation que l’on pourrait avoir du texte théorique comme transmission. Elles ont pour avantage de dépasser l’opposition barthésienne1 entre deux conceptions du plan.
3Première idée : le texte théorique non seulement exprime l’auteur, mais il est le biais d’une mise en forme ou en ordre de son univers intérieur. Le modèle de référence serait ici, non pas celui de la science, mais du délire. Non que tout texte théorique soit délirant, mais, comme le délire, il est fondamentalement un essai de reconstruction interne – au sens, par exemple, où le texte sur la télépathie est une mise en travail d’un certain nombre de doutes freudiens. Évidemment, le plan n’est qu’un des éléments de cette mise en ordre des données psychiques, mais il en constitue un élément non négligeable, peu travaillé jusqu’à présent.
4La seconde idée est que le texte théorique ne doit pas être pensé, du point de vue de la communication, selon ce modèle de transparence qui prévaut dans la représentation rhétorique. Celle-ci donne parfois le sentiment que la communication serait régie – comme dans les maximes de la conversation de Grice – par la recherche de la clarté ou le souci de se faire comprendre. Or rien ne dit que, psychanalytiquement parlant, ce souci doive être considéré comme dominant. Les buts de la disposition, plutôt que de transmettre ou d’aider à comprendre, peuvent être aussi bien d’obscurcir, de brouiller, d’ennuyer.
5Au-delà de ce qui se joue pour chaque plan, avec une grande diversité, nous pouvons donc faire l’hypothèse que notre façon d’organiser pour son destinataire notre discours théorique comporte des enjeux majeurs. On perçoit combien la psychanalyse ira à l’encontre de la rhétorique littéraire, et surtout judiciaire. Alors que celle-ci voit dans la disposition le moyen d’enrichir ou de rendre plus efficace un message, la psychanalyse sera tentée – dans le même temps où elle en élargit la notion – de voir dans la disposition (c’est-à-dire dans la construction d’idées, leur liaison, leur présentation à l’Autre), bref toute cette partie de la mise en forme qui ne relève pas de l’elocutio, le message lui-même : l’organisation se révélant plus importante que le contenu du discours et pouvant entrer en contradiction avec lui.
6Cette façon de voir les choses déplace la question du plan idéal, telle qu’elle est posée par la rhétorique ou la pédagogie. L’auteur, quoiqu’il fasse pour mieux agencer son texte, se rapprochera de toute manière de son plan idéal, c’est-à-dire de celui qui lui permet le mieux d’ordonner son monde psychique. Il ne saurait donc plus y avoir de hiérarchie des plans, puisque c’est par rapport au sujet qui le formule que chaque plan s’apprécie désormais.
7Au-delà de la disposition latente, c’est-à-dire de cet ensemble formé par la composition et l’allocution, nous proposons donc d’appeler disposition intérieure notre mode de rapport théorique à l’Autre, ou, si l’on préfère, notre façon publique de penser. On voit combien la distinction faite ici entre la composition et l’allocution ne présente guère d’intérêt, la composition étant déjà une manière de gérer le rapport à l’Autre.
8On peut ainsi penser que tout théoricien se caractérise par une ou plusieurs figures de la disposition qui spécifient la façon dont ses textes sont construits dans leur rapport à l’Autre, au sens où la fausse prolepse – dont malheureusement nous n’avons pas encore parlé – serait une figure majeure de la théorisation freudienne. Si l’on veut essayer de s’imaginer ce que peuvent être les grandes formes de la disposition intérieure, il faut placer au centre de la réflexion le rapport à l’Autre au détriment du rapport au monde. Quelques grands axes de travail se dégagent alors, autour de notions comme celles de séduction, d’ennui, de clarté. On peut aussi penser que les différentes dispositions psychiques (obsessionnel, hystérique, phobique, etc.) recoupent les grands types de rapport théorique à l’Autre. Comment ne pas penser, face à certains textes théoriques abscons, que le souci de l’auteur est précisément de ne pas communiquer ?
9La recherche de ces figures de la disposition, et, plus largement, l’analyse de la disposition intérieure, toutes deux centrées sur le sujet, posent la question de la place du sujet qui les identifie. Comme pour la digression2, il est clair que ces figures se situent à des croisements inter-subjectifs et ne sauraient relever d’une quelconque approche objective. C’est, et ce sera donc la conclusion du texte qui va venir, une rhétorique mouvante qu’il s’agit ici de construire.
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10Passons maintenant à la quatrième partie. Étudier psychanalytiquement le plan ne peut se limiter à la prise en compte de la dimension inconsciente qui organise les agencements de la composition. Car l’architecture en cause n’est pas plane mais dynamique. Il faut donc analyser aussi l’ensemble du rapport au lecteur, c’est-à-dire du rapport à soi et à l’Autre de soi que le texte invente. Si l’héritage rhétorique n’est pas à rejeter complètement, c’est qu’il présente l’avantage, notamment parce qu’il s’intéresse essentiellement au discours judiciaire, de mettre l’accent sur la place de l’Autre. Tel que la rhétorique le présente, le plan n’est pas seulement une mise en ordre, il est une mise en ordre pour.
11Une première remarque faite depuis longtemps par les commentateurs de Freud est que ses textes sont dominés par le souci du lecteur. Ce souci s’exprime d’abord par une attitude didactique dont on peut voir les effets dans le recours fréquent à des images et à des métaphores filées, dans une volonté d’expliquer et de traduire, dans la clarté des plans et des expositions.
12Mais l’élément essentiel de l’écriture de Freud est un type particulier d’adresse au lecteur : sans répit, Freud interpelle le destinataire de ses textes, de manière tout à fait directe. Le recours à cette technique – que Walter Muschg a commentée sur le plan stylistique3 – est certes accru par le contexte de la conférence fictive, mais il est sans cesse présent dans tous les textes de Freud comme un élément essentiel du mouvement de la théorisation, en tant qu’elle implique un certain rapport à l’Autre.
13Éminemment rhétorique, cette adresse vise d’abord à répondre préalablement aux questions et à prévenir les objections. Ainsi Freud imagine-t-il souvent les réactions de son lecteur :
« Il vous tarde, je suppose, d’apprendre quelles modifications ont pu subir les premières opinions relatives à l’essence du rêve et à sa signification4. » « Mesdames, Messieurs, je suis certain que vous expliquez maintenant ce rêve et que vous comprenez aussi pourquoi je vous l’ai raconté » (53). « Avant tout, je dois vous prévenir que cet exposé de ma psychologie du moi agira tout autrement sur vous, je le suppose du moins, que l’introduction dans les ténébreuses régions psychiques qui l’a précédé. Pourquoi en est-il ainsi ? C’est ce que je ne sais pas, mais peut-être trouverez-vous surprenant qu’après vous avoir entretenus surtout de faits, de faits il est vrai étranges et bizarres, je m’en aille maintenant vous mettre au courant de conceptions, c’est-à-dire de spéculations » (79). « Vous avez maintenant senti, j’espère, que le surmoi ainsi établi correspond bien à une certaine structure et n’est pas une simple abstraction, comme la conscience » (88). « Mesdames, Messieurs, je crains que cet exposé ne vous paraisse bien obscur. Vous devinerez aussi qu’il n’est pas complet » (122). « Mesdames, Messieurs, sans doute vous réjouissez-vous d’en avoir fini avec l’angoisse ; cependant vous n’y aurez rien gagné, car le sujet que nous allons aborder est tout aussi ardu que celui qui le précède » (125).
14À d’autres moments, Freud ne se contente pas de se représenter son interlocuteur, mais imagine les questions qui peuvent lui venir à l’esprit :
« Telle est donc notre méthode d’interprétation des rêves ; mais, se demandera-t-on ensuite à juste titre, pourra-t-elle servir à interpréter tous les rêves ? » (20) « Je sais que tandis que vous m’écoutiez une foule de questions vous sont venues à l’esprit. Ce n’est ni l’heure ni le lieu de satisfaire votre curiosité, mais une chose me semble certaine, etc. » (216).
15Questions qui ne valent que parce qu’elles ouvrent à des objections5 :
« Vous trouverez que c’est là une sotte histoire, dénuée de tout intérêt, et vous vous demanderez pour quelle raison je vous l’ai racontée. Je partagerais entièrement votre avis si – et c’est là maintenant le point crucial – l’analyse ne nous permettait pas d’élucider cette prédiction, convaincante justement par l’explication des détails » (57). « Arrêtez, vous écrierez vous, nous ne vous suivons plus ! Vous avez raison et pour que mes assertions vous paraissent plausibles, il faut que je les complète par d’autres détails » (119). « Peut-être allez-vous dire en haussant les épaules : “Mais c’est la philosophie de Schopenhauer que vous nous exposez là et non pas une théorie scientifique !” Et pourquoi donc, Mesdames, Messieurs, un penseur hardi n’aurait-il pas deviné ce qu’ensuite l’observation pénible et sèche confirmera ? » (141-142). « Vous allez sûrement me taxer d’exagération et penser que les liens qui unissent la petite fille à sa mère ne sont ni aussi puissants ni aussi nombreux que je le prétends. Vous direz que, tout en ayant eu maintes occasions de voir agir des fillettes, vous n’avez jamais constaté rien de pareil. Votre objection n’est pas valable » (159). « Vous êtes naturellement libres de critiquer l’exposé que je viens de faire et je puis, moi-même, vous fournir certains arguments » (222).
16Par moments, cette prise en compte de l’interlocuteur conduit à de véritables dialogues, ressemblant à des scènes de théâtre :
Voilà, direz-vous peut-être, un cas bien connu, celui d’un homme qui ayant consacré honnêtement toute sa vie aux sciences naturelles, devient, dans sa vieillesse, faible d’esprit, pieux et crédule. Je sais que d’éminents personnages sont tombés dans cette catégorie, mais vous n’avez pas le droit de m’y ranger. Tout au moins ne suis-je pas devenu pieux, ni crédule non plus, je l’espère. L’on ne garde, dans sa vieillesse, une échine voûtée qui plie devant les faits nouveaux que lorsqu’on s’est tenu courbé durant sa vie pour éviter les chocs douloureux avec la réalité. Sans doute préféreriez-vous me voir m’en tenir à un théisme modéré et rejeter inexorablement toutes les données de l’occultisme. Mais je suis incapable de chercher à plaire et je vous invite donc à considérer d’un œil plus favorable la transmission de pensée et partant la télépathie (74-75).
17Ou encore :
Je m’attends bien à ce que vous me demandiez ironiquement si notre psychologie du moi n’aboutirait pas, somme toute, qu’à donner des noms à des abstractions usuelles, qu’à les grossir, qu’à les transformer, d’idées qu’elles étaient, en choses, toutes opérations sans intérêt. Laissez-moi vous répondre qu’il n’est guère possible, dans la psychologie du moi, d’éviter ce qui est déjà généralement connu. Il ne s’agit pas de faire sans cesse de nouvelles découvertes, mais d’arriver à mieux comprendre, à mieux classer les données déjà existantes. Abstenez vous donc, pour le moment, de ces dédaigneuses critiques et attendez d’autres explications. Les faits de la pathologie nous fournissent un arrière-plan que vous chercheriez en vain pour la psychologie commune. Je poursuis donc (82-83).
18Ce ne sont là que quelques exemples. À tout moment, ainsi, Freud devance les reproches ou les critiques. Ce mode d’interpellation du lecteur emporte évidemment une large part de rhétorique, mais il faut se garder de l’y réduire, car il n’est que la partie émergée d’un mouvement plus large qui, en mettant en jeu la réfutation, concerne la disposition. On pourrait l’appeler prolepse, en simplifiant la technique de l’antéposition, traditionnellement divisée en prolepse et hypobole.
19Tout discours théorique est conduit à réfléchir sur les critiques virtuelles des thèses qu’il promeut. Mais nous sommes ici au bord du mécanisme psychique de la double-contrainte. Car derrière la liberté ouverte à l’expression de l’Autre, Freud sans cesse parle et pense à sa place. Il parle à la place de l’Autre quand il écrit par exemple :
Mais, demanderez-vous, pourquoi donc les gens qui écrivent ces livres ou qui tiennent ces propos ont-ils une attitude si incorrecte ? Vous inclinerez alors à penser que ce fait tient non seulement aux gens, mais bien à la psychanalyse elle-même. Tel est également mon avis (181).
20Ou dans ces passages :
« Je suppose que, partisans de la conception scientifique du monde, vous ne serez pas troublés outre mesure par cette critique » (228). « Votre observation, me direz vous, ne s’applique pas à tous vos adversaires, dont quelques-uns ont acquis une certaine expérience analytique et s’y sont peut-être eux-mêmes soumis. Plusieurs d’entre eux ont pu être, un temps, vos collaborateurs. […] Expliquez-nous donc le motif, la signification de ces dissidences si nombreuses au cours de l’histoire de la psychanalyse.// Eh bien, c’est ce que je m’en vais tenter de faire […]. Je sais que vous pensez surtout à la psychologie individuelle d’Adler » (184).
21Cette rhétorique de l’allocution présente l’avantage de manifester à quel point, derrière un souci pédagogique de clarté, Freud oriente subtilement la lecture, non pas en cherchant l’adhésion de son lecteur, mais, au contraire, en recherchant son opposition. Systématiquement, Freud invite à la critique, en impose l’exercice à l’Autre. Mais cette critique est dérivée vers des lieux du débat qui ne sont pas toujours les plus problématiques. Prenons l’exemple de la septième conférence sur la psychanalyse et la religion. Après avoir nettement séparé l’une et l’autre, Freud passe en revue tous les arguments que les défenseurs de la religion peuvent opposer à la volonté de la psychanalyse de l’éradiquer au nom de la science. Mais le principal argument, le seul valable sans doute pour un croyant – à savoir que la religion est tout simplement d’un autre ordre que la science – se trouve perdu, jusqu’à devenir inaudible, dans toute une série d’arguments (la religion ne devrait pas être critiquée parce qu’elle est ce que l’homme a conçu de plus élevé ; ou : la religion est plus consolante que la science ; ou encore : la science progresse trop lentement). La multiplication des critiques tue la critique, et, aidée par la disposition, la prolepse vient au secours des énoncés freudiens.
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22Nous nous sommes donc centré sur un texte unique, qu’il est temps de présenter aux lecteurs qui nous suivent encore, les Nouvelles Conférences sur la psychanalyse de Freud6. Cette œuvre de 1932, composée de sept conférences fictives, présente pour nous différents avantages. Elle est constituée de plusieurs textes et invite donc à des comparaisons. Ces textes portent sur des sujets très variés, allant du rêve à l’angoisse et de la féminité à l’occultisme. Par ailleurs, leur brièveté permet de dégager leur plan avec plus de facilité que pour des textes plus longs. Enfin, le caractère faussement oral de ces conférences les place à mi-chemin du judiciaire et du théorique.
23Ces sept conférences sont consacrées successivement au rêve, à l’occultisme, aux instances de la personnalité psychique, à l’angoisse, à la féminité, à des applications de la psychanalyse et à la position de la psychanalyse par rapport à la religion. Il n’y a donc pas d’unité de sujet. Si les textes sur le rêve ou la femme se limitent à leur propos, d’autres embrassent des champs plus larges. Il en va ainsi de celui sur la personnalité psychique, mais aussi de celui sur l’angoisse et la vie instinctuelle. L’un des textes, le sixième, « Éclaircissements, applications, orientations », a même un intitulé qui signale la variété de ses directions.
24Les plans adoptés se laissent aisément ramener à des plans-types connus, eux-mêmes calqués sur des mouvements naturels de la pensée. L’un des plus familiers est le plan chronologique, qui organise la conférence sur « La féminité », laquelle reprend dans l’ordre les grandes étapes de l’évolution féminine. Aussi classique est le plan de « La personnalité psychique », que l’on pourrait doublement appeler plan topique, d’une part parce qu’il présente la seconde topique freudienne, d’autre part parce que sa logique est de passer d’un lieu à l’autre de l’appareil psychique en étudiant successivement ses grandes instances (moi, ça, surmoi). Le texte se termine d’ailleurs par une représentation cartographique de l’appareil psychique qui se trouve être de ce fait le plan du texte lui-même.
25D’autres textes fonctionnent, non plus selon la logique du temps ou du lieu, mais suivant le principe dialectique de la confrontation des thèses, c’est-à-dire suivant le plan thèse/antithèse. La conférence « Rêve et occultisme » présente d’abord la thèse selon laquelle la télépathie ne peut être reconnue par la psychanalyse, avant d’examiner la thèse opposée et de proposer une synthèse équilibrée. Inversement, la conférence « D’une conception de l’univers », après avoir précisé la place de la psychanalyse dans la science – opposée à la religion et au discours métaphysique –, ne cesse d’accumuler les arguments favorables à la thèse, l’antithèse ne se trouvant pas disposée ailleurs, mais présente, en filigrane et contradiction, à la thèse majeure.
26La conférence sur le rêve est construite autour d’une double structure. D’une part, dans une première partie, Freud essaie de reconstituer le processus de formation du rêve, en rappelant les grandes modalités de sa logique. Pour ce faire, il va du texte manifeste au texte latent puis du texte latent au texte manifeste, donc de l’interprétation à l’élaboration, puis de l’élaboration à l’interprétation. D’autre part, dans une seconde partie, Freud prolonge la théorie du rêve en indiquant les découvertes et les contestations auxquelles elle a donné lieu.
27Deux conférences, enfin, sont composées comme des associations de textes théoriques. Il en va ainsi de « L’angoisse et la vie instinctuelle », dont la première partie est consacrée à la théorie de l’angoisse et la seconde à celle des pulsions. Et c’est aussi le cas de « Éclaircissements, applications, orientations », qui juxtapose sans le moindre lien une réflexion sur les adversaires de la psychanalyse, une autre sur les développements de la psychanalyse à l’école, une troisième enfin sur les problèmes rencontrés dans la cure.
28Il s’agit là de structures très générales qui donnent à chacun des textes son mouvement, mais connaissent dans le détail de multiples infractions. Par exemple, le plan chronologique qui organise la conférence sur la féminité laisse place par moments à des analepses. À d’autres moments, certains passages sont présentés comme digressifs. Il arrive aussi qu’il soit difficile de se repérer par rapport à ce que l’on peut imaginer être le plan de la conférence, d’autant que Freud ne le précise pas, même s’il lui arrive dans le corps du texte d’annoncer des séries d’arguments qui sont ensuite numérotés. La méthode freudienne, qui privilégie avant tout la clarté de l’exposition, notamment dans son souci permanent du lecteur, consiste à prendre pour ordre de l’examen celui que le problème appelle naturellement.
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29On ne peut qu’être frappé – dirons-nous en introduction de cet exposé –, quand on commence à s’intéresser au plan dans les textes théoriques, par l’absence d’une véritable réflexion contemporaine sur la question. Ce désintérêt concerne d’ailleurs la théorisation dans son ensemble, implicitement considérée le plus souvent comme le moyen ou l’instrument de l’expression d’une pensée, non comme un objet de réflexion. Or, comme nous le verrons à un moment ou à un autre, avant ou après ce développement, le désintérêt pour les problèmes d’organisation du discours comporte en soi toute une théorie implicite du plan, sinon de la théorisation elle-même.
30La seule théorie contemporaine permettant peut-être de réfléchir sur le plan est la narratologie, qui est nécessairement conduite à prendre pour l’un de ses objets le plan du récit. Plusieurs catégories naturellement appelées par l’étude d’un récit semblent pouvoir être utilisées dans l’étude d’un texte théorique. Il en va ainsi de l’ordre, qui est au cœur de l’analyse de tout récit, mais aussi de tout texte théorique. De même pour la durée, qui peut trouver un point d’application dans le champ théorique, avec, par exemple, une réflexion sur la longueur consacrée au développement de chaque argument, ou encore sur l’absence de tel chaînon manquant. Enfin, la fréquence invite à s’intéresser à la question de la répétition et au point de savoir, par exemple, si tel argument est utilisé à une ou plusieurs reprises.
31Si l’on met de côté la narratologie, c’est évidemment vers la rhétorique qu’il faut se tourner. Son héritier, le discours pédagogique, a souvent fait du plan une exigence de l’expression écrite normée. On notera que la norme du plan fait apparaître la dualité de la notion. En effet, la revendication pédagogique de l’existence d’un plan (« Faites un plan ! ») méconnaît qu’il y a toujours un plan dans un texte, même si l’on mélange de manière aléatoire tous les éléments d’un discours : comme dans une ville détruite, la suppression de tout plan produit un plan. La demande d’un plan est demande de suivre un ordre logique – ou qui apparaisse comme tel au lecteur –, mais chacun est en droit de revendiquer après coup l’existence d’un plan, au nom de ce principe qui veut que les désordres apparents relèvent d’un ordre supérieur masqué. Cette dualité de la notion – le plan comme description d’un état ou le plan comme bonne forme – est l’un des enjeux de toute réflexion sur l’organisation du discours. Il est, comme on va le voir (ou plutôt ne pas le voir), au cœur de la problématique du sujet.
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32Passons, puisque nous y sommes, à la première partie. Le discours pédagogique n’est que le prolongement d’une tradition rhétorique qui, elle, s’est beaucoup intéressée à l’organisation générale du discours. Rappelons qu’on trouve, au centre de la rhétorique antique, la notion de dispositio. Deuxième partie de la rhétorique, celle-ci se décompose en exorde, narration, confirmation – éventuellement digression –, enfin péroraison. Importante dans la rhétorique antique, la disposition connaît au fil des siècles le même sort que tout ce qui n’est pas l’élocution et tend donc à disparaître (elle sera par Ramus, dans un geste anti-aristotélicien, rattachée, au XVIe siècle, à la dialectique). Par ailleurs, le nombre même de parties est variable et peut aller jusqu’à neuf.
33L’exorde est ce par quoi le discours commence et sa fonction est essentiellement phatique : rendre l’auditoire attentif et bienveillant (nous avons essayé de le faire ici en commençant par la cinquième partie de notre travail, qui nous semblait la plus apte à remplir cette fonction). La narration, qui lui fait suite, est l’exposé des faits. La confirmation regroupe l’ensemble des preuves. Elle peut être suivie d’une réfutation, visant à détruire les arguments adverses. Après une éventuelle digression vient la péroraison, qui met fin au discours et peut elle-même se diviser en plusieurs parties. Il convient enfin de ne pas oublier les liens entre ces parties, à savoir les transitions.
34Cette classification rhétorique présente pour nous un avantage majeur, celui de mettre l’accent sur la recherche de la conviction, essentielle dans le discours théorique. Elle présente aussi des inconvénients. Le premier est qu’elle est plus normative que descriptive. Se fondant sur l’idée d’un ordre naturel, elle revient davantage à donner des conseils, voire à édicter des règles, qu’à essayer de comprendre l’organisation profonde d’un discours théorique. Le second problème est qu’elle n’a pas été conçue pour l’activité théorique. Si elle ne fonctionne pas trop mal, c’est qu’un texte théorique ne peut éviter, à un degré ou à un autre, ces grands passages de la pensée. Sauf s’il est en quête d’échec, l’auteur d’un texte théorique, oral comme écrit, est naturellement conduit à essayer de capter l’attention de son public, à exposer les faits sur lesquels il se fonde et la thèse qu’il en tire, à multiplier les preuves, à réfuter les arguments adverses et à conclure de façon convaincante.
35L’adaptation de ce modèle au discours théorique impliquerait plusieurs aménagements. Le principal porte sur la catégorie de la narration, qui convient surtout au discours judiciaire. En remplaçant, au moins partiellement, l’exposé des faits par l’exposé de la thèse soutenue, nous arriverions au modèle suivant : exorde, exposé de la thèse (ou exposition), confirmation (comprenant la réfutation des arguments adverses) et péroraison.
36Ce mode de classement ne concerne que les grandes unités du discours. D’autres classements sont à prendre en compte, portant sur des unités plus réduites. Il en ira ainsi des différentes parties de l’exorde et de la péroraison, mais aussi – plus essentiel – des différents arguments utilisés. La question de l’ordre des arguments est en effet un point essentiel de la rhétorique de la disposition, certains auteurs pensant qu’il faut commencer par l’argument le plus fort afin d’emporter immédiatement l’adhésion, d’autres qu’il faut commencer par le plus faible, avant de monter progressivement en puissance. D’autres encore, dont nous sommes, prônent la méthode nestorienne, inspirée du Nestor de L’Iliade, qui entourait ses troupes les plus fragiles par des bataillons aguerris. C’est à cette méthode – qui revient à encadrer par des éléments puissants les éléments théoriques les plus faibles ou les moins propices à garder éveillée l’attention du lecteur – que nous nous sommes rallié ici, en plaçant au centre de notre exposé l’ennuyeuse présentation des Nouvelles conférences.
37Malgré l’intérêt de la rhétorique, la notion de « plan » qui s’en dégage n’est pas – comme nous l’avons vu dans la partie qui suit celle-ci – satisfaisante car elle est d’un sens trop restrictif. Ce qui est en cause dans cette première acception relève surtout de ce que l’on pourrait appeler le rang, c’est-à-dire la recherche du meilleur classement de parties constituées, que leur déplacement ne modifie pas fondamentalement. C’est ce qui se produit, en apparence en tout cas, pour la préface du livre de Sterne, Vie et opinions de Tristram Shandy, qui vient au chapitre XX du livre III, et non au début ou au milieu de la huitième, le narrateur ayant attendu que tous ses héros soient occupés pour prendre le temps d’écrire sa préface. C’est aussi du rang qu’il est question dans le classement des arguments comme dans les réflexions rhétoriques sur la place où mettre la digression. Tout se passe comme si l’auteur du texte disposait devant lui de toute une série de passages déjà écrits pour lesquels il essaierait les différents types de regroupements ou de numérotation, comme le fait Perec en utilisant pour « Penser, classer » un alphabet autrement classé, fabriqué à partir de prélèvements aléatoires pratiqués dans un roman de Calvino.
38Cette première conception, qui privilégie la mise en rang, repose sur une idée fondamentale, qui se situe au cœur du problème de la forme : contrairement à un texte littéraire, un texte théorique aurait un fond. Il serait dès lors possible d’examiner la manière dont ce fond serait présenté, aussi bien du point de vue du rang que de l’organisation. Le modèle de la plaidoirie est ici déterminant, qui va calculer la meilleure place où mettre tel ou tel argument. Cette représentation du texte va de pair avec l’idée d’un plan idéal, qui permettrait aux idées d’un texte de s’exprimer avec le plus de justesse possible. L’idéal est atteint lorsqu’on peut dire d’un ouvrage, selon le mot de Boileau à propos d’Homère : « Son sujet de soi-même et s’ordonne et s’explique7. » Allant plus loin encore, Fénelon, adepte résolu du fond, présente (dans Dialogues des morts) le discours comme organisé autour d’un énoncé central auquel le destinataire doit pouvoir le réduire et qui détermine strictement la place de chaque énoncé secondaire8.
39Cette conception n’est pas fausse (un texte théorique peut se résumer plus facilement qu’un texte littéraire) et la difficulté à traiter du plan tient en partie à sa justesse partielle, mais elle risque de faire méconnaître la place fondatrice, du point de vue du sens, de l’organisation d’un texte. Car la notion de plan peut aussi s’entendre de manière plus large, comme tout ce qui concerne l’organisation du discours, entendue dans sa dimension pragmatique. Plus large, la seconde acception de la notion de plan est plus floue, notamment parce qu’elle convoque d’autres parties de la rhétorique, dont l’elocutio et ses figures. Cette seconde acception, qui privilégie la mise en forme sur la mise en rang, conduit nécessairement à rendre plus incertaines les frontières entre les champs.
40C’est peut-être à Barthes que l’on doit d’avoir le plus clairement dans son article « L’ancienne rhétorique » exposé la double conception du plan :
Ou bien l’on considère le plan comme une « mise en ordre » (et non comme un ordre tout fait), comme un acte créatif de distribution des matières, en un mot un travail, une structuration, et on le rattache alors à la préparation du discours ; ou bien l’on prend le plan dans son état de produit, de structure fixe et on le rattache alors à l’œuvre, à l’oratio […]. En un mot, l’ordre est-il actif, créateur, ou passif, créé9 ?
41Nous n’entendrons donc pas seulement par plan le classement des parties du discours, mais l’ensemble de son organisation profonde, sa structuration, c’est-à-dire aussi bien les problèmes de rangement des parties que la présentation de l’ensemble à l’Autre, ou la façon dont l’auteur le rend utile et séduisant. En effet, même en admettant qu’un texte théorique possède un « fond », il est impossible, dans une perspective psychanalytique, de considérer que le plan fonctionne comme une simple mise en ordre. La logique de la pensée sur laquelle sont calqués la plupart des plans est sans cesse contaminée par une logique primaire qui construit autrement le texte, et qui est la logique de l’inconscient.
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42Nous finirons par la troisième partie, la seule à présenter de l’intérêt. Si tout plan obéit à une logique, celle de la pensée ou de l’une de ses formes en mouvement, cette logique naturelle en laisse aisément apparaître d’autres, qui invitent à voir, derrière la composition manifeste, une composition plus secrète, que nous qualifierons de latente. Derrière l’ordre le plus apparent, d’autres organisations se laissent parfois percevoir, moins évidentes, mais peut-être plus porteuses de signification.
43Prenons l’exemple de la conférence de Freud sur la féminité. Le plan qui en organise les 33 paragraphes est, comme nous le verrons dans la partie qui précède, temporel, mais aussi comparatif. Temporel, puisque Freud suit l’évolution de la femme, de la petite enfance à l’âge adulte, en s’attardant plus particulièrement sur les premières années. Comparatif, puisque l’évolution psychologique de la fille se trouve, directement ou indirectement, rattachée à celle du garçon.
44On voit comment le plan ici, plus que la mise en forme d’un fait théorique, est l’objet même du texte. Dès lors en effet que l’on pense la femme – au nom implicite d’un plan naturel – dans le parallèle diachronique avec l’homme, se détache inévitablement le point de séparation que le parallèle décrit moins qu’il ne le constitue : l’existence du pénis. Et, surtout, la forme même du texte conduit à faire de ce dernier un opérateur de hiérarchisation plus que de différenciation.
45Ce qu’il faut voir est que la composition manifeste du texte – qui, par son organisation même, proclame que la femme est différente (tout parallèle conduit à marquer les différences) – dissimule une composition latente, étayée sur la première mais reliant entre eux d’autres énoncés, et qui conduit à poser que la femme est inférieure. Or tous les énoncés qui la caractérisent comme telle naissent naturellement de cette structure en parallèle. L’imbrication des deux compositions est d’autant plus subtile qu’elle joue sur la catégorie du manque ou du défaut. Que la femme soit différente peut s’entendre sans les connotations négatives qui surgissent dès lors que la différence est pensée autour de la catégorie du manque.
46Que la femme soit inférieure apparaît mieux quand on dessine la composition latente en reliant certains énoncés du texte, comme ceux qui évoquent son surmoi amoindri [« Le surmoi, dont la formation est, dans ces conditions, compromise, ne peut parvenir ni à la puissance, ni à l’indépendance qui lui sont, au point de vue culturel, nécessaires » (170)]. Ou son sens de la justice affaibli [« La femme, il faut bien l’avouer, ne possède pas à un haut degré le sens de la justice, ce qui doit tenir, sans doute, à la prédominance de l’envie dans son psychisme » (176)]. Ou ses capacités limitées d’évolution (« Un homme âgé de trente ans environ est un être jeune, inachevé, susceptible d’évoluer encore. Une femme du même âge, par contre, nous effraie par ce que nous trouvons chez elle de fixe, d’immuable ; sa libido ayant adopté des positions définitives semble désormais incapable d’en changer. Là aucun espoir de voir se réaliser une évolution quelconque ; tout se passe comme si le processus était achevé, à l’abri de toute influence, comme si la pénible évolution vers la féminité avait suffi à épuiser les possibilités de l’individu » (177). Il est vrai que Freud nuance son propos à la fin de la conférence en concédant qu’« individuellement, la femme peut-être considérée comme une créature humaine » (177)…
47Différent, mais tout aussi intéressant, est le plan de la conférence sur la télépathie, qui s’apparente davantage au plan classique thèse/antithèse. Examinant l’hypothèse de la réalité des phénomènes télépathiques, Freud commence, dans un premier temps, par en rejeter la possibilité comme farfelue, comparant même cette hypothèse à celle selon laquelle la terre serait pleine de marmelade (44). Cette première partie du texte laisse place à une seconde, plus nuancée, dans laquelle Freud se propose d’examiner si certains faits justes ne pourraient pas au moins être extraits d’un ensemble incohérent. Et suit une troisième partie dans laquelle Freud finit par poser résolument l’existence de phénomènes parapsychiques.
48Comme on le voit, la dynamique du texte mime le mouvement même de conviction d’un lecteur qui serait a priori hostile à l’existence de faits parapsychiques, avant d’en admettre l’hypothèse. La naissance de cette conviction est moins alors ce que le texte produit que ce qu’il impose par sa construction. Alors que le plan précédent reposait sur le parallèle, celui-ci repose sur une succession organisée d’idées contraires qui sont l’exposé même d’une évolution psychologique plutôt que son prétexte ou son moteur.
49Troisième exemple, le texte « Éclaircissements, applications, orientations » offre un plan plus disparate, puisqu’il aborde trois questions différentes. La première est celle des adversaires et des faux-amis de la psychanalyse, comme Rank ou Adler, la seconde celle de ses applications en dehors de la cure et notamment à l’école, la troisième enfin celle des difficultés rencontrées en thérapie. Ce qui justifie ce plan est le fait que ces trois questions n’ont pas été traitées ailleurs.
50Tout le texte, par le jeu de ses transitions internes, travaille une question qui n’est pas mise au premier plan, celle de la transmission. Après avoir critiqué violemment tous ses adversaires, internes et externes, Freud en vient à son second sujet – les applications de la psychanalyse à l’école. Cette seconde partie de son texte, très louangeuse, se réfère aux travaux d’une psychanalyste, la seule à être citée avec Max Eitington, Anna Freud. Ainsi l’ensemble de ces louanges – qui se termine par le souhait que les enfants ne soient pas révolutionnaires – vient-elle commenter la première partie de la conférence, en indiquant par quelles voies s’est faite, selon Freud, la véritable transmission de la psychanalyse, que n’ont pas su assurer Adler ou Rank. Enfin, la partie sur les difficultés de la cure psychanalytique prend une résonance différente quand Freud évoque le cas de ceux qui, ayant échoué dans leur analyse, deviennent psychanalystes ou écrivent des livres, ce qui est précisément le cas d’Anna Freud.
51Dans ces trois cas, la composition permet de faire passer des thèses contestables (la femme est inférieure, il y a des faits parapsychiques, seule ma fille peut assurer la transmission freudienne), qui, non seulement gagnent à être présentées de cette manière, mais sont cette manière même. L’infirmité féminine n’existe que dans le maniement d’une certaine forme de comparaison avec l’homme. Le texte sur la télépathie vise moins à en affirmer l’existence qu’à proposer, par son balancement calculé, un doute qui est ce texte même et non son contenu : il ne raconte pas des faits scientifiques mais une évolution psychologique. La conférence « Éclaircissements, applications, orientations » est construite de manière à dissimuler presque complètement le fil rouge de la transmission.
52Comme on le voit, l’idée de composition latente n’est pas tout à fait la même dans nos différents exemples, aussi bien du point de vue de son degré de conscience que du type de construction invisible qu’elle recouvre ou promeut. Mais l’idée demeure bien que, derrière la construction apparente, une autre architecture est présente qui sert des desseins secrets, et que la construction apparente a parfois pour fonction principale de permettre à cette architecture d’exister.
Notes de bas de page
1 Op. non encore cit.
2 Voir notre ouvrage, Le Hors-sujet. Proust et la digression, Minuit, Paris, 1996.
3 La Psychanalyse, no 5, PUF, Paris, 1959. Il existe bien d’autres études de l’écriture de Freud (voir Jacques Schotte, Walter Schönau, Jean-Michel Rey, François Roustang, etc.). Mais il est rare qu’elles s’intéressent à la disposition.
4 Op. non encore cit., p. 39.
5 Et à des doutes : « Quand je vous aurai dit que nous avons appris bien des choses sur la formation du surmoi et le développement de la conscience, vous exigerez de moi plus qu’une simple démonstration de mes dires. » (84)
6 Gallimard, Paris, 1975.
7 Cité par Randa Sabry, dans Stratégies discursives, Éditions des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, 1992, p. 50.
8 Ibid., p. 47.
9 Recherches rhétoriques (Communications 16), Seuil, Paris, 1994, p. 290. Dans leur Traité de l’argumentation (Éditions de l’Université de Bruxelles, 1992), Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca se posent une question proche en critiquant l’idée d’un ordre rationnel : « La recherche d’une méthode naturelle, objective, unique, s’avère presque toujours corrélative d’une conception selon laquelle la rhétorique est pure technique d’ornement. En effet, cette méthode laisse indéterminée la forme du discours ; tous les éléments variables de celle-ci, tout ce qui n’est pas imposé par l’ordre naturel paraît extérieur ; on renonce, sur ce point, à justifier la forme par le fond. » (671)
Auteur
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