1 Claude Esteban, « Un lieu hors de tout lieu », repris dans Critique de la raison poétique, Paris, Flammarion, 1987, 263 p., p. 207-263, p. 249.
2 Malgré le procès récurrent qu’Esteban fait à Breton, Emmanuel Rubio reconnaît une certaine forme de proximité critique entre les deux écrivains (Emmanuel Rubio, « Entre dialogue et dialectiques. Claude Esteban et André Breton critiques d’art », Revue Europe, n° 971 (« Claude Esteban »), mars 2010, p. 239-250).
3 Claude Esteban, Poèmes parallèles (anthologie de ses traductions de Góngora, Quevedo, Jiménez, Guillén, Aleixandre, Vallejo, Paz, Pizarnik, Pessoa, Gimferrer), précédés de Traduire, Paris, Galilée, 1980, 408 p.
4 « Traduire » est publié la première fois dans le numéro XXII de la revue Argile en mai 1980 ; cet essai sera par la suite remanié et réédité dans l’anthologie de textes critiques, Critique de la raison poétique, op. cit., p. 163-188.
5 « Vous m’avez fait une grande joie en m’annonçant que vous publierez enfin vos traductions des poètes hispaniques. […] Poèmes parallèles : le titre est exact. Vous êtes parvenu à une poésie parallèle aux poèmes originaux. Je n’exagère pas en vous disant que vous avez fait là quelque chose qui ne peut se comparer qu’aux grandes traductions de ce siècle, comme celles de Pound ou celle qu’a proposée Eliot de l’Anabase de Perse. Votre sélection ne peut pas être meilleure et les absences, comme vous l’indiquez vous-même dans la préface, ne sont pas dues à l’ignorance où vous seriez de la valeur de certains poètes mais bien à une différence de sensibilité ou à d’autres circonstances. » (Octavio Paz, lettre à Claude Esteban du 15 avril 1980, reproduite dans Pierre Vilar [dir.], L’Espace, l’inachevé. Cahier Claude Esteban, Tours, Farrago, 2003, 343 p., p. 96.)
6 Sur la proximité de Claude Esteban avec les poètes de langue espagnole, cf. Marie-Claire Zimmermann, « Claude Esteban et l’Espagne », Revue Europe, op. cit., p. 125-147.
7 La plupart de ses textes critiques ont trait à la création contemporaine. Cf. la bibliographie quasiment exhaustive élaborée par Xavier Bruel, L’Espace, l’inachevé, op. cit., p. 315-338.
8 Claude Esteban, Le Partage des mots, Paris, Gallimard, 1990, 166 p. Cet ouvrage semble composé, au moins partiellement, avant 1990 comme en témoigne un texte daté de juillet 1981, intitulé « Irun », dont certains passages sont repris dans Le Partage des mots. Texte édité dans L’Espace, l’inachevé, op. cit., p. 211-214.
9 Claude Esteban, Le Partage des mots, op. cit., p. 79-109 sq.
10 Ibid., p. 144.
11 Ibid., p. 151.
12 Le bilinguisme de Claude Esteban « a été le pivot de son œuvre et de sa vie », selon Jacques Dupin, « L’ordre donné à la nuit », Revue Europe, op. cit., p. 11-14, p. 11.
13 « Pourtant, les livres. La parole parfaite, péremptoire. Elle tenait lieu de pain et de présence. Elle était moi. J’ai grandi lentement parmi des pages de certitude. Sans que la mort m’atteigne, prisonnière sur un papier. Lorsque le ciel s’obscurcissait, ta victoire toujours, lampe des signes ! La chair moins nue de se savoir écrite et partagée. J’ai grandi lentement. Comme un de ces jardins sans murs que le vent, soudain revenu, dévaste. » (Claude Esteban, Conjoncture du corps et du jardin suivi de Cosmogonie, Paris, Flammarion, 1983, 101 p., XL.)
14 Claude Esteban, Le Partage des mots, op. cit., p. 153.
15 Ibid., p. 114.
16 Le premier recueil publié est La Saison dévastée, Paris, Denise Renard, 1968, n. p. ; réédité dans Terres, travaux du cœur, Paris, Flammarion, 1979, 265 p. Les présentes citations sont extraites de l’anthologie réunissant plusieurs recueils de Claude Esteban sur plus d’une vingtaine d’années : Le Jour à peine écrit (1967-1992), Paris, Gallimard, 2006, 341 p.
17 La Saison dévastée, 1re partie, dans Le Jour à peine écrit, p. 28. Sur l’importance du mur et de la demeure chez Esteban, cf. Michael Brophy, « “Ce lieu où le sens peut renaître”. La demeure Esteban », Revue Europe, op. cit., p. 55-63.
18 La Saison dévastée, 1re partie, dans Le Jour à peine écrit, p. 14.
19 Ibid., p. 17.
20 « J’effacerai du jour jusqu’à ma voix », La Saison dévastée, 1re partie, ibid., p. 13.
21 Ibid., p. 20.
22 Ibid., p. 21.
23 « Le 2-syllabes forme l’articulation de l’espace qui est aussi l’articulation de soi à l’espace. » (Jean-Patrice Courtois, « Dissyllabe, césure et diglossie chez Claude Esteban », ibid., p. 113-129, p. 121.)
24 Ibid., p. 123.
25 La Saison dévastée, 3e partie, dans Le Jour…, p. 79.
26 Conjoncture du corps et du jardin suivi de Cosmogonie, Paris, Flammarion, 1983, 101 p. L’ouvrage a été distingué par le Prix de l’académie Mallarmé en 1984. Il est réédité en 1985 dans un autre recueil important, Le Nom et la demeure (Paris, Flammarion, 1985, 247 p.), dont il constitue la deuxième partie, et apparaît après La Saison dévastée dans Le Jour à peine écrit, op. cit., 2006.
27 Conjoncture du corps et du jardin, IX, dans Le Jour…, p. 105.
28 Comme chez Mallarmé, la matière s’ordonne dans l’espace de la page ou du poème et il y a, du poème au recueil, une parfaite compacité dénotant une organisation rigoureuse de l’espace que relève Jacques Dupin : « Chaque livre a son identité, son autonomie. L’unité est le livre. Dès sa conception, il dicte une thématique et une prosodie qui seront appliquées jusqu’au dernier mot. Une grille de vocables et de silences interstitiels compose la partition. » (Jacques Dupin, « L’Ordre donné à la nuit », Revue Europe, op. cit., p. 11-14, p. 14.)
29 Conjoncture du corps et du jardin, XXVIII, dans Le Jour…, p. 124.
30 Claude Esteban, Étranger devant la porte I, Tours, Farrago, 2001, 93 p., IV, p. 49.
31 Claude Esteban, Le Partage des mots, op. cit., p. 163.
32 La Saison dévastée, 2e partie, dans Le Jour…, p. 52.
33 Xavier Bruel, « Un parcours dans l’œuvre poétique de Claude Esteban », dans L’Espace, l’inachevé, op. cit., p. 161-189, p. 166.
34 Poème extrait de « Appel à témoin » III, première partie du recueil Étranger devant la porte I, op. cit., p. 14.
35 Notamment son essai sur la poésie considéré comme le plus important, « Un lieu hors de tout lieu », dont les quatrième et cinquième parties portent des titres significatifs de ce point de vue, respectivement : « Pour la parole ; contre l’objet » et « Un devoir à chercher ». Cet essai a été publié successivement dans la revue Argile, n° XV, XVI et XVII d’avril à novembre 1978, puis en plaquette sous le même titre aux éditions Galilée en 1979, et, remanié en 1983, dans l’anthologie de textes critiques Critique de la raison poétique, op. cit.
36 Xavier Bruel, op. cit., p. 167.
37 « […] la poésie d’Esteban n’est pas une écriture du malheur, elle ne s’arrête pas au constat définitif d’une séparation, elle dit au contraire un chemin de lutte pour la dépasser. » (Ibid., p. 173.)
38 La Saison dévastée, 2e partie, dans Le Jour…, p. 45.
39 Jean-Claude Schneider reconnaît dans l’écriture de Claude Esteban des traits d’oralité « La langue qui en appelle à l’oralité […] multiplie l’anaphore et le retour de figures identiques, elle use de l’impératif, de l’optatif, se fige dans l’infinitif, interroge sans répondre, et ne dédaigne pas, pour clore certaines pages, la houle de l’alexandrin. Langue sinueuse en même temps que heurtée, jaillissant en saccades. » (Jean-Claude Schneider, « Méandres d’un chemin. Itinéraire de CE », L’Espace, l’inachevé, op. cit., p. 229-242, p. 233-234.)
40 Sept jours d’hier, Paris, Fourbis, 1993, 75 p., repris en première partie du recueil Quelqu’un commence à parler dans une chambre, Paris, Flammarion, 1995, 159 p., dans Le Jour…, p. 269-339, VII, p. 339.
41 « […] le rejet et le contre-rejet font place peu à peu à l’enjambement […]. » (Op. cit., p. 184.)
42 Xavier Bruel, « Claude Esteban, « veilleur aux confins », Revue Europe, op. cit., p. 64-75, p. 73.
43 « Un lieu hors de tout lieu », dans Critique de la raison poétique, op. cit., p. 209.
44 Ibid., p. 213.
45 Ibid., p. 214.
46 Ibid.
47 L’expression est de Dominique Viart, « “Un peu de réel dans la bouche”. Le vœu d’immédiat de Claude Esteban », L’Espace, l’inachevé, op. cit., p. 265-276, reprise dans Id., « Le dénuement », Revue Europe, op. cit., p. 44-54, p. 45.
48 « Un lieu hors de tout lieu », op. cit., p. 249.
49 Livre I, v. 493-497.
50 « Un lieu hors de tout lieu » s’achève ainsi : « Je crois qu’une poésie peut s’affirmer aujourd’hui […] qui s’accordera à cette condition menacée, la nôtre et celle du monde ; une poésie qui tentera, une fois encore, tel le paysan de Virgile, de faire lever dans le champ désolé du réel – rouille et nuit, armes déjointes, désirs morts – le blé nouveau d’une parole. » (« Un lieu hors de tout lieu », op. cit., p. 263.)
51 Pierre Vilar, « Homo homini humus » L’Espace, l’inachevé, op. cit., p. 73-89, p. 76.
52 Ibid., p. 77.
53 Ce passage appartient à « Le jour à peine écrit », premier volet du recueil Le Nom et la demeure, dans Le Jour…, p. 188.
54 Le Partage des mots, op. cit., p. 120.
55 « Je voulais vivre comme / les fourmis, dans la terre et mangeant / la terre […]. » (Sept jours d’hier, II, « Une porte qui ne ferme pas », dans Le Jour…, p. 285.)
56 Ibid., p. 287.
57 Sept jours d’hier, III, ibid., III, p. 297.
58 Morceaux de ciel, presque rien, Paris, Gallimard, 2001 ; ce recueil a déterminé l’attribution du prix Goncourt de la poésie (2001) à l’ensemble de l’œuvre poétique de l’auteur.
59 Sept jours d’hier, VI, dans Le Jour…, p. 324.
60 Sept jours d’hier, IV, dans Le Jour…, p. 303.
61 « la porte, la dernière, la plus / obscure / est ouverte, sache-le, nuit et jour, / personne jamais ne la referme, / aussi ne te hâte pas, tu franchiras / le seuil à ton heure, quelqu’un / veille là-bas qui n’a pour tâche que le poids / des âmes, les corps / eux, ne souffrent plus ni / ne se souviennent, ni ne reviennent non plus. » (Sept jours d’hier, VI, dans Le Jour…, p. 328.)
62 « J’ai des jours / qui ne servent plus, je vous / les donne […] » (Sept jours d’hier, V, dans Le Jour…, p. 319).
63 Fayoum, Tours, Farrago, 1999, n. p. ; réédité partiellement en quatrième partie du recueil Morceaux de ciel, presque rien, op. cit.
64 Xavier Bruel « Un parcours dans l’œuvre poétique de Claude Esteban », L’Espace, l’inachevé, op. cit., p. 161-189, p. 184. Benoît Conort indique que l’œuvre cède de plus en plus la place à une voix impersonnelle composée de voix multiples, notamment celles des disparus. Benoît Conort, « Qu’en un lieu, des voix… », L’Espace, l’inachevé, op. cit., p. 27-33
65 « Un lieu hors de tout lieu », op. cit., p. 221.
66 Ibid., p. 214.
67 Pour cette raison même, il faut préciser qu’une telle pratique poétique n’a rien de commun avec l’écriture spontanée surréaliste, très critiquée par Claude Esteban (cf. notamment les pages sur Breton dans « Un lieu hors de tout lieu »).
68 « […] j’apprenais, à force d’écrire, que le poème n’est pas fait de sentiments, mais du travail que le poète ne cesse d’accomplir au cœur de la langue. » (Le Partage des mots, op. cit., p. 157.)
69 Voir l’article déjà cité de Xavier Bruel qui développe la relation entre le veilleur, la mort et le lieu (Revue Europe, op. cit., p. 64-75).
70 La Saison dévastée, III, dans Le Jour…, p. 91.
71 Ibid., II, op. cit., p. 53.
72 « N’ajoutez pas aux fleurs les autres fleurs. Car l’une fait défaut, qui ne sera d’aucun bouquet visible. Même un dieu ne la cueille pas. Et d’être ainsi vacante, et sans nom sur nos lèvres, elle éclaire tout le jardin. Qui gouverne le sens, qui goûte mieux par le dedans l’arôme ? Le murmure est partout. Le vent profère une saveur. N’ajoutez pas la rose errante aux autres roses. » (Conjoncture du corps et du jardin, XXXVI, dans Le Jour…, p. 132. Ces lignes montrent combien les premiers recueils doivent à Mallarmé mais aussi aux poètes de la Renaissance.
73 La Saison dévastée, III, op. cit., p. 67.
74 Étranger devant la porte, II. Le deuxième volume de Étranger devant la porte n’est pas un recueil de poèmes comme le premier mais de textes critiques sur quelques poètes contemporains et sur la traduction, pour la plupart déjà édités dans des catalogues ou des revues. Le même titre attribué à deux volumes génériquement si différents paraît témoigner de la continuité entretenue par Esteban entre tous ses écrits. Le texte sur Reverdy, intitulé « Saison tremblante » a été initialement intégré dans Pour Reverdy, Cognac, Le Temps qu’il fait, 1990, 187 p.. Étranger devant la porte II, Thèmes, Tours, farrago, 2001, 93 p.
75 « Un lieu hors de tout lieu », op. cit., p. 260.
76 Texte inédit du 15 février 2005, Revue Europe, op. cit., p. 42.
77 Claude Esteban, « La présence et le lieu », Bulletin ARC 2, n° 1, Argile, Musée d’Art moderne de la ville de Paris (présenté par Emmanuel Hocquard), repris dans L’Espace, l’inachevé, op. cit., p. 15-16, p. 15.
78 Cette revue reste fidèle à l’esprit de L’Ephémère, revue poétique et artistique à laquelle elle succède, dirigée collégialement jusqu’en 1972 par Bonnefoy, Du Bouchet, Des Forêts, Dupin et bien d’autres et éditée par Aimé Maeght. Cf. Michel Jarréty, « À propos d’Argile », Revue Europe, op. cit., p. 264-274.
79 Claude Esteban, « La présence et le lieu », art. cité, p. 16.
80 « […] je n’ai pas failli dans le dedans de moi-même, j’ai tenu bon contre le doute. Je m’abuse peut-être, mais l’espoir ne me quitte pas qu’à cette fidélité, si fragile fût-elle, une autre forme de fidélité plus secrète ne réponde, et c’est par-delà les manquements du poème, un soleil toujours neuf à l’horizon. » Texte inédit du 19 avril 2005, repris dans la revue Europe, op. cit., p. 43.
81 Lorsque l’on considère le jeu des rééditions de textes ou de fragments de textes d’un ouvrage à l’autre, l’on constate combien, dans ses choix éditoriaux, Claude Esteban a favorisé cette continuité.