E.A.O. ou M.O.T.A.M.O. ?
p. 191-208
Résumé
Bernard Magné compare 1Έ.Α.Ο. (Enseignement Assisté par Ordinateur) et ce qu’il appelle le M.O.T.A.M.O. (Manipulations et Opérations Textuelles Assistées par Micro-Ordinateur). Il montre quels sont les avantages de cette deuxième approche et définit quelques-uns des outils informatiques qu’elle demande. Situant son questionnement dans une problématique plus large, il examine quelles perspectives il ouvre à un enseignement de la langue utilisant l’ordinateur.
Texte intégral
1Je voudrais faire trois remarques préliminaires.
21) Cet exposé est destiné en priorité aux enseignants de français. Je n’y aborderai pas, sinon de façon marginale et assez élémentaire, des questions de technique ou de théorie informatique, mais j’examinerai les présupposés et enjeux de certaines pratiques pédagogiques où se trouvent conjoints enseignement du français et usage du micro-ordinateur.
32) Je voudrais donner une rapide explication des sigles qui constituent mon titre et que j’emploierai dans la suite de ma communication.
4L’E.A.O., c’est l’Enseignement Assisté par Ordinateur, selon une appellation désormais officielle, renvoyant à une formulation générique qui a déjà donné la C.A.O. ou Conception Assistée par Ordinateur, le D.A.O. ou Dessin Assisté par Ordinateur, et même... le M.A.O. ou Moi Assisté par Ordinateur, logiciel regroupant un calcul de biorythme, un horoscope traditionnel, un horoscope chinois, des programmes de numérologie, de diététique et quelques autres babioles du même genre. Je précise deux choses : d’une part, pour d’évidentes raisons de commodité, et sauf indications contraires, lorsque je parlerai d’E.A.O., il s’agira toujours de 1Έ.Α.Ο. d’une discipline particulière : le français. D’autre part, la description de l'Ε.Α.Ο. que je vais donner correspond aux produits dont disposent aujourd’hui les enseignants et non aux * nouvelles perspectives » évoquées par exemple dans la brochure Des outils pour l'Ε.Α.Ο.1. Des outils comme le système MAPAL (Modules d’Applications Pédagogiques pour Automates Linguistiques) décrit dans cette brochure par son réalisateur J.-P. Balpe obéissent au contraire souvent aux stratégies que je soutiendrai ici.
5Les M.O.T.A.M.O., ce sont les Manipulations et Opérations Textuelles Assistées par Micro-Ordinateur. Étant l’inventeur de ce néo-acronyme, je dois quelques explications : par son homophonie, ce sigle rappelle l’attention portée au détail et la minutie de la démarche ; les M.O.T.A.M.O. travaillent en priorité le local. La différence entre manipulations et opérations pourrait être la suivante : par opération, j’entends ce qui est entièrement pris en charge par l’exécution du programme comme un tirage aléatoire, un test de compatibilité, une concaténation, etc. ; par manipulation, j’entends ce qui suppose des interventions « humaines » préalables, comme la structuration des données selon un pré-classement du lexique. L’adjectif textuel signifiant qui concerne le texte exige une définition, même sommaire, du texte. Le plus souvent, texte désigne tout énoncé de forme écrite, comme dans le syntagme figé « traitement de texte ». Mais texte peut aussi désigner un énoncé de forme écrite ayant subi des transformations réglées selon des principes excédant les communes catégories de la langue. En ce cas, le terme général pour désigner tout énoncé de forme écrite sera un « écrit ». Reprenant à mon compte cette acception restreinte du mot texte, j’appellerai manipulations et opérations textuelles des manipulations et des opérations portant sur des énoncés écrits, qu’ils soient déjà ou non des textes, pour obtenir des textes nouveaux.
63) Le seul fait que les problèmes de didactiques du français soient évoqués dans un colloque consacré à la « production de textes littéraires » suppose évidemment une prise de parti, sur les fondements de laquelle je n’insisterai pas puisque Claudette Oriol-Boyer en a longuement parlé dans sa communication, mais que je résumerai ainsi : tout enseignement du français passe par une pédagogie de la production textuelle. D’où la double question à laquelle j’essaierai de répondre :
Quel a été jusqu’ici le statut de la production textuelle dans l'Ε.Α.Ο. ?
Quel est le statut de la production textuelle dans les M.O.T.A.M.O. ?
E.A.O. et production textuelle
7L’E.A.O., élément de l’appareil informatique d’Etat, fonctionne massivement à la reproduction et notamment en ce qu’il reproduit la pédagogie traditionnelle du français. D’où cette apparente tautologie : 1Έ.Α.Ο., c’est 1Έ.Α.Ο. ou, si l’on préfère, l’Enseignement Assisté par Ordinateur, c’est l’Enseignement Assuré à l’Ordinaire. Cette reproduction me semble avoir trois aspects principaux : l’exclusion de l’écriture, la division du travail et l’illusion de la transparence.
L’exclusion de l’écriture
8A l’instar de la pédagogie traditionnelle, l'Ε.Α.Ο. élimine pratiquement du champ de ses préoccupations toute activité de production textuelle. Il suffit pour s’en convaincre de lire le catalogue des didacticiels offerts par le C.N.D.P. (Centre National de Documentation Pédagogique) et l’I.N.R.P. (Institut National de la Recherche Pédagogique) à la rubrique « français » : on constatera que les logiciels permettant de produire des textes s’y comptent sur les doigts d’une main, sans même préjuger de leur rapport réel aux processus de production. Ainsi peut-on appliquer presque mot pour mot à l'Ε.Α.Ο. ce que Jean Ricardou constatait à propos de l’enseignement de la littérature à l’Université :
Enseigner les mathématiques consiste à faire des mathématiques, enseigner la biologie consiste à faire de la biologie, enseigner le dessin consiste à faire du dessin. Mais enseigner la littérature consiste non pas à faire de la littérature, mais bien à faire un discours sur la littérature, qu’on l’appelle commentaire, dissertation ou ainsi qu’il plaira2.
La division du travail
9En excluant ainsi de son champ la pratique de l’écriture, l'Ε.Α.Ο. prolonge donc cette division du travail à laquelle fait allusion Jean Ricardou dès l’ouverture des Nouveaux problèmes du roman :
L’idéologie qui pour l'instant domine se caractérise, on le sait, par la systématique parcellisation qu’elle inflige aux procès du travail. S’agissant par exemple de littérature, c’est avec insistance qu’elle s’applique à disjoindre le plus possible l’écriture du texte et la réflexion sur cette activité. Selon une disposition invisible à force d’être familière, se sont ainsi disposées, inverses et complices, deux manières d’institutions : d’une part, l’auteur qui doit faire et non pas comprendre ; d’autre part, le professeur qui doit comprendre et non pas faire3.
10Sur la base de cette division entre pratique et théorie, 1Έ.Α.Ο. en installe deux autres :
l’une oppose le producteur (auteur du didacticiel) aux consommateurs ;
l’autre oppose le consommateur-enseignant au consommateur-élève.
11On a ainsi un dispositif triactantiel (programmeur/professeur/élève) où chaque acteur se voit assigner une place fixe, à une exception près : il peut arriver au professeur d’avoir à occuper, provisoirement, la place de l’élève.
12Ainsi, dans tel colloque où l’on présentera tel didacticiel, l’enseignant informatiquement vierge devra répondre aux subtils Q.C.M. (Questionnaires à Choix Multiples) qui constituent l’un des plus beaux fleurons de l’E.A.O. Dans ce cas, si l’auteur du logiciel est présent, le professeur jouera le rôle du consommateur-type interrogé par les instituts de sondage pour savoir si l’achat d’un baril de Bonux est dû aux vertus détersives de la poudre ou aux charmes surannés de la passette à thé généreusement offerte en cadeau. Mais quelles que soient les relations entre programmeur et professeur, si le professeur peut parfois accéder au programme pour en modifier certaines données, l’élève, lui, ne le peut jamais : toute tentative en ce sens lui vaudrait l’accusation de fraude.
L’illusion de la transparence
13Délibérément, l'Ε.Α.Ο. a choisi ce que j’appellerai la transparence informatique : l’ordinateur y est un outil dont seul le maniement externe doit être connu de l’usager ; il suffit que ce dernier connaisse l’emplacement des touches et des interrupteurs. Le fonctionnement spécifique de la machine, c’est-à-dire la manière dont elle traite son objet, en l’occurrence le langage naturel, et les contraintes qui en découlent, tout cela est un domaine technique réservé. Or cette transparence fonctionnelle, c’est bien celle qui est requise de la langue dans la traditionnelle conception de l’écriture et de la lecture des textes : la matérialité des mots doit littéralement s’y abolir au profit de la venue du sens. Je citerai encore une fois Jean Ricardou :
Cette idéologie qui actuellement domine, nous la connaissons bien. Elle consiste, redisons-le, en le credo suivant. Toujours, à la base du texte, comme son fondement irréductible, comme la condition de sa possibilité, doit nécessairement gésir un quelque chose à dire. Ou, si l’on préfère, ce que nous nommons un sens institué, établi avant même qu’ait eu lieu l’acte d’écrire. Puis s’accomplit l’acte d’écrire, qui est alors conçu comme une manifestation du sens institué. Si le sens institué concerne des aspects du Moi, la manifestation est habituellement nommée une expression. Si le sens institué se rapporte à des aspects du Monde, la manifestation est communément appelée une représentation.
Ce qui nous importe en l’occurrence, on le devine, c’est la manière dont cette idéologie établit le primat du quelque chose à dire aux dépens de l’écrit : dans l’ordre du temps, le sens institué profite d’une priorité sur l’écrit (le quelque chose à dire précède l’acte d’écrire) ; dans l’ordre des valeurs, le sens institué bénéficie d’une primauté par rapport à l’écrit (c’est que le quelque chose à dire qui est essentiel, non l’écrit). Dans ces conditions, le mécanisme de la lecture se voit réduit, à une forme très particulière : lire se borne à une traversée : celle d’un élément secondaire (l’écrit), qui vise un élément principal (le quelque chose à dire). La nature de l’écrit doit être ce qui offre le moins de résistance à la traversée de la « lecture » ; l’écrit doit ressortir à une transparence ; l’écrit doit être ce qui s’élimine en permettant la pleine possession du sens4.
14Cependant, et pour le texte et pour l’informatique, cette transparence est parfaitement illusoire. Tout comme l’idée d’une transparence textuelle méconnaît que le sens est l’effet de précises opérations sur le matériau langagier, de même l’idée d’une transparence informatique méconnaît que le programme mime une certaine compréhension du sens par l’effet de précises opérations sur des chaînes de caractères.
15On le voit mieux maintenant, l'Ε.Α.Ο. s’est jusqu’ici construit sur un double refus : le refus de s’ouvrir à deux pratiques : l’écriture et la programmation, le refus de prendre en compte les spécificités de deux objets : le texte et la machine. Et ce double refus trouve ses raisons profonde dans une certaine conception de la pédagogie du français. Le choix d’une stratégie d’E.A.O. lorsqu’il s’est agi, il y a quelques années, d’introduire l’informatique dans l’enseignement n’est donc nullement conjoncturel mais témoigne au contraire d’une parfaite cohérence idéologique.
M.O.T.A.M.O. et production textuelle
16Sur chacun des trois points que je viens d’examiner, un atelier de M.O.T.A.M.O. fonctionne à l’inverse de l'Ε.Α.Ο.
L’admission de l’écriture
17C’est la production de textes qui constitue l’objet des M.O.T.A.M.O. et les rapports entre production textuelle et M.O.T.A.M.O. se ramènent à trois grands types : un programme de M.O.T.A.M.O. peut être un éditeur, un outil, un scripteur.
18a) Un programme de M.O.T.A.M.O. se comporte comme un éditeur essentiellement de deux façons.
19- Soit le programme effectue automatiquement des opérations qu’un texte préexistant décrit et réalise « manuscritement ». Par exemple, on prend tel passage du Paysan de Paris d’Aragon :
Le sentiment de l’inutilité est accroupi à côté de moi (...) et entre ses mains il tient déplié un accordéon bleu dont il ne joue jamais, sur lequel on lit : PESSIMISME. Passez-moi ce morceau d’azur, mon cher Sentiment de l’inutile, sa chanson plairait à mes oreilles. Quand j’en rapproche les soufflets on ne voit plus que les consonnes :
PSSMSM
Je les écarte et voilà les I :
PSSIMISM
Les E :
PESSIMISME
Et ça gémit de gauche à droite :
ESSIMISME - PSSIMISME - PESIMISME - PESIMISME - PESSMISME -
PESSIISME- PESSIMSME - PESSIMIME - PESSIMISE - PESSIMISM - PESSIMISME
L’onde aboutit sur cette grève avec un éclatement barbare. Et reprend le chemin du retour.
PESSIMISME - PESSIMISM - PESSIMIS - PESSIMI - PESSIM - PESSI - PESS - PES - PE - P - p..., plus rien.
Si ce n’est se balançant un pied dans la main, un peu théâtral et un peu vulgaire, sa pipe à terre et sa casquette sur l’oreille, et chantant je crois bien : Ah, si vous connaissiez la vie des escargots de Bourgogne... en haut des marches, dans la poussière et les bouts de mégots, ce charmant garçon : le Sentiment de l’inutile5.
20Il s’agira alors d’écrire le programme réalisant pour n’importe quel vocable les diverses transformations subies par le mot « pessimisme ».
21– Soit le programme actualise les virtualités combinatoires de certains textes, avec au moins trois modalités possibles :
recours à des textes existants explicitement combinatoires comme le « XLIe baiser d’amour céleste : l’alternance des choses humaines » de Quirinus Kuhlmann6, les Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau7 ou Un peu plus de 4 000 poèmes en prose pour Fabrizio Clerici de Georges Perec8.
transformation d’un texte existant non combinatoire en texte combinatoire comme le billet de Monsieur Jourdain à la Marquise dans Le Bourgeois Gentilhomme de Molière9 ou le célèbre alexandrin de Racine « Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon cœur »10.
combinaisons de fragments de textes existants non combinatoires comme les incipit de L'Education sentimentale, de Bouvard et Pécuchet et de La Chartreuse de Parme11.
22A propos de cette fonction « éditoriale » des M.O.T.A.M.O. qui a été une des premières exploitées, je voudrais souligner ceci : son intérêt consiste sans doute moins dans les résultats obtenus que dans les analyses nécessaires ou possibles en amont et en aval de la phase de production elle-même. Par exemple, le petit travail que j’ai présenté dans le n° 3/4 de TEM à partir d’une scène célèbre du Bourgeois Gentilhomme suppose d’une part quelques réflexions sur la combinatoire, d’autre part conduit à mettre en perspective des stratégies d’écriture divergentes, par comparaison entre le texte de Molière et celui, contemporain, de Quirinus Kuhlmann : d’un côté, correspondant à l’esthétique baroque, une effervescence combinatoire, de l’autre, correspondant à l’esthétique classique, une prudence anti-combinatoire. On le notera dès à présent : les M.O.T.A.M.O. ne trouvent pas leur but en soi, mais elles font partie de tout un processus d’apprentissage et de maîtrise de l’écriture.
23b) Un programme M.O.T.A.M.O. se comporte comme un outil, essentiellement de deux façons.
24– Soit le programme permet la réalisation rapide d’opérations complexes et/ou itératives, par exemple la mise en place des arrangements d’une quenine d’ordre élevé. Je rappelle que la quenine est une généralisation, due à Raymond Queneau, de la sextine inventée par le troubadour Arnaut Daniel12. Une quenine d’ordre n est un poème de n strophes où chaque strophe a n vers terminés par les mêmes mots-rimes qui se déplacent selon la permutation suivante (généralisation de celle de la sextine) : un mot qui est à la place p vient à la place 2*p si p < = n/2 et à la place 2*n+l-2*p si p > n/2. Il existe potentiellement des quenines d’ordre 5, 6, 11, 14, 18, 23, 26, 30, 33, 35, 39, 41, pour se limiter à des grandeurs raisonnables. On voit bien alors que s’il est facile d’obtenir à la main les six arrangements correspondant aux six strophes de six vers d’une sextine, il peut être intéressant de faire produire par l’ordinateur les quarante et un arrangements correspondant aux quarante et une strophes de quarante et un vers (soit mille six cent quatre-vingt un mots-rimes à écrire !) d’une quenine d’ordre 41.
25– Soit le programme permet de vérifier mécaniquement l’application d’une contrainte, par exemple dans un texte lipogrammatique. Ainsi pourra-t-on se convaincre, sans doute un peu plus sûrement qu’à l’œil nu, que les deux séquences suivantes, empruntées à deux textes de Georges Perec écrits respectivement le premier avec les lettres du nom de Jacques Poli, le second avec celles du nom de Georges Condominas, comportent chacune un caractère illicite :
Jusqu’à ce que cela oscille sous ces pôles où la sépia
s’épaissit, où s’épelle le souci ou la joie, le sac ou
la coquille, l’ocelle, le silo, le cap ou l'île,13
Sciences aride
à recenser ces données médiocres, dérisoires
à décrire sans cesse des magasins d’ignames
ces granges de racines grises, ces sacs de graines
résonances des gongs,
manières de manger, de dormir, d’imaginer
codes, signes dégagés de ces gangues ordinaires14
26Je voudrais faire deux remarques sur les M.O.T.A.M.O.-outils. D’une part certaines opérations en apparence simplistes et gratuites peuvent avoir un intérêt heuristique et être de bons auxiliaires de lecture. Ainsi l’écriture rétrograde appliquée au sonnet en X de Mallarmé fait apparaître la présence, dans le premier vers, d’un premier mot palindromique (SES) et d’un quatrième anacyclique (TRES/SERT), ce qui a quelque importance dans un texte où la spécularité joue un rôle essentiel. D’autre part, comme pour la fonction d’éditeur, même les opérations élémentaires sont intégrées dans un projet d’écriture plus complexe. Ainsi un programme de vérification lipogrammatique fait partie d’un ensemble comprenant au moins une recherche et une réflexion sur la notion de contrainte, une recherche et une réflexion sur l’écriture lipogrammatique, une pratique de l’écriture lipogrammatique.
27c) Un programme de M.O.T.A.M.O. se comporte enfin comme un scripteur. C’est le domaine de la littérature de synthèse, avec ses trois régions combinatoire, fonctionnelle et inférentielle, pour reprendre la classification établie par J.-P. Balpe et Paul Braffort dans leur article du n° 3/4 de TEM. Je n’ai pas le temps dans cette communication d’analyser en détail une réalisation de ce type et je renvoie au travail qui s’est fait en atelier au cours de notre colloque ou bien à la description de mon générateur d’Elémentaires Morales Frinnoises, présentée au colloque d’Albi en juillet 198515.
La coopération dans le travail
28Dans un atelier de M.O.T.A.M.O., on refuse la division du travail : la fabrique du texte s’y combine avec la fabrique du ou des programmes qui concourent, en totalité ou en partie, comme outil ou comme générateur, à sa production. Enseignants et apprenants élaborent des dispositifs spécifiques à partir d’objectifs par eux décidés. Ainsi l’apprentissage est double : on acquiert d’un côté une compétence informatique, puisque pour obtenir à l’aide de l’ordinateur un certain effet de transformation sur le matériau linguistique, il faut à la fois analyser les opérations capables de produire cet effet et soit réaliser le programme capable d’effectuer ces opérations, soit comprendre pourquoi ces opérations ne sont pas réalisables par l’ordinateur.
29Je donne un exemple très simple concernant un mécanisme linguistique et non point textuel. Si l’on pense que le recours à l’ordinateur peut faciliter l’apprentissage des règles de la formation du pluriel des noms en français, on peut envisager deux solutions :
La solution de 1Έ.Α.Ο. Elle est elle-même double. Soit l’enseignant prend un des deux cents programmes qui permettent ce genre d’apprentissage avec des exercices à trous et des questionnaires à choix multiples et l’élève fera sur l’écran exactement ce qu’il aurait fait sur son bon vieux cahier Nathan avec son Baignol et Farjon. L’intérêt de la chose me semble nul. Soit l’enseignant décide de fabriquer, seul, le soir, dans ses modestes locaux, un deux cent et unième programme d’apprentissage du pluriel des noms. A l’intérêt nul du point de vue pédagogique déjà évoqué s’ajoute alors une stupidité supplémentaire : pourquoi refaire ce qui existe déjà et qui marche, c’est-à-dire qui produit les résultats nuls dont je viens de parler. A utiliser un logiciel inefficace, autant l’emprunter aux autres...
La solution du M.O.T.A.M.O. Enseignant et élèves se fixent une tâche commune : construire un petit générateur de pluriel, avec même l’objectif à plus long terme de l’utiliser dans un dispositif un peu plus complexe pour gérer une petite grammaire de surface. L’intérêt de la chose me semble double puisque peuvent s’acquérir dans ce travail à la fois une connaissance du pluriel des noms (si on ignore comment se forment les pluriels on ne pourra pas construire le programme qui les écrit) et une connaissance minimale de la programmation (si on ignore comment opère l’ordinateur on ne pourra pas davantage écrire ce programme). Au passage on aura pu constater qu’en raison de sa spécificité, l’ordinateur procède un peu différemment d’une grammaire traditionnelle : il traite par exemple journal, tuyau et hibou par le même sous-programme qui ajoute – UX au mot amputé de son dernier caractère.
30Sur cette nécessité de la programmation, j’apporterai deux précisions.
31D’abord, il ne s’agit pas d’ignorer l’existence des logiciels utilitaires existants : traitement de texte, traitements de fichiers, et même certains logiciels d’E.A.O. qui sont des outils ouverts, comme le logiciel « PISTES », permettant la saisie d’un texte, son indexation, des classements alphabétiques et hiérarchiques, des calculs de fréquences comparées, etc. Les opérations textuelles réalisées par l’ordinateur dans un atelier de M.O.T.A.M.O. seront toujours des opérations simples, adaptées à la compétence informatique de l’utilisateur. On l’a dit et j’y insiste à nouveau : dans un atelier de M.O.T.A.M.O., on n’élabore pas des logiciels puissants, destinés à être commercialisés. On fait du bricolage, mais toujours sur des points précis, en relation avec des besoins et des objectifs précis et limités et toujours, fût-ce de manière très médiatisée, en liaison avec une activité productrice.
32Ensuite, la programmation doit être modulable : selon la complexité des opérations mises en œuvre, certaines peuvent être réalisées par l’enseignant et n’être explicitées que plus tard. De ce point de vue, le langage LOGO est un excellent outil, puisqu’il permet d’écrire, pour les ajouter aux primitives de base, d’autres procédures que les élèves utiliseront, en un premier temps, de manière aveugle : on verra un très bon exemple de cette stratégie dans l’article de Frédéric Robert « La vache qui rit écrit »16.
La mise en question de la transparence
33Si l’on admet qu’une des finalités de l’écriture (définie comme ensemble des opérations qui donnent à un écrit des structures de texte) est d’explorer les potentialités de la langue, alors le scripteur ne peut pas ne pas tenir compte des spécificités du matériau linguistique qu’il travaille. Ces spécificités, je le rappelle, il est commode de les répartir en deux domaines : l’idéel et le matériel. De ces deux domaines, il n’est pas exagéré de dire que l’enseignement traditionnel privilégie massivement le premier : pour lui, un texte, c’est d’abord du sens. Une pédagogie du français qui s’appuie sur ce qui s’est appelé ici scripturalisme17 doit donc procéder à une revalorisation du pôle matériel (ce qui ne signifie pas, bien entendu, que le pôle idéel sera négligé).
34Or qu’en est-il du texte pour un micro-ordinateur ? Pour la machine, le texte n’est qu’une suite de caractère ; du texte, l’ordinateur connaît le seul pôle matériel et même un seul paramètre de ce pôle : le graphème, sur la base de son codage binaire. Recourir au micro-ordinateur pour travailler sur le texte, c’est, au départ, rencontrer les limites très étroites et prendre en compte un unique paramètre textuel. Il y a par conséquent une spécificité dans la manière dont l’ordinateur traite le texte : c’est son aveuglement au sens. Face à cette situation, plusieurs attitudes sont possibles. Ou bien on essaie de résoudre le problème d’une représentation des connaissances formalisable et algorithmisable : c’est la voie suivie par les recherches en intelligence artificielle, dont Vincent Lesbros et Daniel Goosens ont évoqué quelques aspects dans leur communication. Ou bien on rend l’utilisateur aveugle à cet aveuglement en simulant par divers procédés la compréhension du sens : c’est, dans la version subtile, le programme ELIZA de Weizenbaum et, dans la version débile, les programmes d’E.A.O. qui ne se donnent nullement les moyens de faire progresser la résolution des problèmes sémantiques et continuent à comparer, de façon à la fois mécaniste et sournoise, des chaînes de caractères.
35La position adoptée dans un atelier M.O.T.A.M.O. est rigoureusement inverse. Il s’agit en effet d’utiliser l’aveuglement au sens pour privilégier les opérations qui concernent le paramètre textuel accessible à l’ordinateur. La spécificité réductrice propre au traitement informatisé du langage naturel sur des micro-ordinateurs à mémoire limitée comme ceux dont disposent les enseignants des lycées et collèges, n’est pas dissimulée mais au contraire exploitée pour mettre l’accent sur la productivité du signifiant.
36L’intérêt des M.O.T.A.M.O. réside donc moins dans les qualités intrinsèques des résultats que dans l’élaboration des processus qui ont permis de les obtenir et dans l’effet de connaissance que l’analyse de ces processus reverse, en quelque manière, sur le texte et ses mécanismes.
37Au moment où se mettent en place dans tous les lieux d’enseignement des « ateliers d’informatique -, il s’agit de savoir ce que vont y faire les enseignants de français et notamment ceux qui ont déjà une pratique des ateliers de texte. Le refus radical (dans lequel se retrouvent idéalistes mous, au nom des dangers que la machine ferait courir à l’homme, voire à l’âme, et matérialistes durs, au nom des complexes opérations scripturales que la machine ne peut maîtriser) semble à la fois peu réaliste et insoucieux de la curiosité des élèves. Compte tenu des contraintes actuelles (types d’appareils, capacité de mémoire, langages disponibles), il me semble que la seule façon d’articuler ateliers de texte et ateliers d’informatique c’est de transformer ceux-ci en ateliers de M.O.T.A.M.O. Cette articulation sera d’autant plus aisée et fructueuse qu’on fondera les uns et les autres sur la même exigence d’un travail rigoureux. Tout comme on a souligné qu’élaborer des textes en atelier ne signifiait pas une moindre minutie des opérations sous couleur de simples exercices d’école, de même les M.O.T.A.M.O. doivent être conduites avec la plus grande précision, bien qu’elles ne prétendent en rien au rang de logiciels ambitieux. Il faut simplement, ici comme dans d autres domaines, se donner les moyens d’une rigueur dont on aurait tort de sous-estimer les mérites et les vertus pédagogiques.
Annexe
Discussion
Jean Ricardou : Désormais, je souhaite pour ma part définir le texte comme un écrit porteur de structures supplémentaires et établir plusieurs catégories de texte à partir de la manière dont ces structures s’offrent à la lecture. Le phano-texte propose ouvertement ses structures. Ainsi un sonnet, dans sa présentation commune, parce que la distribution des rimes et des strophes saute en quelque sorte aux yeux. Le crypto-texte, au contraire, dissimule autant que possible ses structures. Ainsi le roman La Vie, mode d'emploi, de Georges Perec comporte des organisations comme le « bicarre latin d’ordre dix » et la « polygraphie du cavalier » dont seules, sans doute, des révélations latérales issues de l’écrivain sont en mesure de faire paraître l’activité. Enfin, le bathmo-texte dont la structure se donne à lire par degrés ; s’agissant de comprendre les deux éventuelles possibilités de l’ordinateur vis à vis du texte, il me semble que le bathmo-texte lui pose, par principe, des problèmes redoutables. Et cela de deux façons : d’une part, en ce que l’on peut aisément construire du bathmo-texte sans recourir à un ordinateur ; d’autre part, en ce qu’il est relativement difficile de composer du bathmo-texte avec l’aide d’un ordinateur, voilà ce que je voudrais faire paraître sur un exemple bricolé pour la circonstance à l’instant, supposons l’exemple suivant : « cette phrase commence et finit par sept ».
C’est un bathmo-texte parce que l’écrit y est porteur de structures supplémentaires qui apparaissent par degrés, en ce qu’elles se déduisent d’une certaine manière les unes des autres. Ainsi, il y a une première relation : celle que la phrase entretient avec elle-même puisque c’est elle-même qui est l’objet de son énoncé (si l’on souhaite plus de précision, l’on dira, dans le vocabulaire de Bernard Magné, qu’il s’agit d’un rapport métatextuel dénotatif). Or, cette première indication, est fausse (parce qu’il est erroné que la phrase commence par le mot « sept ») et elle est juste (parce qu’il est exact qu’elle commence par le son « cette » ou « sept »). Elle conduit ainsi à une seconde relation que, pour aller vite, l’on peut nommer une rime. Mais ce rapport homophonique (« cette », « sept »), attirant l’attention sur les bords, met l’accent sur une troisième relation que l’on peut nommer une homographie des avant-extrêmes (« phrase » en deuxième position et « par se » partiellement en avant-dernière, sont des quasi-anagrammes). Dès lors, l’accroissement de ces liens entre extrêmes aide le lecteur à percevoir une quatrième relation, celle de la symétrie générale (la conjonction de coordination « et » se trouve au milieu de la phrase qui comporte de part et d’autre trois mots) ; cet acquis conduit à une cinquième relation, l’enrichissement du rapport métatextuel initial (en effet la phrase commence et finit par sept en ce qu’elle est, elle-même, ensemble de sept mots, sous le constant signe du sept). Ces résultats peuvent alors accroître suffisamment l’attention pour que se découvre une sixième relation par laquelle joue une manière d’auto-expressivité spécifique (le verbe qui dit comment commence la phrase commence par la même lettre, ·· C », que celle par laquelle commence la phrase, « C » ; le verbe qui dit comment finit la phrase finit par la même lettre « T », que la phrase finit, « T »).
Ce qui apparaît, même avec un bathmo-texte aussi sommaire que celui-ci que j’ai composé sur un coin de table pour les besoins de la cause, c’est, me semble-t-il, du point de vue d’une utilisation de l’ordinateur deux catégories de difficultés. Les unes sont techniques : qu’il s’agisse de l’écrire ou de le lire, l’on voit qu’il est plus facile d’utiliser simplement sa jugeotte ». Et, pour une raison bien claire : les diverses relations qui, en se « déduisant » l’une de l’autre, s’accumulent sont simples mais diverses ; pour les obtenir, il faut chaque fois changer quelque peu de point de vue, et j’ai un peu l’impression, du moins dans l’état actuel des progrès, que cela reste plutôt difficile pour la machine. Les autres difficultés sont psychologiques : chacun a un peu tendance, une fois qu’il a trouvé quelque chose, à ressentir une légère joie qui le détourne souvent de chercher outre. Je crains que la difficulté des changements de points de vue lorsqu’on mobilise une machine n’accroisse un peu cet arrêt de la recherche...
Bernard Magné : Un mot d’abord sur l’assimilation de La Vie, mode d'emploi à un crypto-texte. Je préférerai parler de fonctionnements phano, crypto ou bathmo-textuels, plutôt que d’enfermer tel ou tel texte dans telle ou telle catégorie, de manière globale et définitive. Et il s’agit toujours de fonctionnements tendanciels. Cela dit, je serai assez d’accord pour ranger La Vie, mode d'emploi dans la catégorie des textes qui fonctionnent de manière plutôt crypto-textuelle sans que cela exclue quelques mécanismes de mise à jour assez subtils. En ce qui concerne la joie de la trouvaille qui, en cours de lecture, nous détournerait d’aller outre, cela reprend ce que dans le Théâtre des métamorphoses tu appelles l’effacement complémentaire. Le mécanisme est indiscutable, mais je ne crois pas que le recours à l’ordinateur en aggrave le fonctionnement.
Lorsque tu affirmes que l’ordinateur est une machine à fabriquer de l’effacement complémentaire, je ne suis pas d’accord. L’ordinateur ne fabrique pas plus d’effacement complémentaire qu’une lecture ordinaire.
C’est le danger de toute lecture et il n’est pas spécifique à certaines pratiques qui recourent au micro-ordinateur ; globalement ce que je reprocherai un peu à ton intervention c’est de se donner un adversaire à sa mesure, c’est-à-dire de me faire dire des choses que je n’ai jamais prétendu dire.
Le point fondamental, c’est l’acquisition d’une compétence lectorale. Cette compétence peut s’obtenir de diverses manières dont certaines supposent, dans certaines conditions, le recours au microordinateur, celui-ci exigeant, une certaine rigueur de la pensée ; je n’ai jamais dit autre chose...
Jean Ricardou : Une certaine rigueur dans la constitution du programme mais non une certaine rigueur dans l’attention portée au texte, c’est ça le point litigieux. Si l’on veut par une imprécision faire croire que la rigueur portée sur un programme va ensuite pouvoir s’utiliser sur le texte lui-même, alors, pour ma part, c’est une hypothèse que je refuse.
Bernard Magné : Pour ma part, je l’accepte, en précisant bien qu’il ne s’agit pas d’une transposition purement mécanique et qu’il faut prendre en compte les spécificités du texte.
Bernard Vauchon : Je suis enseignant de français et je viens d’être formé à l’informatique d’une façon rapide par un animateur qui a essayé de nous faire travailler uniquement sur des algorithmes. Par ailleurs, je suis poète donc je crois que je fais du texte aussi. J’ai été terriblement surpris et gêné par ce qu’on m’a demandé de faire quand on m’a demandé de faire des algorithmes. Cela m’a appris qu’il y avait une sorte de rigueur séquentielle qui essaie de n’oublier aucun détail dans l’élaboration d’un énoncé. Cela m’a paru à la fois très intéressant et très étranger à tout ce que j’ai l’habitude de faire et même assez inutile. Il y a peut-être deux types de rigueurs : une rigueur séquentielle qui consiste à ne pas oublier le moindre détail dans un algorithme et une autre rigueur qui consiste à travailler dans toute l’épaisseur de l’écrit par exemple.
Jean Ricardou : Il faut ici pointer un risque. L’écriture, est menacée par deux dangers. D’une part le danger effusif, humaniste, et, d’autre part, le danger mécanique, techniciste. Et souvent, ils vont ensemble : d’un côté, la mécanique, et de l’autre le supplément d’âme. Plus il y a de machines d’un côté, et plus il y aura de cœur de l’autre. C’est cette division en extrêmes complices qu’évacue, je crois, une observation un peu poussée de l’exercice de l’écriture.
Ma deuxième remarque porte sur la rigueur des communications. Si les opérateurs de programmation rigoureuse réussissaient aussi à obtenir la même rigueur de composition et de style dans les articles mêmes où ils parlent de cette programmation, je crois que ça se saurait...
Bernard Magné : Au-delà de toute polémique, cette remarque soulève une question plus fondamentale. Si quelqu’un émet une hypothèse de travail (je n’ai rien fait d’autre ici que d’émettre ce matin des hypothèses de travail dans un domaine limité) et si le travail réalisé à partir de cette hypothèse-là ne correspond pas à ce que certains souhaitent, les imperfections individuelles doivent-elles remettre en question l’hypothèse globale ?
Jean Ricardou : Le problème est de savoir si ces manques viennent, disons, d’éventuels défauts individuels, ou du principe même du rapport au texte.
Edith Heurgon : Est-ce qu’il ne faut pas construire un dispositif d’évaluation à terme de la rentabilité de cette hypothèse ?
Bernard Magné : Bien entendu, mais on n’a pas encore le recul nécessaire pour mesurer la rentabilité des pratiques que j’ai proposées. Si l’on refait dans dix ans un colloque à Cerisy sur la production de textes par ordinateur, peut-être serai-je amené à faire mon autocritique.
Simone Geber-Nodiot : A mon avis, ce vers quoi on devrait tendre, ce serait travailler sur la façon dont s’articule le sens et la matérialité du texte. Or, il me semble que l’ordinateur ne permet pas d’interroger cette liaison fondamentale.
Bernard Magné : Il faut distinguer deux choses pour vous répondre. D’une part, il existe toute une série de travaux contemporains sur l’intelligence artificielle, sur le traitement automatique des langues naturelles qui ont précisément pour objet les problèmes de sémantique et de représentation des connaissances en liaison avec une langue donnée. Ces travaux exigent de gros systèmes, des capacités de mémoire et de calcul importantes, sans rapport avec ce que vous avez pu voir ici. D’autre part, il y a ce qu’il est convenu d’appeler des micro-ordinateurs, ceux dont on dispose dans des lieux d’enseignement non spécialisés : écoles, collèges, lycées. C’est à leur sujet que je parlais d’aveuglement au sens : leur spécificité est bien de ne savoir traiter que des chaînes de caractères. Et je propose d’utiliser de manière positive cette limitation, en faisant l’hypothèse suivante : si l'on admet que dans le texte les effets de signifiance reposent en grande partie sur des opérations visant à transformer le matériau linguistique, alors par sa spécificité même le micro-ordinateur peut être un outil de sensibilisation au travail matériel sur la langue, qui a tendance à être oublié par l’enseignement traditionnel.
Notes de bas de page
1 DAPED, 1985.
2 J. Ricardou, 1977.
3 J. Ricardou, 1978, p. 21.
4 J. Ricardou, juin 1978, p. 25.
5 L. Aragon, pp. 60-61.
6 M. Petit, 1977, p. 122-123. Programme réalisé par l'ALAMO.
7 R. Queneau, 1961. Programme réalisé par 1'ALAMO.
8 G. Perec, 1981. Programme réalisé par B. Magné.
9 B. Magné, 1985.
10 Programme réalisé par B. Magné permettant d'obtenir plusieurs dizaines de milliers de variantes aléatoires du type « le mur n'est pas plus gris que le bout de mon doigt ·, – le roc n'est pas plus dur que le bord de mon nez », etc.
11 Programme réalisé par B. Magné permettant d'obtenir des énoncés du type « comme il faisait une chaleur de trente-trois degrés, le général Bonaparte fumait à gros tourbillons devant le quai Saint-Bernard ».
12 Sur la sextine, cf. le n° 99 de la revue Action Poétique.
13 G. Perec, 1988.
14 G. Perec, 1982, p. 24.
15 Actes du colloque d'Albi écriture-traduction, Université de Toulouse-le-Mirail 1985.
16 TEM, n° 3/4.
17 Terme emprunté à Jean Ricardou par Claudette Oriol-Boyer pour sa communication.
Auteur
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