Les étudiants étrangers en France notes préliminaires sur leur démographie, 1880-1980*
p. 321-342
Texte intégral
1Les analyses pionnières de Georg Simmel, William I. Thomas ou encore de Robert E. Park ont mis en lumière l’importance qu’il convenait d’accorder aux groupes étrangers dans la compréhension de la dynamique d’une société. Si récemment en France, du fait de phénomènes comme l’immigration, les communautés étrangères sont devenues l’objet d’une attention croissante de la part des spécialistes de la science sociale, il est un secteur dans ce domaine qui demeure encore mal connu. On constate en effet qu’il existe très peu de travaux de caractère scientifique portant sur les étudiants non français alors même qu’il s’agit d’un groupe dont la présence est loin d’être un phénomène négligeable ou récent -au cours des cent dernières années, plus d’un million et demi d’étudiants étrangers s’étaient inscrits dans les Universités françaises- et que le débat politique s’empare périodiquement de la question ; on n’en veut pour preuve que les protestations contre la situation précaire è-intellectuelle et sociale- faite à ces jeunes gens, les anathèmes contre ces agitateurs venus expérimenter en France leurs projets révolutionnaires1, ou encore les inquiétudes sur les risques encourus de leur fait par l’Université française. Raymond Barre n’avait-il pas brandi la crainte d’une transformation en « dépotoirs »2 ?
2Il convient de signaler que l’absence de travaux de caractère synthétique sur ce thème n’a naturellement pas pour corollaire l’inexistence d’études partielles, portant par exemple sur une nationalité ou sur une Université : à cet égard un travail comme celui de N’Diaye sur les étudiants africains en France mérite d’être souligné3. Toutefois, l’on ne saurait se satisfaire pleinement de cette situation puisque même le rassemblement de ces articles et monographies ne permet pas une appréhension globale de ce groupe social lequel, en dépit de la pluralité de ses origines, de ses comportements, possède une identité « transversale » spécifique.
3Il n’est naturellement pas question, dans les quelques pages qui suivent, de prétendre épuiser l’entière réalité du phénomène. Ce que les présentes observations se proposent toutefois, c’est de dégager, à partir d’une perspective essentiellement statistique, la physionomie générale et l’évolution de la démographie de cette couche particulière de la population étudiante qui nous paraît constituer un paramètre indispensable à la validité de toute interprétation souhaitant dépasser le stade illusoire des savoirs immédiats.
4Aussi peut-on espérer que cette étude pourra au moins rectifier des idées trop facilement reçues. Par exemple, il n’est pas négligeable d’indiquer que notre pays se maintient obstinément et depuis longtemps au deuxième rang, après les Etats-Unis et devant l’Union soviétique, pour ce qui est du nombre total des étudiants étrangers reçus chaque année4. De même, il n’est pas tout à fait indifférent de savoir que, malgré le nombre plus important que jamais accueilli depuis une vingtaine d’années, la proportion des étrangers inscrits dans les Universités françaises est presque de moitié plus faible que dans les années vingt. Il n’est pas non plus insignifiant de constater que l’afflux vers les études littéraires, regretté par beaucoup qui préféreraient voir privilégier des choix vers les disciplines scientifiques, volontiers imaginées plus sérieuses et utiles, est un phénomène ancien qui remonte au début du siècle. Egalement dans le sens d’une continuité dont tous n’ont pas une exacte conscience, il faut souligner que la proportion d’étudiants originaires de pays économiquement très développés comme l’Allemagne, les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne, que certains voudraient attirer de préférence, a toujours été relativement faible, rarement supérieure, pour chacune de ces nationalités, à 3 % du total.
5Il ne faut pas dissimuler qu’une telle démarche, par la place attribuée aux aspects statistiques de la question, est nécessairement austère. On s’efforcera donc de limiter les éléments numériques aux chiffres les plus révélateurs, mais sans espérer pour autant refléter tout ce que la population étudiée, par sa jeunesse et les tempéraments nationaux représentés, a de chaleureux et d’attachant5. Il faudra se borner dans ce travail universitaire, donc pesant, à tenter de présenter d’abord la place de ces étudiants étrangers dans les Universités françaises, en nombre et en pourcentage, avant de se pencher sur leur répartition tant du point de vue de leur origine que des types d’études entre lesquelles ils se répartissent.
I - La place des étudiants étrangers dans l’Université française
6Bien que l’Annuaire statistique de la France6 fournisse, en ce domaine comme dans beaucoup d’autres, d’irremplaçable renseignements sur le nombre des étudiants étrangers accueillis en France depuis 1877, et que ces données puissent être complétées et développées, pour la période la plus récente, par les fascicules Statistiques des enseignements7 publiés par le ministère de l’Education nationale, l’évaluation précise, année par année, de l’évolution du nombre des étrangers inscrits dans les Facultés françaises, se heurte à plusieurs obstacles. Il convient de les lever, avant de fixer les conditions exactes d’augmentation de l’effectif de ces étudiants, ce qui permettra de déterminer l’évolution de leur place relative, en pourcentage, par rapport au nombre total des inscrits.
A - les difficultés de prise en compte de certaines nationalités.
7Les problèmes les plus délicats résultent des crises et des conflits au sein desquels la France s’est trouvée impliquée au cours du XXe siècle, essentiellement les deux guerres mondiales et la décolonisation. L’homogénéité des séries récapitulatives reconstituées périodiquement dans l’Annuaire8 qui, de ce fait, se trouve affectée, nécessite des corrections ; une opération qui s’avère toujours délicate si l’on ne veut pas, en s’éloignant des critères adoptés par les contemporains, multiplier les causes de distorsions au lieu de les atténuer. L’on s’en tiendra donc à l’indispensable.
8La première difficulté dérive de la modification des catégories décomptées, introduite au cours de 1’entre-deux-guerres. Jusqu’en 1937, les étudiants originaires des colonies sont considérés comme des étrangers. Ils demeurent, il est vrai, peu nombreux : moins de 150 en 1888, moins de 700 en 1937, c’est-à-dire de l’ordre de 10 % du total des étrangers. A partir de cette dernière date, le souci de mieux marquer l’appartenance des territoires d’Afrique et d’Asie à un ensemble colonial unique, corrélativement à la crainte de voir ces liens se distendre, conduisent à les considérer comme des étudiants français et à les comptabiliser avec leurs condisciples de la métropole.
9Cette décision est à l’origine d’une distorsion progressivement de plus en plus marquée : en 1950 les jeunes gens originaires de l’Union française et inscrits dans nos Facultés sont déjà près de 2 500 et leur nombre continue de croître en même temps que s’affirme la volonté de former des cadres indigènes, jusqu’à atteindre plus de 8 000 en 1960, soit presque autant que ceux qui viennent du reste du monde et qui demeurent les seuls à être comptés comme étrangers9. L’accession à l’indépendance, suivie par la disparition de la Communauté, conduit à revenir sur le mode de calcul d’avant 1938. Il convenait donc de remédier aux effets de la dérive induite par cette comptabilité. Aussi, dans les chiffres présentés ici, sauf précision contraire, les étudiants originaires de territoires placés sous domination coloniale sont-ils décomptés comme étrangers, même durant la période 1938-1962 où l’espoir de constituer un grand ensemble français avait conduit à les placer dans une catégorie particulière.
10En revanche, il est d’autres sources de variations dans les modalités de calcul que l’on n’a pas cru devoir éliminer, d’une part en raison de la difficulté d’établir avec précision dans quelle mesure elles perturbent les totaux, d’autre part parce qu’elles portent sur des chiffres limités. Ainsi, jusqu’en 1918, les statisticiens condescendent à tenir compte des défaites de 1870 jusqu’à classer les Alsaciens-Lorrains parmi les étrangers mais sans se résigner à les considérer comme des Allemands, un peu comme un groupe sans identité nationale bien définitive, prudence à laquelle le traité de Versailles donnera rétrospectivement raison. De toutes façons, les étudiants ressortissants de cette catégorie et inscrits dans l’Université française, ne sont pas très nombreux, avec des chiffres en baisse, témoignant d’un attachement qui se lasse progressivement : près de 60 en 1877, moins de 30 en 191410. Avec l’Algérie, territoire d’abord intégré puis perdu, c’est un phénomène inverse qui se produit.
11Les Facultés d’outre-Méditerranée vont jouer, de leur création jusqu’à l’indépendance, une double fonction, cumulant les éléments de distorsions en regard de l’époque actuelle : d’abord elles entraînent une prise en compte des étudiants d’Algérie qui y suivent leur formation, comme de Français inscrits en France ; par ailleurs, elles conduisent à considérer les jeunes gens venant du reste de l’Afrique et qu’elles accueillent, comme des étrangers formés en France. Les effectifs ne sont pas ici tout à fait négligeables et ils deviennent progressivement de plus en plus importants : en 1900, 862 étudiants sont inscrits à l’Université d’Alger, dont 38 étrangers ; en 1930, ils sont 2 014 dont 14 étrangers11 ; par la suite, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, les chiffres s’élèvent rapidement pour atteindre plus de 5 000 en 1950 et dépasser 6 000 en 1959. Ici, comme pour l’Université de Strasbourg mais avec des conséquences inverses, il n’a pas paru convenable d’anticiper les événements à venir. Les étudiants algériens sont décomptés parmi les Français jusqu’en 1962.
12Enfin, dernier élément perturbateur à souligner, pour s’y résigner également : malgré une très ancienne présence française, les Guadeloupéens, les Martiniquais, les Réunionnais ne se sont longtemps pas distingués des autres membres de l’Empire colonial puis de l’Union française et figurent donc dans nos totaux et jusqu’à la création des départements d’outre-mer, parmi les étrangers. Au début du siècle, ils sont peu nombreux mais, là, les chiffres marquent une forte augmentation après 1945. Pour s’en tenir aux habitants des Antilles, s’ils ne sont que huit à être inscrits dans les Facultés françaises en 1910 et moins de cent en 1930, ils atteignent près de 600 en 1950 et près de 800 en 196012.
13Pour résumer les réponses apportées à cette question du classement de certaines nationalités parmi les Français ou parmi les étrangers, il suffit de souligner que les statistiques officielles n’ont subi de corrections que par la réintégration dans le groupe des étrangers et pour la période 1938-1962, des jeunes gens issus de l’Empire colonial puis de l’Union française. Les autres sources de difficultés - Alsaciens-Lorrains, Algériens, habitants des Antilles et de la Réunion- n’ont donc été mentionnées que pour mémoire.
B - L’augmentation du nombre des étudiants étrangers
14Ces précautions méthodologiques étant prises, il reste à indiquer les dates qui marquent les étapes principales de l’évolution du nombre des étudiants étrangers en France. Un chiffre suffira pour faire prendre conscience de l’ampleur du phénomène. Du début de la IIIe République jusqu’à la période actuelle, les totaux ont été multipliés par près de 200 : 585 en 1877 contre 110 590 en 1981. Entre ces deux années, quelques oscillations majeures méritent d’être notées. Le chiffre de 5 000 est atteint en 1910, peu avant l’effondrement, aux alentours de 2 000, dû au premier conflit mondial. Ce chiffre est, d’un coup, largement dépassé entre 1925 et 1926, jusqu’à plafonner un peu au-dessus de 17 000 en 1931, avant de descendre, d’abord lentement puis plus brutalement, aux alentours de 9 000 à partir de 1936, puis de 3 000 pendant la deuxième guerre mondiale. On observe ensuite une remontée qui s’accélère avec, de nouveau, un peu plus de 10 000 étudiants en 1950, chiffre situé à 20 000 environ en 1960, puis près de 30 000 en 1970 et qui passe à près de 75 000 en 1975. Le total de 100 000 est atteint entre 1977 et 1978 comme le fait apparaître le tableau n° 1. L’on n’avait rien connu de tel jusqu’alors.
15La politique des pouvoirs publics suit, au mieux accompagne, plus qu’elle ne la provoque, la croissance du nombre de ces étudiants étrangers. Attitude gouvernementale où se disputent, selon des dosages variables en fonction des époques, la satisfaction de constater le prestige de la France dans le monde et l’inquiétude de voir affluer des éléments indésirables.
16Jusqu’aux années soixante, l’accueil des étudiants étrangers est généralement envisagé comme l’un des aspects destinés à favoriser l’expansion de la culture française, voire comme le moyen d’exercer cette mission civilisatrice dont on parle encore parfois sans y croire beaucoup et surtout en laissant ce soin à des initiatives isolées. Les témoignages de ce souci ne manquent pas. L’un des vœux émis par le Congrès de la Libre Pensée tenu à Paris en septembre 1905, stipulait « l’introduction de l’enseignement officiel laïque et gratuit, tendant à l’obligation progressive dans les colonies », y ajoutant la « création de bourses d’études dans la métropole en faveur des élites indigènes »13.
17Les velléités et les limites de la politique officielle sont aussi à souligner. En témoigne, par exemple, la tentative mort-née effectuée au lendemain de la première guerre mondiale en vue d’élaborer une loi pour le développement de l’enseignement en faveur des peuples de l’Empire. Le processus suivi est classique tant dans ses modalités que dans l’échec final. En février 1919, Henry Simon, ministre des Colonies, demande aux autorités locales un compte rendu des efforts déjà déployés ainsi que des propositions destinées à favoriser l’extension des diverses formations nécessaires dans les territoires sous domination française. Rassemblant la matière ainsi récoltée, le ministre produit à son tour un rapport sur la politique à suivre en ce domaine, rapport adressé au président de la République et daté du 8 mai 191914. Le ministre crée donc un service des études relatives à l’instruction publique et y place un professeur de Grenoble, directeur de l’Institut français de Florence, Luchaire. Ce dernier élabore un projet de loi destinée à permettre le développement de l’enseignement primaire, secondaire et supérieur et, en tous cas, à multiplier les bourses dont le nombre serait fixé chaque année par le ministre des Colonies. L’administration interrompra son effort, ayant épuisé sa capacité d’innovation. Le projet ne sera jamais présenté au Parlement15. Du moins le problème a-t-il été convenablement posé : la venue des étudiants étrangers dépend surtout du nombre des bourses accordées, d’abord sur initiative du gouvernement français, puis, de plus en plus, dans le cadre d’accords internationaux de coopération.
18A partir des années soixante et, plus encore, soixante-dix, l’augmentation des effectifs à accueillir commence à faire problème et suscite diverses réactions, notamment d’ordre réglementaire. Ces dernières sont moins la conséquence de raisons financières ou de difficultés d’accueil que la traduction de la volonté des pouvoirs publics de se placer d’abord du point de vue du maintien de l’ordre. Les événements de mai 1968, la part que semblent y prendre les étudiants étrangers, du moins selon certains média, le sentiment d’un afflux surtout perceptible dans la capitale puisque la moitié environ s’y installe de préférence, des témoignages tendant à présenter les nouveaux inscrits comme des opposants absolus au régime de leur pays d’origine et même réticents à toute forme de régime politique, la crainte de voir les mesures de limitation de l’immigration contournées sous prétexte d’études universitaires fictives, tout concourt à provoquer la mise en place d’une réglementation restrictive. En même temps, la peur d’être accusé de xénophobie interdit de faire trop de publicité autour des nouveaux textes et en accentue donc la gravité des conséquences par un manque d’informations chez les premiers intéressés.
19Ainsi une circulaire du 12 décembre 1977, signée par M. Bonnet, ministre de l’Intérieur, soumet l’octroi d’un visa de séjour, pour les étudiants étrangers, à trois conditions : une attestation de pré-inscription, une attestation bancaire de ressources d’un montant égal aux bourses délivrées par le gouvernement français (8 000 F environ), enfin la consultation du « fichier d’opposition » pour voir si le demandeur n’est pas interdit de séjour16. La mise en application du texte aboutit, paradoxalement, à gêner surtout les ressortissants de pays pour lesquels il y a dispense d’un visa de long séjour, essentiellement les Etats membres de la Communauté économique européenne et, plus encore, de l’Afrique francophone. Ces derniers sont, en effet, particulièrement touchés. Leurs nationaux entrent en France librement puis, une fois sur place, se voient enjoints de satisfaire aux mêmes conditions que les autres étrangers. Ils y parviennent d’autant plus difficilement qu’ils n’en ont pas été avertis au préalable et qu’un grand nombre ignore jusque-là les conditions, notamment financières, qui seront exigées d’eux en France17. On sous-estime, généralement, les efforts qu’ils doivent déployer pour se mettre en règle, d’autant que leur pays d’origine pratique, le plus souvent, un strict contrôle des changes. Du moins imagine-t-on sans peine les sentiments que ces étrangers nourrissent désormais à l’égard de la nation qui leur a réservé un tel accueil.
20La réglementation est encore aggravée quelques années plus tard par un décret et deux arrêtés du 31 décembre 1979, cosignés par les ministres des Universités, des Affaires étrangères et de la Coopération, et par une circulaire du ministre de l’Intérieur du 2 avril 198018. Sous réserve d’aménagements qui affectent d’ailleurs la terminologie plus que le fond, les conditions imposées antérieurement sont confirmées et il s’y ajoute d’une part la nécessité d’être titulaire du baccalauréat ou d’un diplôme équivalent, d’autre part le passage par un examen des connaissances de la langue française. Ces prescriptions qui ne sont points surprenantes en elles-mêmes, vont susciter une agitation d’autant plus vive que les syndicats soupçonnent les pouvoirs publics d’arrière-pensées. Certains croient déceler, derrière la mise en place d’une commission nationale destinée à jouer le rôle de filtre obligatoire pour tous les dossiers, le souci inavoué d’exercer un contrôle centralisé sur les candidatures à l’entrée en France. Finalement, la nouvelle réglementation sera interprétée de façon libérale. Si l’épreuve de français est maintenue et adaptée, les Universités retrouveront, plus tard, chacune pour ce qui la concerne et dans le cadre d’une procédure de demandes à choix multiple, le pouvoir de décision en matière d’accueil des étrangers. Il n’en reste plus guère que le souvenir d’un printemps chaud, les étudiants français mobilisés pour leurs camarades étrangers.
C - Les variations dans la proportion des étudiants étrangers
21Pour se faire une idée juste de la place des étudiants étrangers dans l’enseignement supérieur français, l’on ne peut évidemment s’en tenir à des chiffres globaux. Il convient encore de la relativiser en raisonnant sur la base de rapports et de comparaisons. Ceux-ci semblent d’autant plus intéressants qu’ils révèlent des évolutions assez différentes si l’on distingue les rythmes d’afflux des jeunes Français d’une part, de ceux qui viennent de l’extérieur d’autre part. Une forte proportion d’étrangers comme entre 1914 et 1919, peut dissimuler un nombre réduit par comparaison avec les années précédentes mais encore relativement important par rapport à celui des Français absents des amphithéâtres car mobilisés sur le front. A l’inverse, un faible pourcentage, comme entre 1965 et 1968, risque de cacher des chiffres bruts en augmentation mais moins rapidement que ceux des générations issues en France du « baby-boom » de 1945. Intéressants à ce titre, ces calculs de pourcentages paraissent, au surplus, nécessaires pour effectuer des comparaisons avec les Universités étrangères, notamment avec celles des autres pays industrialisés.
22L’étude de la proportion des étudiants étrangers par rapport au nombre total des inscrits dans les Facultés et dans les unités d’enseignement et de recherche montre une situation très différente avant et après la seconde guerre mondiale.
23De la fin du XIXe siècle jusqu’en 1939, le nombre des étudiants étrangers augmente régulièrement, en chiffres absolus on l’a vu, mais également en pourcentages. Partie de 6 % en 1890, la proportion dépasse 10 % en 1908 et ne retombe pas en-dessous de ce chiffre avant 1940. Le premier conflit mondial provoque, certes, une diminution des inscrits venant de l’extérieur mais la baisse est plus importante encore pour les nationaux, écartés des études par une mobilisation qui n’atteint pas leurs camarades étrangers de la même façon. Entre 1914 et 1919, les taux sont de l’ordre de 15 à 20 %, avec des effectifs totaux réduits de moitié ou des deux tiers selon les années. Le redémarrage est rapide après 1919. Il est vrai que les inscriptions de rattrapage effectuées par les jeunes Français démobilisés vont faire redescendre, pendant quelques années, la proportion des étrangers autour de 12 %. Puis, ce rattrapage réalisé, les générations creuses nées pendant la guerre arrivant en cohortes réduites, un certain nombre de pays européens mais aussi africains et ibéro-américains souhaitant former des élites plus nombreuses, le pourcentage des étudiants étrangers s’élève jusqu’à un plafond, jamais atteint depuis, de près de 25 % en 1927. Il redescendra ensuite lentement avec la crise économique dont les effets se font davantage sentir hors de la France.
24Au cours de la deuxième guerre mondiale, l’occupation, le blocus concurrent des alliés et des forces de l’Axe, la mobilisation un peu partout se traduisent par un effondrement du nombre et du pourcentage des élèves étrangers, souvent peu disponibles et, de toutes façons, guère attirés par un pays vaincu et envahi. Il faut alors s’accommoder de chiffres de l’ordre de 2 %. La croissance reprend ensuite. En nombre absolu, elle est évidente. En pourcentage, elle est masquée par l’augmentation, à peu près aussi rapide, du nombre des inscrits français. Tantôt c’est la proportion des étrangers qui s’accroît comme durant la décennie cinquante, reflet d’un souci affiché de former des élites indigènes dans les pays encore colonisés, conséquence également de la présence de générations françaises creuses du fait de la guerre et du déficit des naissances. Tantôt c’est la proportion des nationaux qui augmente comme durant les années soixante par exemple, résultat de l’arrivée des classes pleines nées de l’immédiat après-guerre, d’une part mais aussi d’autre part de l’attirance plus marquée (corrélative à un accès plus facile) pour l’enseignement supérieur parmi les catégories moyennes de la population. Actuellement les pourcentages semblent s’être stabilisés aux alentours de 13 %.
25Ce calcul des proportions, malgré les éléments complexes qu’il fait apparaître, présente l’avantage de favoriser les comparaisons entre pays développés, grâce aux chiffres rassemblés par l’O.C.D.E. Evidemment, on ne peut peser sur les mêmes balances les quelques milliers d’étudiants étrangers inscrits en Suisse et les centaines de milliers se dirigeant vers les Etats-Unis d’Amérique. Les pourcentages remettent chacun à sa juste place, du point de vue de l’effort consenti, et permettent d’établir un classement. Ce dernier est parfois inattendu dans la mesure où ce ne sont pas les pays les plus importants, ceux qui jouent le rôle le plus spectaculaire sur la scène internationale, qui attirent le plus d’inscriptions venant de l’extérieur.
26L’observation des chiffres réunis dans le tableau n° 2 pour la période 1950-1965, complétée par des éléments plus récents jusqu’en 1978, conduit à distinguer, parmi les pays scrutés par l’O.C.D.E., trois catégories distinctes. Trois petits pays, l’Autriche, l’Irlande et la Suisse, tiennent une place à part du fait de la proportion élevée d’étudiants accueillis, généralement entre le sixième et le quart des inscrits, et parce que la plupart viennent des nations voisines.
27Un deuxième groupe rassemble des Etats tels que l’Allemagne fédérale, la Belgique, le Canada, l’Espagne et le Royaume-Uni. On peut joindre la France à cet ensemble de puissances généralement moyennes. Les pourcentages oscillent entre 5 et 10 %, quitte à parfois dépasser un peu ce dernier chiffre. Enfin, un troisième ensemble est constitué par les pays où la proportion des étudiants étrangers est, le plus souvent, inférieure à 2 %, tels l’Italie, le Japon, les Pays-Bas, la Yougoslavie, les pays Scandinaves et les Etats-Unis. L’Union Soviétique peut, de ce point de vue, en être rapprochée.
28Cette diversité entre les nations d’accueil ne doit pas masquer certaines ressemblances. Ressemblance d’abord du point de vue de l’origine des étudiants puisque, sauf exception, la majorité, parmi ceux-ci, vient du tiers monde, selon un mouvement orienté du sud vers le nord. Egalement du point de vue des types de causes qui expliquent des pourcentages plus ou moins élevés, causes liées aux facilités d’installation accordées, aux liens historiques qui ont pu se maintenir entre les anciennes colonies et leur métropole, enfin au prestige de certains centres d’enseignement supérieur. Ressemblances également, quoique moins marquées, dans le rythme des flux d’arrivée, la baisse des pourcentages remarquée dans les années soixante, par exemple, étant sensible à peu près partout car, presque toujours le nombre des étudiants nationaux a augmenté plus rapidement. Ressemblance enfin par le développement de situations que l’on pourrait qualifier de xénophobes qui touchent tant les Universités d’inscription que les pays de départ et rendent de plus en plus difficiles les équivalences19. D’une façon générale, les flux sont assez stables sur la moyenne durée. Les phénomènes de compensations, voire de substitutions, tel pays bénéficiant par exemple de mouvements qui se dirigeaient traditionnellement dans une autre direction désormais moins attractive ou moins accueillante, sont assez rares. Les habitudes de migrations internationales à des fins universitaires sont lentes à se modifier. L’étude de la répartition des étudiants confirme cette impression de stabilité globale sur d’assez longues durées.
II - Les origines et la répartition des étudiants étrangers dans l’Université française
29Reconstituer les mouvements qui portent les étudiants étrangers vers la France, tenter d’en déterminer les motivations serait impossible sans se pencher sur l’origine géographique20 de ces jeunes gens. Il apparaît alors qu’au cours du XXe siècle, un mouvement lent mais incontestable et, surtout, précipité depuis 1945, a conduit l’enseignement supérieur français à attirer, pour ce qui est des étrangers, de moins en moins d’Européens, pour s’ouvrir progressivement aux nations du tiers monde. Constatation d’évidence mais qui mérite quelques précisions chiffrées. Par ailleurs, une recherche plus fine, portant non sur les continents mais sur les pays d’origine, montre un lien assez étroit entre l’arrivée de certaines nationalités et les évolutions de la politique extérieure de la France.
30Le remplacement, dans les Facultés françaises, des étudiants étrangers d’origine européenne, par des ressortissants Africains et des Asiatiques apparaît clairement lorsque l’on considère séparément la première et la seconde moitié du XXe siècle. Jusqu’à la deuxième guerre mondiale et y compris, bien sûr, pendant cette dernière, la proportion des Européens parmi les inscrits non français est toujours supérieure à 70 % et dépasse parfois 80 %. Les Asiatiques sont en général un peu plus de 10 % ; les Américains, nord et sud confondus, se retrouvent un peu moins de 10 % et les Africains autour de 5 %. Le tableau 3 traduit bien ces tendances. Les rapports entre continents ne varient guère pendant plus de cinquante ans, constatation d’autant plus remarquable qu’étant donné les petits nombres en cause, l’arrivée de quelques dizaines de personnes en plus ou en moins suffisent pour modifier les pourcentages de un ou deux points.
31Encore a-t-il fallu, pour définir ces proportions, compter les Turcs parmi les Asiatiques, faute de pouvoir faire une différence entre ceux qui viennent d’un côté ou de l’autre du Bosphore. Or ils constituent, jusqu’à la première guerre mondiale, l’essentiel des représentants de ce continent : en 1900 il y a 184 Turcs sur un total de 192 Asiatiques, en 1914 ils sont encore 313 sur 372. Au-delà de 1918, la proportion diminue pour des raisons qu’il n’est pas de notre propos d’examiner ici mais que l’on imagine bien. Ils sont remplacés par des ressortissants du Moyen-Orient puis, un peu plus tard et très progressivement, de Chine et d’Indochine. L’Egypte, pour sa part, est dans une situation un peu comparable à celle de la Turquie, carrefour de civilisations, point de passage entre deux continents, ses nationaux constituant longtemps l’essentiel des Africains accueillis dans les Universités françaises : 75 sur 140 en 1900, 190 sur 258 en 1914. Le phénomène se poursuit un peu plus longtemps que pour la Turquie puisque les Egyptiens sont encore 527 sur 642 en 1925 et 397 sur 708 en 1935. A l’époque et parmi les autres pays africains, seule la Tunisie s’affirme lentement comme susceptible d’envoyer également des jeunes gens, en nombre significatif, dans l’enseignement supérieur français21.
32Après la guerre, la situation s’inverse. La proportion des Européens parmi les étrangers tombe en dessous de 30 % dans les années cinquante, en-dessous de 25 % dans les années soixante et en-dessous de 20 % dans les années soixante-dix. Le communisme qui s’étend à toute l’Europe centrale, celle-ci cherchant désormais ses sources d’inspiration vers l’est et se détournant notamment de la France, constitue l’une des causes majeures de cette tendance. Les trois autres continents -Afrique, Amérique et Asie- sont quelques temps à égalité avec, respectivement, 20,48 %, 20,54 % et 19,07 % en 1950. Puis, en même temps que les Amériques redescendent très lentement à leur niveau d’avant-guerre, l’Afrique qui, notons-le, s’est décolonisée dans un cadre idéologique somme toute parent du cadre occidental, s’affirme au détriment de l’Asie où l’influence communiste s’étend à son tour, en Chine d’abord, en Indochine ensuite. En 1980, l’Afrique représente plus de 50 % des effectifs d’étrangers contre moins de 20 % pour l’Europe comme pour l’Asie et moins de 10 % pour l’Amérique.
33Actuellement, la plupart des étudiants étrangers en France viennent donc des pays arabes ou d’Afrique noire. Leurs motivations sont complexes et difficiles à classer. Une enquête effectuée autour de 1970 et portant sur un peu plus de 600 jeunes gens arrivés du tiers monde et inscrits dans des Facultés autrichiennes, françaises, néerlandaises et yougoslaves montre que, parmi ceux qui ont choisi notre pays, plus du tiers explique cette décision par les « antécédents » de leur pays, ancienne colonie ou ayant des liens traditionnels avec la France, le rôle des professeurs en poste au titre de la coopération ayant souvent été important. Certains, qui n’ont pas subi la domination coloniale, tels les moyen-orientaux et les latino-américains, mentionnent l’attrait culturel de la France22. En tous cas, l’existence de liens politiques, anciens ou actuels, avec la France, joue un rôle évidemment déterminant, et d’abord la connaissance de notre langue.
34Notre pays n’est d’ailleurs pas le seul à connaître cette situation et la proportion des jeunes expatriés issus du Tiers Monde est impressionnante par rapport à ceux restés sur place, dans leurs Facultés nationales. Une conférence patronnée par l’U.N.E.S.C.O. sur l’avenir de l’enseignement supérieur sur le continent africain a été l’occasion de constater qu’au début des années soixante, 13 000 jeunes gens originaires des pays de l’Afrique dite « moyenne » suivaient leur formation à l’étranger, soit 42 % de la population étudiante totale, et qu’ils étaient 11 000 dans la même situation venant de l’Afrique dite « septentrionale », c’est-à-dire 8 % du total23.
A - Répartition par pays : les aléas de la conjoncture politique
35Les évolutions de la politique extérieure de la France, les alliances successivement contractées puis abandonnées, se lisent presque à livre ouvert dans les tableaux indiquant l’arrivée dans nos Universités des diverses nationalités.
36Avant 1914, c’est le temps de l’alliance franco-russe, avec ses implications financières bien connues et ses conséquences universitaires moins étudiées. Représentant 14 % des étudiants étrangers en 1895, les Russes vont progressivement élever cette proportion, si l’on prend des repères de cinq en cinq ans, à 22 %, 36 %, 48 %, enfin 51 % en 1914. Ils sont suivis, avec de bien moindres pourcentages, par les Roumains et les Bulgares. Témoignent alors du prestige des Facultés françaises les lettres qu’adresse à sa sœur Maria Slodowska, future Mme Curie, qui, de sa Pologne intégrée à l’Empire tsariste, rêve de la Sorbonne et de Paris « comme de la rédemption »24. Autre témoignage, littéraire celui-là, dans un ouvrage de Soljénitsyne qui met en scène les étudiantes des cours Bestonjev, ravies d’apprendre qu’elles vont avoir un professeur femme pour l’enseignement de l’histoire du Moyen Age : « bien sûr, ce n’est pas chez nous qu’elle a eu son doctorat, c’est en France »25. L’anecdote est placée en 1914. Paris exerce alors une véritable fascination sur la jeunesse slave.
37Le conflit mondial passé, la Révolution d’Octobre faisant sentir tous ses effets en Union Soviétique, ce sont les pays de la Petite Entente et, d’une façon générale, de l’Europe centrale et des Balkans, qui vont prendre la relève. Durant 1’entre-deux-guerres, la Pologne et la Roumanie fournissent désormais les plus forts contingents d’étrangers, de l’ordre de 15 % du total pour chacun de ces deux pays. Si l’on y ajoute la Bulgarie, la Hongrie, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, voire la Grèce, on a énuméré l’origine de la majorité des étudiants étrangers en France à cette époque.
38Après la seconde guerre mondiale, les origines vont se diversifier au profit du tiers monde et trois groupes de pays envoient environ le tiers des effectifs étrangers. Il s’agit d’abord de l’ensemble constitué en Afrique du nord, par le Maroc et la Tunisie auxquels il convient de joindre, après son indépendance, l’Algérie. Ce groupe qui rassemble moins de 10 % en 1950 s’est élevé progressivement jusqu’à plus de 30 % en 1980. Il est vrai que le Maroc, premier pays fournisseur depuis le début des années soixante-dix, en envoie environ 14 %26. Une réglementation très favorable aux titulaires du baccalauréat auxquels des bourses étaient libéralement octroyées, combinée avec la capacité d’accueil limitée des Facultés marocaines, a longtemps expliqué cette situation. Des migrations si massives ont évidemment des conséquences sur les conditions de formation des élites. Une enquête effectuée au début des années soixante révèle que, sur 20 000 jeunes Maghrébins inscrits dans des Universités, un tiers avaient choisi des établissements étrangers, le plus souvent français27.
39Le deuxième groupe dont l’importance a oscillé entre 5 et 10 % du total, est constitué par l’Iran, le Liban et la Syrie. Les convulsions politiques qui agitent cette partie du Moyen Orient ont des conséquences contradictoires : des relations alternativement bonnes ou difficiles avec la France attirent ou détournent les jeunes gens ; simultanément la montée de la violence pousse les familles à éloigner leurs enfants. L’influence française demeure, de toutes façons, plus faible au Moyen Orient que dans le Maghreb. Surtout, elle se heurte à la concurrence des établissements anglo-saxons. Pour s’en tenir au Liban et aux années soixante, sur 1 780 jeunes gens suivant des études supérieures hors de leur pays, 33 % s’étaient inscrits dans les Universités américaines, 21 % en France et 14 % en Grande-Bretagne28.
40Enfin, le troisième groupe dont l’importance a diminué depuis les années cinquante est constitué des nations ayant composé l’ancienne Indochine française. Après avoir rassemblé près de 10 % des étudiants étrangers, le Cambodge, le Laos et le Viet Nam sont tombés à moins de 2 %. Encore faudrait-il faire la part des réfugiés en instance d’une naturalisation.
41S’il est donc vrai que l’importance relative des divers groupes nationaux représentés dans les Universités françaises a varié en fonction des évolutions de notre politique internationale, ces mouvements ne doivent pas conduire à sousestimer les conséquences durables de décisions ponctuelles, ni, a fortiori, certaines constantes.
42Il apparaît d’abord que les flux ne se tarissent pas brutalement en cas d’interruption des relations privilégiées entretenues par la France avec telle ou telle puissance étrangère. Lorsqu’il y a renversement d’alliance, souvent causé par une révolution violente comme dans la Russie tsariste, dans les nations de l’ex-Petite Entente intégrées au glacis soviétique, dans les Etats de l’ancienne Indochine française devenue communiste, lorsque des bouleversements politiques sanglants modifient les équilibres sociaux, les départs se poursuivent, s’accélèrent parfois et font sentir leurs conséquences dans les effectifs des Universités françaises pendant plusieurs années encore. Il ne s’agit plus alors de former les futures élites de puissances étrangères mais de recueillir des vaincus qui vont demander leur naturalisation au fur et à mesure que les espoirs de retour s’estompent. Les statistiques ne traduisent que progressivement ces phénomènes majeurs. Pour s’en tenir à un seul exemple : durant l’entre-deux-guerres et suivant les années, ils sont de 5 à 10 % classés comme « russes », parmi les étudiants étrangers.
43Ultime constatation pour souligner un phénomène singulier qui a précédé et suivi chacune des deux guerres mondiales. Il paraît d’autant plus surprenant qu’il concerne trois nationalités -Allemagne, Grande-Bretagne et Etats-Unis d’Amérique-dont les ressortissants inscrits dans les Facultés françaises se caractérisent par leur habituelle stabilité. Les pourcentages sont, en 1980, à peu près les mêmes qu’en 1895, de l’ordre de 2 à 3 % pour chacun de ces pays. Il est donc difficile d’expliquer pourquoi, durant les cinq ou six ans qui précèdent chaque guerre mondiale, la proportion des Allemands augmente sensiblement, jusqu’à dépasser 5 %. Ce n’est guère compréhensible, et pour ce qui est des années 1935 à 1939, que par des départs liés aux persécutions des nazis. Il est, par contre, assez normal que le nombre des Britanniques et des nord-Américains augmente de façon importante après 1918 et 194529. Il n’est pas difficile d’attribuer ce phénomène au plan collectif par le renforcement des liens d’amitié du fait de la lutte menée en commun, au plan individuel par le désir de rester ou de revenir ressenti par un certain nombre de jeunes anciens combattants ayant connu la France à l’occasion des opérations militaires.
B - Répartition par discipline et établissement d’inscription : stabilité dans la continuité
44A plusieurs reprises, il a fallu souligner la relative stabilité de cette population d’étudiants étrangers que la France accueille chaque année depuis plus d’un siècle. Les évolutions sont atténuées par des habitudes de part et d’autre. Si les nombres augmentent, les pourcentages varient peu. C’est particulièrement évident lorsqu’il s’agit d’indiquer comment ces jeunes gens se répartissent entre les principales branches scientifiques et, a fortiori, entre les diverses villes universitaires.
45Pour ce qui est des disciplines recherchées, la situation actuelle est à peu près conforme à celle qui s’est progressivement mise en place au début du siècle. Dans les années 1890, les sciences exactes tenaient la première place, avec un prestige qui était en grande partie le reflet des idées dominantes au XIXe siècle, avec une préférence pour la France qui s’expliquait par l’entrée en lice tardive en ce domaine, des Facultés d’Europe centrale et d’Amérique. Encore l’Université française vivait-elle alors en grande partie sur le souvenir de gloires anciennes.
46Durant les années 1900, les sciences humaines et sociales vont progressivement prendre le pas sur la médecine qui occupait la première place en 1895 ainsi que sur la physique, la chimie et les mathématiques. Déjà, les formations littéraires occupent le premier rang dans les choix des étudiants étrangers, elles y resteront jusqu’à nos jours, rassemblant en général le tiers des effectifs. Les Facultés de droit ne se hissent à la première place qu’un peu plus tardivement, à la fin de la période de 1’entre-deux-guerres. Désormais, renforcées par l’organisation des études de sciences économiques qui vont prendre leur autonomie, elles voient se diriger vers elles environ le quart des étudiants. Les sciences sont progressivement descendues en troisième position, attirant une proportion de l’ordre du cinquième des étrangers, un peu plus que la médecine et la pharmacie, en dernière position pour des raisons où les difficultés pour faire reconnaître les équivalences de diplôme doivent jouer un rôle important.
47Si l’on veut mettre à jour des corrélations entre certaines nationalités et des formations choisies préférentiellement, la même continuité se fait jour. Les étudiants originaires des nations anglo-saxones se dirigent majoritairement vers les lettres. On comprend aisément qu’ayant peu à apprendre en France qu’ils ne trouvent chez eux dans le domaine des sciences et de la médecine, étant donné par ailleurs les différences des systèmes juridiques, ils s’intéressent plutôt à des études de civilisation. Ces dernières séduisent également les jeunes filles : alors qu’elles ne représentent qu’un tiers du total des étrangers, elles constituent près de la moitié en lettres30. A l’inverse, les pays traditionnellement attachés au droit écrit, ainsi que ceux qui, apparus récemment, se dotent d’institutions étatiques, sont particulièrement attirés par les formations juridiques ou économiques. Bien sûr, il n’y a là que des orientations générales que les choix individuels peuvent démentir mais qui se retrouvent très habituellement dans les pourcentages globaux.
48Cette stabilité apparaît également dans la liste des villes d’accueil. Le phénomène le plus spectaculaire est l’afflux des étudiants étrangers à Paris. Il n’y a rien là que d’explicable, étant donné le prestige de la capitale à l’étranger. Il n’en reste pas moins que cette concentration est parfois mal perçue par l’opinion publique, notamment lorsque l’on atteint un niveau de masse critique, lorsque deux nationalités s’affrontent ou lorsque deux tendances politiques transportent à Paris leurs oppositions locales. Cependant, sur la longue période, le phénomène s’est légèrement atténué puisque, au début du siècle, la capitale française réunissait jusqu’à plus de 80 % des étudiants étrangers, alors que, depuis l’entre-deux-guerres et jusqu’à nos jours, elle n’en rassemble qu’un peu moins de la moitié, avec un chiffre minimum, pendant l’occupation, de 37 %31.
49Comme l’illustre le tableau n° 6, les autres étudiants étrangers, ceux que Paris n’attire pas ou qui n’y trouvent pas de place, notamment avec les nouvelles modalités d’inscriptions, se répartissent entre sept à huit villes, à peu près toujours les mêmes depuis un siècle et qui rassemblent, chacune, entre 5 et 10 % du total : de ce point de vue, Grenoble, Lyon et Montpellier occupent généralement la première place parmi les Universités de province, Aix, Bordeaux, Nancy, Strasbourg et Toulouse se situant en deuxième rang.
50Une légère préférence des étudiants européens pour les villes de l’est et de ceux du tiers monde pour le sud de la France peut être également décelée. A considérer chaque Faculté individuellement, les variations sont faibles d’une année ou même d’une décennie à l’autre. Même si l’idée que se font les professeurs de leur pouvoir d’attraction personnel doit en souffrir, il ne semble pas que cet élément joue un rôle décisif, lisible dans les statistiques.
*
51La conclusion peut être l’occasion de constater qu’il n’a pas été possible, et de loin, de répondre à toutes les questions posées par la présence d’étudiants étrangers en France. Il est vrai que les listes de chiffres, si complets soient-ils, si haut qu’ils remontent, ne peuvent rendre compte de la problématique dans toute sa complexité.
52Pour ce qui est des rapports qu’entretient cette communauté étudiante venue d’Europe et, plus encore, d’Afrique, d’Amérique et d’Asie, avec la population française et, entre autres, avec la classe politique, il est difficile de fournir autre chose que des éléments partiels et hétérogènes. A cet égard, on peut souligner l’intérêt que revêtirait une investigation systématique, sur la base de monographies, de ce champ du problème. Il y a des témoignages individuels, tels ceux de personnalités ayant suivi une formation supérieure en France, revenus dans leur pays, y ayant réussi et qui ne répugnent pas à se retourner avec bienveillance vers un passé qu’embellissent la nostalgie et la courtoisie. Il y a les réponses aux très nombreux sondages effectués auprès d’échantillons représentatifs, notamment, des étudiants du tiers monde en France ; elles témoignent d’un incontestable malaise, fait de regrets de la patrie, de jugements sévères à l’égard d’un pays d’accueil considéré comme matérialiste et raciste sous des dehors courtois, de sentiments d’admiration ombrageuse pour le niveau de développement économique et technique atteint.
53Il y a également l’évolution de l’opinion publique française, aussi peu favorable aux étudiants qu’aux étrangers d’ailleurs et que l’on craint de trop sonder sur des individus rassemblant ces deux qualités. Il y a, enfin, les déclarations des hommes politiques, notamment lors du débat de mai 1980, certains se félicitant de la proportion élevée, dans nos Universités, d’inscrits venant de l’extérieur, tel M. Beullac, ministre de l’Education, d’autres craignant qu’ils attrapent à Paris « la vérole politique », tel M. Bonnet, ministre de l’Intérieur, d’autres encore voulant éviter que notre enseignement supérieur devienne « le trop-plein du tiers monde », comme Mme Saunier-Seïté, ministre des Universités32.
54Sont également hasardeuses à apprécier à travers les chiffres, les conséquences que la France peut attendre de ce passage, par ses Universités, d’un grand nombre de dirigeants d’Afrique ou d’Asie. Certes, tous ceux qui ont été formés en France ne peuvent prétendre au destin du Sénégalais Senghor, de l’Iranien Bazargan ou du Cambodgien Khien Sampham. De toute façon, ce n’est pas à travers une seule personnalité très en vue, au surplus dans une position toujours menacée, qu’une influence peut s’épanouir de façon durable. Il faudrait pouvoir déterminer la proportion de cadres politiques, administratifs et du monde des affaires ayant suivi une formation dans une Université française. Mais il s’agit là d’un travail considérable, auquel en outre les intéressés eux-mêmes ne se prêteraient pas toujours volontiers, un tel aveu étant inégalement valorisant selon les époques et les pays.
55A cet égard, on peut quand même évoquer les résultats d’une enquête menée au début des années soixante-dix et portant sur quelques centaines de dirigeants politiques du Maghreb : en Algérie, 35 sur 70 étaient passés par l’enseignement supérieur français, dont 20 à Alger même et 15 en France : au Maroc, 63 sur 100 qui ont répondu venaient des Universités françaises et, en Tunisie, 55 sur 9733. Parmi les disciplines suivies, le droit est évidemment, très majoritaire. La proportion des responsables formés en France semble donc très élevée. Cette situation toutefois ne préjuge en aucune façon, comme il l’est souvent conventionnellement admis, de l’immutabilité des loyautés ; le passage par l’enseignement supérieur français n’est certainement pas une garantie de bons sentiments à l’égard de l’Occident, ni même de notre pays. On songe à Sihanouk, alors chef d’Etat du Cambodge, disant avec un sourire que les jeunes gens qu’il envoyait se former à Pékin rééquilibraient les étudiants marxistes qu’il voyait revenir de Paris.
56A la rigueur, on aurait pu imaginer que les chiffres fournissent des éléments d’appréciation sur l’évolution prévisible du nombre de ces étudiants étrangers au cours, par exemple, de la prochaine décennie. Il faut constater que, dans ce domaine, les flux dépendent, au moins à moyen ternie, de politiques volontaristes difficiles à anticiper. Que la France continue d’accueillir ceux qui veulent s’inscrire chez elle, semble peu douteux. En revanche, les conditions imposées pourront évoluer. Que les pays du tiers monde continuent d’encourager ces mouvements est moins évident. On peut citer le jugement nuancé avancé lors d’une conférence internationale tenue en 1962 à Tananarive sur l’avenir de l’enseignement supérieur en Afrique : « il est certain que, dans le cadre d’une politique à long terme de développement de l’enseignement supérieur en Afrique, le pourcentage des étudiants envoyés à l’étranger devra être réduit. Toutefois, dans le proche avenir, ce nombre devra être maintenu et même accru, jusqu’au moment où les établissements d’enseignement supérieur africains seront suffisamment développés »34. Il faut reconnaître que les opinions portées sur certaines Universités du tiers monde sont fort sévères, même de la part des professeurs nationaux qui y enseignent35. Les conséquences sont prévisibles : une enquête menée au début des années soixante auprès de plus de trois cents étudiants d’Afrique noire révèle que près des deux tiers auraient, de toutes façons, choisi de faire des études supérieures en France, même si des formations semblables existaient dans leur pays36.
57Finalement, ce qui demeure, au-delà des nombres et des pourcentages, c’est l’image d’une communauté d’étudiants étrangers traversée par deux mouvements qui se sont affirmés au cours des trente dernières années mais dont les prodromes sont plus anciens : d’une part l’augmentation spectaculaire des flux et d’autre part la montée du tiers monde. Par delà ces évolutions, il s’agit d’une population relativement stable ; certes elle est parfois sujette, sinon victime, des vicissitudes de la politique internationales des divers pays qui tendent à en faire un enjeu mais elle manifeste, à travers la succession des générations, une incontestable continuité dans son comportement qui apparaît au niveau des choix faits en faveur de certaines formations et de certaines Universités.
58Cette continuité ne se marque nulle part avec une telle force que lorsqu’il s’agit d’évaluer les effets globaux que la France peut attendre, du point de vue de son influence, de la présence de ces étudiants étrangers sur son territoire. On peut toujours discuter, pour ce qui est des résultats obtenus par rapport aux moyens accordés, de l’effort des Alliances françaises, dispersées un peu partout dans le monde, en vue de répandre la connaissance de notre langue et de notre civilisation. On peut s’interroger sur les subventions et les facilités consenties dans l’espoir d’améliorer la diffusion de notre production culturelle, qu’il s’agisse de ventes de livres, de films ou d’émissions de télévision, qu’il s’agisse de tournées organisées pour des acteurs, des chanteurs, des musiciens et des danseurs. On peut contester les mesures prises en vue de la mise en place de manifestations de prestige à l’étranger, sur le plan artistique par l’organisation d’expositions, sur le plan commercial par la présence à des foires, sur le plan scientifique par la participation à des colloques et congrès.
59On peut épiloguer sur les politiques combinées des ministères des Relations extérieures, de la Culture et du Commerce extérieur... Rien ne peut même être comparé, par l’intensité des sentiments suscités, au surplus d’influence imputable au fait d’avoir accueilli, dans nos plus grandes villes et pendant des années, d’avoir formé, à l’âge sans doute le plus décisif de la vie, à l’âge des plus grands enthousiasmes et des plus vives découvertes, dans un climat de camaraderie et d’amitié, plusieurs centaines de milliers de jeunes gens venant des cinq continents. Aucun projet politique, aussi dispendieux soit-il, ne saurait combiner une telle somme d’effets positifs tant par l’empreinte que par la durée pour l’image de la France dans le monde.
Notes de bas de page
1 Cf. par exemple les réactions suscitées par les nouveaux textes de décembre 1980 précisant les conditions d’admission des étudiants étrangers. Certains titres d’articles sont révélateurs : « Les pavés du désespoir », dans Le Point, 5 mai 1980, p. 74 ; « Les derviches des campus », dans Valeurs actuelles, 12 mai 1980, p. 42-43 ; « La flambée étudiante », dans L’Express, 17-23 mai 1980, p. 114 à 116 : « Quand Christian Bonnet soigne la « vérole »… », dans Le Nouvel Observateur, 19-25 mai, p. 55-56.
2 Journal officiel, Débats Assemblée nationale, 1980, p. 1054.
3 Un certain nombre de ces travaux ont été réalisés par des étudiants étrangers dans le cadre de mémoires ou de thèses, souvent basés sur des enquêtes effectuées auprès de leurs camarades. Cf. par exemple Parviz SARANDI, L’adaptation psychologique des étudiants étrangers à Toulouse, thèse lettres, 2 vol., Toulouse 1983, dactyl.
4 Nombre d’étudiants étrangers en 1978 : U.S.A. : 263 940 ; France : 108 288 ; U.R.S.S. : 62 942 ; R.U. : 59 625 ; R.F.A. : 55 337, Cf. UNESCO, Statistiques des étudiants à l’étranger, Paris 1982, p. 24.
5 De ce point de vue, cf. notamment Roger CANS, « Des étudiants très étrangers », dans Le Monde, 22-23 et 24 mai 1980 ; Philippe TOPALIAN, « Etranges étrangers », dans Autrement, 1983, n° 54, p. 49 à 54.
6 Annuaire statistique (abrégé désormais Annuaire).
7 Les renseignements sur les étudiants étrangers figurent dans le fascicule intitulé Les étudiants de chaque collection annuelle des Statistiques des enseignements (abrégé désormais : Statistiques).
8 Dernière série récapitulative publiée qui porte sur les années 1899 à 1964 : Annuaire, 1968, p. 149.
9 Le tableau suivant donne une idée de l’évolution des flux (chiffres bruts et pourcentages) des étudiants originaires des colonies et des Etats sous mandat français jusqu’en 1938, puis à partir de 1950 venant des pays de la zone franc.
(Renseignements extraits de Annuaire, 1890, p. 175 ; 1937, p. 33 ; 1939, p. 34 ; 1940-45, p. 55 ; 1962, p. 55).
10 L’évolution du nombre exact des Alsaciens-Lorrains inscrits dans les Universités françaises est la suivante : 57 en 1877 ; 235 en 1888 ; 32 en 1895 ; 18 en 1900 ; 17 en 1905 et 29 en 1914.
11 De 1895 à 1935, l’évolution des effectifs de l’Université d’Alger s’est faite comme suit.
12 Le nombre des étudiants originaires des Antilles françaises s’établit ainsi :
13 Denise BOUCHE, L’enseignement dans les territoires français de l’Afrique occidentale de 1817 à 1920. Mission civilisatrice ou formation d’une élite, thèse Paris, 2 vol., 1975, dactyl., t. II, p. 882. On ne sait pas trop si la formule sur « les élites indigènes » doit être interprétée comme signifiant que ces bourses seront réservées aux futurs dirigeants d’origine indigène ou si elles ne seront accordées qu’aux enfants des chefs traditionnels.
14 Journal officiel de l’Afrique occidentale française, 1919, p. 398.
15 D. Bouche, ouvr. cité, t. II, p. 869.
16 Le Monde, 24 mai 1978.
17 Rêves d’en France. Des Africains parlent. Qui les écoutes ?, Paris 1979, p. 85-171.
18 « L’accueil des étudiants étrangers dans les Universités françaises », dans S.I.D. (Premier Ministre, Service d’information et de Diffusion), 10 avril 1980 ; Edwy PLENEL, « Les Français et les autres », dans Le Monde, 8 mai 1980, p. 17 ; « Questions sur les étudiants étrangers », dans Le Monde de l’Education, août 1980, p. 60-61
19 Otto KLINEBERG et Jeanne BEN BRIKA, Etudiants du Tiers Monde en ïrope. Problèmes d’adaptation. Une étude effectuée en Autriche, en France, aux Pays Bas et en Yougoslavie, La Haye-Paris 1972.
20 Il est difficile d’étudier l’origine socio-professionnelle des étudiants étrangers, non faute de chiffres mais parce que la nomenclature qui leur est proposée convient mal aux structures de population du Tiers Monde. Cf. Statistiques, 1974-75, p. 39 et « Ils sont 113 977 », dans Autrement, 1983, n° 54, p. 57.
21 Le nombre d’étudiants tunisiens inscrits dans les Universités françaises a évolué comme suit :
22 O. KLINEBERG et J. BEN BRIKA, ouvr. cité, p. 38 à 41.
23 L’avenir de l’enseignement supérieur en Afrique. Rapport de la conférence sur l’avenir de l’enseignement supérieur en Afrique (Tananarive 3-12 septembre 1962), U.N.E.S.C.O., Paris 1963, p. 22.
24 F. GIROUD, Une femme honorable, Paris 1981, p. 44.
25 A. SOLJENITSYNE, Août 19U, Paris 1972, p. 452
26 Nombre d’étudiants venant de ces pays :
(Sources : voir sources tableau n° 3)
27 Jean-Jacques WAARDENBURG, Les Universités dans le monde arabe actuel, 2 vol., La Haye-Paris 1966, t. II, p. 6.
28 Ibid., p. 2.
29 Nombre d’étudiants venant de ces pays :
(Sources : Annuaire, 1900, p. 86 ; 1935, p. 43 et Statistiques 1980 Sur les étudiants américains, cf. John A. GARRATY et Walter ADAMS, From Main Street to the Left Bank, Students and scholars abroad, East Lansing 1929 ; United States Office of Education, Institute of International Studies, American Students and Teachers Abroad, Washington 1975.
30 Répartition des étudiants étrangers par sexe :
(Sources citées supra note 29.)
31 Cf. l’évolution des jugements portés sur Paris dans deux ouvrages destinés à présenter les possibilités d’études à l’étranger : pendant l’entre-deux-guerres, Paris est décrit comme « still the intellectual center of the world » (Horatio Sheafe KRANS, Handbook of American Students in France, New York 1926, p. 1) ; dans les années soixante-dix, il est simplement constaté que Paris « has thé highest prestige among them [les autres Universités françaises], and is the heaven to which good French professors aspire. But it is very little superior to the provincial universities in quality of faculty or student body » (John A. GARRATY, The new guide to study abroad, New York 1971, p. 103).
32 Le Monde, 22 mai 1980.
33 La formation des élites maghrébines, Paris 1973, p. 103-161.
34 L’avenir de l’enseignement supérieur en Afrique, Paris 1963, p. 23.
35 Cf. par exemple A.-S. MUNGALA, « Problématique posée par les Universités en Afrique noire », dans La dépendance de l’Afrique et les moyens d’y remédier. Actes du congrès international des études africaines de Kinshasa établis par V.Y. Mudimbe, Paris 1980, p. 370 à 374.
36 J.-P. N’DIAYE, Enquête sur les étudiants noirs en France, Paris 1962, p. 305-306. Les auteurs tiennent à remercier, pour leur aide, Mrs. Julie Donat, assistant à l’Ohio State University et Mme Baudrin, chef du service des bourses et de l’accueil des étudiants étrangers à l’Université de Toulouse I.
Notes de fin
* Article rédigé avec Michel Louis MARTIN et publié dans Annales de l’Université des sciences sociales de Toulouse, 1984, p. 199 à 227.
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