Toulouse universitaire (1229-1279)
Historique1
p. 297-319
Texte intégral
L’Université de Toulouse, née du traité de Paris de 1229...
1Il faut reconnaître à l’Université de Toulouse une personnalité fortement accusée, dans tous les sens du terme, et dès son apparition, en 1229. Ce 12 avril là, sur le parvis de Notre-Dame de Paris, en présence de Blanche de Castille et du jeune Louis IX, le comte de Toulouse reconnaît sa défaite, il abandonne la moitié orientale de ses Etats, il livre sa fille unique à un frère quelconque du roi pour que l’autre moitié n’échappe pas non plus aux Capétiens, les murailles de ses villes seront démantelées, les cathares survivants pourchassés... Puis, tout abandonné, il entre dans la cathédrale, jusqu’à l’autel, en chemise, pour y subir une pénitence publique. A ce prix, il obtient, pour ses sujets, la fin des pillages liés à l’invasion étrangère et il retrouve sa place de prince chrétien. Il s’était aussi engagé à entretenir à Toulouse, pendant dix ans, quatorze professeurs, en majorité des théologiens, des canonistes et des dialecticiens, pour apprendre aux méridionaux comment résister aux séductions de l’hérésie. Tout commence ainsi.
... qui marque le début de l’enseignement supérieur à Toulouse...
2Il est vrai qu’il n’y a pas grand chose auparavant, en fait d’enseignement. On peut évidemment scruter le De bello gallico jusqu’à exhumer un collège de druides pendant la période gallo-celtique. On peut rêver sur le titre de ville palladienne, octroyé par le poète Martial, à la recherche d’une consonance au premier siècle. Deux cents ans plus tard, c’est Arborais, oncle d’un autre poète, d’Ausone, enseignant la rhétorique ou la jurisprudence. Encore quelques siècles et c’est le Bréviaire d’Alaric et l’on s’interroge sur les rédacteurs d’un code destiné à ce royaume wisigoth auquel Toulouse sert de capitale. Avec l’école du Chapitre de la cathédrale Saint-Etienne au XIème siècle, l’on touche enfin du sûr, sans qu’il y ait cependant de quoi s’émerveiller puisqu’il existe alors de tels établissements dans à peu près tous les diocèses de France. Enfin, tout près de 1229, La Chanson de la Croisade rencontre quelques juristes, tel maître Bernard « bien pensant et savant », tel maître Robert ou encore Gui tête-de-cochon conseiller du comte et légiste à n’en pas douter avec un tel titre.
... connaît une première éclipse due au mauvais accueil des méridionaux...
3Donc, après les barons, les professeurs du nord s’abattent sur la ville pour une autre croisade. Déjà en 1217, le pape Honorius III avait invité les maîtres parisiens à se rendre à Toulouse en vue de répandre la bonne parole théologique, suggestion prématurée alors que Simon de Monfort a toutes les peines du monde à conserver ses conquêtes en endémique effervescence. En 1229, les temps sont plus favorables, l’ordre règne. Les nouveaux professeurs s’installent d’autant plus volontiers que l’Université de Paris est alors en grève et que certains songent à débaucher les étudiants souhaitant poursuivre les cours. Jean de Garlande, parisien venu chercher dans le sud un nouvel auditoire, prépare même une lettre circulaire destinée « à toutes les écoles qui fleurissent en d’autres pays », pour vanter le nouveau centre d’enseignement. La déconvenue est totale. Raymond VII met la plus mauvaise volonté à régler les émoluments prévus dans le traité de Paris. La population locale n’est rien moins qu’accueillante. Jean de Garlande le premier prend peur et fuit précipitamment, donnant le signal du départ en 1232.
... avant de ressusciter comme Université régionale dès 1233.
4Enfant mort-né du traité de Paris, l’Université de Toulouse ressuscite dès l’année suivante mais sur des bases nouvelles, avec des professeurs méridionaux et les privilèges que lui reconnaît une bulle du pape Grégoire IX. Le texte pontifical est si bienveillant, mettant le Studium de Toulouse à égalité avec celui de Paris, qu’il faudra rassurer ce dernier, consterné de perdre une certaine forme de monopole de l’enseignement supérieur en France. Les maîtres toulousains, les écoliers, leurs serviteurs relèvent de la juridiction de l’Eglise. Le comte et ses officiers doivent les protéger, assurer leur approvisionnement, verser les salaires prévus jusqu’en 1239, réparer les dommages subis. Jusqu’aux prix des logements d’étudiants qui sont taxés par une commission spéciale. Aucun détail n’est donc négligé. Les temps sont favorables pour une Université méridionale qui durera.
I – Le Moyen Age
Au Moyen Age, l’Université de Toulouse composée des Facultés de théologie, de droit et des arts...
5A l’époque médiévale, l’Université de Toulouse regroupe plusieurs Facultés, plus ou moins prospères, ayant laissé dans les archives des traces inégalement profondes. Il y a, évidemment, une Faculté des arts, dont on ne sait s’il faut la présenter comme une sorte de Faculté des lettres et des sciences avant l’heure ou comme une propédeutique, passage conseillé ou obligé pour les étudiants désireux d’accéder aux autres établissements d’enseignement supérieur. Sans doute est-elle assez comparable à la Faculté des arts de Paris avec des enseignements fondés sur le trivium et le quadrivium. La Faculté de théologie, la première hiérarchiquement, n’a été définitivement constituée qu’au XVe siècle. Jusque là, l’enseignement est seulement assuré dans le cadre des divers monastères de la ville, chez les Dominicains, les Franciscains, les Cisterciens, les Carmes et les Augustins, la communauté monastique fournissant à la fois les professeurs et les élèves auxquels se joignent quelques clercs séculiers. Seconde dans l’ordre des préséances, la Faculté de droit est la première par l’importance, par le nombre des étudiants, par le prestige des professeurs, jamais loin des puissances de ce monde, enseignant concurremment ou successivement le droit civil et le droit canonique. C’est la principale Faculté tout au long de l’ancien régime, celle qui donne alors sa couleur à toute l’Université de Toulouse, sa réputation aussi.
... la médecine et les sciences restent peu ou mal enseignées...
6A une époque où la mobilité des enseignants et des enseignés n’est pas un vain mot, sans doute la formation médicale souffre-t-elle à Toulouse de la très ancienne tradition montpelliéraine en ce domaine, dès le XIIe siècle. Il n’y a donc pas trace d’une véritable Faculté de médecine au Moyen Age ; tout au plus quelques professeurs médecins apparaissent-ils épisodiquement dans les actes toulousains, enseignant sans doute dans le cadre de la Faculté des arts. Le plus ancien : un certain Lupus ou Lopez, dont on ne sait rien sinon qu’il était également médecin du comte de Toulouse. En 1411, Charles VI s’inquiète de voir à Toulouse la médecine exercée non seulement par des « hommes ignorants et dépourvus de titres » mais aussi -quelle horreur ! - par des femmes. Un examen est exigé. Quant aux autres sciences exactes, elles sont encore moins représentées, se développant très lentement à partir d’une meilleure connaissance des auteurs de l’Antiquité, à la suite notamment de la Reconquête de la péninsule ibérique sur les Arabes et des croisades vers le Moyen-Orient. Saint Thomas est l’un des artisans de la réhabilitation de ces auteurs, Aristote surtout. Il est révélateur que les restes du « docteur angélique » reposent dans l’église des Jacobins où, devant l’Assemblée de 1314, furent proclamés les statuts de l’Université. Il faudra cependant attendre l’affranchissement de la tutelle ecclésiastique au XVIe siècle, puis l’élaboration d’un certain nombre de signes symboliques au XVIIe siècle pour que les disciplines scientifiques émergent vraiment.
... Université placée sous la triple autorité du chancelier du recteur et du conseil...
7L’organisation de la jeune Université, fixée par plusieurs bulles pontificales et d’abord par Innocent IV, est proche de celle dont bénéficie Paris. Deux personnages prestigieux, le chancelier et le recteur, ainsi qu’une assemblée, le conseil d’Université, se disputent le pouvoir avec une irascibilité que l’on ne trouve guère à ce degré que dans les conflits opposant des ecclésiastiques, et avec cette propension à s’empoigner pour des détails futiles qui n’appartient qu’aux universitaires se mêlant d’administrer. Le chancelier représente, par son origine, la protection et les contrôles que l’Eglise fait toujours peser alors sur l’institution universitaire ; il appartient, en effet, au chapitre des chanoines de la cathédrale Saint-Etienne, choisi par le chapitre lui-même ou par l’évêque, à moins que le pape fasse bénéficier quelque candidat ayant de l’entregent, d’une grâce expectative. Il confère les grades, signant les diplômes, présidant certains jurys d’examen. Le recteur, pour sa part, est toujours un professeur, désigné pour trois mois selon un système assez compliqué qui permet de respecter une triple alternance : se succèdent en effet, et alternativement, juristes et artistes, et, parmi les premiers tantôt un canoniste tantôt un civiliste, parmi les seconds tantôt un grammairien, tantôt un artiste proprement dit. On apaise ainsi successivement les prétentions de chaque spécialité. Le recteur convoque et préside le conseil d’Université. Ce dernier rassemble tous les professeurs titulaires, artistes, théologiens, juristes et parfois médecins mêlés, des représentants des étudiants ainsi que des personnalités extérieures. Y figure également, le syndic chargé de représenter l’Université dans ses procès, souvent un avocat. Le conseil délibère sur toutes les questions intéressant l’Université.
... regroupe des professeurs, généralement bien intégrés à la vie de la cité, ...
8Les professeurs, en tout cas les juristes, sont généralement choisis par concours passé devant un jury composé des professeurs titulaires dans la matière pour laquelle l’on a besoin d’un nouvel enseignant. La Faculté de droit, la mieux connue, compte environ neuf professeurs spécialisés pour certains en droit canonique et pour les autres en droit civil, c’est-à-dire en droit romain. A défaut de liste exhaustive, l’historien est réduit à retrouver leurs traces dans toutes sortes d’actes où ils apparaissent parés de leurs titres, personnages considérables, souvent fort proches du pouvoir politique, d’abord appartenant à l’entourage de Raymond VII puis utilisés par Alphonse de Poitiers pour faire annuler le testament de son beau-père qui avait multiplié les legs particuliers avec trop de générosité pour le goût de son héritier. Après l’intégration du comté au domaine royal, les professeurs soucieux de ne pas se confiner dans leurs cours, passent au service du roi, occupant généralement des fonctions judiciaires ou encore chargés d’enquêtes particulières pour réprimer certains abus dans l’administration. Beaucoup donnent également des consultations. Lien traditionnel entre l’enseignement et la pratique juridiques. Une autre puissance attire les professeurs, celle de la papauté qui puise parmi eux pour occuper les sièges épiscopaux. Ce mouvement vers les prélatures est particulièrement important au XIVe siècle, avec la papauté d’Avignon qui fournit des pontifes d’autant mieux disposés que trois d’entre eux au moins sont passés par Toulouse comme professeur ou, à tout le moins, comme étudiant : ce sont Jean XXII, Innocent VI et Urbain V.
... et des étudiants à la fois nombreux...
9En l’absence de registres d’inscriptions avant le XVIIe siècle, il est impossible de connaître le nombre exact des étudiants. Du moins peut-on s’en faire une idée grâce aux rotuli, ces listes adressées à la chancellerie pontificale en vue d’obtenir des bénéfices pour les étudiants méritants. Certains rotuli avancent jusqu’à près de quatorze cents noms, en 1379 par exemple, dont 40 % d’artistes et de grammairiens et 60 % de juristes, sans épuiser pour autant le nombre de ceux qui apprennent les arts et le droit à Toulouse, beaucoup ne pouvant prétendre à de tels bénéfices. Ce sont donc, sans doute, un peu moins d’un millier d’étudiants que rassemble la Faculté des arts et plus d’un millier qui se retrouvent en droit civil ou canonique, avec un recrutement surtout régional, à la fin du XIVe siècle, chiffres qui ne seront de nouveau atteints et dépassés qu’au XVIe et au XXe siècles. Population bigarrée, réunissant sur les mêmes bancs ou, en tous cas, dans les mêmes cabarets, des fils de famille forts à l’aise et des nécessiteux cherchant, à force de travail, à sortir de leur condition inférieure, des écoliers de moins de quinze ans et des adolescents très prolongés, parfois précepteur accompagnant quelque riche jeune homme, parfois étudiant éternel en voie de clochardisation, les « goliards » trouvant cependant des avantages à ce statut qui protège un peu contre la police. Au surplus, et pour venir en aide aux vrais étudiants à la fois méritants et pauvres, quelques riches bourgeois toulousains, souvent aussi des cardinaux, consacrent par testament une part de leur fortune à la fondation et à l’entretien de collèges, c’est-à-dire de maisons où un certain nombre de ces jeunes gens inscrits à 1’Université, rarement plus d’une vingtaine, trouveront à la fois le vivre, le couvert et de bonnes conditions de travail, avec parfois une bibliothèque, voire des répétiteurs.
… et agités.
10Population agitée, par ailleurs, secouée de mouvements contradictoires, les étudiants s’opposant à la police, bien sûr, mais aussi aux capitouls, à leurs condisciples, voire à leurs professeurs ; cette jeunesse ne respecte rien. La papauté multiplie les appels au calme, les objurgations menaçantes, avec une précision qui instruit mieux que les procès et les chroniques sur les désordres les plus fréquents, et avec des répétitions d’année en année qui montrent la persistance de ces pratiques malgré toutes les exhortations : on souhaite que les étudiants endossent des habits qui correspondent à leur condition de clerc, qu’ils ne portent pas l’épée, que leurs banquets ne dégénèrent pas en beuveries ou en rixes, qu’ils ne se heurtent pas violemment à l’occasion des élections universitaires, que les cours ne soient pas des occasions de troubles... Les autorités municipales, compétentes pour le maintien de l’ordre mais non pour sanctionner les perturbateurs d’origine étudiante puisque, clercs, ils relèvent des tribunaux ecclésiastiques, admettent mal cette limite à leur pouvoir. Le bruit court, en 1292, que les capitouls ont emprisonné clandestinement et torturé certains étudiants puis, pour s’en débarrasser, qu’ils les ont fait noyer, de nuit dans la Garonne. Bruit si persistant, que même Philippe le Bel s’en émeut.
11Quarante ans plus tard, ce ne sont pas des rumeurs : au cours d’un tapage d’étudiants, un capitoul qui tentait de rétablir le calme -excellente occasion d’être au mieux ridiculisé, au pire frappé- est défiguré d’un coup de couteau du front jusqu’au menton, emportant au passage onze dents ; le coupable, Aimery Béranger, arrêté le lendemain, est décapité sur ordre de la juridiction consulaire, exécution précédée de quelques menues réjouissances qui amusent toujours les badauds, telles que course du condamné dans la ville, ablation du poing, traîne dans les rues attaché à la queue d’un cheval... Péripétie dans la vie étudiante si la monarchie, toujours avide, n’y avait vu l’occasion de rançonner un peu la municipalité toulousaine et de réformer les élections capitulaires, en punition de ce jugement contraire aux privilèges universitaires. Un chahut qui tourne mal, comme parfois.
L’enseignement, donné sous forme de lectura...
12La pédagogie du temps est fondée sur deux institutions : la lectura, procédé habituel, et la disputatio, occasion d’exceptionnelles séances de virtuosité intellectuelle. La lectura répond à la nécessité de faire connaître aux étudiants les textes qui servent de base à la science, en droit romain le Corpus Juris Civilis, en droit canonique le Corpus juris Canonici rassemblant le décret de Gratien et les Décrétales, en théologie les Sentences de Pierre Lombard, en médecine les ouvrages d’Hippocrate et Galien. Au cours d’un cycle d’enseignement qui se poursuit sur plusieurs années, de cinq à huit selon les cas, le professeur doit donc lire ces ouvrages, commençant au début et poursuivant jusqu’à la fin, donnant au fur et à mesure, et en latin bien sûr, les explications nécessaires, interdisant souvent aux étudiants qui ont eux-mêmes le livre de référence sous les yeux, de prendre d’autres notes que quelques gloses brèves en marge, afin qu’ils fassent surtout travailler leur mémoire. Avec ces lectures commentées de « master-pieces », l’on n’est pas très loin des méthodes actuelles de l’enseignement undergraduate américain, stupéfiantes d’originalité et de nouveauté aux yeux de certains universitaires européens. Comme le maître moderne arrivant armé d’un magnétophone, le professeur médiéval admet parfois à son cours un reportator qui transcrit ses paroles pour qu’il en demeure trace, fournissant une source de renseignements irremplaçables à l’historien désireux de reconstituer les cours de l’époque, du moins lorsque le sténographe n’est pas gêné par le chahut ambiant. L’un deux assistant à l’enseignement de Guillaume de Cunh en 1315, indique : « Aujourd’hui je n’ai rien pu noter, ni entendre, les étudiants sifflaient ». Vieille Université, riche de ses traditions inchangées.
... des passages les plus importants des ouvrages de référence, ...
13Exercice fastidieux la lectura, interminable même s’il avait fallu lire vraiment d’un bout à l’autre tout le Corpus par exemple. En fait, il est admis que les professeurs titulaires, les régents, s’en tiennent dans leur cours principal aux passages les plus importants mais avec un luxe de précautions pour éviter qu’une telle autorisation n’entraîne des abus. Aussi les autorités universitaires fixent-elles, par un acte officiel, les puncta taxata, la liste des divers chapitres des ouvrages de référence qui devront être obligatoirement lus et commentés, un calendrier précis accompagnant cette liste pour éviter les retards comme les survols. Liste et calendrier sont publiés et les bedeaux de l’Université en vérifient le respect par tous les membres du corps enseignant. Ainsi peut-on espérer que le programme sera convenablement traité. Et les passages non prévus aux puncta taxata ? Ils font l’objet d’une lecture commentée, donnée non pas le matin par les professeurs, mais l’après-midi, généralement par des bacheliers ou des licenciés au cours de séances qui font figure à la fois de complément au cours principal pour les écoliers débutants qui écoutent, et d’exercice pratique pour les étudiants confirmés qui professent, exercice nécessaire pour l’obtention d’un grade plus élevé.
... et sous forme de disputatio...
14Quant à la disputatio, elle doit permettre aux professeurs de prouver l’étendue de leurs connaissances et la qualité de leur argumentation. Exercice périlleux mais utile pour plaire aux étudiants, nécessaire en un temps où l’essentiel du traitement des universitaires vient souvent des droits d’inscription auxquels s’ajoutent les sommes tirées des revenus de la Faculté. Sauf dans le cas du quodlibet où l’enseignant accepte de faire face à n’importe quelle question sur n’importe quel sujet, les thèmes de la discussion sont annoncés et affichés à l’avance pour que chacun puisse peaufiner ses arguments. Un auditoire souvent nombreux vient assister à ces arguments qui opposent les professeurs entre eux ou aux étudiants déjà bacheliers, licenciés ou docteurs. Belle opération publicitaire pour qui se montre brillant, moyen de faire connaître ses travaux ou d’attirer des étudiants à ses cours, mais séance qui peut aussi tourner à la confusion de son organisateur. C’est ainsi que Toulouse est, en 1273, le théâtre d’une disputatio célèbre qui marque une étape dans l’enseignement du droit. François Accurse, fils du plus fameux juriste de la plus ancienne Faculté de droit d’Europe, celle de Bologne, vient présenter à Toulouse les thèses désormais traditionnelles de son père et s’entend contredire vigoureusement, victorieusement même selon des témoins plus ou moins objectifs, par Jacques de Révigny, qui se fait le protagoniste d’une formation plus pratique, appliquant le droit romain aux problèmes du temps. Episode glorieux dont on ne peut malheureusement préciser où il se déroula, l’Université ne bénéficiant pas alors d’un local unique, cours et débats étant répartis dans plusieurs salles, dispersées dans la ville, mises à disposition par la municipalité ou louées par les professeurs pour l’occasion, encore qu’un mouvement de regroupement aux alentours de la rue des Lois se dessine à la fin du Moyen-Age.
... débouche sur la remise des titres de bachelier, de licencié et de docteur...
15L’octroi des grades universitaires fait l’objet de procédures différentes selon qu’il s’agit du titre de bachelier, de licencié ou de docteur. L’étudiant devient bachelier par simple assiduité au cours, sans contrôle des connaissances. Il doit s’inscrire auprès d’un professeur, suivre régulièrement son cours pendant un cycle de cinq à huit ans nécessaire pour faire le tour du programme, sans oublier bien entendu, de payer les droits prévus. Au terme de ce cycle, et sans autre vérification que celle d’une assiduité plus ou moins effective, le professeur présente ses étudiants au chancelier pour qu’il les proclame bacheliers. L’obtention de la licence suppose une formation de même durée, de l’ordre de cinq à huit ans, cette fois non plus passive, à écouter la lectura du professeur, mais appliquée, à commenter soi-même les textes de base devant des étudiants débutant, comme on l’a vu plus haut. Il faut au surplus satisfaire à un examen en deux parties, d’abord privé, devant les professeurs de la Faculté, puis public devant le chancelier, les professeurs et les docteurs, le candidat devant soutenir une interrogation sur un sujet déterminé au hasard, par ouverture du livre de référence, ou choisi à l’avance. Quant au doctorat, ce n’est semble-t-il qu’un titre honorifique moins subordonné à la preuve de connaissances supplémentaires qu’au paiement de certains droits, titre octroyé en même temps ou quelques temps après la licence selon les disponibilités financières de l’impétrant.
... dont la délivrance est authentifiée par le sceau de l’Université.
16Bien entendu, comme toute personne morale, l’Université a un sceau qui la symbolise et garantit l’authenticité des actes qu’elle délivre. Le sceau le plus important, réservé aux présentations à un bénéfice vacant, apparu dès le XIIIe siècle et utilisé presque jusqu’à la fin de l’ancien régime, met en scène un professeur faisant cours à deux étudiants sous le regard d’un appariteur. Au dessus des quatre personnages et sous un dais à pinacles, une vierge tient l’enfant Jésus d’une main et un rameau fleuri de l’autre. Lorsque le XXe siècle voudra renouer avec les traditions médiévales de l’Université de Toulouse et ressusciter les anciens symboles, elle se heurtera à cette vierge protectrice des professeurs et des étudiants pendant plus de cinq cents ans. Peu sensibles au culte marial, les autorités publiques exhumeront alors un autre sceau, plus petit, moins ancien, presque illisible, moins utilisé mais ne contenant pas d’autres symboles cléricaux qu’une discrète crosse d’évêque. C’est ce sceau, représentant un docteur assis, le livre à la main, qui symbolise aujourd’hui l’Université de Toulouse.
17Déjà à l’époque, malgré protections et privilèges, elle demeure exposée aux aléas de la conjoncture politique, dont les conséquences sont parfois considérables, rythmant son développement puis son déclin au Moyen Age. Entourée de prévenances par le pape et par le roi, rassemblant des enseignants remarquables, l’Université de Toulouse, et surtout sa Faculté de droit, connaît après des débuts difficiles une période d’apogée à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle. C’est l’époque des doctores Tholosani, juristes prestigieux tels Guillaume de Ferrières, Guillaume de Cunh, Hugues de Carol auteur d’un traité de la coutume de Toulouse. Les artistes et les médecins sont moins connus au point qu’il faut attendre le XVe siècle pour pouvoir citer Raimon de Sebonde, auteur d’une « Théologia Naturalis » qui ne visait rien moins qu’à dresser un tableau systématique de l’univers et à répartir selon une classification hiérarchisée l’ensemble des êtres créés. La fin du XIIIe et le début du XIVe siècle semblent être également l’époque où le nombre des étudiants, originaires de toute la France, atteint un maximum. Par la suite, à la fin du XIVe et pendant la plus grande partie du XVe siècle, trois éléments se conjuguent pour affaiblir une Université par nature vulnérable. C’est d’abord la peste noire qui décime les populations européennes et notamment méridionales, au contact des ports méditerranéens, foyers de contagion. Avant même la fin de l’épidémie, la guerre de cent ans se rallume, avec les incursions du Prince Noir jusque sous les murs de Toulouse. Elle provoque la fuite des habitants et une division des esprits au point que l’on voit les capitouls faire envahir un des collèges d’étudiants pour mettre la main sur un agent anglais, tuant ou blessant ceux qui s’opposent à cette incursion. Par la suite le Grand Schisme affecte d’autant plus l’Université toulousaine que, institution à la fois pontificale et royale, et après s’être prononcée en faveur de Benoît XIII, elle est contrainte, pour plaire à la monarchie, d’adhérer à la soustraction d’obédience du royaume de France à l’égard de la papauté. A la même époque et pour consolider des fidélités vacillantes, le pape accorde très libéralement les diplômes. Evidemment les titres n’y gagnent pas en prestige. Ainsi déconsidérée, affaiblie par cette première crise grave, l’Université devra attendre les réformes mises en place par le Parlement et les faveurs de la monarchie pour connaître, à l’époque de la Renaissance, une nouvelle prospérité.
II – Les tempsmodernes
Les quatre Facultés toulousaines, à côté desquelles se développent un certain nombre de collèges...
18Du XVIe au XVIIIe siècle, la composition et l’organisation de l’Université de Toulouse subissent peu de transformations par rapport au Moyen Age, du moins en apparence. Quatre Facultés se répartissent les étudiants de façon d’ailleurs fort inégale : la Faculté des arts d’abord, puis les Facultés de théologie, de droit et de médecine, cette dernière se voyant maintenant reconnaître une véritable existence. A leurs côtés apparaissent de nouvelles institutions dont les professeurs ne savent trop s’il faut les considérer comme des alliées ou des concurrentes. La Faculté des arts voit sa fonction traditionnelle de propédeutique battue en brèche par le développement de l’enseignement dans les divers collèges de la ville. Parmi ceux-ci, le plus dynamique est celui de l’Esquile, apparu en 1551 sur ordre d’Henri II, par fusion de sept vieux collèges décadents que les revenus affectés par leurs fondateurs ne suffisaient plus à entretenir. Ses professeurs attirent de nombreux jeunes gens qui se détournent des arts traditionnels au point que les arts également, ainsi que la théologie, souffrent de la montée de l’enseignement secondaire, notamment donné par les jésuites dans leurs locaux de l’hôtel de Bernuy, lui aussi finalement intégré. Il est révélateur que ce soit dans le cadre du collège royal que la municipalité de Toulouse crée, peu avant la fin de l’ancien Régime, la première chaire d’histoire.
... ainsi que plusieurs sociétés savantes...
19Se développent également alors des sociétés savantes parmi les plus anciennes d’Europe. A côté des Jeux floraux qui organisent depuis le XIVe siècle, des concours littéraires auxquels participent étudiants et professeurs tels Visagier ou Forcadel, s’affirment l’Académie de peinture, sculpture et architecture et surtout l’Académie des sciences qui, héritière de la tradition de la Société des lanternistes, organisée par le professeur de médecine Gouazé, l’apothicaire Sage et le chirurgien Carrière, met en place, à côté des conférences et des publications régulières, un cours de botanique pour les étudiants en pharmacie. La Faculté de médecine maintient la distinction traditionnelle entre médecins et chirurgiens-barbiers, ce qui provoque la création par le roi, en 1761, d’une école de chirurgie dotée de six enseignants. Les rapports sont parfois tendus entre certaines de ces institutions, sans que la science paraisse gagner beaucoup à cet antagonisme.
... se laïcisent peu à peu sous l’autorité du Parlement...
20L’organisation de l’Université demeure fondée sur la coexistence plus ou moins pacifique du chancelier, du recteur -désormais toujours un juriste- et du conseil d’Université. Cette stabilité apparente dissimule une évolution vers la laïcisation progressive de l’enseignement supérieur. Dès les années 1470, le Parlement de Toulouse s’emploie à le réformer et son attention ne désarme pas jusqu’au XVIIIe siècle. Il enjoint au chancelier d’être présent à Toulouse pour exercer son office, il veille au renouvellement régulier de la charge de recteur, il organise les conditions de nomination des professeurs, n’hésitant pas à participer au jury dont dépend le choix, voire à procéder à des désignations provisoires, allant parfois jusqu’à faire assurer par les parlementaires eux-mêmes, certains cours en cas de carence des enseignants habituels. Il contrôle la délivrance régulière des diplômes, voulant parfois annuler les titres accordés avec légèreté. Il entend veiller à la tranquillité des étudiants et prend la relève de la papauté pour exhorter ces jeunes gens à ne pas porter des armes, à ne pas s’attrouper, à ne pas attaquer le guet, à ne pas se rançonner mutuellement... Aucun détail ne rebute le Parlement : il s’inquiète de la décence des vêtements des étudiants et des professeurs, du programme des cours, du respect des horaires, il s’enquiert de la bonne tenue des bals où les étudiants sont nombreux. Pesante sollicitude. D’autres institutions interviennent également, concurremment avec le Parlement. Les capitouls se préoccupent surtout du maintien de l’ordre dans les rues de la ville, toujours prêts à grignoter les privilèges juridictionnels ou fiscaux des universitaires. A un niveau supérieur, les Etats du Languedoc sont périodiquement sollicités sur divers abus et sur la rétribution des professeurs. Enfin, le Conseil du roi se prononce sur les cas les plus graves, parfois après des enquêtes plus ou moins bien accueillies par les populations locales.
... tandis qu’augmente le nombre des professeurs...
21Le nombre des professeurs titulaires est assez réduit, au point qu’il faudra créer, à l’époque de Louis XIV, et pour les aider dans le service des examens, également pour les remplacer en cas d’absence ou de décès, un corps d’agrégés choisi par la Faculté parmi les docteurs. Ainsi, la Faculté des arts comprend, au XVIIe siècle, deux professeurs et cinq agrégés, la Faculté de théologie deux professeurs également, de dogme et de morale, auxquels viennent s’ajouter six enseignants conventuels ; la Faculté de droit, la plus peuplée, a conservé depuis le début du XVIe siècle, six professeurs auxquels se sont joints huit agrégés ; la Faculté de médecine rassemble trois professeurs. A la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, la création de quelques chaires nouvelles témoigne de la volonté des pouvoirs publics de diversifier et d’adapter les enseignements, plus que du dynamisme propre des Universités. En 1679, Louis XIV impose aux diverses Facultés de droit, un professeur de droit français, brisant le monopole du droit romain et du droit canonique dans lesquels se confinait jusqu’alors la formation juridique, inadaptée et rassurante. Scandale, notamment à Toulouse, de cette création. En 1705, un édit royal impose à la médecine une chaire d’anatomie et de chirurgie, créée en faveur d’un médecin-conseiller de la ville de Toulouse que la Faculté refusait d’accueillir. En 1717, la Faculté de théologie s’adjoint une chaire des libertés de l’Eglise gallicane, cadeau inattendu dont l’Université est redevable au conflit entre la papauté et la monarchie. Enfin, c’est en 1773 l’apparition d’une chaire de médecine pratique.
... recrutés en général par concours, ce qui n’empêche pas le départ de Cujas...
22Professeurs titulaires et agrégés demeurent, d’une façon générale, recrutés par des concours dont les modalités sont progressivement affinées par le Parlement ou le Conseil du roi, mais qui se déroulent toujours dans le cadre de l’Université de Toulouse. Les épreuves sont progressivement alourdies : trois jours d’argumentation contradictoire avec le jury selon la procédure prévue par les arrêts du Parlement de 1515 et 1544 ; un peu plus d’un siècle plus tard, ce sont, aux termes d’une déclaration royale de 1742 et pour les professeurs de droit, douze leçons d’une heure chacune suivies de quatre jours de discussion qui sont désormais exigées. Les professeurs qui composent le jury s’adjoignent quatre étudiants confirmés et des représentants du Parlement. Aucune procédure ne peut cependant éviter la contestation des choix effectués, d’autant plus vive que les compétiteurs déçus espèrent, par leurs plaintes, obtenir des assurances pour les prochains concours. L’erreur la plus reprochée à la Faculté de droit, encore source de remords ou à tout le moins de regrets, est d’avoir laissé partir, au milieu du XVIe siècle, son juriste le plus illustre, Cujas, rénovateur des études de droit romain dont il cherche à retrouver les caractères primitifs et non plus, comme ses devanciers, à appliquer de toutes forces les règles aux problèmes du temps. Progrès ambigu. Toujours en est-il que, étudiant puis chargé de cours à Toulouse, candidat à une chaire en 1554, Cujas quitte la ville peu de temps après pour Cahors puis Bourges, donc avant la fin des épreuves du concours dont les résultats ne seront connus que deux ans plus tard. Des raisons financières tenant à la modicité des traitements à Toulouse, des motifs religieux liés à l’intolérance envers les protestants, ne sont sans doute pas étrangers à ce départ. Toulouse souffre de la concurrence d’Universités plus jeunes, généreusement subventionnées par des municipalités soucieuses d’attirer les meilleurs professeurs.
... ce qui n’attire pas certains savants parmi les plus illustres, ...
23Dans le domaine scientifique, c’est plutôt l’Académie des sciences que l’enseignement universitaire qui attire les meilleurs esprits de l’époque. Au début du XVIIe siècle, à quelques semaines d’intervalle, naissent deux savants illustres, Raymond de Maignan et Pierre de Fermat. Le premier, entré dans l’Ordre des minimes, partisan prudent des théories de Galilée, « maître en mathématiques », professeur à Rome, enseignant également la géométrie, la physique et l’optique, membre de la Société des lanternistes, émerveille Louis XIV de passage à Toulouse par la qualité de son laboratoire. Il présidera l’Académie française. Pierre de Fermat que rien ne destinait apparemment à une carrière scientifique puisque formé à la Faculté de droit d’Orléans et magistrat au Parlement de Toulouse, jouit d’une grande réputation de mathématicien et de géomètre, auteur d’un théorème encore non démontré, entretenant une correspondance avec Descartes et Pascal. Toulouse apporte sa contribution au développement des sciences fondamentales mais aussi à celui des sciences appliquées avec Paul de Riquet qui, reprenant un projet ancien, mettant en œuvre les techniques d’un mathématicien-hydraulicien, François Andreossy, parvient à faire creuser le canal des deux-mers qu’il alimente par gravité avec les eaux de la Montagne noire, trait de génie que n’avaient pas eu ses prédécesseurs, témoignage éclatant d’une très ancienne et très vivante tradition hydraulique à Toulouse. Attaché à une science où théorie et pratique se mêlent -la stratégie militaire-, le maréchal-duc de Richelieu, petit-neveu du cardinal et grand diplomate, s’illustre à Fontenoy avant d’assurer la présidence de l’Académie des sciences de Toulouse.
... mais permet l’accès à l’enseignement de plusieurs personnalités...
24Ces absences sont rachetées par des choix heureux. A l’époque de la Renaissance, quatre générations de juristes se succèdent : après les Bartolistes attardés, glosant le droit romain, viennent des auteurs comme Biaise d’Auriol et Jean de Boyssoné, introduisant les premières méthodes humanistes ; avec Jean de Coras et Arnaud de Ferrières, tous deux futurs conseillers au Parlement comme nombre de professeurs de l’époque, apparaissent la connaissance et l’utilisation du grec pour la compréhension du droit de l’Antiquité ; enfin la génération suivante, et notamment Pierre Grégoire, se lance dans l’étude du droit comparé dans l’espace, sous forme d’aperçus sur la Russie et la Pologne. Par la suite l’on ne peut guère citer, comme juriste prestigieux, que Dadin d’Hautesserre, professeur de 1648 à 1682, ou François de Boutaric, accédant à la chaire de droit français en 1715. Parmi les médecins figure, au début du XVIe siècle, Antoine Dumay qui ajoute à son titre de professeur celui de conseiller et médecin de Marguerite de France, épouse d’Henri IV, la reine Margot, patiente mal commode ou trop complaisante. Un peu plus tard, Augier Ferrier, plus mage que médecin, passe vingt-cinq ans aux côtés de Catherine de Médicis, interrogeant les étoiles pour connaître le destin des êtres, puis exerce à l’Hôtel-Dieu. Il publie un ouvrage « de pudendagra » sur la syphilis, maladie ramenée du nouveau monde. A la fin du XVIe siècle, François Sanchez, dit « le sceptique », lui succède à l’Hôtel-Dieu, exerçant une grande influence sur les esprits de son temps par une étude « quod nihil scitur » dans laquelle il pose les conditions d’une méthode expérimentale rigoureuse. Vers la fin de l’Ancien Régime, cependant, les Facultés ne s’ouvrent plus qu’avec réticences aux esprits les plus originaux. Déjà Sanchez a dû s’accommoder pendant plus de vingt ans d’un poste à la Faculté des arts, moins prestigieuse, avant d’accéder à une chaire de médecine. François Bayle, libre penseur de la fin du XVIIe siècle, fort connu à l’époque, auteur d’une description des mécanismes épileptogènes, échoue aux concours de théologie et de médecine avant de se contenter des arts. Courtial, spécialiste d’anatomie et de chirurgie, doit à la protection du roi d’obtenir une chaire de médecine au début du XVIIIe siècle. L’Université se ferme sur elle-même et décline.
... tandis que le nombre des étudiants après l’afflux du XVIe siècle, se stabilise au XVIIIe aux alentours de 850 inscrits, ...
25Le nombre des étudiants semble avoir connu un nouveau maximum au XVIe siècle, comparable à celui de la fin du XIIIe, même si l’on ne peut prendre pour argent comptant les évaluations concernant Jean de Coras dont les élèves prétendront qu’il enseignait alors devant 4 000 étudiants. Signe également de la renommée de l’Université, y compris hors des frontières, l’afflux des étudiants étrangers d’origine espagnole et portugaise avec, parmi ces derniers, Antoine de Gouveia, déjà connu lorsqu’il vient passer son doctorat à Toulouse avant de partir enseigner à Cahors puis à Grenoble. En fait l’on ne peut connaître les effectifs avec précision qu’à partir de 1679, du moment où les registres d’inscriptions sont convenablement tenus. Après être tombées à un minimum au début du XVIIIe siècle, phénomène à mettre en relation avec la crise démographique, économique et politique de la fin du règne de Louis XIV, les inscriptions remontent jusqu’à s’établir aux alentours de huit cent cinquante étudiants pour les trois Facultés de théologie, droit et médecine, avec des fluctuations assez sensibles au gré, semble-t-il, de l’évolution de la conjoncture économique. Les juristes représentent plus de la moitié de ce total au milieu du XVIIIe siècle et près des deux tiers à la veille de la Révolution, ce qui place la Faculté de droit au deuxième rang après Paris, avec des effectifs en hausse sur la longue période, ce qui compense presque la diminution des théologiens. Quant aux futurs médecins, ils se comptent seulement en dizaines, entre treize et vingt-cinq inscrits.
... en majorité originaires de la région...
26Si l’on étudie l’origine géographique de ces étudiants, la zone d’attraction de l’Université apparaît surtout régionale, correspondant à un rayon de 130 km environ autour de son point d’implantation, sa clientèle traditionnellement la plus nombreuse venant du diocèse de Toulouse bien sûr, mais également des diocèses de Cahors, Rodez, Albi, Auch et Comminges. Les étrangers viennent surtout d’Espagne, d’Irlande et des colonies d’Amérique. La Faculté de droit attire, au XVIIIe siècle encore, une proportion importante de Provençaux, ce qui semble correspondre à une tradition ancienne dont ne bénéficie évidemment pas la Faculté de médecine, gênée dans son développement par le prestige de Montpellier. Un adage console les médecins toulousains : « science de Toulouse, réputation de Montpellier ». Quant à l’origine sociale des étudiants, elle révèle un phénomène de relative démocratisation au XVIIIe siècle, surtout sensible pour les juristes avec la diminution du nombre des nobles et l’augmentation des inscrits issus de la moyenne bourgeoisie. Malheureusement ce phénomène coïncide avec une certaine décroissance des débouchés offerts aux juristes en fin de formation, du fait du déclin des emplois publics, exutoire habituel, ce qui doit développer un sentiment de frustration dans une partie de la jeunesse et n’est sans doute pas étranger à certaines réactions violentes lors des événements révolutionnaires. D’une façon générale, l’étude des effectifs étudiants montre une Université très sensible, voire très vulnérable, aux évolutions politique, économique et sociale qui affectent le pays, évolutions que les Facultés subissent sans pouvoir guère y faire.
... et moins violents qu’au XVIe siècle.
27Cette population universitaire reste fidèle aux traditions médiévales par des violences et des désordres qui ne diminuent que très progressivement. Au XVIe siècle, les oppositions entre étudiants originaires de régions différentes viennent s’ajouter aux affrontements ordinaires avec la police municipale. En avril 1540, le Parlement ayant cru frapper les esprits en faisant clouer l’épée d’un écolier brutal à la porte des amphithéâtres où enseignent Jean de Coras et Arnaud de Ferrières, ses camarades envahissent les salles et y mettent le feu. Un coupable s’étant dénoncé, il est condamné à la pendaison. Quelques années plus tard, les guerres de religion viendront donner une justification religieuse à divers débordements. En mai 1562, il faut fermer les auditoires pour éviter de dangereux rassemblements. La répression s’abat sur ceux que l’on soupçonne de sympathie pour le protestantisme, étudiants et professeurs mêlés. Le médecin Augier Ferrier doit à la protection de Catherine de Médicis de ne pas être inquiété. Si Mathieu du Parc parvient à s’échapper, si Jean de Boyssonné s’en tire avec une rétractation publique humiliante, Caturce ne peut éviter une condamnation à mort sur le bûcher, condamnation exécutée en 1529. En 1572, Jean de Coras et deux autres conseillers au Parlement sont massacrés par la populace. Le retour à la paix civile ramènera le calme dans les esprits. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les étudiants demeurent remuants mais sans renouer avec les excès de la Renaissance.
La pédagogie se rapproche des pratiques actuelles...
28La pédagogie évolue lentement pour se rapprocher du cours magistral tel qu’il est conçu et contesté de nos jours. En même temps que disparaît l’intervention des bacheliers et des licenciés dans l’enseignement de leurs camarades, la lectura perd peu à peu son caractère de commentaire ligne à ligne d’un ouvrage de référence. A l’occasion d’un article, d’un passage du livre, le professeur n’hésite pas à composer un petit traité, faisant la synthèse d’une question ou d’un problème, l’étudiant dans son ensemble. Les auditeurs prennent des notes dont certaines sont parvenues jusqu’à nous, remontant au XVIe siècle, assez mal écrites, le nom du professeur et la date du cours figurant parfois en marge, comme maintenant. Naturellement on enseigne en latin. Quelques innovations pédagogiques sont introduites avec le cours de droit français, d’une durée d’une heure et demie, la première demi-heure consacrée à la dictée des éléments les plus importants, la seconde à l’explication des points difficiles, la troisième à l’interrogation des étudiants, le tout en français. Consternation chez les romanistes et succès auprès des étudiants. Depuis le début du XVIe siècle, les cours de droit ne sont plus donnés dans des salles dispersées mais dans trois amphithéâtres construits par la ville sur injonction du Parlement, sur un emplacement qu’occupe encore l’Université des sciences sociales puis Toulouse 1 Capitole, dans l’actuelle rue Lautmann. Les médecins profitent du départ des juristes et s’installent dans un local que ces derniers viennent d’abandonner, vers le milieu de la rue des Lois, local progressivement agrandi par les soins de la municipalité.
... de même que la durée des études.
29La durée des études raccourcit. Désormais, le titre de bachelier peut être obtenu au cours de la deuxième année, à condition d’avoir subi une scolarité continue, en renouvelant régulièrement les inscriptions, la licence au cours de la troisième année, le doctorat au cours de la cinquième année. Plusieurs anecdotes, souvent rapportées au XVIIIe siècle par des candidats malchanceux, pourraient donner l’impression d’un certain laxisme dans la remise des titres. Les arrêts du Parlement ou du Conseil du roi viennent conforter cette impression par la fréquence des rappels à l’ordre adressés aux enseignants. Il ne faut pas s’en tenir à ces textes trop complaisants ou trop sévères. Dans les faits, que l’on doive incriminer la nonchalance des étudiants ou les exigences des professeurs, les abandons en cours d’étude sont nombreux et la durée de ces études souvent plus longue que les textes ne le prévoient. Vers le milieu du XVIIIe siècle, sur une promotion de nouveaux inscrits en droit civil, un peu plus de la moitié seulement devient bachelier (et moins de 40 % dans des délais normaux tandis qu’à peu près autant ont quitté la Faculté dès la première année), un tiers environ se retrouvent licenciés et un sur quinze accède au doctorat.
30Pas plus qu’au Moyen Age, la vie de l’Université de Toulouse n’est, aux temps modernes, exempte de vicissitudes. Elle connaît au XVIe siècle une seconde apogée comparable à celle de la fin du XIIIe siècle et du début du XIVe siècle. C’est l’époque où l’enseignement supérieur réformé par le Parlement attire un grand nombre d’étudiants réunis autour de maîtres prestigieux. C’est alors que François 1er, de passage à Toulouse, reconnaît le titre de comte es-lois aux enseignants de droit les plus anciens et autorise les professeurs à promouvoir les docteurs dans l’ordre de la chevalerie. « L’Ecole de Toulouse » forme alors « les plus grands magistrats et les premiers hommes d’Etat ». De l512 à l588, tous les chanceliers de France -la plus haute charge de l’administration royale- ont été ses élèves : outre Duprat et M. de l’Hospital, ce sont Odet de Foix, Antoine du Bourg, Jean Bertrandi, Guillaume Poyet, Jean de Marvillier. La Faculté de droit de Toulouse fournit à la monarchie ses défenseurs les plus efficaces, parfois ses théoriciens les plus brillants, tel Jean Bodin. La décadence arrive avec les troubles des guerres de religion, le départ ou la mort de certains professeurs menacés pour leurs opinions, le déclin de la fonction professorale, de moins en moins payée et considérée. Les réformes de Louis XIV vont permettre une certaine reprise, plus sensible dans les Facultés de droit et de médecine qu’en théologie et chez les artistes, surtout beaucoup plus nette, les contemporains en témoignent, à Toulouse comme dans la plupart des autres villes universitaires de province. Arcboutée sur ses traditions, l’Université de Toulouse résiste à l’évolution des choses. La Révolution emportera tout.
III - L’époque contemporaine
Les Facultés, supprimées par la Convention, ...
31Maintenus provisoirement par l’Assemblée constituante malgré son souci de supprimer les corporations privilégiées, les établissements toulousains d’enseignement supérieur ne survivent pas à la Terreur et à un décret du 15 septembre 1793, voté à la demande de la Société des Jacobins de Paris : « les collèges de plein exercice et les Facultés de Théologie, de Médecine, des Arts et de Droit sont supprimés sur toute la surface de la République ». Bien que cette disposition ait été rapportée le lendemain par la Convention, elle est appliquée à Toulouse où la société populaire est particulièrement puissante. Les vieilles Facultés disparaissent. Reste à reconstruire et l’imagination va pouvoir se donner libre cours tant au niveau national que local, les expériences se succédant et reposant d’ailleurs sur des principes communs : combinaison des enseignements secondaire et supérieur, fusion des formations techniques et littéraires, professionnelles et culturelles, caractère facultatif de l’assistance aux cours, absence à peu près totale d’examens et de titres, en un mot interdisciplinarité et volontariat au sein d’un établissement unique pour Toulouse. On croit rêver, ils rêvaient en effet et ce n’était pas désagréable.
... remplacées par l’Institut Paganel puis par l’Ecole centrale...
32En attendant les ordres de Paris, Toulouse s’organise. Le représentant du peuple Paganel fait ouvrir, dès janvier 1794, une sorte d’Institut regroupant, dans des locaux d’ailleurs dispersés aux quatre coins de la ville et sous la responsabilité de professeurs pour beaucoup enseignant déjà sous l’Ancien Régime, une série de cours aussi diversifiés que possible, sur le droit public, les belles lettres, les sciences mathématiques, physiques et naturelles, la géographie, l’art militaire, la médecine, l’art vétérinaire et les beaux-arts. Avec le plan national de réforme de l’enseignement mis en application sous le Directoire, l’Institut Paganel va céder la place en 1796, à une Ecole centrale conçue sur un modèle identique pour tous les chefs-lieux de département. Modèle identique mais très libéral tant pour les enseignants qui sont maîtres de leur programme, que pour les élèves que personne ne contraint à assister aux cours. Demeure également la combinaison des enseignements secondaire et supérieur puisque, si le premier cycle est consacré à des activités d’éveil et d’observation avec notamment le dessin et l’histoire naturelle, le deuxième cycle regroupe les matières scientifiques (mathématiques, physique et chimie) et le troisième cycle les disciplines juridiques et littéraires (législation, belles lettres, histoire). La médecine, négligée dans ce schéma, subsiste à Toulouse comme survivance locale de l’une des sections de l’Institut Paganel.
... sont ressuscitées par Napoléon 1er...
33Rien de plus étranger à Napoléon que ce libéralisme et cette confusion dans l’enseignement. Comme dans chaque domaine où s’appesantit sa main, il fonde l’Université impériale sur une structure hiérarchique et pyramidale qui demeurera inchangée et vilipendée jusqu’en 1968, chaque génération et chaque régime affectant de souhaiter sa destruction pour mieux la conserver. Désormais chaque ville universitaire va se rapprocher d’un schéma-type, rassemblant progressivement cinq Facultés, trois qui, comme sous l’Ancien Régime, préparant à des métiers bien déterminés, celles de théologie pour les membres du clergé, de droit pour les fonctionnaires et les gens de justice, et de médecine pour les professions de santé, deux qui couronnent l’enseignement secondaire, celles des lettres et des sciences, principales nouveautés du système encore qu’à certains égards héritières des anciennes Facultés des arts.
... à partir de 1804,…
34Cette identité de structure n’exclut pas une mise en place progressive. De fait, à Toulouse, c’est l’école de droit qui -hommage à une vocation plusieurs fois centenaire- est créée la première en 1804, retrouvant le titre de Faculté en 1808. L’école de médecine apparaît en 1806 mais elle devra attendre 1891 avant qu’on lui rende officiellement son nom de Faculté. Quant aux Facultés de lettres, sciences, et théologie, elles sont mises en place entre 1809 et 1810. Cette dernière, surtout conçue pour permettre à l’Etat de contrôler la formation des membres du clergé et les attirer vers le gallicanisme, recevra peu d’étudiants et disparaîtra avec la mort, en 1843, du dernier de ses professeurs, non remplacé. Pour ce qui est de la Faculté de théologie protestante installée à Montauban en 1810, elle ne survivra que quelques mois à la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat votée en 1905. L’organisation universitaire est simple et centralisée, sans beaucoup de concessions aux idées démocratiques, avec un recteur nommé par le ministre à la tête de chaque Académie, et un doyen dirigeant chaque Faculté, également nommé par le ministre, plus tard après élection par un Conseil composé des professeurs titulaires.
... et donneront naissance à de nombreux instituts et écoles spécialisés au XXe siècle.
35L’Observatoire de Toulouse, héritier d’une tradition remontant au XIIIe siècle, l’Ecole vétérinaire, officiellement inaugurée en 1835, l’Observatoire du Pic du Midi édifié entre 1875 et 1880, n’épuisent évidemment pas les possibilités de recherches et d’enseignements spécialisés, s’appuyant sur des institutions autonomes. Le rôle de la municipalité de Toulouse et, parfois, du département de la Haute-Garonne a d’ailleurs été important soit pour maintenir au XIXe siècle des traditions scientifiques héritées de l’Ancien Régime et que la Révolution avait mises en péril, soit pour créer de nouveaux centres en fournissant des terrains d’implantation et des crédits de démarrage. Au XXe siècle, les Facultés de Toulouse donnent donc naissance à un certain nombre d’instituts et d’écoles promis à des destins inégalement glorieux, certains vivotant, d’autres prenant de l’autorité jusqu’à devenir indépendants de l’organisme géniteur. Les premières années du siècle voient surgir trois instituts qui témoignent de la vocation scientifique déjà reconnue à Toulouse : l’Institut de chimie (1906), l’Institut électrotechnique et de mécanique appliquée (1907) et l’Institut agricole (1909). En 1948 et 1953, ces trois centres se transformeront en Ecole nationale supérieure agronomique, Ecole nationale supérieure d’électrotechnique, d’électronique, d’informatique et d’hydraulique et Ecole nationale supérieure de chimie, auxquelles s’ajoutera en 1949 l’Institut du génie chimique. La médecine provoque, pour sa part, l’apparition d’institutions comme le Centre régional de Toulouse de lutte contre le cancer (1923), le Centre régional de transfusion sanguine (1946) ou, expérience exemplaire et modèle repris hors de Toulouse, le Centre pilote de réanimation et de secours mobile d’urgence (1964). Quant aux sciences humaines et sociales, elles se diversifient avec l’Institut d’études méridionales (1913), l’Institut de droit comparé des pays latins (1923), l’Institut de criminologie et des sciences pénales (1924) et l’Institut d’études politiques (1949). Liste fastidieuse pour qui n’y voit qu’une suite de noms généralement rébarbatifs, énumération évocatrice pour celui qui devine, derrière chaque institution, le travail d’une équipe de professeurs, d’assistants et de chercheurs, gerbe d’efforts pour permettre l’émergence d’un nouvel enseignement, d’une nouvelle préoccupation, souvent terrain d’élection pour les innovations pédagogiques et les expériences que favorisent peu les structures traditionnelles.
Le nombre des enseignants augmente, ...
36Les professeurs sont d’abord peu nombreux. A sa fondation, chaque Faculté se voit dotée de quelques chaires essayant de regrouper l’ensemble des matières nécessaires à une formation complète, telle qu’on la concevait à l’époque : cinq chaires pour la Faculté de droit (une en droit romain, trois en droit civil, la cinquième pour la procédure et pour la législation criminelle), quatre chaires pour la Faculté de théologie (dogme, morale évangélique, histoire et discipline ecclésiastiques, Ecriture Sainte et hébreu), quatre également en sciences (mathématiques pures, mathématiques appliquées, physique, histoire naturelle), de même qu’en lettres (philosophie, littérature française, littérature latine, histoire). S’y ajoutent quelques suppléants qui remplacent les professeurs défaillants pour les cours ou pour faire passer les examens, personnages peu nombreux de toutes façons, sept au total pour toutes les Facultés toulousaines sous le Premier Empire. Le nombre des enseignants va progressivement augmenter par la création de chaires supplémentaires, signe d’affleurement de nouvelles disciplines, également par l’apparition de nouvelles catégories permettant aux meilleurs étudiants d’attendre les vacances de chaire et à l’administration d’améliorer l’encadrement à moindre frais. Se multiplient ainsi les maîtres de conférences, chargés de cours ou de conférences, chargés de travaux, maîtres-assistants et assistants, aux statuts embrouillés et variables, victimes de vissicitudes dont le récit exigerait un fort volume. Tout compris, on arrive au total de 122 personnes dans l’enseignement supérieur à Toulouse en 1910 (dont 19 pour le droit, 20 en lettres, 29 en sciences, et 54 en médecine, non compris les chefs de clinique), et 175 en 1950 (dont 21 en droit, 41 en lettres, 55 en sciences et 58 en médecine). Pour être complet, il faut y ajouter un personnel administratif étique, une vingtaine de personnes en tout, deux secrétaires communs l’un au droit et aux lettres, l’autre aux sciences et à la médecine, dirigeant une poignée de commis et d’appariteurs.
... parfois mêlés à la vie politique, ...
37Les modalités de recrutement des professeurs s’affinent avec la technique du concours d’abord local puis national pour les médecins et les juristes, avec la procédure de présentation sur titres pour les scientifiques et les littéraires. A cette dichotomie classique, l’opinion toulousaine préfère une autre distinction, trop simple et complaisante pour que l’on puisse la retenir mais trop persistante pour qu’il soit souhaitable de la passer sous silence. Elle oppose volontiers, et parfois au sens regrettable du terme, des professeurs de droit, souvent d’origine locale, issus de familles comptant déjà des juristes, implantés depuis longtemps dans la bourgeoisie toulousaine, d’opinion conservatrice, voire réactionnaire, à des professeurs de lettres, d’extractions plus diversifiées, parfois extérieures à la région, longtemps ne faisant que passer à Toulouse avant d’accéder, pour les meilleurs ou les mieux introduits, à Paris, de tendance politique plus audacieuse, quelquefois socialisante. Le fait que la moitié des titulaires de chaires juridiques, quatre sur huit, aient préféré en 1830 être révoqués plutôt que de prêter serment à Louis-Philippe, ne vient pas démentir cette impression. Autres juristes mêlés au combat politique : Gustave Humbert, député très modéré en 1871, puis sénateur inamovible et procureur général à la Cour des Comptes, mais doté d’une belle-fille désastreuse encore que fine procédurière, ou encore Louis Arnault, premier titulaire de la chaire d’économie politique, élu député en 1885 sur une liste conservatrice et obstinément invalidé par une assemblée républicaine. Vers la même époque, au début de la IIIe République, avant l’arrivée au pouvoir des radicaux, deux anciens professeurs de droit de Toulouse occupent des postes de confiance ; ce sont Constans, plusieurs fois ministre de l’Intérieur, et Poubelle, préfet de police, soucieux de l’hygiène publique. A l’inverse, confirmant l’image traditionnelle des professeurs de lettres : des personnalités comme Fleury Lécluse qui compte parmi les chefs du mouvement favorable à l’indépendance grecque sous la Restauration, ou comme Gatien-Arnoult, professeur de philosophie, président de la commission municipale provisoire en 1848, député sous la Seconde République, accédant de nouveau à la mairie de Toulouse en 1870. Le plus illustre : Jean Jaurès enseigne quelques années à la Faculté des lettres.
... plus souvent hommes de science...
38Ailleurs, médecins et scientifiques laissent l’impression de savants austères, à l’écart des conflits partisans. On oublie volontiers en Picot de Lapeyrouse le maire de Toulouse du début du XIXe siècle pour ne songer qu’au professeur de sciences naturelles ayant préparé la création de la Faculté des sciences tandis que Dominique Larrey, neveu d’Alexis Larrey, chirurgien à l’hôpital de la Grave, lui-même chef de service de santé de la Grande Armée, formé à Toulouse, vient inaugurer l’Ecole de médecine et de chirurgie de sa ville natale par une conférence sur la phrénologie de Gall. A l’observatoire de Toulouse sont attachés les noms de Baillaud, doyen de la Faculté des sciences dont il réorganise l’enseignement de l’astronomie et de Cosserat, publiant un bulletin pour décrire toutes les étoiles à mouvement propre de la zone photographique de Toulouse, membre de l’Institut. Appartenant également à l’Institut de France, connu pour ses travaux sur l’hydrogénation catalytique, Paul Sabatier reçoit le prix Nobel en 1912. Exceptionnelle floraison de talents en ce début de siècle et dont les succès témoignent du caractère toujours fructueux de la coexistence, dans une même ville, de plusieurs savants éminents dont les recherches s’épaulent mutuellement, fût-ce dans des disciplines différentes. Ainsi, à quelques années d’intervalles, Cosserat prend la direction de l’Observatoire, Sabatier fonde l’Institut de chimie, Prunet suscite l’Institut agricole et Camichel jette les bases de l’Institut électrotechnique, personnage si estimé que la municipalité de Toulouse sait trouver les subterfuges nécessaires pour lui dédier une rue de son vivant, hommage extraordinaire et prohibé. Mais les sciences humaines et sociales ont aussi leurs savants. La Faculté des lettres s’enorgueillit du géographe Daniel Faucher, d’Ernest Mérimée créant l’enseignement de l’espagnol, de Calmette professeur d’histoire, de Marsan titulaire de la chaire de littérature française. Faculté de tradition, le droit peut se targuer de grandes lignées de juristes : César-Bru et le doyen Marty en droit civil, le doyen Hauriou et Achille Mestre en droit public, Brissaud, Declareuil et le doyen Boyer en histoire du droit. A côté de ces professeurs, généralement leurs anciens collègues, les recteurs ont contribué à donner à l’Université son visage actuel, tel Deltheil mathématicien de talent, arrêté et déporté pendant la guerre, tel Dottin son successeur à la Libération, ancien professeur d’anglais, provoquant la création de la première cité universitaire sur les terrains cédés par les services de la poudrerie, encourageant la mise en place du service des œuvres universitaires et l’installation de la Faculté des sciences dans le quartier de Rangueil.
39Ces professeurs mériteraient mieux qu’une pieuse énumération. On aimerait retrouver d’eux une image plus vivante qu’un nom sur une porte d’amphithéâtre ou qu’un buste dans un jardin ou dans une salle. Une image émouvante comme celle de Pinel et Esquirol, médecins formés à Toulouse, libérant les malades mentaux des chaînes dont on les chargeait, au début du XIXe siècle encore, comme des criminels. Image singulière, celle de Jaurès rassemblant des foules à son cours public, tenu à huit heures et demi du soir, annoncé par une affiche au titre sibyllin répété d’une fois sur l’autre : « Dieu (suite) ». Image surprenante : celle d’Achille Mestre jouant du piano dans un amphithéâtre pour ses étudiants, évoquant l’âme de Beethoven. Images glorieuses : celles de la remise de leur épée d’académicien à des professeurs de Toulouse, par exemple occasion pour Villat, président de l’Académie des sciences, de faire, en présence du recteur Dottin, l’éloge d’un hydraulicien éminent. Cérémonies d’ailleurs point si rares puisque l’Université de Toulouse compte actuellement sept membres de l’Institut de France. Image d’une autre époque : vers 1890, quatre Toulousains se retrouvent chaque jour au café : trois normaliens, Jaurès, Rauh et Emile Mâle, enfin Hauriou. Jaurès parle, Rauh philosophe sur le concept et l’idée, Emile Mâle tente une diversion vers l’art ou l’histoire, Hauriou écoute. Tous quatre vont ensuite à la Faculté de droit assister au cours d’Hauriou et là, la conversation de café devient système : le concept de Rauh s’allie au prophétisme de Jaurès ; les rappels historiques, les citations latines fournis par Emile Mâle viennent s’enchâsser dans le raisonnement. « La forte éducation du café » disait Hauriou. Les étudiants actuels l’oublient. Il est vrai qu’à Rangueil ou au Mirail...
... formant des étudiants encore peu nombreux pendant la plus grande partie du XIXe siècle mais généralement remuants, ...
40Le nombre des inscrits est à peu près stable pendant la plus grande partie du XIXe siècle, surtout concentrés à l’Ecole de médecine et plus encore, à la Faculté de droit, obstinément la seconde de France avec des effectifs qui oscillent autour de cinq cents. Faute de débouchés professionnels, les professeurs agrégés de l’enseignement secondaire étant préparés par l’Ecole normale supérieure et les ingénieurs de l’industrie dans des instituts et des écoles spécialisés, les Facultés des lettres et des sciences n’ont pratiquement pas d’étudiants permanents. Leurs professeurs se bornent à peupler les jurys du baccalauréat et à organiser des conférences publiques. Si limitée qu’elle soit, composée de futurs juristes et médecins, cette population étudiante conserve ses traditions belliqueuses, généralement hostile au régime quel qu’il soit, nourrissant les chroniques de l’année 1820 par des manifestations libérales et anti-monarchiques, se réunissant au pont des Demoiselles, au Grand Rond, dans les théâtres pour acclamer la Charte et conspuer l’autorité royale, se retrouvant légitimiste lorsque la monarchie légitime est tombée, signant en grand nombre, en 1832, une adresse de sympathie à la duchesse de Berry. Sous le Second Empire, les étudiants demeurent remuants mais pas vraiment séditieux. En 1857, le recteur peut écrire au ministre : « la Faculté de droit de Toulouse est animée toute entière d’un esprit anti-révolutionnaire (...) Grâce au ciel, la jeunesse de nos écoles ne trouvera pas dans les leçons qu’elle reçoit les tendances qui, à d’autres époques, ont rendu l’enseignement supérieur complice de ce dérèglement des esprits qui mène aux abîmes ». On ne voit pas bien ce que le ciel vient faire ici. Quoi qu’il en soit, en mars 1868 et à propos de la loi sur la conscription, il y aura quelques manifestations selon le schéma classique : désordres dans les rues, arrestation de quelques participants au hasard parmi lesquels un étudiant, rassemblements massifs et répétés de ses camarades pour réclamer son élargissement, libération à la demande des autorités universitaires en vue de calmer les esprits, agitation sporadique et nouvelle arrestation, nouveaux rassemblements, encore une fois libération... et ainsi de suite jusqu’à ce que tout finisse par se calmer.
... de plus en plus nombreux à partir de 1880,...
41A partir de 1880, les Facultés des sciences et des lettres commencent à attirer une population étudiante régulière, alléchée par les perspectives qu’ouvrent le développement des techniques dans l’industrie, et surtout l’accroissement du nombre des professeurs dans le secondaire grâce à la politique scolaire de la IIIe République. L’octroi, par le ministère, des bourses de licence aux candidats admissibles mais ayant échoué à l’oral du concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure est décisif pour le développement de la Faculté des lettres. La croissance des effectifs est relativement lente jusqu’en 1950, un peu plus rapide dans les nouvelles formations, qu’en droit qui conserve cependant la première place pour les effectifs à Toulouse : ce sont, vers 1900, 850 étudiants en droit, 700 en médecine, 280 en sciences et 250 en lettres. Un demi-siècle plus tard, vers 1950, les chiffres ont sensiblement augmenté, les positions se sont rapprochées sans que l’ordre des Facultés change fondamentalement : 2 100 juristes environ, 1 900 futurs médecins, 1 700 scientifiques et à peu près autant de littéraires. Puis, brusquement, tout change en quelques années, entre 1955 et 1968. A cette date, la Faculté de droit et des sciences économiques voit ses effectifs simplement doubler par rapport au milieu du XXe siècle, avec 4 600 étudiants sans compter les inscrits aux divers instituts. En même temps, la Faculté de médecine et de pharmacie atteint un chiffre de 5 600, encore a-t-il fallu y inclure les étudiants inscrits au C.P.E.M. qui relèvent officiellement de la Faculté des sciences. Malgré cette ponction, cette dernière peut se targuer de près de 8 300 étudiants tandis que la Faculté des lettres culmine à plus de 9 500 inscrits. Le classement des Facultés s’est inversé en quelques années par rapport à une tradition plusieurs fois centenaire, par rapport aux débouchés aussi.
... bénéficiant d’une pédagogie en évolution lente, ...
42La pédagogie continue d’évoluer, adaptée à l’auditoire et longtemps bridée par le petit nombre d’enseignants. En droit et en médecine règne le cours magistral. En droit, il est d’abord d’une heure et demie, divisé en trois parties égales comme à l’époque des professeurs de droit français créés par Louis XIV ; il passe ensuite à une heure, ponctué par les incidents que suscite l’obligation faite aux enseignants ou aux appariteurs de vérifier l’assiduité des étudiants par des appels partiels et inopinés. Pour la médecine et la pharmacie, le cours est complété par des démonstrations que compromettent l’exiguïté des locaux et la modestie des moyens. En sciences et en lettres plus encore, les professeurs doivent longtemps se borner à des conférences publiques, aux titres alléchants, attirant un public de retraités et de dames oisives, petit événement de la vie provinciale en cas de succès, menue blessure d’amour propre lorsque l’amphithéâtre est désert. Avec l’afflux des étudiants scientifiques et littéraires, les cours publics disparaissent progressivement, les derniers vers 1955. Avec l’apparition des assistants et des maîtres-assistants, les travaux pratiques commencent à se multiplier, encouragés par la nécessité de faire face à un nombre de plus en plus important d’étudiants. Entre 1960 et 1968, la situation s’aggrave brutalement, avec des amphithéâtres surpeuplés, des cours retransmis par circuit fermé de télévision, des salles de travaux dirigés et des laboratoires trop rares, des bibliothèques prises d’assaut.
... obligeant les Facultés à se déplacer.
43En même temps que le nombre des étudiants s’accroît, les Facultés se déplacent dans la ville, à la recherche de locaux à la taille de leurs ambitions. Seuls les juristes refusent de bouger, enracinés rue Albert Lautmann depuis le XVIe siècle, progressant lentement le long de la rue des Puits-Creusés, décidant de la franchir pour s’étendre, quelques mètres plus loin, sur les terrains de l’ancien arsenal qu’abandonne l’armée. L’enseignement de la médecine s’installe en 1837 en lisière de l’ancien enclos des Carmes, devenu Jardin des Plantes, sur l’emplacement de l’actuel théâtre Sorano, se prolongeant le long des allées Jules Guesde puis quittant, à partir de 1968, le centre de la ville pour le quartier de Rangueil auquel les pouvoirs publics promettent une vocation scientifique. La Faculté des sciences coexiste, depuis 1810, avec la bibliothèque municipale, dans un immeuble de la rue Lakanal. Après quelques hésitations, à la fin du XIXe siècle, imaginant une installation sur l’emplacement de l’ancienne école Sainte-Marie, derrière Saint-Sernin, puis songeant à la rue de Rémusat, elle rejoint la Faculté de médecine sur les allées Jules Guesde, y demeure à partir de 1890 un peu plus de soixante ans, avant de rallier également Rangueil. Quant à la Faculté des lettres, la plus ballotée, elle est d’abord logée dans le lycée de la ville, puis dans une annexe de la rue Malbec, puis au siège de l’ancien présidial, rue de Rémusat ; en 1892, elle rejoint la Faculté de droit rue Albert Lautmann ; enfin, ultime étape, elle se décide en 1965 à engager les procédures nécessaires à son transfert dans le quartier du Mirail où s’édifie une ville satellite de Toulouse. Ainsi, à partir des décennies 1950 et 1960, la croissance démographique conduit les doyens des quatre Facultés toulousaines à engager les procédures et les travaux nécessaires à leur extension. Effort considérable et méritoire. Un instant regroupée, vers le milieu du XIXe siècle, autour de la place du Capitole, la vie universitaire éclate en éléments isolés les uns des autres, de plus en plus en périphérie.
44Mai 1968. Il est difficile de parler de ce que l’on a vécu. Pour commencer par le plus facile, on peut rappeler quelques chiffres : 30 000 étudiants à Toulouse en 1968 contre 12 000 en 1960, dans certaines filières 0,4 m2 par étudiant au lieu de 4 m2 réglementaires, tout cela sous le regard placide de services ministériels qui avaient autre chose à faire qu’à s’en préoccuper. On aurait dû se douter qu’il allait se passer quelque chose mais il n’y a que dans l’art oratoire que les chiffres sont éloquents. Ils n’avaient rien dit. Dès le 23 avril, un peu plus d’un mois après Nanterre, c’est la première manifestation qui échoue à l’amphi Marsan de la Faculté des lettres, contre l’attentat dont avait été victime Rudi Dutschke et pour la paix au Viet-Nam. Le 25 avril, une assemblée générale est prévue dans le grand amphithéâtre de l’Université, d’abord autorisée puis interdite, provoquant l’entrée des C.R.S., requis. Le 7 mai, réunion du « mouvement du 25 avril », à l’imitation du « Mouvement du 22 mars » à Paris. Le 13 mai, « 10 ans, ça suffit », grandes manifestations dans la plupart des villes de France, se terminant à Toulouse par la volonté proclamée d’occuper les Facultés. Le 17 mai, l’assemblée des enseignants et des délégués étudiants de la Faculté des lettres élit un comité de gestion tripartite ; elle songe à désigner un nouveau doyen mais on recule à l’idée qu’il ne pourra pas signer les états de traitement du personnel. Les juristes, jamais en grève, et les médecins, leur Faculté interdite à toute personne étrangère, se préoccupent de la réforme de leurs études. Les littéraires rêvent d’autre chose. Sur un mur : « les chemins de l’excès mènent à la sagesse ». Les beaux-arts sortent des affiches : un visage en larmes et en sang avec comme légende : « se soumettre ou résister et vaincre ». Des réunions communes de littéraires et de scientifiques se tiennent à la Faculté des sciences à Rangueil ; d’autres au château du Mirail. Le 30 mai, le général de Gaulle parle. Les élections législatives ont lieu les 23 et 30 juin. Le 11 juillet, la police enlève le drapeau rouge qui flottait encore sur la Faculté des lettres. En fait, cela a ressemblé à tout et à rien, sauf à un calendrier. Nous avions vingt ans, l’Université était sensiblement plus âgée.
45Beaucoup n’imaginaient pas de laisser passer de tels événements sans une réforme profonde de l’enseignement supérieur. Le 7 novembre 1968, l’Assemblée nationale adopte à l’unanimité une loi d’orientation qui s’efforce de faire la synthèse des idées du moment. On veut briser les cadres anciens. Les vieilles Facultés, surpeuplées à Paris, parfois de médiocre taille en province, vont former des unités d’enseignement et de recherche, ces dernières regroupées au sein d’Université pluridisciplinaires. Elles bénéficient d’une autonomie administrative qui leur permet de déterminer leurs statuts et leurs structures internes, ainsi que de l’autonomie pédagogique pour fixer leurs activités d’enseignement, leurs programmes de recherches, leurs procédures de contrôle des connaissances et des aptitudes, sous réserve de règles communes pour les études conduisant à des diplômes nationaux. Une série de conseils, tant au niveau des unités d’enseignement et de recherche que de l’Université qui les fédère, préside au destin de ces nouvelles institutions, composés d’enseignants, de chercheurs, d’étudiants et de membres des personnels non enseignants, occasion d’élections qui animent désormais la vie universitaire. En application de cette loi, à Toulouse et malgré les projets des services ministériels qui n’envisageaient que deux Universités, la Faculté de droit, rassemblant tous ses instituts, donne naissance à l’Université des sciences sociales, la médecine et les sciences s’unissent au sein de l’Université Paul Sabatier, les lettres se transforment en Université de Toulouse-le-Mirail tandis que l’Ecole nationale supérieure d’agronomie, l’Ecole nationale supérieure d’électrotechnique, d’électronique, d’informatique et d’hydraulique, l’Ecole nationale supérieure de chimie et l’Institut du génie chimique se rassemblent dans l’Institut national polytechnique de Toulouse.
Notes de fin
1 Article publié dans Toulouse universitaire 1229-1979, Toulouse 1980, p. 7 à 37. Cet ouvrage a été édité à l’occasion du 750e anniversaire de l’Université de Toulouse, fondée en 1229.
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